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Ezexperience

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Envoyé par Ezexperience le Mardi 30 Janvier 2018 à 14:49


Et bien ! On part quelques temps et ça fait des classements Michael Mann dans notre dos, bravo !
(Bon en vrai j'ai quasiment rien vu de Michael Mann)

J'ai eu un mois de janvier très cinéphile pour une fois. Sans surprise 3 Billboards me semble être le meilleur film sorti ce mois-ci. Des gens l'ont vu ?

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Mardi 30 Janvier 2018 à 21:22


Le 30/01/2018 à 14:49, Ezexperience avait écrit ...
Et bien ! On part quelques temps et ça fait des classements Michael Mann dans notre dos, bravo !
(Bon en vrai j'ai quasiment rien vu de Michael Mann)

J'ai eu un mois de janvier très cinéphile pour une fois. Sans surprise 3 Billboards me semble être le meilleur film sorti ce mois-ci. Des gens l'ont vu ?


​Moi. J'ai pas aimé 

​Au-delà du côté TRES " imitation des frères Coen " (Ville de ploucs, check ; humour systématique, check ; Frances McDormand, check ; musique de Carter Burwell, check), je resterai sur une vraie qualité et trois gros défauts.

​La qualité, c'est qu'il s'agit d'un polar ou les personnages sont systématiquement différents de ce que leur portrait stéréotypé brossé au départ laisse penser. Tous les gens dont on attend une réaction trop évidente arrivent à se comporter autrement, comme des gens et pas comme des pantins du scénario. Ca j'ai trouvé tout à fait chouette.

MAIS :

​1) Sam Rockwell est absolument calamiteux. J'ai pas trouvé Frances McDormand à la hauteur de ses meilleurs rôles non plus.

​2) Le film fourmille de fausses pistes et de personnages secondaires sans intérêt (le fils, Peter Dinklage) qui combinés à un rythme globalement déficient de l'ensemble et à une fin à la limite du foutage de gueule ont fait que j'ai regardé ça avec énormément de distance, l'humour relou systématique n'arrangeant rien.

​3) Les passages plus moralisateurs (le commissaire noir, Rockwell qui rencontre son ancienne victime à l'hôpital) sont intégrés avec une telle maladresse dans le récit que ça finit par ressembler à une note d'intention forcée, à un film qui veut crier " je suis original " mais dont on finit par anticiper la pose anticonformiste longtemps à l'avance. Quitte à ce que d'ailleurs, par sa volonté de ne pas suivre les sentiers battus, sa conclusion s'en révèle tout à fait incohérente.

Boris.

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Ezexperience

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Envoyé par Ezexperience le Mercredi 31 Janvier 2018 à 13:56


Je te trouve sévère.
En janvier j'ai rien vu de comparable, et même en 2017 j'ai pas vu beaucoup de films de ce niveau.

Pour avoir revu No Country for Old Men il y a pas longtemps on sent vraiment les influences des frères Coen en effet, mais c'est pas désagrable. Quitte à avoir des références je préfère ça que Kubrick ou Hitchcock.

Le scénario souffre de quelques traits grossiers comme la relation mère/fille que je trouve très bof.
La beauté de la fin, que tu trouves foutage de gueule, est d'abandonner le polar et l'enquête. Elle assène cet abandon et balaie la vision purement polar du film : il n'a jamais été vraiment question de trouver le coupable. Mais cette quête est transitionnelle pour chaque personnage. Sans être révolutionnaire c'est agréable à suivre. Ca permet de dépasser les questions éthiques habituelles, qui sont plus une impasse qu'autre chose dans ce genre de production.

Si tu as vu quelque chose de meilleur ce mois-ci je suis preneur !

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Mercredi 31 Janvier 2018 à 20:03


Je te trouve sévère.


​Je pense que ça, c'est à peu près unanimement reconnu : je suis sévère. Je suis pas un mec bon public et la plupart des films que je vois, je ne les trouve pas bons. Par contre, je suis sévère mais pas dans le systématisme. J'ai aucun souci à défendre un film d'un mec que je déteste et réciproquement. Je suis sévère mais chaque film à sa chance avec moi, je réfute toujours l'idée que je vais voir un film en le défendant ou en le critiquant d'avance, c'est l'exact contraire de ma démarche.
En janvier j'ai rien vu de comparable, et même en 2017 j'ai pas vu beaucoup de films de ce niveau.


