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Shears

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Envoyé par Shears le Jeudi 15 Juin 2006 à 16:22


gné uderzo est mort


Maintenant que tu le dis, Je crois bien que c'était une connerie de ma part, autant pour moi

N'empêche que Coluche, Lino Ventura, Jaques Villeret, Jean Roba,René Gosciny, Raymond Devos, etc. sont toujours morts

[ Dernière modification par Shears le 15 jun 2006 à 16h23 ]

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Borislehachoire

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Envoyé par Borislehachoire le Jeudi 15 Juin 2006 à 17:05


N'empêche que Coluche, Lino Ventura, Jaques Villeret, Jean Roba,René Gosciny, Raymond Devos, etc. sont toujours morts


Tant que tu y es cite Stanley Kubrick, Sergio Leone, Bernard Blier et Michel Constantin.

Boris.


Shears

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Envoyé par Shears le Jeudi 15 Juin 2006 à 17:16


Coluche, Lino Ventura, Jaques Villeret, Jean Roba,René Gosciny, Raymond Devos, etc.


Et le ptit "etc.", tu l'a vu?

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Val_laV

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Envoyé par Val_laV le Vendredi 16 Juin 2006 à 20:43


Et Desproges, faut pas l'oublié lui !

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J'ai trop la flemme de me faire une bannière...

Borislehachoire

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Envoyé par Borislehachoire le Lundi 04 Février 2008 à 18:44


Bon ,je déterre ce topic, d'une parce que j'ai que ça sous le main et de deux parce que c'est sur ce topic que corum et moi on s'est frités avec B-M, paix à ton âme mon pote, et j'en ai marre du metal et des mangas surtout.

La trilogie New-Yorkaise ( Paul Auster ) : Vous êtes prévenus dès le début, c'est pas une trilogie et ça se passe pas à New York. Okay... Alors on a trois histoires dont les deux premières trouvent leur sens profond à la lecture de la troisième, des histories de filatures, de détectives, de fuite en avant et d'abandon de son passé ou les héros ( Quinn notamment ) deviennent des figures un peu abstraites perdues au bord de la folie de la même manière que le lecteur, paumé devant autant de mise en abime.
Y a des supers passages de lecture, mais j'ai pas suivi Auster totalement dans son délire.

Mesdames, messieurs, bonsoir ( je sais pas l'auteur ) : Le faux bouquin brulot censé raconter les coulisses de TF1 est juste une suite d'anecdotes prévisibles sans grant intérêt. Prenaud est un bof et Chazal une greluche, qui l'eut cru ?
C'est certes assez méchant mais en dehors de deux prsonnages à mourir de rire ( Robert Namias, digne d'une sitcom, et PPDA, plus antipathique que Pernaud sisi c'est possible ! ) on savait déja tout.

L'insoutenable légèreté de l'être ( Milan Kundera ) : La notion de pesanteur et de légèreté, comparatif au travers des destins de 4 personnages en Tchécoslovaquie post-68. Ca fait envie hein ?
Ben pourtant c'est à la fois touchant ( la mort de Karénine ), intelligent sans se la péter, très drôle par moment ( dédicace à corum, ES MUSS SEIN !!! ), un peu conceptuel sans être désincarné et d'un intérêt historique certain. Bonne surprise.

Boris, maintenant dans Eureka Street.

[ Dernière modification par Borislehachoire le 04 fév 2008 à 18h45 ]


Johannes

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Envoyé par Johannes le Lundi 04 Février 2008 à 18:57


C'est carrément de l'archéologie à ce stade ^^

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Borislehachoire

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Envoyé par Borislehachoire le Lundi 04 Février 2008 à 19:09


Je voulais un topic ou Guizmo et jb90 n'aient pas encore posté dessus parce que c'est comme les agents d'assurances ces glands-là, j'ai envie d'en prendre un pour taper sur l'autre.

Boris.


black-monday

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Envoyé par black-monday le Samedi 24 Mai 2008 à 16:42


Bonjour.

