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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 06 Octobre 2011 à 07:43



Le 05/10/2011 à 23:33, gedat avait écrit ...

L'insoutenable légèreté de l'être - Philip Kaufman (1988)

L'histoire d'amour de Tomas, chirurgien reconnu et grand séducteur, et Teresa, une photographe qui vient juste de débarquer de la campagne, dans le Prague des évènements de 1968. Dans l'ensemble, cette adaptation du roman de Milan Kundera est admirablement réalisée, bénéficiant d'une musique constamment magnifique et d'un Daniel Day Lewis irradiant de charisme, jouant Tomas plus qu'à la perfection, secondée de Juliette Binoche qui s'en tire aussi très honorablement. Si le film souffre parfois de quelques longueurs, il comporte des scènes extraordinaires comme la première visite de Tomas à Sabina à Genève, et arrive particulièrement à rendre l'atmosphère de l'invasion russe de Prague. L'arrivée des chars soviétiques est traitée avec un minimalisme qui n'en est pas moins efficace (et qui rappelle un peu l'approche du T-Rex dans Jurassic Park), et les scènes où Teresa mitraille de son appareil photo la foule qui investit les rues pour protester contre l'occupation nous font vivre la fébrilité de l'évènement aussi bien que dans le roman.

Malgré tout on peut regretter que le film se concentre trop sur les relations au sein du trio Tomas-Teresa-Sabina, et éclipse presque totalement l'autre personnage important de l'histoire, à savoir Franz, autour duquel se centre dans le roman tout un pan de la réflexion de l'auteur. La dimension politique de l'oeuvre patît aussi de l'adaptation, l'activité militant

Tu sais vraiment pas motiver les gens, c'est dingue.

DANS CE FILM Y A LENA OLIN QUI SE FAIT PHOTOGRAPHIER A POIL PAR JULIETTE BINOCHE AVANT DE LA DESHABILLER ET DE PRENDRE DES PHOTOS A SON TOUR.

Boris, ça fait déja plus envie là non ? 

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Mendeed

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Envoyé par Mendeed le Jeudi 06 Octobre 2011 à 09:33


Le 06/10/2011 à 07:43, Borislehachoir avait écrit ...

 


Tu sais vraiment pas motiver les gens, c'est dingue.

DANS CE FILM Y A LENA OLIN QUI SE FAIT PHOTOGRAPHIER A POIL PAR JULIETTE BINOCHE AVANT DE LA DESHABILLER ET DE PRENDRE DES PHOTOS A SON TOUR.

Boris, ça fait déja plus envie là non ?

 

 C'est vrai que j'étais tombé sur ce film à la télé en deuxième partie de soirée complètement par hasard (je crois même que ça devait être sur TMC ou NT1) je m'étais arrété, attiré par l'étrange début (avec le mec qui se ballade et qui croise la fille dans la piscine) et au début j'avais cru que c'était un film avec des acteurs tchèques ou hongrois (voir russe) inconnus. Et j'ai passé la moitié du film à me dire "quand même elle me dit quelque chose, la fille...". Je sais plus si j'avais tenu jusqu'à la fin (pas que le film me saoulait mais qu'il était tard et que j'étais crevé)


Mendeed

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Vendredi 07 Octobre 2011 à 11:31


Si tu fais le Faucon Maltais aujourd'hui, c'est pas tout à fait aussi glorieux qu'avoir fait le Faucon Maltais en 1941 et ça me semble évident.


==> Ce sera tout aussi glorieux, le message sera juste différent (cf Borges pour ce point de vue sur l'intemporalité des oeuvres ==>Le Don Quichotte de Pierre Ménard).

Définitivement NON. Le premier est un monument d'esbrouffe visuelle à la mise en scène brouillonne, avec des actrices potiches ( dont les personnages ne servent à RIEN ), une musique de merde et un Edison Chen-à-côté-de-moi-Christophe-Lambert-est-charismatique


==> De ton point de vue, je trouve qu'il y a de bons côtés à infernal affairs.

Faut m'expliquer ou le fratricide du parrain 2 arrête une guerre des gangs, hein...

==>Peut-être qu'il ne l'arrête pas, mais le fratricide est très explicitement lié à une guerre des gangs. De plus le fratricide du parrain est juste 100* mieux mis en scène, parce que là dans State of grace je vais pas spoilé la scène, mais en tout cas on n'a plutôt l'intérêt d'assister à une exécution lambda, alors si le thème est traité, c'est par dessus la jambe.

Faut m'expliquer ou un flic venge un mafieux dans LA Confidential aussi...

==>Je lai vu il y a très longtemps mais il me semble que Russel Crowe se charge de l'affaire parce qu'il veut venger son pote tombé au bar de l'oiseau de nuit.

