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Crutch

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Envoyé par Crutch le Mercredi 22 Janvier 2020 à 14:02


Ben El Reino je trouve ça assez virtuose au point de vue des performances comme de la mise en scène, la musique électro est super et dope les séquences de tension, et le jonglage entre film dossier et film de genre a bien fonctionné me concernant, d'ailleurs je pense que si le film avait été coréen, il aurait été dans plus de tops, y a un peu un coté Hard Day par exemple, mais qui réussirait mieux son crescendo dans la tension. Boris était dérangé par les velléités politiques du film avec la fin en mode Elise Lucet, mais moi je trouve pas ça si con que ça, balancer un peu de dossiers, clasher la corruption et l'inertie du système politique (et médiatique) tout en laissant une chance au personnage de se défendre en rappelant sa place de fusible, ça me semble un peu nécessaire par les temps qui courent (après oui c'est complètement irréaliste, la fin c'est limite une inversion totale de l'interview de Carlos Ghosn par Lea Salamé, mais pour moi c'est un compliment)

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Samedi 25 Janvier 2020 à 11:49


L'Exorciste (William Friedkin, 1973)

L'actrice Chris McNeil est inquiète au sujet de sa fillette Regan : après que l'on ait entendu des bruits curieux venant de sa chambre, la petite a changé, proférant de constantes insanités. Une force para-normale l'habite, qui coûte la vie au metteur en scène de Chris. Désespérée, cette dernière fait appel à deux exorcistes...

Je lis souvent ici et là que l'Exorciste serait un film qui aurait particulièrement vieilli, voir serait devenu irregardable. En ce qui me concerne, à le revoir alors que j'ai passé la trentaine, le film est toujours aussi incroyable. Même les trucages " visibles " provoquent toujours le dégout, notamment grâce au côté super-organique de la créature (on pourrait y voir un ancêtre de Cronenberg), l'ambiance sonore et visuelle est parfaite et j'ai été surpris de retrouver autant de similitudes narratives entre ce film et un autre grand Friedkin, Police Fédérale Los Angeles, avec dans les deux cas un duo d'experts, l'un vieillissant et l'autre " novice ", la mort de l'un créant un déclic chez l'autre dont la vocation déclinait. Je suis d'ailleurs toujours impressionné de voir la manière anti-Hollywoodienne dont est tué Max Von Sydow. De manière générale, l'alternance entre une mise en scène sobre, voir austère, ou les personnages sont assez froids et distants avec le Grand-Guignol autour des apparitions démoniaques (on hurle des horreurs, on vomit, on pisse) réussit à donner un film un ton à la fois ultra surprenant et angoissant. J'adore.
Un classique de l'horreur qui mérite parfaitement son statut.

Blacula, le vampire noir (William Crain, 1972)

En 1780, le Prince Mamuwalde est transformé en vampire après avoir rendu visite à Dracula. Condamné à vivre dans un cercueil, il est réveillé en 1972 et sème la terreur à Los Angeles.

Big up à la cinémathèque pour l'avoir diffusé ; il s'agit comme son titre l'indique d'une tentative blaxploitation visant à " noiriser " des personnages du fantastique européen (suivront Blackenstein et Docteur Black et Mister Hyde).
Les lacunes budgétaires sont criantes, les costumes des figurants horribles, la VF de la cinémathèque semble sortir de la Classe américaine, le film tire pas mal en longueur mais est curieusement assez regardable pour un blaxploitation au pitsch aussi absurde. Le fait est que William Marshall, l'acteur principal, et Vonetta McGee jouent bien mieux que les acteurs habituels du genre ou que le film se permette quelques libertés surprenantes (un couple gay interracial quand même), mais surtout que les dix dernières minutes assument totalement le ton tragique et l'héritage vampirique aident à faire passer la pilule. OK c'est pas franchement terrible mais je le trouve plus agréable que des supposés classiques comme Shaft ou Superfly. Puis admettez que le titre suscite un minimum votre curiosité, non ? Non ? Allez vous faire voir.

Le Jardin du diable (Henry Hathaway, 1954)

Trois passagers d'un bateau a vapeur , se retrouvent coincés dans une petite bourgade du Mexique, appelée Porto Miguel, après une avarie de machines. Alors qu'ils prennent un verre, une femme surgit et les supplie contre récompense de secourir son mari bloqué au fond d'une mine par un éboulement. Les trois hommes ainsi qu'un client du bar acceptent (aprés une longue réticence). Ils l'accompagnent dans une région isolée aux mains des Apaches.

