Crutch Hors Ligne Membre Inactif depuis le 31/05/2021 Grade : [Nomade] Inscrit le 19/03/2014 670 Messages/ 0 Contributions/ 0 Pts | Envoyé par Crutch le Mardi 04 Avril 2017 à 01:02
Bilan du mois de mars, et ça va être long. J'ai vu 45 films, plus 4 revus et un court-métrage. Et presque trois saisons de séries.
Dans le tas, il y a plus de la moitié de film asiatiques (beaucoup de Hong-Kong et un peu de Japon), des Truffaut, un Kubrick , un Bresson et un Tarkovski (l’élitisme est total) et 5 films vus en salles.
Cinéastes découverts :
Corey Yuen (Justice sans sommation, 1990) : Mon premier girls with guns et c'est pas mal du tout : l'action est bien gérée (que ce soit les fusillades ou les combats à main nues), et le script, sans être transcendant, n'est pas aussi racoleur que ce que j'imaginais (le passage ou les policières doivent infiltrer un bar à hôtesses fait vite place à une fusillade, sans scènes trop embarrassantes)
Herman Yau (Taxi Hunter, 1993) Un film qui vaut surtout pour la performance de l'immense Anthony Wong en agent d’assurances devenant tueur de chauffeurs de taxi. Le scénario hélas aurait du être meilleur, on a l'impression que le film n'exploite pas tout le potentiel de son idée, et se perd sporadiquement en court de route, toutes les scènes comiques n'impliquant pas Anthony Wong étant clairement de trop.
Alfred Cheung (On the Run, 1988) Vu en vosta avec une audio doublée en russe. C'est des fois difficile d'aimer les polars Hong-kongais, d'autant que celui ci est excellent. Contrairement à Taxi Hunter, le scénario exploite tout le potentiel de la rencontre improbable entre un flic et la tueuse à gages qui a tuée son ex-femme. D'une grande noirceur, d'autant qu'il s'inscrit dans un contexte réaliste, il est aussi directement politique (la police est corrompue car leur salaires ne leurs permettraient pas d’échapper à la rétrocession de Hong-Kong), et s'impose comme un des films les plus jusqu’au-boutistes du genre.
Clarence Fok (The H.K. Triad, 1999) Fresque mafieuse sur l’ascension de deux amis, l'un gangster, l'autre policier, dans les années 60. Le film a autant de défauts que de qualités : tout d'abord, Lau Ching-wan est absolument incroyable, capable de donner une intensité monstre même à des saynètes discutables, et Françis Ng est très bon dans la première partie (la meilleure du film). La reconstitution du Hong-Kong des années 60, que ce soit par les décors ou la bande son, est très intéressante, les scènes de violence sont bien graphiques comme on l'aime, hélas, le film s'enlise avec des intrigues amoureuses mal écrites (Wong Jing au scénario n'est jamais une bonne garantie pour les personnages féminins) et un retour à la glamourisation des gangsters qui passe mal après un début plus réaliste. La structure en flash-back, assez atypique à Hong-Kong, n'a de plus pas d’intérêt particulier.
Andreï Zviaguintsev (Le Retour, 2003) Film russe sur deux enfants, pris de court par le retour de leur père, parti alors qu'ils étaient bébés, qui les emmène en voyage sans plus d'explications. Malgré des références à Tarkovski un peu envahissantes, le film est très prenant, bien joué et même si j'ai quelques réserves sur des points de scénario (la construction du film est un peu sur-signifiante), c'est un premier film tout à fait recommandable, entre road movie et récit initiatique.
Shane Carruth (Primer, 2004) Budget de 7000 $, littéralement tourné dans le garage de son producteur/réalisateur/monteur/scénariste/chef op/compositeur/acteur principal, c'est bien évidement un film de science fiction sur le voyage dans le temps. Shane Carruth est aussi un ingénieur diplômé en mathématiques, et son postulat pour le voyage dans le temps ravira les fans du sujet (NewMilenium je te regarde). Résultat : l'intrigue devient absolument incompréhensible tellement les boucles temporelles sont complexes, et se regarde sur la fin comme un espèce d’œuvre expérimentale ou tout fait du sens mais le spectateur à juste été largué en route.