Sinon faut savoir : soit le film est improbable, soit il est ultra-prévisible, mais je conceptualise difficilement comment on peut être les deux en même temps.


Je te propose d'arrêter un peu ces sophismes à 2 balles.

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 07 Octobre 2011 à 11:47


 ==> Ce sera tout aussi glorieux, le message sera juste différent (cf Borges pour ce point de vue sur l'intemporalité des oeuvres ==>Le Don Quichotte de Pierre Ménard).

Donc le Psychose de Van Sant en 98 vaut le Psychose d'Hitchcock, ou du moins est " tout aussi glorieux " ?
==> De ton point de vue, je trouve qu'il y a de bons côtés à infernal affairs.
Moi aussi mais de là à en faire un grand polar faut pas pousser mémé dans les orties, si la même chose avait été faite par un américain t'aurais probablement hurlé à l'esbrouffe. Rien qu'au niveau HK je le trouve cent fois moins intéressant qu'un PTU, un Time and Tide, un Jiang Hu the triad zone, un Exilé.... Infernal Affairs c'est le polar chinois préferé des gens qui ont vu trois polars chinois dans leur vie.
==>Peut-être qu'il ne l'arrête pas, mais le fratricide est très explicitement lié à une guerre des gangs. De plus le fratricide du parrain est juste 100* mieux mis en scène, parce que là dans State of grace je vais pas spoilé la scène, mais en tout cas on n'a plutôt l'intérêt d'assister à une exécution lambda, alors si le thème est traité, c'est par dessus la jambe.
Les circonstances sont diamétralement opposées. Le fratricide du Parrain 2 est là pour faire payer la trahison de Fredo, pas pour sauvegarder l'intérêt du clan. Quand Fredo est tué, ça fait un moment que Hyman Roth est mort et que les Corleone ne risquent plus rien. Dans la Joanou, c'est un meurtre sans haine ni rancoeur qui sert à sauver le clan. Dramatiquement c'est d'autant plus fort que l'exécuté dans Les anges de la nuit ne comprend même pas pourquoi il l'est. Tout le contraire de Fredo Corleone.
Quand à dire que c'est une exécution lambda, non. Regarde comment est filmée la mort de John C Reilly et celle du frère, c'est l'exact contraire donc paye ta mauvaise foi sidérale. D'ailleurs tu donnes pas le moindre argument comme quoi c'est traité " par dessus la jambe ". Tu énonces des fausses vérités sans rien derrière.
==>Je lai vu il y a très longtemps mais il me semble que Russel Crowe se charge de l'affaire parce qu'il veut venger son pote tombé au bar de l'oiseau de nuit.
Son pote est flic comme lui. Ce n'est qu'à la fin du film que White se rend compte que son pote était la dernière des ordures. Il n'y a aucune alliance flic-mafieux dans LA Confidential.
Je te propose d'arrêter un peu ces sophismes à 2 balles.
Je te propose d'arrêter de dire un coup un truc un coup le contraire pour justifier une position qui ne tient pas debout.

Boris, et aussi de revoir tes classiques du genre, parce que visiblement Alzheimer te guette.

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Envoyé par kakkhara le Vendredi 07 Octobre 2011 à 12:04


Donc le Psychose de Van Sant en 98 vaut le Psychose d'Hitchcock, ou du moins est " tout aussi glorieux " ?

==>ai-je parlé du cas d'un remake, à un moment ou à un autre?

Quand à dire que c'est une exécution lambda, non. Regarde comment est filmée la mort de John C Reilly et celle du frère, c'est l'exact contraire donc paye ta mauvaise foi sidérale.


==>As-tu spécialement ressenti quelque chose à la mort du frère? Parce que moi j'ai déjà plus été impliqué dans celle de C. Reilly pour ma part.

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 07 Octobre 2011 à 12:13


 ==>ai-je parlé du cas d'un remake, à un moment ou à un autre?

Ce n'est pas un remake mais une copie. A trois secondes près, les films sont les mêmes, cadrés, écrits, joués de la même façon. Donc que ça date de 1960 ou 1998 c'est pareil, selon ta logique.
==>As-tu spécialement ressenti quelque chose à la mort du frère? Parce que moi j'ai déjà plus été impliqué dans celle de C. Reilly pour ma part.
Bien sur que oui que j'ai ressenti quelque chose, ayant en plus une certaine sympathie pour ce personnage qui jusqu'au dernier moment semble empéché par son amour fraternel de voir les choses en face. Sa mort est rapide et sèche ( contrairement à celle de Reilly ) parce que personne n'y prend du plaisir ou ne s'y défoule, c'est quelque chose d'immédiat et sans le moindre effet d'esbrouffe facile pour dramatiser artificiellement sa fin ( pas de ralenti, pas de grosse musique, pas de dilatation temporelle ).
Joanou a l'énorme mérite de ne pas dicter au spectateur " là c'est le moment triste, tu pleures ". C'est extrêmement retenu comme l'est sa mise en scène sur tout le film ( excepté les 5 dernières minutes sous influence Peckinpah, mais dans une version bien plus sobre toutefois ) et c'est pour ça que je la compare à Little Odessa, qui est d'ailleurs encore plus formellement classique, encore plus retenu... et encore plus émouvant.

