Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Mardi 17 Juillet 2012 à 13:26 Allez une autre série de livres :
Toujours une petite fournée de littérature asiatique : La mélopée de l'ail paradisiaque, de Mo Yan (1987) : Dans la province de Shandong, début des années 1980. Gao Ma aime Jinju, qui est promise à quelqu'un d'autre dans un mariage arrangé. Les paysans vivent de la culture de l'ail, et à cause de l'incompétence et de la corruption des fonctionnaires, ils sont réduits à la misère la plus noire. C'est le début d'une insurrection paysanne. Dans la veine des romans tragi-comiques de Mo Yan, celui-ci ne détonne pas. Bagarres, injures colorées, exubérance d'une langue au service de la dénonciation d'un régime, faisant mentir le pseudonyme de l'auteur, qui signifie « Ne pas parler ». On a ici des aventures contées par un chanteur aveugle (ça vous rappelle quelque chose?), où comment la situation a dégénéré à cause de la corruption des cadres du parti. Mais la perfection formelle qui viendra plus tard dans les romans de Mo Yan laisse ici la place à une chaleur qui est toujours présente chez lui, mais qui ici s'exprime plus librement. Ainsi les injustices dont sont victimes Gao Yang enragent le lecteur, alors que le passage central sur l'amour entre Gao Ma et Jinju nous tire des larmes, avec un paroxysme d'une tragique et sublime beauté. Franchement, je crois que je n'oublierais jamais le passage central de ce livre. Comme d'habitude, une fois ouvert un roman de Mo Yan, il est difficile de le refermer. La démone bleue, de Liu Xinwu (fin des années 1980) : Le narrateur se rappelle, en passant dans une ruelle de Pékin, de quand il était à l'école, et de sa voisine de classe, Fuyun, également sa voisine. Fuyun était de famille modeste, et en cela objet de moqueries diverses et souvent cruelles de la part du narrateur. La démone bleue fait partie d'une grande oeuvre autobiographique de l'auteur. Ce court passage a le mérite d'une grande simplicité en apparence. Le thème de la cruauté de l'enfance et du repentir, et donc du souvenir, ainsi que celui de la mort, y sont mis en avant. On y retrouve aussi le contexte politique de l'époque, Liu Xinwu faisant partie de la veine des écrivains post maoïstes. Mais plus qu'un cri de rage, c'est la volonté de raconter, d'exorciser les souvenirs qui ressort de ce court texte. On peut penser à Lettre d'une inconnue, de Zweig et à la splendide adaptation de Max Ophüls , ou à mademoiselle Irmois, de Gobineau, tous ces passages émouvants sur l'amour non partagé, et ranger ce beau texte avec. La philosophie de Lao Zhang, de Lao She (1926) : Lao Zhang est un avare catégorie poids lourd : il n'hésite pas à changer de religion selon le cours du prix de la viande, et oblige ses malheureux débiteurs ) céder leur fille contre paiement de leur dette. Le premier roman de Lao She. Le style n'est pas encore abouti et les tournures sont parfois maladroites, mais l'ensemble est vraiment drôle. L'histoire pourrait très bien être celle d'une comédie occidentale et les rebondissements sont somme toute prévisibles, mais les thèmes de cet auteur majeur sont là : abus de pouvoir, condition féminine, et le regard humain qu'il porte sur les chinois et sa satire de la société, qui lui vaudra sans doute d'être « suicidé » par les gardes rouges en 1966. A noter que la traduction française date de 2009. Miracle, de Nakagami Kenji (1989) : Taichi, jeune yakuza des ruelles, est retrouvé noyé à l'intérieur d'une natte. C'est le point de départ des souvenirs d'un vieil ivrogne, le père Tomo, hanté par le fantôme de la mère Oryu, sage-femme du village, qui vont évoquer la naissance de Taichi et son ascension dans les rangs des yakuzas. Je ne connaissais pas du tout cet auteur. Ce roman est d'une richesse exceptionnelle, énormément de thèmes sont traités dans une grande exubérance du langage. On y suit l'histoire du quartier des ruelles, un ghetto d'une ville provinciale. A travers des personnages attachants (mention spéciale aux « trois poteaux des ruelles »), c'est néanmoins un déferlement de violence physique et sexuelle. Les histoires restent les mêmes, seuls les protagonistes changent. Au travers de ce tourbillon, une famille maudite, celle des Nakamotos, au destin funeste, dont fait partie taichi. Tous ceux de cette famille doivent mourir jeune, et le savent. La