​Je vais bientôt pondre mon top 15 de 2017, chacun de ces 15 films est bien meilleur que 3 billboards selon moi. En salles et en contemporain j'ai vu que 2 films de 2018 là (celui-ci et Pentagon Papers) et Pentagon Papers était mieux. Donc bon....

Pour avoir revu No Country for Old Men il y a pas longtemps on sent vraiment les influences des frères Coen en effet, mais c'est pas désagrable. Quitte à avoir des références je préfère ça que Kubrick ou Hitchcock.


​Quitte à voir du sous-Coen, en terme d'écriture, de jeu d'acteur et de mise en scène, Blue Ruin par exemple enterre totalement 3 billboards. Non seulement c'est du sous-Coen mais même parmi les imitateurs c'est pas du tout un des meilleurs.
​Et je sais pas si Hitchcock c'est une meilleure référence ou pas je sais qu'entre les De Palma sous influence Hitchcock et 3 billboards j'ai choisi mon camp.
Elle assène cet abandon et balaie la vision purement polar du film : il n'a jamais été vraiment question de trouver le coupable.


​Le film se termine sur la recherche du coupable, c'est complètement la question.
Ca permet de dépasser les questions éthiques habituelles, qui sont plus une impasse qu'autre chose dans ce genre de production.


​C'est surtout que le film te sort une piste totalement évidente pour au final l'abandonner quitte à rendre le comportement du personnage en question totalement con et incohérent : t'as un perso qui ne connaît pas l'héroïne et vient la menacer sans avoir le moindre 1) intérêt à le faire 2) lien avec son histoire. Ca n'a aucun sens et donc c'est du foutage de gueule pour moi, un truc qui n'est là que pour casser un code sauf que ça ne recrée absolument rien d'intéressant à la place.

Boris.

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Crutch

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Envoyé par Crutch le Jeudi 01 Février 2018 à 02:47


Tain, j'avais bien aimé 3 Billboards, mais j'avoue que j'avais pas capté l'incohérence, et c'est vrai que ça la fout mal vu que le scenar est clairement mis en valeur comme l’élément important du film. Je trouve pas les personnages secondaires si inexistants que ça sinon, et j'ai pas du tout eu de problème avec Sam Rockwell. Le truc qui m'a le plus fait tiquer dans le casting c'est la femme de Woody Harrelson qui a genre 20 ans de moins que lui sans explications, ce qui fait que j'ai pas du tout cru en leur couple alors que c'est sensé être une part importante du perso.

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Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 01 Février 2018 à 07:10


Le 01/02/2018 à 02:47, Crutch avait écrit ...
Tain, j'avais bien aimé 3 Billboards, mais j'avoue que j'avais pas capté l'incohérence, et c'est vrai que ça la fout mal vu que le scenar est clairement mis en valeur comme l’élément important du film. Je trouve pas les personnages secondaires si inexistants que ça sinon, et j'ai pas du tout eu de problème avec Sam Rockwell. Le truc qui m'a le plus fait tiquer dans le casting c'est la femme de Woody Harrelson qui a genre 20 ans de moins que lui sans explications, ce qui fait que j'ai pas du tout cru en leur couple alors que c'est sensé être une part importante du perso.


​Ca par contre je trouve ça plutôt intéressant. Je m'attendais à ce qu'ils fassent quelque chose autour de cette différence d'âge ou autour de l'alcoolisme de la nana (Woody lui-même sous-entend que sa femme boit trop) et c'est laissé de côté... Pourquoi pas ? Pour le coup, la volonté d'aller hors des sentiers battus ne me semble pas se faire au détriment de l'histoire. 

​Boris.

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Envoyé par Ezexperience le Mercredi 07 Février 2018 à 14:26


Malgré les incohérences, je ne peux m'empêcher d'avoir honnêtement aimé ce film. Ce qui me fait dire ça c'est qu'à la fin, j'aurai bien voulu en avoir un peu plus, et c'est rare que je ressente ça.