John Flynn (Légitime Violence/Rolling Thunder, 1977) Une sorte de Taxi Driver/Rambo 1 au Texas où un vétéran du Vietnam devenu insensible est mutilé et se venge dans la violence. La conviction des acteurs (Tommy Lee Jones et Linda Haynes campent des seconds rôles très intéressants) élèvent le script déjà plus audacieux que le tout venant des films tendance autodéfense, et John Flynn se relève aussi bon réalisateur d'ambiance que d'action. Très beau coffret dvd Wild Side riche en bonus.
Patrick Leung (Beyond Hypothermia, 1996) Réalisé par un ancien assistant réalisateur de John Woo , ce polar HK, centré sur une tueuse et sa rencontre progressive, entre ses contrats, avec un petit restaurateur joué par ce dieu vivant qu'est Lau Ching-wan, n'est pas le plus convainquant au niveau de l'action (sans être honteux non plus et même si la scène finale marque des points pour l'usage des voitures ), mais la beauté de la romance fait vraiment tout le sel du film.
Jean-Paul Rappeneau (Les Mariés de l'an II, 1971) Film historique ébouriffant d’énergie, de gouaille, de richesse de situations, où Jean-Peul Belmondo au sommet de sa classe traverse la Révolution française pour retrouver sa femme... dans le but de divorcer. Complots royalistes, révolutionnaires allumés, nobles fin de race, Belmondo qui balance punchs et punchlines à toute vitesse, un immense plaisir pour un grand film français.
Rodney Ascher (Room 237, 2012) Documentaire ou des fans obsessionnels de Shining exposent leurs théories sur les sens profonds et cachés du film. Intéressant pour son coté méta (comment un film ou un personnage est possédé finit par quasiment posséder de vraies personnes).
Aki Kaurismäki (L'autre coté de l'espoir, 2017) Un migrant syrien arrive illégalement en Finlande et demande l'asile. Parallèlement, un vendeur de vêtements claque tout et décide d'ouvrir un restaurant . Film social, mais surtout histoires individuelles (ce n'est pas un film a message) d'une grande dignité, saupoudrées d'humour pince sans rire et de passages musicaux (souvent venant de chanteurs de bars). Y a un rythme assez singulier qui se dégage du film, qui m'a fait à la fois sortir du film et beaucoup l'apprécier, ce qui est assez étrange.
Mark Robson (La Septième Victime, 1943) Film marqué par l'influence de son producteur, Val Lewton, le maître du film de genre fauché, c'est un drame psychologique extrêmement marquant par son minimalisme, sa densité malgré sa durée de 71 minutes, et dont l'audace esthétique comme thématique ne peut s'expliquer que par une absence de budget qui a forcé la créativité tout en éloignant les censeurs. Cette histoire d'une jeune fille innocente recherchant sa grande sœur disparue dans un New York menaçant est replie de scènes soit très audacieuses (la scène du couloir sombre dans lequel un personnage s'engouffre est directement reprise dans Lost Highway de David Lynch), soit d'une grande richesse psychologique. Les relations entre les personnages, bien qu'a peine esquissées, fonctionnent tout de suite, et le traitement des antagonistes est très surprenant. Une pépite défendue à raison par Boris.
Andrzej Zulawski (La 3eme partie de la nuit, 1972) Premier film de Zulawski, celui qu'on surnomma « le polonais fou » fait déjà honneur à sa réputation dans cette histoire ou la Seconde guerre mondiale sert de décor à l'effondrement psychologique du personnage principal, perdu suite à la mort de sa famille dans une boucle cauchemardesque où les situations le renvoient à nouveau à sa vie perdue. La caméra portée liée à des éclairages blafards rendent la mise en scène fiévreuse et agressive tout en gardant un coté irréel, le détail historique véridique de polonais payés pour nourrir des poux pour créer un vaccin contre le typhus permet des gros plans bien dégueulasses sur des bestioles gorgées de sang et donne une dimension ultra-organique qui contraste avec le coté mental du scénario. C'est brutal et malaiseant, y a une scène d’accouchement qui à vraiment l'air d’être faite sans truquage, le symbolisme est parfois un peu lourdingue et surappuyée mais dans l'ensemble, le polak, ça claque.