Boris.

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Envoyé par kakkhara le Vendredi 07 Octobre 2011 à 12:17


Ce n'est pas un remake mais une copie. A trois secondes près, les films sont les mêmes, cadrés, écrits, joués de la même façon. Donc que ça date de 1960 ou 1998 c'est pareil, selon ta logique.


==> Non ce n'est pas pareil, mais selon la logique de Borges, tout à fait l'oeuvre a autant d'intérêt, même si le centre d'intérêt en lui-même c'est déplacé.
==>Oui j'y peux rien, je te garantis que l'explication est dans la nouvelle Le Don Quichotte de Pierre Ménard, et, que tu sois d'accord ou non, elle est intéressante et pas si farfelue qu'elle y paraitrait au premier abord.

[EDIT] oui mais non ça marche pas en l'occurrence ça ne marche pas, parce que çe ne peut pas être formellement la même chose, les acteurs ont forcément changé, toossah. Donc oui ce n'est sûrement qu'une vulgaire copie (je ne l'ai pas vu, mais ça ne m'intéresse pas ^^)

[ Dernière modification par kakkhara le 07 oct 2011 à 12h18 ]

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 07 Octobre 2011 à 12:24


==> Non ce n'est pas pareil, mais selon la logique de Borges, tout à fait l'oeuvre a autant d'intérêt, même si le centre d'intérêt en lui-même c'est déplacé.
J'ai tendance à penser qu'un film qui dénonce une situation présente à, par exemple, plus d'intérêt que le même film fait cinquante ans plus tard qui ne fait que démontrer ce que tout le monde sait à l'époque. Chaplin qui dénonce le nazisme en 1940 me semble un peu plus estimable sur ce plan qu'un mec qui dénonce Hitler ou un autre dictateur en 2011. Et ça me semble tellement évident... Borges peut penser le contraire mais c'est oublier qu'une oeuvre est fondamentalement le produit d'une époque.
==>Oui j'y peux rien, je te garantis que l'explication est dans la nouvelle Le Don Quichotte de Pierre Ménard, et, que tu sois d'accord ou non, elle est intéressante et pas si farfelue qu'elle y paraitrait au premier abord.
Je vois pas comment on peut juger une oeuvre indépendamment de son contexte.

Boris.

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Envoyé par kakkhara le Vendredi 07 Octobre 2011 à 13:10


Une oeuvre qui n'a d'intérêt que pour une période donnée sombrerait dans l'oubli une fois cette période révolue.

De plus il est intéressant de parler d'un contexte en parlant d'une oeuvre, mais il ne faut pas confondre. L'oeuvre pour perdurer DOIT être indépendante de son contexte, par une portée universelle. Par exemple, dans une société sans aucune discrimination, le J'accuse de Zola n'aurait aucun intérêt. C'est parce que tant qu'il y aura de la discrimination il sera toujours d'actualité, qui lui confère ce caractère intemporel.

Parce que si le contexte disparait, l'oeuvre demeure, et si beaucoup d'oeuvres ont vu le jour en des contextes maintenant oubliés, elles n'en restent pas moins intéressantes par leur valeur intrinsèque.

C'est pourquoi Borges dit que la qualité  est également intrinsèque à l'oeuvre, et qu'il n'y a pas d'âge pour les oeuvres d'art : si le contexte est différent, notre regard sur l'oeuvre sera différent, mais pas moins dénué d'intérêt.

J'ai tendance à penser qu'un film qui dénonce une situation présente à, par exemple, plus d'intérêt que le même film fait cinquante ans plus tard qui ne fait que démontrer ce que tout le monde sait à l'époque. Chaplin qui dénonce le nazisme en 1940 me semble un peu plus estimable sur ce plan qu'un mec qui dénonce Hitler ou un autre dictateur en 2011.


Entièrement d'accord, et ce depuis le début. Ce que tu sembles ne pas vouloir entendre, c'est que ce que je veux dire, c'est que le mec qui fait une oeuvre d'art critiquant Hitler en 2011, ce ne sera pas forcément pour cette critique qu'elle sera intéressante, mais pour un autre aspect plus lié à nos préoccupations actuelles.

