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black-monday

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Envoyé par black-monday le Dimanche 22 Mai 2011 à 21:51


The tree of life (Terrence Malick)

ATTENTION SPOILERS !!!!!


J’entendis parler la première fois de ce projet (le projet Q) lors de la sortie de la Ligne rouge. A l’époque, je lisais tout ce qui concernait de près ou de loin le cinéaste Texan : coupable d’un des meilleurs premiers films de l’histoire du cinéma (Badlands), retraite de 20 ans entre Les moissons du ciel et La Ligne rouge, professeur de philosophie à Paris, pépiniériste au Texas, ermite désespéré d’Hollywood, interdiction formelle de vendre son image ou son discours pour son art, obsédé de l’heure bleue, fan du PSG, le dernier grand formaliste…
A l’époque, ce projet devait évoquer l’apparition de la Vie dans les océans, au cœur d’une grande fresque métaphysique où les hommes ne sont que des variables. Il était question d’un minotaure aquatique, narrateur de ce chaos, il était question de l’Inde et sa spiritualité de l’éphémère, il était question d’un projet pharaonique si difficile à monter qu’il aurait entraîné le départ de Malick des plateaux pendant près de 20 ans.
Dès Badlands, le projet Q était dans les cartons, et il est probable que Malick n’est entré en cinéma que dans la perspective d’enfanter cette œuvre. A la vue de The tree of life, l’étrange sensation que ses précédents films étaient des essais, des tentatives, des expérimentations, histoire de se faire la main avant LE projet de toute sa vie.
Malick avait un petit frère, celui-ci passionné de guitare voulait en faire son métier. Par dépit, ne se trouvant pas le talent nécessaire de sa passion, il se brisa les doigts. Sans talent, et les mains mutilées, le frère de Terrence se suicida. A la suite de ce trauma, Malick entra dans une école de cinéma. De l’art comme consolation des affres de l’existence, Tree of life, œuvre autobiographique, est l’hommage d’un cinéaste à son frère, et tellement plus encore : une œuvre intimiste qui atteint l’universalité.

Je ne sais pas comment aborder cette œuvre à l’écrit, il me semble si antinomique d’employer l’écriture pour donner à dire ce qu’il a tant suscité en moi. En dépit d’une profondeur théorique indéniable (et comment !), Tree of life est un trip sensoriel qui s’adresse au soi, qui n’a de cesse de nous interroger, à la façon du regard supplicié face caméra de la mère endeuillée (Jessica Chastain, sublime, déchirante, solaire, gracieuse), « Toi, qui me regarde, où est tu quand tu t’effondres en larmes ? » « Où es-tu quand la vie te prive quotidiennement de quelque chose ? » « Que fais-tu pour supporter tout ça ? ». Comment écrire alors, ce ressenti intime, le dialogue intérieur que ce film instaure en moi-même, comment trouver les mots pour traduire le torrent émotionnel qui m’a noyé au cours de chacune de mes rencontres avec The Tree of life ?
Nous sommes condamnés à mourir, et qu’importe la grâce en attendant, elle ne nous sauve pas du malheur, de l’arbitraire du sort, de la tristesse. Dieu ne sauve personne, c’est un menteur, à l’image de la figure du père (Brad Pitt, dans peut-être son meilleur rôle), souveraine comme son idole, tyrannique, violente, aigrie et jalouse, qui croit au rêve américain parce qu’il est normal d’être un bon croyant, qui fait dans l’éducation à la dure pour ses fils pour les préparer à la rudesse de l’existence : « barbarism begins at home ».
Ce Dieu des hommes est une fausse idole qui pervertit les cœurs, qui condamne à la perte de l’innocence dont il est impossible de faire le deuil. Si Dieu est, alors il s’en moque, il est indifférent à notre sort, il est l’ordre des choses, le cours naturel de l’indifférence devant notre appel. Le silence obsédant de la nature, le silence obsédant des adultes quand les enfants comprennent l’horreur de notre monde qu’on leur vend comme un idéal de bonheur à condition de prier pour son salut et d’être bon avec son prochain. La tentation de la violence : « pourquoi je fais ce je hais ? », pourquoi s’excuser d’être mauvais quand on se sent trompé à ce point par la vie telle qu’on la présente à l’église ? Cette perte de l’innocence, avec ou sans le concours d’un Dieu grimaçant lors d’un repas de famille, qui n’a de cesse hanter l’adulte que l’on doit devenir. Que faire de tout ça, de toute cette tristesse ?
Tree of life est un film cerveau, celui de Jack, interprété par un Sean Penn qui se rappelle chaque année le jour de la mort de son frère, et plonge alors dans ses réminiscences, aux temps bénis de l’enfance jusqu’à la perte de son innocence, quand il ne savait pas l’horreur à venir, quand il jalousait son petit frère, quand il apprit à détester son père, quand sa mère avait la grâce. Et les souvenirs, mêlés aux visions, d’avancer et reculer à la façon de la marée, ou du rythme des sanglots, dans une mise en scène impressionniste qui n’en retient que la prime essence, toute de rafales, de reflets, de murmures, de chaos, de saccades qui guette et recherche partout l’instant où l’éternité est possible, comme on piste et pleure un être cher et disparut. A l’œuvre, la fièvre de celui qui recherche le paradis perdu quand tout le deuil est à faire.

