Total : 3318 Messages. Page n°130/222 - < 1 ... 128 129 130 131 132 ... 222 >
Utilisateur(s) présent(s) sur ce sujet :
  • et 0 invités

Borislehachoir

Avatar de Borislehachoir

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 15/08/2024

Grade : [Nomade]

Inscrit le 23/04/2004
7425 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par Borislehachoir le Mercredi 03 Juillet 2013 à 12:37


Vers sa destinée ( John Ford, 1939 )

Abraham Lincoln ( Henry Fonda ), lancé depuis peu de temps dans l’aventure politique, défend deux jeunes fermiers accusés de meurtre.
Le début du film contient certainement la plus belle ellipse que j’ai pu voir durant ma vie de cinéphile : Lincoln discute avec la jeune Ann Rutledge, discussion derrière laquelle on devine un sentiment amoureux partagé mais ou rien ne sera explicité. Un an plus tard, Lincoln fleurit le tombe d’Ann, emportée par la pneumonie. La pudeur de Ford, la manière dont il installe déjà son héros dans une posture complexe ( mélange d’humanisme et de dépression, d’amour de son prochain et de regret concernant ses proches disparus ) fait de son Lincoln un personnage plus cynégénique que celui de Spielberg, et ce en dépit du fait que l’admiration de Ford pour Lincoln est beaucoup moins ambiguë et que par certains aspects, Vers sa destinée soit une hagiographie. On s’en fiche, les bons sentiments peuvent donner du grand cinéma, et la performance extraordinaire d’Henry Fonda porte ce film tellement haut qu’on tombe très vite amoureux du personnage. Son humour pince-sans-rire, son extraordinaire intelligence humaine, ses relations avec les membres de la famille qu’il défend font de lui un héros inoubliable, tiraillé entre le devoir envers la communauté et la solitude ( il semble insensible aux avances d’une jolie jeune femme et n’est jamais aussi à l’aise qu’avec la famille dont chaque membre lui semble un décalque de quelqu’un qu’il a perdu ).
Plus que la séquence du procès, c’est celle durant laquelle Lincoln récuse ou non certains jurés qui révèle la logique particulièrement atypique du personnage : aux bons citoyens propres sur eux, il préfère un homme se revendiquant blasphémateur, menteur et alcoolique car " on devrait s’inspirer de sa franchise ". Le catholicisme de Ford ne fait jamais obstacle à un amour sincère pour ce type de personnages, sans pour autant idolâtrer la foule : lorsque Lincoln prouve l’innocence des accusés et désigne le vrai coupable, les appels au lynchage changent simplement de victime et la gène de Lincoln envers la vindicte populaire ( qui rappelle les superbes Furie et J’ai le droit de vivre réalisés par Fritz Lang quelques années auparavant ) renforcent l’isolation magnifique du personnage sans céder à la misanthropie de comptoir ; Ford trouve la juste distance et c'est ce qui donne ce profond sentiment d'authenticité à son film.
Vers sa destinée est une oeuvre magnifique et ma réconciliation avec John Ford est désormais achevée.








Shokuzai - celles qui voulaient se souvenir ( Kiyoshi Kurosawa, 2012 )

Une jeune écolière, Emili, est assassinée par un homme que quatre de ses amies ont vu. Malheureusement, aucune d’entre elles ne se souvient du visage de l’agresseur.
La première partie du dyptique Shokuzai nous montre comment deux et quatre petites filles, Sae et Maki, évoluent quinze ans plus tard.
La longue séquence introductive est excellente et rappelle le superbe Eureka de Shinji Aoyama, l’un des grands films japonais de la décennie précédente qui traitait également de la reconstitution de personnages bouleversés par un évènement traumatisant. En terme de direction d’actrices et de mise en scène, il n’y a sensiblement rien à redire. Le hiératisme du segment sur Sae est justifié par le thème ( Sae épouse un homme qui la transforme progressivement en poupée humaine ) tandis que celle sur la dynamique Maki ne rechigne par devant les caméras portées et démontre même que Kurosawa sait filmer une scène d’action très proprement. Je suis moyennement fan de la photo blanchâtre mais ça a au moins le mérite de créer une ambiance clinique plutôt appropriée.
Non, le problème est vraiment le scénario. Le personnage de la mère d’Emili - qui revient dans tous les segments - change tellement de psychologie d’une apparition à l’autre que parfois, cela tourne au grotesque. L’espèce de déterminisme très prononcé de type "  tu périras par ou tu as péché " est relativement pénible et parfois, on se croirait devant du Inarritu en mieux filmé ( et en moins lourd quand même, ce qui ne sera pas le cas lors du deuxième volet ). Il faut noter que les deux segments se terminent n’importe comment et que ces fins bordéliques laissent la désagréable impression que Kurosawa cherche simplement à asséner sa morale plutôt qu’à faire vivre ses personnages - la fin du segment de Maki, Park Chan-Wook n’aurait pas osé un artifice aussi grossier -.
Un volet qui vaut beaucoup plus pour le talent de cinéaste horrifique que Kurosawa déploie lors du premier segment que pour une histoire globalement invraisemblable et incohérente.

