Dans la chine du 8eme/9eme siècle, Yinniang (Shu Qi), une femme assassin, est envoyée tuer le seigneur d'une région menaçant le pouvoir impérial. Mais le seigneur en question (Chang Chen) est son cousin et celui à qui elle avait été promise en mariage dans sa jeunesse.
Bon, premièrement, on va pas tourner autour du pot: C'EST BEAU, PUTAIN. Tous, je dit bien tous les plans sont des tueries, les couleurs sont à tomber, les décors comme la nature sont magnifiés, le cadrage est ciselé , HHH se fait plaisir avec des lents panoramiques en mode "ni vu ni connu je t'embrouille j'avais mis une composition picturale dans ma composition picturale".
La crainte principale, ça aurait été un film splendide mais creux. Cependant, même si il faut pas trop chercher les bastons (3 minutes sur 1h45, mais j'y reviendrais), y a beaucoup d'idées intéressantes liée a la recherche esthétique. (Et quand tu accepte l'idée que tout les plans hors bastons dureront grand minimum 10 secondes, ça permet de se concentrer sur les détails). Un truc que j'ai aimé, c'est l'aspect voilé de beaucoup de scènes: que ce soit par des rideaux de soie, des masques, de la fumée, des nuages, souvent les personnages sont recouverts, et ça fait écho a l'aspect très rentré des émotions, comme si tout le monde était obscurci par des désirs et des aspirations contraires, et le chemin de Yinniang amènera à déchirer plusieurs de ces voiles.
Le scenario est très elliptique, et on comprend pas toutes les intrigues (notamment celles liées a la concubine) mais si il ne l'avait pas été, avec le rythme de l'ami HHH on aurait facile atteint les 3h, et je préfère cette espèce de concision, car même si elle rend les personnages un peu vides, ils sont suffisamment habités par le flot de la mise en scène et de l’esthétique générale pour que ça fonctionne. On note aussi question scenario un petit retournement qui n'est pas sans rappeler les meilleures répliques sur la civilisation chinoise des Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin (j'en ai déjà trop dit) et qui passe curieusement très bien. Shu Qi est parfaite de minimalisme, et ,c'est le moment de parler des combats, compose une héroïne à qui on ne la fait pas à l'envers (incroyable passage ou elle défonce trois mecs en les faisant littéralement passer dans le hors champ: le mouvement est tellement ciselé que c'est tout ce qu'on retient.) Ces bastons surprennent en interrompant souvent brutalement la lenteur du reste du films, mais aussi par leur brièveté et leur économie de gestes. On est un peu à l'inverse des grands baroques du films de sabre, mais à bien y réfléchir, c'est aussi une recherche comparable à celle de Tsui Hark dans la volonté de pousser une scène de combat dans ses derniers retranchements, ici minimalistes. (On se rappelle d'un des combat de Seven Swords qui se finissait en 2 secondes six dixièmes) Là, la seule chose qui transpire est la maîtrise totale de l’héroïne, la manière qu'elle a de continuer de marcher tranquille après les combats, qui en fait un alter ego du réalisateur qui s'en retourne à un autre plan magnifique.
En bref, faut aimer la lenteur, mais c'est vachement bien.
Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 18 Mars 2016 à 10:42
Alors alors euh donc.
Commençons par un quatuor de revisionnages.
Les aventuriers de l'arche perdue, tout le monde connaît. A le revoir des années après, je m'en amuse toujours autant. Ford a inventé le héros d'action virilo-décontracté, Karen Allen est magnifique, les scènes d'action sont dantesques (la poursuite en camion est vraiment à montrer dans toutes les écoles de cinéma), la musique de Williams déchire et la photo est sublime. Dans ce monument du film d'action je ne vois que deux micro-choses qui me chagrinent : d'abord, la fausse mort de Karen Allen me semble un truc très difficile à avaler, ensuite, je trouve que le héros ne sert pas à grand chose puisque si tu l'enlèves le film de conclue à peu près de la même façon. Mais c'est vraiment pour pinailler.
Frenzy (1976), film dans lequel un innocent est accusé de meurtres commis par un serial killer étrangleur, est toujours l'un de mes Hitchcock favoris même si j'ai tiqué sur un point de l'histoire (que les amis du héros ne veuillent pas témoigner pour l'innocenter quand il est en cavale, OK ; mais rester silencieux quand il est condamné à perpétuité.... non ?). Ca reste LE Hitchcock qui avait réussi à prendre en route les années 70, là ou certains de ses prédécesseurs 60's font beaucoup plus vieillots (Marnie, Le Rideau déchiré). J'adore la caractérisation du héros, totalement bourrin et antipathique, j'adore la scène de rigidité cadavérique dans le camion à patates, la réplique finale ( " vous avez oublié votre cravate " ) est une trouvaille extraordinaire, c'est sec, c'est ambigu et hyper malin.
