Salut,
Passé que quatre jours à Cannes, mais ça m'a laissé le temps de voir neuf films, dans des styles extrêmement variés. Une petite impression sur chacun:
Jeudi (première semaine)
L'Etrange Affaire Angélica (Manuel Oliveira, Sélection Un Certain Regard)
L'histoire d'un photographe qui s'éprend d'une morte, jusqu'au délire, dans un Portugal qui semble osciller entre les années 50 et aujourd'hui. Un film très travaillé esthétiquement, le réalisateur en oublie juste de rendre son film intéressant. On s'ennuye beaucoup.
Mardi, Après Noël (Radu Muntean, Sélection Un Certain Regard)
Ce film roumain présente le synopsis le moins original de la terre (un homme tiraillé entre les deux femmes qu'il aime). Ce n'est pas ennuyeux pour autant, le film était assez bien mené, mais on a l'impression de regarder pour la vingt-cinquième fois le même film/
Vendredi
Wall Street II (Oliver Stone, Hors Compétition)
Je n'avais pas vu le premier opus, mais celui-ci est très agréable à voir, très rythmé, avec des charges extrêmement pertinentes contre le système financier, sans pour autant qu'elles soient caricaturales. Notamment une scène où Gordon Grekko, joué par un Michael Douglas qui crève l'écran, délivre une conférence dans une Business School dans laquelle il déclare: "CDS, LBO, DTS, seuls 75 personnes dans le monde savent ce que ces acronymes signifient".
Dommage que le film soit un peu plombé par des histoires de famille qui prennent à la longue un peu trop de place. Et Shia LaBeouf, l'acteur principal, pourrait être avantageusement remplacé par une moule sous Prozac.
Reste que Oliver Stone filme toujours les gens de pouvoir avec le même talent.
Tournée (Matthieu Amalric, Sélection Officielle)
Un spectacle itinérant composé de strip-teaseuses qui doivent avoir la quarantaine, encadré par un ancien producteur de télé blasé, joué par Matthieu Amalric. Même si avec un plot pareil on ne peut forcément pas s'attendre à une esthétique parfaite, le propos du film est touchant. Le personnage joué par Amalric est juste profondément humain (même si je n'aime pas trop cette expression, je n'en vois pas trop d'autres là). Et à un moment un des personnages joue du Radiohead. Le film méritait la Palme rien que pour ça.
Samedi
Dreamland (Ivan Sen, Cinéma des Antipodes)
Je suis du genre à rigoler quand DiCaprio se noie dans Titanic, et bien là pour la première fois de ma vie j'ai pleuré devant un film. J'en fais une critique approfondie
ici. C'est pour ce genre de film qui ne seront jamais distribués qu'un festival de cinéma vaut le coup, même si ça implique aussi de se faire chier devant des films du genre de ceux que je cite plus haut.
Bedevilled (Cheol-soo JANG, Semaine de la critique)
Un film qui mélange critique sociale et passages sanglants à la Tarantino. Jouissif et totalement imprévisible. Pour une premier film c'est réussi.
The Housemaid (Im Sang-soo, Sélection Officielle)
Encore un film coréen, celui-ci est beaucoup plus classique et met en scène une servante dans une demeure de la grande bourgeoisie qui se fait séduire par le maître de maison, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent. L'ambiance est extrêmement raffinée, les personnages de la famille bourgeoise sont aussi effrayants qu'ils sont beaux et délicats, on dirait presque un film de vampire. Reste qu'au milieu de toute cette esthétique l'intrigue ne décolle jamais vraiment.
Chatroom (Hideo Nakata, Un certain regard)
Sur le papier le film a l'air génial: un adolescent psychopathe piège les jeunes fragiles sur Internet et les pousse au suicide. Seulement le résultat final n'arrive pas à être à la hauteur de son ambition et les techniques de manipulation mentale qui nous sont montrées manquent cruellement de subtilité, donc de crédibilité. On ne s'ennuye pas, mais on reste un peu sur sa faim.
Kaboom (Gregg Araki, Hors Compétition)
Imaginez un Teen-Movie où les protagonistes (tous bissexuels), entre deux séances de baise, essaient de démasquer une secte dont les membres veulent contrôler le monde, quand ils ne sont pas pris par leurs problèmes avec une sorcière nymphomane. C'est vraiment du grand n'importe quoi, et c'est ça qui est bon. Après ça dépend vraiment des sensibilités, on peut aussi trouver le film très lourd.