Shokuzai - celles qui voulaient oublier ( Kiyoshi Kurosawa, 2012 )

Après Sae et Maki, nous suivons cette fois la trace d’Akiko, qui après le meurtre d’Emili a refusé de devenir une femme, et de Yuka qui contrairement aux autres ne se sent absolument plus coupable.
Les qualités du premier volet sont encore présentes, mais diluées dans un scénario encore pire que ce qu’on a pu voir jusqu’ici. On pourrait remplir des pages et des pages sur des trucs complètement débiles vus, en vrac : un personnage avoue un meurtre, la police s’en fout ; une femme est retrouvée prostrée à un mètre du cadavre de son beau-frère, la police conclue à un accident ; un violeur est tué en pleine séances d’attouchements, la coupable se retrouve visiblement condamnée à la prison à vie et j’en passe. Le message est très clair : il faut que les innocentes payent et que la coupable soit la seule à s’en sortir indemne, et ce quitte à ce que tout s’enchaîne sans le moindre souci de cohésion de l’histoire, avec évidemment la mère d’Emili qui continue de changer totalement d’un épisode sur l’autre et à faire n'importe quoi.
Le segment d’Akiko est une redite en moins bien de celui sur Sae mais le segment Yuka apporte un ton un peu plus comique et assez inédit. Kurosawa aurait sauvé les meubles en terminant son film par cette quatrième histoire, la meilleure après la première, mais non, un épilogue complètement interminable durant laquelle la mère d’Emili retrouve le tueur vient achever le film par le biais d’une demi-heure de blabla sans intérêt si tant est qu’on soit resté éveillé le reste du temps ( tout ce qui est révélé dans le final était facilement devinable avant ). Avec évidemment toujours ce scénario aux petits oignons : Emili qui vole la lettre dans laquelle sa mère confesse un crime, qui planque la lettre dans un placard d’un coin désertique sans la moindre raison, lettre qui sera découverte par, surprise, l’amant de la femme décédée qui par le plus grand des hasards ouvrira le placard… "  mécanique implacable " pour certains, dilettantisme insupportable quant à moi. Quand je vois qu’on daube sur Nolan en encensant le scénario des deux opus de Kurosawa, je me dis que la critique se préoccupe plus du nom et de la réputation du cinéaste que du réel contenu des films. C’est d’autant plus dommage ici que formellement et en terme de direction d’acteurs, c’est toujours de très haut niveau, mais le déterminisme exacerbé du diptyque achève de le couler.

New Rose Hotel ( Abel Ferrara, 1998 )

X ( Willem Dafoe ) et son ami Fox ( Christopher Walken ) travaillent pour une énorme société mystérieuse dans un monde futuriste. Dans le but de convaincre un chercheur japonais de quitter la firme qui l’emploie, ils demandent à Sandi ( Asia Argento ), une prostituée ayant une relation avec X, de le séduire.
New rose Hotel est un film comme on en voit extrêmement peu, aussi déroutant que fascinant : une partie de la critique y voit le chef d’œuvre Ferraraien alors qu’il n’a même pas la moyenne sur l’imdb. Et si la première partie est absconse, c’est surtout le final dans lequel Dafoe revoit en boucle des passages du film qui a énervé beaucoup de monde : X, trahi par Sandi, se réfugie à l’hôtel et se perd dans ses souvenirs à rechercher le moment du point de rupture, celui durant lequel son attitude à pu pousser Sandi à l’abandonner. Ce qui était du départ une idée délirante issue d’une contrainte budgétaire ( la production a utilisé l’argent pour renflouer Légionnaire avec Jean-Claude Van Damme, laissant Ferrara sans le sou ) se transforme en une idée de cinéma expérimental complètement fascinante pour peu qu’on se soit attachés aux personnages. Ca ne plaira pas à tout le monde mais ce mélange a priori impossible entre un univers futuriste cyberpunk et le cinéma d’auteur sur le couple ( Bergman, Antonioni surtout ) permet à Ferrara de montrer que même en l’absence de son scénariste fétiche Nic St-John et de son habituelle thématique de la foi, sa place de franc-tireur génial parmi le cinéma indépendant américain est amplement méritée. La scène ou Asia Argento, sur l’insistance de Fox, commence à simuler une tentative de séduction envers le japonais met en exergue tous les questionnements sous-jacents : est-elle sincère ? Qui manipule qui ? Y a-t-il eut de l’amour entre elle et X ? L’idée géniale de Ferrara - ne jamais montrer les scènes entre Asia et le japonais, qu’on ne voit que par l’intermédiaire d’écrans - fait de New Rose Hotel une sorte de cousin éloigné de l’excellent Enquête sur une passion de Nicolas Roeg.
Moins parfait qu’un King of New York ou qu’un Nos Funérailles ( Walken en fait trop, certaines scènes de dialogues cryptiques à la Godard s’éternisent beaucoup trop ), New Rose Hotel est un petit bijou dans lequel toute personne ayant vécu une rupture douloureuse pourra potentiellement se reconnaître. J’adore.