Superbe point de départ, avec tout ce que ça peut impliquer de cool en matière de féminin évoluant dans un milieu masculin (Susan Hayward est excellente), d'ambiguïté morale, de fièvre de l'or avec en plus un duo Gary Cooper/Richard Widmark, l'aventurier droit dans ses bottes et le joueur de cartes cynique. Ce qui empêche le Jardin du diable d'être totalement convaincant est la comparaison avec le chef d'œuvre de John Huston, Le Trésor de la Sierra Madre, largement plus puissant et fou. Je trouve aussi qu'en dehors de Widmark les personnages sont un peu trop monolithiques, le mec dur et austère, le chien fou avide de reconnaissance etc. là ou chez Huston les anti-héros étaient plus complexes. C'est quand il assume son aspect mélodramatique que Le Jardin du diable donne le meilleur de lui-même (le type blessé convaincu que sa femme n'en veut qu'à son argent, alors qu'elle suscite malgré elle la convoitise du reste du groupe). Hathaway est un bon metteur en scène classique, qui sans donner un classique de la dimension des grands Ford ou Mann livre ici un western qui gagne largement à être connu, supérieur à des films plus connus du même réalisateur (True Grit notamment).

Love and peace (Sono Sion, 2015)

Ryoichi rêvait de devenir un rockeur punk quand il était plus jeune, pour finalement devenir un vendeur timide dans une boutique d’instruments de musique. Il est amoureux de Yuko, mais n’ose pas le lui avouer. Un jour, il trouve une tortue sur le toit d’un grand magasin. Il la baptise Pikadon et l’adore, mais ses collègues se moquent de lui. Il finit par jeter sa tortue dans les toilettes, et regrette amèrement son geste. Pikadon se retrouve dans les égouts et rencontre un vieil homme qui vit dans les souterrains. Et quelque chose finit par se passer…

Avec Sono Sion, on ne sait jamais trop à quoi s'attendre. Ici, le japonais cinglé mélange film rock " à la japonaise " (comprenez : relou) et film de monstre " à la japonaise " (comprenez : trop cool) ou une tortue géante menace une ville façon Godzilla (mais heureusement la tortue est tellement lente que tout le monde a le temps de fuir).
C'est un peu difficile de s'y retrouver devant ce foutoir narratif : critique du consumérisme japonais et de ses boys band ? De l'amnésie sur la bombe nucléaire ? (la tortue a le nom de la bombe qui a ravagé Hiroshima, et le Godzilla d'origine était une réponse cinématographique au traumatisme atomique). On ne sait pas trop, et c'est pas très grave. Ca part dans tous les sens mais y a des vrais moments de poésie cinématographique qui sortent de nulle part, notamment les séquences dans les égouts avec des jouets reconstruits, sachant que c'est un des Sono Sion les plus soignés visuellement parmi ceux que j'ai vu. Sono Sion tente de mêler film de noel, rock, monstres, drame social et surréalisme ; ça aurait tenu du miracle que tout ça s'embranche parfaitement, mais c'est en tout cas un des rares films récents qui a réussi à me surprendre en permanence, et même à m'émouvoir à l'occasion.

The War Room (Chris Hegedus et Donn Alan Pennebaker, 1993)

Ayant la possibilité d'accéder à la "War Room" de Bill Clinton - son QG de campagne -, les réalisateurs mettent le projecteur sur le travail de deux personnages clés : George Stephanopoulos, le directeur de la communication, et James Carville, le responsable de la stratégie. Au début du film, l'équipe de campagne suit les primaires démocrates dans le New Hampshire puis elle s'installe pendant près de dix mois à Little Rock, le fief de Clinton qui, à l'époque, est gouverneur de l'Arkansas.

Projet a priori assez improbable (un documentaire sur une élection présidentielle par le roi du documentaire musical qui avait consacré des films à Bob Dylan, Depeche Mode ou Otis Redding) qui s'avère être un film formidable. J'avoue avoir été fasciné par ce personnage incroyable qu'est Carville, boule d'énergie à la vie familiale insolite (sa femme faisant campagne pour Bush pendant qu'il menait celle de Clinton...), habillé n'importe comment mais au sens stratégie fulgurant, capable de gérer l'image médiatique de son candidat et les dommages collatéraux comme personne. Pas de grands programmes politiques ici mais avant tout une question de présence, de ressenti, d'impact : il faut occuper l'espace, rassurer, conforter. Carville et Stephanopoulos improvisent des slogans en vingt minutes, mettent des coups de pression à des journalistes ayant des dossiers sur Clinton (avec le recul, c'est incroyable que tout ça ait pu rester confidentiel durant la campagne, entre les tromperies et le fils caché...), se font des blagues nulles entre eux, balancent les imitations de leurs adversaires ou amis, bouffent n'importe comment.
Les réalisateurs ont voulu filmer Clinton et se sont finalement rabattus sur ses lieutenants de campagne, les cadrant comme des rock stars préparant un show, intuition totalement juste. Même si ce documentaire est moralement ambigu, il est captivant de bout en bout et James Carville l'un des personnages les plus boristes que j'ai pu voir au cinéma.