L'Espion qui m'aimait (1976 aussi) est mon James Bond période Moore favori. Ce qui ne veut pas dire que je le classe dans mes favoris : la musique est dégueu, l'humour est parfois pénible (à un moment le running gag " échappons à Requin " devient vraiment chiant) et si Requin est évidemment une trouvaille géniale, le grand méchant joué par Curd Juggens est sans intérêt. Mais il y a une superbe bataille dans la base sous-marine, le budget est de toute évidence bien plus conséquent que pour les deux Moore précédents, Barbara Bach est très belle et l'idée de faire d'une femme agent russe la rivale de Bond est bien gérée. Un bon cru Bondien.
Snowpiercer de Bong Joon-Ho ne m'a pas plus convaincu au revisionnage. J'aime le début, la présentation des personnages, le côté " sans perte de temps ", les petites touches de grotesque là-dedans. Et plus Chris Evans se retrouve seul plus je trouve que le film part dans le n'importe quoi (le méchant quasi immortel, les jet-setteurs qui chargent, les fusils sans balles qui se retrouvent chargés sans qu'on comprenne comment). La fin est horriblement lourde et didactique, surtout que je trouve qu'on a perdu en route les personnages les plus badass et les plus intéressants (Grey le muet et la grosse femme noire). Le plus mauvais Bong que j'ai vu.
ET LES NOUVEAUX....
Dix petits indiens (René Clair, 1945) est la première adaptation ciné du bouquin d'Agatha Christie. Je l'ai trouvé presque aussi inintéressant que la version de Peter Collinson. On décalque le livre de manière ultra-scolaire jusqu'à la fin qui reprend (comme la version Collinson) le happy-end convenu et foireux de la pièce de théâtre. Aucune imagination, aucune fantaisie, mise en scène statique et comédiens qui font le minimum. Typiquement, l'adaptation qui n'apporte absolument rien à l'histoire du cinéma.
Memory Lane (Mikhael Hers, 2010) m'a PRODIGIEUSEMENT énervé. Cette histoire d'un groupe de trentenaires bobos qui reviennent là ou ils ont grandi m'a semblé tellement horripilante... Passe encore une construction narrative remplie de " petits moments d'intimité " sans lien entre eux (on peut interchanger la place de toutes les séquences) ; passe encore la caractérisation inexistante de certains persos, ou foireuse pour d'autres (la dépressif, ce serait bien qu'on sache pourquoi il déprime au bout d'un moment) ; passe encore le fait que Thibault Vinçon est le Lon Chaney Jr du cinéma d'auteur français et me salope par son jeu dégueulasse TOUS les films dans lesquels il apparaît (et Dounia Sichov, faut qu'elle arrête les simulations de fous rires). Passe encore ces séquences captivantes de ping pong (fou rire à la clé) ou de bataille d'eau (Dounia Sichov tape un fou rire), passe ces références pour initiés (on se fout de la gueule des mecs qui écoutent du Genesis, on achète " le dernier Sparklehorse ", le mec de Sparklehorse s'est suicidé depuis, coincidence ?). Mais c'est surtout ce sentiment " on est bien entre nous ", cette lumière automnale permanente, ce contentement de soi et cette absence d'intérêt pour l'Autre qui fait que j'ai vraiment eu envie de péter ma télé.
Chacun pour soi (Giorgio Capitani, 1967) est ma seule découverte réellement convaincante. Il s'agit d'un remake en western spaghetti d'un classique de John Huston, le trésor de la Sierre Madre, avec un très beau casting mi européen (George Hilton, Klaus Kinski) mi américain (Van Heflin, Gilbert Rowland). La mise en scène est beaucoup plus classique que de coutume chez les ritals, le scénar se tient relativement bien, Capitani pour son unique western filme ça avec une certaine rigueur et la musique orientalisante change agréablement de Morricone et compagnie. A une séquence de gros gunfight près, c'est du coup assez intimiste (on suit comment 4 personnes venues chercher de l'or en viennent à se trahir les uns les autres) ce qui permet au point fort du film (les comédiens) de s'exprimer au maximum. Vraiment bien aimé.