Car n'oublions pas que le contexte est important pour l'auteur, mais le spectateur lui a son propre contexte à apporter à l'oeuvre, et c'est par des yeux nouveaux qu'elle est percue. Le contexte original peut permettre de voir un tant soit peu l'oeuvre par rapport aux yeux de l'auteur. En revanche, il est très réducteur de s'en contenter.

 

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 07 Octobre 2011 à 20:49


Bon on part sur une discussion qui ne concerne plus le film de base mais qui m'intéresse quand même, du coup je préviens le lecteur du caractère très théorique de ce qui suit :

ATTENTION, MAXI BRANLETTE !

Pour moi une oeuvre, c'est un contexte parce que tu ne peux pas faire la même oeuvre avec le même sens en 2010 qu'en 1960. L'oeuvre et le contexte vont ensemble, l'indépendance n'existe pas. Le J'accuse sera toujours intéressant parce qu'il réflètera avec brio son époque, quelle que soit la société depuis laquelle on l'observe. L'intemporalité, tu la touches par le fait de toucher à des émitions universelles, et Harpagon reste drôle aujourd'hui même si notre société n'a que peu de rapport avec celle de Molière.

Tu le dis : notre regard sur l'oeuvre sera différent. Mais le regard ce n'est pas la valeur. Le regard c'est le produit d'une époque, ça n'est pas un bon indicateur de l'importance artistique d'une oeuvre. Aujourd'hui je lis que Hitchcock c'est nul, y a des transparences mal faites et les actrices surjoues, c'est le regard XXI ème siècle du couillon incapable de rechercher pourquoi Hitchcock a produit des films essentiels et changé la face du cinéma. Aucun jugement de valeur n'est possible sans connaitre un minimum l'environnement qui a produit les oeuvres, Pour une poignée de dollars est un film essentiel parce qu'il a été fait en 1964 ; réalisé deux ans plus tard, il serait un western distrayant parmi d'autres. Là j'évacue la question du plaisir de spectateur au profit de celle de la place historique. Donc je maintiens : Le faucon maltais en 2011, c'est rien du tout. En 1941, c'est un film essentiel.

La valeur intrinsèque de l'oeuvre n'existe pas, c'est mon avis et je le partage. 

Boris.

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Samedi 08 Octobre 2011 à 10:20


Pour moi une oeuvre, c'est un contexte parce que tu ne peux pas faire la même oeuvre avec le même sens en 2010 qu'en 1960.


==> Ce qui revient à partir d'un postulat, à savoir que le sens de l'oeuvre est à la base du fait qu'elle est oeuvre d'art. Ca reste encore à prouver, parce que dans ce cas la poésie moderne, ce n'est pas de l'art?

L'intemporalité, tu la touches par le fait de toucher à des émitions universelles, et Harpagon reste drôle aujourd'hui même si notre société n'a que peu de rapport avec celle de Molière.


==> Aussi parce que les Harpagons existent encore. Dans une société qui ignorerait ce qu'est un Harpagon, le texte serait ignoré car incompréhensible. Où alors le texte serait malgré tout connu, mais absolument pas comme une satire, au choix.

Tu le dis : notre regard sur l'oeuvre sera différent. Mais le regard ce n'est pas la valeur.


==> Tu fais quoi sur ce topic? Des critiques de film? C'est à dire que tu vois le film avec ton propre regard et que tu le rapportes selon celui-ci non?

Aujourd'hui je lis que Hitchcock c'est nul, y a des transparences mal faites et les actrices surjoues, c'est le regard XXI ème siècle du couillon incapable de rechercher pourquoi Hitchcock a produit des films essentiels et changé la face du cinéma.

+1 ^^

Là j'évacue la question du plaisir de spectateur au profit de celle de la place historique. Donc je maintiens : Le faucon maltais en 2011, c'est rien du tout. En 1941, c'est un film essentiel.


Mais justement, tout comme je le répète je suis d'accord, le contexte fait partie d'une oeuvre d'art et qu'il est intéressant de l'évoquer, le spectateur lui aussi est important. Pas de spectateur, pas de film. Pour reprendre l'exemple du Leone, il a clairement voulu renouer avec la magie qu'il éprouvait devant les westerns étant enfant (entendu en interview), mais cette magie, elle naît du plaisir de la partager, et avec qui sinon le spectateur?

Bref on peut continuer longtemps le sujet, et on va pas troller le topic non plus. mp si tu veux la continuer?

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Envoyé par Borislehachoir le Samedi 08 Octobre 2011 à 11:51


==> Ce qui revient à partir d'un postulat, à savoir que le sens de l'oeuvre est à la base du fait qu'elle est oeuvre d'art. Ca reste encore à prouver, parce que dans ce cas la poésie moderne, ce n'est pas de l'art?