Captures d'écran à venir, j'ai perdu le DVD.


Sherlock Holmes contre Jack l’éventreur ( James Hill, 1965 )

Des meurtres de prostituées ont lieu à Whitechapel. Le célèbre détective Sherlock Holmes ( John Neville ) et le docteur Watson ( Donald Houston ) mènent l’enquête.
De tous les crossovers curieux entre deux mythes du cinéma fantastique, celui-ci est à la fois le seul apparaissant a priori cohérent ( Holmes et Jack l’Eventreur sont deux figures issus d’un imaginaire proche ) et surtout, en dépit de ce qu’on pouvait croire, le seul à ma connaissance ayant donné un bon film car ,oui, Sherlock Holmes contre Jack l’éventreur, faute d’être un grand film, est une petite réussite tout à fait respectable.
Le gros point fort du film est sa très belle photo, proche de ce que faisait le studio Hammer à la même époque dont le film partage également le décorum : auberges sordides, prostituées aux décolletés plongeants et aux tenanciers de bars louches s’y succèdent. La mise en scène manque parfois un peu de vigueur mais l’espace de quelques scènes ( l’agressions d’Holmes et Watson, les meurtres, le passage en vue subjective lors de l’intrusion chez la prostituée ) James Hill se révèle plutôt doué. On pourra être ( beaucoup ) plus sceptique sur un scénario qui cède par moments au grand n’importe quoi, mais est heureusement rattrapé par l’humour du duo Neville-Houston qui anticipe d’ailleurs la meilleure adaptation de Conan Doyle à mon sens, le génial La vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder. On notera aussi qu’à la différence de l’immense majorité des films adaptés de romans à énigmes, il n’est pas étranger à des préoccupations sociales ( le médecin simli-communiste qui voit en Jack l’Eventreur une réaction divine à l’indifférence ), certes pas très fines mais toujours plus agréables que l’académisme suranné des Hercule Poirot au cinéma, par exemple. Le personnage de Mycroft Holmes est l’un des plus intéressants, car si son intelligence en fait l’égal voir le supérieur intellectuel de Sherlock, ses attachements au monde de la politique et au gouvernement anglais le rendent beaucoup moins sympathique que l’esprit libre qu’est son frère.
Une bonne surprise ( big up encore à BenP qui se foutait de la gueule des films dont je parlais  )








Boris.

___________________


maximega

Avatar de maximega

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 27/04/2014

Grade : [Druide]

Inscrit le 19/11/2008
5561 Messages/ 0 Contributions/ 58 Pts

Envoyé par maximega le Vendredi 19 Juillet 2013 à 00:43


 Bonjour. Désolé de vous déranger, mais est-ce que quelqu'un ici saît à quel film(s) fait référence (si référence il y a) l'épisode 2x23 de Community, a fisful of paintballs en identifiant les personnages à un main de 2 cartes ? 

___________________

Bonnes fêtes à tous ! 

Borislehachoir

Avatar de Borislehachoir

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 15/08/2024

Grade : [Nomade]

Inscrit le 23/04/2004
7425 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 19 Juillet 2013 à 01:18


Ca ressemble à un pastiche des trois premiers westerns de Sergio Leone ( Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, Le bon la brute et le truand ) qu'on appelle parfois aussi la trilogie des dollars. Ca en emprunte en tout cas certains gimmicks ( le " duel " à un contre trois, la musique façon Morricone, le générique qui reprend celui de Pour une poignée de dollars, le poncho à la Clint Eastwood... ). D'ailleurs le titre, Fistful of paintball, semble être un hommage au titre anglais de Pour une poignée de dollars ( Fistful of dollars ).

Boris.

___________________


maximega

Avatar de maximega

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 27/04/2014

Grade : [Druide]

Inscrit le 19/11/2008
5561 Messages/ 0 Contributions/ 58 Pts

Envoyé par maximega le Vendredi 19 Juillet 2013 à 22:35


 Oui, mais je pense surtout aux passages où les personnages sont identiffiés à des paires de cartes. Est-ce une référence ? 

___________________

Bonnes fêtes à tous ! 

Borislehachoir

Avatar de Borislehachoir

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 15/08/2024

Grade : [Nomade]

Inscrit le 23/04/2004
7425 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par Borislehachoir le Mardi 23 Juillet 2013 à 11:27


Non, je ne pense pas que ce soit une référence à un film précis. En tout cas pas à ma connaissance.