En revanche le film ne se termine pas dut tout sur la recherche d'un coupable, au contraire cette question est mise en suspens. Ils savent que ce n'est pas le coupable mais ils partent quand même. S'ils cherchaient encore le coupable on aurait eu droit à une autre fin.

J'ai vu Memories of Murder pour la première fois la semaine dernière, et même si l'on décèle quelques points communs c'est quand même d'un autre niveau. Ca remet bien en perspective, du coup je suis un peu plus de ton avis Boris.

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Crutch

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Envoyé par Crutch le Jeudi 08 Février 2018 à 00:28


Ah oui pour le coup Memories of Murder c'est un vrai chef d'oeuvre, sans aucun doute.

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Envoyé par Boris-le-hachoir le Dimanche 18 Février 2018 à 23:29


Bon j'avais dit que je le ferais : mon top 15 cinoche de l'année 2017, maintenant que j'ai à peu près rattrapé mon retard. Le top 10 était assez malvenu dans la mesure ou des vrais films vraiment mémorables, je n'en ai vu que 5 ou 6, mais des bons films, j'arrivais à une petite quinzaine. Donc j'ai préféré tabler large quitte à parler de films qui ne m'ont pas totalement convaincu.

​Pour ma part, c'était une année ciné potable, légèrement meilleure que les précédentes. Des cinéastes que j'apprécie toujours en forme (Bigelow, Reichardt, Yuasa), d'autres que je n'apprécie pas d'habitude et qui m'ont agréablement surpris (Nolan, Villeneuve), des irréguliers qui signent un bon cru (Ang Lee, Doug Liman, Matt Reeves), des futurs talents potentiels (Ducournau, Larrain), bref, on a fait pire.

​Donc pour ceux qui veulent à tout prix des films mémorables, arrêtez vous au sixième environ. Si vous êtes curieux, le reste fera bien l'affaire.

​1) Jim et Andy (Chris Smith)

​Documentaire dingue et captivant sur le tournage de Man on the moon de Milos Forman, dans lequel Jim Carrey a totalement pété les plombs et se prenait hors tournage pour Andy Kaufmann dont il incarnait le rôle. En réalité, il est probable que Carrey se soit lancé dans une forme de fuite en avant artistique à une époque ou sa célébrité faisait de lui l'un des acteurs les mieux payés au monde, mais il n'en demeure pas moins que son implication dans le rôle de Kaufmann était absolue, et que son empathie pour le comique le plus chelou des Etats-Unis (je n'ai jamais trop su quoi penser de Kaufmann, c'est un type d'humour complètement autiste) est évidente. Au milieu de tout ça, Milos Forman semble lutter contre l'envie de se tirer une balle dans la tête, Carrey pousse le délire jusqu'à se prendre pour les personnages que Kaufmann incarnait et par le biais desquels il peut dauber autant sur Kaufmann que sur lui-même (Jim Carrey donc) bref c'est vertigineux et c'est fascinant.

​2) Detroit (Kathryn Bigelow)

​Troisième collaboration entre la réalisatrice et le scénariste Mark Boal, et troisième réussite même si avec le recul le film est un chouia moins puissant que Démineurs et Zéro Dark Thirty. Néanmoins Bigelow parvient à trouver le ton juste pour traiter d'un fait divers sordide (trois noirs suspectés d'avoir tiré sur la police sont interrogés puis tués par les flics), sans idéaliser les victimes et en brossant des portraits de personnages complexes et nuancés (le flic noir qui ne sait pas sur quel pied danser, le black vétéran du Vietnam qui ne veut se mêler de rien, le gars de la garde nationale qui tente un peu trop mollement d'empêcher le drame). Bigelow est décidément l'une des toutes meilleures cinéastes en activité.

​3) Certaines femmes (Kelly Reichardt)

​Les films de Kelly Reichardt n'ont aucun " gimmick " évident et pourtant, ils se reconnaissent très facilement, notamment par une sorte de non-dramatisation à l'antithèse d'Hollywood. Dans Certaines femmes, comme dans la plupart de ses films, personne ne crie, même une prise d'otage se déroule dans un calme qui vire à la complète indifférence, les tromperies entre époux ne conduisent à rien (ça n'influence pas le scénario) et personne n'est tout blanc ni tout noir. Encore un beau film touchant et naturel pour une cinéaste que j'apprécie énormément (Old Joy, Wendy et Lucy, La Dernière piste) ; le troisième segment, avec l'histoire d'amour avortée entre Kristen Stewart et une jeune palefrenière amérindienne, est superbe.

