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Skarr

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Envoyé par Skarr le Jeudi 10 Novembre 2011 à 18:57


 C'est quand même bien plus accessible que du Mallarmé (une fois qu'il dépasse sa période Baudelaire) ou que du Valéry du type « La Jeune Parque ». Même Rimbaud parfois je trouve ça plus obscur. Et c'est plus intéressant que Cendrars. Et Plume, notamment, est très accessible. Bon après quand il s'agit de commenter, c'est un autre problème.

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Jeudi 10 Novembre 2011 à 20:18


D'ailleurs Michaux, j'ai étudié en cours ^^.

Accessible oui, mais comme tu le dis, dès qu'il s'agit de commenter. A lire c'est très intéressant, c'est vraiment une sorte de retour à la poésie au sens strict, au sens vraiment de jeu sur les mots.

Le style est quand même inimitable :

Plume déjeunait au restaurant quand le maître d'hôtel s'approcha, le regarda sévèrement et lui dit d'une voix basse et mystérieuse : "Ce que vous avez là dans votre assiette ne figure pas sur la carte ".


Et voici le départ d'un passage digne de la gestapo, mêlant directeur de restaurant, commissaire de police et agent de la police secrète. Alors ça peut sembler étrange, mais si on prend la peine d'essayer de rentrer dans le texte, c'est fabuleux ^^.

Par contre Michaux est un auteur dont la reconnaissance est très tardive, jusqu'à il y a peu, il n'était pas considéré comme personnalité littéraire, voire artistique (bon faut avouer que les dessins du bonhomme, ça fait pas vraiment rêver ^^). Bref jusqu'à il y a peu, vous n'aviez aucune chance de voire Michaux figurer dans vos cours de lettre.



Sinon coincidence amusante, parce que les dépossédés est en haut de ma pile de lecture, ça va donc bientôt être mon livre de chevet.

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gedat

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Envoyé par gedat le Jeudi 10 Novembre 2011 à 20:48


C'est ta première lecture de Robert McLiam Wilson?
Par contre Michaux est un auteur dont la reconnaissance est très tardive

Je corrobore en admettant que je n'en avais jamais entendu parler auparavant. Donc merci Skarr pour la suggestion.
Sinon je suis convaincu qu'il ne tue pas et qu'il hallucine complètement tellement il est cocainé jusqu'aux oreilles, ce con.
D'ailleurs la dernière scène va carrément dans ce sens.

Sinon une question, Le Rivage des Syrtes, tu l'as découvert/étudié en cours ?

BM avait posté une louange de Julien Gracq sur ce topic et j'avais le Rivage des Syrtes qui trainait dans la bibliothèque, j'ai décidé de lui donner une chance.


Là je commence un John Fante. La préface de Bukowski est extraordinaire.

[ Dernière modification par gedat le 10 nov 2011 à 21h01 ]


black-monday

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Envoyé par black-monday le Jeudi 10 Novembre 2011 à 21:03


Eh merci, je connaissais Michaux de nom, et ton extrait m'a bien donné envie.

Je lis que ça parle de Mallarmé, alors j'interviens pour l'occase. J'adore sa langue. On dirait qu'il fait de l'alchimie, qu'il ouvre d'autres portes, invente une nouvelle vision. J'aime aussi le Rimbaud des Illuminations et d'Une saison en enfer.

Un poème de Mallarmé que j'adore : Le nénuphar blanc

J’avais beaucoup ramé, d’un grand geste net assoupi, les yeux au dedans fixés sur l’entier oubli d’aller, comme le rire de l’heure coulait alentour. Tant d’immobilité paressait que frôlé d’un bruit inerte où fila jusqu’à la moitié la yole, je ne vérifiai l’arrêt qu’à l’étincellement stable d’initiales sur les avirons mis à nu, ce qui me rappela à mon identité mondaine.

Qu’arrivait-il, où étais-je ?

Il fallut, pour voir clair en l’aventure, me remémorer mon départ tôt, ce juillet de flamme, sur l’intervalle vif entre ses végétations dormantes d’un toujours étroit et distrait ruisseau, en quête des floraisons d’eau et avec un dessein de reconnaître l’emplacement occupé par la propriété de l’amie d’une amie, à qui je devais improviser un bonjour. Sans que le ruban d’aucune herbe me retînt devant un paysage plus que l’autre chassé avec son reflet en l’onde par le même impartial coup de rame, je venais échouer dans quelque touffe de roseaux, terme mystérieux de ma course, au milieu de la rivière : où tout de suite élargie en fluvial bosquet, elle étale un nonchaloir d’étang plissé des hésitations à partir qu’a une source.

L’inspection détaillée m’apprit que cet obstacle de verdure en pointe sur le courant, masquait l’arche unique d’un pont prolongé, à terre, d’ici et de là, par une haie clôturant des pelouses. Je me rendis compte. Simplement le parc de Madame..., l’inconnue à saluer.

Un joli voisinage, pendant la saison, la nature d’une personne qui s’est choisi retraite aussi humidement impénétrable ne pouvant être que conforme à mon goût. Sûr, elle avait fait de ce cristal son miroir intérieur à l’abri de l’indiscrétion éclatante des après-midi ; elle y venait et la buée d’argent glaçant des saules ne fut bientôt que la limpidité de son regard habitué à chaque feuille.

Toute je l’évoquais lustrale.

