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Crutch

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Envoyé par Crutch le Dimanche 03 Avril 2016 à 21:40


C'est pas parce que ça rappelle d'autre truc que la manière dont le scénario va très vite et passe de personnage en personnage avec aisance n'est pas ambitieux et bien foutu, j'ai pas dit que c’était original. Après, pour la vie des personnages en dehors du scenario, on en a déjà suffisamment parlé pour que je sache que c'est un des trucs qui te font pas aimer un film direct. Vu que le prochain film de Nichols sera apparemment plus basé sur les personnages, faut voir si il en profitera pour améliorer ses scénarios (et l'acteur qui joue le pote aura le rôle principal) 

Mais sinon l'intro, la scène de la station service et l'embuscade des deux mecs de la secte sont d’excellents moments qui m'ont scotché a mon siège (au passage, le mec envoyé par la secte est bien un personnage auquel on imagine une vie hors du scénario), et j'ajoute aussi le premier lever du soleil.

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Dimanche 03 Avril 2016 à 21:54


Le mec de la secte ça m'a rappelé Mud dans lequel je reprochais déjà au film un côté exagéré dans sa manière d'humaniser tout le monde. On dirait que Nichols flippe tellement qu'on le juge manichéen que dès qu'il présente un personnage négatif, faut qu'il lui colle juste après une scène pour nuancer (l'accolade entre les méchants dans Mud, la révélation sur la vie du gars ici) et ça tombe à chaque fois comme un cheveu sur la soupe.

Les Nichols précédents avaient également de gros défauts en terme de scénar - je trouve que franchement c'est pas son fort - mais une richesse et une profondeur dans les persos que j'ai absolument pas retrouvé ici, sans parler du fait que c'est son film le plus mal joué (Dunst et Driver sont totalement à côté de leurs pompes). Dans Mud, dans Take Shelter et encore plus dans Shotgun Stories, les persos évoluaient. Ici ils sont sensiblement les mêmes en début et en fin de film à part Driver qui est quand même un rôle secondaire, mais les persos principaux sont monolithiques et ne subissent pas la moindre évolution psychologique.

Boris.

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gedat

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Envoyé par gedat le Mardi 05 Avril 2016 à 08:21


Pitch Black - David Twohy, 2000

Après une collision avec des météores, un vaisseau spatial s'écrase en urgence sur une planète désertée. Parmi les rescapés, Richard Riddick, un dangereux criminel, en profite pour s'échapper. De plus, les rares bâtiments sur la planète semblent avoir été abandonnés en urgence et il n'y a plus aucune trace de leurs habitants...

J'avais vu les Chroniques de Riddick en fin d'année au lycée et le peu de souvenirs qu'il m'en a laissé était assez bof, c'est donc avec curiosité mais sans trop d'attentes que j'ai appris l'existence de ce précurseur. Pitch Black est un film qui a pas mal de défauts: le montage est fait un peu n'importe comment, on ne comprend pas toujours à 100% ce qui se passe, les clichés faciles du film d'horreur sont au rendez-vous (tiens, notre groupe se fait décimer par des créatures mystérieuses, si on laissait un des gamins se balader tout seul dans un hangar sombre?), les monstres cessent de faire peur avec le temps; mais malgré ça j'ai beaucoup aimé.

Je suis assez fan d'Alien, et donc en tant que SF/horreur Pitch Black, qui lui ressemble beaucoup, marque des points. Le scénario est vraiment cool, avec une fausse piste au début qui masque intelligemment la vraie menace qui pèse sur les personnages. Ceux-ci ont des vraies personalités, mention spéciale à l'antiquaire hédoniste et à la capitaine Carolyne Fry, il y a même des arabes qui remplacent les noirs dans le rôle des premiers-à-se-faire-tuer. Si le film n'échappe pas au cliché des dilemmes moraux, ceux-ci sont en fait, chose rare, assez justifiés par le scénario, et soulignent la complexité des personnages principaux – le dénouement ne vient d'ailleurs pas forcément correspondre en tous points à nos attentes. Vin Diesel est très bon dans son rôle de Vin Diesel. Le plus grand point fort du film est cependant la façon dont il exploite l'astronomie de la planète (les relations des astres du système entre eux) – qui devient un aspect crucial du scénario, et qui donne aux créatures, autrement assez banales, une véritable mystique.

Peut-être pas le film du siècle, mais une vraie réussite si on aime le genre.


Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Dimanche 10 Avril 2016 à 16:48


Revu Pulsions (Brian De Palma, 1980). Un revisionnage quelque peu ambigu. Je continue à penser que ce film est une succession d'immenses moments de bravoure tels que la poursuite dans le musée, l'incroyable meurtre dans l'ascenseur (tout à fait digne d'Hitchcock ou d'Argento) ou la confrontation Nancy Allen/Michael Caen. Je trouve le casting excellent et toute la première demi-heure autour d'Angie Dickinson est formidablement couillue, d'abord parce qu'aborder aussi frontalement la sexualité débridée d'une quinquagénaire est quelque chose de très rare, ensuite parce que rien ne laisse penser que l'intrigue va se concentrer sur son fils et sur Nancy Allen;
RESTE QUE :

1) Comme souvent chez De Palma, le scénario est un petit peu un prétexte pour aligner les scènes grandioses. Car au final, cette intrigue de " schizophrénie " est bien bancale. La virtuosité de la mise en scène cache quand même un script qui serait inepte dans les mains de n'importe quel cinéaste moins inspiré.
2) J'ai un peu du mal avec l'épilogue.