4) Lou et l'ile aux sirènes (Maasaki Yuasa)

​Ponyo sur la falaise revu par Yuasa, avec un scénario d'un simplisme total (un gamin membre d'un groupe de musique s'entraine sur une ile et fait la connaissance d'une femme-poisson) et une mise en scènes sous psychotropes que mon voisin de séance a astucieusement résumé par " le film ou le sol remplit trois bords du cadre sur quatre ". C'est LE film psychédélique de l'année, Yuasa se lâche encore une fois sur les perspectives et les délires visuels, pour un anime finalement très injustement ignoré par la critique qui a toujours préféré les intellos aux génies punkoïdes.

​5) La Planète des singes : suprématie (Matt Reeves)

​Entre un Star Wars honteux, des blockbusters Marvel insipides - sans parler des DC - et des sagas pour ados insignifiantes, cette Planète des singes aura été - avec dans une moindre mesure Logan - la seule respiration au sein d'un cinéma de franchises de plus en plus dégueulasses. Le sens visuel évident de Matt Reeves, la performance de Serkis en César (qui comme pour les films précédents parvient à faire totalement oublier qu'il s'agit de singes), la photo de Seresin et la qualité de la musique de Giacchino font facilement oublier quelques énormités de scénario et font de cette trilogie la seule franchise récente capable de trouver un réel sens épique. Après un déjà intéressant La Planète des singes : l'affrontement, Matt Reeves continue à progresser et devient un réalisateur sur lequel il faut compter.

​6) Dans un recoin de ce monde (Sunao Katabuchi)

​Encore un post-Ghibli mais cette fois non pas sous influence Miyazaki mais Takahata (on pense énormément au Tombeau des lucioles tout le long). Ce film est très chiant pour moi à analyser au sens ou j'adore quasiment tous les éléments pris individuellement, l'animation, la complexité des personnages, la façon de traiter avec ellipses un trauma historique, l'originalité narrative et pourtant.... l'impression que le tout mis ensemble ne fonctionne qu'à moitié. C'est le film que j'avais envie d'adorer et qu'au final je ne fais " qu' " aimer. Néanmoins, la fin est parvenue à m'émouvoir et à me sortir de ce qui avait été un quasi-ennui poli jusque là, comme si le film parlait beaucoup à mon cerveau et pas du tout à mon cœur.

7) Neruda (Pablo Larrain)

​Encore un Biopic atypique pour Larrain après un Jackie ou le jeu académique de Portman m'avait complètement sorti du film. En plus d'avoir un meilleur acteur principal -  Luis Gnecco, formidable en Neruda - le film bénéficie aussi du talent formaliste de son réalisateur quand il s'agit de filmer des extérieurs (magnifiques scènes enneigées). A mon sens, le problème vient plutôt du scénario qui mélange la vie de Neruda et les archétypes issus des créations du poète avec notamment ce personnage de flic à sa poursuite, le tout finissant par devenir totalement confus. Encore une preuve que dans le Hollywood contemporain, une grande partie des plus talentueux formalistes sont sud-américains (Del Toro, Cuaron, Innaritu...).

​8) Coco (Lee Unkrich)

Bon cru pour le Pixar de cette année, virtuose, touchant, mature et bénéficiant du cadre original que permet la fête des morts mexicaine. Son seul défaut, néanmoins important, est d'être un Pixar parfaitement " sur les rails " qui n'apporte aucune innovation narrative par rapport aux autres films du studio, rendant les rebondissements parfaitement attendus. Néanmoins c'est encore une fois une leçon de mise en scène, de dynamisme tout en réussissant à traiter de thèmes durs comme l'oubli et le deuil sans lourdeur. De quoi faire de 2017, en plus de Lou et l'ile aux sirènes et Dans un recoin de ce monde, une très bonne année concernant l'animation.