Euh non d'une part j'ai pas dit que le sens à lui seul conditionnait l'oeuvre, et d'autre part je n'ai aucune prétention de dire ce qui est de l'art et ce qui ne l'est pas, juste de distinguer les films intéressants des autres. Je ne comprends pas ou tu veux en venir.
==> Aussi parce que les Harpagons existent encore. Dans une société qui ignorerait ce qu'est un Harpagon, le texte serait ignoré car incompréhensible. Où alors le texte serait malgré tout connu, mais absolument pas comme une satire, au choix.

Il serait connu comme quelque chose qui fustigeait les travers de son époque. Qu'il n'y ait pas d'Harpagon en 2915 ne change rien à la pertinence du texte de Molière en... là je me rends compte que je sais pas la date, on va dire à peu près 1700.
==> Tu fais quoi sur ce topic? Des critiques de film? C'est à dire que tu vois le film avec ton propre regard et que tu le rapportes selon celui-ci non?
C'est plus compliqué.
J'essaye de permettre à mon regard d'être au-dessus du regard 2011. Bien sur comme tout le monde je vis avec mon temps mais il y a toujours dans mes critiques un effort de contextualisation, de placement dans l'histoire, d'analyse historique de l'oeuvre. Ainsi je n'ai jamais descendu sans nuance un film fondamental dans l'histoire du cinéma parce que même si il me gonfle - ce qui arrive régulièrement - mon avis ne change rien à son importance. En vrac, je ne suis pas fan du tout de Fenètre sur cour, de La prisonnière du désert, de Eros + Massacre ( vu en version longue de 4 heures putain le tunnel d'ennui ) ou d'Hiroshima mon amour. Ca, c'est moi, Boris, qui n'a pas sauté au plafond devant ces films. MAIS j'explique à quel point ces films sont intéressants, marquants, importants, stimulants. 
Comme j'ai une petite culture cinématographique, j'essaye aussi de remettre en question des certitudes très " 2011 " qu'on peut avoir et qui me semblent erronées. L'exemple le plus évident que j'ai, c'est le western italien. La vision 2011, c'est " y a Leone au-dessus de tout et le reste loin ". C'est assez faux. Au fur et à mesure de mes visionnages qui dans ce genre là furent nombreux ( j'ai vu la quasi-totalité des classiques du genre ), je me suis rendu compte que le film matriciel de l'esthétique spagh, c'était autant Django que Pour une poignée de dollars. Aujourd'hui, peu de gens se rendent comptent que Django fut un tournant esthétique du genre ( sans Django, pas de Keoma, pas de Mannaja, pas de films de Margheriti ou de Fulci, pas de Blindman, pas de films avec Franco Nero, pas de suites de Django ni de Tire encore si tu peux ( que les distributeurs firent d'ailleurs passer pour une suite de Django ). Donc je me sers de mon expérience pour aller au-delà d'un regard trop " dans l'air du temps " pour pondre des analyses que j'essaye de déconnecter de mon époque. J'ai pas dit que j'y arrivais, juste que quand je regarde un film, je tente de le voir avec les yeux d'un spectateur de son époque.
Pour reprendre l'exemple du Leone, il a clairement voulu renouer avec la magie qu'il éprouvait devant les westerns étant enfant (entendu en interview), mais cette magie, elle naît du plaisir de la partager, et avec qui sinon le spectateur?
90 % des gens qui aiment Leone ne connaissent pas ses influences, comme pour les gens qui aiment Tarantino aujourd'hui dans leur grande majorité. Le " regard 2011 " ignore ce qui a conduit Leone a faire des films. C'est un tort d'un point de vue critique ( ce qui n'empêche pas du tout d'apprécier ses films sans avoir le moindre bagage cinématographique, mais il est impossible de " comprendre " Leone sans avoir vu un certain nombre de westerns classiques ). Quand j'ai écrit mes pavés sur Leone pour un blog de cinéma, j'ai très longuement disserté sur les emprunts d'éléments visuels ou scénaristiques. 

Aujourd'hui ( mais je suis convaincu que ça a toujours été le cas ) beaucoup de spectateurs sont passifs : ils se posent devant le film, regardent les images, baillent, rient et disent " j'ai aimé/j'ai pas aimé ". Et le lendemain ils en regarderont un autre sans se poser de question. Je suis un spectateur (hyper)actif, je lis, je me documente, je fais un véritable effort pour entrer dans le film et pour comprendre comment il a été pensé, quelle est sa place dans l'histoire. Je fais des critiques en partie pour ça, j'espère que des fois en me lisant les gens se disent " ah, j'avais pas vu les choses comme ça, c'est pas con " ou " je comprends mieux certaines choses maintenant ". Si une personne se dit ça toutes les dix pages de topic je suis content. 

Boris, je ne vois pas en quoi on troll le topic ( on parle de cinéma, pas de hockey sur gazon ) donc aucune objection à continuer ici pour ma part.


