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Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 |
Et encore, je contesterais peut-être. On dirait plus du dadaïsme ![]()
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
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Grade : [Nomade] Inscrit le 15/06/2005 |
Le suicide au sabre de bois est franchement crade :/
___________________ - You exude pain. Your life is a patchwork of blackness, no time for joy...how do you cope with it?
- I have a Butler. |
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Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 |
Voui, c'était volontaire de la part de Kobayashi qui en pleine période de montée du nationalisme rappelle aux gens l'inhumanité et la cruauté du régime. On oublie souvent le rôle crucial du scénariste Shinobu Hashimoto dedans, alors que le type - encore en vie, 95 ans ! - a un CV des plus incroyables : plusieurs Kurosawa ( les 7 samourais, Rashomon, vivre, le château de l'araignée ), du Kobayahsi ( Rebellion ), du Gosha ( Hitokiri le chatiment ), du Okamoto ( le sabre du mal ) etc etc. Il fut au chambara ce que Franco Solinas fut au western italien : un scénariste de gauche démysthifiant un genre traditionnel et l'ancrant dans une thématique révolutionnaire.
Boris.
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Grade : [Nomade] Inscrit le 15/06/2005 |
C'est ce que je voulais dire en MP concernant la différence de lecture d'un film entre toi et moi. J'ai plus tendance à prendre un film tout seul, là ou tu t'intéresses généralement "au autour". Mais dans tous les cas, même si le seul but était de bien montrer que le clan li sont les mauvais, c'est réussi, Plus que la douleur à s'ouvrir le ventre, c'est tout le reste de la scène que je trouve crade, entre l'insistance pour expédier le seppuku, la position des un et des autres (chijiwa en contrebas dans la cour, le clan plus en hauteur), le refus du coup de grâce, le sadisme abiamt...(j'ai un peu l'impression d'avoir dit la même chose que toi en me relisant). Mais quoi qu'il en soit, le film est vraiment génial.
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Grade : [Nomade] Inscrit le 16/04/2005 |
Si il y en a qui ont vu, ou vont voir, Gatsby le magnifique, je suis intéressé par leur avis.
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Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 |
Vu Hannah Arendt en salle il y a quelques semaines.
Le film se concentre sur la polémique qui a suivi la parution des articles d'Arendt sur le procès d'Eichmann Pas grand chose à en dire, sans être catastrophique comme je le craignais, je pense que le sujet n'est pas du tout cinégénique. Bref, c'est un peu pesant sans trop l'être, ayant lu Eichmann à Jérusalem, je n'ai pas appris grand chose. Difficile de me mettre à la place de quelqu'un qui ne l'aurait pas lu, mais je doute qu'on y gagne quoique ce soit, tant le film est vide de pensée autre que celle de la philosophe. Peut-être l'envie de lire le livre. Joli monologue très arendtien sur la valeur de la pensée ceci dit. Mais : "Numquam se plus agere quam nihil cum ageret, numquam minus solum esse quam cum solus esset" (citation de Caton, par Arendt à la fin de la Condition de l'homme moderne). Et voilà, z'avez pas besoin d'aller le voir ![]() Ceci dit ça permet à un petit monde pseudo-intellectuel de se branler la nouille, donc c'était pas totalement perdu non plus.
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
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Grade : [Druide] Inscrit le 21/08/2007 |
J'ai une question qui pourrait intérésser certains. D'un poinnt de vue cinéphile, que pensez-vous du festival de Cannes (ou qu'en attendez-vous)? Vrai moment de révélation de grands crus cinématographique (je crois savoir que pas mal de personnes ici ont aimé Holy Motors) ou pur pseudo-évènement médiatique? La question est bien sûr un peu simpliste, et je pense que les réponses seront plus complexes. Sur le fond on peut se demander si le festival ne fait pas de l'ombre à des excellents films dont personne n'a entendu parler ou penser que les éditions sont inégales. On a ce genre de polémiques avec le Goncourt, mais pas tant que ça avec Cannes (peut-être parce que les médias sont ignares question cinéma, j'en sais rien).
