Topic Cinéma

Merci Crutch, ça a l'air cool

Bilan du mois de novembre, en demi teinte. J'aurais pu voir BEAUCOUP plus de films, mais les DLC de Fallout New Vegas (Fallout 4? Connais pas.) m'ont mis une corde a linge des familles niveau temps libre. Cela dit, de très belles découvertes dans ces 19 films, avec des petites descriptions en plus.

Cinéastes découverts:
Hou Hsiao-Hsien (Millennium Manbo): Magnifique, hypnotisant, la fin avec une affiche de La cité de la violence dans un cinéma d'Hokkaido en mode "les vrais savent" >>>>>>>
Wong Kar-Wai (As Tears Go By, Chunking Express): Coup de coeur absolu pour le premier,  remake déguisé de Mean Streets avec une musique au sythé dégueulasse donc j'adore et pour le second, qui m'a mis California Dreamin' dans la tête pendant 2 semaines.et qui me fait encore plus aimer Time and Tide maintenant que je vois ce qu'il parodie.
Peter Watkins (Punishment Park): Film précurseur a la forme télévisuelle parfaite mais vraiment trop gauchisant (la citation d'Hitler a la fin, c'est un peu les gros sabots). Battle Royale est plus subtil. (un comble!)
Laurent Larivière (Je suis un soldat): J’espérais un Nichols ou un Granik à la frontière belge, mais malgré deux trois tentatives, le récit ne décolle jamais vraiment du terrain social. Déception.
Raphaël Descraques (Les Dissociés): Moins pire que ce que j'attendais.
Chang Cheh (La légende du lac/The Water Margin):Génial (mais faut avoir lu Au bord de l'eau avant)
Virgil Vernier (Pandore): Un moyen métrage de 35 min sur l’entrée d'une boite de nuit. Intéressant, suffisamment cours pour éviter l'ennui et avec des répliques style "Moi je t'envoie plus de respect que tu m'en envoie coco là" C'est gratos ici: http://vimeo.com/139644588

Hors catégorie:
Patrick Yau mais en fait c'est Johnnie To, on sait pas (The Longest Nite): polar HK tendu comme un string avec une musique pas du tout plagiée sur Midnight Express (mais qui rend incroyablement bien) et des scènes d'anthologie (le gunfight final part très très loin)

J'avais déjà vu un de leurs films:

Martin Scorsese (La dernière tentation du Christ): Un film avec Harvey Keitel et un cameo de David Bowie n'est pas un mauvais film (et Victor Argo en Pierre qui flippe pendant tout le film= <3). Sinon, c'est trop long, mais y a des scènes marquantes.
Kenji Misumi (Les derniers samouraïs) Dernier film de Misumi, une fresque historique moins barbare que les grands moments de sa filmographie style Baby Cart ou Tuer, mais plus apaisée, avec une morale peu souvent vue dans le chambara. Très beau film.
Sam Mendes ( 007 Spectre) Ça rage beaucoup dessus, et il a de très gros défauts, mais j'ai bien aimé pendant que j’étais dans la salle.
Tony Scott (Ennemi d'Etat, Domino) Le premier: très bonne réactualisation du thriller paranoïaque, qui gagne en flamboyance ce qu'il perd en mystère. Le deuxième:la fin est une des plus anticlimactique que j'ai jamais vu: le gunfight vers lequel on se dirige pendant 30 bonnes minutes est tout simplement nul a chier. Cela dit, le  passage ou Christopher Walken organise une téléréalité autours de chasseurs de primes et d'ex-acteurs de Beverly Hills 90210 m'a vendu du rêve en barres. Très très inégal.
Sergio Sollima (La cité de la violence): Sortez un dvd putain de merde, c'est un super polar avec Charles Bronson en dernier des indépendants vs le vil système comme on l'aime 
Takeshi Kitano (Jugatsu, Sonatine): Le premier: bien. Le deuxième:Très très très bien.
Paul Verhoeven (Black Book): M'a moins touché que j'aurais cru, 2-3 semaines plus tard je me sens étranger au film, je lui vois pas de défauts, mais juste que j'ai l'impression d'être passé a coté. J'y reviendrais un jour.
John Ford (La prisonnière du désert): Une merveille. A influencé à un moment ou un autre un bon milliard de réalisateurs et ça se voit. Et en plus j'aime bien.

