Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Dimanche 17 Mai 2009 à 21:52 Du côté de chez Swann (Marcel Proust)
Je crois que BM avait dit l'avoir lu. Tout d'abord: c'est chiant!! J'ai eu un gros dilemme intérieur avec moi-même pour savoir si je devais continuer de le lire ou l'abandonner à la page 30. Il faut dire qu'il ne se passe vraiment rien et que ce cher Marcel et moi avons des centres d'intérêt totalement différents: je suis totalement insensible aux arts visuels, et voir les pages remplies de références, ici au vitrail d'une cathédrale, là à un tableau de Rembrandt, ça me donne la nausée. On a un peu soit dit en passant l'impression que l'auteur se la raconte grave en étalant sa culture. Et je suis encore plus indifférent aux fleurs, alors la description du bouquet d'aubépines longue de trois pages a failli m'achever. Proust a l'air de se complaire dans son ultrasensibilité et sa faiblesse maladive, on ne sent dans le livre jamais aucun sursaut pour essaier de se reprendre en main, d'aller de l'avant... C'est en grande partie ce qui est fascinant dans cet ouvrage, ce côté désespéré d'un homme qui n'a pas d'avenir et qui tente frénétiquement d'extirper de son passé les rares moments ou il lui semblait qu'il était heureux, c'en est presque effrayant. Proust s'expose avec une sincérité assez désarmante, et donne de lui l'impression que la moindre rafale peut le casser en deux. On a une absence totale d'héroïsme et de virilité, c'est en quelque sorte l'anti-James Bond. Je trouve que c'est beaucoup mieux après Combray. Proust est très fort pour parler d'amour, d'une façon assez exceptionnelle, puisque contrairement aux romantiques il n'idéalise pas l'amour mais procède à une dissection froide et méticuleuse de tous les sentiments qui le composent, et que je trouve très vraie. Cela n'exclut pas le lyrisme de ses phrases, qui sont par contre un peu longuettes quelques fois (j'adore avoir à relire 3 fois le même passage pour essayer de retrouver où le raisonnement commence ou finit...) Et sur la musique. Là il me prend par les sentiments: "...chacune aussi différente des autres qu'un univers d'un autre univers, ont été découvertes par quelques grands artistes qui nous rendent le service, en éveillant en nous le correspondant du thème qu'ils ont trouvé, de nous montrer quelle richesse, quelle variété, cache à notre insu cette grande nuit impénétrée et décourageante de notre âme que nous prenons pour du vide et pour du néant." Waw. On en ressort avec une impression étrange. Malgré ses seules 400 pages, il est très long à lire, ne serait-ce que par le bloc incroyablement compact que forme l'écriture (si j'ai bien compté il doit y avoir au maximum 5 paragraphes dans tout le livre), et il y a mieux niveau suspense, mais, il a tendance à déteindre sur notre propre vision des choses. Bref, un long voyage avec un écrivain désespéré, qui nous entraine avec lui dans sa longue quête de bribes éparses de souvenirs. Troublant. [ Dernière modification par gedat le 18 mai 2009 à 14h40 ]
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 12/08/2012 Grade : [Nomade] Inscrit le 07/02/2008 | Envoyé par black-monday le Lundi 18 Mai 2009 à 10:41 Tout d'abord: c'est chiant!! J'ai eu un gros dilemme intérieur avec moi-même pour savoir si je devais continuer de le lire ou l'abandonner à la page 30 Il m'a fallu trois ans environ pour réussir à surmonter ces trente premières pages. J'ai beaucoup abandonné au début.
On peu voir ça comme ça en effet, ou alors le récit d'un super égotiste. personnellement j'y vois la quète d'un mec qui ne veut pas manquer la description de l'univers dans un grain de sable. C'est fou. Il ne veut pas rater le récit de ses souvenirs.
C'est complètement ça. Mais alors exactement. Sans avenir.
Cette partie m'a justement un peu ennuyée. L'impression d'une Enorme digression dans le récit. Mais avec le temps, je me dis que plusieurs passages sont dingues (l'épisode où il tombe amoureux grâce à morceau de piano ; la fin). Et sur la musique. Là il me prend par les sentiments: "...chacune aussi différente des autres qu'un univers d'un autre univers, ont été découvertes par quelques grands artistes qui nous rendent le service, en éveillant en nous le correspondant du thème qu'ils ont trouvé, de nous montrer quelle richesse, quelle variété, cache à notre insu cette grande nuit impénétrée et décourageante de notre âme que nous prenons pour du vide et pour du néant." Waw. Ouais, le mec a trouvé le truc. Définitif sur le mystère miraculeux et abstrait du pouvoir de la musique sur les êtres.