Bref je n'y vois plus tout à fait le chef d'œuvre que je considérais auparavant, simplement un grand De Palma dont les immenses qualités stylistiques parviennent à faire occulter les défauts précédemment cités. Ca reste un film absolument immanquable.

30 jours de nuit (David Slade, 2008) est lui tout à fait manquable. Racontant comment un petit groupe de survivants d'une ville enneigée tentent de repousser un assaut de vampires, le film est doté d'une certaine efficacité de série B sans humour qui atteint parfois une certaine violence pure (les décapitations, le passage avec l'appât) devenue rare dans le cinéma américain. C'est également assez réussi sur le plan visuel. Sauf que tout ça ne fait pas occulter un montage atroce, que ce soit lors des scènes d'action (on n'y comprend rien) ou autour de la gestion temporelle (on ne sait jamais ou on en est dans le temps). Les vampires sauteurs sont parfois un peu grotesques, la caractérisation des personnages est nulle (mention au petit frère et à la greluche brune qui sont prodigieusement inutiles), Josh Hartnett ferait passer Steven Seagal pour Jim Carrey et le jeu de cache cache entre humains et vampires n'est pas des plus passionnants. Est-ce que ça fait son taff de série B du dimanche soir qui prend son sujet au sérieux ? Oui. Est-ce que c'est un bon film ? Non.

L'Arnaqueur (Robert Rossen, 1961) est un sympathique film néo-noir dans lequel Paul Newman campe un petit escroc spécialiste du billard. Le problème du film est qu'il n'atteint presque jamais l'intensité de l'excellent bouquin de Walter Tevis, notamment du fait d'un trop grand statisme de la mise en scène, qui confine souvent à l'académisme. Si le début avec la déchéance de Newman est très réussi, la partie autour de sa relation avec Amy Irving est dix fois trop longue, on y constate l'inflation de la durée des films (deux heures et quelques pour ce qui n'aurait probablement duré qu'une heure et demie dix ans plus tôt) qui aurait nécessité un metteur en scène virtuose pour faire passer la pilule, même si les vingt dernières minutes rattrapent le coup avec notamment une belle déclaration de respect mutuel entre Newman et son adversaire. Je préfère sa suite, La Couleur de l'argent réalisé par Martin Scorsese. Néanmoins l'Arnaqueur aura confirmé un Paul Newman particulièrement bon ici (le casting est sans fausse note) ; bon, mais pas transendant.

Une arnaque presque parfaite (Rian Johnson, 2009) m'a bien emmerdé. On dirait un mélange de Wes Anderson (visuellement, c'est flagrant) et d'Ocean's eleven pour l'intrigue d'arnaques classieuses : deux frères tentent de pigeonner une héritière excentrique dont le plus jeune frère tombe amoureux. Le problème, c'est que tout dans ce film veut tellement être fun (les personnages sont en mode dandy, à se foutre de tout et à se marrer même lorsqu'ils perdent) que ça sonne rapidement totalement faux. Et quand la fin cherche à insérer de la mélancolie dans un ensemble totalement superficiel, ça dénote totalement. Le film n'a ni la rigueur picturale d'Anderson ni le glamour de Soderbergh, et Adrian Brody n'est pas franchement l'acteur que j'aurais choisi pour jouer les amoureux romantiques. L'omniprésence de la - bonne - bande originale finit par saouler et je suis resté totalement distant du film d'un réalisateur dont j'avais pourtant beaucoup aimé l'opus précédent - Brick - comme le suivant - Looper -. Donc même si Johnson se loupe sur Star Wars épisode 8, ce ne sera pas son premier ratage à mes yeux.

Boris.

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Crutch

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Envoyé par Crutch le Lundi 11 Avril 2016 à 15:13


Petites critiques sur trois très bons films:

Memories of Murder (Bong Joon-ho, 2003): Dans les années 80 en Corée, un violeur/tueur en série frappe dans une ville de campagne, et l’enquête menée par des policiers locaux plus ou moins (mais surtout moins) compétents et un inspecteur détaché de la capitale ne sera pas facile. Grosse claque que ce film policier très riche ou le mélange des genres fonctionne à merveille : l'ambiance est très sombre, mais un humour burlesque fait souvent surface là où on l’attend le moins, y a tout un coté politique avec l’atmosphère de couvre feu et de manifestations étudiantes en arrière plan, et la fin prend un détour métaphysique qui rappelle True Detective s1 en plus subtil. Les acteurs sont excellents, et niveau mise en scène, c'est très précis, y a une certaine lenteur dans la mise en scène qui se marie bien avec la difficulté de l’enquête, et les moments de tension sont aussi très réussis.

Matalo! (Cesare Canevari, 1970) Pas vraiment la peine de faire un résumé de ce western italo-espagnol tellement les qualificatifs d'OFNI ou de potentiel film culte lui vont comme un gant: les desperados s’étripant autour d'une trésor mal acquis ressemblent plus à des hippies sous substances qu'autres chose, la première demi-heure n'a quasiment pas de dialogues excepté un des personnages justifiant son amoralité directement au spectateur, le tout passe du pur psychédélisme (extraordinaire scène d'introduction montrant le massacre d'un village sur une bande son de rock progressif) au gothique (la ville fantôme, sa balançoire qui bouge tout de seule, ses inserts sur l’œil d'une présence inquiétante dont on ne voit que l'ombre se déplacer sur les murs poussiéreux),et la mise en scène est DINGUE! Constamment en mouvement, aux focales approximatives, avec des zooms qui une fois sur deux cadrent n'importe quoi et des contre plongées cheloues, on est au cœur d'un délire qu'on devine pourtant savamment agencé quand des bons raccords émergent comme par surprise (le plan cadrant les trois chevaux puis les trois cavaliers). L'arrivée d'un mystérieux étranger qui passera 40 minutes de film à se faire torturer avant d'être sauvé par son cheval (?) et de défaire les vils méchants grâce à ses boomerangs (???) achèvera de vous convaincre que Malalo!, malgré quelques errances et scènes ratées, ce n'est pas un film, c'est un mode de vie.

