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Skarr

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Envoyé par Skarr le Mercredi 06 Juin 2012 à 10:25


Le 05/06/2012 à 21:17, Borislehachoir avait écrit ...

Kiwi n'aime pas le film. Il ne peut pas avoir d'avis sur le livre si il ne l'a pas lu, tu peux dire qu'il n'aime pas ce qui est tiré du livre mais ce n'est pas du tout équivalent à ne pas aimer un livre.

[...]

C'est pas film = mise en scène + livre l'équation. C'est une question beaucoup plus global de comment on se démerde pour représenter tel ou tel sens dans deux mediums aussi différents.


En effet, c'est ce que je dis, il n'aime pas ce qui est tiré du film.

Ensuite, c'est quoi un "livre filmé" si ce n'est l'addition "mise en scène + livre" ? 

 

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Mercredi 06 Juin 2012 à 12:46


C'est quand la mise en scène ne prend justement pas compte du fait qu'on ne soit plus dans un livre.

Boris, parce qu'au ciné deux mecs qui discutent de prostate pendant vingt minutes en champ-contrechamp, ça a peu de chances d'être palpitant.

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f4k3

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Envoyé par f4k3 le Vendredi 08 Juin 2012 à 17:22


Questions à tous nos adeptes de décortiquages de pellicules.

Savez-vous s'il existe des grilles d'analyses plus ou moins préétablies, pour l'analyse d'une film ou d'une scène?

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 08 Juin 2012 à 18:00


Le 08/06/2012 à 17:22, f4k3 avait écrit ...

Questions à tous nos adeptes de décortiquages de pellicules.

Savez-vous s'il existe des grilles d'analyses plus ou moins préétablies, pour l'analyse d'une film ou d'une scène?

Je ne comprends pas la question.

Boris.

 

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Dr_Z

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Envoyé par Dr_Z le Vendredi 08 Juin 2012 à 18:03


Je crois qu'il demande s'il y a un "barême" pour juger un film.

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Le 02/04/2020 à 15:21, Borislehachoir avait écrit ...
Tant que New ne redebarque pas nous sortir des regles de 83 pages avec 6 camps et 9 conditions de victoire cumulatives...

f4k3

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Envoyé par f4k3 le Vendredi 08 Juin 2012 à 18:08


Pour développer ma question c'est "existe-t-il une manière que je qualifierai de totale et absolue d'analyser un film, et quelles sont les composantes à prendre en compte"

Parce que bon, quand t'as pas eu de cours la dessus, à 3 semaines de ton oral de l'agreg, bah tu commences à flipper.
Quoique non, ma doulce est au delà du flippage

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 08 Juin 2012 à 18:12


Pour faire simple : non.

Tu ne juges pas deux films sur les mêmes critères. Rien que sur les trucs techniques ( pas de faux raccords, règle des 180 degrés, etc. ) les plus évidents t'as plein d'exceptions : A bout de souffle ou les films de Cassavetes sont blindés de faux-raccords.

C'est comme chercher une règle en peinture ou en littérature. T'imagines bien que si on dit " Guernica, c'est bien mais ça ne respecte pas les proportions " c'est assez peu pertinent. Ou " Céline, ce serait mieux avec une ponctuation moins envahissante ".

Au mieux tu peux juger un film selon la grammaire du genre et/ou de l'époque auquel il appartient, mais une grille qui s'appliquerait à tout ça n'existe pas.

Boris.

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f4k3

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Envoyé par f4k3 le Vendredi 08 Juin 2012 à 18:36


Okay, donc en fait en fonction des périodes et dse styles, il ne sera pas pertinent d'étudier les mêmes critères?

J'en connais une qu'est mal barrée moi

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jokerface

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Envoyé par jokerface le Vendredi 08 Juin 2012 à 19:09


Il y a quelques années dans mes cours de ciné à la fac (jai fait deux cursus, un qui avait l'option ciné) on nous a expliqué qu'Il yavait  quand même des  film qui respectent certains codes selon leur catégorie. On avait étudié le film noir et la comédie musicale, et bon, je me rappelle plus trop les trucs sur la comédie musicale, mais pour les films noir en gros ça devait comporter  la femme fatale, le detective, le huis clos en ville, la police corrompue, etc.