manière dont le sujet est traité est assez étrange, puisqu'on suit le récit par à-coup, à travers les souvenirs d'un ivrogne en proie à des hallucinations, qui se prend pour un poisson. J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans le livre, qui s'avère en plus être un pavé, mais je ne regrette pas d'avoir été jusqu'au bout. L'homme boîte, de Kobo Abe (1973) : on suit l'histoire surréaliste d'un homme enfermé dans une boîte, ce qui modifie sa perception des choses. Encore un roman étrange de la part de cet auteur, moins néanmoins que Rendez-vous secret, qui atteint des sommets de ce point de vue là. Enfin les thèmes habituels sont là, le voyeurisme, l'impuissance face au monde qui nous entoure, le rejet du regard des autres. Pour ma part, j'ai eu quand même un peu de mal avec celui-là, moins certes qu'avec Rendez-vous secret. Mais c'est aussi ça le style de Kobo Abe, le but avoué de déranger le lecteur. Vous voilà prévenu ^^. Tête-bêche, de Liu Yichang (1972) : L'homme est tourné vers le passé, arpente Hong-Kong en essayant de se souvenir de ce qu'il y a vécu. La jeune fille est tournée vers le futur, elle rêve d'être une star de cinéma, et d'avoir une belle histoire d'amour. Ils fréquentent les mêmes endroits, mais leur vision est si radicalement différente qu'ils ne se rencontrent pas. Il paraitrait que Liu Yichang a inspiré l'oeuvre cinématographique de Wong-Kar-Waï. Il est vrai qu'il y a une concordance d'univers, celui de l'extraordinaire changement de Hong-Kong en gigantesque métropole, et toute la nostalgie qui en a découlé. Pas de trame à ce récit, juste les déambulations totalement hasardeuses des deux personnages si parallèles et pourtant complètement opposées. Le rythme obsédant, réglé comme une poésie, du roman, est pour beaucoup dans l'atmosphère qui s'en dégage. Les préoccupations de tous les personnages du récit sont les mêmes, l'immobilier évidemment, l'insécurité grandissante, commet devenir riche pour suivre le niveau de vie. Pourtant ils ne se rencontrent jamais et continuent leurs vies en solitaires. Un petit malheureux ouvrage de fantasy pour la route : le prestige, de Christopher Priest (1995) : Deux magiciens de génie, Alfred Borden et Rupert Angier s'affrontent dans leur domaine professionnel. Quand Borden réussit à se téléporter pendant son spectacle, Angier se jure d'y arriver lui aussi et de tout mettre en oeuvre pour supplanter son rival. Peut-être certains ont-ils vu l'adaptation cinématographique de Nolan (j'ai peur d'avance, je suis même pas sûr de vouloir la voir ^^). Pour le livre en lui-même, il est vraiment bon, même si ce n'est peut-être pas le chef d'oeuvre annoncé, comme l'est par Le monde inverti. Les changements de narrateurs sont assez dérangeants, surtout les changements d'époque en fait. Toute la partie sur Alfred Borden est sympa mais finalement assez classique, c'est la partie suivante, racontée par Rupert Angier qui lui donnera tout son intérêt. Du coup on rentre dans le vif du sujet assez tard. Le livre est en fait monté comme les spectacles de magie qu'il raconte: une introduction pour présenter le show, le show en lui-même, et l'impossible chute, le prestige. De ce point de vue c'est clairement une réussite. Et pour finir un petit livre pour les vacances si vous ne savez pas quoi lire : Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison, d'Arto Paasilinna (1998) : L'inspecteur principal Jalmari Jyllänketo est envoyé en mission en Laponie, dans un ancien kolkhoze reconverti en ferme biologique, au sujet de laquelle circule d'inquiétantes rumeurs. Paasilinna est un auteur qui compte pas mal de succès, en tout cas en France. Il faut avouer que c'est drôle, bien fait, et que la narration est simple et fluide. En clair, un bon ouvrage pour se détendre, tout en posant en filigrane une question intéressante : celle de la justice personnelle.
___________________ "_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec. |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Mardi 17 Juillet 2012 à 13:33
N'y vas pas, c'est toujours mieux de garder ses préjugés quand on a un avis tout fait dès le départ. Boris.
___________________ |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Mardi 17 Juillet 2012 à 14:25 Huhu, celle là elle était pas pour te faire réagir, elle était pour Gedat ^^.
Sérieusement tu l'as vu?