Boris.

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Lundi 17 Février 2020 à 12:21


Un petit passage pour déconseiller sérieusement le visionnage de 1917 de Sam Mendes. Rarement je me suis autant ennuyé devant un film pour tout dire. Donc : 

1917, Sam Mendes

Deux soldats sont envoyés à travers la ligne de front pour prévenir un bataillon, dans lequel sert le frère d'un des deux soldats, qu'ils s'apprêtent à tomber dans un piège tendu par les allemands.

Alors quels sont les problèmes de ce film? Déjà le principal, c'est que si les clichés étaient des briques, ce film serait l'équivalent cinématographique de la grande muraille de Chine. Pas un plan, pas un discours, qui nous épargne. Le scénario ne tient pas un instant, d'ailleurs même le réalisateur devait en avoir conscience, pour preuve ce dialogue du début :
random soldat envoyé en mission très importante et très dangereuse : "Et il n'y a que nous deux pour faire tout ça?"
réponse du général : citation quelconque (c'est un gradé donc il a de l'instruction) suivie de "Vous irez plus vite et plus discrètement qu'un détachement entier. 
Je maintiens qu'il y a une erreur de sous-titrage à cet endroit et que la vraie réponse du général est celle-ci : "oui je sais ce n'est pas logique mais faites comme moi, fermez vos gueules et suivez le scénario."
Rien que le premier plan séquence m'a complètement sorti du film : on y suit les deux soldats lors d'une interminable marche dans une tranchée, filmée au plus près, et comme tout le reste du film le montage censément invisible est, paraît-il, censé favoriser l'immersion. L'ennui c'est qu'on a tellement l'impression d'entendre le réalisateur hurler ses instructions pour que sa chorégraphie se mette en branle que c'est l'effet inverse qui est produit, on ne peut à aucun moment oublier que tout ça n'est qu'une mise en scène. Et tout le reste est pareil.

Pour le reste, je préviens, je "spoile" allègrement, si on peut "spoiler" un tel manque d'épaisseur.

Donc les soldats, sur ce scénario grandiloquent exaltant les valeurs héroïques de l'armée (ça rappelle Il faut sauver le soldat Ryan sans le côté grandiose de l'ouverture), partent à deux pour traverser le front allemand sachant qu'ils se sont repliés et que donc il n'y a censément plus de danger, pendant que des avions de reconnaissance partent faire des vues aériennes. (La question étant, puisque le message est tellement urgent et que finalement, puisque ce sont les allemands qui tendent le piège, la discrétion n'est pas si importante, pourquoi ce n'est pas un avion qui délivre ledit message? Le général n'a pas réponse à ça, et ils sont deux à être crédités au générique pour ce scénario...)
Bref les allemands ne sont plus là mais tout indique que leur départ est très récent (des braises encore brûlantes pour commencer.) Heureusement ce détail n'est là que pour tenter d'instaurer une ambiance, peut-être pour oublier le vide du reste.
Le passage de la ferme est symptomatique. Il y a des cerisiers abattus sans raison, pour prouver que les allemands sont méchants, un saut rempli de lait auprès de la seule vache vivante aperçue du film (on en avait besoin pour le scénario comme on le verra plus tard), de lait tiré manifestement il y a peu d'ailleurs, encore une fois. L'allemand qui apparaît dans la séquence confirme ce qu'on avait deviné avec les cerisiers abattus, les allemands sont méchants, parce que ce sont les ennemis. D'ailleurs ici se tient ce qui devrait être le climax émotionnel du film, sauf que j'étais trop occupé à rire du passage avec l'allemand pour y prêter attention.
Bref on se dit qu'on touche le fond, mais ça continue. On croise donc des soldats anglais, dont les seuls à être réellement compatissants sont le capitaine et le seul soldat indien du bataillon (pitié!).
Bref passons à plus loin dans un village en ruine et en flammes où pour une raison obscure il reste trois allemands et une femme française avec son bébé... Et manifestement le curé, parce que le fait qu'aucun bâtiment ne tienne debout n'empêche pas la cloche de sonner, à moins que ce ne soit le réalisateur qui l'a mis en branle pour rappeler à son acteur de poursuivre le scénario parce que le public s'assoupit. Au passage on apprend que les allemands ne sont pas seulement méchants, ils sont aussi des tireurs catastrophiques et des ivrognes invétérés, tout ça avant que le héros ne saute dans la rivière, qui s'avère être une sorte de gros torrent de montagne (ça se passe où déjà?).
Enfin bref qu'on ne s'inquiète pas, le héros parviendra à délivrer son message à la dernière minute, échangeant au passage une poignée de main viril avant de se reposer à l'ombre d'un arbre centenaire en contemplant un champ de blé bien doré (en même temps que les cerisiers en fleurs donc).

