Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 07 Novembre 2013 à 12:23 Le 06/11/2013 à 19:55, Johannes avait écrit ... La musique c'est surtout un énorme plagiat du Spiegel im Spiegel d'Arvo Pärt, un plagiat tellement énorme que je suis étonné que peu de gens l'aient repéré. Pour comparer : Sinon le film est loin d'être honteux mais c'est une adaptation BEAUCOUP trop scolaire du génial roman de McCarthy. Mettre une photo grisâtre dégueue ne suffit pas à créer une ambiance post-apocalyptique et du coup le film manque énormément de force émotionnelle. C'est typiquement le film qui ne va fâcher personne - il est très fidèle - mais alors que le roman m'avait vraiment flingué le moral pour la semaine, ici mon degré d'implication était très faible. Pour ce qui est de Cronenberg, il avait déjà fait preuve d'une belle débilité dans ses critiques sur Nolan, y avait pas de raison que sur Kubrick il devienne intelligent. Les critiques " c'est commercial " c'est un peu puéril passé l'âge de onze ans et pour le reste c'est d'une pauvreté argumentative assez consternante ( puis bon là c'est subjectif mais vu la gueule des derniers Cronenberg je trouve qu'il devrait y aller mollo sur ses collèges parce quand on enchaine les films pourris depuis dix ans on a le droit de faire profil bas ). Boris, j'essaye de vous parler de Gravity bientôt.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 08/11/2019 Grade : [Sorcier] Inscrit le 11/03/2006 | Envoyé par zwouip le Jeudi 07 Novembre 2013 à 13:38 J'ai bien envie d'aller voir Gravity, je lis que des bonnes critiques dessus. Le nouveau film des frères Cohen et Cartel ont l'air sympas aussi, si quelqu'un les voit, je suis intéressé par les retours.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Jeudi 07 Novembre 2013 à 23:46 Petit trio de films d'animation japonais cette fois:
Steamboy - Katsuhiro Otomo (2004) Dans l'Angleterre de la révolution industrielle, Ray Steam, jeune inventeur issu d'une lignée d'ingénieurs ayant marqués l'histoire de la machine à vapeur, est contacté par des hommes de la Fondation O'Hara, aux intentions troubles, qui portent un intérêt marqué à la fameuse Steamball de la famille. L'idée d'un anime Steampunk dans lequel les possibilités de la machine à vapeur sont explorées de manière très imaginatives était a priori une très bonne idée. Le film commence d'ailleurs plutôt bien, puisque son énorme budget lui permet de jouer de façon intéressante avec plusieurs gadgets technologiques -notamment une SteamMoto et une sorte de char d'assaut qui donnent lieu à une course-poursuite impressionnante. Cependant, le déluge de machinerie va très vite sombrer dans la surenchère. Faute d'un scénario vraiment intéressant et de personnages avec un minimum d'épaisseur, on se lasse vite des kilomètres de tuyaux remplis de vapeur qui défilent à l'écran. Steamboy, du réalisateur d'Akira, souffre également du même défaut que son prédécesseur: une fin totalement mégalomane avec des explosions de partout qui laisse franchement blasé. Surtout que l'idée du château volant, ça a déjà été fait par Miyazaki. En mieux. Le fait que le film tente de justifier sa débauche d'effets spéciaux par un discours philosophique bateau sur la responsabilité et la science n'arrange pas vraiment les choses. Redline - Takeshi Koike (2009) Imaginez une course de Pod Racers réalisée en anime par Quentin Tarantino. C'est à peu près Redline. Après avoir été qualifié grâce à un vote du public, JP, pilote qui gagne sa vie avec des courses truquées, est qualifié pour la Redline, la compétition la plus prestigieuse et la plus violente de l'univers. Cette année, la course sera encore plus dangereuse, car elle se déroule sur la planète Roboworld, dont le gouvernement a explicitement fait part de son opposition au projet et menace de faire feu sur tout intrus. Pour ne rien arranger, dans les entrailles de Roboworld se construit en secret une arme biologique de destruction massive... Alors vous l'aurez compris, le scénario est complètement foutraque. Le film dans son ensemble ne se prend absolument pas au sérieux, et fait dans la surenchère de missiles, d'accélération à base de nitro et de musique techno à fond la caisse. Si on excepte la fin qui tombe dans l'excès de ridicule, on a un anime super jouissif, surtout que les dialogues et l'univers sont pas mal pensés du tout. La traversée du temps - Mamoru Hosoda (2006) Makoto, jeune lycéenne, tombe par hasard sur une noix qui lui donne le pouvoir de voyager dans le temps. Elle s'en sert alors pour réparer les petits accidents du quotidien, tentant par le même coup de reculer le moment où son meilleur ami Chiaki va lui avouer son amour... La traversée du temps est un shojo qui utilise le thème du voyage temporel plus comme un prétexte dans lequel envelopper une intrigue assez classique d'amour/amitié entre élèves de lycée que comme réelle fin en soi, mais qui s'en sert pour obtenir quelques scènes amusantes. Ajoutons à cela une musique et des graphismes agréables et on obtient un film qui, sans casser des briques, est un divertissement honnête, même si la logique des sauts temporels peut y être assez obscure.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 07 Novembre 2013 à 23:52 Le 07/11/2013 à 23:46, gedat avait écrit .... Le meilleur anime japonais que j'ai vu depuis.... pfou, l'année 2001 avec son duo Chihiro-Millenium actress on va dire. C'est effectivement totalement jouissif et la scène d'introduction est monumentale ( imaginez la scène des podracers de Star Wars épisode 1 à la puissance 10 ). L'histoire est débile, les aliens sont plus bizarroides les uns que les autres, le héros a la coupe d'Elvis Presley, certains retournements de situation sont à en faire une attaque ( " mais le module de Crab Sonoshee est en fait un véhicule amphibie ! " ) et la mise en scène est totalement rock N roll. J'adore. Boris.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Vendredi 08 Novembre 2013 à 01:07 J'ai vu le Coen et j'ai aimé, critique peut-être à venir.