Je sais pas si ca répond à ta question.

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Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...

Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"

Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 08 Juin 2012 à 19:13


 

Le 08/06/2012 à 18:36, f4k3 avait écrit ...

Okay, donc en fait en fonction des périodes et dse styles, il ne sera pas pertinent d'étudier les mêmes critères?

J'en connais une qu'est mal barrée moi

Exactement.

L'axe qui me semble le plus pertinent c'est " pourquoi ce film est important ? ". Parce que j'imagine que ta copine, on ne va pas lui demander d'étudier Mon curé chez les thailandaises. Donc broder à partir de ce qu'elle sait du film/du réalisateur/du contexte : en quoi ça représente une tendance, ou en quoi au contraire ça casse les codes. Si t'analyses un film noir ça fait toujours bien de dire que ça s'inspire de l'expressionisme, et si t'analyses un film néo-réaliste que ça s'inspire du film noir ( et donc qu'au final les anti-réalistes ont inspiré les réalistes... sisi ! ). 
Une donnée importante dans un contexte X peut être sans intérêt dans le contexte Y est vice-versa. Et si t'as vraiment rien à dire ben tu peux toujours parler du découpage des plans ou des cadrages en improvisant quelque chose mais c'est risqué. 

Je vais conseiller à ta copine un truc dont j'ai horreur : elle bachotte les cinéastes, retient quelques oeuvres essentielles des grands cinéastes ou des grands mouvements et prie pour que ça tombe sur un classique et pas un truc kirghize sorti de nulle part. Une fois que t'as retenu ce qu'est la nouvelle vague, le néo-réalisme, l'expressionisme allemand, l'avant-garde, le free-cinéma et quelques autres, que tu sais les situer dans le temps et balancer des noms de cinéastes, t'as plus qu'à broder sur " pourquoi c'est typique du néo-réalisme " etc.

Boris, mais ce n'est que mon avis, largement discutable ici ( j'ai zéro formation cinéma ).


Edit : ce que dit Joker est brouillon mais c'est tout à fait juste sur le fond. Ca rejoint assez là ou je voulais en venir.

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Johannes

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Envoyé par Johannes le Vendredi 08 Juin 2012 à 19:38


Le 08/06/2012 à 19:13, Borislehachoir avait écrit ...

 

 

L'axe qui me semble le plus pertinent c'est " pourquoi ce film est important ? ". Parce que j'imagine que ta copine, on ne va pas lui demander d'étudier Mon curé chez les thailandaises.
Putain j'ai ri

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corum

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Envoyé par corum le Mercredi 13 Juin 2012 à 20:45


Max Ophüls est un génie. Je développerai plus tard, j'ai des DVDs à voir.

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"car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust

Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Mercredi 13 Juin 2012 à 21:12


Moi je regarde le film de Morsay.

C'est une autre forme de génie.

Boris, la séquence du tribunal est inoubliable.

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BaladaTriste

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Envoyé par BaladaTriste le Mercredi 13 Juin 2012 à 21:18


La meilleure phrase reste "mais morsay la bourge elle à péta"
Sinon la séquence WTF avec le mec déguisé dans les bois me laisse à penser que le film fait volontairement des clins d'oeil aux amateurs de nanar'. Enfin le vrai mystère reste pour moi: "pourquoi le chef des skins c'est Benjamin Biolay?!".
Et enfin un autre truc drole à la fin dans les remerciements on voit qu'il remercie comme partenaire tous les sites qui ont partagés ses vidéos dont Nanarland (rebaptisé manarland) et le site du webzine satirique d'ultragauche "la sulfateuse".