___________________ Le 02/04/2020 à 15:21, Borislehachoir avait écrit ... |
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Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 |
Présent. Je n'en attends pas grand chose, non pas que tout soit mauvais mais pour diverses raisons qui font que je me désintéresse globalement du festival : 1 ) Ce n'est pas tant que ce soit un évènement médiatique qui me gène mais le fait que souvent, on parle de tout sauf de cinéma. Lars Von Trier fait polémique avec ses propos sur le nazisme, les femmes ralent qu'il n'y a pas de films de réalisatrices, trop sexy la robe de * insérez actrice de votre choix " et la montée des marches et les discours à rallonge et les commentaires de Laurent Weil... Et le discours sur les films là-dedans ? Néant. 2 ) Le public cannois est un public de gros cons de journalistes spécialistes pour niquer les séances, James Gray par exemple en a fais les frais sur The Yards mais aussi Gaspar Noé par exemple. Ca plus la recherche du " buzz " a tout prix fait que c'est un très mauvais indicateur critique, et si on y ajoute un copinage éhonté on se retrouve parfois avec des prix ahurissants ( Michael Mooreprix " politique ", Haneke promu contre l'avis des 3/4 du jury parce que la présidente du jury a joué pour lui ). Pour ma part, il y n'y a que 2-3 palmes d'or de ces dix dernières années qui m'ont réellement plu. Ca fait peu quand même. 3 ) L'idéal de cinéma selon Cannes c'est un mix entre corum et kakkhara ou faut du sérieux, de l'auuuuuteur, et surtout pas du cinéma de genre en compétition. Je me souviens des polémiques sur la présence de Drive en compet' alors que Drive était meilleur que 90 % de la sélection mais trop " cinéma de genre ". D'ou deux conséquences : d'abord, on se retrouve avec les habitués ( Loach, Inarritu, Almodovar, les Dardenne, Kusturica et j'en passe ), présents édition après édition, même quand leurs films sont ratés. Ensuite, je ne trouve pas Cannes très innovant. Il suffit de voir leur retard hallucinant par rapport à la mostra de Venise sur les films asiatiques : là ou Venise a " révélé " Kitano, Hou Hsiao-Hsien et Kurosawa, Cannes a filé une palme honteuse à Kinugasa dont tout le monde rigole encore aujourd'hui. Il y a deux ans, deux des films les plus intéressants et les plus radicaux de la sélection ( le Godard et le Kitano ) se sont fait absolument massacrer, trop inhabituels. 4 ) Holy Motos aurait fait l'évènement avec ou sans Cannes parce que Carax a été un des cinéastes les plus acclamés de sa génération, même si ses grands succès dataient un peu. Il y a eu un effet " retour de l'enfant terrible " que Cannes a peut-être amplifié, mais il me semble exagéré de dire qu'Holy Motos doit sa carrière à Cannes. 5 ) Tu parles du Goncourt ; pour moi c'est sensiblement la même chose. Cannes c'est le Goncourt du cinéma. 6 ) La critique de cinéma à Cannes, j'ai honte pour elles. C'est vraiment un concentré de hype, de médiocrité et d'autosatisfaction. Boris.
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Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 |
là ou Venise a " révélé " Kitano, Hou Hsiao-Hsien et Kurosawa, et Mizoguchi également. Je suis entièrement d'accord avec toi sur cette vision du festival de Cannes. Il n'y a qu'à voir comme palme d'or The tree of life. J'aime énormément le cinéma de Malick, mais là il faut bien avouer que la lourdeur du film n'en fait pas, et de loin, le film de l'année, malgré quelques passages très réussis. Le nom du réalisateur semble avoir eu plus de poids que le film en lui-même dans la décision du jury. Du coup on a toute une catégorie de personne qui se rue sur les films du festival en s'extasiant devant des merveilles qui n'en sont que dans les pages de la critique. Il faut bien avouer que souvent il arrive de se demander si les critiques pompeux qui descendent certains films pourtant très bien, les ont bien vu avant.
