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NewMilenium

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Envoyé par NewMilenium le Mercredi 16 Janvier 2013 à 23:36


Tu vois, typiquement, hier soir j'ai vu Basic. Bah si tu l'as chroniqué, ce dont je ne me souviens pas mais c'est bien possible, j'aimerais lire ta critique... et sans index, arf, impossible. :-( 

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"A quel moment les mecs ont pris la confiance comme ça? On est 66 millions ils sont 577, si y'a baston ça fait 114000 contre 1 quoi, même en admettant que Gilbert Collard soit champion départemental de Karaté on devrait s'en tirer." Pierre-Emmanuel Barré

Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 17 Janvier 2013 à 00:43


Je ne pense pas avoir chroniqué Basic, pour la simple et bonne raison que je l'ai vu bien avant de connaitre MC. Par contre je l'avais revu il y a quelques années dont je m'en souviens pas trop mal.

Pour être gentil - et je suis gentil avec McTierman d'habitude - un gros bof. Pas que le réal de Piège de cristal soit devenu manchot ( les séquences dans la jungle sont les meilleures ) mais simplement qu'il se trimballe un scénario absolument inepte qui va d'incohérence en incohérence jusqu'à un twist final bien débile comme je les déteste. Sam Jackson surjoue comme un porc ( Travolta et la fille s'en tirent mieux ) et j'avais trouvé vraiment dommage qu'un truc aussi intrigant au départ sombre dans le portnawak à ce point là.

Avec le même type de narration ( = fusillade/survivant qui raconte/enquêteurs qui ont de quoi douter ) il y a un très beau film coréen qui s'appelle JSA, de Park " Old Boy " Chan-Wook. Moi qui n'aime vraiment pas ce cinéaste d'habitude j'ai vraiment apprécié celui-là ou il abandonnait son ultraviolence et ses effets pseudo-ironiques. 

Boris, c'est rigolo de me reprocher l'absence d'index quand je viens de parler d'un Django ( VANNE MUSICALE FOIREUSE ).

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 17 Janvier 2013 à 08:59


Revolver/La poursuite implacable ( Sergio Sollima )

Un chanteur reconnaît un bandit à la morgue. Un politicien est assassiné. Après un casse, Milo ( Fabio Testi ) enterre son complice. Enfin, le commissaire Vito Cipriani ( Oliver Reed ) est contacté par les ravisseurs de sa femme qui lui demandent de faire évader Milo. Tous ces évènements ont un lien que Vito et Milo finiront par comprendre.
Complexe, pas vrai ? De par son ambition thématique et politique, on est bien obligé de reconnaître la place à part de Sergio Sollima dans le polar italien, similaire à sa place dans le western d‘ailleurs. Coincé entre les polars bourrins - Lenzi, Martino… - et la veine plus intello-gauchiste ( Damiani, Petri ), Revolver est une merveille qui parvient à cumuler les avantages des deux sous-genres, palpitant comme les meilleurs films d’actions mais aussi intelligent et engagé. C’est à mes yeux le meilleur film d’un cinéaste que j’aime particulièrement, et qui s’était déjà illustré dans le domaine du western ( Colorado, Saludos Hombre et surtout Le dernier face-à-face ) ainsi que dans le polar ( La cité de la violence avec Charles Bronson ).
Revolver se concentre sur la cohabitation forcée, puis l’amitié naissante entre Vito et Milo, le flic et le gangster. En cela ils est une sorte de précurseur du buddy movie ( type 48 heures ) mais sans l’humour viril ou l’action testostéronée : une seule séquence de fusillade a lieu et Sollima semble vouloir vite passer à ce qui l’intéresse le plus : la dénonciation du système politique en place et la machination enclenchée contre ses héros. On retrouve une des spécificités de ses westerns : la figure du bandit ignare, un peu chien fou, qui prend conscience de l’horreur du système et se décide à le combattre - Fabio Testi reprenant l’habituel rôle de Tomas Milian. La complémentarité des deux acteurs principaux n’est d’ailleurs pas un moindre atout, le jeu très sec et intériorisé de Reed contrastant avec la nonchalance de Testi. La dernière séquence m’a ému aux larmes et conclue Revolver avec pessimisme et lucidité.
J’ai parlé récemment de Quartier Violent d’Hideo Gosha, une sorte de brûlot gauchiste au sein du film de yakuza. Revolver et lui partageant un certain nombre de points communs ( et plus généralement Sollima et Gosha auraient sans doute eu beaucoup à se dire ) et prouvent qu’au sein d’un cinéma de genre codifié, des fortes individualités pouvaient accomplir des merveilles de cinéma contestataire.

Notons une curiosité : l’acteur jouant la rock star, et chantant d’une voix aigue le thème original de Morricone ( thème sublime et réutilisé dans Inglourious Basterds ) est également le doubleur d’Arnold Schwarzenegger !

