On explique qu'il est totalement crétin de reprocher à un film qui est, comme tu dis, une " resucée mythologique ", de reprendre des codes narratifs usités ou d'installer un récit prévisible.
On peut reprocher à un film de verser dans une "mythologie" simpliste, justement parce ça l'est, simpliste, de façon à ce que cela soit mieux digérer par les spectateurs ? C'est peut-être aussi prendre les gens pour des imbéciles incapables de penser par eux-mêmes, auxquels il faut tout expliquer, expliciter, surligner.....bref le récit devient une sorte de tapis roulant systématisé complètement creux...comme un rollercoaster. Toutefois c'est pas parce que c'est creux thématiquement que cela fait un mauvais film. Je crois que l'on est d'accord là-dessus. Mais quand on regarde par exemple Apocalypse Now, le film reprend Ulysse, pour autant, il est assez surprenant (contexte historique, utilisation de ladite mythologie, la narration et la mise en scène).
Mais bon, concernant Avatar, je ne lui trouve pas beaucoup d'aspects "mythologique" (vraiment je trouve que dire de ce film qu'il serait une resucée mythologique est une bien mauvaise façon de le défendre, car à mon sens il en a très peu, voir y'en at-il réellement ?), donc la reprise de codes narratifs usités et l'installation d'un récit prévisible viennent à mon sens d'ailleurs.
Cameron a une place à part dans le cinéma actuel, c'est clair (je lui vois un autre équivalent, McTiernan, hélas pour ce dernier, et c'est vraiment dommage, il s'est fait bousiller par le système) ; il est capable de faire des blockbusters viciés de l'intérieur par ses obsessions thématiques (Mann aussi en est capable, bien que plus expérimental dans le récit, en bien ou en mal).
Je trouve an Avatar des choses assez passionnantes et.....très paresseuses.
La paresse du scénario d'abord, autant commencer par le fond : 12 ans pour ça, je trouve que c'est du foutage de gueule. Le scénario n'est pas nul mais il est très paresseux, voilà ce que je lui reproche. Je lui trouve une approche de l'univers de Pandora très archaïque, très anthropomorphique, assez datée : chaque élément de la faune et de la flore sont des copies exotiques de leurs homologues terrestres ; franchement je ne trouve pas ça sérieux. Je trouve même l'idée d'en faire pour chaque animal, des hexapodes, le signe, au mieux d'une évolution des espèces assez peu féconde, au pire un manque criant d'imagination. Le fait que les Na'vis ne soient pas des héxapodes, d'ailleurs est toutefois très intriguant.
Je ne trouve pas l'univers de Pandora riche, comme on le vante : j'ai envie de dire mais putain les gens, ouvrez les yeux, regardez autour de vous, sur Terre, voilà de la diversité à vous en donner le vertige !
Mais Pandora n'est rien d'autre qu'un stéréotype famélique de la faune et de la flore terrestre jusque dans ses représentations.
Concernant l'histoire proprement dîte : OK ça copie/colle, la ruée vers l'or de la conquête de l'ouest ou celle des conquistadors. OK les Na'vis sont des avatar des Iroquois (à ce niveau là je trouve ça honteux), ok les humains sont des cowboys/conquistadors. Ok l'éternel lutte des colonisateurs contres les colonisés. Putain mais le basique du truc ! Et encore si c'était bien traité mais même pas ! L'histoire suit un pauvre rail...12 ans pour ça non faut pas déconner quand même...
MAIS !
Mais malgré ce scénario moisi, Cameron arrive le tour de force (pour moi cela relève du génie à ce niveau) d'écarter l'ennui par une mise en scène de fou. Ouais la mise en scène est dingue, une telle ampleur et lisibilité dans les scènes d'action, sur une telle histoire de merde moi j'étais sur le cul. Et quel rythme ! 2 h 30 d'une histoire vue et revue qui file à toute allure !
Et puis surtout concernant les Na'vis : j'étais à fond, c'est bien la première fois que des effets numériques arrivent à ce point, sur le plan de l'émotion, à me paraître crédible. Quand l'héroine Na'vi souffre, et bien j'ai ressenti sa souffrance. Son regard, ses expressions, ses silences, tout ça j'y ai cru à fond. Voilà pour moi la révolution Avatar : la frontière numérique/réalité est en train doucement et sûrement de s'estomper, à tel point que même lorsque c'est du toc, et bien on ressent quand même de l'empathie pour ledit toc.
Autre chose plus générale : j'aime bien l'idée qu'une humanité aussi bien défaillante physiquement (le héros) que sur le plan moral (bref les cupides et leur clique de militaires) trouve son salut dans l'abandon d'elle-même en tant qu'espèce (Le héros et Sigourney de façon différente), tandis que l'autre est vaincue. Bref il y a un coté il vaut mieux abandonner son humanité plutôt que d'être condamnée à le rester. J'aime assez ça, et c'est même assez gonflé, je trouve pour un si gros blockbuster un tel message : l'humanité est pourrie et belliqueuse même dans le futur, alors changez d'espèce !
Le misanthrope qui est en moi n'a pu qu'apprécier un tel filigrane, assez osé je pense.
Pour la 3 D, je suis perplexe, je me dis que Avatar n'est qu'une première vraie étape dans l'emploi de cette technologie. Pour l'instant je suis loin d'être convaincu par le coté "davantage immersif". Je reste sur l'idée que quand tu vois un bon film, l'immersion, c'est ton cerveau qui s'en charge, 3 D ou non. Et il le fait bien.
Bref pour conclure, je trouve Avatar assez passionnant en fin de compte, à la fois caricatural et inédit, à la fois bas du front pour le meilleur et le pire (l'histoire pour le pire, des scènes bien badass pour le meilleur) et révolutionnaire dans son traitement technique. Un blockbuster de très très haute volée. Mais parfois tellement frustrant....
"Ouais même que Valérie Damidot est tellement grasse que si elle se trempe un pinceau dans le fion, elle réinvente la peinture à l'huile."