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Mercredi 13 Novembre 2013 à 22:58 The Plague Dogs ( Martin Rosen, 1982 )
Snitter le fox-terrier et Rowf le labrador s’échappent du laboratoire au sein duquel ils faisaient office de cobayes. Ils apprennent à survivre en dévorant des moutons, aidés en cela par un mystérieux renard. Des années avant Le Tombeau des lucioles, The Plague Dogs prouvait qu’on pouvait réaliser un dessin animé totalement noir pour adultes. En effet, The Plague Dogs baigne dans une des ambiances les plus dépressives jamais vues dans le cinéma d’animation, ambiance renforcée par les caractères des deux chiens ( Rowf frôle la paranoïa et considère tous les humains comme des tueurs en puissance tandis que Snitter, lobotomisé dans le laboratoire, oscille entre dépression et hallucinations ), le tout sans jamais forcer l'anthropomorphisme : on peut voir ainsi à divers moments les chiens se gratter, aboyer, uriner sans que cela ne réponde à des impératifs scénaristiques mais uniquement parce que... ce sont des chiens, quoi. Ce qui est très fort, c'est que les humains ne sont pas diabolisés ( le maître de Snitter est présenté comme un brave type, les militaires font leur travail sans aucun plaisir ) pas plus que les chiens ne sont angélisés. Au final, le personnage le plus sympathique est peut-être le Rusé, renard individualiste et intelligent souvent en conflit avec Rowf. Le final durant lequel Rowf affronte sa phobie aquatique ( les expériences pratiquées sur lui l'obligeaient à nager jusqu'à ce qu'il se noie pour tester les limites de sa résistance physique ) pour affronter la mort aux côtés de Snitter est bouleversant. A noter des paysages anglais dont le charme des dessins demeure intact aujourd'hui. Chef d'oeuvre, The Plague Dogs ? Pas pour moi. L'animation reste datée comparativement aux meilleurs films japonais de l'époque et la lenteur du rythme tend parfois à anesthésier le spectateur ; j'ajoute que la musique, que je n'aime pas particulièrement, m'a semblée parfois placée de manière quelque peu incongrue. Reste un dessin animé unique en son genre et traversé de moments d'une violence inattendue ( Snitter qui tue des humains sans le souhaiter, l'évasion des chiens par l'incinérateur du labo dans lequel les chercheurs jettent les cadavres d'animaux ) qui devrait marquer bien des spectateurs. A déconseiller furieusement pour les enfants, par contre ( sauf si vous voulez leur payer une psychanalyse plus tard ). Hong Kong Godfather ( Johnny Wang, 1985 ) Wei ( Leung Ka-Yan ), Leung et Wen sont trois amis appartenant aux triades. Lorsque le boss est assassiné grâce à un traître payé par une bande rivale, ils lancent une vendetta sanglante. Durant environ une heure vingt, Hong Kong Godfather est un foirage à peu près total. Énumérer tout ce qui cloche ici pourrait s’avérer fastidieux, aussi je préfère me concentrer sur le plus évident : des acteurs sans charisme ( seul Leung Ka-Yan surnage sans égaler loin s’en faut le Chow Yun-Fat des grands jours dans ce type de rôle ) ; une intrigue ultra-prévisible qu’on a l’impression d’avoir déjà vu deux cent fois ; des bonnes femmes, occidentales évidemment, à poil ( et en full frontal ! ) sans le moindre début de commencement de prétexte scénaristique ( j’ai vu des films de femmes en prison moins racoleurs sur ce plan ) ; des méchants évidemment alliés à des américains représentés par des gros blacks sanguinaires qui cassent tout ; des personnages féminins perdus dans des romances inintéressantes entre deux scènes de cul hideuses ; un gamin qui ferait passer Dennis la malice pour le fils rêvé et dont la mort - pour le coup franchement brutale - à mi-film ne peut faire que soupirer le spectateur de soulagement ; un traître au nom délicat de Chi le pourri ; une fifille du héros qui lui cause bien des problèmes en sortant avec un attardé sosie d’Elvis Presley et surtout, un passage dialogué entre le parrain et le méchant mafieux digne d’OSS 117, je vous laisse juger : - Tu vas devoir arrêter. Le bateau esseulé en pleine tempête ne peut rien espérer ! - Oui mais…. Le sous-marin ne craint pas la tempête ! Hahaha ! - Si tu es sous-marin alors tu n’as pas besoin du vent que je t’apporte, hihihi ! Un pic de nullité est clairement atteint à ce moment du film, sauf que… Un quart d’heure avant la fin, notre trio de héros par en expédition vengeresse à coups de machettes et de diverses armes blanches, bien décidés à prouver que si l’on ne change pas le monde avec des si, on peut toutefois repeindre les murs avec des scies à métaux. Ce combat de fin est absolument ANTHOLOGIQUE, une sorte de Chang Cheh en encore plus violent, plus sauvage, plus démesuré et demeure une des plus grandes scènes d’action de l’histoire du cinéma à mes yeux. Si ce film est la preuve que le cinéphile doit parfois prendre son mal en patience, je conseillerais quand même aux curieux de se contenter d’aller voir la scène finale sur youtube et d’oublier tout le reste. Gravity ( Alfonso Cuaron, 2013 ) Le docteur Ryan Stone ( Sandra Bullock ) tente de survivre à une mission spatiale durant laquelle une chute de débris l’a conduite à dériver sans contact radio. Un film évènement sur lequel la critique s’est divisée et qui est autant révélatrice de l’évident talent du cinéaste que de l’impasse constituée par un scénario aussi ampoulé. Tout l’aspect renaissance de l’héroïne dépressive-position foetale- symbolique évolutionniste est d’une lourdeur amplifiée par une musique aussi insupportable qu’omniprésente. Il faut m’expliquer un peu pourquoi un film partant de l’idée intéressante de ne pas représenter de son dans l’espace ( les scènes d’accidents sont muettes ) se sent en revanche obligé de tout surligner par cette bande-sonore pénible et irritante. En dépit de ces réels problèmes, Gravity est un des films importants de cette année 2013. Le casting a priori un peu curieux ( Clooney et Bullock ) se révèle irréprochable et la photo du chef opérateur Lubezki ( collaborateur régulier de Cuaron et Malick ) est la plus belle que j’ai pu