Journée noire pour un bélier ( Luigi Bazzoni, 1971) est un giallo assez traditionnel ou Franco Nero, journaliste, enquête sur une série de meurtres. Le scénario est un peu plus tenu que dans certains de ses homologues de l'époque et surtout, il y a un très beau travail de Storaro à la photographie (pas étonnant : Suspiria, c'est lui). Reste que Nero me semble moins à l'aise dans le giallo que dans le western (trop bourru, trop brutal pour être crédible en héros qui nécessite un minimum de faiblesse). J'ai apprécié la force des persos féminins qui sont loin d'être des potiches uniquement bonnes à se faire trucider mais globalement j'aurais très vite oublié ce film qui a le défaut rédhibitoire pour un giallo de ne pas proposer la moindre scène de meurtre un tout petit peu marquante. Mais ça se regardait bien.
Slap her, she's french (Melanie Mayron, 2002) raconte comment une jeune fille américaine modèle, Starla, fait venir une jeune française, Geneviève LePlouff (????) timide et réservée. La française va se révéler absolument démoniaque et faire de la vie de Starla un enfer.
Ce film, c'est du grand portnawak qui malheureusement n'est pas réellement raciste anti-français malgré son titre opportuniste. Parce que vu l'image renvoyée des texans, ce n'est pas nous qui passons le plus pour des guignols, loin s'en faut (le petit copain de Starla étant particulièrement grattiné). Les gags sortent de l'hyperespace (Starla à un petit frère qui lit tout le temps, voit un Philip K Dick et s'exclame " Oh, I love dick ! "), y a une féministe végétarienne totalement névrosée, la française sort des expressions absolument pas possibles ( " nous va baise comme des otaries " putain on dirait du québecquois passé dans Google trad), elle porte un béret (à sa première apparition on a droit à un petit air d'accordéon), puis " danse comme une pute, comme toutes les françaises ", bref, c'est du grand délire et il faut le voir pour le croire.
Par contre, je suis en désaccord total avec la critique de nanarland qui considère que ce film est un nanar. Moi je n'ai jamais ri du film, j'ai ri avec le film, c'est à dire que je suis à peu près certain qu'à chaque fois ou je me suis marré c'était bel et bien voulu par le scénariste. Dès lors je n'y vois certainement par un nanar, au pire un mauvais film mais je pense que toute personne de bonne foi admettra qu'il y a énormément de second degré dans cet ovni.
Envoyé par Crutch le Vendredi 25 Mars 2016 à 20:18
Oh les fils de pute. Je vais sur Youtube, tranquille, et les recommandations m'indiquent que Durendal a ressorti son expert es comics du formol pour une vidéo de 50 MINUTES sur Batman v Superman ET que MJ a sorti un Fermez Là! pour gueuler sur ceux qui aiment pas le film. Problème, j'ai absolument aucune envie d'aller voir le film et qu'est ce qui est plus con que regarder du Dudu ou du MJ? Les regarder sans avoir vu le film dont ils parlent. Je suis déception.
Envoyé par jokerface le Lundi 28 Mars 2016 à 00:11
Je viens de finir The lobster.
Un film vraiment très intéressant. On ne sait pas par moment s'il faut rire ou pleurer, c'est ce qui fait son charme.
J'ai aimé cette façon de montrer combien les couples doivent être au centre de tout jusqu'à l'absurde, et comment les célib sont montrés comme des moins que rien, déstinés à être recyclé en vulgaire animaux. On sent clairement la critique de notre société qui méprise les personnes seules, c'est un sacré coup de poing dans les couilles de la bien pensance.
Fuck yeah.
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Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...
Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"
Envoyé par Ezexperience le Lundi 28 Mars 2016 à 12:14
Parce que je trouve que ton commentaire correspond parfaitement à ce qui arrive pendant la première partie, mais pas du tout dans la seconde.
Je n'ai pas vu une défense du célibat, au contraire. Être célibataire, c'est danser tout seul dans la forêt avec ses écouteurs ... Et le règne des célibataires est encore plus tyrannique que celui des non-célibataires, ou non-aspirants, cf. tout le code que les personnages sont obligés de mettre en place quand ils veulent passer du temps ensemble.
Certes quand ils sont dans la ville ils sont forcés de jouer au couple pour exister et donc je vois le côté dénonciation. En revanche, ça donne pas spécialement envie de se dire que c'est cool d'être célibataire.
Tout ça pour dire que je n'ai pas senti de coup de poing dans les couilles de la bien-pensance.
Envoyé par jokerface le Lundi 28 Mars 2016 à 13:01
En fait le message du film (pour moi) c'est "couple ou célib, peut importe, laissez les gens tranquille et laissez les décider ce qu'ils veulent".
Les solitaires ne sont pas mauvais, mais ils ont un leader qui représente les mauvais coté de la situation : frustrée, blasée, froide, misanthrope, et surtout qui est seule et ne veut pas que les autres ne le soient plus.
On voit bien que chez les solitaires yen a qui veulent se mettre ensemble (comme le black qui a été puni).
