Le destin est en marche
La terre se mit à trembler sur la plaine du Töhn. La famille de lézards qui se faisait dorer au soleil depuis plusieurs heures sentirent d'abord quelques légères secousses dont ils ne firent que peu de cas. Pourtant, l'aigle qui les survolait depuis de longues minutes sans fondre sur eux aurait du leur mettre la puce à l'oreille. Quand il s'éloigna vers l'Est, les sauriens se dirent que quelque chose ne tournait pas rond et se relevèrent. Le sol oscillait de plus en plus fort, comme si un troupeau quelconque était sur le point de les percuter. Pourtant, aucun animal assez corpulent pour créer de telles secousses n'était à signaler. L'eau du ruisseau voisin clapotait en rythme, des cailloux sautaient dans l'herbe sèche. Lorsque le grondement s'approcha, les lézards coururent se réfugier dans leur terrier, sans attendre de savoir quelle était la cause de ce raffut.
Le bruit cessa tout à coup. La terre s'arrêta de trembler et le sol de rugir. Le calme revint. Un des lézards sortit prudemment la tête de son trou. Et le sol se fendit en deux dans un fracas assourdissant, traversant le ruisseau de part en part. La terre s'écarta bruyamment, déversant des litres de lave incandescente dans l'eau qui bouillonna furieusement. Des cendres volèrent jusqu'au terrier des lézards qui n'avaient pas demander leur reste. L'orifice béant crachota quelques flammes, et Zorat emergea glorieusement, suivi de Stroehk, sa générale, et de toute son armée. Des centaines de shälämäks sortirent des flots de lave comme s'ils montaient un escalier, leur marche rythmée par le son des tambours de guerre.
Des hommes en armure fouettaient les esclaves qui tiraient de lourdes cages pleines de vermines immondes à la bouche ensanglantée. Plusieurs guivres transpercèrent le sol, chevauchées par de courageux shälämäks. Sans cesser de marcher, Zorat s'adressa à sa générale.
"Où se trouve cette ville, Stroehk ? lui demanda-t-il
_ Sur la côte Est, monseigneur, répondit-elle, derrière Otennin et Larsäk. Nous y serons dans quelques jours.
_ Une ville cotière à brûler, une mer à faire bouillir, un peuple couard à exterminer, une brèche à élargir, un monde à envahir, et un autre à faire détruire... Nous coulons des jours heureux, Stroehk...
_ Je n'ai pas l'intention de paraître obtue, mais pourquoi sommes-nous certain que cette divinité n'est pas à craindre ?
_ Parce que nous ne craignons personne. Le fait est qu'elle semble plus puissante que nous, lors des grands conflits, mieux vaut toujours être du côté des plus puissants.
_ Est-elle réellement si puissante que ça ?
_ Elle le sera lorsque nous aurons accomplit notre mission. Sa force est amoindrie là où elle est. Elle peut encore créer, mais pas encore détruire. Elle peut seulement ébrécher la carapace de l'entremonde, à nous d'élargir la faille. Lorsque nous aurons traversé la brèche, la puissance dégagée diffusera l'aether, et tous ces mondes ne feront plus qu'un. Et elle, sera toute puissante à nouveau, et nous serons son bras...
_ Nous avons été... choisis en quelque sorte. Pour quelle raison ?
_ Ils faut se rendre à l'évidence Stroehk. Nous sommes des Dieux..."
À nouveau la marche martiale de l'armée shälämäk ne fut plus perturbée que par les grognements des vermines. Bientôt ils approcheraient d'Otennin. Bientôt ils retourneraient sous terre. Bientôt ils pourraient attaquer par surprise...
Et voilou
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Suffit de cliquer...
[ Edité par Corvis Le 05 jun 2005 ]