Le silence déraisonnable du monde, l’univers qui se passe de nous, et qui se contente d’être de la même façon que les séquences cosmiques s’insèrent dans Tree of life pour signifier l’indifférence à nos malheurs, mais également sa beauté sans cesse renouvelée, comme un rappel de notre précarité qui sublime : cessons les manœuvres de l’égo, oublions-nous, il faut accepter l’insupportable, et faire avec notre solitude métaphysique, faire le deuil de son enfance. Mais est-ce possible ? Pas de réponse…
Si ce n’est peut-être le recours à l’imaginaire, comme moyen de transcendance, le cinéma bien sûr, pour enfin se réconcilier avec soi même, à la façon de cette dernière séquence, que d’aucuns qualifieraient de kitsh ou de new age, où tout peut devenir possible, en soi : les retrouvailles de Jack avec son père brisé, et sa mère réunie avec son petit frère, et l’océan primordial, et le désert, et le masque de Dieu qui tombe. Jack devient alors le démiurge de sa propre réconciliation avec lui même, le temps d’une ascension mécanique dans une tour de verre. Voilà ce que propose le cinéma : un art idéal où l’on peut mettre en scène les drames qui nous consument au quotidien, et les transcender sur pellicule, les exorciser par la lumière d’un projecteur braqué sur une toile toujours vierge, et se donner à soi les moyens de se consoler de la vie, et pourquoi pas, comme Jack, le temps de redescendre sur terre, d’esquisser le début d’un sourire. Le cinéma comme un pont entre la nature et la grâce ; l’art comme rédemption.

Mais c’est déchirant. Tree of life est l’œuvre artistique qui m’a faite le plus mal jusqu’à présent, mais je sais qu’en la portant en moi pour le restant de mon existence, elle me rend meilleur envers moi-même. J’ai retrouvé la foi en le cinéma, je comprends désormais la force de cet art : la possibilité d’immortaliser les plus vives douleurs de l’existence, tout en les exorcisant dans une mise en scène.
En creux, l’Art ne coïncide jamais avec la vie, mais il peut consoler d’elle. Par la prière.

Tree of life est une prière à la beauté, cela ne s’explique pas, ça prend aux tripes, ça fait mal, et en même temps ça console, comme si à travers soi, c’était toute l’humanité que l’on endure et qu’on embrasse.

J’arrête là, c’est de la merde ce que j’ai écrit, le film est tellement plus, tellement vaste, tellement fou…
Osez le voir, et abandonnez-vous à vous-même. C’est tout. Qui sait, il vous donnera le coup de grâce.

Une dernière chose, cette musique tiée du film, qui en reflète bien l'ambiance : à écouter à partir de 2 min 20 :
www.youtube.com/watch

Personnellement, cette musique me fait à chaque fois pleurer. C'est trop.

[ Dernière modification par black-monday le 22 mai 2011 à 21h54 ]

[ Dernière modification par black-monday le 22 mai 2011 à 21h55 ]

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"Ouais même que Valérie Damidot est tellement grasse que si elle se trempe un pinceau dans le fion, elle réinvente la peinture à l'huile."


kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Lundi 23 Mai 2011 à 10:41


The tree of life visionnage ce soir si j'en ai le temps.