Revolver est un polar sublime, intelligent et émouvant. Le bien et le mal se resseeeeeemblent, et les hommes s’y laissent preeeeeeeeendre…









Hell Up in Harlem ( Larry Cohen, 1974 )

Contrairement à ce que l’on pouvait penser, Tommy Gibbs ( Fred Williamson ) n’est pas mort à la suite des évènements de Black Caesar mais a survécu grâce à l’aide de son père. Une fois remis de la tentative d’assassinat dont il a fait l’objet, le parrain noir compte bien se venger..
Les bons films de blaxploitation sont rares ; c’est d’autant plus étonnant d’en trouver un quand sa réputation est aussi médiocre que celle de ce Hell Up in Harlem, suite du plus réputé Black Caesar du même réalisateur qui dépasse en tous points le premier volet.
Pour commencer, c’est un des blaxploitation les mieux joués que j’ai vu : Williamson en tête - quand on pense que ce type est allé se perdre chez Pallardy alors que son talent crève les yeux ici… - mais tout le casting semble pour une fois motivé, y compris les seconds rôles blancs racistes et détestables ! La relation entre le héros et son père était un élément intéressant, dans la continuité du premier épisode ; il est simplement dommage que comme bien d'autres aspects potentiellement sympathiques de scénario ( l‘ex-compagne de Gibbs, le prêtre pacifiste ), le film les bâcle un peu pour passer à ce qui intéresse le plus le réalisateur : les moments d’action. A ce niveau, c’est relativement correct sans être transcendant ( puis faut aimer les nanas en bikini qui font du karaté, les mafieux qui se font trucider par paquets de trente et tout l‘attirail très bis qui accompagne tout ça ), avec quand même une belle course-poursuite finale.
C’est vraiment l’écriture scénaristique qui pêche : à trop raccourcir les scènes justifiant certains comportements, on les rend incohérents. Gibbs fait une confiance totale à son père puis d’un coup se met à l'accuser ; Gibbs suspectait en revanche un membre de son gang mais juste quand il y a des problèmes semble ne plus se rappeler de ses griefs… Une succession de raccourcis faciles de ce type fait que ce qui aurait pu être, enfin, le grand blaxploitation qui met tout le monde n’accord n’est qu’un film tout à fait honnête, soit bien mieux que la moyenne du genre. Comme souvent, la BO est superbe, ici c’est Edwin Starr qui s’y colle.
Certainement dans mon top 3 du genre aux côtés de Coffy et Sweet Sweetback’s Baadasssss Song.

Chasse à l’homme ( Fritz Lang, 1941 )

En 1939, le capitaine Thorndike ( Walter Pidgeon ) est capturé en Allemagne alors qu’il tentait d’assassiner Adolf Hitler. Le gouvernement nazi fait pression sur Thorndike pour qu’il implique les services secrets anglais ; il refuse et après une tentative d’assassinat, Thorndike parvient à s’enfuir en Angleterre.
Après Le port de la drogue, voilà ici une autre réussite du cinéma de propagande, cette fois anti-nazie. Si Lang et Fuller sont deux cinéastes sensiblement aussi talentueux, je mets ce film-là un cran en-dessous parce que je le trouve moins subtil dans sa caractérisation des personnages, moins riche. Il se conclue par un appel brutal à la mobilisation qui, si il était parfaitement justifié historiquement reste une fin un peu lourdaude et évidente, même si en 1941 les films de propagande anti-nazis étaient encore relativement rares.
Ces réserves liées à la nature engagée de l’œuvre exprimées, Chasse à l’homme est une pépite du film d’action/suspens ou la personnalité du héros est bien plus complexe et ambiguë que ce qu’on pouvait en penser. Sa relation avec la jeune fille qui l’accueille durant sa fuite est également curieuse : il s’agit vraisemblablement d’une prostituée - c’est sous-entendu -, dont Thorndike feint de ne pas remarquer les sentiments, les moments de confrontation avec la bonne société anglaise étant par ailleurs savoureux. C’est en fin de film, lorsque la carapace de Thorndike se fissure durant un face-à-face avec un dignitaire nazi que réapparaissent les obsessions de Lang : les pulsions, l’ambivalence de la nature humaine, le mensonge… La peinture du dit officier est également réussie, il faut dire qu’en tant qu’allemand, Lang savait de quoi il parlait.
Avec le recul, Chasse à l’homme fait beaucoup penser à du Hitchcock, et l’on est pas prêt d’oublier la superbe séquence introductive ou le sniper sourit en observant Adolf Hitler dans le viseur de son fusil. De même, la séquence de confrontation est un très grand moment de tension et de violence contenue, tout comme la poursuite dans le métro ou le héros se bat contre mon chouchou John Carradine.
Chasse à l’homme est un excellent polar qui faute de se hisser à la hauteur des chefs d’œuvre de Fritz Lang du fait de son caractère trop démonstratif se range néanmoins parmi les excellents films du cinéaste.