Top 10 sans classement:
Millennium Mambo
As Tears Go By
Chungking Express
La légende du lac
Les derniers Samouraïs
Sonatine
The Longest Nite
La cité de la violence
Ennemi d'Etat
La prisonnière du désert
(Putain 7 asiats dans le top j'avais tenté d'emprunter des films plus diversifiés mais j'en ai pas vu la moitié)

Revisionages:The Killer de John Woo en version courte.Mon frère, inconditionnel du Syndicat du Crime 1 et 2, l'a revu avec moi et l'a réévalué après le visionnage, donc c'est qu'elle doit être mieux.

Puis Chungking Express je l'ai vu deux fois.
Séries: episode 1 de The Shield saison 1 (j'avais vraiment pas le temps de voir la suite.)

Comme d'hab, réactions, demandes, tout ça.

Millenium Mambo est une tuerie ! Impossible que je manque la séance à la cinémathèque le 13 décembre.
Et je crois que j'ai presque rien vu du reste, sauf Spectre, mais je ferai mon retour quand je ferai ma liste, donc avant la fin de la semaine probablement.

Pour Millenium Mambo, est-ce que ça vous parait un film abordable aux cinéphiles du dimanche?

Sans vouloir passer pour Durendal, j'ai beaucoup de mal avec le cinéma contemplatif asiatique et les longs plans-séquences colorés bourrés d'une symbolique qui m'échappe et durant lesquels il ne se passe finalement pas grand chose.

Typiquement Only God Forgives me sort par les yeux (Oui je sais, c'est pas asiatique, mais ça illustre bien mon histoire de plan séquence symbolique monocolore).

Alors oui, Millénium Mambo c'est quasiment que du plan séquence coloré au néon (doit y avoir moins de cent plans dans le film) et pour le fait qu'il ne se passe pas grand chose, yep. Mais y a pas de symbolisme lourdingue (j'ai pas vu Only God Forgives), c'est plus tranche de vie, et avec une voix off qui vient du futur très étrange, c'est léger et mélancolique, pas high concept pour un sou. Et la BO full techno/house/ambiante est remarquablement bien employée, ça met du rythme ( quand tu vois Jugatsu de Kitano ou y a juste pas de musique, c'est direct plus difficile)
Je te conseille quand même d'essayer, au pire si t'aime pas t'arrête et tu retente quelques années plus tard, faut pas se forcer.

Le 02/12/2015 à 10:57, brutal2luks avait écrit ...
Pour Millenium Mambo, est-ce que ça vous parait un film abordable aux cinéphiles du dimanche?

Sans vouloir passer pour Durendal, j'ai beaucoup de mal avec le cinéma contemplatif asiatique et les longs plans-séquences colorés bourrés d'une symbolique qui m'échappe et durant lesquels il ne se passe finalement pas grand chose.

Typiquement Only God Forgives me sort par les yeux (Oui je sais, c'est pas asiatique, mais ça illustre bien mon histoire de plan séquence symbolique monocolore).

Je déteste Only God Forgives et j'aime énormément Millenium Mambo mais c'est vraiment pas le film que je conseillerai pour quelqu'un qui a du mal avec la lenteur. Selon moi passe ton chemin, au pire essaye Wong Kar-wai avant ça me semble plus facile d'accès.

Boris.

Merci pour vos réponses avisées et les suggestions qui vont avec. J'pense que je vais quand même me le procurer et me le garder sous le coude pour un dimanche de gueule de bois. 

A mon tour de partager ma liste de novembre.