Pareil que Boris (nan c'est vrai en plus), c'est également la palme d'or qui me fait le plus de plaisir avec elephant :o.
Pour le film je ne l'ai pas vu, mais Malick méritait cette palme ne serait-ce que pour son oeuvre.

Je lirais le pavé de black-monday après le visionnage du film, je n'ai absolument pas envie de lire un paragraphe commençant par : "Attention spoilers" ^^.


Concernant le Sherlock Holmes, j'ai été le voir avec des potes au ciné et j'ai été attéré. Mais pourquoi ce film s'appelle Sherlock Holmes? Il n'y a pas d'énigme à proprement parler! Downey jr je l'aime bien habituellement, mais là il est complètement à côté, c'est pas de sa faute, quand on est mal dirigé... Il est censé jouer un détective, pas une grosse brute avinée amatrice de cogner sur les gens, y a tout un tas de nanards ou navets pour ça.

Bref, un suspens, comment dire... absent? Un humour beauf qu'on ne peut même pas qualifier de décalé. Une ambiance qui paraissait correcte mais qui en fait est complètement baclée : c'est quoi cette ambiance qui ressemble plus à l'ambiance qu'on attendrait d'un donjon et dragons? Genre un décor à la Tim Burton complètement et misérablement raté.

Ce que j'attends de Sherlock 2? Qu'il est la décence de ne jamais exister. Parce qu'on savait avant d'aller le voir que le film serait mauvais, mais on s'attendait au moins à un divertissement correct. Quelle erreur !

Plutôt revoir La vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder ou Le chien des baskerville, production de la Hammer standard avec les habituels Peter Cushing et Christopher Lee. Au moins ces films, qui certes sont loin d'être parfaits, ont une atmosphère, une âme.

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_ouais, j'ai pris 1
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BenP

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Envoyé par BenP le Lundi 23 Mai 2011 à 12:04


Je vais aller voir Pirates des Caraibes 4 tout a l'heure.
Et non, je n'en ai meme pas honte.

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BenP

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Envoyé par BenP le Mardi 24 Mai 2011 à 04:28


Bilan : j'avais plutot apprecie les premiers episodes de Pirates des Caraibes 4.
Mais celui-ci m'a parut bien plus bacle que les autres.

Il ne se passe rien. Et on en a un petit peu marre de voir comment le pere Sparrow arrive a s'en sortir de maniere toujours plus improbable a chaque fois.
Il y avait pourtant moyen de rendre le scenario interessant, avec cette histoire de foutaine de jouvence et de sirenes. Mais non. C'est long, c'est lent, et les rares scenes d'actions ne parviennent pas a rehausser le niveau (et puis, tout est tres attendu, rien d'extraordinaire). Les discussions ne parviennent pas a mettre dans l'ambiance (comme c'etait davantage le cas dans les premiers films).

Point positif : le dernier dialogue entre Jack et Angelica (et surtout leur baiser). Ca m'a quand meme bien fait rire.

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Envoyé par Heptahydride le Mardi 24 Mai 2011 à 19:11


The tree of life m'a laissé un peu indifférent. Suite plus tard. ^^

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Envoyé par NewMilenium le Mardi 24 Mai 2011 à 23:03


BenP > sans surprise.

Heptahydride > 
The tree of life m'a laissé un peu indifférent. Suite plus tard. ^^ 
 
Ouille!...

kakkhara > ah... carrément! Non, je n'adhère pas; l'énigme est bien là, même si je conçois que tu la juges "noyée" dans l'action. 
Faudrait anyway que je vois les deux que tu cites.


Aucun avis positif détaillé pour Sherlock Holmes?

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Envoyé par BorisPreban le Mardi 24 Mai 2011 à 23:41


kakkhara a écrit :
Plutôt revoir La vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder ou Le chien des baskerville, production de la Hammer standard avec les habituels Peter Cushing et Christopher Lee. Au moins ces films, qui certes sont loin d'être parfaits, ont une atmosphère, une âme.