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Envoyé par Skarr le Mercredi 12 Octobre 2011 à 10:12


 Drive de Nicolas Winding Refn

Pusher, c'était la violence désincarnée de la mafia danoise. Valhalla Rising, c'était la violence d'un personnage qui ne sait vivre que par elle. Bronson, c'était un personnage qui choisissait d'exister par la violence. Avant de passer à autre chose, Winding Refn fonde une dernière fois un film sur ce thème plein d'hémoglobines qui lui tient tant à coeur dans cette espèce de tragédie grecque qu'est Drive.
Los Angeles, un mec travaille de jour comme garagiste et cascadeur pour Hollywood, et met sa conduite au service de braqueurs la nuit. En un coup de fil de 30 secondes ouvrant le film, les conditions sont mises en place : il attend cinq minutes, il conduit, il échappe à la police si besoin, il se gare et disparait. Et ça fonctionne, en témoigne l'immense poursuite qui s'en suit, parfaitement mise en scène, sans aucune emphase, tout en tension. Mais lorsqu'il trahit son propre code en tombant amoureux d'une fausse blonde, tout dérape et on assiste à la mort progressive de tous ceux qui l'entourent jusqu'à un final qui n'est pas sans faire penser à Taxi Driver.
Drive ressemble d'ailleurs pas mal au Scorsese dans la mesure où il présente un personnage mutique, à la limite de la niaiserie, qui agit en chevalier dans une époque où le chevaleresque ne fonctionne plus. Mais quelle époque d'ailleurs ? De nombreux éléments, dont les décors intérieurs, la police d'écriture des génériques, mais surtout la superbe musique, crient "années 80". Mais quid des voitures et de l'espèce d'Iphone de la danseuse du cabaret ? C'est donc dans un flou temporel que Winding Refn projette son personnage qu'il veut transcender jusqu'au statut de héros.
Alors oui la musique m'a emballé, oui la mise en scène est superbe, tout comme la photo (cf. les scènes dans le cabaret !), oui les références sont intéressantes, bien digérées et oui l'ultra violence est là pour servir le propos plutôt que pour faire du tape à l'oeil, mais comme avec tous les autres films de Winding Refn, un arrière goût d'inaccompli m'empêche d'adorer le film. Je n'aime peut-être pas tant que je le crois ce cinéaste qui pense forme avant de penser fond. Peut-être est-ce la carence de sens de ses films qui m'empêchent de voir en lui un véritable génie tragique à l'image de James Gray. Dommage. Mais vivement le prochain.


PS : dédicace à Moundir : "Hey Skarr ! A un moment ça fait pas un peu "un taxi qui protège une pute dans une audi ?". Bien vu l'aveugle.

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Borislehachoir

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Je vais tacher de voir Drive ce week-end.

Boris.

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Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 13 Octobre 2011 à 08:19


Le mariage de Maria Braun ( Reiner Werner Fassbinder, 1979 )

Maria ( Hanna Schygulla ) attend le retour de la guerre de son mari Hermann ( Klaus Löwitsch ). Après avoir appris la mort de celui-ci, elle se donne à un GI américain noir, Bill, ce que découvre Hermann, miraculeusement vivant, en rentrant chez lui. Maria tue Bill mais Hermann s’accuse du meurtre et part en prison. Déterminée à survivre, Maria devient la maîtresse d’un entrepreneur franco-allemand, Oswald.
Mon premier Fassbinder est une expérience assez étrange de mélodrame distancié. N’importe qui, à la lecture du scénario, imaginera facilement l’avalanche de pathos que peut déclencher deux heures de malheurs de cette pauvre Maria, il n’en est rien. En effet, le personnage de Maria est à la fois antipathique ( il est presque impossible de s’identifier à elle ) et touchant parce que justement le film ne la justifie jamais. Elle agit avec force et détermination, manipulant son monde afin de vivre son rêve capitaliste dans une Allemagne en reconstruction.
Comment différencier un grand mélodrame d’un navet ? Vaste question auquel il est difficile de répondre, mais il est un point sur lequel se rejoignent des films aussi différents que Titanic, Les 4 cavaliers de l’Apocalypse, Casablanca ou Le mariage de Maria Braun : l’idée de coupler l’action du personnage principal aux circonstances historiques, de montrer la naissance ou la mort d’une idéologie, les conséquences d’une guerre ou de sa fin sur les relations amoureuses. Et c’est là qu’est ma réserve sur le film : je trouve cet aspect trop surligné dans le film, les personnages tendant à être trop conceptuels ( Hermann représentant le nazisme, Oswald le capitalisme, Maria la compromission, etc. ) pour quelqu'un comme moi ayant du mal avec les films à thèse. Mis à part ce bémol, les acteurs sont irréprochables, Peer Raben à la photo et Michael Ballhaus à la photo ont un talent si évident qu’on les retrouvera respectivement chez Wong Kar-Wai ( 2046 ) et chez Scorsese ( After Hours, les Affranchis ), la mise en scène de Fassbinder est magistrale ( particulièrement dans les scènes d’intérieurs ou elle semble étouffer les protagonistes ) et la puissance malaisante de certaines séquences est absolument évidente. Un grand mélodrame distancié, qui a le mérite de faire réfléchir le spectateur plutôt que de l’obliger à subir. C’est déjà énorme.