Possédée ( Orne Bornedal, 2012 )

Clyde ( Jeffrey Dean Morgan ) et sa femme Stéphanie vivent désormais séparément. Leur fille Emily, chamboulée par cette séparation s’attache à une boite mystérieuse abritant un démon.
C’est un mauvais film mais avec lequel j’ai plutôt envie d’être indulgent pour des raisons sur lesquelles je vais revenir. Mais honnêtement c’est vraiment mauvais, la faute d’abord à un script… Comment dire ; pomper l’Exorciste en 2012 c’est déjà moyennement intelligent parce que l’Exorciste, c’est un chouia connu comme film. Pomper le Jusqu’en enfer de Sam Raimi, ça passe peut-être un peu mieux mais le film ayant environ quatre ans, il est peu probable que ceux l’ayant vu l’auront oublié entre temps - j’en sais quelque chose -. Vous l’avez compris, Possédée n’est qu’une compilation de situations déjà vues dans d’autres films d’horreur, avec en toile de fond une sorte de drame familial à la Stephen King. On n’échappe donc pas aux 14 scènes " je ne reconnais plus ma fille"» et aux 8 scènes ou celle-ci menace ses parents/son beau-père/sa maîtresse d’école. Qui plus est, le dibbouk - la bestiole dans la boite - semble quand même être un esprit maléfique un peu tout pourri : visiblement ultra puissant ( la manière dont il se débarrasse de la maîtresse d’école laisse quand même penser qu’il peut péter la gueule à n’importe qui en trois secondes sauf que non, durant le restant du film il va être à peu près totalement inefficace ) mais incapable de faire quoi que ce soit contre les personnages principaux, ce qui est un peu con ( surtout que le meurtre de la maîtresse d’école ou le passage horrifique avec le beau-père sont assez royalement contre-productifs ).
Handicapé par ce script indigne d’un livre de Bernard Werber, Bornedal fait ce qu’il peut et produit quand même quelques bonnes scènes égarées, notamment une ou la jeune fille possédée casse du verre partout dans la cuisine alors que sa mère marche pieds nus. Surtout, le cinéaste assume ce qu’il fait et ne livre aucun effet d’humour à la con, prenant au sérieux son sujet contrairement à 90 % des films d’horreur. On sort de Possédée avec le sentiment d’avoir vu le film d’un type qui ne voulait pas le faire - c’est une commande réalisée par le cinéaste pour pouvoir financer son prochain film - mais qui a tenté de sauver les meubles. La conviction dont faire preuve le casting, Jeffrey Dean Morgan en tête, fait qu’au final Possédée, contrairement à d’autres ratages de 2012, est un ratage sympathique.


La porte du diable ( Anthony Mann, 1950 )

Lance ( Robert Taylor ), un indien, retourne parmi les siens après s’être battu dans l’armée américaine. Les terres de Lance sont convoitées par un avocat qui utilise le racisme des cow-boys en vue de provoquer Lance, qui se prépare au combat.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Mann n’a pas fait un film centriste ! Sa défense des amerindiens est frontale et sans équivoque, et on ne peut qu’être admiratif du courage du cinéaste qui en 1950 se dressait contre l’opinion traditionnelle en pointant du doigt le sort des populations indiennes. Un de ses aspects les plus intéressants vient du fait que l’avocat engagé par Robert Taylor soit… une avocate et qu’ainsi le progressisme du film ne concerne pas uniquement une partie mais bel et bien l’ensemble de la population ( le machisme de Lance est d'ailleurs assez finement évoqué ).
J’ai deux gros problèmes avec ce film. Le premier, c’est que Mann, certainement mon cinéaste favori dans le domaine du western américain classique, est particulièrement à l’aise avec les personnages à la psychologie complexe, violente et ambiguë ; c’est typiquement le cas dans ses films avec James Stewart. Or, ici règne un certain manichéisme ( salauds de racistes contre bons indiens ) qui me semble entraver le développement psychologique des personnages. Probablement Mann se refusait-il à noircir son héros indien comme il noircira plus tard ses héros blancs, et il était bien difficile d’articuler cet aspect avec la défense des amérindiens.
Mon deuxième problème se résume à Robert Taylor, d’une crédibilité plus que limitée en indien. On peine à voir autre chose qu’un blanc grimé, et autant son jeu laisse parfois à désirer dans ses confrontations avec la population de la ville, autant dans les scènes plus sentimentales qu’on pouvait a priori craindre il parvient à exprimer plus d’émotions et à doter son personnage d’une réelle épaisseur.
Pour son premier western, Mann se révèle déjà un cinéaste talentueux pour ce qui est de filmer des scènes d’action, sèches et violentes. La conclusion ne laisse aucune place à la concession et a probablement du remuer la mauvaise conscience de plus d’un américain à l’époque.
Une légère déception mais un film nécessaire et courageux, encore une œuvre que devraient regarder les abrutis qui considèrent le western comme intrinsèquement raciste ( et qui en dit plus long sur leur propre racisme anti-américain que sur celui attribué au peuple qui a élu un président noir ).








Boris, à l'heure ou je termine ce post je suis en train de tenter de mettre des images sur ma chronique du Décalogue, peut-être que j'y serais arrivé au moment ou vous me lirez.

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Weeds

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Envoyé par Weeds le Jeudi 17 Janvier 2013 à 11:25


 Tiens Boris, je pensais que pour toi Death Proof était plutôt très moyen et une "faute" d'un Tarantino qui ne voulait pas trop se fatiguer.