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Dimanche 24 Juin 2012 à 22:18


Shotgun Stories ( Jeff Nichols, 2007 )

Les trois frères Hayes, Son ( Michael Shannon ), Kid ( Barlow Jacobs ) et Boy ( Douglas Ligon ) apprennent par leur mère le décès de leur père. Aux funérailles, Son s’en prend à la mémoire du défunt qui les a abandonnés, provoquant la fureur de leur demi-frère Mark Hayes. C’est le début d’une guerre des clans de plus en plus violente.
Attention : grand film. M’attendant à une sorte de polar vengeur comme le titre pouvait le laisser penser, j’ai été extrêmement surpris du ton très naturaliste de l’œuvre. A mille lieux des saloperies complaisantes de Lars Von Trier ( " tous les hommes sont corrompus et méritent de mourir, ma bonne dame " ) ou du dolorisme d’un Inarritu, Shotgun Stories trouve le ton juste, entre empathie pour TOUS les personnages, refus de la complaisance ( les moments de violence sont tous hors-champ ) et surtout, le plus important : refus de la facilité qui consisterait à montrer un engrenage ininterrompu là ou, ici, les personnages ont encore la possibilité d’arrêter les frais. C’est cette croyante en son prochain, cette foi en la bonté humaine même dans des circonstances difficiles qui fait de Shotgun Stories un extraordinaire manifeste humaniste qui tire le spectateur vers le haut comme le faisaient en leur temps un Capra ou un Kurosawa dans des registres différents.
Si tous ceux qui avaient vu Bug étaient convaincus de l’évidence du talent de Michael Shannon, formidable, l’illustre inconnu Barlow Jacobs m’a sidéré par sa fausse nonchalance de pacifiste tiraillé entre son amour fraternel et ses convictions. Nichols s’inscrit dans le sillage des meilleurs cinéastes indépendants comme Kelly Reichardt ou Debra Granik ( et pour être honnête je le trouve encore meilleur que les deux femmes dont j’apprécie beaucoup le travail ), filmant des rednecks attachants avec respect et dignité. La séquence de confrontation entre Kid et son demi-frère Cleaman est bouleversante, de même que les hésitations de Son. On comprend les motivations de tout le monde, sans juger, sans prendre les personnages de haut.
C’est tellement bon de voir une réussite aussi éclatante, grand petit film qui s’impose en dépit de son format ( petit budget, durée inférieure à une heure et demie ) et qui représente ce que le cinéma indé US peut faire de plus remarquable à mes yeux.
Si vous avez un soupçon d’estime pour moi, vous COUREZ vous le procurer.  









The Raid ( Gareth Evans, 2011 )

Jakarta, Indonésie. Une escouade de policiers est envoyée dans un immeuble contrôlé par un caïd de la drogue arrêter celui-ci. Mais l’assaut tourne au carnage et le policier Rama ( Iko Uwais ) tente de sortir les survivants du guêpier.
On a vendu ici et là The Raid comme un gros film de baston ou ça n’arrête jamais de cogner. Ben c’est exactement ça. Ça bastonne facilement les deux tiers de la durée totale dans une succession de trucs complètement exagérés comme j’adore, et qui plus est la diversité des modes de baston permet de ne pas subir de sentiment de répétition. Quid de la mise en scène des combats ?
Tadam….
Ben j’étais sur le cul. Vraiment. Plans larges, lisibles, montage intelligent, combats chorégraphiés au millimètre : c’est tout simplement impeccable. Et tout le long en plus ! Si l’absence d’une réelle progression narrative limite l’implication du spectateur, reste que le fight à la machette (  ) ou le 2 contre 1 de fin avec cet acteur hyper-flippant nommé Yahan Ruhian qui semble complètement invincible sont ANTHOLOGIQUES. Les arts martiaux indonésiens sont hyper-spectaculaires mais aussi ultra-violents et je ne comprends pas pourquoi les américains ont racheté les droits puisque de toute façon ils ne pourront jamais montrer la moitié de ce qu’on voit ici sans se taper une interdiction aux moins de 16 ans. Iko Uwais est très limité sur le plan dramatique mais son implication physique, elle, est extraordinaire. On en sera gré au réalisateur de se mettre au services des impressionnantes performances martiales de ses acteurs.
Sinon, le script est royalement débile, la musique dégueulasse, la photo un peu moche et certains retournements de situation difficiles à avaler. Gedat et Kakkhara vont faire une crise cardiaque si ils voient ça alors que je vois bien f4k3 ou jokerface prendre un royal panard devant. Sur le plan de la bourrinade pure, vous oubliez tout ce qu’on a vu depuis au moins dix ans à Hollywood : The Raid réussit à faire tout ce qu’un The Expendables foirait totalement, c’est-à-dire à bien filmer du gros combat sanglant ou on s’entretue à grands coups de tatanes dans la gorge et de poings dans la nuque.