Bref maintenant passons aux qualités du film : 
-techniquement c'est bien fait
-j'imagine que ça s'oublie vite
-après avoir vu ça, on pardonne beaucoup aux films vus ultérieurement

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"_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec.
_ouais, j'ai pris 1
_ok ..."


Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Mardi 24 Mars 2020 à 21:42


Liaisons secrètes (Richard Quine, 1960)

Aux États-Unis dans les années 60, Maggie Gault est délaissée par son mari. Elle fait la connaissance de son voisin, Larry Coe et au fil des rencontres devient sa maîtresse.

Très grand mélodrame découvert à la cinémathèque. Y a un vague côté Douglas Sirk dans la caractérisation de personnages qui s'ennuient dans une banlieue pavillonnaire trop propre mais à l'exubérance stylistique de Sirk, Quine préfère une approche réaliste ou les personnages sont traités avec une évidente empathie (chacun a ses raisons), avec quelques seconds rôles mémorables comme l'architecte indécis ou la mère de Kim Novak qui voit sa fille commettre les mêmes erreurs qu'elle. Kim Novak justement est incroyable de sensualité dans un rôle de femme au foyer frustrée sexuellement (son mari, sans être détestable, semble se désintéresser d'elle) séduite par un Kirk Douglas au top de sa séduction. Le film ne punit d'ailleurs pas les amants comme l'exigeait la morale puritaine mais les condamne simplement à la séparation. Le scénario est d'autant plus étonnant de modernité qu'il est signé de l'auteur de polar Ed McBain (le 87ème district est un ancien ancêtre de la série The Wire) qu'on attendait pas forcément dans un registre mélodramatique. Difficile de louer un film dont toutes les qualités peuvent se résumer à une incroyable justesse dans la description des personnages, mais Liaisons secrètes est un très grand film.

Sex and Fury (Norifumi Suzuki, 1973)

Ocho est joueuse et pickpocket à Tokyo durant l'ère Meiji. Après avoir protégé un anarchiste en fuite, Ocho rencontre les trois bandits responsables du meurtre de son père. Une espionne européenne dont le patron est un diplomate sadique complique les choses...

Y a un coté mélange des genres en roue libre dans Sex and Fury qui est pas déplaisant. Le film rappelle que Suzuki avait écrit et réalisé des ninkyos et le final ressemble à un mélange des Lady Snowblood (la quête vengeresse de l'héroine), les Lady Yakuza (les règlements de comptes face à des yakuzas fourbes) et Blind's woman curse (le mélange des genres en freestyle justement). Y a quelques vrais beaux moments de cinéma comme l'héroïne se battant nue au sabre contre plein de yakuzas qui arrivent à marier assez efficacement cahier des charges racoleur et réel sens artistique. Je suis pas ultra fan de Reiko Ike dans le rôle principal tandis qu'en (fausse) antagoniste européenne, Christina Lindberg a plus de charisme en dépit d'un jeu approximatif et d'une voix-off lourdingue expliquant son passé d'espionne et ses états d'âme amoureux. Les passages musicaux style flamenco sont déroutants mais fonctionnent assez bien en ce qui me concerne. Globalement, il s'agit d'un bon film d'exploitation ou la mise en scène élégante de Suzuki parvient à élever un script un peu idiot quand même.

Caresses sous un Kimono (Norifumi Suzuki, 1972)

Le prince de Korashima, qui n’a jamais approché une femme et qui consacre toute son énergie aux arts martiaux, se voit obligé, pour raison de haute politique, d’épouser la princesse d’une province lointaine. La nuit de noces est un fiasco.

