Topic littéraire

Tu trouves que les bouquins de Zahn ou Trève à Bakura, c'est du MEME NIVEAU que l'Etoile de cristal ????

Boris.

Le 02/07/2012 à 01:25, Borislehachoir avait écrit ...

Tu trouves que les bouquins de Zahn ou Trève à Bakura, c'est du MEME NIVEAU que l'Etoile de cristal ????

Boris.

Moi je dis que les "Galaxie de la peur", ça vaut tous les Trève à bakura du monde

Merci Kirby pour le lien, il s'agit d'un article du monde sur un personnage important dont on parle peu : Christopher Tolkien, le fils de celui qu'on connait et qui poursuit depuis des décennies l'oeuvre paternelle :

http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/07/05/tolkien-l-anneau-de-la-discorde_1729858_3246.html

Au-delà du côté très touchant du bonhomme, je pense qu'il clot définitivement la polémique " fidèle ou pas ? " autour des films du Seigneur des anneaux sur MC, car comme le dit Tolkien fils avec concision, " Ils ont éviscéré le livre, en en faisant un film d'action pour les 15-25 ans, regrette Christopher. Et il paraît que Le Hobbit sera du même acabit." .

Boris.

Tu trouves que les bouquins de Zahn ou Trève à Bakura, c'est du MEME NIVEAU que l'Etoile de cristal ????

Boris.

Les bouquins de Zahn sont clairement au-dessus. Mais sérieusement trève à Bakura c'est le même niveau que l'étoile de cristal au niveau de l'écriture oui. Après forcément, ça ne parle pas de gamins de 5 ans qui mettent la misère à un jedi noir, donc forcément c'est plus intéressant ^^.

Le 08/07/2012 à 11:32, Borislehachoir avait écrit ...

Au-delà du côté très touchant du bonhomme, je pense qu'il clot définitivement la polémique " fidèle ou pas ? " autour des films du Seigneur des anneaux sur MC, car comme le dit Tolkien fils avec concision, " Ils ont éviscéré le livre, en en faisant un film d'action pour les 15-25 ans, regrette Christopher. Et il paraît que Le Hobbit sera du même acabit." .

Boris.

 

Il y avait une polémique sur la fidélité ?

 Bon, avant de commencer, il est nécessaire que je donne une petite explication.

 

J'ai passé un week end chez la grand mère d'un pote récemment. On s'était bien éclaté, j'étais bien arraché, et pour une raison inexplicable je me suis réveillé super tôt (6h) le dimanche matin.

Je suis descendu dans le salon, et j'ai vu sur la table Du côté de chez Swann. À vrai dire, c'est vrai que ça faisait longtemps que ça me tentait. La seule fois où j'avais était confronté à du Proust, je devais avoir 12 ans, au collège. Une prof nous avait filé le célébrissime passage de la Madeleine, et j'avais trouvé ça incroyablement gonflant et prétentieux. Du coup, je me suis dit, « c'est l'occasion de réessayer, maintenant que j'ai un peu grandi » (J'aurais mes vingt ans sous peu).

 

Du coup, j'ai commencé à lire. Avant que je ne m'en rende compte, il était 11h. 

Je vais la faire courte : j'ai trouvé ce (début de) livre absolumment génial. J'ai vraiment été passionné et touché par le style de Proust. Là, il s'avère que je vais avoir un peu d'argent puisque je travaille cet été. Je suis tenté d'acheter Du côté de chez Swann et À l'ombre des jeunes filles en fleur (pas plus pour l'instant, je ne sais même pas si j'aurais la capacité de finir Du côté de chez Swann).

Or, j'en ai parlé à un ami à moi, qui m'a dit que Proust était déconseillé aux personnes trop jeunes, par ce que l'ensemble de son oeuvre fait beaucoup référence à la nostalgie, aux regrets, et que l'on en a forcément peu (ou en tout cas, moins) quand on est jeune.

Donc je viens pour vous demander vos conseils, savoir si ça vaut le coup, si vous avez été découragé ou au contraire super emballé.

 

 

À côté de ça, je vais commencer Le Meilleur des mondes après qu'un pote m'en ai longtemps parlé. J'avais déjà lu 1984, et ça fait pas mal de temps que Brave New World m'intrigue, en particulier après ce comic.
Je pense aussi en profiter pour acheter Les portes de la perception, toujours d'Huxley. 

Vous auriez d'autres idées, de livres à acheter, à côté desquels il ne faudrait pas passer ?
 

[ Dernière modification par Supter le 14 jui 2012 à 18h10 ]

Vu que j'adore Bukowski et Ellis, je ne sais pas si mon avis va beaucoup compter, mais bon allons-y.