___________________ "_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec. |
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Grade : [Nomade] Inscrit le 24/10/2005 |
Réponse non
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Grade : [Druide] Inscrit le 31/10/2004 |
Autant on en a sans doute trop fait sur le film, autant il est loin d'être désagréable à voir. J'avais envie de lire les Origines du totalitarisme, et un ami m'avait passé Eichman à Jérusalem. Le film n'a pas forcément un intérêt immense intellectuellement, mais bon. Et j'ai trouvé l'actrice principale très douée.
___________________ Autre motif d'orgueil, que d'être citoyen ! [Les citoyens] doivent travailler devant la majestueuse égalité des lois, qui interdit au riche comme au pauvre de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et de voler du pain.
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Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 |
Les bas-fonds New-yorkais ( Samuel Fuller, 1961 )
Tolly Delvin ( Cliff Robertson ), 14 ans, est témoin du meurtre de son père par 4 hommes parmi lesquels il parvient à en reconnaître un. Adulte, Tolly met se vengeance en place. Toute la rage de Fuller, tout son esprit anarchiste se retrouve dans cet excellent film noir moins parfait que Le port de la drogue ou les grandes réussites du cinéastes dans le western ( 40 tueurs ), le film de guerre ( J’ai Vécu l’enfer en Corée ) ou la métaphore sociale ( Shock Corridor ). Comme souvent chez lui, le héros de Fuller n’attire pas la, sympathie : obsessionnel, dénué de compassion et froid comme la mort, Tolly ne vit que pour sa vengeance et manipule l’ensemble des personnages secondaires pour ne pas se salir les mains ; même la police n’est qu’une force que Tolly utilise pour gangrener le système hiérarchique dans lequel ses ennemis sont inclus. La patte du cinéaste se matérialise aussi dans la compassion qu’il éprouve pour certains personnages hors-la-loi : le policier corrompu, acculé par Tolly, se suicide afin que sa famille ne soit pas plus longtemps sous le feu de la critique dans une séquence dramatique qui rappelle beaucoup celle avec le shérif de 40 tueurs. En s’attardant sur les dégâts collatéraux causés par Tolly, Fuller met une distance entre son héros et le spectateur et évite la complaisance qui gangrène trop de récits vengeurs depuis les années 70. On notera aussi une mort d’enfant particulièrement brutale pour l’époque. Formellement, c’est comme souvent chez Fuller impeccable. Noir et blanc aux contrastes hyper-accentués, plans distordus qui renvoient à l’expressionnisme allemand, mouvement de caméra secs et brutaux, jeux sur les variations rythmiques utilisant tant le plan-séquence qu’un découpage très nerveux dans certaines scènes à suspens et même une très forte utilisation du hors-champ, ou comment ce qui était probablement une tentative de contourner la censure accentue encore la dramatisation. Il est simplement dommage que le scénario soit un peu plus perfectible que celui du Port de la drogue ( la manière dont tous les assassins se retrouvent en haut de l’échelle sociale alors qu’ils n’étaient que de petits malfrats peut faire grincer des dents ) mais Samuel Fuller est certainement aujourd’hui un de mes cinéastes favoris de tous les temps, et le fait qu’il ait réalisé au moins 4 films meilleurs que celui-là en dit long sur l’hallucinant niveau habituel de ses œuvres. Un grand film noir ! ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Agora ( Alejandro Amenabar, 2009 ) Sous l’Alexandrie romaine, le conflit latent entre les polythéistes et les chrétiens s’amplifie chaque jour. La prêtresse Hypatie ( Rachel Weisz ), convoitée à la fois par le païen Oreste et l’esclave chrétiens Darius, voit son scientisme être vigoureusement attaqué par les chrétiens. Alors alors… Après un début de carrière plus qu’intéressant ( Tesis, Ouvre les yeux, les Autres ), Amenabar nous offre ici un foirage absolument déprimant qui fut pour moi une déconvenue quasiment aussi violente que le Limits of control de Jim Jarmusch, par exemple. Le truc hyper relou c’est qu’on a ici l’exemple absolu du film sur une période passée vu par le prisme du présent sans le moindre recul, sans la moindre remise en question, sans la moins réflexion sur la complexité des rapports sociaux. Les chrétiens sont une horde de fanatiques débiles ou de manipulés, Hypatie l’archétype du personnage féminin