Serge Gainsbourg (Je t'aime moi non plus, 1976) Curieusement, le film est très bon. Pourtant c’était mal parti : premier film de Gainsbourg, sujet... étrange (une jeune fille (Jane Birkin qui ressemble à étrangement à Faye Wong dans Chungking Express) qui s'ennuie à tenir un bar miteux dans la cambrousse tombe amoureuse d'un éboueur homosexuel), cameo de Gerard Depardieu en paysan zoophile, un instrumental de Je t'aime moi non plus en boucle à la bande son, l'ambiance est installée. Et pourtant, le film trouve un rythme entre Wong Kar-wai (qu'il anticipe clairement) et Brian DePalma (travellings circulaires, vulgarité assumée) et devient très vite fascinant par son mélange d’étrangeté et de premier degré constant. La frontière avec le nanar sera peut être franchie pour certains, mais c'est dans tout les cas une curiosité à redécouvrir (il se trouve en streaming assez facilement)
Co-réalisations :
Noah Baumbach et Jake Paltrow (DePalma, 2015)
Ching Siu-tung et Tsui Hark (Swordsman II, 1992)
Johnnie To, Andrew Kam et Tsui Hark (The Big Heat, 1988)
Lau Chan et Chin-Ku Lu (Angel Terminators 2, 1991)
Marco Mak et Wong Jing (Colour of the Truth, 2003)
John Woo et Wu Ma (Just Heroes, 1989)
J'avais déjà vu un de leurs films :
Tsui Hark : (Histoires de cannibales, 1980, Il était une fois en Chine 2, 1992, Il était une fois en Chine 3, 1993 )
Jeff Nichols (Loving, 2016)
Richard C. Sarafian (Le convoi sauvage, 1971)
Johnnie To (A Hero Never Dies, 1998, Vengeance, 2009)
Too Many Ways to be N°1 (War Ka-fai, 1997) Film de gangsters sous influence Tarentiniene, mais en bien plus agressif et démentiel visuellement, centré sur Lau Ching-Wan (exceptionnel comme d'habitude), un petit truand pas bien malin entraîné dans un imbroglio criminel devenant de plus en plus non-sensique et narrativement éclaté, ou absolument tout peut et va arriver. Un film fou du début à sa/ses fin(s), hélas peu visible (il me semble qu'il n'y a qu'une vosta, disponible aux amateurs via MP), mais incroyablement réjouissant.
Seijun Suzuki (La vie d'un tatoué, 1965)
Samuel Fuller (Le port de la drogue/ Pickup on South Street, 1953, Les bas-fonds new-yorkais/Underworld U.S.A., 1961)
Joseph von Sternberg (L’impératrice rouge, 1932)
John Milius (L'Aube Rouge, 1984)
James Mangold (Logan, 2017)
Kelly Reichardt (Certaines Femmes, 2016)
François Truffaut (Fahrenheit 451, 1966, La Mariée était en noir, 1968)
Robert Bresson (Le diable probablement, 1977)
Stanley Kubrick (Shining, 1980)
Hideo Gosha (Femmes de Yakusas, 1986)
James Gray (The Lost City of Z, 2017) Film d'aventure à la fois ambitieux et intimiste, à la photographie magnifique et présentant un personnage comme souvent chez Gray tiraillé entre famille et obsessions, dans un portrait complexe et nuancé. Le montage est subtil par sa manière de nous faire voyager entre les lieux et les époques (le film s’étend sur 20 ans). James Gray réussit son pari risqué en transférant son cinéma très urbain dans la foret amazonienne ou la campagne anglaise, et livre une magnifique fresque qui s'ajoute sans souci au corpus intimidant des films de jungle. Allez le voir tant qu'il est encore en salles, l’accueil européen déterminera sans doute l'ampleur de la sortie US., et ce serait con que James Gray continue à n’être apprécié que des cinéphiles, alors que son style très classique n'est pas du tout complexe à apprécier.
Andreï Tarkoski (Nostalghia, 1983)
Miguel Gomès (Tabou, 2012)
Nagisa Oshima (Tabou, 1999)
King Hu (Pirates et Guerriers/The Valiant Ones, 1975)
Court-métrage: Les choses rouges d'Arnaud Des Pallières (1994)
Pas de top ce mois ci, trop de films pour en sélectionner que 10.
Si vous avez envie d'un avis supplémentaire sur un film, manifestez vous.
Revisionages : Swordsman II, Expect the Unexpected (Yau/To), L'enfer des armes (Hark), Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (Carpenter)
Series :
Légion de Noaw Hawley (saison 1). L’épisode 1 est très bien. Fatale erreur, parce que les 7 autres ne font que descendre en chute libre en terme de promesses déçues et d'idées mal exploitées. Pour la saison 2 ce sera sans moi les gars.
Rome de John Milius, Bruno Heller et William J. MacDonald
___________________
|