Alors Brave New World je l'ai adoré, je n'ai pas lu Revisited donc je ne peux pas me prononcer à 100% sur la vérité du comic mais en gros c'est vraiment ce que j'ai trouvé. L'analyse de Orwell est un peu datée en ce qu'elle concerne le monde post-1989, avec les régimes nazis et staliniens, alors que Huxley, c'est vraiment le monde duquel on se rapproche. C'est impressionant quand on sait que ce livre a été écrit en 1931 (donc 17 ans avant celui d'Orwell), de voir comment il anticipe plein de choses. Le soma annonce les anti-dépresseurs, la liberté sexuelle les évènements de Mai 1968, la production industrielle des êtres humains prévoit la fécondation in vitro et les diagnostics préimplantatoires.

Du coup ça interpelle beaucoup plus, je trouve que Huxley a un regard plus lucide que Orwell dans ce que la forme de contrôle étatique qu'il décrit est bien plus insidieuse et susceptible de se produire. On se prend presque à souhaiter vivre dans la société qu'il décrit, parfois, alors que ce n'est jamais le cas dans 1984. C'est pour ça que le comic que tu linkes tombe super juste quand il dit que pour Huxley les gens sont contrôlés par le plaisir, ce qui parait cool à première vue mais qui enlève toute la beauté artistique de la vie (représentée dans le bouquin par l'oeuvre de Shakespeare, et c'est après avoir lu Brave New World que j'ai eu envie de lire Hamlet et Othello).

Personnellement j'ai lu les deux premiers tomes de la Recherche du Temps Perdu à 19/20 ans, et je ne m'en suis pas porté plus mal. C'est marrant parce que ma lecture de Du Côté de Chez Swann a été très laborieuse, j'étais un peu en mode "vivement que ça se finisse" parce que je trouvais ça brillant mais super lent, mais trois mois après avoir fini, j'ai craqué, j'ai foncé à la librairie la plus proche et j'ai acheté le tome 2.
A la limite, peut-être qu'on est plus sensible à la partie sur Cambrai quand on est vieux, parce que c'est sur l'enfance, c'est très champêtre, et on a peut-être plus la nostalgie de ces choses là à un grand âge. Mais je ne ressens pas tant que ça le thème de la nostalgie en général, où bien alors, et c'est là que Proust est très fort, une sorte de nostalgie intemporelle, immédiate, qui est inhérente aux choses. Et par exemple Balbec à la fin du tome 2 il y a plus moyen que ça parle à un jeune de notre âge qu'à un vieux je pense.

Quand on en avait parlé avec BM sur ce même topic on s'était mis d'accord pour la métaphore d'un Everest littéraire pour caractériser Proust, c'est très ardu et exigeant, mais quand on est en haut, on se dit que ça vaut le coup. Je ne connais pas d'auteur qui soit aussi mégalomane que Proust, dans le sens où il veut enregistrer les moindres sensations, les moindres affects de l'âme, capturer le côté vertigineux de la vie dans ses moindres détails. C'est un projet hors du commun. Il y a un passage sur la musique dans Un Amour de Swann qui est juste magnifique, en le lisant je me suis dit "ouais, c'est exactement ça", et il y a plein de moments comme ça où il met des mots sur des sensations et ça colle parfaitement.

D'ailleurs, la partie du comic sur la télévision qui passe au gens l'envie de lire des livres, ça rejoint fortement ce que voulait exprimer Ray Bradbury dans Fahrenheit 451, si on en croit un interview récent.

 Du coup, tu ne m'en déconseilles aucun ?

J'ai rajouté à ma liste Voyage au bout de la nuit, que je n'ai toujours pas lu. Et j'en ai honte.

Le Céline est génial, il se gâte un peu vers la fin, mais le début et les passages en Afrique sont sensationnels.

Tu peux carrément lire les trois livres que tu as cités, oui.

 

Nous Autres.

Boris.

Il y a peu de lecture qui m'ont autant marqué que Du côté de chez Swann. Après quelques pages d'adaptation au style peut-être qui peut-être déroutant, j'avais trouvé ça absolument merveilleux à lire. Les passages sur la sonate de Vinteuil auquel Gedat fait référence sont absolument extraordinaire, tout comme ceux sur la jalousie de Swann (Proust a un sens de la psychologie et du sentiment absolument incroyable). Le premier livre est lui aussi absolument magique.