 
Autant j'ai un souvenir de bonne production de studio pour le film de la Hammer, autant je trouve que le ton que tu emploies ne laisse pas augurer de la très grande réussite que constitue le film de Billy Wilder, qui pour le coup me semble plus qu'un bon Holmes. Dès cette intro ou Holmes énumère les uns après les autres les clichés véhiculés par son personnage, les détruisant chacun leur tour, on retrouve l'ironie délicieuse et l'intelligence évidente de Wilder, la suite du film étant une succession d'idées brillantes : la fausse homosexualité de Holmes ( le dialogue sur Tchaikovski avec madame Petrova est absolument incroyable ), la femme nue chez Holmes, l'impuissance de celui-ci face à l'intrigue ( Holmes a rarement semblé aussi démuni ), la présence de Christopher Lee jouant son frère  et cette fin tragique avec Holmes prenant de l'opium pour oublier ce qu'il vient de voir.... je crois que ce film est considérablement sous-estimé ; pas du fait que son réalisateur soit mal consideré mais au contraire du fait que celui-ci ait pondu des chefs d'oeuvre évidents ( Assurance sur la mort, Certains l'aiment chaud, Boulevard du crépuscule ) et ait réalisé ce film dans les années 70, à une période ou ce genre de productions était un peu anachronique. Enfin bref, pour moi c'est une merveille qui n'est justement pas loin d'être parfaite et donc forcément mon adaptation préferée de Sherlock Holmes, personnage qui soit dit en passant ne m'intéresse pas du tout, je préfère Maigret et je vous emmerde.

Boris.

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Je sais pas toi mais moi j'me fends la gueule.


Niicfromlozane

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Envoyé par Niicfromlozane le Mercredi 25 Mai 2011 à 13:04


 Arsène Lupin for the win.

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Le 21/05/2012 à 14:37, Weeds avait écrit:

L'expérience a montré que Niic était trop fort.

kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Mercredi 25 Mai 2011 à 14:36


Ouais je suis d'accord pour le film de Wilder, c'est vrai qu'on le déconsidère au vu d'autres films de Wilder. Mais c'est vrai que la scène où il "avoue" son homosexualité m'a fait exploser de rire.


sinon dans les revisionnages :

Ridicule de Patrice Leconte : Ponceludon de Malavoy, jeune noble de province, monte à Versailles pour intéresser le roi à un projet d'assainissement des marais de la Dombe, car les paysans meurent là-bas, du fait de l'insalubrité de leur environnement. Mais à la cours, tout est figé, et pour parvenir jusqu'au roi, il faut se plier à un rituel, qui est de faire preuve d'esprit en ridiculisant son prochain, et dans ces joutes, tous les coups sont permis.

Ridicule est un petit bijou d'humour cynique. Le film est certes affecté, comme le sont la plupart des personnages (tous sauf Judith Godrèche, lumineuse), et se résume souvent à un enchainements de vannes où le vainqueur est celui qui a été le plus méchant. Mais quelques temps forts sauvent le film, comme le drame du postulant au poste d'assesseur de l'académie ou la présentation des sourds-muets à la cour. La musique est bien choisie, quoique de style un peu anachronique par rapport au sujet, qui se passe fin XVIIIème, à une époque où le style musical avait un peu évolué.

Et dans les films récemment visionnés :

Le chasseur de Buzz Kulik : Ralph "papa" Thorson est un chasseur de primes et un anachronisme vivant, même si un paragraphe de la loi l'autorise toujours a faire ce métier. Mais un jour, un malade qu'il a retrouvé et amené à la police, et donc de là en prison, est libéré et cherche à se venger. Le chasseur de prime devient alors proie.

Le film avait l'air alléchant mais s'enferre dans une lourdeur malheureuse. Certes au début le personnage pricnipal, joué par Steve McQueen, apparaît amusant car le réalisateur joue sur toutes les facettes de l'anachronisme pour nous faire rire, mais vers le milieu du film on commence à en avoir marre de tous ces gags qui se répètent. Certes on a Eli Wallach, et Ben Johnson apparaît dans un rôle marrant, celui, auto-parodique, du shérif de l'ouest perdu dans l'Amérique moderne. Quelques scènes valent vraiment le coup, mais dans l'ensemble le film ne tient pas toutes ses promesses. On passe un moment correct, et puis c'est tout.