Weeds, enfin du coup j'irai sans nul doute voir Django Unchained.

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corum

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Envoyé par corum le Jeudi 17 Janvier 2013 à 11:36


Ceci manque d'une chronique de The Master. Pas que j'aime te voir taper sur un film à plusieurs reprises hein...

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"car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust

Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Jeudi 17 Janvier 2013 à 12:37


Weeds : non, je ne trouve pas Death Proof très moyen mais réussi, simplement moins que les autres Tarantino qui sont au pire excellents ( lui est juste très bon ). Donc je maintiens le sans faute même si je n'y vois aujourd'hui qu'un seul chef d'oeuvre - Jackie Brown -.

Boris, The Master.... dans la prochaine série ; teasing : c'est à chier ( par contre j'en ai fini avec les caps du Décalogue, donc repos bien mérité pour quelques jours ).

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orazur

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Envoyé par orazur le Jeudi 17 Janvier 2013 à 23:19


 Bien le bonsoir à tous.

Il y a de ça fort longtemps, j'ai envoyé un MP à Boris afin d'échanger avec lui sur un phénomène étrange qui s'est produit suite au visionnage d'un film. N'ayant en définitive jamais vraiment abordé ce sujet avec lui, je me décide à poster directement sur ce topic.
Excusez par avance mon peu de culture cinéphile, et mon grand manque d'expérience... Attention, ça va piquer sévère.

La scène se passe chez une amie, après le visionnage par un bel après-midi d'été du film "There Will Be Blood". On arrive au terme du film, le générique apparait, et après quelques longues secondes, le temps de sortir petit à petit de l'ambiance dans laquelle je m'étais plongé, on coupe le divX. Une fois retrouvé mes repères, je ressens un sentiment étrange : j'ai l'lmpression d'avoir vu un grand film, mais aussi d'avoir lutté. Le sentiment est assez comparable à celui que je ressens lorsque je lis L'Homme Sans Qualités, de Musil. L'avancée ne se fait pas facilement, il faut lutter car le tissu est dense et travaillé, et il y a beaucoup à voir. On ne peut pas être vraiment passif devant le spectacle : les scènes se succèdent, et c'est un dialogue incessant entre le spectateur et l'oeuvre. La musique est parfois atroce, dissonante, comme si c'était un amateur qui jouait... Mais en fait, elle colle magnifiquement aux scènes. Cela dit pour moi, elle sort clairement des sentiers battus du cinéma (comme je l'ai précisé, je n'ai aucune culture cinéphile, d'où peut-être ce sentiment). Ce que je n'arrive pas à savoir, c'est si le film est véritablement "dur" à regarder (j'avoue ne pas savoir exactement ce que j'entends par "dur", mais il y aurait l'idée d'un effort à faire pour saisir toute la réflexion et le travail fait pour constuire les scènes et l'ambiance), ou bien s'il sort des codes traditionnels du cinéma, me faisant perdre mes repères habituels.

Je ne sais pas si quelqu'un a déjà vu ce film... Peut-être en avez-vous déjà parlé (auquel cas, Mea Culpa pour ce message)... Mais je serais intéressé par avoir votre avis !

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... ou pas.

Weeds

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Envoyé par Weeds le Vendredi 18 Janvier 2013 à 01:11


Weeds : non, je ne trouve pas Death Proof très moyen mais réussi, simplement moins que les autres Tarantino qui sont au pire excellents ( lui est juste très bon ). Donc je maintiens le sans faute même si je n'y vois aujourd'hui qu'un seul chef d'oeuvre - Jackie Brown -.

Ok, j'avais un autre souvenir de ta critique, même avec "pas si mal", on sentait une certaine forme de déception : 

Death Proof ( Tarantino )

Kurt Russel a une grosse bagnole et s'en sert pour défoncer de la pétasse qui fait la fête en mini-short.
C'est débile. Même pour du Tarantino. Même Kill Bill était moins con, mais c'était surtout mieux quoi.
Bah ouais, je l'adore le Quoentine moi, mais là putain Y EN A MARRE QUE TU T'AUTO-CITES
Marre des références à tes films eux-mêmes reférencés sur d'autres. Marre du coup du passage en noir et blanc que tu nous as fait dans ton film précédent.
Je fais la gueule alors que c'est pas si mal, mais pour un Tarantino c'est mauvais, merde, ce type est un génie qui nous pond un film de feignasse. Dommage, parce qu'on sent toujours le talent derrière, le premier carambolage et son montage dingue par exemple étant juste énorme.

Et au passage pour New :

Tu vois, typiquement, hier soir j'ai vu Basic. Bah si tu l'as chroniqué, ce dont je ne me souviens pas mais c'est bien possible, j'aimerais lire ta critique... et sans index, arf, impossible.

site:magiccorporation.com [Film|Topic] Boris


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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 18 Janvier 2013 à 12:03


Ca c'est mon avis à chaud à la sortie. Je l'ai revu deux fois depuis et la déception s'est pas mal calmée, même si c'est le seul Tarantino ou en sortant j'étais effectivement déçu. Aujourd'hui je lui collerai dans les 6.5 ou 7 sur 10.