Ouais, complètement d'accord. Y'a un coté épreuve littéraire pour le lecteur. On en chie, pour y arriver, mais une fois arrivé sur le sommet, on s'aperçoit qu'on a gravit une montagne d'une beauté sans équivalence. Et la lecture reste longtemps en soi. Proust n'est pas mon écrivain préféré, mais "Du coté de chez Swann" est le livre le plus impressionnant que j'ai jamais lu. Troublant, oui.
___________________ "Ouais même que Valérie Damidot est tellement grasse que si elle se trempe un pinceau dans le fion, elle réinvente la peinture à l'huile."
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Vendredi 22 Mai 2009 à 12:58 Ouais, assez bien vu l'image de la montagne.
Ah, et j'avais oublié de dire que je surkiffe le petit Bloch, dommage qu'on le voie si peu.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 02/05/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 06/06/2005 | Envoyé par Abitbol le Vendredi 22 Mai 2009 à 13:07 Moi j'y connais rien à Marcel Prout.
[ Dernière modification par Abitbol le 22 mai 2009 à 14h09 ]
___________________ T'as raison. Je vais pas flipper pour ça. La vie continue. |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Vendredi 22 Mai 2009 à 20:59 Abitbol, tu sors!
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 16/02/2020 Grade : [Seigneur] Inscrit le 20/06/2004 | Envoyé par Aphrael le Samedi 23 Mai 2009 à 03:21 Mieux vaut un ptit kafka qu'un gros proust !
Je vais suivre Abitbol.
___________________ Mon duvet a comme un goût de menstruation.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 12/08/2012 Grade : [Nomade] Inscrit le 07/02/2008 | Envoyé par black-monday le Vendredi 24 Juillet 2009 à 15:06 Bouvard et Pécuchet (Flaubert)
Le roman raconte la vie de Bouvard et Pécuchet, copistes tout les deux, qui se rencontrent par hasard, sympathisent puis, à la faveur d'un héritage conséquent, décident de tout plaquer pour s'installer à la campagne, où, jusqu'à la fin de leur existence, il essaieront de comprendre tout ce que le monde entend comme savoir. Bien sûr, tout va foirer, les deux larrons sont des idiots, mais des imbéciles naïfs, jamais méchants. Ils vont s'essayer au jardinage, à l'agriculture, à la chimie, à la philosophie, à la religion, à la psychologie, aux sciences naturelles, à la politique, et ce en achetant les ouvrages consacrés à chacun de ces sujets, histoire d'en comprendre les plus infimes aspects. Mais tout ce qu'ils entreprennent est un fiasco ! Ce livre, dernier de Flaubert si ma mémoire est bonne, projet de tout une vie, est malheureusement en partie inachevé. Il en manque une toute petite partie, quelques chapitres, que leurs ébauches, scrupuleusement conservées par Flaubert, parviennent heureusement à combler. C'est un livre absolument déroutant et d'une grande drôlerie. On dirait "the big lebowski" au XIXème siècle ! sans blague ! Bouvard et Pécuchet font n'importe quoi et avec le plus grand sérieux, dans le but de comprendre le monde qui les entoure. Ils veulent être des spécialistes, et ce grâce aux nombreux ouvrages qu'ils achètent afin de combler leur parfaite inculture dans les domaines qu'ils auront choisi d'étudier. Bouvard et Pécuchet est en fait une critique au vitriol de son époque (mais qui est encore valable pour la nôtre). Flaubert, à travers le portrait de ses "deux cloportes" comme il les nommait, fustige ses contemporains, les "spécialistes", ceux qui croient savoir, et en font étalage dans leurs livres, qui en réalité ne sont que de vaniteux fouille-merdes que la postérité moquera. L'objectif de Flaubert dans ce livre est la suivante : "Tout cela dans l'unique but de cracher sur mes contemporains le dégoût qu'ils m'inspirent". Disons qu'aujourd'hui, un livre comme Bouvard et Pécuchet dénonce la connerie comme celle d'un BHL ou d'un Finkielkraut, spécialistes de tout, connaisseurs et compréhensif de rien. C'est un livre salutaire et jouissif à lire, avec toujours ce style sans équivalent, limpide, l'évidence même. Un chef-d'oeuvre que je conseille surtout