La fureur de vivre de Nicholas Ray : un grand classique. Amusant de voir comment le titre original est plus péjoratif : Rebel without a cause.
Jim (James Dean) est un adolescent à problèmes, qui n'arrive pas à faire face à ses déboires familiaux et qui va chercher à s'en libérer en se créant le rôle d'un vrai dur. Mais quand il déménage et arrive, tout nouveau, face à une bande déjà installée, l'affrontement est inévitable.

Beau film, porté par la prestation de James Dean qui s'implique dans son rôle et le transcende totalement.


The tree of life de Terrence Malick (je vais essayer une critique plus développée que ce que je fais habituellement.)

L'histoire d'une famille déchirée par la mort d'un des fils.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec black-monday sur le film. Déjà par le fait que ce n'est pas pour moi le meilleur Malick. On attendait, on attendait depuis longtemps, et on attendait de la part de Malick un chef d'oeuvre, et il semble bien qu'il en avait un peu trop conscience. Chaque scène, chaque petit détail apparait chargé de sens, dans un surenchère d'émotion opposée à une économie de moyen (sauf pour la partie "cosmogonique" bien sûr). Oui c'est grandiose, oui c'est bouleversant, mais le fait que c'est manifestement le but recherché fait perdre un peu de cette "grace" et de ce "naturel" dont Malivk se réclame pourtant.

A partir d'ici, spoilers inside


Il y a néanmoins un passage qui touche le sublime, c'est les scènes de la vie et du bonheur familial  sur fond de La moldau de Smetana. En effet La Moldau, évoque on ne peut mieux les flots d'une rivière : son introduction, jouée par les deux pupitres de violon de l'orchestre, évoque la rencontre des deux sources qui forme une rivière tumultueuse au flot rapide. Le thème principal évoque bien sûr la majesté de la rivière apaisée qui traverse Prague. Morceau très évocateur, il permet une interprétation précise de la scène (il en induit même très certainement plusieurs). En effet la doctrine présocratique comme quoi un fleuve change mais reste néanmoins toujours le même est très reconnue : c'est effectivement ce qu'on a ici. Les manifestations de ce bonheur familial changent, mais seul demeure inchangé le bonheur qui en résulte. Le bonheur passe comme les eaux de ce fleuve mais est aussitôt remplacé sans qu'un observateur extérieur puisse détecter de changement. Mais la reprise du thème de la moldau en mineur peut aussi bien annoncer les malheurs futurs et montrer cette imperfection qui résulte du caractère humain.

==> Là où je ne suis pas d'accord avec black-monday, c'est que je ne sens pas de révolte contre Dieu, car si le coeur de certains hommes se révoltent contre une autorité qui les transcende, la réconciliation avec soi-même est d'abord la réconciliation avec Dieu. Dans la dernière séquence du film, Sean Penn se réconcilie avec soi-même mais aussi avec l'idée d'une transcendance à laquelle prend part pourtant tout le monde, malgré les imperfections dont ils sont pourvus. J'imagine qu'on peut rapprocher ça de la doctrine de Spinoza pour qui il n'y a de transcendant que ce qui est immanent, à savoir que Dieu n'est pas une entité ésotérique qu'on ne peut imaginer, mais bien ce qui nous entoure. Dieu est ces arbres géants filmés en contreplongée par Malick. Un volcan qui rentre en éruption la nuit, c'est encore Dieu. Des méduses traversant gracieusement les flots azur, c'est encore Dieu. Dieu est tout ça et bien plus encore.
Et non l'univers ne se passe pas de nous : au contraire on imprime notre marque à cet univers, et tout ce gigantisme qu'on ne peut qu'à peine appréhender participe du même oeuvre que nous. Une injustice commise par un père envers l'un de ses fils se révèle aussi destructeur qu'un météore tombant sur la terre, la rancoeur de ce fils est aussi violente qu'une lame de fond. Bref, Dieu est démiurge de son univers, mais l'homme est son propre démiurge, et s'il perd conscience de Dieu, c'est de lui-même qu'il perd la conscience et il est alors perdu, mené aux pires extrémités.

Voilà en tout cas ce que m'a fait ressentir the tree of life, même si ce n'est pas ma vision du monde et que je resterais athée ^^.

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Envoyé par black-monday le Mercredi 25 Mai 2011 à 16:01


Elle fait plaisir ta critique kakkhara.