Courbé dans la sportive attitude où me maintenait de la curiosité, comme sous le silence spacieux de ce que s’annonçait l’étrangère, je souris au commencement d’esclavage dégagé par une possibilité féminine : que ne signifiaient pas mal les courroies attachant le soulier du rameur au bois de l’embarcation, comme on ne fait qu’un avec l’instrument de ses sortilèges.

« — Aussi bien une quelconque... » allais-je terminer.

Quand un imperceptible bruit me fit douter si l’habitante du bord hantait mon loisir, ou inespérément le bassin.

Le pas cessa, pourquoi ?

Subtil secret des pieds qui vont, viennent, conduisent l’esprit où le veut la chère ombre enfouie en de la batiste et les dentelles d’une jupe affluant sur le sol comme pour circonvenir du talon à l’orteil, dans une flottaison, cette initiative par quoi la marche s’ouvre, tout au bas et les plis rejetés en traîne, une échappée, de sa double flèche savante.

Connaît-elle un motif à sa station, elle-même la promeneuse : et n’est-ce, moi, tendre trop haut la tête, pour ces joncs à ne dépasser et toute la mentale somnolence où se voile ma lucidité, que d’interroger jusque-là le mystère.

« — À quel type s’ajustent vos traits, je sens leur précision, Madame, interrompre chose installée ici par le bruissement d’une venue, oui ! ce charme instinctif d’en dessous que ne défend pas contre l’explorateur la plus authentiquement nouée, avec une boucle en diamant, des ceintures. Si vague concept se suffit : et ne transgressera le délice empreint de généralité qui permet et ordonne d’exclure tous visages, au point que la révélation d’un (n’allez point le pencher, avéré, sur le furtif seuil où je règne) chasserait mon trouble, avec lequel il n’a que faire. »

Ma présentation, en cette tenue de maraudeur aquatique, je la peux tenter, avec l’excuse du hasard.

Séparés, on est ensemble : je m’immisce à de sa confuse intimité, dans ce suspens sur l’eau où mon songe attarde l’indécise, mieux que visite, suivie d’autres, l’autorisera. Que de discours oiseux en comparaison de celui que je tins pour n’être pas entendu, faudra-t-il, avant de retrouver aussi intuitif accord que maintenant, l’ouïe au ras de l’acajou vers le sable entier qui s’est tu !

La pause se mesure au temps de ma détermination.

Conseille, ô mon rêve, que faire ?

Résumer d’un regard la vierge absence éparse en cette solitude et, comme on cueille, en mémoire d’un site, l’un de ces magiques nénuphars clos qui y surgissent tout à coup, enveloppant de leur creuse blancheur un rien, fait de songes intacts, du bonheur qui n’aura pas lieu et de mon souffle ici retenu dans la peur d’une apparition, partir avec : tacitement, en déramant peu à peu sans du heurt briser l’illusion ni que le clapotis de la bulle visible d’écume enroulée à ma fuite ne jette aux pieds survenus de personne la ressemblance transparente du rapt de mon idéale fleur.

Si, attirée par un sentiment d’insolite, elle a paru, la Méditative ou la Hautaine, la Farouche, la Gaie, tant pis pour cette indicible mine que j’ignore à jamais ! car j’accomplis selon les règles la manœuvre : me dégageai, virai et je contournais déjà une ondulation du ruisseau, emportant comme un noble œuf de cygne, tel que n’en jaillira le vol, mon imaginaire trophée, qui ne se gonfle d’autre chose sinon de la vacance exquise de soi qu’aime, l’été, à poursuivre, dans les allées de son parc, toute dame, arrêtée parfois et longtemps, comme au bord d’une source à franchir ou de quelque pièce d’eau.

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"Ouais même que Valérie Damidot est tellement grasse que si elle se trempe un pinceau dans le fion, elle réinvente la peinture à l'huile."


Skarr

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Envoyé par Skarr le Vendredi 11 Novembre 2011 à 13:03


 Bon puisque ça a l'air de plaire, voilà le fameux « homme paisible » :
Etendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur. «Tiens, pensa-t-il, les fourmis l'auront mangé... » et il se rendormit.

Peu après, sa femme l'attrapa et le secoua

« Regarde, dit-elle, fainéant ! Pendant que tu étais occupé à dormir, on nous a volé notre maison. » En effet, un ciel intact s'étendait de tous côtés. « Bah, la chose est faite », pensa-t-il.

Peu après, un bruit se fit entendre. C'était un train qui arrivait sur eux à toute allure. « De l'air pressé qu'il a, pensa-t-il, il arrivera sûrement avant nous » et il se rendormit.

Ensuite, le froid le réveilla. Il était tout trempé de sang. Quelques morceaux de sa femme gisaient près de lui. «Avec le sang, pensa-t-il, surgissent toujours quantité de désagréments ; si ce train pouvait n'être pas passé, j'en serais fort heureux. Mais puisqu'il est déjà passé... » et il se rendormit.

- Voyons, disait le juge, comment expliquezvous que votre femme se soit blessée au point qu'on l'ait trouvée partagée en huit morceaux, sans que vous, qui étiez à côté, ayez pu faire un geste pour l'en empêcher, sans même vous en être aperçu. Voilà le mystère. Toute l'affaire est là-dedans.

- Sur ce chemin, je ne peux pas l'aider, pensa Plume, et il se rendormit.

- L'exécution aura lieu demain. Accusé, avez-vous quelque chose à ajouter ?