aux personnes qui auraient peurs de s'attaquer à l'oeuvre de Flaubert. C'est un indispensable pour la pensée critique. A l'ombre des jeunes en fleurs (Proust) Attention gros choc pour ma part. Je ne m'y attendais pas en fait. Le deuxième tome de "la recherche..." narre cette fois-ci, en substance, pour le narrateur, son premier amour et son deuxième amour, le premier qui s'achève et le second laissé en suspens mais que l'on devine pour un temps seulement (c'est même dit dans le texte). Ce livre est consacré entièrement aux femmes, et un peu aux premières vraies amitiés de notre narrateur. Ce dernier devient un ado, et il commence à avoir les hormones qui lui fouettent les nerfs ! façon de parler hein... On y croise la belle et gourgandine Odette de Crécy devenue la piquante Mme Swann, Gilberte, sa fille et premier amour de notre narrateur, puis dans la seconde partie du livre, on rencontre Saint-loup, dandy équivoque et nouvel ami, Elstir le peintre croisé sous un autre nom chez les Verdurin dans le premier tome et qui fera découvrir à notre narrateur des mondes esthétiques jusque là inconnus, et enfin, et surtout devrais-je dire, les fameuses jeunes filles en fleurs : Andrée, Rosemonde, Gisèle, et Albertine, le second amour de notre narrateur. Que dire de ce livre....je suis bien embêté, car c'est tellement puissant, tellement beau, ça va bien au-delà de "du coté de chez Swann", à mon sens. Il y a des choses dans ce livre, je prends le pari, capable de vous faire changer votre façon de voir, l'océan, la lumière, l'organisation spatiale des objets d'une pièce, les plages, et les filles... surtout les filles... Je m'aperçois avec ce livre, que "la recherche..." n'a rien d'une autobiographie, au mieux une auto-fiction ou l'aspect fictionnel dévore les aspects autobiographiques de la vie de Proust. Quand je songe que cet écrivain, de surcroît gay, ait été capable de décrire, comprendre et faire ressentir, ce qui se joue en amour, entre un jeune homme et une jeune femme, ce qu'il dit de la féminité à travers le regard de son narrateur hétéro (mais est-ce d'ailleurs un regard d'hétéro ? ce regard existe t-il ?), cela me laisse pantois d'admiration, et me laisse interdit de commenter davantage.... Il y a des passages que je peux même pas vous décrire, tellement ils sont beaux. Essayez un peu de décrire une cathédrale composée pour seule de sentiments et d'impressions mâchés et sculptés pour donner à chaque pierre aux arrêtes mouvantes, irréductibles, multicolores et déformées et pourtant si palpables pour soi, son assise nécessaire et sa hauteur, sans égale dans toute la littérature mondiale, au seules fins de triompher du temps ? Je ne peux pas. C'est inhumain. Parfois je me demande si Proust n'aurait pas été atteint d'une forme d'autisme dit "de haut niveau" ou d'Asperger. Cela pourrait expliquer sa capacité à déterminer ce que les méandres de nos cerveaux retiennent captifs à notre conscience, dans ce qui me paraît être dans sa totalité. Un autisme obsédé par le temps, et les souvenirs, qui décuplerait les facultés cognitives de distinguer chaque aspects, chaque facettes. Je comprends alors, maintenant, que ce type a fait un quelque chose d'inhumain. Il a touché quelque chose que nul, avant et après lui, n'a pu ni ne pourra plus jamais touché. Et il l'a même scellé. A l'ombre des jeunes filles en fleurs n'est pas seulement pour moi, le plus beau titre du monde, mais aussi une oeuvre qui rentre directement dans mon panthéon littéraire. BAM ! y'a pas à tortiller. Je relirais, et relirais ce livre régulièrement....je pense. C'est définitif. J'ai envie de croire que je suis content d'avoir lu "du côté de chez Swann", pour rencontrer ce deuxième tome. J'ai aussi envie de dire à ceux qui ont lu le premier tome, lisez "A l'ombre...", c'est sans commune mesure avec le premier. C'est un paradis. Proust trouve enfin un rythme dans son style qui surpasse son premier tome. C'est définitif. Il ma faudra attendre un peu avant de lire "le côté de Guermantes".