Les nouveaux arrivants :
Shaun Monson (Earthlings) (un film de référence dans la communauté Vegan, fait pour choquer, pas grand intérêt au finale. On se demande ce que Joaquin Pheonix est venu foutre là-dedans)
Caroline Champetier (Berthe Morisot) (téléfilm sympathique mais sans plus, sur la vie de la femme du fameux portrait de Manet)
Yorgos Lanthimos (The Lobster) (Mi-figue mi-raisin, la première partie est prometteuse, on aurait pu entrer dans un univers bien loufoque, la seconde partie est lourdingue malgré quelques idées agréables comme la Rave sans musique dans la forêt parce que tout le monde a ses écouteurs)
Kang Yi-kwan (Délinquance Juvénile) (pas mal du tout, j'ai bien aimé les personnages et leurs interactions)
Busbey Berkeley (Je suis un criminel) (j'ai de plus en plus de mal avec le cinéma dit "classique", je trouve ça hyper démonstratif à chaque fois. L'histoire d'un boxeur qui veut se ranger et qui part incognito à la campagne.)
Hirokazu Kore-Eda (Notre petite soeur) (j'ai beaucoup aimé, mais tout le monde m'a dit que ça ne valait pas ses films précédents. J'ai hâte de les voir !)
Benoit Philippon, Alexandre Heboyan (Mune, Le Gardien de la Nuit) (C'est pas terrible, avec de bonnes idées visuelles et de bonnes idées tout courts. Le scénario et les personnages sont plats et les meilleurs passages sont ceux en Dessin Animé (donc 2D))
Julie Delpy (Lolo) (Me demandez pas pourquoi je suis aller voir ça ... C'est affligeant de nullité. Et dire que cette réal veut faire un western.)
Joao Pedro Rodrigues (O Fantasma) (Excellent, j'ai été assez subjugué par la qualité du film, alors que je m'attendais à quelque chose de moyen, voire pas terrible. Le personnage a vraiment quelque chose d'intéressant (en gros il recherche l'orgasme absolu)).
Im Sang Soo (The Housemaid) (J'ai bien accroché, même si j'ai trouvé certains trucs un peu gros (le truc de la mère méchante, berk))
Serge Bard (Détruisez-vous) (Alors c'est comme La Chinoise de Godard, mais en plus chiant.)
Oliver Stone Spike Lee  [merci Boris](Malcolm X) (Grosse claque pour le coup. 3h et quelques de films qui passent hyper bien, ça m'a même semblé trop court. En même c'est un sujet qui m'intéresse particulièrement)
Artavazd Pelechian (Notre siècle) (Beau travail esthétique, hypnotique. Vertigineux. Faut quand même s'accrocher tenir toute l'heure. Il y avait des gamins d'à peine 10 ans dans la salle, c'était rigolo)
Laurent Achard (Dernière Séance) (Alors oui pourquoi pas, dommage que ça ne soit qu'une "film hommage" au cinéma parce que je pense qu'il y avait du potentiel dans cette histoire de serial killer projectionniste.)
Solomon Nagler (Gravity and Grace) (Dur dur, film quasiment muet, difficile à suivre. Pas mal de belles scènes, mais n'est pas Tarkovski qui veut. Bel effort cependant)
Rob Zombie (Halloween 2) (Berk berk berk. Le pire film du mois sans conteste, et pourtant j'ai vu des trucs pas terribles)
Doug Liman (Edge Of Tomorrow) (Bon blockbuster quand même. Bon univers, bons personnages, une narration efficace avec un brin d'humour qui fonctionne. Dommage pour le passage obligé du combat final qui ne reflète pas l'intérêt du film. Et pour le coup, une fin assez honorable pour un blockbuster)

Les habitués :
Fritz Lang (Le Tigre du Bengale, le Tombeau Hindou) (Grande fresque indienne, assez réputée. J'ai trouvé ça assez moyen dans l'ensemble, et pourtant je suis le premier à encenser le "genie" de Fritz Lang.)
Maiwenn (Mon roi) (Horrible. Belle direction d'acteurs, et encore pas tout le temps. Mais c'est un film qui donne la gerbe. Quand on commence par "vous avez un problème au "je-nous"", ça présage du pire).
Sam Mendes (Spectre) (Clairement en dessous de ce à quoi Sam nous avait habitué. Je ne suis pas fan de la saga de James Bond, mais j'ai trouvé que même lui ne croyait pas à ce qu'il faisait, et pourtant 300 millions de budget c'est pas mal)
Abel Ferrara (Bad Lieutnant) (Magnifique. Meilleur film du mois. C'est comme Taxi Driver mais en mieux)
Hou Hsiao-Hsien (Le voyage du ballon rouge) (le réalisateur de Millenium Mambo justement. J'aime beaucoup comment il traite ses histoires et ses personnages.Moins fort que Millenium, mais pour un film de commande c'est pas de la merde.)
Tadayoshi Yamamuro (Dragon Ball : la résurection de "F") (Oui je le liste ici parce que ça dure 1h30 quand même ce truc. On est pas loin du navet. De toute façon tant qu'un film DBZ ne mettra pas en valeur Gohan adulte, ils seront tous mauvais)
Alejandro Jodorowky (El Topo ; Sanat Sangre) (J'ai largement préféré Santa Sangre. El topo malgré son côté culte m'a vite perdu, et j'ai toruvé l'enjeu beaucoup moins intéressant)
Alexandr Sokourov (Francofonia) (Un de mes réalisateurs actuels préférés, je trouve ça très bien, comme à chaque fois. Moins impressionnant que L'arche Russe. Toujours bon de voir des films qui ont des choses à dire et à montrer)
Francis Lawrence (Hunger Games  : l'embrasement ; Hunger Games : La révolte partie 1) (je voulais voir la partie 2 aussi mais j'ai loupé le coche. Bons divertissements, le côté antihéros jusqu'au bout me plaît bien. Après bon, déjà que les livres sont pas terribles, il faut pas en attendre grand chose. Disons que c'est honnête)
Eric Baudelaire (The _Makes) (Sur les films que Fellini n'a jamais fait, petit entretien pour cinéphiles disons. Les documents ont plus d'intérêt que le film, même si les anecdotes font sourire.)