___________________ "_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec. |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Mardi 17 Juillet 2012 à 18:22 www.magiccorporation.com/gathering-forum-viewtopic-2-84766-915-topic-cinema.html
Boris, et mon système de captures " de remplacement " de l'époque, ben c'était vraiment de la merde.
___________________ |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Jeudi 19 Juillet 2012 à 19:11 Hmmm. Je les avais lu en plus celles-là déjà. Merci.
___________________ "_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec. |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Mercredi 29 Août 2012 à 23:19 Up.
Quelqu'un aurait-il lu " le livre sans nom " par un auteur anonyme, publié chez Sonatine ? Je souhaiterais vraiment avoir un avis dessus. Boris.
___________________ |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Dimanche 02 Septembre 2012 à 13:49 Un peu de philo
Condition de l'homme moderne, Hannah Arendt Cet essai de philosophie politique s'inéresse essntiellement à la vita activa par opposition à la vita contemplativa, souvent privilégiée dans la philosophie. Arendt ouvre le livre sur une distinction fondamentale : la vita activa peut se séparer entre trois parties : le travail, cyclique, qui vise à permettre à la vie de se renouveler, l'oeuvre qui vise à ajouter au monde de nouveaux objets et enfin l'action, l'activité politique qui se joue entre les hommes. Elle explique que si l'Antiquité a été dominé par l'action, un certain nombre de changements dans notre façon de pensée nous a fait successivement passer par une société d'artisan, dominée par l'oeuvre puis aujourd'hui par une société de travailleurs. Ceci permet à Arendt de dresser une critique radicale mais extrêmement cohérente de la modernité qui voit dans l'accroissement de la productivité une fin. Un livre d'une incroyable culture et intelligence, qui me parît porter un regard passionant sur l'humanité et les écueils qu'elle a à éviter. [ Dernière modification par corum le 02 sep 2012 à 13h50 ]
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
|
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 25/12/2016 Grade : [Nomade] Inscrit le 31/08/2012 | Envoyé par Darkgouss le Mardi 11 Septembre 2012 à 11:35 Comme Boris, je serais intéressée par un avis sur "le livre sans nom", d'autant que j'ai vu qu'il était publié chez Le livre de poche aussi, et qu'il comportait deux suites : "L'oeil de la lune" et "le cimetière du diable"...
Pour ma part, en ce moment, c'est : SF, SF, SF, que des classiques, Asimov, Bradbury, Dick, Leiber, Brown, Matheson...
___________________ "Et là, tu la vois ma guivre ?"
|
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Mardi 11 Septembre 2012 à 13:03
___________________ |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 25/12/2016 Grade : [Nomade] Inscrit le 31/08/2012 | Envoyé par Darkgouss le Mardi 11 Septembre 2012 à 13:48 Ouais donc tu confirmes mon impression globale... Les divers résumés et critiques que j'avais lus sur ce bouquin me laissaient un goût pas convaincu dans la bouche, je me méfie toujours des livres (et des films) dont on dit uniformément la même chose. Bon après, Rodriguez, j'aime encore bien, mais je suis pas fan absolue.
Je passerai donc mon tour, à moins que je ne tombe dessus par hasard. Merci pour ta rapide réponse en tous cas ^^
___________________ "Et là, tu la vois ma guivre ?"
|
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/08/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Mardi 11 Septembre 2012 à 16:24 Ce qui est amusant c'est qu'au départ c'est moi qui cherchait des infos dessus mais pour être honnête je ne regrette pas non plus les trois heures de lecture.
Boris, effectivement si Rodriguez n'est pas ta tasse de thé il vaut mieux oublier.
___________________ |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Mercredi 12 Septembre 2012 à 14:50 J'ai eu un mois d'août pendant lequel j'ai à peine pu ouvrir un bouquin.