Le justicier de Shangaï (Chang Cheh et Pao Hsueh-Li, 1972) : Ma Yung-Cheng (Chen Kuan-Tai) arrive à Shanghaï avec un ami afin de trouver du travail. Il cherche rapidement un moyen de s'élever dans l'échelle sociale afin de devenir l'égal des plus grands caïds de la ville, notamment Tan (David Chiang), pour lequel Ma a beaucoup de respect. Son talent de combattant lui permet rapidement de se faire un nom et beaucoup d'ennemis. Un bon vieux film d'art martiaux TRES bourrin, étonnamment long (2h10 quand même) mais qui profite de cette longueur pour avoir un scenario de bonne tenue (bien caricatural mais les méchants ont l'air d'aimer tellement ce qu'ils font que ce serait dommage de leur reprocher) et surtout balancer PLUS de bastons à un contre 10/20/un lutteur de 2mètres10/30/70 avec le fameux mélange de sadisme et d'homo-érotisme caractéristique de Chang Cheh (si un cigare est parfois juste un cigare, je suis à peu près sur que les fume-cigarettes de David Chiang et Chen Kuan-Tai sont une des métaphores phalliques les moins subtiles de l'histoire du cinéma). Niveau regret, c'est dommage que y'ait rarement de musique pour appuyer les combats, mais ceux ci sont mémorables (Liu Chia-liang aux chorégraphies, Heinz Tomato Ketchup aux effets spéciaux) et le combat final est mythique.

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Lundi 18 Avril 2016 à 11:12


Vu Midnight Special, je suis assez d'accord avec Boris, à part que le fait de pas faire de vrais méchant ça me dérange pas du tout. Par contre y a un truc dérangeant dans le film, j'arrivais pas spécialement à voir quoi, et puis à la fin, la lumière se fait : on peut résumer le film entier par Alton...téléphone...maison.

Déjà vu ça quelque part...

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"_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec.
_ouais, j'ai pris 1
_ok ..."


Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Dimanche 24 Avril 2016 à 22:38


Bon la série du jour c'est dans l'ordre qualitatif croissant. Pour vous maintenir éveillés jusqu'à la fin. Cinq visionnages, deux revisionnages.

Donc  : 

High Rise (Ben Wheatley, 2015) est une adaptation du roman I.G.H. de James Ballard dans lequel un immeuble high-tech se dégradait progressivement jusqu'à aboutir à un conflit meurtrier entre les habitants des différents étages.
J'aime énormément le roman, j'ai déjà dit ici qu'à mon sens, il avait déjà été insidieusement adapté (le très bon Frissons de David Cronenberg), ce film là m'est sorti par les yeux. Je ne comprends pas l'aveuglement général sur l'épouvantable Tom Hiddleston qui est un acteur calamiteux et non-charismatique au possible, je ne comprends pas ces scènes ésotériques qui prennent le contrepied de la froideur glaciale de Ballard et donnent l'impression d'un travail de petit malin qui se regarde filmer, je ne comprends pas cet abus de montages alternés/parallèles qui feraient passer celui chez Nolan pour quelque chose de linéaire, je ne comprends pas cette non prise en compte de la reformation de classe qui rendait le " marxisme " du livre un peu plus évolué qu'une déclaration de gauchiste en AG. Bref, sans moi.

Bone Tomahawk (S. Craig Zahler, 2015) a déjà été critiqué par mes soins ailleurs donc je vais m'auto-citer.

Croisement western-horreur avec une petite troupe de quatre personnes venues secourir quelques prisonniers capturés par des indiens troglodytes et cannibales. Au positif : un casting plaisant (Kurt Russell sorti tout droit du dernier Tarantino et qui reprend le même rôle, Matthew Fox étonnamment bon, Richard Jenkis excellent en néo-Walter Brennan et un petit caméo de Sid Haig qui fait super plaisir), la réussite des scènes horrifiques avec notamment une éviscération vraiment dégueulasse à souhait, et le ton premier degré qui fait du bien à une époque qui embrasse souvent l'humour nazebroque comme moyen de dédramatisation.Ce qui me plait beaucoup moins : la photo relativement laide avec ses couleurs marronnâtes, la mise en scène fonctionnelle mais manquant d'envergure en dehors des scènes horrifiques et surtout, le rythme absolument bancal du film : il faut attendre une heure et demie avant que ça ne commence vraiment à charcler. Deux heures et quart pour ce qui est avant tout une série B, c'est beaucoup trop, et se taper 90 minutes de sous Monte Hellman avec le quatuor s'engueulant dans le désert peut donner envie de décrocher (ce qui serait une erreur vu que la dernière demi-heure justifierait presque à elle seule le visionnage).

Reste qu'il s'agit d'une nouvelle preuve du fait qu'un film médiocre la majeure partie du temps mais doté de quelques grandes scènes marque plus qu'une œuvre restant constamment " correcte sans plus ".