9) The Edge of seventeen (Kelly Craig)

​Dans mes tops 10, il y a quasiment toujours un documentaire (ici c'est Jim et Andy qui a raflé le jackpot) et un teen-movie dont tout le monde se fout, cette année ce sera donc celui-ci, une chouette comédie sur les déboires d'une ado un peu asociale qui s'éloigne de son amie d'enfance quand celle-ci se met à sortir avec le frère de l'héroïne. Les scènes ou l'héroïne emmerde systématiquement le prof blasé joué par Woody Harrelson sont excellentes, tout comme les tentatives foireuses de séduction par le jeune étudiant chinois, les personnages sont suffisamment crétins pour être crédibles comme adolescents mais ne le sont pas assez pour qu'on soit mis à distance ce qui leur arrivent. Une bonne surprise.

10) The Lost City of Z (James Gray)

​Je commençais un peu à saturer des drames familiaux sur fond de polar dont Gray s'était fait le spécialiste, et voilà que le bougre nous pond une sorte de version plus posée d'Aguirre sur un aventurier souhaitant à tout prix prouver l'existence d'une civilisation avancée en Amérique du sud. Je trouve que le scénario s'emmêle les pinceaux en allant sur trop de terrains en même temps (la place des femmes, la paternité, la soif de découverte, le statut des amérindiens...) mais le classicisme de Gray fait merveille quand il s'agit de filmer la jungle (franchement on s'y croirait), le casting est très bon (mention spéciale à Robert Pattinson tout à fait crédible en aventurier laconique) même si on peut lui préférer un Aguirre moins bien mis en scène mais dont la folie est beaucoup plus palpable.

11) Barry Seal (Doug Liman)

Un " Tom Cruise movie " sans action, mais qui ressemble plutôt à un mix du Loup de Wall Street et de Lord of War ? pourquoi pas. On embarque donc avec le pilote aussi casse-cou que corrompu Barry Seal, recruté par la CIA pour effectuer des missions de photographie avant de devenir agent double, triple, quadruple lorsque ses intérêts l'exigent. C'est un atroce connard mais qui ne semble jamais refuser une mission aussi suicidaire qu'elle peut en avoir l'air (magnifique moment de comédie lorsqu'il doit faire décoller un avion rempli de drogue en pleine forêt). J'ai du mal avec la mise en scène caméra à l'épaule systématiquement, et je trouve le montage du film imparfait, mais il réussit au moins à trouver la bonne distance entre ce qui rend Seal captivant comme personnage (c'est un véritable aventurier) et un refus du pathos devant son inévitable fin. Doug Liman est décidément un mec sous-estimé.

​12) Un jour dans la vie de Billy Lynn (Ang Lee)

​Ou comment le show business instrumentalise les " exploits " d'un petit groupe de soldats en Irak et moule tout ça dans un spectacle aussi démesuré qu'indécent. Une fois compris ce principe, j'ai trouvé que le film allait beaucoup trop lourdement (et longuement) illustrer ce point de départ pourtant très original. Il est sauvé par une attention portée à ces personnages, car même si je n'ai pas été convaincu par Joe Alwyn, son entourage est décrit de manière nuancé, sans héroïser les soldats à outrance mais sans en faire non plus des brutes épaisses ou des tueurs. Qu'il s'agisse de sa sœur anti-militariste, du producteur joué par Chris Tucker ou du sergent, on est à chaque fois face à des êtres humains dans toute leur complexité. C'est déjà beaucoup.

13) Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve)

Non-fan de Denis Villeneuve, je craignais le pire devant ce faux blockbuster qui est en fait un vrai film d'auteur, quasiment sans action et refusant de jouer sur une nostalgie sénile de l'original. Ryan Gosling et Harrison Ford sont très biens, c'est visuellement superbe mais comme pour Lost City of Z je trouve que le scénario veut partir sur beaucoup trop de terrains en même temps (la copine virtuelle tout droit sortie de Her, le prolongement du Blade Runner originel, le groupe de révolutionnaires) en étant à chaque fois semi-réussi sur chacun de ses points ; quant à Jared Leto, il joue vraiment comme une patate. J'ai beaucoup baillé devant le rythme déficient tout en étant fasciné par le courage du film à donner au spectateur de 2017 l'exacte inverse de ce qu'il attendait (après tout, le rythme du Blade Runner de 82 avait aussi énormément déconcerté pour l'époque). Clairement, j'ai été positivement surpris même si je trouve le film bancal.