voir cette année. La 3D procure une véritable sensation de dérive dans le vide spatial même si Cuaron abuse légèrement des effets avec des objets flottants se rapprochant de la caméra à mon goût. Mais tout cela est surtout dynamisé par une mise en scène d’une ambition démesurée, ou les longs plans-séquences de Cuaron captivent par leur capacité créer une dramaturgie et à amplifier le suspens. Au sein d’un seul plan, on peut ainsi voir Sandra Bullock tenter d’ouvrir un sas à l’aide d’une sorte de clé anglaise, l’échapper, tenter de rattraper celle-ci, échouer, se jeter dans le vide à sa poursuite, se reprendre in extremis sur une paroi de la station avant que la caméra ne fasse un panoramique, révélant une menace : les centaines de débris foncent de nouveau sur Sandra. C’est vraiment de la mise en scène à l’état pur et en cela bien plus que le simple défi technique de filmer avec les plans les plus longs possibles. Qui plus est, alors que les réalisateurs hollywoodiens nous abreuvent de films de trois heures dont la durée se justifie de moins en moins, Cuaron à quant à lui eu la très bonne idée de concentrer son film sur une et demie, d’où une absence de longueurs et un rythme impeccable du début à la fin. Gravity n’est certainement pas le chef d’œuvre claironné ici et là, mais je prends le pari qu’il fera date dans la science-fiction moderne. Pas de captures d'écran car vu au ciné. Conjring : les dossiers Warren ( James Wan, 2013 ) Les époux Warren, deux chasseurs de démons, sont appelés à la rescousse de la famille Perron qui vient d'emménager dans une demeure dans laquelle d'étranges phénomènes surviennent. Un film d'exorcisme - genre pour lequel je n'attache aucun intérêt - par le réalisateur de Saw ? YOUPI ! A priori un cauchemar cinématographique et au final une relative ( petite ) bonne surprise. Non mais que l'histoire porte le film par le haut : c'est simple, on la connait par cœur et on en a mangé dans du l'Exorciste, dans du Jusqu'en enfer et autres Possédée, c'est toujours les mêmes conneries et vas-y que je surgis derrière les miroirs, que je tape du pied, saute en rond et que ça finit par un exorcisme avec des esprits qui font n'importe quoi dans tous les sens mais c'est bon, on a sauvé les enfants. Un script franchement inepte donc, dont on peine à croire qu'on puisse nous proposer ça en 2013. Par contre, et ça m'arrache limite la gueule de le dire, la mise en scène de James Wan est intéressante a plus d'un titre. Sa diversité formelle ( on a droit aux plans-séquences en accéléré façon Donnie Darko très bien utilisés ), sa capacité à jouer sur la position des personnages dans le cadre ( les esprits commencent à attaquer un personnage à gauche au second plan mettons, et à peine vient-on de le voir qu'autre chose surgit à droite en arrière-plan ) font que même si on anticipe exactement tout ce qui va passer, on est surpris par la façon dont cela arrive. Puis du fait que la maison soit hantée pour plein de raisons différentes, on a également l'avantage de la diversité dans les formes de manifestation des démons. PAR CONTRE essayer de nous faire gober que c'est plus ou moins inspiré d'une histoire vraie bon faut quand même pas pousser mémé dans les orties ; surtout que malheureusement l'absence de relief des personnages ( putain ce qu'ils sont chiants les Warren ! ) et l'absence de vraie puissance dramaturgique ( c'est bon personne ne meurt, vous pouvez ouvrir les yeux au fond de la salle ) font que si Conjuring : les dossiers Warren est loin d'être le pire film d'horreur contemporain, je pense qu'il peine à marquer sur le long terme. Du coup j'irai peut-être jeter un oeil à Insidious, pour voir si James Wan ne serait pas un cinéaste plus intéressant que ce que j'en pensais au départ. Gilda ( Charles Vidor, 1946 ) En Argentine, Mundson sauve Johnny Farrell ( Glenn Ford ) d'un voleur. avant de l'engager dans son casino. Mundson présente à Johnny sa nouvelle femme, Gilda ( Rita Hayworth ) qui se révèle être l'ancienne compagne de Johnny. Cet immense classique du film noir ressemble plus à un mélodrame déguisé en film noir, l'intrigue portant moins sur les magouilles financières du casino dont le cinéaste se désintéresse ouvertement que sur le triangle amoureux formé d'un vieil homme, de sa jeune femme et de l'ex de celle-ci transformé pour l'occasion en chien de garde de son mari ! Tout ceci est d'autant plus ambigu que la relation entre Farrell et Mundson est à mi-chemin entre le rapport filial et l'homosexualité latente, le premier affichant ouvertement une misogynie outrancière et le second, probablement impuissant, étant affublé d'une cane-épée qui semble compenser quelque chose ( je dois vraiment vous faire un dessin ? ). Evidemment, le clou du spectacle est l'érotisme représenté par Rita Hayworth, dont la fameuse scène du strip-tease avec les gants, si elle en est le point culminant, n'est qu'une des nombreuses manifestations pendant le film de sa capacité à rendre les hommes fous. C'est d'ailleurs à ma connaissance le seul film noir ou le personnage féminin est en fait une fausse femme fatale et se révèle progressivement sincère dans sa démarche, là ou il plutôt habituel de découvrir que la femme convoitée par le héros est dans le fond une vraie salope. Une autre chose m'a frappé dans Gilda : le masochisme du personnage de Mundson. Alors qu'il comprend très vite la connivence entre sa femme et son employé, il agit systématiquement d'une manière qui leur permettra de se rapprocher pour ensuite mieux leur renvoyer ça en pleine tête. On peut se demander si il aime vraiment Gilda et si tout ceci n'est pas un simulacre destiné à lui redonner une dignité de mari déchu, simulacre comme le sont les poses lascives de Gilda destinées à énerver Johnny. En résumé, Gilda est une merveille de faux film de genre cachant en réalité un mélodrame déviant - a fortiori pour l'époque - doté d'une très grande richesse thématique. Le fait qu'il n'ait pas été récupéré par la communauté homosexuelle confirme tout ce que je pense au sujet de leur bon gout. Boris.