La vengeance ( Truand 2 la galère, 2012 )

Agressés par des flics racistes, Morsay et Zehef sont condamnés à une peine de prison. Une fois sortis, leurs chemins divergent : alors que Zehef devient millionaire en vendant des T-shirt Truand 2 la galère, Morsay tente de draguer avec un succès tout à fait relatif.
Je suis lucide : vous allez probablement ne lire que cette chronique-là. La vengeance de Morsay et ses potes est un monument de portnawak attardé, de situations idiotes et de message social assené avec la légèreté d’une division allemande.
Techniquement, c’est très très moche : la photo est l’une des plus dégueulasses de l’histoire du cinéma est le son a été enregistré n’importe comment, on n’entend rien une scène de dialogues sur deux. Morsay joue mal, Zehef un peu mieux mais le sommet de nullité reste atteint non pas par le bad guy - effectivement sosie de Benjamin Biolay comme l'a souligné BT, et qui reste dans l'hystérie totale en permanence - mais par la juge du début du film, qui rend à elle seule la séquence du tribunal tout à fait merveilleuse. Dialogue authentique visant à expliquer l’origine du pseudonyme de Zehef :

JUGE : Vous êtes accusés de blablabla…
ZEHEF : Je suis innocent !
JUGE : En tout cas vous avez un regard très….. Hum, comment on dit chez vous…. Très Zehef !

Cette superbe explication sera ponctuée d’un " me suis bien-je faite comprendre ? " de la juge, ce qui laisse penser que Morsay a dialogué lui-même le film étant donné que les juges et les avocats font des fautes de français tous les trois mots.
La vision du monde de Morsay est d’une grande complexité : les filles sont toutes des putes sauf les voilées, les blancs sont des flics skinheads racistes qui se tripotent la bite en écoutant The Cure. Parmi la succession de moments wtf produits par le film : Morsay et Zehef faisant fuir les skinheads agressant une pauvre musulmane voilée ; Morsay pétant la gueule à cinq mecs armés à lui seul et sans arme ; Morsay l’acrobate, Morsay au restaurant qui fait des bruits avec un verre d’eau dans sa gorge, Morsay qui emballe l’infirmière après avoir pris un coup de couteau, et surtout cette magnifique morale de fin de Zehef : la vengeance est un plat que je mange tout de suite. Tellement philosophique.
Notons qu’on doit se taper 28 chansons de Truand 2 la Galère toutes placées n’importe comment dans le film, et qui rendent les dialogues inaudibles. Enfin, déception : Cortex apparaît très peu et le Shlaguetto qu’on voit n’est non seulement pas le vrai, mais en plus a l’extrême mauvais goût d’être un bon acteur.
Moins abject mais beaucoup plus rigolo que la purge de Dieudonné, La vengeance est une œuvre à la hauteur de la personnalité de Morsay.

Les mois d’avril sont meurtriers ( Laurent Heynemann, 1987 )