Wild City (Ringo Lam, 2015) est le retour d'un cinéaste hong-kongais qu'on désespérait de voir revenir depuis un bon moment. Est-ce que son retour est réussi pour autant ? Ben.... pas tout à fait.
L'histoire est assez simple : deux frangins croisent une femme, détentrice d'un gros magot et poursuivie par des gangsters bien veners. Ils décident de la protéger.
Y a des bonnes choses dans Wild City. Le film a un parfum old-school parfois agréable, quelques bons moments d'action à l'ancienne sans fioriture (la première baston, la poursuite sur le port, celle en fin de film) et je trouve que le traitement des méchants est très " ringolamien ", très réussi aussi : là ou la plupart des persos du film sont obsédés par le pognon, la bande de Taiwan est finalement la seule à s'intéresser à autre chose. Ils ne poursuivent pas les héros pour ça mais parce qu'ils ont tué leur pote, ce qui fait que malgré leur brutalité on les respecte sans doute plus que la connasse vénale que les deux frères protègent. Mais voilà : la psychologie est assénée à coups de flashbacks moches ; le duo d'acteurs Louis Koo-Shawn Yue fait amèrement regretter les duos Chow Yun-Fat/Danny Lee ou Lau Ching-Wan/Francis Ng d'antan, sans parler de l'actrice qui elle est nulle à chier. La voix-off est naze et la morale sur l'argent hyper convenue. Dommage.

Queen of earth (Alex Ross Perry, 2015) est un film très dur à critiquer. L'histoire est celle de deux femmes, Catherine (Elizabeth Moss) et Virginia (Katherine Waterson). On suit en parallèle deux sessions de vacances au même endroit à un an d'intervalle ; la première fois, Catherine avait eu une attitude déplaisante, un an plus tard, après le décès de son père et le départ de son petit ami, elle est au fond du trou. Mais l'attitude entre les deux femmes est en permanence au bord de l'explosion, bourrée de sous-entendus malsains.
En gros, c'est un " Polanski d'appartement " de 2016, avec quelques autres influences manifestes (Lynch, Trois Femmes de Altman, Bergman). C'est relativement réussi dans le genre, notamment grâce à l'excellente Katherine Waterson, mais j'ai terminé le film avec un sentiment de déjà vu tant ces thèmes (l'identité, la névrose, la fusion) m'ont déjà semblé mieux traité ailleurs dans le cinéma intimiste. La symbolique est pas toujours très finaude non plus (la première année, Virginia refuse que les proches de Catherine l'appellent par son surnom ; la seconde, c'est Catherine qui interdit à tout les proches de Virginia de le faire) mais le film a ses beaux moments d'hystérie et réussit souvent à distiller un climat bien malsain. Plutôt une bonne surprise.

Tesis (Alejandro Amenabar, 1996) est un film que j'ai revu un tout petit peu à la baisse, considérant que le réal a surpassé ce coup d'essai avec ses deux films suivants (le très bon Ouvre les yeux et le formidable Les Autres) avant de sombrer complètement tel un Shyamalan espingouin. Une étudiante en cinéma jouée par Ana Torrent se retrouve à enquêter sur des snuffs movies avec l'aide d'un nerd.
Je dois avouer que l'intrigue policière ne me convient pas vraiment, et que les retournements de situation deviennent un peu grotesques au bout d'un moment (l'idée de Chema de piquer la caméra franchement...). J'aime le film pour deux choses. D'abord, le traitement de ses personnages avec une romance fille déphasée-nerd traitée de façon vraiment chouette, très crédible. Par exemple, quand notre héroine visite pour la première fois l'appartement de Chema, sorte de musée de l'horreur, son regard est plus curieux que dégouté ce qui la rend hyper attachante. La deuxième chose, ce sont les acteurs : Ana Torrent (la gamine de Cria Cuervos) a une présence unique et en psychopathe, Eduardo Norriega est absolument prodigieux. De quoi faire pardonner un rythme pas toujours irréprochable et un visuel un peu vieilli. Ca reste vraiment un bon film.

John Carter (Andrew Stanton, 2012) j'en avais déjà parlé à l'époque donc je vais faire très court, j'aime beaucoup. J'aime ce space opera anachronique, j'adore le visuel, le bestiaire (ce " chien-supersonique " est si cool ! ), ce moment de montage génial quand Carter se bat contre une horde d'assaillants avec en parallèle l'enterrement de sa femme (il ne purge pas l'énergie négative accumulée depuis le début du film mais depuis bien dix ans, ça c'est de la catharsis), je lui passe des acteurs manquants de charisme et un côté " déjà vu " parce que ce film est un des plus beaux films de SF récents et que pas grand monde ne semble le penser.

Le Gouffre aux chimères (Billy Wilder, 1951) n'est pas que le meilleur film de cette sélection, c'est un chef d'œuvre. Wilder nous raconte comment un journaliste déchu joué par Kirk Douglas (extraordinaire) va tenter de retrouver son prestige d'antan en couvrant un accident dans une mine. Petit à petit, les mensonges sensationnalistes s'accumulent et Kirk Douglas en vient même à retarder l'extraction du blessé pour pouvoir continuer à sortir des articles. C'est extraordinairement noir, l'une des plus violentes dénonciations du journalisme-poubelle de tous les temps, d'autant plus percutantes que les personnages ont tous leur moment d'empathie. Visuellement on se croirait dans un film expressionniste allemand, les ombres de la mine donnent une dimension cauchemardesque incroyable aux scènes, et on atteint parfois une cruauté rarement vue au cinéma (l'homme blessé à mort qui dit à Kirk Douglas ou se cache le cadeau pour l'anniversaire de sa femme ; Kirk lui donne mais la femme en rigole, car depuis l'accident de son mari la publicité lui a permis de gagner largement plus).
Une merveille totale.