voué à subir pendant deux heures tous les tourments du monde et les seconds rôles sont les pantins du scénariste avant d’être de vrais personnages de chair et de sang ; on précisera que les acteurs sont mauvais comme des cochons, là ou Rachel Weisz parvient à limiter la casse. Je déteste cet espèce d’académisme du film historique qui consiste à foutre des scènes muettes avec des chœurs lors des moments dramatiques, ces plans sur le visage effrayé d’un protagoniste lors d’une destruction de monument, ces plans de foules vociférantes tout droit sortis d’un film de Peter Jackson. Visuellement, je trouve Agora très irritant, et scénaristiquement c’est n’importe quoi. Hypatie remet en doute la vision traditionnelle du cosmos, trouve à elle toute seule l’héliocentrisme et puis comme ça ne suffisait pas, elle découvre également la présence d’orbites elliptiques. On sent que si le film durait vingt minutes de plus, Hypatie aurait crée un i-pad et prouvé l’existence du boson de Higgs pendant que les chrétiens brûlaient des temples en arrière-plan. Cet espèce de révisionnisme historique ou une figure sans grande importance est dotée d’une pensée conforme aux attentes contemporaines ( athéisme, féminisme ) quitte à aboutir à du grand n'importe quoi est d’une bêtise et d’une pauvreté renforcée par des clichés qu’on pouvait espérer ne plus jamais voir ( la rupture entre l’Antiquité et le Moyen-Age, l’obscurantisme religieux arrivant avec celui-ci ). J’ai détesté. The Grandmaster ( Wong Kar-Wai, 2013) Le maître Ip Man ( Tony Leung ), spécialiste des arts martiaux, subit comme ses compatriotes chinois l’invasion japonaise. Il rencontre Gong Er ( Zhang Ziyi ), dont le frère est un agent des japonais. Le film est impossible à résumer; j’ai fait très court quitte à passer totalement à côté de pleins de points pourtant importants mais ça aurait été peine perdue de tenter de donner un équivalent écrit au foisonnement thématique de ce nouvel opus sur Ip Man qui ne ressemble à aucun film d’art martial de ma connaissance. Si j’ai aimé le film, c’est sans doute pour une minuscule raison : en dépit du fait que The Grandmaster soit du pur Wong Kar-Wai avec tout ce que ça peu comporter de temps qui passe, d’amours platoniques, de mélancolie et de narration éclatée, le cinéaste n’oublie pas de faire un film d’arts martiaux. La photo est magnifique et bien qu'on ne trouve que peu de moments exclusivement martiaux, ceux-ci d’être exemplaires, qu’il s’agisse de l’affrontement entre Gong Er et Ip Man, du combat autour du train ou de celui d’introduction. Là ou un Tim Burton se fichait de faire une scène d’action potable dans Batman le défi tant qu’il pouvait laisser libre cours à ses obsessions, il y a chez Wong Kar-Wai, en dépit de toute son ambition démesurée, une volonté de faire un pas vers le spectateur et de confronter son cinéma à lui à une forme plus codifiée et pour un auteur aussi adulé, je respecte cette volonté de ne pas tourner en rond comme cela a pu arriver à Gus Van Sant par exemple. Si techniquement le film est très abouti, structurellement c’est le bordel et le montage me semble franchement problématique : on dirait qu’à trop vouloir jouer de flashbacks et d’ellipses, Wong Kar-Wai a fini par tuer une bonne partie de l’émotion inhérente à son récit. Du coup, j’ai souvent été plus admiratif qu’ému et les acteurs n’y sont pour rien ( Tony Leung est impérial et Zhang Ziyi, que je n’aime pas trop d‘habitude, trouve peut-être son meilleur rôle ), surtout que la façon dont l’histoire se conclue est déconcertante et c’est le moins que l’on puisse dire. De plus, je trouve que parfois certains effets ( les goûtes d’eau au ralenti, certains plans un peu inutilement alambiqués ) détonnent dans un univers qui se veut plus retenu que les films de kung-fu habituels. Bref, en dépit de réserves non négligeables, je recommande ce The Grandmaster qui sans être le meilleur Wong Kar-Wai est une des tentatives de réappropriation d’un genre les plus stimulantes parmi les tentatives contemporaines. Pas de captures car vu au cinéma. The Place Beyond the Pines ( Derek Cianfrance, 2013 ) Luke ( Ryan Gosling ), cascadeur à moto, découvre que son ancienne copine Romina ( Eva Mendes ) a eu un fils avec lui. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il attaque des banques avec un complice jusqu’à ce qu’il croise l’agent Cross ( Bradley Cooper ). The Place Beyond the pines se divise en trois parties : celle de Luke, celle de l’agent Cross puis une sorte de long épilogue mettant en scène leurs enfants respectifs. C’est une force et une faiblesse, une force parce qu’il f faut reconnaître le talent du cinéaste, sa fluidité et sa capacité à maintenir l’intérêt du spectateur pendant 2h20, une faiblesse parce que clairement la première partie est la meilleure et que Cianfrance peine à retrouver son intensité : le jeu assez hésitant de Bradley Cooper tire la deuxième vers le bas et le spectateur peut avoir l’impression de déjà vue en mieux chez Lumet par exemple ( Serpico ) avec ces histoires de flics corrompus que Cooper hésite à dénoncer. Enfin, la troisième fait vaguement penser au Parrain 3 dans sa volonté de revenir aux sources pour boucler la boucle, sauf qu’on n'échappe pas toujours au convenu et au prévisible, ni à un étirement excessif de certaines séquences. D’ailleurs, c’est assez bizarre de constater le très faible changement physique des personnages sur 15 ans, détail certes mais détail qui freine un peu l’immersion. J’ai apprécié l’absence totale de second degré, de distance : Cianfrance aime ses personnages et il n’y en a aucun qui soit foncièrement négatif. Le plus beau est d’ailleurs regrettablement écarté : le pote de Ryan Gosling ( extraordinaire Ben Mendelsohn ), sorte de redneck sympathique qui semble être le seul personnage conscient de ses limites et qui contribue à la réussite de la première partie. Très belle BO assez inhabituelle avec à la fois Morricone et Mike Patton et belle mise en scène classique qui fait un peu penser aux films de James Gray ou à ceux de Mike Nichols ( la scène avec le gosse de Ryan Gosling qui pointe le flingue rappelle d’ailleurs furieusement le passage ou Boy fait la même chose dans Shotgun Stories ). The Place Beyond the Pines est un film aussi imparfait que sympathique. Il est une belle illustration d’un certain retour du classicisme américain qui n’est pas du tout pour me déplaire. L’Homme de Rio ( Philippe de Broca ) Adrien ( Jean-Paul Belmondo ), soldat en permission, voit sa fiancée Agnès ( François Dorléac ) être enlevée sous ses yeux. Poursuivant les ravisseurs, il prend le même avion qu’eux et atterrit à Rio de Janeiro. Cette version française des aventures de Tintin n’a sans doute pas la maîtrise impeccable de la mise en scène qu’on trouve chez le Spielberg des Aventuriers de l’Arche Perdue, il n’empêche qu’il se situe certainement parmi les meilleurs films d’aventures réalisés dans nos contrées et que Belmondo n’a rien à envie à Harrison Ford question humour, implication physique et talent d’acteur. C’est d’ailleurs son énergie incroyable qui porte le film, enchaînant les cascades avec un plaisir contagieux qui entraîne irrésistiblement la sympathie du spectateur. Très belle prestation de Françoise Dorléac qui loin d’être la nunuche de service incarne un personnage tenant la dragée haute en terme de courage et de détermination à Bebel. Ce qui est le plus épatant ici est la science du rythme de De Broca qui en deux heures nous fait voyager partout, enchaîner les scènes d’action les plus démesurées ( dont une bagarre générale dans un bar digne de Lucky Luke ), les courses-poursuites, les enlèvements et les retournements de situation sans jamais provoquer l’indigestion grâce à un scénario bien écrit et évidemment à son couple d’acteurs attachants. Il y a des fléchettes empoisonnées, des parchemins cachés, une momie, une poursuite en hydravion et tout ce qu’il faut d’exotisme et d’aventure pour être le film du dimanche soir idéal. Certains critiques ont pointé du doigt une vision légèrement colonialiste du Brésil, je n’ai pour ma part pas été choqué par ce qui s’inscrit de toute manière dans un cadre de bande dessinée assez déconnecté du réel. Petite précision historique : contrairement à ce qu’on peut lire ici et là, Spielberg ne connaissait pas l’existence de Tintin avant de réaliser son premier Indiana Jones mais avait en revanche visionné et beaucoup apprécié le film de Philippe de Broca ; des années plus tard et ayant découvert la BD d’Hergé entre temps, il donnait à son tour une vision intéressante de Tintin, bouclant la boucle. En l’état, l’Homme de Rio est un des rares films d’aventures français d’excellente facture. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Boris, j'avais pas fait de critiques depuis longtemps pour cause de manque de motivation, j'essaye de m'y remettre.