- Excusez-moi, dit-il, je n'ai pas suivi l'affaire. Et il se rendormit.
 

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Envoyé par kakkhara le Vendredi 02 Décembre 2011 à 14:10


Un petit florilège de mes dernières lectures :

La pierre et le sabre d'Eiji Yoshikawa : C'est l'histoire de Shimmen Takezo, personnage historique. Parti à la guerre très jeune avec son ami Matahachi, il se retrouve dans le camp des perdants, mais contrairement à son ami, il souhaite rentrer au village rassurer ses proches. Mais pourchassé par les soldats de l'armée opposé, il est contraint de massacrer pour survivre et devient à moitié une bête sauvage, rejeté par tous. Sauvé de lui-même par un moine Zen, il se renomme Miyamoto Musashi et suit un parcours initiatique pour devenir "un être humain".

Roman d'aventures, il foisonne de combats, de pièges, surmonté d'un peu de spiritualisme. On pourrait le nommer dans la tradition des grands romans feuilleton tant le style en est proche. Les descriptions des combats donnent la nostalgie des films de style "chambara". Il est long mais se lit vraiment d'une traite, même si on se rend bien compte que ce n'est pas de la grande littérature, et qu'il y a parfois des raccourcis, bref, roman feuilleton ^^. Enfin ça vaut largement le coup d'ailleurs la suite, La parfaite lumière ne tardera pas à se trouver dans mes prochaines lectures ^^.


Parade, de Yoshida Shuichi : 4 jeunes vivent en colocation, bientôt rejoints par un quatrième. On suit leur vie quotidienne du point de vue de chaun d'entre eux.

Très bonne surprise que ce roman : on a donc un pseudo huis clôt, où des jeunes vivent ensemble, se cotoient, parlent entre eux, mais ne se connaissent malgré tout absolument pas, comme on s'en rend compte en voyant plusieurs points de vue à la fois (un peu comme un chat quoi). Au fur et à mesure que le récit avance, les points de vue changent, et on a alors un regard tout à fait modifié sur les cinq protagonistes du récit, ce qui permet à terme de mieux comprendre ce qui s'est passé avant mais pourquoi. Ce qui commence comme un récit léger s'étoffe donc au fur et à mesure, de la même manière que les personnages deviennent de plus en plus mûrs et de moins en moins innocents.

Le grand tremblement de terre du Kanto, d'Akira Yoshimura : Un récit très détaillé du grand tremblement de terre, fort peu romancé, bref un docu-fiction remarquable et passionnant, qui contient des témoignages marquants sur une catastrophe d'une telle ampleur, ainsi qu'un constat désabusé sur une situation qui aurait pu être grandement améliorée si les autorités scientifiques de l'époque s'étaient mises d'accord.

La jeune fille suppliciée sur une étagère///Le silence des pierres, d'Akira Yoshimura : deux courts romans sur le thème de la mort, tous deux très originaux et très bien écrits. Dans le premier, une jeune fille de 16 ans qui vient de mourir voit son corps être disséqué petit à petit dans une salle d'opérations. Dans le deuxième un universitaire retrouve un ami d'enfance qui lui semble avoir un inquiétant secret. L'écriture d'Akira Yoshimura transcende son sujet. Là où un sujet audacieux offre mille occasions de se casser la gueule, Yoshimura nous offre de très bons romans certes très courts, mais réellement très bien construits. Avec ce qu'il faut d'humour, de nostalgie, de révolte, et surtout une grande précision dans les détails, bref, tout ce qui fait d'Akira Yoshimura un grand auteur humaniste.

Ca c'était le passage littérature japonaise, j'ai accumulé quelques lectures de SF également dont je parlerais peut-être plus tard.

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gedat

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Envoyé par gedat le Vendredi 06 Janvier 2012 à 19:25


Demande à la poussière - John Fante

Celui que j'ai évoqué un peu plus haut, ce livre a la classe de bénéficier d'une préface écrite par rien de moins que Charles Bukowski (Dans laquelle il a cette phrase incroyable sur sa vision de la littérature: "I pulled book after book from the shelves. Why didn't anybody say something? Why didn't anybody scream out?"). Le narrateur de Demande à la poussière est Arturo Bandini, jeune écrivain installé dans une chambre d'hôtel minable à Los Angeles dont il arrive à peine à payer le loyer, et qui tout en caressant le rêve de devenir un futur prix Nobel, tombe amoureux d'une barmaid hispano nommée Camilla. Tout est exubérant dans ce roman, très italien, des transports d'extase mystique du héros ou son admiration pour son éditeur aux relations tourmentées et névrosées qu'il entretient avec Camilla, en passant par des personnages secondaires délirants. Mention spéciale au passage drôlissime où son voisin addict à la viande (!) part dans une expédition en voiture afin de kidnapper pour veau pour se faire un steak. Demande à la poussière est un roman qui ne fait pas dans la demi-mesure, et le désert environnant Los Angeles est presque un personnage à part entière qui en amplifie la dimension lyrique. Il reste que le livre aurait pu gagner en puissance émotionelle s'il n'était pas à ce point perclus de cette exubérance italienne qui se fait parfois un peu trop pesante. Une réussite cependant.