En fait c'est cette critique de l'intrusion qui ressort : la directrice veut tout contrôler dans l'hotel, la leader veut controler les célibs, et dans la vie quotidienne les flics viennent te contrôler si tu restes seul 2 minutes.
Dans le film la seule façon de s'echapper c'est d'être en couple ou être marginal (comme David et sa compagne à la fin).
On retrouve ces idées dans notre société : le couple est tout beau tout gentil (à l'image du film des gens sont prêts à sacrifier leur personnalité pour être avec quelqu'un), t'as des gens / médias pour venir te faire la leçon si t'es celib ou cherche à savoir si tu l'es par des questions (genre en entretien "avez vous des enfants ?" ce qui est illégal) ou les réflexions délicieuses comme "alors ? quand est ce que tu nous ramènes des ptits enfants ?".
Ya une idée forte comme quoi FAUT être en couple, FAUT avoir des enfants, etc.
Le film dit "fuck" à tout ça. Foutez la paix aux gens. C'est ça le message.
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Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...
Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"
Envoyé par Ezexperience le Lundi 28 Mars 2016 à 14:27
Je vois ce que peut t'amener à penser ça, je suis même d'accord sur certains points.
Mais je pense que le "message" du film est plus du côté de l'absurde (au sens où l'entendait Camus) que de l'individualisme. Pour moi c'est plutôt : les gens ont besoin de se donner un but pour supporter l'existence, et ceux qui ne suivent pas leur chemin doivent être éliminés parce qu'ils ne peuvent pas exister dans un monde tel que je le conçois.
(Les non-célib/aspirants chassent les célibs sauvages car leur position est indéfendable et fait d'eux des moins que rien, les célibs crachent sur les non-célibs parce qu'ils ne sont que des moutons, mais cette haine les fait adhérer à des principes qu'eux-mêmes ne veulent pas tous suivre, la société qui ne reconnaît que les couples est nécessaire car c'est la base de sa survie : il faut que les gens atteignent un but qu'ils n'ont pas naturellement, hors tout le monde est célibataire de naissance ...)
Avec la voix de OSS177 : "J'aime les posts incompréhensibles."
Envoyé par jokerface le Lundi 28 Mars 2016 à 15:00
Pour moi c'est pas tellement "atteindre" un but l'enjeu, mais plutôt celui de faire ses propres choix.
A la fin David et la fille sont ensemble non pas parce que la société le veut, mais parce qu'ils ont choisi d'être ensemble (et pas subi). Ils sont passés par les deux étapes (les couples forcés et les celibs forcés) avant de pouvoir se trouver.
Le seul souci demeure à la fin :
Spoiler :
Pour terminer d'être vraiment ensemble; David doit choisir de sacrifier ses yeux, car les couples DOIVENT être compatibles aux yeux de la loi. Si David garde sa vue, il ne pourra pas être officiellement avec la fille. Du coup il veut se crever les yeux...mais on ne sait pas si ça va se faire car il ne revient pas à table et le film s'arrête. Ca donne deux possibilités : il sacrifie sa vue et sont ensemble. Du coup il perd la bataille (la société l'oblige à sacrifier une partie de lui meme) mais gagne la guerre car il sera heureux avec. Ou, il s'en va et ne revient pas avec elle, et dans ce cas il garde son intégrité mais alors la quête du bonheur échoue autant pour lui que pour elle.
J'ai quand même l'impression que dans les deux cas c'est la société qui gagne ne serait ce qu'un peu et ne perd jamais rien. Soit david est aveugle et heureux, soit il est voyant mais seul. Mais la société ne change pas dans les deux cas. Un message plutôt pessimiste en somme.
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Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...
Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"
Le 25/03/2016 à 20:18, Crutch avait écrit ...
Durendal a ressorti son expert es comics du formol pour une vidéo de 50 MINUTES sur Batman v Superman
La bonne nouvelle, c'est qu'il dit un peu moins de conneries que dans la vidéo sur Deadpool.
Ceci dit, il commence par féliciter Snyder pour son respect des comics. Alors qu'on a un Batman qui tue des gens et un Luthor complètement hors sujet et la façon de traiter Doomsday est carrément discutable.
La vidéo commence par un clin d'œil de Durendal à la vidéo sur Deadpool vu qu'il le présente comme un fan de comics "mais pas assez fan, pour certains". Genre "j'ai lu les critiques sur mon pote, mais rien à foutre".
Et bon, en soi j'ai aucun soucis avec le fait d'inviter un pote qui aime bien les comics pour parler d'un film de comics. Mais faudrait juste qu'il arrête de se la jouer connaisseur tout en affirmant des trucs complètement au pif.