J'ai revu le film hier soir, où je me suis davantage intéressé à la technique, à la mise en scène. Bon j'ai quand même été ému à nouveau par certains passage, mais c'était pas la fontaine de seconde séance.

Le truc où tu dis qu'on attendait le film depuis longtemps, entendons nous, c'était le cas de certains aficionados du bonhomme, mais vu le "peu" de temps entre Tree of life et Le nouveau monde, faut pas qu'on fasse les fines bouches non plus.

Dire qu'on attendait un chef d'oeuvre et que Malick en avait peut-être conscience, là tu fais un sacrée procès d'intention : le film a bien des égards est un beau bras d'honneur à Hollywood avec les moyens de ce dernier, et Malick est davantage ici dans un rapport sans concessions avec son art, il fait son truc, et le film peut paraître un peu "autiste" tant pour le public traditionnel (encore ce serait parier sur la bêtise des gens) que pour la critique. Mais là aussi je fais peut-être un procès d'intention. Toi à demi mot, tu sembles le taxer de prétention ou je me trompe ?

Parfaitement d'accord avec ton point de vue sur le moldau de Smetana : oui la forme change, le fond reste le même. Mais je ne parlerais pas de bonheur non, plutôt de la vie, tout simplement.

Par contre pour la révolte contre Dieu, je persiste et signe : le film est très oedipien, la figure du père/ Dieu est battu en brêche à partir de la noyade du gamin. A ce moment le père n'y peut rien, et Dieu non plus, en dépit du préchi précha de ces figures "faites moi confiance" dit le père, et le discours religieux ambiant. A travers les yeux de Jack, ces deux figures tombent devant la vie, le réel, le caractère arbitraire des choses que les discours nient. D'ailleurs dans le dernier tiers du film, ce n'est plus Dieu, celui des chrétiens, celui qu'on lui impose et que Jack rejette, mais c'est vers son frère et la mère en creux, qu'il se tourne.
D'ailleurs je vois mal en quoi la réconciliation avec soi même serait la réconcialiation avec Dieu : Jack se réconcilie avec son frère, avec son père, avec sa mère, il permet enfin à sa mère de revoir et d'étreindre son petit frère ; Jack devient son propre Dieu intérieur tel qu'il l'entend, tel qu'il décide qu'il le soit, pour tout consoler, par l'entremise de son imaginaire. La "transcendance" se déroule le temps d'une montée et d'une descente en ascenseur, mais c'est là la force du cinema : le cinema permet à tout un chacun de "voir" une transcendance s'accomplir par une mise en scène de l'intîme se partageant à tous.
D'accord avec le discours sur l'immanence, c'est le mantra de Malick depuis la ligne rouge.

Mais je maintiens sur l'idée que l'univers se passe de nous, alors certes on fait partie de l'univers, mais en simple donnée variable parmi d'autres sans que cela change le cours des choses. Alors oui il y a analogie entre cette cellule familale et ce qui se déroule dans l'univers, à la façon d'une fractale quelque part, pour autant l'échelle est différente, et ses modalités peuvent différer : l'homme a une conscience.
Alors oui, l'homme est son propre démiurge, mais il est seul et vulnérable. Dans Tree of life, je vois surtout Malick le démiurge, parce qu'il pratique un art, le cinema, ce qui lui permet de mettre en scène une histoire, la sienne, et transcender par les moyens "d'hollywood" un douloureux vécu personnel qu'il rend universel. Pour moi Tree of life est surtout un chef d'oeuvre sur la force du cinema.

J'aime beaucoup ton avant dernière phrase, mais je la réduirais à ça : l'homme n'est son propre démiurge que le temps où il s'exerce à une activité artistique ; exemple dans Tree of life, où Malick est cet homme. Tree of life est une illustration, à mon sens, de cette idée.

[ Dernière modification par black-monday le 25 mai 2011 à 16h01 ]

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Johannes

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Envoyé par Johannes le Mercredi 25 Mai 2011 à 18:27


Le 25/05/2011 à 14:36, kakkhara avait écrit ...

Ridicule de Patrice Leconte : Ponceludon de Malavoy, jeune noble de province, monte à Versailles pour intéresser le roi à un projet d'assainissement des marais de la Dombe, car les paysans meurent là-bas, du fait de l'insalubrité de leur environnement. Mais à la cours, tout est figé, et pour parvenir jusqu'au roi, il faut se plier à un rituel, qui est de faire preuve d'esprit en ridiculisant son prochain, et dans ces joutes, tous les coups sont permis.