​14) Grave (Julia Ducournau)

​Il y a deux films en grave, un film de genre sur une gamine cannibale et un film d'auteur sur l'héritage familial et la transmission. Alors que je craignais l'inverse, je trouve le premier film captivant et le second pénible. Le fait est que Ducournau a un talent visuel évident pour filmer une post-adolescente aux pulsions sexuelles... atypiques avec élégance (la réalisatrice met à l'amende tous les nulos du cinéma de genre français qui chialent sur leur non-reconnaissance tant sa capacité à styliser son film devrait pousser les Dahan, Laugier et autres Xavier Gens à se tirer une balle), tandis que l'actrice Garance Marilier est une révélation. Sauf que le reste du casting n'est pas à sa hauteur, sauf que la dernière scène est totalement ratée, sauf que lorsque le film veut " faire discours " il rejoint une certaine tendance didactique du cinéma français. Reste que je suivrai la carrière de Ducournau avec un grand intérêt.

​15) Dunkerque (Christopher Nolan)

​Je l'ai déjà dit ici : j'aime vraiment bien la partie terrestre de Dunkerque, moins la partie maritime et je déteste la partie aérienne. C'est donc la partie terrestre qui lui permet de figurer ici, notamment grâce à son refus de l'héroïsme (superbe intro ou le héros son nom, après avoir entendu un coup de feu, à pour réflexe de balancer son fusil pour pouvoir courir plus vite), à glorifier la survie notamment en ne montrant jamais l'ennemi. Comme pour Interstellar, des éléments individuels réellement brillants surnagent dans un ensemble bancal, Dunkerkque ayant au moins le mérite d'éviter les longues explications chiantes typiques de Nolan mais étant handicapé par une partie aérienne aussi académique formellement que plate d'un point de vue narratif.


​Petites mentions pour deux films que j'ai beaucoup aimé mais n'étant pas sortis en salles : le documentaire OJ, Made in america diffusé sur arte et racontant en détail (neuf heures !) les deux procès d'OJ Simpson avec une maitrise des images d'archive impeccables, on ressent toute la complexité du dossier et ça se suit comme un thriller ; et à l'opposé, Lupin the 3rd : Ishikawa Goemon's spray of blood est un court anime d'une quarantaine de minutes mis en scène par le talentueux Takeshi Koike (Redline, Animatrix : World Record) qui semble surtout prendre l'univers de Lupin comme prétexte pour se taper un remake de Kill Bill avec Ishikawa affrontant une armée de sbires dans ce qui constitue un de mes grands moments pop de l'année.

Boris.

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Envoyé par Crutch le Lundi 19 Février 2018 à 22:56


Du coup j'ai vu Jim & Andy, et c'est effectivement très intéressant, fou et touchant, j'en ferais pas le film de l'année (après, j'ai moins d’affinités avec Carrey, hors Man on the Moon, je n'ai vu que The Mask parmi ses grands rôles, ça fait pas partie de mon enfance/adolescence comme pour beaucoup), mais c'est méritant. Chris Smith a l'air d'avoir fait d'autres docus bien intéressants aussi.

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Envoyé par Boris-le-hachoir le Lundi 19 Février 2018 à 23:06


Perso, adolescent, je ne supportais pas Jim Carrey. La faute a un certain nombre de purges qu'il a tourné (malheureusement pour moi, je me souviens très bien de Menteur, menteur !) et à son personnage exubérant qui me tapait sur le système. Et beaucoup de ses tentatives dramatiques (le pitoyable thriller Le nombre 23, Eternal Sunshine qui me gonfle prodigieusement) n'ont rien arrangé. C'est adulte que j'ai découvert Dumb et Dumber, une comédie aussi prodigieusement débile que drôle, et Man on the moon, son meilleur rôle dramatique (j'y ajouterai The Truman Show dans une moindre mesure). Bref, j'y vois un mec ultra-talentueux malgré un nombre drastiquement réduit de grands rôles, mais en ce qui me concerne ce n'est pas du tout de la nostalgie liée à l'enfance.

​Et oui il faudra se pencher sur la carrière de documentariste de Chris Smith, je suis bien d'accord.

Boris.