Boris.

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Dimanche 20 Janvier 2013 à 16:03


la semaine prochaine, comme maintenant chaque année, il y a le festi-ciné à Meaux. Pour ceux que ça intéresse voici la formule :

un réalisateur est invité, on a droit à une rétrospective de ses films, et certains films qu'il choisit lui-même, dont un film muet accompagné au piano en direct. Les films sont commentés par le réalisateur et d'autres invités.

Cette année c'est Jean-Pierre Jeunet qui est invité, et voici le programme :

vendredi 25 janvier, 17 h : fenêtre sur cour, d'Alfred hitchcock.

vendredi 25 janvier, 21h15 : micmacs à tire-larigot, de Jean Pierre Jeunet

samedi 26 janvier, 10h : Mr Nobody, de Jaco Van Dormael

samedi 26 janvier, 14h : Alien la résurrection, de Jean-Pierre Jeunet

samedi 26 janvier, 18h30 : le quai des brumes, de Marcel Carné

samedi 26 janvier, 21h : un long dimanche de fiancailles, de Jean-Pierre jeunet

dimanche 27 janvier, à 10h : la cité des enfants perdus, de jean-Pierre Jeunet

dimanche 27 janvier, 13h30 : delicatessen, de jean-Pierre Jeunet

dimanche 27 janvier, 16h : L'homme qui rétrécit, Jack Arnold

dimanche 27 janvier, 18h : Sherlock jr, de Buster Keaton, avec accompagnement piano

dimanche 27 janvier, 21h : Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet.

Voilà, si vous n'habitez pas loin, ça peut valoir le détour.

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"_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec.
_ouais, j'ai pris 1
_ok ..."


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Envoyé par NewMilenium le Lundi 21 Janvier 2013 à 01:36


Et au passage pour New :

site:magiccorporation.com [Film|Topic] Boris


Weeds, fouilleur d'archives. 


? Il y a un lien, normalement? Je n'en vois pas 

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Envoyé par Weeds le Lundi 21 Janvier 2013 à 15:49


 Non, c'est le schéma d'une recherche google pour retrouver ce que Boris a pu dire d'un film sur le site. En partant du principe que le message et le topic existent encore, parce que bon les critiques sur le Topic Cinéma 3 : Kubrick Über Alles sont du coup un peu difficiles à trouver.

Par exemple, la recherche : site:magiccorporation.com Tintin Secret Licorne Boris

Me donne en premier résultat la page où Boris a écrit sa critique du Tintin de Spielberg. Après vu que techniquement tu obtiens toutes les occurrences de ces termes sur MC tu peux chercher à réduire le champ de recherche en indiquant le titre du topic, la date, ou d'autres trucs.

Weeds, et c'est très pratique.

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Envoyé par Mendeed le Vendredi 25 Janvier 2013 à 14:39


J'ai récemment visionné un Hitchcock et c'est la première fois que j'ai l'impression en regardant un Hitchcock que ce dernier à complètement mal vieilli et me parait vraiment trés médiocre... Evidemment, je n'ai pas vu l'intégrale des oeuvres du bonhomme, je suis quand même allé au dela des classiques Psychose, Birds et La mort aux trousses... J'ai également regardé avec plaisir La Corde, Fenètre sur cour et Qui as tué Harry ? (qui est sans doute mon préféré pour l'instant).
J'ai également regardé le plus passable Complot de Famille mais honnètement il me parait bien meilleur que celui que je viens de voir :

Quatre de l'espionnage (1936) :
Alors, certes c'est le plus vieil Hitchcock que je n'ai jamais vu (même si j'avais apprécié Cinquième Colonne qui n'est pas beaucoup plus récent mais qui est bien meilleur).
Ici, on a à faire à une histoire d'espionnage sans grand intérét, avec une pseudo-coup de foudre pour faire bien mais pas fouillé mais surtout, c'est hyper-mal joué... Le plus effrayant, c'est le rôle du général, pseudo-allié du héros, grand psychopathe mais surtout pas crédible du tout... Le retournement de situation est attendu, la grosse scène d'action dans le train me parait potable pour l'époque
Enfin, j'ai vraiment l'impression d'avoir assisté à un film vide de suspens, d'émotion, de toute substance ou vigueur... Comme quoi Hitchcock n'a pas fait que des choses bien.