Boris, si quelqu'un a une idée de génie pour que je puisse utiliser un logiciel meilleur qu'imageshack afin que la moitié des captures d'écran ne disparaissent pas à chaque fois sans que je comprenne comment, je suis preneur.

___________________


Talen

Avatar de Talen

Hors Ligne

Membre Passif depuis le 29/12/2023

Grade : [Modo Forum]

Inscrit le 11/04/2004
7956 Messages/ 0 Contributions/ 14 Pts

Envoyé par Talen le Mardi 23 Juillet 2013 à 11:33


L'uploader du site de MC ne fonctionne pas bien ?

___________________

"Je n'aime pas les gens qui ont des citations dans leur signature. "
_Édith Piaf

Borislehachoir

Avatar de Borislehachoir

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 15/08/2024

Grade : [Nomade]

Inscrit le 23/04/2004
7425 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par Borislehachoir le Mardi 23 Juillet 2013 à 11:40


Il me semble que les images mises sur l'uploader finissent par s'effacer aussi, j'avais envisagé cette solution il y a un an ou deux et les images mises dessus ont depuis disparu.

Boris, sans compter les vieilles captures qui sans que je puisse comprendre comment ont totalement changé de format et défoncent désormais la page...

___________________


Borislehachoir

Avatar de Borislehachoir

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 15/08/2024

Grade : [Nomade]

Inscrit le 23/04/2004
7425 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par Borislehachoir le Dimanche 28 Juillet 2013 à 22:47


Noce Blanche ( Jean-Claude Brisseau, 1989 )

François ( Bruno Cremer ), professeur dans un lycée de province, s’attache à Mathilde ( Vanessa Paradis ), élève aussi brillante qu’asociale. Ils nouent une relation.
En dehors des œuvres de Maurice Pialat, Noce Blanche est le film français qui m’a le plus touché depuis un bon moment. Il y a chez Brisseau un art du détail qui fait systématiquement échapper ses personnages au stade d’artifice scénaristique : la femme que délaisse Bruno Cremer n’est ni une hystérique ni une idiote ni une femme abandonnant son mari ( par exemple, lors de la scène ou elle laisse celui-ci seul à la maison, on s‘attend à tout sauf à ce qu‘elle revienne finalement un peu plus tard, se sentant coupable ) ; l’intelligence de Vanessa Paradis, clairement surdouée, ne peut pas tout faire et elle peine énormément en maths ; la professeur qui se rend compte de leur liaison ne les dénonce pas , ne leur fait la morale mais se contente d’observer etc. A force de petites choses comme ça qui cassent nos attentes de spectateurs habitués à des récits stéréotypés, Noce Blanche nous embarque complètement pour ne plus lâcher jusqu’à un final poignant.
Il fallait un acteur talentueux pour jouer le difficile rôle de François ; je n’ai pour ma part jamais cessé de considérer Bruno Cremer comme l’un des plus formidables acteurs français de tous les temps et il est ici égal à lui-même : parfait. Excellente prestation de Vanessa Paradis également, on pourra toutefois regretter que les seconds rôles soient parfois à côté de leurs pompes, notamment les élèves qui récitent leur texte. La photo est superbe et certaines compositions picturales peuvent faire penser justement au Pialat de Van Gogh. La fin est vraiment déchirante, sans doute en partie du fait que sa noirceur s’accompagne d’une grande tendresse du cinéaste pour les personnages.
Je respecte infiniment les cinéastes comme Brisseau nous montrant une passion folle, qui détruit complètement la vie des deux amants, sans se placer au-dessus d’eux ni les observer avec condescendance. Aucun personnage n’est réellement négatif et pourtant, leurs défauts sont révélés et leurs failles apparentes. C’est d’autant plus beau qu’à l’inverse d’un cinéaste pachydermique et doloriste comme Aronofsky par exemple, Brisseau fonctionne par petites touches, par à-coups qui permettent un portrait original et subtil. Très beau film.








Hunger Games ( Gary Ross, 2012 )