Une poignée de salopards ( Enzo Castellari, 1978 )

Durant la seconde guerre mondiale, cinq soldats indisciplinés issus de l’armée américaine doivent être exécutés pour avoir refusé d’obéir aux ordres. Après une attaque du camion dans lequel il se trouvaient, les soldats s’échappent au milieu des lignes ennemies et décident de rejoindre la Suisse. Si le lieutenant Yeager ( Bo Svenson ) s’impose facilement comme le leader du groupe, la route sera toutefois assez longue…
C’est un film à la fois con comme une déclaration d’Arnaud Montebourg et terriblement sympathique. Si on le regarde avec un point de vue de cinéphile, ou pire avec un point de vue de technicien, on découvrira une montagne d’incohérences, de faux raccords, d’approximations, de scènes gratuites et complaisantes ( hahaha les baigneuses à poil, hahaha les multiples évasions des héros ou tout le monde tire à côté ) avec en plus des acteurs qui font les cakes face à des allemands grimaçants.
Le titre original du film est Inglourious Basterds et vous l’aurez deviné, il s’agit de l’influence principale du dernier Tarantino, et si ce coup-ci l’on a entendu personne ou presque oser dire «j’ai vu l’original, et c’était ’achement mieux » c’est pour deux raisons évidentes : primo, le film n’est pas asiatique, secondo, il est complètement naze. Mais il y a dedans un esprit frondeur, un antimilitarisme évident, un bras d’honneur tendu bien haut à la hiérarchie ainsi que l’antiracisme précurseur typique d’Enzo Castellari ( cf le rôle de Woody Strode dans son sommet cinématographique Keoma ! ) à travers le personnage de Fred, joué par Fred Williamson ( mais si ! Le gars qui dit « ma patience a des limites mais il ne faut pas exagérer » dans White Fire ! ), de toute évidence le mec le plus sympathique du commando. Bref, si vous voulez du grand cinéma, de la mise en scène de qualité, des acteurs à l’état de grâce, fuyez. Si vous êtes un bisseux attardé comme moi et que voir des kékés buter des nazis à la grenade vous éclate, viendez tous !

City on fire ( Ringo Lam, 1987 )

Un truand est assassiné dans la rue par des braqueurs, qui avaient découvert qu’il s’agissait d’un flic infiltré. Le chef de la police envoie alors son neveu Chow ( Chow Yun-Fat ) s’infiltrer à son tour dans le gang, et ce en dépit des fortes réticences de Chow qui vit très mal le fait d’avoir, lors d’une précédente mission, du trahir un de ses amis. Chow se lit avec Fu ( Danny Lee ), l’un des gangsters, tout en devenant à son tour suspect aux yeux de la police qui le soupçonne de jouer double jeu.
Encore une influence de Tarantino, et une sur laquelle on a écrit tout et surtout n’importe quoi, heureusement votre serviteur Boris est là pour démêler le vrai du faux entre deux cours de droit. En effet City on fire est une histoire d’amitié entre un gangster et un flic infiltré, qui se termine par un braquage simultané à quatre et un aveu du flic blessé. Et c’est tout, tout, tout ce que le film possède comme point commun avec Reservoir Dogs, étant pour le reste beaucoup plus linéaire ( pas de flashbacks en dehors des mauvais rêves de Chow Yun-Fat, une narration chronologique ), plus conventionnel ( on voit le braquage, le braquage multiple n'aboutit pas, on se tape une intrigue amoureuse sans grand intérêt autour du personnage de Chow Yun-Fat ) et au final moins fort que la relecture tarantinesque. Le duo d’acteurs fonctionne bien mais pas de manière aussi étincelante que dans The Killer, l’histoire est intéressante mais le scénario est perfectible ( on peine à comprendre comment en deux scènes Chow Yun-Fat et Danny Lee nouent une amitié aussi puissante ) mais heureusement la sécheresse de l’ensemble, la réussite des scènes d’action et le refus du happy end final font que City on fire, faute d’être le grand film revendiqué par certains pseudo-puristes du cinéma de Hong-Kong, est une vraie bonne série B d’action qui ne transcende pas tout à fait son sujet. A noter une intéressante bifurcation du scénario sur la guerre des polices, dont l’attitude envers Chow Yun-Fat justifie en partie l’amitié de celui-ci pour Danny Lee.
Je ne mets pas de captures, non pas que le film ne le mérite pas mais simplement parce que je l’ai vu dans des conditions tellement déplorables que je doute que les caps en question puissent motiver qui que ce soit.