Pour en revenir sur la fameuse scène de la madeleine, elle n'a absolument aucun sens hors-contexte, mais c'est le moment fondateur du roman. Sinon pour peut-être mieux le comprendre, il faut peut-être savoir que le roman de Proust raconte comment le narrateur (qui n'est pas Proust lui-même) a trouvé sa vocation d'écrivain.


Brave New World je trouve ça très bien, entre autre parce que le dilemne tient debout : le personnage de l'Administrateur qui défend le "Brave New World" argumente (logiquement) bien mieux que le Sauvage.


Voyage au bout de la nuit, comme Gedat, du début jusqu'au retour d'Amérique, c'est un chef-d'oeuvre absolu, après ça traine, mais on retrouve par moment le brillant de la première partie. Le style est incroyable, et sa peinture de la guerre et de la colonisation est saisissante.


Sinon j'ai fini L'Education sentimentale il y a deux semaines environ. Jusque là je n'avais réussi à escalader que Salammbô du même Flaubert, qui fait quelque peu figure d'exception dans son oeuvre par son thème (on quitte la bourgeoisie provinciale pour l'antiquité) que par un style (flamboyant plus que subtilement ironique).
Le livre raconte à la fois la jeunesse de Frédéric Moreau, jeune homme plutôt doué et ambitieux mais qui cédant à la paresse et à la facilité ne réussira rien (difficile pour moi de ne pas s'identifier un peu à lui), que ce soit en amour ou en affaire. Flaubert en parallèle dresse un portrait de la société autour de la révolution de 1848.

L'ironie mordante de Flaubert, parfois triste, rarement méchante rend à peu près chacune des 500 pages du livre intéressante, même lors des considérations politiques, qui sonnent souvent encore juste même aujourd'hui. Les personnages, des types sont marquants.

Les pages sur la relation platonique entre Frédéric et son grand amour, Mme Arnoux sont absolument magnifiques. Le livre s'ouvre sur leur décisive rencontre, à bord d'un bateau qui ramène Frédéric chez lui, au milieu d'une population médiocre pendant un voyage ennuyeux. "Ce fut comme une apparition : Elle était assise sur un banc..."

Mais surtout les deux derniers chapitres du livre, 10 pages, sont absolument incroyable, surtout dans leur superposition. Une vraie claque dans la gueule.

Après quelques pages d'adaptation au style peut-être qui peut-être déroutant,

Justement je trouve que c'est l'inverse, on est directement plongé au coeur du roman, grâce à une de ces sublimes ouvertures qui font rêver ("Longtemps je me suis couché de bonne heure", qui place quand même tout le contexte et qui donne tout son relief au titre de l'oeuvre)

Dans l'éducation sentimentale, il est aussi à noter un portrait historique de l'époque juste génial, qui ne se cantonne pas seulement à un portrait de la société. D'ailleurs on l'avait étudié en prépa, non pas en lettres, mais en histoire moderne ^^.

Le style est incroyable, et sa peinture de la guerre et de la colonisation est saisissante.

Surtout dans le passage sur la colonisation, ce qu'il y a de bien, c'est qu'il y a le seul passage où on trouve une trace d'humanité dans ce roman, qui est quand même d'une noirceur exceptionnelle, avec ce colonel qui "tutoie les anges" au coeur de l'enfer.

En fait j'avais commencé par lire "Un amour de Swann", donc l'incipit a eu du mal à m'attirer =) Ensuite je pense quand même que pour beaucoup de gens, les phrases qui s'étirent sur une demi page, ça demande un peu d'adaptation. Après ça contribue clairement à notre plongée au coeur du roman, y'a une telle fluidité qui s'en dégage...

Intéressant sur l'Education sentimentale, et c'est vrai que son fonctionnement par type est très efficace. Enfin je sais pas exactement ce que tu distingues, mais en tout cas on ressort de la lecture en comprenant mieux les événements de l'époque.

Pour Céline, je pense qu'une des raisons pour lesquels on retrouve un peu d'humanité après la guerre (y'en reste aussi, moins certes en Amérique en en banlieue) et pas pendant, c'est une volonté de se distinguer (avec raison) d'autres livres sur la guerre de 14, qui voulait insister sur d'autres choses, comme la camaraderie, ce qui donnait à la guerre une dimension plus humaine. Je crois que Céline est le premier (souvenir de mon prof de seconde qui nous l'avait donné à lire... comme quoi) à refuser ce genre de chose et à en dresser un portrait aussi résolument noir

L'éducation sentimentale. Un de mes livres préférés. Du genre que j'ouvre régulièrement, comme ça juste pour le plaisir de relire le style de Flaubert. Tellement évident, limpide, pur.  De la musique.