Alors bon voilà quand même trois livres marquants : Messieurs Ma, père et fils, de Lao She : Monsieur Ma et son fils partent pour l'Angleterre, où le frère décédé de monsieur Ma laisse en héritage un magasin d'antiquités. Mais arrivés dans la capitale londonienne, nos deux chinois vont se retrouver en butte à tous les préjugés anti-chinois de l'époque. C'est toujours avec un humour exceptionnel que Lao She nous parle de ce qui a probablement été son expérience personnelle. Auteur majeur qui tient une place importante dans la littérature chinoise de la seconde moitié du XXème siècle, il fait partie de ces auteurs qui ont écrit une oeuvre d'anthologie dont on aurait tort de se passer. Son oeuvre nous décrit à travers son regard humaniste la société chinoise de son temps, dans un travail qu'on peut rapprocher des grandes fresques de Balzac, Mishima ou Zola. Le rêve du village des Ding, de Yan Lianke :Les villageois de la province du Henan ne tiennent plus de joie. En effet ils peuvent vendre leur sang, et celà les rend riches. Les maisons se couvrent de céramique, l'ordinaire des paysans s'améliore, c'est le paradis. Mais le contrecoup ne tarde pas à se faire sentir, et c'est par dizaines, voire par centaines que meurent du sida les paysans qui ont vendu leur sang. Encore un auteur chinois, contemporain celui-là, un écrivain de la colère. Même si ses livres sont interdits en Chine, on peut trouver son oeuvre traduite en français chez les éditions Picquier. Les thèmes traités sont parait-il atypiques, mais le fait est que ce roman est bouleversant, et même si l'écriture de Lianke semble moins exubérante que celle d'un Mo yan ou d'un Su Tong, le sujet traité suffit en lui-même. D'ailleurs c'est particulièrement l'écriture humaniste et subtile, avec des répétitions du plus bel effet, comme des refrains musicaux, qui m'a séduit. Si ce qu'il a vécu le rapproche des écrivains chinois cités ci-dessus et de bien d'autres encore, son écriture et son témoignage précis bien que romancé le rapprochent d'auteurs humanistes tel qu'Akira Yohimura. A noter aussi une particularité du roman, qui n'est pas mise en avant bien qu'elle nous accompagne tout le long : le narrateur est mort, lui aussi. Le printemps d'Helliconia (1982) Helliconia l'été (1983) L'hiver d'Helliconia(1985) cycle de Brian Aldiss Helliconia est une planète qui offre pas mal de similitudes avec la Terre. En ce 6ème millénaire d'histoire humaine, une station spatiale terrestre gravite d'ailleurs autour pour en offrir l'étude, comme seule autre planète habitée découverte, par deux espèces intelligentes, les humains et les phagors, races en perpétuel affrontement, et qui prennent l'avantage l'un sur l'autre selon la température de la planète. car Helliconia connaît une grande année de 1800 et quelques petites années, pendant laquelle elle connait un hiver très très rigoureux de plusieurs siècles, un cours printemps, et ensuite un très chaud été de quelques siècles. Helliconia est une oeuvre majeure de la SF, trois gros pavés consacrés à un monde inventé, son histoire, sa faune et sa flore, et tout ce qui le compose, et surtout l'histoire des tribus qui l'habitent. C'est toujours un plaisir exceptionnel de découvrir un univers si diversifié inventé de toutes pièces. Si vous aimez le style, voici l'oeuvre de la maturité d'un grand auteur de SF.
___________________ "_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec. |
Hors Ligne Membre Passif depuis le 03/07/2023 Grade : [Modo Forum] Inscrit le 22/08/2003 | Envoyé par jokerface le Mardi 18 Septembre 2012 à 13:18 Le comte de Monte Cristo