Les revenants : (films que j'avais déjà vu)
Martin Scrosese (The Aviator) (Un très bon film, qui mérite sa place à côté des classiques de Scorsese. Imparable.)
Nicolas Winding Refn (Valhalla Rising) (je n'en avais qu'un vague souvenir et en fait j'aime bien, l'ambiance le silence, les paysages.)
Akira Kurosawa (La forteresse cachée) (Pas le meilleur, j'aime bien la veine un peu burlesque du duo de protagonistes, et Toshiro Mifune me fera toujours trépigner sur mon siège.)

Pas de classement à proprement parler, juste la liste des meilleurs films que j'ai vu ce mois-ci :
- Bad Lieutnant ;
- Tha Aviator ;
- Valhalla Rising ;
- Malcolm X ;
- Francofonia.

A vous les studios !

Edit : ARG ! j'ai fait l'inverse qu'il fallait faire sur les titres et les noms pour ce que je dois mettre en gras, désolé pour la lisibilité pas terrible du coup.

Im Sang Soo (The Housemaid) (J'ai bien accroché, même si j'ai trouvé certains trucs un peu gros (le truc de la mère méchante, berk))

Ah je l'avais vu à Cannes, j'en garde plutôt un bon souvenir. J'avais écrit ça dessus à l'époque:

Encore un film coréen, celui-ci est beaucoup plus classique et met en scène une servante dans une demeure de la grande bourgeoisie qui se fait séduire par le maître de maison, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent. L'ambiance est extrêmement raffinée, les personnages de la famille bourgeoise sont aussi effrayants qu'ils sont beaux et délicats, on dirait presque un film de vampire. Reste qu'au milieu de toute cette esthétique l'intrigue ne décolle jamais vraiment.

Sinon parce qu'on parle de films coréens, j'en ai vu pas mal récemment.

2009, Lost Memories est un navet, une histoire de terrorisme sur fond d'uchronie à la Le Maître du Haut Chateau qui aurait pu être super intéressant mais qui est mauvais sur presque tous les autres niveaux.

Save The Green Planet est...WTF WTF WTF. L'affiche du film fait penser à une comédie, le générique d'intro pareil, mais 20 minutes plus tard ça devient un thriller glauque sur un fou qui torture des gens dans sa cave. Le film a objectivement plein de qualités, l'intrigue policière est prenante, les protagonistes intéressants, et la tension bien maîtrisée (la scène avec les ruches >>>). Dommage que sur la fin ça devienne un peu répétitif. Un bon film mais aussi un ovni total (ce qui est un avantage ou un inconvénient, selon les sensibilités).

J'aime beaucoup la créature de The Host, hideux poisson mutant qui loge sous un pont de Séoul. Le titre du film est en référence au fait que, en plus d'être un tueur et un kidnappeur, le monstre est porteur d'un pathogène ultra-dangereux. The Host mélange donc à la fois la thématique du monstre et celle du virus, avec un gouvernement qui se dresse sur le chemin des protagonistes en voulant à tout prix les maintenir sous quarantaine. A ce mix des genres s'ajoute un fort sous-texte social: le héros est handicapé mental suite à son enfance difficile, son frère est diplômé mais ne trouve pas d'emploi parce qu'il a passé toutes ses études à manifester, le gouvernement est à la botte des USA, ces derniers sont des pollueurs irresponsables... Le film est donc extrêmement dense, et fascinant à bien des aspects, mais à accumuler ainsi les strates de signification, il en perd toute capacité à être résolu de façon satisfaisante, et au fur et à mesure le réalisateur montre de plus en plus son désintérêt pour son propre scénario. Dommage.