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Envoyé par Ezexperience le Vendredi 06 Avril 2018 à 22:05


Personne ne va au cinéma dernièrement du coup ?
Moi j'ai vu :
La Forme de L'eau,
Mary et la Fleur de la sorcière,
Moi, Tonya,
Le Retour du Héros,
Jusqu'à la garde,
Black Panther,
Lady Bird,
Pentagon Papers,
The Rider,
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Envoyé par Crutch le Samedi 07 Avril 2018 à 10:22


Dans le tas, j'ai vu que La forme de l'eau et Pentagon Papers. Et sinon, j'ai vu:
Ni juge, ni soumise
The Battleship Island  (à ne pas rater en salles pour les parisiens, y de très rares séances en province, notamment à St-Etienne, à Nancy ou à Avignon)
Ready Player One
Le 15h17 pour Paris
La nuit a dévoré le monde
Les Garçons Sauvages
Phantom Thread
Hostiles

Si tu veux parler d'un film, lance toi ( là j'ai pas mal de boulot donc je sais pas si je pourrais tenir une discussion, mais je te lirais avec plaisir) 
 

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Envoyé par NorthNikko le Samedi 07 Avril 2018 à 12:50


Ready Player One ?

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Envoyé par kakkhara le Samedi 07 Avril 2018 à 13:52


Le 06/04/2018 à 22:05, Ezexperience avait écrit ...
Personne ne va au cinéma dernièrement du coup ?
Moi j'ai vu :
La Forme de L'eau,
Mary et la Fleur de la sorcière,
Moi, Tonya,
Le Retour du Héros,
Jusqu'à la garde,
Black Panther,
Lady Bird,
Pentagon Papers,
The Rider,
The Disaster Artist
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si vous voulez en parler



J'ai vu pour l'instant Call me by your name, the disaster artist, pentagon papers et la forme de l'eau dans cette liste. Je vais voir lady bird lundi soir.

La forme de l'eau : pour ma part ça sent effectivement le plagiat d'un univers à la Jeunet (qui paraît-il est déjà un plagiat.) Il y a l'ambiance, le style du personnage principal, et même la musique à l'accordéon. De plus, l'intrigue rappelle bien trop celle de Aquamarine de Andreas Esbach, sorti il y a peu.
C'est un livre de sf qui raconte
Spoiler :


Ce qu'on peut malgré tout en dire c'est que l'ambiance est bien faite, les punchlines généralement fonctionnent mais que le personnage de Michael Shannon n'est pas vraiment convaincant et que les blagues récurrentes de la collègue femme de ménage noire finissent par s'user.

Pentagon papers par contre j'ai bien aimé, notamment le côté divertissant de l'ensemble. Vendu comme un thriller politique, il manque clairement le côté thriller dans ce cas. Et s'il fait écho à la guerre de Trump contre les journaux établis actuellement, le propos politique est bien timide. Par contre, le rythme, l'humour, les dialogues, le jeu des acteurs, tout fonctionne à merveille

The disaster artist j'ai bien aimé également. L'intelligence du pitch est d'entrer en empathie avec ses personnages plutôt que les faire passer en permanence pour les clowns de service. L'ensemble n'est pas sans rappeler l'intéressant Marguerite de Giannoli, où c'est finalement ce qui entoure les soi-disant phénomènes qui se retrouve épinglé. Difficile d'éviter la surenchère sur un tel sujet mais au final l'ensemble se tient bien et j'aime beaucoup a scène finale dans la salle de cinéma.

Dans les films cités par Crutch, j'ai vu les garçons sauvages, et....
Bon au-delà de l'aspect complètement barré du truc, on a ici manifestement un réalisateur qui se fait plaisir et qui intègre plein de références complètement différentes pour en tirer un truc vraiment personnel. Il y a plein d'effets sympas, de scènes vraiment réussies plastiquement, et la prestation des actrices est bluffante. Il y a une alchimie entre l'aventure et le trip psychédélique qui fonctionne, et clairement c'est du grand spectacle. Fascinant est l'adjectif qui décrit le mieux le film.

(je poste à l'arrache parce que je me prépare pour un concert je développe un peu plus plus tard peut-être.)

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"_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec.
_ouais, j'ai pris 1
_ok ..."


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