___________________ "Ouais même que Valérie Damidot est tellement grasse que si elle se trempe un pinceau dans le fion, elle réinvente la peinture à l'huile."
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Dimanche 26 Juillet 2009 à 22:36 La métamorphose - Kafka
Un matin, Grégor Samsa, jeune représentant de commerce qui fait vivre sa famille (ses parents et sa soeur) et vit dans le même appartement qu'eux, se réveille transformé en cancrelat. Voilà le synopsis, brutalement absurde, de La Métamorphose. Le récit s'apparente totalement à un cauchemar. Il n'y a aucune logique rationnelle à y trouver, que ce soit dans la transformation elle-même ou dans la réaction de son entourage - personne ne cherche à fournir une explication au fait pourtant invraisemblable, et les personnages réagissent de façon totalement pragmatique, sans se préoccuper de la nature surnaturelle de l'incident. L'incident est considéré comme terrible, catastrophique, mais en un sens "normal". Le roman est très noir. On qu'on cherche, il n'y aucune trace d'espoir, et le héros est lentement et inéluctablement abandonné par ses proches, la transformation physique étant peu à peu concrétisée par la transformation de l'image de Grégor dans l'esprit de ceux-ci, le héros passant du statut de membre de la famille malade à celui de bestiole. Ce qui m'a plu dans le livre,c'est cette dualité du titre "la métamorphose". On sent un pessimisme de la part de l'auteur sur la nature des relations entre êtres humains, leur côté fragile. Hélas, cette noirceur continue rend la lecture de cet exercice de style assez déprimante, et même assez ennuyante. J'avais déjà abandonné Le Procès en cours de route, ce livre n'a pas réussi à me réconcilier avec Kafka. L'homme invisible - H.G Wells Je partais avec un à priori sur Wells meilleur que celui que j'avais sur Kafka, ayant assez apprécié La Guerre Des Mondes. Je n'ai pas été déçu. On s'attendrait, avec un titre pareil, à une sorte de précurseur de Spiderman ou Wolverine. On a en fait l'antithèse des héros Marvel. Si l'homme invisible, est comme la plupart de ces derniers, héritier de pouvoirs donnés par la science, il ne met ses capacités surnaturelles au service d'aucune grande cause ou de quête de la justice. Il a acquis des pouvoirs, il veut maintenant les exploiter pour ses propres desseins. Lesquels-sont ils? Aucun. L'homme invisible, dans sa quête de surnaturel, s'est laissé dépouiller de tout goût pour autre chose que l'accomplissement de ses recherches. La possibilité d'être invisible est devenu son seul horizon, et doit logiquement le conduire au bonheur. Quand il y parvient, tout n'est alors qu'une grande désillusion. Le sujet est traité avec grand réalisme, et tous les petits détails relatifs à l'invisibilité sont relevés par l'auteur, de sorte, que malgré sa particularité extraordinaire, l'homme invisible n'est pas un super-héros et se plie aux règles de la nature comme tout le monde. Le prodige scientifique ne lui permet pas l'épanouissement auquel il avait aspiré, et une frustration formidable va s'emparer de lui. Paranoïaque, arrogant, violent, mégalomane, l'homme invisible est réellement un personnage fascinant, bien plus humain que les personnages de comics, et dont la noirceur du caractère me surprend en comparaison des héros habituels de la littérature. Je ne sais pas si j'ai réussi à être très clair, mais ce que je ressens de cet anti-héros et de ce qu'il représente est dur à expliquer comme je le voudrais. En tous cas, un livre fort, une fois que l'on a passé une première partie assez rebutante et superflue. La fille sans qualités - Juli Zeh Dans un lycée privé allemand, les destins croisés d'un professeur enthousiaste qui se bat pour faire avancer ses projets, d'un immigré turc surdoué qui s'amuse à manipuler et étendre son ascendant sur ses camarades, et d'une jeune fille toute aussi intelligente, nihiliste. Présenté comme cela, ça parait passionnant, mais ce roman s'avère d'un ennui mortel, souffrant d'un sérieux manque de rythme et de réelle trame narrative. C'est surtout le livre le plus prétentieux que j'aie jamais lu. Juli Zeh déploie son égo démesuré pour disserter à tout-va de nihilisme, de cynisme, de politique, de philosophie, en prenant juste soin de donner à son discours une forme alambiquée pour qu'on ne puisse rien y comprendre, et un semblant de cohérence. Je me suis arrêté à force de lire pour la nième fois une chose du style: "Dieu et le Diable sont des conceptions usées. Le rien et le tout constituent la véritable dualité" [ Dernière modification par gedat le 26 jui 2009 à 22h39 ]
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 02/06/2024 Grade : [Divinité] Inscrit le 25/04/2006 | Envoyé par TheWretched le Jeudi 06 Août 2009 à 11:31 Pour une poignée d'Helix Pomatias - Michel Pagel
Roman d'aventure déjanté où le héros, équipé du dernier cri de hochet-arme à feu, côtoie pygmées, docteur psychopathe et sergent de police bilboqueteur. Petite déception à la fin. Sous-titre : "le livre aux 100 notes en bas de page". Le cimetière des astronefs - Michel Pagel Roman de space-opera, dans le même ton que le précédent en un peu plus sérieux, on ne s'ennuie pas une seule seconde. On peut retrouver ces deux romans dans un recueil qui s'appelle Les escargots se cachent pour mourir. Si vous voulez rigoler un coup sans vous prendre la tête, c'est le livre qu'il vous faut. Gros coup de coeur.