Fred ( Jean-Pierre Marielle ) est un flic spécialisé dans les affaires sordides depuis que sa fille est morte et que sa femme en est devenue folle. Il suspecte un corps retrouvé dépecé et bouilli d’être celui d’un indicateur de la police et commence à harceler son principal suspect, Gravier ( Jean-Pierre Bisson ).
Après Poussière d’ange la dernière fois, voilà une autre petite pépite du néo-polar au cinéma. L’ambiance désespérée est absolument réussie et Marielle est impérial en homme tellement miné par la vie que rien ne semble plus pouvoir l’atteindre ; face à lui, un tétanisant Jean-Pierre Bisson compose un personnage de psychopathe tout à fait crédible, et dans un second rôle François Berléand ne cabotinait pas encore.
Une spécificité de cette belle réussite consiste dans ses dialogues signés Bertrand Tavernier qui sont une force et une faiblesse en même temps : forts car ils sont très bons et extrêmement drôles ( Fred qui passe son temps à rabaisser Gravier, le moment what the fuck du flic qui imite Patrick Brion présentant le Cinéma de minuit sur France 3 !!! ), faibles car à l’instar des dialogues de Jeanson par exemple ils ont un côté artificiel qui détache parfois le spectateur de l’histoire.
L’intérêt principal est évidemment dans la confrontation psychologique Marielle/Bisson ou le flic cherche à pousser le truand dans ses derniers retranchements (" tu vois bien que t’es con ! ") tandis que l’autre contient plus ou moins facilement sa nature ultra-violente. L’aspect politique ( une circulaire probablement issue d’un gouvernement droitier donne des pouvoirs démesurés à la police, un ministre tente d’étouffer l’affaire sur laquelle Marielle enquête ) m’a moins intéressé du fait de son intégration un peu loupée au récit. La fin offre par contre un retournement de situation auquel je ne m’attendais pas du tout et qui m’a laissé à la fois heureux et insatisfait. Plutôt que de me demander si cet effet résistera à une seconde vision, je préfère me fier à mon ressenti initial qui m’a conduit à apprécier cette sécheresse et cette brutalité de la conclusion, même si je pense qu’elle aurait pu être mieux amenée encore une fois ( peut-être est-ce le cas dans le livre de l’excellent auteur anglais Robin Cook, que je possède mais n’ai pas lu à l’heure ou j’écris ). Belle mise en scène lente et resserrée de Heynemann, dont on peut estimer qu’à l’instar de Niermans sa " retraite " fut une perte notable pour le polar français.
Beau polar, quoi.









Le beau Serge ( Claude Chabrol, 1958 )

François ( Jean-Claude Brialy ) , malade de la tuberculose, retourne dans son village natal pour des raisons médicales. Il y retrouve Serge ( Gérard Blain ), un ami d’enfance qui a sombré dans l’alcoolisme depuis que son bébé est mort-né. Yvonne, la femme de Serge, attend un deuxième enfant dans l’indifférence générale.
Le beau Serge est un des films les plus importants de l’histoire du cinéma français puisqu’un an avant A bout de souffle, les 400 coups ou Hiroshima mon amour, il constitue le premier film de la Nouvelle Vague, réalisé grâce à un héritage de la femme de Chabrol et qui contient toutes les caractéristiques du mouvement : liberté de ton, jeunes acteurs " débutants ", tournage en décors naturels ( dans le village ou Chabrol avait grandi, d’où un aspect très autobiographique de l’œuvre puisque le cinéaste avait également perdu un enfant ), budget réduit… Pour autant, n’a-t-on pas affaire à une œuvre valant plus pour la rupture historique qu’elle amenait que pour ses qualités propres ?
A mes yeux : NON, non et non. Le Beau Serge a extrêmement bien vieilli et n’a pas grand-chose à envier aux classiques plus connus qui lui succèderont. La justesse de la description du village ( rempli d’alcooliques, de pères incestueux, de religieux déphasés et de gamines qui ont trop vite grandi ) sonne toujours juste et si Brialy est bon, c’est Gérard Blain qui transcende son rôle de raté pathétique incapable de surmonter sa souffrance. Cette histoire de chute et de rachat évite le pompeux ou le grandiloquent pour offrir un sentiment en demi-teinte, avec une fin ambiguë ou les personnages sont partagés entre espoir et fatigue ; les dernières séquences sous la neige sont d’ailleurs absolument sublimes. Je trouve que Chabrol a réussi quelque chose d’apparemment facile mais qui ne l’est pas du tout à mon sens : trouver le ton juste, arriver à raconter quelque chose de fondamentalement déprimant sans céder à la noirceur complaisante, sans accabler ses personnages. Et en dépit de quelques maladresses de jeunesse ( dans l’emploi de la musique par exemple ), il s’impose du peu que je connais de son œuvre comme mon Chabrol préféré après Que la bête meure, largement du niveau d’un classique comme Le Boucher.









Boris, bon ben je suis revenu quoi.

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