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Hors Ligne Membre Passif depuis le 03/07/2023 Grade : [Modo Forum] Inscrit le 22/08/2003 | Envoyé par jokerface le Mercredi 13 Novembre 2013 à 23:40 Du coup j'irai peut-être jeter un oeil à Insidious, pour voir si James Wan ne serait pas un cinéaste plus intéressant que ce que j'en pensais au départ. Je l'ai bien aimé la première fois à part Spoiler : Le gros démon méchant de l'histoire qui ressemble à mort à Dark Maul, ils auraient pu mieux le réaliser Pour conjuring j'attends une VFF, le canadien je peux pas, c'est au dessus de mes forces.
___________________ Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ... |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Jeudi 14 Novembre 2013 à 00:23 Gilda c'est très grand. Les relations entre les 3 personnages principaux sont fascinantes d'ambiguïté, et très bien décrites par Boris, comme toujours
J'aime aussi beaucoup le personnage de l'homme à tout faire du Casino.
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 19/07/2016 Grade : [Modo Forum] Inscrit le 08/04/2005 | Envoyé par Johannes le Jeudi 14 Novembre 2013 à 17:05 My two cents : pour ceux qui aiment The Plague Dogs, il y a aussi Watership Down, avec des... lapins.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 28 Novembre 2013 à 11:24 Veuve mais pas trop ( Jonathan Demme, 1988 )
Angela de Marco ( Michelle Pfeiffer ) souhaite divorcer de son mari mafieux ( Alec Baldwin ). Lorsque celui-ci est assassiné par son boss Tony ( Dean Stockwell ), elle y voit l’occasion de refaire sa vie, sans savoir qu’elle est traquée à la fois par Tony et par un agent du FBI ( Matthew Modine ) convaincu de sa culpabilité. Sans atteindre le niveau du formidable Dangereuse sous tous rapports du même cinéaste, cette comédie 80’s se révèle être une autre excellente surprise. Les codes du film mafieux sont joyeusement dynamités ( Tony est tenu en laisse par sa femme acariâtre, les règlements de compte virent au grand n’importe quoi ) et toute la vulgarité pathétique de leur mode de vie ne cesse de sauter aux yeux du spectateur. Si Angela est si sympathique, c’est parce qu’elle ne ménage jamais ses efforts pour changer de vie ( elle se débarrasse de l’argent sale de son mari, déménage et accepte un travail au rabais ), tombant finalement amoureuse de l’agent du FBI pour le moins incongru joué par Modine ( la scène de planque ou il se cache au milieu d’un groupe de gospel mon dieu…. ). Quelque part, Veuve mais pas trop a une thématique en commun avec le Scarface de De Palma : une critique au vitriol du bling-bling 80’s par l’exacerbation de celui-ci comme les romans de Bret Easton Ellis le seront. Dean Stockwell est phénoménal en parrain libidineux régnant sur une troupe de débiles mentaux aux surnoms plus foireux les uns que les autres ( Modine semblant quant à lui tout droit sorti d’un épisode d’Inspecteur Gadget ). Pour le coup, certains gags sont quand même violemment couillons ( le gunfight de fin ou l’agent du FBI fait des saltos pour rien ) mais ont le mérite de m’avoir pratiquement tous fait rire. A noter, comme dans Dangereuse sous tous rapports, une bande-son absolument irréprochable ( les Feelies encore, New Order, Brian Eno, les Pixies… ). Pour le coup, j’ai beau avoir beaucoup ri pendant le film, j’ai quand même le sentiment que peu de gens l’aimeront autant que moi, du fait de son esthétique tellement 80’s et du cabotinage outrancier des acteurs. M’en fous, moi je me suis vraiment marré et comme c’est tout ce que je demande a une comédie… 71 fragments d’une chronologie du hasard ( Michael Haneke, 1994 ) Un étudiant tue trois personnes dans une banque. Le film retrace le cheminement de l’étudiant et de ses futures victimes les jours précédents le drame. En dépit de quelques longueurs ( environ 376 minutes sur un film d’une heure 40 ) un jalon décisif dans la tentative de Michael Haneke de conjuguer tout ce que le cinéma d’auteur peut produire de pire. Réussissant l’exploit de dépasser un Loach ou un Inarritu sur leur propre terrain misérabiliste ( TOUS les personnages ont une vie de merde ), Haneke se paye de surcroît le luxe de réaliser peut-être le film le plus chiant que je n’ai jamais vu, en tout cas certainement l’un des pires dont j’ai pu parler ici. Rien que l’intro, entre les extraits de journaux télé sur lesquels je reviendrai et le plan loooooong sur une voiture prenant l’autoroute dure quasiment DIX MINUTES. On a pu voir ce type de plans dans le Solaris de Tarkovski, et ils me semblaient déjà pénibles dans un film de ce type mais ils étaient contrebalancés par la qualité de la photographie ( qui leur donnait une certaine force hypnotique ) et avaient un certain intérêt thématique puisque le héros était petit à petit coupé de sa dimension " terrienne ". Ici il n’y a aucune évolution des personnages et la photo est dégueulasse, ce qui conduit simplement à se faire chier lors des multiples scènes sans intérêt autour des protagonistes ( et machin joue au ping-pong contre une machine pendant trois minutes, et le vieux regarde la télé pendant cinq minutes…. ). Dans sa structure, le film pourrait se rapprocher de l’Elephant de Gus Van Sant qui suivait lui aussi une dizaine de lycéens avant que le carnage ne soit commis. Mais là ou Van Sant présentait des hypothèses pour mieux les réfuter ( les tueurs prennent un jeu vidéo puis l’abandonnent car cela ne les intéresse pas ; il y a bien un fils d’alcoolique mais il ne tuera personne, etc. ) Haneke s’y prend différemment. Il n’apporte aucune solution directe sauf que comme on se tape CINQ PUTAIN DE FOIS des extraits de journaux télé rapportant toutes les horreurs du monde, que ses extraits n’ont rien à faire dans l’intrigue et que qui plus est ils ouvrent et referment le film, il me semble difficile de ne pas y voir l’explication d’une originalité folle avancé par Haneke : la violence est le reflet d’une société violente. Rigolez pas, je suis sur que vous n’y