Un gros ratage à mes yeux. Autant Sex and Fury était imparfait autant celui-ci est vraiment pénible. Selon moi, l'énorme problème c'est qu'à tous les défauts de Sex and Fury (acteurs au jeu approximatif, exagération constante, racolage) il ajoute un énorme problème qui est de passer d'un film de satire médiévale avec un seigneur totalement ridicule à un truc beaucoup plus grave ou des gens meurent à cause des caprices de l'autre idiot. Du coup, on est en permanence tiraillé entre un rire lointain (parce que de base c'est déjà pas fou) et l'écœurement sans avoir l'impression que les deux se marient harmonieusement. On remplace Cristina Lindberg par la française Sandra Julien pour l'érotisme exotique, mais non seulement elle joue assez mal mais en plus son personnage est écrit en dépit du bon sens. Et dans le rôle titre, Miki Sugimoto ne me fait pas oublier que Meiko Kaji reste la reine absolue du film d'exploitation racoleur nippon. Bref, à oublier.

Pale Rider, le cavalier solidaire (Clint Eastwood, 1985)

Les derniers chercheurs d'or indépendants de LaHood, bourgade minière de Californie, sont harcelés par les hommes de main du puissant Coy LaHood. Ce dernier a fondé la ville qui porte son nom et exploite une mine qui s'épuise. Il cherche à récupérer les parcelles des indépendants. Les malfrats partis, la jeune Megan (Mélanie dans la version française) Wheeler enterre son chien, innocente victime, et prie. C'est à ce moment que surgit de la montagne un cavalier solitaire tout de noir vêtu. Il est pasteur, comme en atteste son col blanc, mais nul ne connaît son passé ni même son nom. On l'appelle le Prédicateur (the Preacher).

Eastwood mélange son personnage de l'Homme des hautes plaines à celui de l'arrivant solitaire de L'homme des vallées perdues dont le film reprend beaucoup d'éléments narratifs, mais en transformant l'étranger en une sorte de démon biblique (il apparait d'ailleurs lorsque la jeune fille lit un verset). Globalement c'est un très bon film qui comme l'Homme des hautes plaines me semble souffrir de la comparaison avec les prestations d'Eastwood chez Leone. Finalement c'est lorsqu'il est plus " fordien ", dans la description de la petites communauté de mineurs croqués avec beaucoup d'humanité, que le film est le plus touchant ; la partie règlement de comptes est quant à elle plus convenue et plus prévisible. C'est pour ça que parmi les 4 westerns réalisés par Clint, j'ai tendance à préférer les deux (Impitoyable et Josey Wales, hors-la-loi) qui s'éloignent le plus des canons leoniens aux deux autres qui tiennent un petit peu du (bon) bis repetita. Les quatre constituant de toute façon des films importants de Clint Eastwood.


Les Vitelloni (Federico Fellini, 1953)

Cinq adolescents attardés, déjà âgés d'une trentaine d'années, vivotent aux crochets de leurs parents dans une petite ville italienne du littoral romagnol. Ils n'ont pas commencé à travailler, n'en ont même pas l'intention et ne savent comment donner à leur existence du rêve, de l'aventure voire de l’amour. Tous de profils différents (un tombeur, un ténébreux, un apprenti-écrivain, un ténor de bord de plage, un cynique), ils se rassemblent en bande mais la médiocrité, la frustration, la solitude de leurs conditions et situations ne parviennent pas à disparaître malgré leurs pauvres tentatives illusoires et désespérées d'échapper au quotidien ensemble, et devant le désespoir de leurs parents respectifs. Seule la fuite de leur ville leur permettrait de s'échapper du nid familial petit-bourgeois mais ils ne s'y résolvent pas et parcourent la ville et la nuit, désœuvrés.

Ce Fellini là est parfois considéré comme n'étant pas complètement affranchi de l'influence néo-réaliste alors qu'il me semble avoir bon nombre d'éléments typiquement felliniens (le vieil artiste homosexuel, l'autobiographie du cinéaste) auquel la présence du génial Alberto Sordi en tocard trop protecteur envers sa soeur donne un aspect comédie à l'italienne qu'on ne retrouvera pas dans des Fellini suivants plus accomplis…. mais pas forcément plus touchants. Parce qu'on s'attache à cette bande d'andouilles (un artiste raté, un type transparent, un volage, un homosexuel refoulé et un gars normal qui se rend compte que ses amis le tirent vers le bas) qui trainent et font des conneries pour animer une existence sans but. Quelque part, I Vitelloni serait un faux départ de la comédie italienne qu'un film comme Mes Chers amis enterrera, le quintet d'idiots étant entre temps devenu amateurs d'humour noir et de blagues mortifères. L'évidence du talent de Fellini était là, son expression la plus parfaite (Amarcord ?) attendra encore un peu.

Boris.

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