Dans une Amérique futuriste, Katniss ( Jennifer Lawrence ) et Peeta ( Josh Hutcherson ) sont séléctionnés pour représenter le 12ème district aux Hunger Games, jeux durant lesquels deux douzaines d'adolescents doivent s'entretuer jusqu'à ce qu'un seul survive.
Un peu comme l’insupportable " Avatar c'est Pocahontas chez les schtroumpfs ", on a vu fleurir sur le net des commentaires de type " Hunger Games, c’est Battle Royale chez Twilight.". On va régler une chose très vite : aucun rapport avec Twilight ou alors tous les films ou un adolescent et une adolescente cherchent à s’aimer sont des remakes de Twilight. Pour ce qui est de Battle Royale, c’est déjà beaucoup plus pertinent à ceci près que si le film de Fukasaku est résolument anarchiste, Hunger Games est quant à lui beaucoup plus proche du marxisme, ce qui pousse le film dans une thématique finalement plus originale que ce à quoi je m’attendais avec ce thème des districts riches qui collaborent au jeu dégueulasse organisé là ou les districts pauvres fuient le combat ( les personnages des deux districts les plus pauvres, le 11 et le 12, refusent tous de participer au jeu alors que ceux des districts 1 et 2 s’allient contre les autres… lutte des classes ? ). Donc thématiquement il y avait largement de quoi faire, d’autant plus qu’on trouve parfois une très belle scène ( la révolte dans le district 11 ) ou quelque chose d’intéressant ( le passage avec les guêpes, le moment ou le grand noir fracasse la pouffe du district 1 malheureusement monté n’importe comment, je reviendrai là-dessus ). Sauf que…
- Les acteurs sont des tanches. On pourra m’objecter que ceux de Battle Royale n’étaient pas Marlon Brando, à ceci près que Masanobu Ando par exemple était tétanisant en psychopathe. Ici, les méchants ne sont JAMAIS effrayants et les héros jamais attachants. Les personnages les plus cools ( le grand noir et la gamine rousse ) font quant à eux de l’arrière-plan durant tout le film, et leur sort se règle d’ailleurs hors-champ pour bien qu’on comprenne que le sujet n’était pas là.
- Aucune scène d’action ne ressemble à quelque chose et le montage est une horreur sans nom.
- Conséquence du point précédent, il y a un aspect horriblement aseptisé dans Hunger Games et au bout d’un moment, faire un film ou tout le monde se massacre sans une goutte de sang pose un petit problème de crédibilité.
- Les scènes romantiques sont absolument dénuées d’intérêt comme d’intensité.
Au final, en dépit d’éléments scénaristiques intéressants et du fait qu’il ne soit pas qu’une pale copie de Battle Royale comme peuvent le prétendre quelques imbéciles, Hunger Games est un bien beau ratage.

Le récidiviste
( Ulu Grosbard, 1978 )

Max Dembo ( Dustin Hoffman ), ancien braqueur, sort de prison. Ses efforts pour s’amender sont contrariés par Earl Frank ( M. Emmet Walsh ), son agent de probation qui harcèle Dembo jusqu’à ce que celui-ci craque et décide de reprendre ses vieilles habitudes.
En dépit d’une mise en scène manquant de dynamisme et de personnages parfois trop schématiques, le Récidiviste est un film tout à fait attachant. Le critique Roger Delbert ( RIP ) avait déclaré qu’un film contenant Harry Dean Stanton ou M. Emmet Walsh ne pouvait jamais être mauvais ; dans le Récividiste, on retrouve les deux composants des seconds rôles d’anthologie ( respectivement le gangster faussement rangé qui s’emmerde comme un rat mort et l’agent probatoire haïssable ), mais c’est surtout le magnifique couple Dustin Hoffman-Theresa Russell qui emporte le morceau. La scène sellant leur relation sur une de mes chansons préférées de John Fahey est un très beau moment de cinéma, par exemple. Le script adapté d’Edward Bunker ( le gars qui jouait Mr Blue dans Reservoir Dogs, et qui quelques décennies plus tôt avait su se servir de son expérience carcérale pour écrire d’excellents polars ) permet à Dustin Hoffman d’attirer facilement la sympathie du spectateur, le charisme naturel de l’acteur faisant le reste. Ce qui est agréable et intelligent, c’est de ne pas avoir blanchi autant que possible le héros : il y a une avidité chez lui, une certaine immaturité et une violence latente qui faute d’excuser l’attitude de ceux qui se méfient de lui donne une ambiguïté bienvenue au récit. Du fait de l’existence d’une vraie critique du personnage - voir son attitude lors du braquage avec Harry Dean Stanton - le spectateur peut douter de la capacité qu’il aurait eu à se réintégrer dans la société et au final, on sort du Récidiviste avec un sentiment complexe loin du prêt à penser d’extrême gauche qui vient parfois alourdir ce type de films proches de la chronique sociale.
Intelligent et doté d’un casting comme tout bon fan de cinéma 70’s les adore, le Récidiviste manque de la rigueur formelle qui aurait pu lui conférer le statut de grand film. En attendant, il fait partie des très belles découvertes un peu oubliées de ce qui reste le dernier âge d’or du cinéma américain.