Je remonte ce topic car j'en ai envie.

Je le remonte parce que j'ai terminé depuis quelques jours le premier volet du monstre littéraire qu'est "à la recherche du temps perdu" de Marcel Proust : "Du coté de chez Swann".

Que dire...Longtemps cette œuvre m'a fais peur; peut-être en raison de l'écrasante aura de cette fresque de cathédrale vouée au temps, au souvenir et à la vie. Elle m'a vraiment terrifié ; cet un monument littéraire mondial, inscrit au patrimoine de l'écriture après tout.

Mais ça y'est j'ai commencé et terminé "du coté de chez Swann". Comment dire, c'est sublime et fou, éprouvant et gracieux, vertigineux et précis. La lecture est difficile, enfin pour moi elle l'a été, et ce non pas en raison de l'histoire, mais de sa forme ; l'écriture est si filandreuse, en proie à une spirale de virgules , de points-virgules et de parenthèse si féconde en perdition, que le point trouvé arrive comme une délivrance, que l'on s'y accroche comme à un îlot de fortune, avec tout les vents du monde pour seules caresses, et un rocher pour ne pas glisser dans la prose courante du récit.

Cette une œuvre folle. Pour faire le pitch (je vais essayer) : c'est l'histoire de Marcel Proust qui lorsqu'il était enfant n'arrivait pas à dormir la nuit. Alors dans cette attente du sommeil, il est dans un entre-deux éveil sommeil qui l'amène à se plonger dans ses souvenirs. Trois temporalités de récits qui s'entrecroisent et se tressent pour brosser tout un monde de la bourgeoisie Française, mais avec l'acuité d'un entomologiste de l'âme humaine. Certaines pages sont réellement sublimes et s'éclairent tant à l'esprit d'elles-mêmes que dans ces cas l'écriture de Proust se hisse alors à un niveau d'excellence que j'ai rarement lu. Je pense notamment à la première rencontre de Marcel enfant avec Gilberte la fille de Swann ; pages magnifiques où le héros, au cours d'une promenade, surprend au travers dune haie, une jeune fille rousse qu'il veux voir comme blonde, jouant dans un jardin tapissé de motifs humides et multicolores filés de concert par les rayons du soleil et les jets d'eaux ; pages magnifiques où un garçon tombe amoureux la première fois pour quelqu'un d'autre que sa mère.
Il y a ces pages aussi où Swann, homme du monde et des mondanités dont il aime et s'amuse, écoutant une pièce pour piano, tombe amoureux d'une femme qui n'est pas son type ; pages qui transcendent l'impact d'une mélodie sur la psyché humaine,où quand Proust parvient à décrire avec un génie fou comment une musique peut nous ravir l'esprit tout entier, et épouser cette abstraction intime des notes sur nos tympans, dans une écriture au bord de l'impressionnisme et de l'abstrait, digne d'un trip au LSD où la musique se transformerait en mots sous le filtre d'une perception qui voit l'univers dans un grain de sable.
Il y a aussi les toutes dernières pages du livre, évoquant un jardin public du passé céder sous le poids du temps et les flots du souvenir, à un jardin public du présent, aidé en cela par une écriture et un style qui s'élèvent à nouveau pour susciter chez le lecteur le vertige monstrueux d'un monde que le réel chasse avec hâte et avidité.

Proust n'est pas mon écrivain préféré, et ne le sera jamais. Mais la lecture de ce premier tome de "à la recherche du temps perdu" est un CHOC !
J'invite donc tous les amateurs de littérature à s'aventurer dans ce monstre ; c'est long, c'est difficile, cela demande un cerveau parfaitement frais, disponible et alerte, c'est un périple fastidieux parfois, mais quand c'est terminé on se dit : Putain Proust est un génie complètement taré qui a réalisé l'oeuvre ultime sur la nature humaine ! Putain mais c'est que le premier en plus ! I'm a crazy boy !