Un balcon en forêt - Julien Gracq

Alors que j'avais adoré Le Rivage des Syrtes et Au Chateau d'Argol, cet opus de Julien Gracq me laisse plus dubitatif. C'est un peu un remake du Rivage des Syrtes transposé dans le monde réel, s'inspirant de l'expérience de l'auteur durant la drôle de guerre. Le héros, le jeune lieutenant Grange, commande un bunker enfoui dans la forêt ardennaise, attendant que la seconde guerre mondiale se déclenche.
Dans le Rivage des Syrtes le caractère imaginaire des lieux exacerbait bien plus l'imagination, mais surtout on sentait une tension perverse et maladive qui transpirait de chaque ligne, les personnages désirant presque la destruction de leur civilisation, tandis qu'ici le thème de l'attente n'est guère utilisé plus que pour dépeindre une sorte de carte touristique idyllique des Ardennes, et faire ressentir l'ennui au lecteur. Le roman prend bien du rythme dans sa dernière partie, mais n'atteint jamais vraiment le climax espéré. Le style de Gracq est toujours aussi magnifique, et on se prend à lire des phrases juste pour leur beauté propre sans même vouloir comprendre leur signification, mais ça ne suffit peut-être pas à compenser le reste.

Si par une nuit d'hiver un voyageur - Italo Calvino

Parce que le meilleur moment quand on lit un livre c'est la découverte du premier chapitre, Italo Calvino, écrivain italien surtout connu pour sa "trilogie héraldique" (Le Vicomte Pourfendu, Le Baron Perché, Le Chevalier Inexistant), a décidé de consacrer ce livre à écrire des incipits de romans. Si par une nuit d'hiver un voyageur consiste donc en dix débuts de livre, qui sont reliés entre eux par une intrigue mettant en scène un lecteur qui est embarqué dans une aventure délirante l'empêchant systématiquement de finir les ouvrages qu'il commence. Dans ses péripéties il rencontre des critiques littéraires, une lectrice dont il tombe amoureux, un écrivain de best-seller, des censeurs, une police politique et des organisations secrètes promouvant la falsification de la littérature. Calvino signe là une des plus belles déclarations d'amour qui soit à l'art littéraire. En plus de toutes les scènes de liaison dans lequel il joue brillamment avec toutes les métaphores, usages sociaux, et représentations inconscientes qui tournent autour d'un livre, où il en profite pour tourner en ridicule la critique littéraire universitaire, Calvino produit 10 pures pépites avec ses incipits de roman dont on veut irrésistiblement connaitre la suite, couvrant tous les styles, depuis une intrigue psycho-érotique sur fond de révolution jusqu'au roman psychologique dans une vieille maison japonaise en passant par une histoire de gangster. Les Mille et une nuit n'ont pas à rougir de leur successeur moderne.

Les Carnets du Sous-Sol - Fédor Dostoievski

Chef d'oeuvre immense sous tous les points.
D'abord parce qu'il est extrêmement moderne. On a beaucoup de mal à imaginer qu'un tel livre ait pu être écrit en 1864. Dans le monologue paranoïaque du narrateur, on retrouve déjà toute la frustration et la névrose présente dans les chefs d'oeuvre du XX° siècle comme le Voyage au bout de la nuit, La Nausée, L'étranger, ou bien encore La Métamorphose ("Je vous le dis avec solennité : j’ai voulu devenir un insecte à plusieurs reprises. Et, même là, je n’ai pas eu l’honneur.").
Ensuite parce que c'est un ouvrage dont le pessimisme à l'égard des grandes pensées systémiques qui veulent faire le bonheur de l'homme est visionnaire. La partie philosophique semble déjà avoir connu et être blasée du communisme et du néo-libéralisme, et avoir été écrite par un penseur postmoderne.
Parce que son projet de se glisser dans l'esprit d'un représentant de la société dans lequel vit l'auteur, en l'ocurrence un de ces intellectuels qui ne trouvent pas leur place dans la Russie encore archaïque et très aristocratique du XIX° siècle, est terrifiant de réussite, et aura inspiré Bret Easton Ellis qui ouvrira American Psycho avec la note d'avertissement des Carnets du Sous-sol.
Enfin parce que la prose de Dostoievski est fluide, évidente, magistrale. Parce que c'est l'un des seuls auteurs qui arrive à me faire aimer être témoin les pensées d'un homme aussi profondément irrationnel. Parce que le narrateur a beau être névrosé à l'extrême on ne peut s'empêcher de s'identifier intensément à lui par moments et que c'est assez effrayant. Les Carnets du Sous-sol est un livre très déstabilisant, d'un nihilisme extrême, et dont la réussite en est d'autant plus admirable.



Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 06 Janvier 2012 à 22:15


Je lis le topic littéraire comme d'autres lisent le topic cinéma : avec assiduité quoique n'osant pas trop participer.

Boris, qui a sans cesse repoussé le moment d'attaquer la trilogie de Calvino.

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Melange

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Envoyé par Melange le Vendredi 06 Janvier 2012 à 22:42


Tiens Boris pendant que je te tiens, pourquoi tu n'as pas aimé Dune ? Car perso je l'ai vraiment adoré, et je les ai quasiment tous lu.

Si tu est disposé à en parler bien sur. Et si les autres aussi ça les intéressent d'en parler.

Melange, dont le pseudo fait quand même assez référence à Dune

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 06 Janvier 2012 à 23:51


Alors déja je n'ai lu que les deux premiers Dune.