Le monde de Charlie ( Stephen Chobsky, 2012 )

Charlie ( Logan Lerman ) est un adolescent solitaire plus ou moins dépressif depuis le suicide de son meilleur ami. Il rencontre Patrick ( Erza Miller ), un jeune branché, et Sam ( Emma Watson ) dont Charlie tombe amoureux.
Les plus assidus le savent, je voue un intérêt particulier au genre du teen-movie. On pourrait distinguer un certain nombre de tendances : les films post-John Hughes ( Easy A, Supergrave ), les essais ésotériques branchés ( Ghost World, Donnie Darko ), les tentatives de déconstruction ( Lolita malgré moi ) voir même une nouveauté, le film post-post-moderne ( Detention ). Le monde de Charlie n’entre dans aucune de ces catégories et s’en singularise par une absence totale d’ironie et un ton résolument premier degré aussi anachroniques que plaisants. Trois autres grandes qualités : des acteurs irréprochables ( la prestation d’Emma Watson a été louée à juste titre par la presse, mais ses partenaires de jeu n’ont rien à lui envier ), une bande-son impeccable et un des très retournements de situation de fin - je ne dis pas twist parce que ce n’est pas un twist au sens propre - que j’ai trouvé justifiable, vu qu’il ne sert pas à en mettre plein la vue du spectateur mais au contraire à donner un éclairage supplémentaire sur la psychologie d’un personnage et à renforcer l’émotion ; Le monde de Charlie est d’ailleurs assez souvent émouvant et ça fait toujours plaisir de voir des films pour ados ou on n’a pas envie de massacrer les héros à la sulfateuse.
Le problème, c’est un manque de finesse. A trop vouloir marginaliser ses héros ( la gothique, le gay, la fille qui sort toujours avec des cas sociaux ) le film en devient parfois trop artificiel. J’ai beau être la cible idéale pour ce genre de productions, c’est-à-dire un ex-ado marginal tendance fan de rock, il y a une certaine complaisance envers les personnages que je trouve un peu dommage, comme si on peinait à trouver un juste milieu entre des ados glorifiés et des ados tête à claques. Enfin il y a des gros problèmes rythmiques et il arrive que Le monde de Charlie se perde un peu, le réalisateur peinant à maintenir l’intérêt sur toute la durée.
En dépit de tous ses défauts, le Monde de Charlie est un beau film qui confirme la vitalité du teen-movie US.

La chair et le sang ( Paul Verhoeven, 1985 )

Au XVI ème siècle, dans l’actuelle Italie, le comte Arnolfini engage un groupe de mercenaires conduits par Martin ( Rutger Hauer ) pour mettre une ville à sac. Après la victoire, Arnolfini abandonne les mercenaires qui décident de se venger.
On nous casse les couilles avec Game of thrones et sa vision originale, anti-conformiste et tout ce que vous voulez de la fantasy. Laissez-moi vous dire qu’en terme de crudité de regard et de flingage des conventions du genre, La chair et le sang était déjà allé largement aussi loin plus de vingt ans avant. Tout y passe : viol, mort de bébé, peste bubonique, sexualité débridée du personnage féminin… Verhoeven s’éclate avec l’histoire ( les anachronismes sont nombreux, on s’en fout car ils découlent tous d’idées de scénario plus imprévisibles les unes que les autres qui font qu’on regarde le film captivés, à se demander ce qu’il nous réserve encore ) et on notera que curieusement, le personnage du prêtre est avec les insurgés avec une rhétorique faisant beaucoup penser à l’actuelle théologie de la libération en Amérique du sud.
Verhoeven a toujours été un type haïssant le bon goût et le politiquement correct ; voir Jennifer Jason Leigh se faire violer par toute un groupe de mercenaires et limite en redemander après cause un énorme malaise, comme Black Book qui nous montrait un nazi relativement sympathique. Le fait de placer la majeure partie de la narration du côté d’un groupe de brigands incultes est relativement original, et le personnage de jeune progressiste est bien plus un souffre-douleur des brigands qu’un véritable héros. Dans La chair et le sang, les amoureux s’embrassent sous les cadavres pendus et lorsque le prince charmant récupère sa promise, elle semble regretter la bonne vieille époque ou elle se faisait violer par un Rutger Hauer si viril ; reconnaissons que tout cela compose une Renaissance bien peu orthodoxe.
A mes yeux, La chair et le sang serait aux films en costume classiques ce que les westerns de Leone furent à Ford ou Hawks : un dynamitage jouissif et violent des conventions établies, n’oubliant ni le spectaculaire ni l’aspect politique, et dont les outrances quasi-parodiques donneront lieu à bien des commentaires ironiques totalement à côté de leurs pompes.
Très grand film, à condition d’oublier tout espoir de réalisme ( je sais, c’est très con ce que je dis mais les trois quarts des critiques négatives portent uniquement sur cet aspect ).








Boris, captures faites.

___________________


jokerface

Avatar de jokerface

Hors Ligne

Membre Passif depuis le 03/07/2023

Grade : [Modo Forum]

Inscrit le 22/08/2003
4551 Messages/ 0 Contributions/ 7 Pts

Envoyé par jokerface le Dimanche 28 Juillet 2013 à 23:18


A propos d'Hunger games, je voudrais juste rajouter qu'un deux doit normalement arrivé prochainement (suivant la piste du livre) et que vu le 1, je suis plus que septique sur la réussite de cette suite. D'autant plus que :

Spoiler :

___________________

Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...

Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"

Borislehachoir

Avatar de Borislehachoir

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 15/08/2024

Grade : [Nomade]

Inscrit le 23/04/2004
7425 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par Borislehachoir le Lundi 29 Juillet 2013 à 01:33


Le 28/07/2013 à 23:18, jokerface avait écrit ...

Spoiler :


Spoiler :


Boris.

___________________


RoboWombat

Avatar de RoboWombat

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 10/09/2013

Grade : [Nomade]

Inscrit le 27/07/2013
6 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par RoboWombat le Lundi 29 Juillet 2013 à 02:35


Continué ma découverte de la filmo de Kinji Fukasaku (dont le film le plus connu du grand public est Battle royale) récemment avec Le cimetière de la morale.
C'est vraiment mortel, y'a une énergie et une liberté folle, fort à propos avec le personnage intenable qui brise toute les règles de bienséance chez les yakuza.

Un peu comme un The Blade de Tsui Hark, ça pourrait laisser du monde sur le carreau du fait de la réalisation assez violente, mais c'est en tout cas un film qui prend aux tripes, même s'il est difficile de se reconnaître et donc de s'attacher à ce personnage principal qui fait plus de mal que de bien (que du mal, en fait) dans son errance enragée vers des sommets qu'il n'atteindra jamais.

Grossièrement résumé à coups de comparaisons, c'est un peu Scarface chez les yakuza, la réussite en moins. (c'est un film vraiment désespéré)


Je recommanderais plutôt Guerre des gangs à Okinawa pour commencer, du même réal, plus carré, clean, avec un groupe de personnages plus attachants et de meilleurs instants de mise en scène, mais ce qui est sûr, c'est que ce mec était un grand, on comprend bien l'affection sans limites pour lui de certains artistes américains et non des moindres (Tarantino, Friedkin...)


Borislehachoir

Avatar de Borislehachoir

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 15/08/2024

Grade : [Nomade]

Inscrit le 23/04/2004
7425 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par Borislehachoir le Lundi 29 Juillet 2013 à 02:43


Yeah, un Fukasakien ; on est désormais 3  

J'ai vu pas mal de films de lui - tous les Combat sans code d'honneur notamment, chroniqués ici à partir du second - et j'adore son style. Pour commencer je conseillerais aussi Guerre des gans à Okinawa ou Police contre syndicat du crime qui sont plus faciles d'accès et contiennent moins de personnages.

Mon top Kinji F :

1 ) Le cimetière de la morale
2 ) Combat sans code d'honneur
3 ) Combat sans code d'honneur 2
4 ) Battle Royale
5 ) Kamikaze Club
6 ) Guerre des gangs à Okinawa
7 ) Combat sans code d'honneur 5
8 ) Police contre syndicat du crime
9 ) Combat sans code d'honneur 4
10 ) Combat sans code d'honneur 3
11 ) Okita le pourfendeur
12 ) Battle Royale 2 ( honte absolue )

Boris.

___________________


RoboWombat

Avatar de RoboWombat

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 10/09/2013

Grade : [Nomade]

Inscrit le 27/07/2013
6 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par RoboWombat le Lundi 29 Juillet 2013 à 04:35


Cool, ça fait plaisir de voir des gens de bon goût par ici

Battle Royale 2 c'est plutôt son fils qui a bossé dessus non (le père n'aurait tourné qu'une scène avant sa mort) ? Ca expliquerait la différence de niveau.

En tout cas j'ai vu que les deux films de yak précités et Battle Royale mais je ne compte pas m'arrêter là, clairement. J'espère juste qu'il sait se diversifier même si ça reste majoritairement du yak apparemment.

Sinon dans le genre "japonais précurseur qui emmerde les règles cinématographiques conventionnelles" (pour l'époque hein), y'a Seijun Suzuki qui est assez fort aussi. Enfin, j'ai vu que 3 films mais dans la Marque du Tueur c'est assez marrant même si déstabilisant au début de voir la manière dont il pète les conventions. En plus la confrontation entre les deux tueurs qui squattent ensemble est géniale. Ses autres films ne semblent pas tous aussi fous (au jugé de La Barrière de la Chair et La Jeunesse de la Bête), mais n'en sont pas moins très réussis.