Haha ! Ce qui est bien quand on a fini ses études c'est qu'on peut lire plus de trucs pour soi ^^ J'avais déjà vu des adaptations cinés de l'oeuvre, je connaissais aussi l'histoire globale pour l'avoir survoler plusieurs fois en cours, mais j'avais jamais encore lu le livre. C'est motivé par le film sleepers vu récemment que je me lance à l'assaut des 1200 pages et quelques de ce cher Dumas. On est typiquement dans le roman d'aventure, on retrouve ce système de suspense a chaque fin de chapitre qui nous donne envie d'enchaîner sur le suivant (a reverifier : si Dumas l'a écrit en feuilletons ou d'un seul trait, il me semble que c'est le premier cas) . On a également les grands thèmes : la quête, le trésor, les voyages, les faux semblants, les personnages atypiques (l'abbé Faria, Canderousse, Danglars, le comte de Villefort, le paralytique mourant qui ne peut communiquer qu'avec des clins d'oeil et des regards, etc...). On a du fantastique qui vient se greffer sur l'oeuvre, comme par exemple l'association que fait madame G vis à vis de Monte Cristo avec Lord Byron , le vampire. Le comte est souvent décrit comme proche du divin, son physique, sa présence seule suffit à mettre tout le monde au pas, ses colères sont craintes, et son sourire sert à toutes les humeurs. Par ailleurs il semble tellement doué en tout et partout que cela lui donne un aspect surnaturel. Parfois trop à mon goût, on a du mal a y croire tellement ça va loin. Dommage. Les intrigues sont intéressantes, tout est emboîté , lié, tout fini par se recouper, on est proche par moment de l'enquête policière avec l'affaire des poisons chez les Villefort ,et je peux pas m'empecher de voir un attrait à la litterature vampirique dans la scène où Madame de Villefort s'approche de sa belle fille endormie pour y verser du poison dans son verre, ya une telle mise en scène et une telle ambiance que je me serais cru dans Dracula. Un bemol tout de fois : cest la manie de Dumas de coller à plusieurs reprises dans pans entier de biographies de certains personnages secondaires ou même tertiaires qui plombent le rythme. Par exemple on va nous dire que machin veut se venger de bidule qui lui a fait du tort dans le passé, en lui piquant de l'argent ou sa fiancée. Ok. Mais alors Dumas va nous mettre toute la vie de machin en nous expliquant que c'etait un ptit berger, qui a grandir comme ça, qui faisait comme ça, blablabla, et tout ça finalement pour nous montrer ce qu'on savait déjà. Cest pas utile , c'est long, et ca casse l'ambiance. Ca doit arriver à 3-4 reprises, mais c'est suffisamment chiant pour qu'on s'en souvienne. Je suis un peu septique aussi sur une telle métamorphose chez Dantes après son évasion. Ok, le mec à appris les bases de la science et autres auprès de l'abbé (il me semble que Faria lui explique qu'ils pourront que survoler l'ensemble, sans aller trop loin dans chaque domaine) , et puis il trouve ensuite le trésor et il va en orient,. D'accord. Mais purée, son apprentissage et ses voyages ca fait quoi ? quelques années non ? Même pas cinq que je crois (a reverifier). J'ai du mal a croire qu'on puisse devenir aussi doué en tout comme ça en si peu de temps. Ok, ca reste de la fiction , roman d'aventure tousa, fantastique toussa...mais quand même. Je le trouve un peu trop parfait. Reste le thème de la vengeance qui est l'axe principal de l'oeuvre. J'ai bien aimé sa phase de remise en question vers la fin, mais qui est sous exploitée et qui dure vraiment pas lontemps. J'ai bien aimé (ironie) la manière dont il dit "ouesh , je me venge mais je sais pas si cest bien, alors si ma bonne femme m'aime, alors jai bien fait, sinon pas bien", enfin cest un truc du genre. Le mec il hésite pas lontemps avant de se dire qu'il a vraiment bien fait de se venger. D'ailleurs c'est surprenant parce qu'avec l'affaire de Valentine empoisonnée, on pourrait penser à ce moment là qu'il va renoncer à se venger (vu qu'il est en parti responsable) mais finalement non, il aide Valentine et Maximilien et puis ensuite il continue. Bon ok, il sera allé jusqu'au bout. Dans l'ensemble c'etait cool. C'est bien écrit, cest rapide, le style est abordable (a 17 ans j'avais galéré sur le début des 3 mousquetaires) et puis le concept de la vengeance lentement mais surement calculée qui finit par se mettre en place et qui comme un échéquier frappe tous les opposants, c'est quand même très fort. Maintenant que j'ai lu l'oeuvre je vois aussi plus de références auquelles V for Vendetta fait allusion. Le concept de "la mort ou la vengeance" on est pleinement dedans. D'autres choses aussi (les masques toussa) mais j'aurais pas fini.