Memories of Murder, du même réalisateur, est quand à lui excellent. C'est, un peu comme Zodiac, une histoire de tueur en série introuvable (le film commence par la mention du fait que les meurtres n'ont jamais été résolus), sauf que les policiers sont tous des incapables complets qui torturent le moindre suspect pour le faire parler, seul le détective délégué depuis Séoul est compétent, mais au fur à mesure que l'enquête enchaîne les fausses routes se laisse entraîner sur le même terrain que ses collègues. Le message social est aussi présent mais s'intègre ici bien plus naturellement à l'intrigue, l'impuissance de la police apparaissant comme symptomatique d'un malaise plus large, comme dans cette scène où un meurtre ne peut être empêché parce que l'ensemble des forces de l'ordre a été mobilisé pour lutter contre des manifestants à la place.

D'abord chapeau à Ezex pour avoir écrit tout ça d'autant plus qu'un bon tiers des films cités m'est absolument inconnu.

Pour le Servante il s'agit en fait d'un remake de ce qui est certainement le plus grand classique du cinéma coréen, un film des années 60 du même nom réalisé par Kim Ki-Young. Je le trouve considérablement plus intéressant que son esthétisant remake.

Pas grand chose à redire sur 2009 (infâme navet dégueulasse) et Save the green planet (foutraque mais jouissif, bourré d'idées et porté par un Shin Ha-gyun en transe ; la bifurcation vers le social en fin de film est étonnamment réussie). J'aime beaucoup The Host qui réussit à être drôle, touchant et malin en même temps (celui qui ne rit pas à la scène de l'enterrement a un balai dans le fion). Une grande réussite du mélange des genres improbable à la coréenne. Quant à Memories of murder il s'agit simplement du meilleur film de genre coréen que j'ai pu voir, encore plus abouti que The Host dans les ruptures de ton (le passage de déductions sur le temple bouddhiste >>>> ) avec un scénario très fort et un casting impeccable. La fin est superbe.

Boris, PS : Malcolm X c'est pas plutôt Spike Lee ?

Boris, PS : Malcolm X c'est pas plutôt Spike Lee ?

Oh putain, trop la honte.
J'étais CONVAINCU que c'était Stone vu qu'il a fait pas mal de biopics sur l'histoire moderne américaine. Merci de me l'avoir fait remarquer.

Le 03/12/2015 à 22:12, Ezexperience avait écrit ...
Abel Ferrara (Bad Lieutnant) (Magnifique. Meilleur film du mois. C'est comme Taxi Driver mais en mieux)

J'adore aussi Bad Lieutenant (après Taxi Driver a des arguments aussi, mais je crois que Scorsese trouve lui-même que Bad Lieutenant est mieux que Taxi Driver )

Le 03/12/2015 à 22:12, Ezexperience avait écrit ...
Martin Scrosese (The Aviator) (Un très bon film, qui mérite sa place à côté des classiques de Scorsese. Imparable.)

 Je trouve aussi qu' Aviator est sous-estimé par les fans de Scorsese. Très très bon film.
 

Le 03/12/2015 à 22:12, Ezexperience avait écrit ...
Nicolas Winding Refn (Valhalla Rising) (je n'en avais qu'un vague souvenir et en fait j'aime bien, l'ambiance le silence, les paysages.)

Vu y a pas longtemps, bien aimé sans plus, faut que je voie Aguirre de Herzog dont il s'est inspiré pour comparer (ça fait 1 an que j'ai le dvd en plus)

Faut vraiment que je voie La Forteresse cachée aussi (idem, sur un disque dur depuis 6 mois....)
Et à part le Bond j'ai rien vu d'autre dans ta liste. Hormis l'Arche Russe tu me conseillerait quoi comme Sokourov pour commencer?

Je pense que Faust de Sokourov est une valeur sûre. Il y avait un article de son travail des couleurs (avec des aquarelles) dans les Cahiers du Cinéma à l'époque, c'est ce qui m'a motivé à me lancer dans cette voie. Bruno Delbonnel en chef op, ça aide aussi.
Sinon tout le reste du cycle : Moloch / Taurus / Le Soleil.