___________________ Quand un elfe et un nain se retrouvent face à face, que l'un a la sagesse millénaire de sa race et l'autre la hache millénaire de sa race, on est bien content d'être petit et barbu.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Jeudi 06 Mai 2010 à 17:56 Crime et Chatiment - Dostoievski
D'accord ça fait 670 pages, les personnages ont tous au moins trois noms plus des surnoms du coup on s'y retrouve dès fois difficilement, et certains passages sont d'une longueur superflue. Mais c'est bien. Crime et Chatiment est une sorte de Death Note du XIX° siècle, qui aborde la question cruciale "un individu a-t-il le droit de tuer?" en mettant en scène un duel psychologique entre assassin et enquêteur. Raskolnikov, comme Yagami Raito, est un étudiant brillant qui décide qu'il est au-delà des lois, qu'il peut -qu'il doit- oser commettre le grand tabou, l'homicide, pour pouvoir se hisser au dessus de la masse et "accomplir de grandes choses". Mais une fois le crime accompli, les choses commencent à déraper, la société veut réparer l'injure qu'il lui a été faite et un terrible duel s'engage entre le juge d'instruction Porphyre Petrovitch et Raskolnikov tandis que celui-ci sombre dans le délire. C'est l'histoire d'une chute d'Icare dans ce qu'elle a de plus pathétique, l'histoire de la réalité qui rattrape invariablement les aspirants grands Hommes. Porphyre Petrovitch est un personnage fascinant; bien que peu présent, le voir délicatement attirer Raskolnikov dans ses filets a quelque chose de terrifiant mais jouissif. Un livre sombre et névrosé, voire pessimiste, mais grandiose. [ Dernière modification par gedat le 06 mai 2010 à 17h57 ]
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2014 Grade : [Nomade] Inscrit le 09/10/2005 | Envoyé par JeanPierreFoucault le Dimanche 09 Mai 2010 à 14:53 Ouais, il est génial celui-là, et beaucoup plus facile d'accès que l'Idiot ou les frères Karamasov. Je trouve la comparaison Death Note abusée parce que dans Death Note tu partages les points de vue des deux alors qu'ici t'es quand même quaisment toujours sur les basques de Raskolnikov, tu vis à travers lui et pas à travers Porphyre, jamais. D'ailleurs je sais pas si Raskolnikov est si brillant que ça dans le bouquin.