___________________ Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ... |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Vendredi 05 Octobre 2012 à 21:58 Tout plein de souvenirs la lecture de Dumas =)
Je pense qu'il ne faut pas hésiter à sauter des pages, certains de tes reproches ont beaucoup à voir avec le fait que ça ait été publié en feuilleton justement, un genre où un peu de remplissage et une ou deux histoires à part étaient les bienvenues sans justification. A l'ombre des jeunes filles en fleur, (Marcel Proust) On dans la première partie, Autour de Mme Swann, la narrateur amoureux de GIlberte Swann et dont la vocation littéraire ne suscite plus d'opposition dans la famille, grâce à un ami de son père M. de Norpois, ambassadeur, qui estime que cette carrière peut lui apporter de la considération. Le narrateur finit par accéder à la vie des Swann, ce qui est l'occasion de développer les désillusions d'un amour non réciproque et de développer sa formation artistique. En effet, il peut assister à une représentation de la Berma, une actrice célèbre, qui le déçoit énormément. De plus Swann lui présente Bergotte, le héros littéraire du jeune narrateur qui l'encourage en le déclarant intelligent, même si le narrateur en doute. Le narrateur finit par rompre toute relation avec GIlberte, mais continue à fréquenter sa mère quelques temps, dont il admire l'élégance et la beauté. La deuxième partie, Nom de pays : le nom, est le lieux de trois développements importants. Sur le plan mondain, le narrateur fait la connaissance de Robert de Saint Loup, un homme du côté de Guermantes, qui devient son grand ami, ainsi que de deux autres membres de l'illustre famille du faubourg Saint Germain, Mme de Villparisis et le baron de Charlus. Sur le plan sentimental, le roman se termine sur de longues évoquations des "jeunes filles en fleurs", développant tout d'abord une très belle esthétique de la passante (un développement du fameux poème de Baudelaire, A une passante ; notons qu'un roman qui encourage à mater les filles dans la rue ne peut pas être foncièrement mauvais), du groupe de jeune fille, de la beauté à l'épreuve du souvenir, des sentiments contradictoires et changeants du narrateur, surtout intéressé par deux d'entre elle, Renée et Albertine. Cette histoire se soldant par un échec retentissant pour le narrateur, qui découvre que derrière son esthétisation si complexe se trouve tout de même une attirance de nature sexuelle. Enfin, sur le plan artistique si cette partie comporte deux déceptions, d'abord Balbec, lieu du voyage, ne correspond pas à ce que le narrateur avait mis dans son nom, n'est pas le lieu gothique de tempêtes interminables que le narrateur avait rêvé, mais une agréable villégiature de bord de mer où le temps est superbe. Ensuite Mme de Villparisis développe des théories littéraires qui déçoivent beaucoup le narrateur, disant beaucoup de mal d'Hugo et Flaubert pour défendre des auteurs médiocres, mais dont le comportement en société était plus agréable. Mais la rencontre du peintre Elstir est l'occasion de nombreuses révélations et de redonner à Balbec une magie esthétique qu'elle avait perdue. Les tableaux du peintre suggère beaucoup au narrateur sur la nature de l'art pictural et le fond avancer dans son progrès esthétique. Si j'ai écrit ce si long résumé c'est pour donner envie aux gens de se lancer dans ce chef-d'oeuvre absolu qu'est La recherche, dans laquelle je me suis replongé depuis un mois. A l'ombre est le deuxième tome de ce très long roman, qui a valu à son auteur un prix Goncourt controversé : en effet, Proust était riche, âgé, son premier roman avait eu un certain succès et son concurrent était Les croix de bois, de Dorgelès, un livre sur la première guerre mondiale qui pouvait sembler bien plus d'actualité en 1919. Un choix intéressant donc =) Stylistiquement, c'est parfait, le style de Proust coule de métaphore en métaphore, de page en page. Il excelle également dans le pastiche et l'ironie, ainsi, au début du livre, lambassadeur M. de Norpois vient diner chez le héros, et c'est l'occasion pour Proust de lui faire tenir un discours pompeux, rempli de clichés idiots et développant des idées d'une rare nullité avec une certaine persuasion. Des pages savoureuses. Il y a un début de peinture sociale, plus développé dans le tome suivant que je suis en train de lire, tout à fait brillante et pittoresque (Proust est tout sauf un snob, c'est même à se demander comment on a pu le lui reprocher). Les portraits de Saint-Loup de de Mme de Villeparisis sont très réussis, quoiqu'innachevés. La théorie esthétique proustienne est absolument passionante, et le jeu permis par la narration (d'ailleurs très complexe, le temps de l'écriture et du récit étant habilement mélangé ; je ne vois que Sylvie de Nerval, que je recommande absolument, ça fait sans page et c'est beau comme peu de choses le sont, qui ait autant joué sur ce procédé) permet de développer cette théorie de façon très intéressante : on peut comparer l'écriture du narrateur adulte, qui a compris le sens des intuitions du jeune homme qu'il a été.Son sens de la psychologie est à placer au côté des plus grands, on trouve des développements de la théorie amoureuse qui se situait dans le premier tome, surtout dans Un amour de Swann. Je suis totalement en phase avec ce qu'a à en dire Proust. Quand au thème du temps et du souvenir qui traverse tout le roman, il est abordé avec une grande subtilité, même si moins de front que dans Combray.
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
|
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Samedi 20 Octobre 2012 à 09:50 Un petit passage pour signaler le prix nobel de la littérature chinois, en la personne de Mo Yan. Ceux qui lisent ce que j'écris ici sauront à quel point ça me fait plaisir ^^.
___________________ "_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec. |