Boris.

 

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Crutch

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Envoyé par Crutch le Lundi 02 Mai 2016 à 14:24


Bilan d'avril, encore et toujours, avec à peine plus de films qu'en mars: 20 dont 15 nouveaux. Allez hop:

Cinéastes découverts:

John Milius (Dillinger) Film de gangster en mode "je me suis UN PEU influencé de Peckinpah" (Warren Oates et Ben Johnson au casting, un braquage qui se change en fusillade avec des policiers postés sur les toits, du machisme romantique, des scènes d'action surdécoupées et lisibles ; manque que le ralenti) porté donc par un Warren Oates exceptionnel, rythmé et prenant, avec aussi des seconds rôles qui font plaisir (Harvey Dean Stanton, Richard Dreyfuss et Geoffrey Lewis dans le gang de Dillinger, ça déconne pas), et un sous texte sur la représentation et la fascination de l'Amerique pour la célébrité qui rend le film plus malin qu'il en a l'air.
Bong Jong-Ho (Memories of Murder) Voir critique plus haut.
Cesare Canevari (Matalo!) Idem.
Patrick Tam (The Sword) Film de sabre marquant de la nouvelle vague hongkongaise qui bouscule les codes du wu xia pian par la violence de son montage, ses chorégraphies signées Ching Siu-tung, son âpreté et son attitude critique par rapport aux archétypes qui anticipe les visions de Tsui Hark et de Wong Kar-Wai dans les années 90.
Frank Capra (Monsieur Smith au Sénat) Un film de 1939 encore totalement actuel sur la collusion entre politiques industriels et opinion publique, mixé à une atmosphère de fable autour des symboles de l'Amerique (la justice, la représentation du peuple, l'institution démocratique) qui fait passer des séquences complètement irréalistes comme une lettre à la poste. Plusieurs grands moments: le montage de la découverte de Washington en mode America :Fuck Yeah, les journalistes accusant James Stewart de n’être qu'un politicien comme les autres, et tout le climax en fait.
Richard Lintaker (Génération Rebelle) Sensation bizarre au visionnage: au début je trouvais le film vraiment pas terrible, mais alors que le film avançait, j'ai de plus en plus apprécié ce portrait de la jeunesse US des 70's avec la bande son qui va avec. Je sais pas pourquoi en plus. Mais c’était cool.
Giorgio Capitani (Chacun pour soi) Après les conseils de Boris et d'Alain Petit, je savais que j’allais pas être déçu, et effectivement j'ai aimé ce western spagh en mode conflit de génération qui se dédouble via les références au western classique.
Jacques Rivette (Le coup du berger, Paris nous appartiens) Le premier est un court métrage de 1956, ce qui en fait le premier film de la Nouvelle Vague, co-produit par Chabrol, qui réalisera Le Beau Serge suite a son succès et qui décidera Truffaut (qui fait un cameo dedans) à passer a la réalisation. Outre son importance de ce point de vue, c'est une intrigue de vaudeville un peu sur-intellectualisée pour son bien. Le deuxième est le premier long métrage de Rivette, ou l'intrigue autour d'un groupe d'intellectuels, d'une pièce de théâtre amateur, et d'une possible conspiration fasciste mondiale (?) sert à tourner aux quatre coins de Paris, dans la rue, dans les cours, sur les toits, dans des mansardes, à la terrasse des bars (avec un cameo de Godard qui drague à l’américaine). Les femmes sont belles (pour ne pas dire qu'elles sont excessivement motocultables), les hommes sont mystérieux et/ou tourmentés (pour ne pas dire que ce sont des tapettes), ça n'arrête jamais de discutailler, c'est la Nouvelle Vague. C'est bien par moment mais on se fait quand même chier a d'autres. 
Godfrey Reggio (Koyaanisqatsi) Un film non naratif, composé de plans de la nature, puis de la société industrielle, accompagnés d'une musique de Phillip Glass. Au début j'ai eu quelque réserves sur les longs plans de Monument Valley, mais des que le rythme s’accélère un peu j'ai été captivé tout du long. Par contre, les cartons de fin gâchent un peu le truc en plaquant un message dessus. Mais la démarche est vraiment éblouissante.
Jerry Schatzberg (L'Epouvantail) Je sais pas si vous avez remarqué, mais j'aime bien le cinéma du Nouvel Hollywood. Ben là on est en plein dedans. Road movie désenchanté, thématiques sociales, immersion des stars en antihéros, photo de Vilmos Zigsmond, j'en passe et des meilleures. Une scène grandiose: la conversation téléphonique entre Al Pacino et son ex.

J'avais déjà vu un de leurs films:

Chang Cheh (Le justicier de Shangaï) voir critique plus haut.
Takeshi Kitano (Kids Return) Kitano, j'ai par moments du mal avec son humour noir. Mais Kids Return, c'est aussi un film bourré d’émotion sur la jeunesse, l'ennui, l'amitié, la peur de l'avenir, avec une musique magnifique de Joe Hisaishi et une scène finale qui fait couler des larmes d'homme.
Abel Ferrara (Cat Chaser) Tu sais que tu aimes un cinéaste quand tu regarde même ses films les plus mineurs avec intérêt (Ferrara ayant abandonné le film sur la fin pour commencer King of New York). Là c'est simple: hormis les rêves/flashbacks du héros, on dirait un téléfilm. Heureusement, Ferrara étant un auteur, on a droit à Kelly McGillis à poil et ça c'est bien. A noter un Tomás Milián assez méconnaissable physiquement en mari jaloux mais pas trop en fait ça va et un très bon personnage de privé pourri joué par Charles Durning, second rôle récurant des DePalma 70's, et qui incarnait le PDG de l'entreprise dans Le grand saut des Coen.