Ensuite, j'ai trouvé qu'il y avait un gros problème narratif. Herbert pratique énormément l'ellipse, et en général à chaque fois que j'attendais un truc, il ne venait pas, alors qu'à côté on s'attarde trop longtemps sur les héros et les fremens, ou sur les plans du baron Harkonen, j'ai trouvé un gros déséquilibre avec par exemple une bataille de fin ( ou le fils Harkonen est tué ) traitée à l'arrache alors qu'il me semble légitime de passer un peu de temps dessus.
Quand ce ne sont pas ellipses, ce sont les espèces de flash-forwards, quand on te dit à l'avance ce qui va se passer - genre la trahison de Yueh et la mort du père de Paul Atréides - qui sont encore plus frustrants.

Pour le reste, j'y vois une sorte de medley plus ou moins cohérent d'histoire ( Lawrence d'Arabie dans la place ), de mythologie ( grecque au moins ) et de SF mais je suis loin d'être convaincu par le mélange. Par exemple on te sort les Atréides, OK la légende d'Atrée je vois très bien ce que c'est mais... quel est le rapport à part le fait de faire une référence ? On va me tomber dessus mais je trouve ça bien mieux digéré dans Avatar qui me semble pas si éloigné que ça de Dune. C'est pas contre toi mais quand j'entends " Pocahontas chez les schtroumpfs " ça me fait vaguement pitié parce que si je dis " Dune c'est Géronimo chez Lawrence d'Arabie " y a au moins autant de pertinence et pourtant tout le monde trouve ses emprunts normaux ( pour ceux qui les ont repéré du moins, étrangement les schtroumpfs sont plus familiers aux gens que l'histoire de Géronimo ... ces comparaisons en disent assez long sur l'absence de culture de ceux qui les font, parenthèse refermée ). Moi aussi, mais dans le cas de Dune, je trouve que d'une part la synthèse se fait très péniblement et sans réelle cohérence, et que la narration cahotique est très dérangeante.

Boris.

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Envoyé par Melange le Samedi 07 Janvier 2012 à 12:51


Alors pour l'attardement sur les héros et les fremens, c'est justement de mon point de vue ce qui fait la beauté de Dune. Il a créé un univers et une société extrêmement cohérente. C'est les parties sur les fremens qui m'ont le plus intéressé. La rencontre entre Stilgar et Leto, celle entre Paul, sa mère et la troupe de fremen ... Tout le travail sur l'eau aussi, quand Stilgar crache au nez du Duc (il lui donne de son eau), quand Jessica dit aux fremens que chez elle l'eau coule en rivière sur la terre et qu'ils y a des océans ...

Pareil les scènes sur les héros, j'ai vraiment aimé le début du livre où Paul passe dans les mains de tout les hommes de mains de son père (et de la révérende mère).
Les scènes sur les Harkonnens (2 n d'ailleurs en passant à Harkonnen) sont peut être en effet un peu moins sympa par contre. Mais encore une fois ça contribue à l'immersion dans l'univers.

Pour les ellipses faudrait que tu précise par contre parce que j'ai pas eu ce sentiment de manque.

Pour les flash-forwards, c'est vrai que ça peut être frustrant, mais ça permet surtout de ce concentrer sur ce que vont devenir Paul, Jessica et les hommes de mains. Leto on s'en branle, ce qui nous intéresse c'est les autres.

Pour Atrée, je pense qu'Herbert a choisit un nom antique pour faire écho aux révérende mère et à leur programme génétique. Comme ça on sait aussi que les hommes de la famille sont originaires d'une ancienne lignée, et vu que Paul est peut être sensé devenir le Kwisatz Haderach, et ben tu te demande comment ça va finir. Et il me semble que dans les suivant y a de légère référence à ça, avec notamment Leto II.

J'ai pas vu Avatar donc je peut rien en dire. Et pour Géronimo et Lawrence, autant je connais l'histoire de Géronimo, mais alors celle de Lawrence vraiment trop peu (et encore une fois j'ai vu le film, mais il y a très longtemps).

Melange

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Envoyé par Borislehachoir le Samedi 07 Janvier 2012 à 13:41


Ben les ellipses par exemple, la bataille dans laquelle meurt le premier fils Harkonnen, il me semble que c'est complètement survolé, comme aussi la mort des enfants de Paul Atréides ( je ne me souviens plus si il n'y en a qu'un ou plusieurs ). Ce sont les exemples que j'ai en tête, parce que j'ai lu les livres il y a au moins cinq ans...

OK pour le travail sur l'eau ; je ne considère d'ailleurs pas Dune comme un mauvais libre mais comme un classique assez surestimé. Les passages sur la gestion de l'eau dans la culture fremen sont ce que je préfère des bouquins.

Les flash-forwards, j'en vois difficilement l'intérêt quand c'est pour dire " Yueh trahira " par exemple. Tu trouves que ça aporte quoi ?

Pour Atrée, le problème c'est que tout ça n'a aucun rapport avec la légende des atrides ! Les atrides, c'est une lignée ou ils passent leur temps à se trucider entre frères, oncles, cousins, maris et femmes ; dans Dune ce n'est pas ça du tout ! Et j'ai toujours du mal quand on fait des références un peu intellos sans qu'à mes yeux ça soit lié au récit, et dans Dune, vraiment, je ne vois pas en quoi c'est lié au récit.

Lawrence d'Arabie était un anglais envoyé en Arabie ou il a fédéré les tribus locales contre les turcs et est devenu un leader respecté et charismatique. Comme tu t'en doutes, c'est la matrice historique de tous les récits dans lesquels un étranger fédère des hommes pour se révolter contre un pouvoir despotique.