Mendeed


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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 25 Janvier 2013 à 20:14


Gogo-gadgeto-exhumation de critique de 2011 :

Brodie ( John Gielgud ), agent secret, est déclaré mort en service pour être envoyé sous couverture afin de dénicher un espion allemand, à l’aide de sa « femme » Elsa ( Madeleine Carroll ), courtisée par le séduisant Marvin ( Robert Young ), et du Général ( Peter Lorre ), tueur mexicain sans pitié et amateur légèrement excessif de jeunes demoiselles.
C’est le seul film d’espionnage que j’ai pu voir ou les intrigues sentimentales sont plus intéressantes que l’action. En effet, entre John Gielgud qui ne branle rien de tout le film ( palme du héros le plus passif de l’histoire du cinéma ! ) et Peter Lorre, oui, M le maudit c’est lui, qui surjoue complètement dans des scènes grotesques ou il improvise un accent mexicain débile, il semble difficile de croire que l’intrigue politique intéresse Hitchcock, bien que deux scènes essentiellement ( le meurtre du suspect par Lorre et la découverte d’un cadavre sur un piano ) relèvent le niveau de l’ensemble. Robert Young vole sans problème la vedette à l’inexpressif Gielgud dont il est un peu difficile de comprendre l’amour que lui porte Madeleine Carroll tant, désolé, il a un balai dans le cul. Au moins, Peter Lorre semble bien s’amuser et l’on se surprend au fur et à mesure du film à s’intéresser plus à son cabotinage décalé qu’à la recherche de l’espion, qu’on devine qui plus est assez vite. A échelle bien plus mineure que dans les 39 marches, ce qui est plus réjouissant ici est la décontraction quasi-parodique du film, ou rien ne semble très grave et ou les personnages donnent l'impression d'attendre que Marcel Béliveau leur avoue que c’est une caméra cachée. Le décalage entre ce traitement délibérément superficiel et la gravité du scénario sur le papier ( Lorre et Gielgud assassinent un sympathique innocent en voulant tuer l’espion ) fait qu’il est difficile de rentrer dans le film, qui dénote parfois d’un certain manque de rigueur. Jugé logiquement mineur dans l’œuvre de Hitchcock par les historiens, ce petit film plus qu’imparfait n’est toutefois pas désagréable à regarder et fait rire faute d’impliquer un minimum le spectateur émotionnellement

Précisons que le Général = Peter Lorre, et que mon insistance sur son surjeu n'était visiblement pas exagérée. En revanche, j'ai vu quelques Hitchcock encore pire dont l'insupportable Junon et le paon. Reste que Mendeed a raison et que c'est un film absolument médiocre.

Boris.

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Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Mercredi 30 Janvier 2013 à 12:59


Queen Kelly ( Erich Von Stroheim, 1932 )

La reine Regina V fait pression sur son cousin, le prince Wolfram ( Walter Byron ) pour qu’il l’épouse. Wolfram tombe amoureux de la jeune Kitty Kelly ( Gloria Swanson ), engendrant la colère de la reine qui fait enfermer Wolfram alors que Kelly tente de se suicider.
Si parfois le spectateur moderne peut se demander ce qui a justifié la censure de tel ou tel film jugé trop osé en son temps, le même spectateur ne devrait pas se poser la question longtemps devant ce Queen Kelly : séduction à base de jetage de culotte au visage ( on notera l’élégance absolue du prince qui la renifle ostensiblement ! ), dîner aux chandelles se terminant par une Kitty Kelly totalement saoule mais surtout en chaleur, exhibitionnisme de la reine Regina qui se promène nue dès la scène introductive et j’en passe, on peut par contre être intrigué à propos du fait que des financiers ont confié à un pervers comme Stroheim le soin de réaliser une superproduction de ce type en espérant qu’il ne dérape pas… espoirs qui heureusement pour nous ont été trompés.
Le génie de Stroheim, c’est que contrairement à d’autres provocateurs qui firent scandale en leur temps sa folie libertine et ses obsessions sexuelles ne paraissent jamais forcées mais semblent simplement provenir directement d’un esprit à mi-chemin entre le génie et la maladie mentale. J’en prends pour exemple la scène ou le prince Wolfram met le feu au couvent, scène déjà osée en soi mais surtout traitée avec une légèreté de ton et une insouciance qui paradoxalement poussent la provocation encore plus loin, comme si le réalisateur nous disait " rho, c’est pas grave hein, on ne va pas en faire une montagne ". Les scènes de fin ou Kelly rencontre son futur mari, sorte d’arriviste dégénéré et lubrique dont Stroheim ne cesse de filmer le visage déformé par le désir sexuel, nous font amèrement regretter de ne pas disposer de la suite.
Car, et c’est là que le bas blesse, Queen Kelly est un film mutilé que Stroheim ne put achever, et qui se termine comme un excellent roman qu’on aurait coupé en deux. La fin voulue par Gloria Swanson est insupportable de bêtise et de conformisme et donne une impression conjointe de bâclage et de volonté de rattraper le coup ; trop tard, car pour notre grand bonheur Stroheim avait dépassé allègrement les bornes, et quand bien même il fut dans l’impossibilité de terminer ce film - qui sera d’ailleurs son dernier - il n’en reste pas moins que ce Queen Kelly inachevé reste une sacrée merveille, qui se regarde avec la même fascination amusée en 2013.
( et franchement, si après ça vous continuez à considérer le muet comme quelque chose de poussiéreux et d’académique, vous êtes vraiment des quiches )








Détention ( Joseph Kahn, 2010 )