Le deuxième tome je vais peut-être attendre. Pour l'instant je commence Salambo de Flaubert (lui c'est un de mes écrivains préférés, surtout pour la forme de l'écriture d'une musicalité inouïe).

Après je reviendrais à Proust. Le deuxième tome s'appelle "à l'ombre des jeunes filles en fleurs". Je ne connais pas de plus beau titre au monde.


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"Ouais même que Valérie Damidot est tellement grasse que si elle se trempe un pinceau dans le fion, elle réinvente la peinture à l'huile."


jokerface

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Envoyé par jokerface le Samedi 24 Mai 2008 à 17:00


J'avais "Du coté de chez Swann" au programme cet année.

J'ai haïs ce bouquin. Je pouvais pas lire 5 pages sans avoir les yeux qui se ferment. J'ai trouvé les personnages insuportables, l'histoire sans grand interet et confuse par moment, et puis le style d'ecriture de Proust, j'adhère absolument pas.

Joker, juste mon avis.

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Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...

Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"

corum

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Envoyé par corum le Samedi 24 Mai 2008 à 20:53


J'avais Un amour de Swann au programme l'année dernière en français-philo. Bouleversant, parmi les lectures qui auront marquées ma vie. Il va s'en dire que Proust fait partie de mes priorités une fois la prépa terminée.
J'ai également lu 150 pages d'A l'ombre des jeunes filles en fleurs qui trainait dans la location où j'étais cette année.
Dans les deux cas, au début il faut se remettre dans le style de Proust, sa phrase tortueuse et parfois interminable, qui peut demander plusieurs lecture, mais une fois que l'on rentre dedans, on ne peut qu'admirer le style extraordinaire de l'auteur et admirer ses descriptions psychologiques incroyables, qui ne cèdent en rien aux plu belles pages de Dostoïevski.
J'ai rarement rencontrer un livre qui soit capable de décrire ainsi avec une telle précision ce qui a pu m'arriver sur le plan émotionnel. Et beaucoup plus.

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"car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust

black-monday

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Envoyé par black-monday le Samedi 24 Mai 2008 à 21:16


Pareil que toi Corum. Il faut s'y faire au style, mais quel splendeur, tant dans la forme que oui, sur le plan émotionnel où là aussi j'ai beaucoup appris sur moi-même.

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Envoyé par leloqueteux le Lundi 26 Mai 2008 à 13:02


Que pensez-vous du roi en jaune(de Robert W. Chambers), pour ceux qui l'auraient lu?

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"l'étranger:je ne porte pas de masque" "Camilla:(terrifiée, à Cassilda)Pas de masque? Pas de masque!"
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Envoyé par Borislehachoire le Dimanche 13 Juillet 2008 à 13:12


Et re-up pour ce topic qui ne devrait pas descendre si bas

( le pire, c'est retrouver ses posts d'il y a un an et de se rendre compte qu'on a pas lu grand chose depuis )


American Tabloïd ( Ellroy )

La période de l'ascension des frères Kennedy au pouvoir décrite par mon écrivain préferé à travers le destin de trois personnages fictifs : le grand Pete B ( déja apparu dans White Jazz ), criminel canadien extrèmement dangereux et lié à la mafia ; Kemper " fucking " Boyd, flic tiré à quatre épingles, pourri jusqu'à la moelle et se révant Kennedy, et Ward Litell " le fantôme ", seul personnage honnête au début, qui ne survivra que par la force de sa haine envers Bobby Kennedy.
Au travers d'eux on suit les intrigues du FBI, le débarquement foireux de la baie des cochons auquel participent Pete et Kemper, le revirement de Castro, la tentative d'assassinat contre celui-ci mis en place par Sam Giancana, la guerre entre la mafia et Bobby Kennedy...
Ca fait 800 pages et pourtant c'est d'une densité hallucinante. Ward Litell est un personnage fascinant, Kemper est diabolique et Pete B fait furieusement penser à Buzz Meeks.
Encore du très très bon Ellroy.