avez jamais songé. Heureusement qu’Haneke est là pour penser en notre nom ( ce grand comique va même jusqu’à s’auto-congratuler sur sa grande finesse en interview, et sur le fait qu’il " laisse des portes ouvertes "… fous-toi de ma gueule ! ). Bref, un film de merde d’un cinéaste de merde, après regardez ce genre d’étrons si vous le voulez mais personne ne pourra dire que je ne vous ai pas prévenu. Inside Llewyn Davis ( Joel et Ethan Coen, 2013 ) Llewyn Davis ( Oscar Isaac ) est un chanteur de folk a qui la chance ne sourit pas vraiment. Entre deux chansons, il vivote, squatte chez les gens en espérant enfin faire carrière. Film plutôt difficile d’accès car reniant très souvent la notion de cause-conséquence comme on a l’habitude de l’appréhender au cinéma ; il ne présente d’ailleurs aucune évolution ( la scène d’intro est aussi la scène finale non pas parce que le film se déroule en flash-back mais pour montrer l’absence de progression dans la vie de Davis ), aucune prise de conscience. C’est à la fois la beauté et les limites du film : détruire l’académisme habituel des biopics type Ray ou Walk the line pour mieux faire ressentir le doute. Cela pourrait être un mélange de deux films précédents des Coen : Barton Fink ( ou on trouvait déjà un artiste incapable de percer et ratant totalement sa carrière hollywoodienne ) et A Serious man ( ou aucun des doutes du personnage principal ne trouvaient de réponse claire ). Ce qui me conduit à relativiser un peu l’originalité du film, d’autant plus que pour une histoire se déroulant chez des folkeux sans avenir et sans argent, la mise en scène comme la photo de Delbonnel ne font pas du tout ressortir cet aspect là : Oscar Isaac me semble trop propre, se promenant dans des taudis qui n’en ont pas l’air et ou seuls les dialogues nous font comprendre que ce qu’on voit est censé être très sale. Ah, bon. Ce qui emporte le morceau, là ou A Serious Man me semblait franchement pénible, c’est Davis lui-même, excellemment interprété par Oscaar Isaac. Ses chansons sont magnifiques et le personnage, toujours gentiment à côté de ses pompes, est une des figures les plus attachantes du cinéma des Coen. On ne peut pas dire qu’il soit totalement idiot mais il manque certaines occasions ( celle d’obtenir des droits d’auteur sur la chanson jouée avec Jim et Artie par exemple ), refuse les compromis et persévère dans une voie sans issue pour lui. Le passage plus que surprenant dans lequel notre héros rencontre John Goodman en jazzman imbuvable est à la fois incongru et excellent. Un peu à l’image d’un film qui sans m’avoir totalement convaincu demeure à mes yeux leur meilleur depuis No Country For Old Men. Pas de captures car vu au cinéma. The Insider ( Dante Lam, 2010 ) Le policier Don Lee ( Nick Cheung ) a perdu son indicateur à la suite d’une mission ratée. Il en recrute un nouveau, Petit Diable ( Nicholas Tse ) afin de s’infiltrer dans un gang de braqueurs. Au sein du gang, Petit Diable noue une relation avec la femme du chef. The Insider fait du neuf avec du vieux et de nombreux éléments viendront rappeler le fan aux souvenirs de très bonnes séries B hong-kongaises des années 90 : le gang de braqueurs infiltré à la City on fire, une fusillade de rue façon OCTB, quelques passages rappelant Full Alert… En gros, Dante Lam est un héritier de la tendance la plus " réaliste " du polar HK, celle de l’antithèse aux chorégraphies de John Woo que représentaient très bien un Ringo Lam ou un Kirk Wong. Les goûts du public ayant évolué depuis, Dante Lam assume aussi l’héritage d’Infernal Affairs et ajoute un certain nombre de sous-intrigues ( la femme handicapée de Don Lee, la sœur de Petit Diable, le premier indic de Don Lee devenu SDF paranoïaque.. ) et toute la psychologie qui va avec. C’est très maladroit et le film pâtit souvent de cette tendance moderne à la sur-psychologisation, particulièrement sensible au travers du personnage de Don Lee qui se tape quand même un double trauma à gérer, sachant qu’en plus Nick Cheung est loin d’être le top des acteurs HK ( Nicholas Tse s’en sort mieux mais il peine à convaincre autant dans ce type de rôles qu’un Lau Ching-Wan ou un Francis Ng ). Et la mise en scène est trop souvent brouillonne, loin de la précision d’un Ringo Lam. Pour autant, tout n’est pas à jeter dans The Insider, très loin s’en faut. Les personnages sont attachants malgré tout, le film tient en haleine durant deux heures, il possède une énergie bienvenue et l’intrigue amoureuse fonctionne impeccablement. Même si j’ai critiqué la mise en scène elle évite l’esbrouffe et recelle quelques beaux moments atmosphériques. Il y a quelques poursuites en ville bien troussées et la scène d’action finale à coup de machette est un grand moment de sauvagerie comme je les adore. Victime d’un syndrome " le cul entre deux chaises ", The Insider est néanmoins une petite réussite du polar HK qui se regarde tout à fait. Je pense aussi qu’il pourrait constituer une bonne initiation pour quelqu’un de moins habitué au genre. J’ai tué Jesse James ( Samuel Fuller, 1949 ) Jesse James est abattu dans le dos par son ami Robert Ford ( John Ireland ) qui souhaitait bénéficier de la récompense promise afin d’épouser sa fiancée Cynthy ( Barbara Britton ). Confronté à l’hostilité générale, Ford décide de devenir chercheur d’or. Premier film du génial Samuel Fuller et déjà une superbe réussite du western psychologique, prouvant d’une part que contrairement à ce que Bazin raconte le surwestern ne date pas des années 50 ( l’excellent L’Etrange incident, dont je parlerai bientôt, dément encore plus cette idée ) et d’autre part que les années 60 n’ont en réalité pas apporté grand-chose au rayon déconstruction des grands mythes. En effet, l’idée de prendre pour héros un être lâche et vil crée un sentiment ambigu du spectateur, entre mépris et compréhension pour ce protagoniste original qui par amour crée une situation qui conduira sa fiancée à le quitter. Deux scènes magnifiques : Ford paye à boire à un chanteur qui pour le remercier, ignorant son identité, lui chante une chanson racontant l’assassinat de Jesse James par le " sale petit couard " ; et Ford, canardé dans la rue, se rendant compte que le tireur est un adolescent désirant entrer dans la légende en le tuant. Contrairement à beaucoup de fans, je trouve John Ireland excellent en traître névrosé. Il me semble réussir à trouver un juste milieu entre une dramatisation forcée et l’absence d’empathie. Le film est très concis ( 1h17 ) et forcément très condensé, pour peu qu’on accepte l’idée principale du scénario ( tout ce que vit Ford le renvoie directement ou indirectement à son statut de meurtrier ) celui-ci est impeccablement mis en oeuvre jusqu’à la fin avec l’arrivée de Frank James venu révéler à Ford que sa fiancée ne l’aime plus qui me parait en revanche une énorme facilité narrative qui a du mal à passer. Je trouve aussi Fuller moins sec et moins précis dans sa mise en scène qu’il le sera ultérieurement ( les flashbacks sur Ford abattant Jesse ne sont pas de la plus grande finesse par exemple ) mais quoi qu’il en soit, J’ai tué Jesse James est un excellent western original et émouvant, coup d’essai d’un réalisateur génial qui se surpassera par la suite ( Le Port de la drogue, Shock Corridor, J’ai Vécu l’Enfer en Corée… ). Boris.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 28/05/2021 Grade : [Druide] Inscrit le 21/08/2007 | Envoyé par Dr_Z le Mardi 03 Décembre 2013 à 15:40 Je compte voir prochainement deux films: Docteur Jerry et Mister Love (conseillé par un cinéphile, la description du film ne me botte pas, mais je vais quand même essayer de le voir) et Comment j'ai détesté les maths (certains ici l'ont peut-être vu, si personne ne le fait avant, je compte le chroniquer). Des opinions sur ces films ?
___________________ Le 02/04/2020 à 15:21, Borislehachoir avait écrit ... |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Dimanche 15 Décembre 2013 à 14:15 L’Etrange incident ( William Wellman, 1943 )
Gil Carter ( Henry Fonda ) et son ami Art apprennent en ville la mort d’un éleveur de bétail. Une milice populaire se forme pour pendre les coupables, milice à laquelle Gil et Art se joignent afin de calmer les villageois hystériques. L’extraordinaire force de ce western réside dans sa violence et sa concision. Violence car en tant que réquisitoire anti-lynchage, L’Etrange incident est digne du Fritz Lang de Fury pour montrer comment les mouvements de foule peuvent pousser les gens à des extrémités dramatiques ; concision car que ce soit dans sa durée ( 75 minutes ) ou dans son exécution, le film est d’une sécheresse exemplaire. Il y a plein de petits éléments qui rendent le film plus ambigu, et donc plus intéressant, que bien des films de gauche sur des thèmes similaires : Carter est un personnage a priori antipathique ( au début du film il a tout d’un emmerdeur ) pour lequel on se prend d’affection au fur et à mesure de ses efforts pour sauver la vie des trois accusés ; l’un de ceux-ci, joué par Anthony Quinn, est présenté comme un desperado au passé louche, tandis que le vieillard du trio, acculé, est prêt à dénoncer n’importe qui pour ne pas mourir ; enfin, Henry Fonda et son ami, a priori les héros du film, ne sont pas les premiers à voter contre le lynchage mais respectivement le cinquième et le sixième ( le premier étant une espèce d’attardé mental ) des sept opposants. On notera aussi un commentaire aussi intelligent que féroce d’Henry Fonda une fois que, mis face à leurs erreurs, les lyncheurs se voient prêts à condamner leur ancien leader : " Tu ne lâches jamais ta corde, pas vrai ? ". Enfin, la scène ou Fonda lit la lettre d’un des pendus à sa femme évite le pathos en refusant de cadrer le regard de l’acteur. Bref, tout cela pour dire que l’Etrange incident est un excellent film, qui parvient à conjuguer avec une rare efficacité un message politique et une dramaturgie dans laquelle de vrais personnages émergent. On notera au passage la quasi-omniprésence d’Henry Fonda dans les productions sur des thématiques voisines ( Douze hommes en colère, J’ai le droit de vivre, Les Raisins de la colère… ) ; sa capacité à ne pas vampiriser le film, à accepter de jouer le rôle d’un personnage finalement assez passif et impuissant, n’est pas le moindre mérite de ce grand acteur. Young Detective Dee : Rise of the sea dragon ( Tsui Hark, 2013 ) Des années avant le premier film, Dee ( Mark Chao ) enquête sur l’apparition d’un dragon des mers qui a détruit une grande partie de la flotte de l’Empereur. Il se heurte à Yuchi ( Feng Shaofeng ), mandaté par l’impératrice. Préquel au film bancal mais intéressant réalisé par Tsui il y a deux ans, cette nouvelle aventure du juge Ti se révèle globalement aussi frustrante que la première, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. Au positif : la relation Dee-Yuchi est intéressante, entre respect et rivalité, et j’ai bien aimé l’intégration à l'histoire du docteur Shatuo ( le méchant du premier épisode ) et la naissance de son amitié avec Dee. La fin me semble politiquement plus intéressante que celle du premier épisode ( Dee sait que le régime est voué a virer au despotisme ), de même en ce qui conerne la caractérisation des méchants. Il y a quelques combats qui parviennent à mêler avec virtuosité le numérique, la 3D et l’univers de Tsui Hark ( celui le long de la falaise à la fin justifiant presque à lui le visionnage ). Et comme pour le premier j’ai trouvé le scénario mieux écrit et plus compréhensible que ce qu’on peut parfois en lire dans la presse. Au négatif : le casting de chanteurs pop HK ne fait pas rêver et peine à faire oublier Andy Lau. Le numérique est encore plus présent que dans le premier épisode et son utilisation excessive risque de condamner le film à très mal vieillir. L’espèce de kraken géant est loin de m’avoir convaincu, a fortiori quand Yuchi se retrouve à chevaucher un cheval sous-marin qui fait