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Grade : [Modo Forum] Inscrit le 21/04/2008 |
D'autres avis sur le film? J'hésite à le regarder...
___________________ Guilty.
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Grade : [Divinité] Inscrit le 07/11/2008 |
C'est un film d'une grande fraîcheur comparé à ce à quoi je m'attendais. Il y a peu de réflexion philosophique, ou du moins, les conclusions de Arendt occupent une part réduite du film ; l'essentiel est centré sur son combat pour faire valoir la légitimité de sa pensée, là où le public, y compris ses anciens amis, lui dénient carrément le droit à la parole.
Sans trop spoiler, le film utilise de vraies images du procès Eichmann, ce qui me semble un choix très juste (la réalisatrice explique que le regard d'Arendt sur Eichmann étant la clé de sa théorie, elle ne voulait pas risquer qu'un mauvais jeu d'acteur travestisse le personnage). Je trouve que ça vaut la peine d'être vu, ne serait-ce que pour bien cerner le personnage d'Hannah Arendt en relation avec son époque. Et les théories sur la banalité du mal et le rôle de la pensée, à défaut d'être très approfondies, sont abordées clairement, d'une façon qui donne envie de se pencher dessus.
___________________ "My ancestor Toshiro used to say, 'Life is a series of choices between bad and worse'. I'm a master of making great bad choices."
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Grade : [Modo Forum] Inscrit le 22/08/2003 |
Petit up.
J'ai pas mal de filmos ces derniers temps, autant au ciné que chez moi mais j'ai pas eu le temps d'ecrire une critique pour chacun d'eux. Néanmoins j'ai vu hier soir un film suffisamment intéressant pour être motivé à en parler. Harlequin (1980)
Synopsis : Le petit garçon d'un sénateur se meurt d'une leucémie. Un homme étrange aux allures de prestidigitateur va le guérir miraculeusement. Qui est réellement cet homme qui va avoir de plus en plus d'emprise dans la famille ?