Riley ( Shanley Caswell ) est une adolescente loser comme on en a vu beaucoup. Lorsqu’un tueur en série commence à s’en prendre aux élèves de son lycée, Riley découvre que beaucoup de choses la ramènent en 1992.
Mon résumé est à chier mais en fait c’est certainement un machin impossible à résumer tellement Kahn pousse le portnawak, l’hystérie visuelle et la déconstruction dans tous les sens. Vous vous souvenez de Scream, avec ses héros rompus aux films d’horreur ? Découvrez Detention, le film d’horreur ou les héros sont coincés entre 153 références plus ou moins bien intégrées au récit. On trouvera donc : un rappeur canadien anti-végétarisme, une scène de colle collective à la Breakfast Club, un improbable croisement La Mouche/Spiderman qui ne sert à rien, des parodies réussies de Saw, un ado sosie de Donnie Darko qui a passé 20 ans en colle, une machine à remonter dans le temps en forme d’ours géant, un proviseur qui parle comme le gouverneur de Californie, un combat entre Patrick Swayze et Steven Seagal et la formule de Retour vers le futur
Bref, ça part dans tous les sens et il est très probable que l’aspect hyper-foisonnant et déjanté du film le rende culte dans quelques années, à condition qu’on oublie de se poser la question : est-ce un bon film ?
Non, ce n’est pas un bon film. L’accumulation de private jokes et de citations devient extrêmement casse-couille très vite et on se retrouve avec le sentiment d’avoir la marionnette de Nikos Aliagas dans les Guignols de l’info qui a enfin réalisé son film top buzz tweet clash vdm kiwi, et à vouloir suivre 19 directions différentes le scénario est infichu d’arriver à créer une scène qui marque dans la continuité, tellement les passages les plus réussis ressemblent à des sketchs artificiellement reliés au reste.
Detention, c’est un peu le film qu’aurait réalisé un homme sorti d’un long coma et ayant découvert avec une joie un peu puérile facebook, twister et myspace, le cynisme du réalisateur empêchant en permanence les personnages d’être autre chose que des stéréotypes ( quand bien même ils ont des aspects originaux, c’est justement par rapport aux dits stéréotypes ) dénués de chair. Ou : je n’ai que 24 ans, mais définitivement je suis trop vieux pour ces conneries. En plus je n’ai pas de compte tweeter.

Zero Dark Thirty ( Kathryn Bigelow, 2012 )

Maya ( Jessica Chastain ), un agent de la CIA, traque Ben Laden durant dix ans. Elle est convaincue du rôle crucial d’Abu Ahmed dans la fuite du terroriste, mais ses supérieurs demeurent sceptiques.
Il y a trois aspects que j’ai trouvé vraiment très intéressants dans ce film et qui font qu’il échappe largement au cadre de grande fresque académique à oscars dans lequel il aurait pu tomber.
D’abord, il faut mentionner l’exceptionnel scénario de Mark Boal, déjà en partie responsable de la résurrection artistique de Kathryn Bigelow puisqu’ils avaient collaboré sur l'excellent Démineurs. L’énorme force de ce scénario, c’est que même les personnages apparaissant une minute à l’écran prennent une profondeur insoupçonnée qui surprend souvent le spectateur. Le gros type un peu répugnant à la tête de la CIA est tout sauf l’abruti qu’on pourrait croire ; le nouveau patron de Maya ne va pas la lâcher comme on pourrait l’imaginer ; la collègue avec qui Maya se dispute - on pressent un conflit de femmes dans un milieu d’hommes - devient très rapidement une amie, et surtout jamais, jamais on ne nous fait le coup des personnages masculins qui prennent de haut l’héroïne ( la seule phrase doutant de ses capacités sera un expéditif " elle semble un peu jeune " au tout début ). On évite ainsi la quasi-totalité des clichés attendus.
Deuxième chose, la sécheresse de la mise en scène. Pas de grandes musiques, pas d’effets spectaculaires : la mort de Ben Laden est révélatrice car traitée avec une absence totale de triomphalisme. C’est d’autant plus intelligent que le scénario se focalise sur les traqueurs en faisant totalement abstraction de leur vie personnelle, évitant l’empathie facile envers eux. Maya est une obsessionnelle et une acharnée, mais Bigelow sait qu’une personne obsessionnelle, c’est très cynégétique.
Enfin, on pourra féliciter Bigelow et Boal pour arriver à nous faire comprendre sans nous perdre tous les tenants et aboutissements de la traque, notamment comment Ben Laden a pu échapper aux forces américaines pendant 10 ans. Et si le film est trop long - deux heures trente ! -, si en tant que réalisatrice d’une sorte de film-dossier Bigelow me semble un peu moins à son aise que Fincher sur Zodiac par exemple, et si je trouve que le montage est parfois un peu curieux ( pourquoi faire une aussi longue scène de suspens centrale ??? ), il n’en demeure pas moins que Zero Dark Thirty s’impose déjà comme un des films importants de 2013. Allez le voir.
Sinon les polémiques sur la torture sont aussi connes que celles sur le racisme du Tarantino.