un peu virer le film vers du grand n’importe quoi. Et tous les passages " La belle et la bête " ( une sous intrigue sur une femme dont l’amant a été transformé en monstre ) sont niais. C’est un peu le même problème avec tous les Tsui Hark que j’ai vu depuis Seven Swords : des idées visuelles en pagaille, un refus de l’académisme pour proposer des séquences effectivement inédites au cinéma mais aussi du brouillon, des choses narrativement et/ou visuellement bancales et du numérique un peu dégueulasse. Surtout, le gros problème selon moi dans les deux Dee, c’est l’absence d’intensité émotionnelle : on regarde les films parfois admiratif mais jamais impliqué par ce qui arrive au personnage. Un divertissement correct mais loin de signer le retour de Tsui Hark à sa forme olympique des années 90. Trois heures, l’heure du crime ( Phil Joanou, 1987 ) Jerry ( Casey Siemaszko ) apprend l’arrivée dans son lycée de Buddy Revell ( Richard Tyson ), une véritable légende urbaine dont la férocité et la violence sont craintes. Aciddentellement, Jerry touche Buddy qui le défie pour un règlement de comptes à trois heures. Je l’ai déjà dit plusieurs fois : Le Train sifflera trois fois est à mes yeux un film médiocre et pénible, néanmoins il aura eu le mérite d’inspirer deux remakes cachés largement plus inspirés. D’une part, le très bon Outland de Peter Hyams avec Sean Connery qui transposait l’action dans une station spatiale, et de l’autre cette petite réussite du teen movie signée Phil " Les anges de la nuit " Joanou. La très bonne idée, c’est de faire que les deux tiers du films sont consacrés à l’élaboration de stratagèmes de plus en plus foireux par Jerry pour différer le combat ( par exemple, il planque un couteau dans le casier de Buddy pour le faire expulser, couteau qu’il retrouvera planté dans sa voiture accompagné d’un message type " il n’y a aucun échappatoire " ). Le film est aussi plus inventif que la plupart des teen movies question mise en scène ( les très longs travellings à la Donnie Darko avant l’heure qui passent d’un groupe à un autre, tous occupés à discuter de la légende Buddy Revell ). Si Casey Siemaszko n’a peut-être pas tout à fait le charisme que son rôle aurait nécessité, un Richard Tyson délicieusement mono expressif compose un méchant tout à fait réussi. Mes autres réserves concernent les personnages féminins qui à l’exception de la petite sœur de Jerry font souvent double emploi ( néanmoins, la scène ou Jerry cherche à pousser la prof de français à bout pour se faire virer est anthologique ) et une bagarre finale qui est un chouia décevante étant donné l’impatience avec laquelle on l’attend. C’est très drôle, rempli d’idées qui fonctionnent bien ( Jerry qui regarde des documentaires animaliers dans lesquels les petits animaux se font systématiquement massacrer, les cours sur l’Illiade ou on insiste bien sur Achille traînant le cadavre d’Hector le long des remparts ) et c’est encore une démonstration de la diversité des teen movies, genre souvent peu considéré ayant pourtant donné lieu à un bon paquet de classiques durant les 80’s. J’imagine bien corum ( et beaucoup d’autres ! ) passer un très bon moment devant ce film. Pas parfait loin s’en faut, mais chaudement recommandé par votre serviteur. Vercingétorix : la légende du druide roi ( Jacques Dorfmann, 2001 ) Vercingétorix ( Christophe Lambert ) affronte Jules César. Autant le visionnage de Vercingétorix est quelque chose d’extrêmement pénible en temps normal, autant accompagné d’un Jaguarboulimique en forme et surtout du commentaire audio de Jacques Dorfmann, l’exercice devient mémorable. On a donc un générique dans l’espace " symbole de le l’harmonie céleste vers laquelle Vercingétorix tendait vers la fin de sa vie " mais aussi " commentaire sur les excès de la mondialisation ", par exemple. Inutile de dire que le décalage entre l’ambition démesurée affichée par le réalisateur et l’immense catastrophe constatée par le spectateur n’ont que peu en commun. Au programme donc, un festival Christophe Lambert absolument indescriptible ( " GAULOISES, GAULOIS ! "), des gaulois joués par des rugbymen dont Vincent Moscato dans le rôle de Moscatos, des germains sortis d’un clip à mi-chemin entre Franky goes to Hollywood et Mylène Farmer, des dialogues ciselés (" Si tu veux vraiment ce que tu veux, alors ton adversaire le voudra aussi " ), une bataille de Gergovie ou les gauloises montrent leurs nichons avant de pratiquer un audacieux lancer de poules sur les romains, un secret des épées gauloises tellement secret que le film lui-même finit par l’oublier, des anecdotes splendides de Dorfmann ( " lui il picolait bien " " Elle c’est le top du top comme actrice… enfin, en Bulgarie ! " ), le montage de scènes d’action le plus WTF que j’ai vu depuis Hyper-Tension 2, une élection du chef de l’armée gauloise à base de on-pose-une-boule-blanche-puis-on-prend-une-boulle-blanche-puis-on-pose-une-boule blanche totalement incompréhensible si l’on refuse d’adopter la théorie de Jaguar ( " Je te dis : ils font un tournoi de Motus inter-tribus ! "), une Inès Sastre en gauloise dotée du pire accent espagnol possible ( elle aura eu décidément un flair incroyable puisqu’elle sortait du tournage du merveilleux Vidocq que je n’ose pas revoir, même au quinzième degré ), des figurants filmés six fois de suite pour donner l’impression qu’il y a une foule énorme… Bref, la catastrophe est totale, mais la conviction frôlant le délire de son réalisateur fait que le commentaire audio en devient un sommet d’humour involontaire. Faites-le vous, mais à plusieurs, le regard vide de Christophe pouvant décourager même les spectateurs les plus avertis. Mandingo ( Richard Fleischer, 1975 ) Dans la Louisianne du XIX ème siècle, Warren Maxwell ( James Mason ) règne en despote sur une plantation. Veuf, il espère que son fils Hammond ( Perry King ) lui procure une descendance, mais celui-ci préfère les esclaves noires aux jeunes filles blanches de