C'est ce qu'il y a de plus "facile" à regarder je trouve. Sinon j'ai vu Sauve et Protège (adaptation de Madame Bovary, mais c'est pour les fans du roman qui le connaissent déjà par coeur parce que ça prend quelques libertés qu'on ne peut comprendre qu'en connaissant bien l'oeuvre), Mère et Fils (très beau mais pile dans ce qu'on appelle "cinéma contemplatif", du coup je le conseille rarement parce que les gens voient ce genre d'un mauvais oeil) et Alexandra (dont j'ai pas beaucoup de souvenirs, si ce n'est que j'avais pas détesté).

Aguirre est 100 fois meilleur que Valhalla Rising, il y a pas photo. C'est vrai qu'il y a des points communs entre les deux films, mais je pense que Refn s'arrête assez vite dans sa "réflexion" alors qu'Aguirre au contraire pousse le truc assez loin.

Merci Ez, c'est sur la liste.

Sinon, ptit message à caractère informatif pour dire que le dvd de Sorcerer est sorti, Noel, toussa, voila.
La critique de Boris: 

Le 04/12/2010 à 14:32, BorisPreban avait écrit ...
Le convoi de la peur ( William Friedkin )

Je commence direct par le chef d'oeuvre.
Quatre personnes en fuite décident de se faire oublier en Amérique du sud : Milo, un tueur à gages, Kassem, un terroriste palestinien, Scanlon, un petit voleur américain, et Manzon, un banquier français véreux. Le quatuor, pour pouvoir quitter la misère locale, décide de convoyer deux camions pleins de nytroglycérine vers un puits de pétrole.
Ceux qui suivront l'auront deviné : c'est un remake d'un classique du cinéma français, Le salaire de la peur, dont j'ai parlé sur ce topic il y a un petit moment déja ; et même si j'apprécie beaucoup l'original, je trouve que son remake US l'enterre.
Tout ce qui faisait selon moi les limites de l'original a été gommé dans cette version, et ainsi, à l'efficacité propre et carrée de la mise en scène de Clouzot s'est substituée une réalisation apre, sale et subjective de Friedkin. Le film est sous tension permanente et j'ai un bon exemple avec le premier passage d'un pont par les deux américains :http://www.youtube.com/watch?v=g1RG3T6dv-c
De la même manière, là ou Clouzot rendait son quatuor plutôt sympathique pour leur attacher la bienveillance du spectateur, Friedkin est bien plus ambigu et si l'on excepte le tueur à gages, la sympathie dégagée par les personnages est assez inversement proportionelle à ce qu'on pourrait en attendre : le petit escroc se révèle être un enfoiré ( il se réjouit de l'echec programmé du français et du palestinien ) là ou le terorriste et le banquier vereux mettent tellement de courage et de coeur à l'ouvrage que l'on finit par prier pour leur réussite. J'en profite pour dire que Bruno Cremer - Manzon donc - était un acteur extraordinaire qui ici réussit l'exploit d'être aussi crédible en spéculateur mondain qu'en conducteur de camion. Roy Scheider, monsieur Les dents de la mer, est lui aussi impeccable en Scanlon. La musique de Tangerine Dream apporte un supplément de tension bienvenu et ce chef d'oeuvre est désormais mon Friedkin préferé, et l'un de mes films préferés. 

Ma critique:

Le 27/09/2015 à 23:55, Crutch avait écrit ...
Sorcerer (Le convoi de la peur), William Friedkin, 1977

4 hommes, des criminels: un tueur à gages mexicain (Francesco Rabal) un terroriste palestinien (Amidou), un banquier véreux français(Bruno Cremer) et un petit braqueur new-yorkais (Roy Scheider), suite à des revers de fortune, se retrouvent coincés dans un village d'Amérique du Sud, à la merci d'une compagnie pétrolière. Un seul espoir de gagner suffisamment d'argent pour s'en aller: la prime de risque offerte pour transporter en camion une cargaison de nitroglycérine sur une des routes les plus accidentées du monde.

Sorcerer, malgré les apparences, n'est pas un remake du Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot, mais une réinterprétation du livre original de Georges Arnaud, au scenario réécrit par Walon Green (scénariste de l'immense La Horde Sauvage).
C'est un film somme, qui utilise un solide postulat de genre pour égrener un nombre de thématiques hallucinant. On commence par une structure originale: les personnages sont présentés successivement, aux 4 coins du globe, pendant 30 bonnes minutes. Cette longue présentation plus que nous introduire aux personnages, montre un monde chaotique, ou la violence est omniprésente, et illustre un des thèmes majeurs du film: la perte de contrôle: les personnages perdent le contrôle de leur vie et doivent se battre pour le regagner (mais l'ont il jamais eu?)