8mm ( Joel Schumacher, 1999 )

Tom Welles ( Nicolas Cage ), enquêteur, est appelé par une veuve âgée qui vient de découvrir dans le coffre-fort de son mari un film pornographique ou une jeune fille se fait torturer et tuer. Elle prie Welles de s’assurer qu’il s’agit bien d’un trucage, conduisant celui-ci à entrer dans l’enfer des snuff movies.
Je ne sais pas si le film est plus mauvais que le Castellari dont je parle au-dessus, mais il est certain qu’il est bien plus pénible à visionner tant tout cela sent un peu la merde. On pourra me dire que c’est volontaire vu le sujet, mais en réalité la photo est beaucoup trop propre, la mise en scène beaucoup trop scolaire, le scénario beaucoup trop académique pour qu’on ait le moindre malaise devant ce qui se voulait un film coup de poing. Non, ce qui est pénible n’est pas ce qu’on voit ( au-delà du fait que c’est totalement con ) mais la bonne grosse apologie de l’auto-défense absolument dénuée de nuance qu’il y a derrière. Tous les personnages du film sans exception sont soit des victimes ( la gamine et sa mère, le personnage de Phoenix, la veuve, Cage et sa famille ) soit des bourreaux sadiques qui méritent de crever ( le quatuor de bad guys ). Cage lui est un gars formidable qui aime sa femme et veut aider la veuve et l’orphelin, mais quand même faudrait passer tout ça au Karchër et le monde s’en porterait mieux, ce qui aboutit à une des scènes les plus extraordinairement abjectes que j’ai pu voir : Cage attache un fumier de snuffer, veut le flinguer, n’y arrive pas, sort, appelle la mère de la gamine tuée pour « s’imprégner de sa douleur de mère » ce qui lui donne la force de retourner achever l’ordure à coups de machette. La morale est sauve ( il a fait ça pour le bien commun ! ) et il en sera ainsi durant tout le film. Il n’y a rien là-dedans qui crée un minimum de réflexion ou d’ambiguïté, non, c’est simple, on bute les méchants et après ça va mieux. Heureusement, le film n’a de toute façon aucun réel intérêt cinématographique ce qui fait que mal écrit, mal joué et filmé de façon totalement complaisante, il se révèle heureusement assez inoffensif et ne convaincra que des fans de Steven Seagal regrettant les vieux vigilante avec Charles Bronson.

Psaume rouge ( Miklos Janco, 1972 )

Vers la fin du XIX ème siècle, une révolte paysanne éclate du fait de leur exploitation par le pouvoir. Celui-ci va tout à tour employer la force brute, l’économie, la répression ou encore le pouvoir clérical pour mater la révolte qui petit à petit se transforme en véritable Woodstock avant l’heure.
Il m’est très difficile de traiter ce film, le plus connu d’un cinéaste hongrois extrêmement réputé, déjà parce qu’il est absolument étrange et ne ressemble pas du tout à ce qu’on peut avoir l’habitude de visionner ; ensuite parce que la forme est aussi extraordinaire que le fond est pénible.
Je m’explique : l’ensemble du film constitue une apologie d’une révolte communiste avant l’heure, les ennemis étant ceux que Marx qualifierait de dominants ( les nobles, les clercs, l’armée ) tandis que les révoltés font la tête en chantant des versions hongroise de la Marseillaise ou la Carmagnole pendant que les ( jolies ) filles se déshabillent ! A côté, la mise en scène de Jancso est incroyable, composée de long plan-séquences qui encerclent les socialistes, passant de l’un à l’autre et soulignant à la fois leur lien indestructible et leur caractère collectiviste ( le film n’a pas de héros, aucun paysan n’existe en dehors du groupe et chacun ne s’exprime qu’en temps que membre de celui-ci ). Du coup, même si le couplet sur la lutte des classes ne pourra convaincre qu’un Supter ou un BM en mode sandiniste, il faut reconnaître que le film possède une force évidente en plus d’être aussi impressionnant formellement que du Orson Welles. Qui plus est, le film a le mérite d’être d’un anti-réalisme opposé à ce que le cinéma de propagande gauchiste a l’habitude de produire ( on ressuscite, on flingue dix personnes sans qu’aucune ne réagisse, un sosie de Bob Dylan joue de la folk américaine à la guitare ), et ce baroquisme délirant fait de Psaume Rouge un film complètement à part qui laisse une trace très forte après visionnage.








Boris.

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