Boris.

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Envoyé par kakkhara le Samedi 07 Janvier 2012 à 15:22


J'ai lu Dune il y a longtemps, pour ma part je me rappelle juste avoir globalement aimé les 3 premiers tomes et pas les autres ^^.

Mais je ne rentrerais pas dans le débat car mes réminiscences en sont vraiment trop lointaines. Ceci dit comme les passages sur l'eau sont ce qui est le plus clair dans ma mémoire, je pense que c'est aussi ce que j'avais préféré. ^^

Italo Calvino, ça fait longtemps qu'il est sur ma liste de lecture et que je l'oublie malencontreusement ^^. Je voulais lire la trilogie, mais celui que tu présentes, gedat, a l'air également particulièrement savoureux.

Au passage :

Park Life, de Yoshida Shuichi : la vie interne d'un grand parc de Tokyo, vue par le regard d'un employé de bureau plutôt excentrique.
Déjà qu'on se le dise, dans ce livre, il ne se passe rien. Pas d'intrigue. Une sorte de poésie douce-amère enveloppant les relations à peine ébauchées des étonnants personnages rencontrés dans ce récit. Relations tout ce qu'il  y a de plus superficielles d'ailleurs, de deux principales personnes qui aimeraient se rencontrer mais s'enlisent dans une désespérante banalité malgré leur caractère original. Au final, le personnage principal du livre, c'est bien ce parc, considéré sans ambiguité comme un organisme vivant par l'auteur.

La ville au crépuscule, de Kazumi Yumoto : Tête-de-mule est un grand père hors du commun, qui a tout fait et qui est maintenant un clochard porté disparu. Mais quand il réapparait, les anecdotes refont surface et le petit garçon qu'est le narrateur essaye de les concilier avec la vie actuelle.
Récit court et touchant d'une famille d'excentrique, surtout avec le personnage du grand père clochard, qui est juste génial. Je ne connaissais pas cet auteur, qui écrit habituellement pour les jeunes. Mais ce récit ne manque pas de subtilité, et surtout, il est très très agréable à lire.

La joie, de Mo Yan : Yongle aspire à avoir son diplôme de fin de lycée pour rentrer à l'université, seul moyen pour lui d'échapper à la vie de paysan pour laquelle il n'est pas fait. Mais il s'est planté déjà 3 fois, et sa famille ne manque pas de faire pression, bouche à nourrir inutile alors qu'ils ont tellement peu.
Je ne connaissais encore cet auteur que de nom. Très prolifique, il semblerait qu'une minorité de ses romans soit déjà traduite, ce qui fait déjà de quoi faire. Je ne sais donc si La joie est représentative de son style, qui si oui est très représentatif. En effet il y a une exubérance lyrique et poétique dans l'écriture, qui cotoie la trivialité la plus crue. En tout cas l'écriture est on ne peut plus rythmée, et le déroulement des évènements est d'une grande clarté malgré un style très dense. Loin de tout auto-apitoiement ou misérabilisme malgré le sujet traité, La joie porte paradoxalement bien son titre.


Et je me rend compte que dans mon dernier post j'avais parlé de science-fiction....

Bon du coup on va essayer de soigner un peu tout ça, ça va être un pavé ^^ :

Le gouffre de la luneet Les habitants du mirage, d'Abraham Merritt.

Je vais parler de ces deux là ensemble, car la trame est à peu près exactement la même. Il s'agit à chaque fois d'un héros qui se retrouve confronté sur terre à un autre monde inconnu, suite à une situation exceptionnel, et qui tombe au milieu d'une lutte de 2 factions, les 2 factions menées par une jeune et belle femme, qui tombent toutes 2 amoureuses du héros, sinon c'est pas drôle. Le problème de Merritt est que les péripéties/retournements restent les mêmes, les caractères des personnages secondaires également.
Cependant Merritt est un auteur intéressant à plusieurs égards. Déjà comme source d'inspiration d'un certain Lovecraft par exemple (également auteur répétitif s'il en est par ailleurs.) Mais surtout il représente un jalon dans l'histoire de la SF. (pour ça je renvoie à la très bonne enthologie de la SF de Sadoul). Effectivement, c'est l'un des auteurs des pulp. Or ses histoires, contrairement à beaucoup de créations de pulp fiction, sont relativement bien écrites, avec même des passages narratifs descriptifs très réussis. Certes on peut citer d'autres auteurs qui ont écrits de bons livres dans les pulp, notemment Lovecraft d'ailleurs, et tous les auteurs de SF de l'époque de toute façon, à ma connaissance. Cependant, rappellons à la décharge de Merritt, que les pulps sont par définition redondants, et de moins bonne facture encore que les comics de bas étage, c'est dire. Les thèmes demandés dans les pulps spécialisés de SF était toujours les mêmes. Alors effectivement, les livres de Merritt reprennent ces constantes : endroits mystérieux, héroïnes si possible légèrement vêtues (oui il y a des illustrations aussi dans les pulps ^^), méchants, soviétiques de préférence, et monstres et autres joyeusetés.)
Ce n'est certes pas de la grande littérature, et n'a jamais prétendu en être. On a un peu le "syndrome roman-feuilleton", à savoir on veut de l'argent, du coup il faut produire, écrire prend du temps, si le canevas est déjà prêt, on gagne du temps, alors on change l'endroit, on change les noms, on garde le scénario et les personnages, un coup d'enduit par dessus, et c'est reparti.