Vincente Minnelli (Les Ensorcelés) Alors, là je met en grand, parce que c'est autre chose. Quand j'ai fini le film, celui qui m'est venu direct à l'esprit pour comparer en terme de qualité, c’était pas Sunset Boulevard comme pour Boris, c’était Citizen Kane. Oui oui, j'assume. Ce film est immense. Sa mise en scène est d'une fluidité, d'une beauté, une puissance d'autant plus parfaite qu'elle semble couler de source, tout les éléments techniques s'imbriquent parfaitement pour magnifier un scénario autant exceptionnel pour ce qu'il dit sur la création artistique et les relations humaines, sa description d'Hollywood faisant allusion à de vrais productions ou personnalités de l’époque qu'on prend plaisir à repérer, et son caractère ultra frontal sur les mœurs de l’époque : entre Lana Turner en pyjama qui monte sur les genoux de Kirk Douglas en suggérant cash une promotion canapé, le plan allant du postérieur d'une blonde de tout évidence droguée à un Gilbert Rolland en emoi et Dick Powell résumant le succès de ses livres par le fait qu'ils soient pleins de sexe torride , on se dit que le code Hays était parfois aveugle. Malgré sa lucidité et des moments très violents émotionnellement (le plan qui se vide autour du réalisateur trahi, Lana Turner conduisant en larmes), le film ne sombre pas dans le cynisme: plus optimiste que Sunset Boulevard par exemple, il conserve un aspect enchanteur, cette croyance dans la machine à rêves d'Hollywood que partagent les personnages et qui donne toute sa beauté au bien meilleur titre français. Tout le monde devrait voir ce film. 

Tout les films étaient au moins intéressants sauf Cat Chaser qui est un peu un plaisir coupable, donc pas de Top 10: Les plus marquants étaient Les Ensorcelés, Matalo!, Memories of Murder, Kids Return et Monsieur Smith au Senat.

Revisionages: Pas mal de Michael Mann, merci à l'Institut Lumière pour Le Solitaire, Miami Vice, Révélations et Heat, tout les quatre excellents.
Et Green Room, revu au cinéma, dont j'aimerais faire la pub, parce qu'il est vraiment bon et que plus de fric pour Jeremy Saulnier ne peut que mener à plus de bons films, mais qui est hélas distribué dans une version censurée qui coupe les plans les plus gore du film et je trouve ça assez honteux. J’espère que le DVD aura la version que j'ai vu en festival.

Series: Daredevil Saison 1 et 11 épisodes de la saison 2. C’est pas la série du siècle, mais y a des bons trucs. J'aime qu'ils partent sur un Daredevil à la Frank Miller (donc un Batman) et que donc ça bastonne bien méchamment, que Foggy ait parfois de moment qui surpassent son statut de faire valoir et Vincent D'Onofrio, ben c'est lui le patron. La photo est verdâtre/jaunâtre  H24, c'est certes un choix artistique mais c'est moche. La saison 2 à parfois des gros problèmes de construction: y a un épisode où on passe d'une scène avec le Punisher de jour à Daredevil qui même l’enquête la nuit puis Foggy au tribunal le même jour, ça fait bizarre quand même. Mais dans l'ensemble pour l'instantc'est honorable, faut que je voie comment ils finissent la S2 avant d’émettre un avis définitif.

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Lundi 02 Mai 2016 à 22:28


Je suis le seul à me taper plein de bugs sur MC récemment ?
 ​Non parce que ça me fait un peu chier mes messages de 50 lignes qui disparaissent et la typo qui se cale n'importe comment. Boris, je la modifie pas juste pour que vous constatiez l'horreur.

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Bluerain

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Envoyé par Bluerain le Lundi 02 Mai 2016 à 22:30


Moi aussi des fois j'ai le curseur qui saute (par exemple quand je veux coloriser du texte, vu sur deux ordinateurs différents). Je dois resélectionner mon texte pour pouvoir le coloriser quand ça arrive.

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Crutch

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Envoyé par Crutch le Mardi 03 Mai 2016 à 00:43


Moi j'ai eu beaucoup de mal pour faire cohabiter deux tailles dans le texte, ça se bloquait en 150 et j'ai du éditer parce qu'il restait des marqueurs style [/size= dans le message.

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jokerface

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Envoyé par jokerface le Mardi 03 Mai 2016 à 08:37


Pour ce qui est des tailles, je l'ai signalé il y a quelques jours à Amon (regardez un peu la taille ridicule de mes titres sur le topic règle LG) et il s'est penché sur la question (je ne dis pas que c'est forcément résolu hein).

Ces "bugs" sont peut être ses tests...

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Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...

Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"

Bluerain

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Envoyé par Bluerain le Mercredi 04 Mai 2016 à 17:59


Tout à l'heure lorsque j'ai édité mon post sur l'autre topic, j'ai testé un peu les tailles, et en mettant sur 50, au lieu de faire petit ça faisait géant...

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Samedi 07 Mai 2016 à 21:24


Green Room (Jeremy Saulnier, 2015) : un petit groupe de punks témoins d'un meurtre est enfermé dans une pièce par des nazis déterminés à les liquider.