Je cherchais une bonne image de jaquette à mettre en introduction mais je dois avouer qu'elles ne me plaisent guère. Certaines font carrément penser à un film d'horreur, or ce n'est pas le cas. Il y a celle aussi où le titre "Harlequin" a été changé pour "Dark Forces" cest qui est absolument ridicule. ![]() ![]() ![]() ![]() Mais bref, peut importe les jaquettes, c'est du film dont je veux parler. Celui va reposer complétement sur le principe de l'illusion, du faux semblant, du tour de passe passe et...peut être aussi de la magie, la vraie. La question principale qui oriente tout le film est posée dans le synopsis : Qui est réellement cet homme ? Le personnage de Gregory Wolf interprété par un Robert Powell des plus troublant est une énigme entourée de mystère. Est-il un prestidigitateur ? Est-il un sorcier ? Est-il un guérisseur ? Est-il un hypnotiseur ? Est-il un magnétiseur ? Est-il un extraterrestre ? Est-il tout simplement un charlatan doué d'un grand charisme, une sorte de gourou ? Cette liste de questions que j'établie n'est pas du tout posée au hasard mais représente toutes les hypothèses possibles que l'on peut soulever à propos de la vraie nature de Gregory Wolf. Le film laisse au spectateur le soin de tirer lui même les conclusions qu'il souhaite. Il faut dire que tout le monde se fera manipuler : autant les personnages que le spectateur lui-même. Les faux semblants visuels autant que scénaristiques brouille merveilleusement les pistes pour entretenir le doute. Gregory Wolf peut en effet se comporter de bien des manières. Il peut tout à la fois être le meilleur ami d'un petit garçon malade, un magicien de salon amusant, un adversaire terrible, un amant inaccessible, un mystérieux voyageur... Il ne répond jamais tout à fait aux questions que lui pose. De plus ses origines sont présentées comme étant française, on aura droit à quelques citations littéraires de grands auteurs, ce qui est d'autant bien venu que le film se passe en Australie, créant ainsi un décalage des plus judicieux. En effet Gregory Wolf apparait comme une personne étant vraiment à part, autant dans sa façon d'être que dans sa façon de se vétir. Par exemple Sa première apparition à l'écran se fera sous les traits d'un clown d'anniversaire. Il abordera plus tard divers costumes les plus hétéroclites, costume noir à clous, grande toge, déguisement intégral en politicien allemand et même allant jusqu'à se vêtir à la fin des habits d'Harlequin. L'explication du pourquoi sera donnée à ce moment là, et elle colle parfaitement avec l'ensemble du film. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Le film suit son cours tranquillement mais sans temps mort. On voit l'évolution de l'influence qu'exerce petit à petit Gregory Wolf au sein de la famille. On ne saura jamais vraiment si ses intentions sont sincères, ou si il cherche à manipuler son entourage. Il faut dire qu'il n'hésite pas lorsque le besoin se fait sentir, à faire appel à son terrible regard (avec un gros plan caméra) qui subjugue quiconque le fixe dans les yeux. Si bien que c'est le spectateur lui même qui a l'impression de se faire hypnotiser. ![]() Par ailleurs le réalisateur offre un sublime jeu de mise en abîme de la caméra : A un moment donné un personnage assiste à l'un des tours de Wolf, et cette scène est visionnée en direct sur une caméra de surveillance...qui permet de voir tout autre chose. Le spectateur bénéfice alors des deux points de vue, rendant parfaite l'impression de l'illusion. Car des tours il y en aura : Disparation, jeux de cartes, apparition de colombes, effet pyrotechnique, lévitation, tout le B-A-BA du parfait petit magicien. Mais je vous parlais aussi de magie, de la vraie, et j'y viens. Le petit garçon que Wolf va soigner va devenir non seulement son ami, mais aussi en quelque sorte son disciple. On voit l'ascendance que prend Wolf sur lui (et pour la motivation le spectateur pourra trancher entre sincérité ou manipulation abominable) et le gamin se met à présenter alors lui aussi des aptitudes nouvelles en matière de tour...ou de magie. ![]() ![]() Seulement certains devront se montrer prudent , car à cet âge on ne se maitrise pas toujours, surtout quand on est un enfant qui évolue au sein d'un monde d'adultes corrompus par le pouvoir et qu'on a pour ami un magicien aussi sympathique qu'inquiétant. Il peut y avoir de la casse... ![]() ![]() ![]() Je ne peux pas vraiment en raconter plus sans trop en dévoiler. Je finirai juste par dire qu'il y a une forme de magie à la Peter Pan qui plane dans ce film : Plus on y croit, plus cela s'avère vrai et efficace. Ainsi même certains personnages septiques seront obligés à un moment donné de se dire que ce magicien...en est peut être vraiment un. Mais la conclusion finale appartient au spectateur. ![]() Conclusion : Si vous aimez les clowns, les masques, le théâtre, le fantastique, un brin de science fiction et un soupçon de magie, ce film est fait pour vous. Note : 18/20 [ Dernière modification par jokerface le 08 jun 2013 à 18h10 ]
___________________ Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ... |