==> Ca vaut le coup d'en lire un, si le coeur vous en dit c'est pas désagréable d'en lire plusieurs, et si vous aimez la SF, vous en avez là un jalon important.

Honor Harrington, de David Weber : Gros pavé de plusieurs tome, best seller, la série d'Honor Harrington met en scène une héroïne (dont vous ne devinerez jamais le nom), qui sort du centre d'entrainement militaire du royaume de Manticore. Mais la première affectation d'Honor Harrington risque de ne pas être de tout repos, en un temps où la république populaire du havre (pourquoi les méchants doivent avoir au moins une terminologie communiste d'ailleurs?) projette de mettre à bas le royaume par une série de coup bas vicieusement mis en place. En plus, la dame a forcément des ennemis dans les rangs même de son armée, sinon, ce ne serait pas drôle.

Cette série est crée dans un seul but : être un best-seller. Et ça marche. C'est du space opera basique et classique. Ca marche en affichant une grande précision sur les technologies évoquées, pour créer un univers on ne peut plus réel. Il ya évidemment des combats, mais aussi un éventail de manipulations politiques, pièges, trahisons, religieux obscurantistes (forcément). Les gentils ont une technologie de pointe, mais ils sont peu nombreux. En plus ils sont pour la plupart loyaux (pour la crédibilité il faut certains vicieux dans les rangs des gentils). Du coup ils ont du mal à déjouer les pièges des méchants, qui eux sont moins avancés technologiquement mais représentent une masse énorme et inépuisable de soldats (moins compétents, bien sûr), et de matériel. Honor Harrington doit se battre contre les ennemis, mais également contre les alliés stupides ou malveillants, normal. Et puis le problème, c'est qu'il y a toujours le ratio d'ennemis compétents, sinon c'est pas drôle, y a pas de challenge. Du coup comme personne n'est immortel, il faut trouver des amis qui doivent mourir, fatalement. Bon bien sûr, heureusement, Honor Harrington est quelqu'un d'exceptionnel, du coup son équipage la vénère, mais pas au début non, faut la vénérer pour ce qu'elle entreprend, c'est bien ça, la distinction du mérite, ça prouve que le mérite offre l'accès aux récompenses.

Bref, si vous voulez des combats, de grands méchants politiciens et de la SF, vous l'aurez, et ça marche.

La lune des mutins, L'héritage de l'armagueddon et Les héritiers de l'empire, de David Weber.
Cette fois ce n'est qu'une trilogie (ouf!), qui raconte la prise de conscience que la terre est peuplé de gens qui ont oublié leur appartenance à un empire galactique, à cause d'une rébellion qui s'est passé il y a 50 millions d'années. Et oui, toutes les guerres sont dues à un groupuscule de mutins qui sont très méchants, d'ailleurs ils tuent plein de gens, c'est à ça qu'on les reconnait (nous en tout cas, car bien sûr ils oeuvrent secrètement.)

Autant ce genre de livres c'est rigolo 5 minutes, autant si vous vous êtes tapé les Honor Harrington, évitez de récidiver. Oui ça marche, oui c'est de la matière à best seller. Mais c'est... la même chose. Les technologies sont les mêmes, quand on a un filon, on le garde, logique, et il y a le lot de méchants en surnombre mais moins doués, de véreux chez les alliés et de balèzes chez les méchants, vous aurez vos religieux obscurantistes et vos politiciens corrompus, vos généraux héroiques, le mérite récompensé à sa mesure, et bien sûr vos batailles, spatiales ou non. Bref vous aurez ce que vous cherchez dans ce genre de bouquin. Pas plus malheureusement, pas par exemple d'innovation bienvenue qui nous ferait apprécier le pavé que constitue le dernier tome. C'est exactement comme Honor Harrington. Si le space opera c'est vraiment votre truc, vous allez adorer. Sinon, vous allez trouver le premier tome distrayant....Et contempler la taille du deuxième en vous demandant si vous aurez le courage. Puis vous verrez la taille du troisième et ça répondra à votre place.

Les loups des étoiles de Edmond Hamilton : Morgan Chane a un problème : à la répartition du butin, un loup des étoiles l'a attaqué et il l'a tué. Or Morgan Chane est d'origine humaine, et son acte est impardonnable pour le clan dirigeant l'attaque. Il doit donc s'enfuir. Mettons qu'il réussisse et qu'il soit recueuilli par des mercenaires terriens. Il a encore un problème. Car les loups des étoiles sont les pires pirates de l'univers, et si les gens savaient qu'il en était un, sa vie serait courte, malgré tous les avantages conférés par sa croissance sur une planète à lourde gravité.

Edmond Hamilton, c'est une autre carrure que David Weber, c'est même l'un des fondateurs du space opera. Ses héros sont sympathiques, plus que ceux de Weber. Normal, ce sont des salauds. Oui Chane est un loup, il pense à piller, à tuer ceux qui résistent, et à retourner piller. il est loup, les autres sont moutons, simple. Les mercenaires sont des humains, ils ont plus de sentiments, souvent des femmes, et des traits de caractère héroïques. Ils restent les fils de pute les plus endurcis de la galaxie, et s'ils veulent quelque chose, ils savent comment l'avoir. Bref tout ce qu'il faut pour avoir des aventures musclées. Bagarres, batailles spatiales, créatures, mondes à explorer, rythme haletant, c'est duspace opera catégorie poids lourd, le genre de bouquin, une fois commencé, vous le reposez quand il est fini. Oui bon d'accord, ça a vieilli. Mais c'est l'avantage du space opera, vieilli ou pas, c'est toujours dans un futur plus ou moins lointain (ou parfois tellement dans le passé, dans une galaxie lointaine, très lointaine, mais ça c'est une autre histoire), que ça parait toujours d'"actualité".