Grosse attente sur ce film du fait que j'avais vraiment aimé Blue Ruin et je dois avouer être un peu déçu même si je trouve le film intéressant.

Au positif :
- Patrick Stewart et Macon Blair sont excellents en leaders nazis. De manière générale j'ai pas mal apprécié le caractère très calmes des skins, à l'opposé de leur représentation habituelle en gros idiots vociférants.
- De façon proche, la différence de tempéraments des skins qui ne forment pas un bloc unitaire (il y a du renoncement, de la trahison...) est une très bonne idée.
- La dernière demi-heure totalement carpenterienne est superbe. L'idée des cadavres qui se font tirer dans les jambes, c'est du cinéma de genre comme j'adore.
- Pas de second degré à la con, pas de clins d'œil complices, pas de blagues... ça fait du bien.

Au négatif :
- Les acteurs keupons ne m'ont pas paru franchement transcendants.
- Niveau montage et mise en scène, je trouve que Blue Ruin était un cran au-dessus. J'ai ressenti une certaine confusion des scènes d'action, probablement du fait que certains plans étaient censurés dans la version que j'ai vue en salles - chose confirmée par Crutch qui avait vu le film lors de sa diffusion en festivals -.
- Je trouve qu'il y a un manque de caractérisation chez les punks, dans ma tête ils n'existaient pas individuellement, ils étaient " punk 1, 2, 3, 4 ". Je trouve que c'est un des grands principes du survival - montrer comment chacun doit faire face à sa personnalité profonde - qui est malheureusement un peu bafoué ici, aspect en partie rattrapé par la réussite du traitement des skins.
- Enfin, le film me semble manquer de ces répliques/moments iconiques qui font les grands survival. Visuellement, l'un des seuls plans qui m'a frappé est celui quand Amber allume une cigarette dans le noir, mais là encore je trouve que Blue Ruin arrivait à donner plus de force à son scénario.

Everybody Wants Some (Richard Linklater, 2016) : Quelques jours avant la reprise des cours à la fac, un groupe de sportifs fait les 400 coups.

Suite " spirituelle " selon Linklater de l'excellent Génération Rebelle, Everybody Wants Home se suit plus facilement que son modèle (en dépit du nombre de personnages principaux, ils n'agissent qu'en groupe donc le récit est moins fragmenté) mais n'en atteint pas tout à fait la force. Le paradoxe, c'est qu'il y a deux films en Everybody Wants Home et que leur totalisation est moins bonne que la somme des parties. D'un côté, un film comique avec des sportifs bien abrutis comme on les aime (sur onze personnages, trois doivent dépasser les 85 de QI) dont la puérilité peut au choix faire rire ou consterner  (mention à Plum, au regard magnifiquement inexpressif, et à Coma, à côté duquel Donnie dans The Big Lebowski est un personnage essentiel à l'intrigue). De l'autre, quelque chose de plus mélancolique sur la transition, notamment lorsque le héros découvre que les autres pensent réellement passer sportifs professionnels (il est le seul à ne pas se faire d'illusion) ou lors de la confrontation du groupe aux différentes bandes de la fac : les artistes, les punks, les branchés etc.

Le problème c'est que ces deux films se parasitent un peu mutuellement. On pourrait rire de bon cœur de ces glands si le sérieux ne surgissait pas quand on ne l'attend plus, on pourrait prendre le film au sérieux si il n'était pas autant rempli de blagues de bites (et j'aime les blagues de bite, c'est pas le problème). Au-delà du fait que le casting est beaucoup trop agé pour jouer des gus de 18 ans, j'accroche du coup plus à la romance entre le héros et son artiste branchée ULTRA MIMI qu'aux passages ou ses potes jouent au baseball avec une hache. Reste que j'avais pas ri comme ça depuis un petit moment.

Veteran (Ryu Seung-wan, 2015)  : Seo Do-cheol est un inspecteur de la vieille école, qui ne fait preuve d'aucune pitié lorsqu'il s'agit de traquer les criminels. Un jour, il se retrouve à enquêter sur un jeune millionnaire, Jo Tae-oh, dont la fortune et les connections haut-placées lui ont jusqu'ici permis d'échapper à la justice.

Tout comme les Braqueurs, cet immense succès public coréen (sixième plus grosse recette de leur histoire) semble être passé totalement inaperçu chez nous. Ryu Seung-wan venait pourtant de signer avec The Berlin File son film le plus convaincant, celui qui permettait d'avoir un espoir dans le fait que ce champion du box-office puisse également produire des choses artistiquement dignes d'intérêt. Hélas, si Veteran n'est pas dénué de qualités, son scénario en forme de longue démonstration marxisante tape rapidement sur les nerfs et explique également le peu d'intérêt qu'il a pu susciter chez nous, la presse française acceptant aussi facilement une vision politique ultra-caricaturale lorsqu'elle provient d'un " auteur " consacré (voir l'accueil fait à l'atroce A touch of sin de Jia Zhang-ke) qu'elle le rejettera en bloc lorsqu'il est martelé dans un blockbuster.