Friedkin insiste sur les détails, laisse le spectateur s’imprégner de l’atmosphère délétère du village, ainsi que l'horreur de la gouvernance imposée par la compagnie pétrolière. Ceci insère une deuxième thématique: l'exploitation insoutenable menée par des sociétés occidentales dans le Tiers Monde: le film est tourné en République Dominicaine, pays qui appartenait de fait à la compagnie Gulf+Western (entreprise propriétaire de la Paramount, coproducteurs du film) via une dictature pro-américaine nourrie aux pétro-dollars. La lutte des personnages prend l'air d'une injustice totale, forcée par un système indifférant qui les pousse a accomplir une tache absurde au nom de la rentabilité.

Mais cette dénonciation laisse place lors du périple à une dimension métaphysique: le style de Friedkin se place sous le signe du réalisme magique: malgré un fort réalisme (caméra portée, lourdeur des actions, attentions aux détails, sueur et saleté omniprésente) les images et les situations possèdent une force évocatrice qui les rendent étranges, mystérieuses (la création du camion,les rencontres non-sensiques et saisissantes avec les indiens entre autres). Un aspect mythologique qui fait penser que quelque chose de plus grand est a l’œuvre, un dessein caché que les personnages ne saisissent pas ou trop tard. Cet aspect est accentué par la musique incroyable de Tangerine Dream, dont les nappes électroniques recouvrent le trajet d'une atmosphère hypnotisante. Il faut aussi parler du travail sur le son absolument magnifique, qui fait beaucoup pour l’atmosphère: le bruit des camions y sonne comme un rugissement.

Tout ces aspect culminent lors de LA séquence du film, un moment de démesure plus que de bravoure: la double traversée en camion d'un pont en cordes sous une pluie diluvienne, qui joue sur l'identification du spectateur:  les personnages ont beau être peu sympathiques (ce qui est voulu,il n'y a pas de héros chez Friedkin, seulement des hommes) le caractère dantesque de la tache force à reconsidérer ses jugements, de plus d'une manière. Au delà des détail techniques (la scène aurait coûté entre 3 et 4 millions de dollars soit entre 11 et 15 millions d'aujourd'hui), c'est aussi l'emblème de la démesure créative du film: le refus des effets spéciaux (à la place, deux hélicoptères pour faire le vent et 100 assistants en amont pour jeter des débris dans la rivière) décuple l'intensité et la pesanteur asphyxiante du film.
Parlons des acteurs: Le film aurait du être fait avec Steve McQueen, Lino Ventura et Marcello Mastroianni. Leur refus consécutif a offert le rôle de sa vie a Roy Scheider, et montre un Bruno Cremer impérial autant en spéculateur qu'en conducteur. Amidou en terroriste nonchalant et Francesco Rabal en tueur sarcastique ne sont pas en reste.

On a parlé de l’identification aux personnages : beaucoup ont jugés que Sorcerer était raté car on ne peux pas vraiment s'identifier aux personnages, ce qui réduit l'implication du spectateur. Je pense que c'est clairement un point de vue de connard insensible. Le film contient une phrase: "No men is just anything": Personne n'est juste quelque chose. Les personnages, criminels, lâches, fous, avides, ne sont pas juste quelque chose, et Sorcerer, en nous amenant au bout de leur folie, nous pousse a regarder l'homme et le comprendre dans sa complexité, a témoigner de la puissance de leur lutte contre le destin (ce qui est aussi une métaphore du cinéma, sa tentative de créer un faux réel, d'imprimer l'impossible sur pellicule).

Sorcerer est une tentative de cinéma total, film de genre, film d'auteur, film politique, psychédélique, métaphysique: un voyage au bout de l'enfer intérieur comme extérieur, ainsi qu'un commentaire sur l’état du monde encore voir plus valable aujourd'hui (le monde comme un camion bourré de nitro lancé à toute berzingue et des mecs qui ne se connaissent pas tentent d’éviter que tout explose pour le compte des puissants).
Le film est sorti en juin 1977. Une semaine après Star Wars. C'est un des premiers grands échecs du Nouvel Holywood, déjà mort pour un public qui voulait de nouveau des héros.