La cité et les astres, d'Arthur C. Clarke : Diaspar est la cité éternelle, figée et comme morte. Les habitants en sont immortels, car ils vivent très longtemps, ensuite leur personnalité est stockée dans les banques de mémoire de la cité et dans quelques milliers d'année, ils revivent, avec la conscience de leur vie antérieure. Mais quand un "né pour la première fois" s'éveille dans Diaspar, l'ordre séculaire menace de se briser.

L'âge d'or de la S.F. Arthur Clarke, c'est 2001, l'odyssée de l'espace. La cité et les astres, c'est un peu un melting pot de tous les thèmes de la S.F. De mystérieux envahisseurs, la ville au centre du récit et le despotisme innaccessible inhérent à cette structure, les robots, la génétique, les pouvoir para psychologiques, des extra terrestres, des écosystèmes différents, et j'en passe. Le pire, c'est que tout ça est saupoudré d'une réflexion psychologique sur l'immortalité, et que TOUT SE TIENT. Oui le récit suit son propre rythme sans s'embrouiller, se débrouille avec tout ça et forme un tout absolument cohérent. Plutôt un tour de force, non?

Bon je comptais conclure par une oeuvre de fantasy, mais ce sera pour la prochaine fois, écrire un pavé pareil, ça prend du temps ^^.

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"_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec.
_ouais, j'ai pris 1
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Envoyé par gedat le Samedi 07 Janvier 2012 à 16:17


Il parait que le meilleur de la trilogie de Calvino c'est le Baron Perché, mais je n'ai lu que les deux autres...
Et même s'ils sont très biens (le Chevalier Inexistant est quand même abstrait par moment) je préfère celui que je viens de lire.


Melange

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Envoyé par Melange le Samedi 07 Janvier 2012 à 20:21


Déjà petite précision à Boris : si tu as lu Dune jusqu'au combat Paul/le fils Hakonnen, c'est que tu as lu le tome 1, et c'est tout. Il est divisé en 2 livre en France, mais ça ne représente qu'un tome. Le tome 2 c'est Le Messie de Dune de mémoire

Pour kakkhara : les autres sont différents. On s'écarte grandement de l'histoire d'origine, mais je trouve que l'avantage par rapport à d'autre série du genre (Fondation par exemple) c'est que l'on reste cohérent et intéressant. La stase de Leto II, puis le récit qui se développe plus sur les révérendes mère et le tleilaxux. C'est plus Dune mais ça reste dans l'univers et intéressant je trouve (bon après qu'on soit pas d'accord je comprend, mais je trouve toujours ça mieux que la recherche de la terre de Fondation. Et c'est vrai qu'il y en a qui sont moins bon).

Pour en revenir sur ce que tu dit Boris :

- Les batailles en fait je m'en contrefiche personnellement. C'est de la science fiction, et au final on se doute bien que Paul va gagner, donc pas besoin d'en faire tout un fromage. Par contre plus détailler sa peur du Jihad ça c'est sympa. Par exemple à la fin du combat contre le fremen (Ja quelque chose. Jafar ^^)

- On est les 3 d'accord que le travail sur l'eau est important, et c'est bien de ça dont on veux entendre parler, et de la culture fremen.

- Pour ta question sur les flash-forwards, j'ai pas de réponse. Perso ça ma dérangé, et c'est vrai que ça apporte pas grand chose. Je pense comme je l'ai déjà dit que ça permet de vite faire le deuil du père et de se concentrer sur l'essentiel : Paul.

- Les Atrée sont pas du tout lié au récit. Encore que dans le tome suivant ça se passe pas très bien avec la frangine de Paul, mais c'est rien comparé aux Atrée. Et je peut rien contre le fait que tu n'aime pas les références un peu intellos.

- Merci pour les précision sur Lawrence d'Arabie. Alors question à ce sujet : est ce que les tribus se faisaient la guerre entre elles, et contre les turcs. Car dans Dune les fremens ne se font pas la guerre entre eux, et ne la font pas spécialement contre les méchants. ils sont considérés comme des pouilleux sauvage, mais y a pas vraiment de conflits. C'est plus Paul qui les recrutent qu'autre chose.

Pour le reste, peut être en effet que Dune est un peu trop surestimé, j'en sais rien je lu pas assez pour en juger, ce qui est sur c'est que perso je l'ai adoré (j'ai lu tout ceux de Frank Herbert et quasi tout ceux qu'a écrit son fils avec un autre gars. Une 15aine environ au total).

Et je pense avoir "obtenu" satisfaction : t'es d'accord pour dire que le travail sur l'eau est bon, et c'est pour moi le principal truc du premier tome. Pour le reste je lit pas assez et suis pas assez critique sur ce que je lit pour vraiment m'engager dans un débat sur les ellipses, les flashs et les références.

Melange

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jokerface :
En fait, Melange, Boris, et Ptit Ange sont une seule entité.

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