Nous suivrons donc durant deux heures un policier incorruptible incarné par un convaincant Hwang Jeong-min confirmant sa prestation réussie dans New World. Face à lui, une tête à claques horripilante joué par un acteur dénué de charisme (Yoo Ah In) qui :
- est camé jusqu'à l'œil
- paye des pauvres pour qu'ils se battent entre eux
- tue son chien lorsqu'il s'énerve
- frappe des femmes enceintes
- envoie ses sous-fifres faire de la prison à sa place

Inutile de dire que la mule est aussi chargée que les jet-setteurs drogués du film. Heureusement, Ryu Seung-wan évite au moins le piège de l'ultraviolence complaisante et nous grattifie de quelques ruptures de ton dont les coréens semblent avoir le secret (la manière de se battre absolument improbable du héros, les engueulades entre flics, les incompétents du commissariat en face de chez Tae-Oh) qui aident à faire passer la pillule jusqu'à un happy-end tout à fait grotesque. Curieusement, il faut ajouter que Veteran est avare en action et que même la poursuite de fin n'est pas réellement satisfaisante sur ce plan, donnant parfois l'impression d'un film hybride entre la comédie et le pamphlet politique dont seule la première moitié fonctionnerait a minima. Dommage.

Far West Story (Sergio Corbucci, 1972) : un couple de bandits est pourchassé par un shérif déterminé.

Tourné juste entre les excellents Companeros et Mais qu'est ce que je viens foutre au milieu de révolution ?, ce Corbucci est une sorte de quatrième mousquetaire qu'on pourrait ajouter à la trilogie révolutionnaire de Corbucci (contenant les deux opus pré-cités et le Mercenaire), même si la thématique de la révolution mexicaine n'apparait pas ici. Toutefois, comme dans ces trois films, le scénario fait cohabiter deux personnes que tout oppose (ici, non pas un européen vicieux et un peone, mais un brigand et la jeune femme qui le suit) et qui sont poursuivis par un troisième, Telly Savalas reprenant le rôle de Jack Palance.

Surprise, c'est un bon cru dans la filmographie inégale de Corbucci, et sans atteindre ses meilleurs films (la trilogie donc, ainsi que Django et le Grand Silence) son côté Bonnie and Clyde au far west en fait un petit plaisir coupable, notamment du fait de l'alchimie évidente entre Tomas Milian et Susan George. Bon, une féministe fera une crise cardiaque vu tout ce que subit la malheureuse Susan durant le film et même si elle triomphe sur la toute fin, on peut penser que Corbucci pousse parfois le bouchon un peu loin. L'autre petit défaut, c'est que si la trilogie mêlait humour, politique et violence, ici le premier ingrédient empiète trop sur les autres (la politique apparaît peu et le film est peu violent pour du Corbucci) donnant parfois une impression de vaudeville sur deux paumés qui se foutent des baffes. Reste que c'est beaucoup plus drôle que tous les Trinita du monde (les braquages " avec classe " sont très marrants, les répliques beaufs de Milian ne laissent pas indifférent) et que de tous les westerns italiens intégrant autant d'éléments comiques, Far West Story et sans conteste le plus réussi.

Ainsi que deux revisionnages :

Le Dernier train du Katanga (Jack Cardiff, 1968) est vraiment un film que j'apprécie particulièrement même si je suis encore une fois frappé par quelques choix de montage qui me semblent maladroits. Reste que question film de commandos, il ne me semble pas être indigne des Douze Salopards, de Quand les aigles attaquent ou de son collègue dont je fais la critique en-dessous. La séquence de meurtre des enfants africains par Peter Carsten est absolument glaçante ( le " put your svastika back " est formidable), le duel mains nues contre tronçonneuse entre Taylor et Carsten vaut son pesant de cacahuètes et j'aime beaucoup la façon dont la morale de fin n'est pas dictée par le " triomphant " Taylor mais par l'humble soldat Kataki. Il y a aussi une très intéressante opposition entre Taylor, mercenaire avide d'argent, et son second joué par Jim Brown qui espère voir l'Afrique se relever. C'est sec, c'est violent, c'est sans fioritures et Jack Cardiff oblige la photo est très belle. A voir impérativement.

Enfants de salauds (André de Toth, 1968) ne vaut pas tout à fait les meilleurs films du cinéaste (Pitfall, Chasse au gang et l'immense western La Chevauchée des bannis) mais il s'agit là encore d'un superbe film de guerre qui réussit à dépasser les Douze salopards sur le plan du cynisme : les anti-héros sont encore pires (quasiment tous sont des violeurs ou des meurtriers) et le reste de l'armée ne vaut pas mieux, la fin est vraiment d'un humour noir extraordinaire. Le seul point sur lequel je préfère le film d'Aldrich, c'est que j'y trouve les seconds rôles mieux caractérisés (Bronson le futé, Cassavetes le roublard, Jim Brown le bon gars, Savalas le fou de Dieu) là ou ici ils meurent quasiment tous en même temps et ou en dehors du couple d'arabes homos ils sont assez interchangeables. Mais en plus de réussir à remplir son contrat rayon gros spectacle bourrin, le film peut se targuer d'être l'une des représentations les plus corrosives du fonctionnement de l'armée vu au cinéma (le commando est dénoncé par ses supérieurs aux allemands pour des raisons politiques et la mission pour laquelle tout le monde meurt n'a en réalité pas lieu d'être). Et puis, Michael Caine et Nigel Davenport, quand même !

​Boris.

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Crutch

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Envoyé par Crutch le Dimanche 08 Mai 2016 à 00:55


Merci pour ces nouvelles critiques , et ce même si je serais plus bon public sur Green Room (pour moi les moments/réplique culte sont tout ce qui tourne autour du groupe à emporter sur une île déserte, et malgré que ce soit rapide, on distingue les différences de comportement et de réaction de chacun des punks) Après mon appréciation doit aussi venir de la version non censurée.
J'ai aussi vu et aimé Enfants de Salauds, et hélas raté Everybody Wants Some.
 

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