Chapitre 2 : Du côté de Corellia
Bien loin des évènements de la Yavimaya, sur la côte corellienne, le soleil se couchait, et la fête battait son plein. Bellad, humble technicien de Corellia, s'était marié le jour même, et le vin et les rires coulaient à flot sur la plage à quelques pas des murailles depuis le début de l'après-midi. Nombreux étaient ceux qui appréciaient Bellad, sa bonhommie et ses inventions. Plus nombreux encore étaient ceux qui appréciaient Symel, sa femme, sa gentillesse et son décolletée, mais la foule qui s'était rassemblée pour l'occasion était si heureuse d'un tel évènements (et d'une telle débauche de mets et de boisons) qu'elle en avait oublié les deux amants. C'est d'ailleurs ce qui leur avait permis de s'eclipser un peu plus loin sur la plage, derrière quelques rochers, et de prendre de l'avance sur leur nuit de noce avec toute la fougue des jeunes mariés, ce qui eut don de faire rougir le soleil, et, sembla-t-il, de le faire se coucher plus vite. Enlacés sur le sable gris, avec pour seule musique l'écho lointain des chants de leurs invités et le bruissement des vagues, ils regardaient l'horizon.
"Et voilà, c'est fait, sourit Symel.
_ Tu n'avais jamais... commenca Bellad.
_ Je parlais du mariage, espèce de nid à hormones... Ca y est, nous voilà mariés... Nous n'avons plus rien à penser, si ce n'est à notre bonheur.
_ Toi, les vagues et le ciel... Promet moi que ce n'est pas un rêve.
_ Promis..."
Un grondement sourd bien plus loin à l'est vint perturber le calme idyllique de leur coin de plage, suivi par quelques éclairs noirs et blancs et des taches lumineuses rougeoyantes qui clignotèrent dans le ciel. Symel soupira tristement :
"Ils n'arrêteront donc jamais... L'enfer parait si proche d'un paradis comme le nôtre.
_ Il faudra bien qu'ils arrêtent un jour, la rassura Bellad, le jour où ils comprendront que cette guerre n'avait même pas lieu d'être."
Il la serra un peu plus fort dans ses bras. Il ferma les yeux et tenta de chasser de son esprit les images qu'il se faisait de ce conflit inutile, lorsqu'un craquement retentissant le sortit de sa somnolence. Même les yeux fermés, il fut ébloui par une lumière aveuglante, qui provenait du lieu des combats. La lumière baissa, et il rouvrit les yeux. Là-bas, à l'est, au-dessus de l'eau, quelque chose s'était formé dans le ciel. Une tache mouvante, ou plutôt une toile vivante. C'était comme si une main divine avait déchiré le ciel, et laissé apparaître ce qu'il y avait derrière. Bellad et sa compagne ne distinguaient pas les détails de ce que ce trou avait révélé, mais une chose était sûre : il y avait de la vie là-bas...
Lorsque la brèche s'ouvrit,Fielok était sur le point de se faire blesser par un vulgaire fantassin. Lui, le héros de guerre, le Chef des armées dauthis, prêt à périr sous les coups d'un jeune soldat à peine pubère. Qu'importe, si le destin en avait voulu ainsi, cela se serait passé. Seulement le destin en voulu autrement. Un bruit assourdissant, comme si un arbre gigantesque s'abattait sur eux, stoppa tous les soldats net dans leur action. Une lumière étincelante jaillit du ciel et les aveugla, et Fielok en profita pour achever son adversaire d'une dague en plein coeur. Puis les combats cessèrent, et tous les regards se tournèrent vers ce qui semblait être un trou dans le ciel. Là-bas, de l'autre côté, il y avait un monde gris et bruyant, peuplé de machines infernales et d'humains ternes, où la magie semblait absente. Une femme, qui se tenait sur une colline, hurla à s'en décoller les poumons à la vue de Dominaria et du spectacle aussi étrange que perturbant qui se déroulait devant elle : Deux armées immobiles n'ayant rien d'humain ou presque, debout sur une plaine jonchée de cadavres, et la regardant fixement, les yeux injectés de sang (ou bien tout simplement maculés de celui de ses ennemis). Elle s'enfuit sans demander son reste, laissant les dauthis et les soltaris dubitatifs face à cet évènement. C'était un portail entre deux plans, un trou dans l'Entremonde, et aucun ne doutait que leur guerre en était en partie leur cause.
Fielok brisa le silence. Il aimait ça, briser. C'aurait pu être pour crier à ses soldats de retourner à l'attaque, mais il dit seulement d'une voix calme :
"Nos portails, l'énergie que nous dégageons, l'essence même de nos cellules a fragilisé l'espace. La brèche s'est ouverte. Comme dans les prophéties. Qui sait ce qu'il y a derrière. Il nous faut une trêve. "
Shaghnar, qui jusque là s'était plus préoccupé de soigner un blessé que de contempler la brèche, s'avanca vers son frère.
"Une trêve ? Es-tu prêt à respecter une trêve ? demanda-t-il
_ Autant que je suis prêt à y mettre fin, lacha Fielok pour toute réponse."
Shaghnar éleva la voix, pour que tous les survivants l'entendent.
"Que chacun rentre chez soi, et s'occupe de ses blessés ! Il n'y aura pas un mort de plus aujourd'hui..."
Puis se tournant vers son frère :
"Il nous faudra recommencer demain ?
_ Oui. Il nous faudra recommencer..."
La nouvelle de ce que les scientifiques appelèrent immédiatemment un "passage spatiotemporel" à quelques kilomètres seulement de Paris se répandit comme une traînée de poudre dans la capitale. Des réactions de terreur, d'incompréhension, ou de mépris naissaient un peu partout et se propageaient, si bien qu'à la fin de la journée, bien que le reste de la France ne soupçonne pas encore l'existence de cette "brèche", toute la ville avait son avis sur la question. Untel était excité à l'idée de rencontrer "les gens d'une autre dimension", tel autre ne pouvait se faire à l'idée que son esprit cartésien devrait dorénavant croire au fantastique tel que le décrivaient livres ou films... Le gouvernement, fier de sa prestance, et soucieux de régurgiter les leçons des puissances plus grandes, tint conseil dans l'heure qui suivit la découverte du phénomène, et discuta longuement de la marche à suivre. Bien entendu, l'armée pris la parole bien avant qu'on confirme qu'elle avait son mot à dire, et argua qu'il fallait être prudent, et ne pas risquer une attaque de ce qui "nous était inconnu". Quoiqu'il en soit, à l'annonce même de cette nouvelle, et sans attendre le Conseil, les dirigeants de l'armée avait en secret préparé des ogives à être larguées dans cette ouverture si le risque se révélait élevé...
Promis demain la suite avec beaucoup moins de texte et beaucoup plus d'images, mais là jsuis crevé
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[ Edité par Corvis Le 06 mai 2005 ]