bonne famille. Bien plus que le Django de Sergio Corbucci, Mandingo est le film dont le Django Unchained de Tarantino s’est le plus inspiré. Et si la vision tarantinienne de l’esclavage pouvait choquer en 2013, il faut rendre ici à César ce qui est à César : Fleischer en offrait une aussi crue, violente et dérangeante dès 1975. On a donc des gamines noires violées par leurs propriétaires, des combats d’esclaves qui donnent la nausée, des bons docteurs blancs ayant des solutions novatrices aux maladies ( il suffit de dormir avec un enfant noir nu enroulé autour de son pied ) et des conflits entre les esclaves prêts à se révolter et ceux espérant obtenir le respect de leurs maîtres par leur servilité. Un aspect très intéressant est le fait que le personnage principal, Hammond Maxwell, est relativement modéré pour un propriétaire blanc ( il n’aime pas frapper ses esclaves, respecte ses conquêtes noires auxquelles il n’hésite pas à donner des bijoux initialement achetés pour sa femme et tente d’interrompre le combat lors duquel son lutteur est sévèrement amoché ) et se révèle presque être un salaud malgré lui lorsque son amitié avec l’esclave Mede vole en éclat. C’est moins la dégueulasserie d’un personnage que celle d’une époque qui est dénoncée ici, ou les frustrations de chaque classe sociale se répercutent sur celle d’en dessous ( Maxwell pousse son fils à épouser sa cousine, celui-ci méprise et la trompe avec une esclave que la femme d’Hammond battra par jalousie en provoquant une fausse couche ) sans qu’aucune alternative à la rébellion frontale ne soit permise ; en cela, Fleischer va bien plus loin que la majorité des films de blaxploitation réalisés par des blancs, qui se contentaient d’opposer le bon noir intégré au méchant noir trafiquant. Si on ajoute à cela toutes les qualités habituelles du vétéran Fleischer ( direction d’acteurs impeccable, rigueur de la mise en scène,, sens du rythme impeccable ) on obtient clairement l’une de mes grandes découvertes cinéphiles de cette année. Un gros merci à Quentin Tarantino pour avoir remis des films comme celui-là en lumière ( ou comme d’habitude tout le monde fera semblant de l’avoir vu depuis dix ans sans pouvoir citer une seule scène… monde de poseurs ). Boris, je hais les captures.
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Hors Ligne Membre Passif depuis le 03/07/2023 Grade : [Modo Forum] Inscrit le 22/08/2003 | Envoyé par jokerface le Dimanche 15 Décembre 2013 à 16:06 Je viens de voir Conjuring et je suis déçuuuuuuuuuu.
Quoi ? C'est ça le film d'horreur dont tout le monde parle en bien ? Mais c'est du vu, du vu, du revu, revu; revu, revu, revu et rerervu et même rererevu. A part la poupée (dont j'attendais plus) c'est presque sans grand interêt. Oui c'est pas mauvais, mais ya vraiment rien d'original. Autant se rematter Dead Silence, beaucoup plus redoutable. Sinon rien à voir, mais mon dernier coup de cœur dans tout ce que j'ai vu ces derniers temps, c'est le film d'animation The Prodigies. J'ai hâte de lire le livre qui s'en inspire.
___________________ Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ... |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Lundi 20 Janvier 2014 à 22:03 Mes visionnages salles de fin d'année furent plutôt catastrophiques, avec un Woody Allen toujours aussi médiocre dont la côte auprès de la presse demeure un mystère à mes yeux, un Jia Zhang-Ke archi lourdaud en forme de brûlot anti-chinois subtil comme un tract de la LCR et un Ari Folman tellement chiant que je me suis surpris à penser à des choses plus intéressantes pendant le film, comme le curling.
Deux films échappent au massacre : Snowpiercer, aux scènes d'action dégueulasses, rempli d'incohérences mais suffisamment bien joué pour se regarder quand même, Et Le loup de Wall Street, satire un peu prévisible et donnant un sentiment de déjà vu/lu mais virtuose et souvent très drôle. Pas de quoi s'en relever la nuit mais bon... Bref, une année de merde pour moi, et c'est une des raisons qui font que je vais arrêter de faire des critiques ici vu que je me désintéresse de plus en plus de ce que les gens veulent voir : les sorties en salles. Clairement je me forçais de plus en plus à voir des films que je ne voulais pas voir et à parler de films dont je ne veux pas parler. J'ai donc commencé à écrire sur mon site, comme certains le savent déjà ; http://nikon-sevast.blogspot.fr/ Donc voilà, la suite me concernant sera là-bas avec tout plein de machins déterrés des abysses du cinéma de genre - mais pas seulement - et ou je pourrais tranquilou chroniquer des vieilles séries B sans me demander si c'est ce qui intéresse le public ou pas. Merci aux gens qui m'ont lu tout le temps que j'ai passé à essayer d'animer ce topic. Boris.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 28/05/2021 Grade : [Druide] Inscrit le 21/08/2007 | Envoyé par Dr_Z le Lundi 20 Janvier 2014 à 22:19 Le 20/01/2014 à 22:03, Borislehachoir avait écrit ... Laisse-moi deviner: tu parles de Blue Jasmine. Si c'est le cas, c'est l'un des rares films que j'ai vraiment détesté en 2013. un Jia Zhang-Ke archi lourdaud en forme de brûlot anti-chinois subtil comme un tract de la LCRun Jia Zhang-Ke archi lourdaud en forme de brûlot anti-chinois subtil comme un tract de la LCR Il sort en salle la semaine prochaine dans le cinéma le plus proche de chez moi. J'hésite un peu à aller le voir mais je pense que je vais passer mon tour. Sinon, j'avais il y a un moment dit que je chroniquerais Comment j'ai détesté les maths. Un peu par flemme et un peu car je ne sais pas trop quoi dire qui sort de la banalité, je ne me vois pas en faire une chronique. Mais si vous connaissez un cinéma qui le diffuse encore (peu de chances mais bon...), je vous conseille de le voir. Le film est plus que correct même si je trouve que les médias on fait un peu trop de lèche au film. Parole de matheux satisfait.
___________________ Le 02/04/2020 à 15:21, Borislehachoir avait écrit ... |