The Master ( Paul Thomas Anderson, 2012 )

( critique déjà écrite sur un autre site )


Durant les années 50, Freddie ( Joaquin Phoenix ) tombe sous la coupe de Lancaster Dodd ( Philip Seymour Hoffman ), le fondateur de la scientologie.
Paul Thomas Anderson n'est pas un cinéaste. C'est un grand artiste.
Du coup, loin de ces banals réalisateurs qui se content d'essayer de produire du bon cinéma, Anderson lui produit de l'Art, avec un grand A. Quand on fait de l'Art, point n'est besoin qu'une scène soit dans la continuité de la précédente ; toute notion de continuité ou de cause-conséquence peut ainsi être évacuée, toutes les actions du personnage principal ( le tabassage du sceptique dans le bateau, celui de l'éditeur plus tard, sa brouille avec le fils de PSH ) n'auront jamais d'emprise sur la structure du film qui nous promène d'une séquence d'hypnose à un passage en prison, d'une séquence d'hypnose à un flashback ou d'une séquence d'hypnose à... une autre séquence d'hypnose. 
Il n'est quasiment pas une scène de The Master qui n'aurait pas pu être raccourcie de trente secondes au moins. PTA fait durer, produit de beaux plans-séquences aussi millimétrés qu'inutiles, revient en arrière, filme un personnage qui marche dans un couloir vingt secondes ou conduisant une moto durant deux minutes. Ce type de procédé s'est déjà vu - chez Monte Hellman ou Gus Van Sant par exemple -, généralement pour inscrire des personnages dans une sorte de quotidien trivial. Ici... ils font de la moto.
On peut lire ici et là qu'il s'agit du film le plus sincère d'Anderson. J'espère que non et que le mépris qu'il affiche pour ses personnages n'est pas réel. La séquence avec le " sceptique ", inutile à l'histoire et présent uniquement pour nous convaincre encore plus de l'idiotie des scientologues, achève de transformer ceux-ci en pathétiques pantins lobotomisés incapables de faire preuve d'un minimum de tolérance. Comme dans Magnolia ou There Will Be Blood, un leader religieux est forcément un charlot et ses ouailles des gens blessés, intéressés et/ou à l'intelligence minimale. L'hystérie " actor's studio " de Phoenix achève de faire tomber le film dans le grotesque, au cas ou l'une des séquences les plus WTF depuis longtemps - la soirée avec toutes les femmes nues - n'aurait pas suffi. 
Une grosse daube.


Milan Calibre 9 ( Fernando Di Leo, 1972 )

Ugo Piazza ( Gastone Moschin ) sort de prison. Son ancien complice Rocco ( Mario Adorf ) l’interpelle : Ugo aurait volé l’argent de l’Américain, le patron de Rocco. Ugo doit rendre l’argent sous peine de finir assassiné.
J’attendais beaucoup de ce polar, entre autres parce que Fernando Di Leo était un ancien scénariste pour Sergio Leone ( on retrouve d’ailleurs des têtes très leoniennes dans les seconds rôles comme Lionel Stander ou Frank Wolff ), et je suis un petit peu déçu. La politique est présente, notamment lors des disputes entre les deux flics joués par Wolff et Luigi Pistili, le premier refusant d’aider un gangster à se réinsérer, sauf qu’ils semblent assez inutiles par rapport à la trame générale. Di Leo a d'ailleurs admis qu'il aurait certainement du s'en passer.
Heureusement, le rythme tambour battant de Milan Calibre 9 ne nous laisse aucune seconde de répit, à l’image de Rocco surgissant sans arrêt pour pousser Ugo à bout. Le flegme et l’aspect massif de Moschin s’accordent impeccablement avec l’hystérie d’Adorf, sorte de Joe Pesci dans Casino avant l’heure. La scission politique au sein des policiers se retrouve aussi chez les gangsters, le gang de l’Américain représentant le capitalisme acharné et celui de Chino, un vieil ami d’Ugo, l’attachement aux traditions ( excellent Philippe Leroy en Chino au passage ).
C’est sur la fin que ce qui semblait n’être qu’un honnête polar de plus se singularise. Plusieurs retournements de situation s’enchaînent et cassent tout ce qu’on pensait savoir sur les personnages ; j’admets que sur le coup cet aspect m’a gonflé mais avec recul il prend pas mal de sens dans la thématique générale ( le remplacement de l’honneur et de l’amitié par les valeurs capitalistes touche même les marginaux ). Les trahisons se retournent contre leurs initiateurs et ce pessimisme foncier ne va pas sans un certain sens de l’ironie ( l’alliance " réussie " qui se crée à la fin est certainement la plus improbable, et pourtant… ). Et il faut reconnaître que contrairement à l’Umberto Lenzi de base, Di Leo a un sens réel de la mise en scène et se révèle largement plus rigoureux que la majorité des artisans de ce type de cinéma d’exploitation.
En résumé, ce Milan Calibre 9 n’est ni un chef d’œuvre ni même la petite bombe du polar italien vantée ici et là, mais demeure un très bon film de gangsters quoique inférieur au Revolver de Sergio Sollima.








Boris, captures à venir... ah non, ce coup-ci j'ai fait proprement le boulot !

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