Ridicule est un petit bijou d'humour cynique. Le film est certes affecté, comme le sont la plupart des personnages (tous sauf Judith Godrèche, lumineuse), et se résume souvent à un enchainements de vannes où le vainqueur est celui qui a été le plus méchant. Mais quelques temps forts sauvent le film, comme le drame du postulant au poste d'assesseur de l'académie ou la présentation des sourds-muets à la cour. La musique est bien choisie, quoique de style un peu anachronique par rapport au sujet, qui se passe fin XVIIIème, à une époque où le style musical avait un peu évolué.

Juste pour dire un gentil +1.
- Pourriez-vous faire un mot d'esprit sur moi ?
- Sire, le roi n'est pas un sujet.

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Mercredi 25 Mai 2011 à 22:45


- Pourriez-vous faire un mot d'esprit sur moi ?
- Sire, le roi n'est pas un sujet.
==>Mais ce n'est pas un calembour, au moins? ^^

D'ailleurs je vois mal en quoi la réconciliation avec soi même serait la réconcialiation avec Dieu : Jack se réconcilie avec son frère, avec son père, avec sa mère, il permet enfin à sa mère de revoir et d'étreindre son petit frère ; Jack devient son propre Dieu intérieur tel qu'il l'entend, tel qu'il décide qu'il le soit, pour tout consoler, par l'entremise de son imaginaire.


==> Et qu'est-ce que l'imaginaire dans ce film, sinon la capacité de s'imaginer comme Dieu de son propre univers? La paix avec soi-même découle du fait qu'on a accepté la responsabilité de nos actes et admis que malgré tout, ce passé qu'on aurait voulu oublier n'est pas perdu, mais vit en nous, et qu'une simple évocation de notre esprit fera revivre les personnages de ce passé, qui, autant douloureux qu'il soit, nous a construit tel que nous sommes aujourd'hui. En ne refoulant pas ce passé, mais au contraire en admettant les erreurs qu'on a pu faire, alors on peut transcender ce qu'on est pour devenir une conscience supérieure. Alors la confiance en Dieu nous est rendu, car si on a l'impression que sa domination est imparfaite, elle est à notre image et pleinement compréhensible, ce qui fait que toute cette cosmogonie imposante et lointaine devient à notre portée (dixit la dernière phrase de la mère.)

kakkhara, oui c'est de la branlette intellectuelle =o.

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"_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec.
_ouais, j'ai pris 1
_ok ..."


Heptahydride

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Envoyé par Heptahydride le Jeudi 26 Mai 2011 à 13:23


Rah j'ai vu Ridicule aussi. Et il m'a semblé un peu trop cliché, trop affecté (surtout la fin sur la Révolution Française avec une revanche du héros). Même s'il est parfois très drôle.

Sinon, pour The Tree Of Life, c'est un film puissant. Mais j'ai eu l'impression que c'était banal, et j'aurais pu consacrer ces deux heures de mon dimanche ensoleillé à aller flâner dans les parcs et les bois près de chez moi que j'aurais eu les mêmes sensations. Faire un film sur la vie comme ça c'est sympa, mais à moins de pourvoir créer une attache émotionelle chez le spectateur, à moins de le faire entrer dans la tête des personnages, à moins que l'on puisse les comprendre.... C'est pas pertinent.

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STAG

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Envoyé par STAG le Jeudi 26 Mai 2011 à 14:19


A mon avis, black-monday devrait aller voir the tree of life une 4ème fois.

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CptDobey

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Envoyé par CptDobey le Vendredi 27 Mai 2011 à 14:57


 Sherlock Holmes c'est sympa, mais ça n'a pas grand chose en commun avec l'oeuvre litéraire de Conan Doyle. Le "grand méchant" n'est pas vraiment charismatique et quelques longueurs auraient pu être évitées. Quant aux scènes de baston très "matrix style"... soit on accepte soit il vaut mieux s'abstenir de regarder ce flim.

L'un dans l'autre, pour du cinéma "popcorn" ce n'est pas trop mauvais.

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