Je trouve dommage que tu parles pas des personnages secondaires qui sont vraiment fascinants, je pense à toute la famille Marmeladov ( la fin de la mère est quand même un passage tétanisant, au même titre que les histoires dégueulasses de Ivan dans les frères Karamasov ), à ce gros taré de Svidrigailov qui parle aux fantomes ( je dois avouer avoir vraiment pensé qu'il avait laissé tombé la soeur de Raskolnikov, avant de comprendre mon erreur à la fin ) et SURTOUT à ce personnage fabuleux qu'est Razoumikhine. A ses premières apparitions on ne peut pas s'empécher d'être énervés par son coté bouffon, excessif, un peu trop honnête, et au fur et à mesure du récit on se rend compte que non seulement il est très intelligent mais qu'en plus il est humainement formidable. On a tous besoin d'un ami comme lui, et ça m'a foutu le bourdon de savoir que lui et la soeur du héros auront un mariage pourri. Un autre truc que j'adore, c'est un personnage pas très important, Lebeziatnikov, qui est quasiment un communiste avant l'heure, le type de gens que Doistoievski haissait et qui pourtant se révèle presque " sympathique malgré lui ", notamment quand il permet de confondre Loujine. C'est la grande force de Dostoievski de donner de l'humanité et de la profondeur à des gens pour qui il n'avait pas un grand respect. Boris, sinon le passage ou Razoumikhine explique à Raskolnikov qu'il connait une sorte de nymphomane qu'il a réussi à exciter en lui parlant de " la chambre des pairs de Prusse " est juste fabuleusement drôle
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Hors Ligne Membre Passif depuis le 03/07/2023 Grade : [Modo Forum] Inscrit le 22/08/2003 | Envoyé par jokerface le Dimanche 09 Mai 2010 à 15:00 Je profite de la remontée (provisoire ?) de ce topic pour parler d'un livre lu recemment et qui ma terrifié. Si si, je parle sérieusement.
L'étranger de Camus. J'ai eu l'impression d'être dans la tête d'un sérial killer. Horrible. J'avais jamais encore lu une telle froideur du récit et d'absence de sentiment. En fait j'ai du arreter deux fois ma lecture parce que je me sentais mal à l'aise. Le final est très fort. J'ai adoré aussi comment tout ces autistes pétent les plombs face à l'impassibilité de Meursault. Grandiose. Je vous le conseille sincerement si vous ne l'avez pas lu.
___________________ Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ... |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2014 Grade : [Nomade] Inscrit le 09/10/2005 | Envoyé par JeanPierreFoucault le Dimanche 09 Mai 2010 à 15:04 Un copain me l'a prété parce que d'après lui le héros est mon sosie. Je pense que je le lirai après les partiels mais ça avait l'air assez tétanisant comme truc.
Boris.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Dimanche 09 Mai 2010 à 16:14 Je ne suis pas si fan de Razoumikhine. Il y a une partie du livre qui consiste en ses aller-retour entre la chambre de Raskolnikov et celle de sa famille, je me suis sérieusement ennuyé devant. Mais j'aime bien ses envolées sur les questions de société.
Petit rectificatif, ce n'est pas à Raskolnikov qu'il parle de Nastassia, mais à Zossimov (le médecin). +1 pour Svidrigaïlov, j'adore comme il tombe dans le récit alors que personne ne s'y attend. C'est vrai que je m'attarde un peu trop sur Porphyre mais les passages de ses confrontations avec Raskolnikov sont juste parmi les meilleurs scènes qu'il m'ait jamais été donné de lire. J'étais littéralement cramponné à mon bouquin, mon visage en sueur. D'ailleurs je sais pas si Raskolnikov est si brillant que ça dans le bouquin. Trop névrosé pour pouvoir agir rationnellement sans doute. Mais il fait quand même l'effet d'un type particulièrement intelligent, même si la fougue de la jeunesse le perd. En tous cas Razoumikhine l'admire au plus haut point.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2014 Grade : [Nomade] Inscrit le 09/10/2005 | Envoyé par JeanPierreFoucault le Dimanche 09 Mai 2010 à 16:26 Oui, tu as raison, c'est à Zossimov qu'il s'adresse effectivement.
Comme tu le dis Svidrigailov est vraiment bizarre, c'est presque un gag à long terme tellement ses apparitions tombent toujours à un moment ou elles sont incongrues. Je l'aime bien ce personnage, je trouve que c'est un type qui est victime de ses pulsions mais qui a une réelle humanité au fond. Pour Porphyre ce que je trouve fabuleux c'est qu'à chaque fois on a pratiquement le même schéma : Raskolnikov monte un plan pour embobine orphyre en essayant d'anticiper ses réaction... alors que Porphyre reste totalement insaisissable. On en vient à se demander si il n'est pas au courant de tout depuis le début ou si c'est juste du bluff. Bien sur que Raskolnikov est intelligent mais contrairement aux personnages de Death Note il n'excelle pas dans ce qu'il fait, c'est pratiquement un anonyme, il n'est pas reconnu comme un génie. Il se plante plusieurs fois dans ses tentatives, et le reconnait, il gaffe sous l'effet du stress et je pense qu'il se dénonce à la fin parce que ses erreurs lui ont prouvé qu'après tout, il n'était qu'un homme comme un autre. Boris, président du fan de club de Razoumikhine.
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