Borislehachoir

Avatar de Borislehachoir

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 15/08/2024

Grade : [Nomade]

Inscrit le 23/04/2004
7425 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts

Envoyé par Borislehachoir le Lundi 29 Juillet 2013 à 10:59


BR 2 est effectivement co-réalisé, on ne sait pas exactement qui du cancer paternel ou du fiston est responsable de la majeure partie du film, dans tous les cas c'est une merde et une honte cinématographique. Dans les films non-yakuzas de Fukasaku senior, il y a le Lézard Noir ( une adaptation de Rampo avec Mishima ) et le Samourai et le Shogun ( un chambara ) notamment. Mais ses films de yakuza se ressemblent pas mal avec de petites variations thématiques qui maintiennent l'intérêt ( les rapports yakuza-flics dans Police contre syndicat du crime, le vieillissement d'Hirono dans les Combat sans code d'honneur ).

J'ai vu 7 films de Suzuki, ceux des deux premiers coffrets HK + La vie d'un tatoué. Les plus bizarres formellement sont la marque du tueur puis le vagabond de Tokyo. Ses autres films dispos chez nous leur sont antérieurs, on voit que Suzuki insérait graduellement des séquences déjantées dans ses films ( les chansons de La barrière de la chair, le final de La vie d'un tatoué ) avant de péter littéralement un cable pour les deux films pré-cités. Je conseille particulièrement La vie d'un tatoué, une des influences de Kill Bill. Mais j'aime énormément tous les films de lui que j'ai vu ; notons que dans Elegie de la bagarre, il y a une parodie de Mishima avec un puceau complètement frustré sexuellement qui fait un récital de piano avec sa bite...

Boris.

___________________


gedat

Avatar de gedat

Hors Ligne

Membre Inactif depuis le 29/03/2023

Grade : [Nomade]

Inscrit le 10/12/2005
1719 Messages/ 0 Contributions/ 7 Pts

Envoyé par gedat le Lundi 29 Juillet 2013 à 11:22


+1 pour le côté édulcoré de la violence de HungerGames. Je dirais seulement que, à côté du "marxisme", mon frère trouve qu'on peut voir un propos anti-état fédéral dans l'histoire: l'appelation de "Capitole", les 13 districts qui peuvent faire référence aux treize colonies fondatrices des Etats-Unis, etc. Bref, Washington, capitale dégénérée qui suce le sang des états fédérés.
Sinon, je trouve que HG diffère surtout de Battle Royale en ce sens qu'il met énormément l'emphase sur le côté "évènement télévisuel" des jeux, qui ont été détournés de leur but originel pour devenir un gros Loft Story en quelque sorte, ce qui fait que si on veut faire dans l'analyse du message sociologique du film, je pencherais plutôt pour une critique de la société du spectale que pour une bonne vieille lutte des classes.


Insomnia - Christopher Nolan, 2002


Bon, au vu de mon passif ici on pourra m'accuser de ne pas être très objectif pour parler de Nolan; mais je tiens à préciser qu'à côté de mon admiration pour des films comme Memento et Inception, j'ai des réserves sur d'autres opus comme les Batman 1 et 3 ou Le Prestige, ce qui fait que je ne m'embarquais pas dans le visionnage de Insomnia en étant tout à fait conquis d'avance.

Pourtant, c'est quand même au final un très bon moment de cinéma que j'ai passé. Remake d'un film norvégien de 2007, Insomnia n'est pas un film mathématique contrairement à la plupart des films de Nolan qui jouent avec les énigmes et les niveaux de narration emboîtés, mais est un thriller psychologique somme toute assez académique. Will Dormer (Al Pacino) est un détective expérimenté du LAPD détaché en Alaska pour assister la police locale à la résolution d'un crime sordide. Seulement, la ville se situe au dessus du cercle arctique, à une époque de l'année ou le soleil ne se couche jamais, et pendant ce temps à Los Angeles les services d'inspection de la police se penche sur des zones d'ombre de son passé. Après que Dormer ait tué par accident son collègue Hap, qui était aussi impliqué dans cette affaire, il commence à perdre irrémédiablement le sommeil. Pour ne rien arranger, il est contacté par un mystérieux personnage qui cherche à exploiter ses failles.

Al Pacino incarne à merveille un personnage principal torturé, ses insomnies servant de métaphore aux dilemmes moraux auxquels il est confronté. Je suis d'habitude assez sceptique vis-à-vis des films dans lesquels les gens sont confrontés à des difficiles choix moraux, qui peuvent tomber vite dans le mièvre, mais Insomnia évite cet écueil et en fait l'enjeu d'une fascinante partie d'échecs entre le détective et le tueur. Et c'est ce qui fait de Insomnia un excellent film: il combine une composante psychologique poussée avec un duel qui pourrait servir d'exemple dans un manuel de théorie des jeux. Les maths ne sont jamais bien loin, mais ils sont en synergie avec le reste, plutôt qu'existant pour eux-mêmes.
Et les paysages sont magnifiques.


Total : 3318 Messages. Page n°130/222 - < 1 ... 128 129 130 131 132 ... 222 >
Espace Membre

Identifiant

Mot de passe

Se souvenir de moi