La possibilité d'une ile ( Houellebecq )

Daniel est humoriste. Daniel a des engoisses existantialistes, Daniel est terriblement cynique et lorsqu'il s'engage dans une secte ouvertement inspirée des Raeliens, il ignore qu'il se permet la vie éternelle....
Je suis un défenseur de Houellebecq ici et ailleurs, mais sur le coup je trouve qu'il s'est un poil loupé. Si les passages au présent sont souvent réussis ( je ne partage pas l'accusation de misogynie, les passages dans la secte sont sans doute les meilleurs du livre, le pseudo-Rael est à mourir de rire. Par contre, je me demande si l'auteur ne se sert pas du personnage pour exprimer ses propres conceptions plus douteuses sur l'art, comme lorsque Larry Clarke est traité de racaille nitzschéenne ), ceux dans le futur avec Daniel 25 sont d'un ennui terrifiant, comme la fin de Daniel 1. Sans parler de toutes les descriptions du futur qui n'apportent rien à l'histoire.
La fin est assez étrange, on évite le sentimentalisme ou un retour facile à la naiveté sans tomber dans la noirceur de comptoir ( hein corum ).
Mais Houellebecq a fait mieux selon moi.


Ripley Bogle ( Wilson )

Je n'en suis qu'à la moitié par contre.
La vie d'un SDF irlandais aussi pédant que drôle dans les quartiers de Londres.
J'avais été plié en deux à la lecture d'Eureka Street du même auteur ( le roman le plus drôle que j'ai lu avec Haute fidélité ), là c'est quand même vraiment très noir.
Malgré le coté très irritant de Ripley dans sa complaisance avec sa propre situation, on ressent avec lui le froid, la faim, la soif, la honte, le froid surtout qui semble vraiment le pire ennemi du SDF. Ripley raconte, avec un ton étonamment sophistiqué pour un vagabond ( Ripley est surdoué ) comment il a pu en finir là...
Pour le moment c'est vraiment triste.


Boris, après ça la conjuration des imbéciles m'attend ( BM ).


black-monday

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Envoyé par black-monday le Mardi 21 Avril 2009 à 19:13


Pareil, re-up car c'est un scandale que ce topic puisse tomber aux oubliettes.

Alors voici les derniers livres que j'ai lu, que des classiques :

Le jardin des Finzi-Contini (Giorgio Bassani)

Un jour, peut-être il y a un an, je lus un article de Télérama (la version en ligne, car y'a parfois des articles intéressants, je dis bien parfois) sur un des films méconnu du grand Vittorio De Sica : Le jardin des Finzi-Contini (ours d'or à Berlin, et oscar du meilleur film étranger).
La photo du film qu'accompagnait l'article me frappa : deux jeunes personnes au centre du sentier d'un jardin à l'anglaise, l'une à la blonde chevelure tombant jusqu'au épaules, robe blanche et diaphane, accoudée à son vélo, et à ses côtés mais légèrement en retrait, un garçon du même âge, tout aussi vêtu de blanc, et l'air possédé par la jeune femme ; ils marchaient. Je fus saisi par l'éclat de la photo, sa lumière, la déjà mélancolique vision d'une jeunesse comme en sursis ; tristesse qu'aborda ensuite le texte et qui m'anima de la ferme intention de trouver le livre. Cela sentait le livre pour moi.

L'histoire se déroule en Italie pendant les années fascistes, à la veille de la guerre. Les finzi-contini sont une riche famille juive, disposant d'une large propriété au coeur d'un immense jardin riche d'essences remarquables, d'arbres séculaires, si vaste que l'on peut s'y perdre, le tout séparé du monde extérieur par un haut mur qui étreint toute la propriété. pour le monde extérieur, les finzi-contini sont une famille excentrique, cultivée, peut intégrée à la diaspora, famille étrange qui paraît repliée sur elle-même, heureuse et aveugle quant à l'Histoire qui bientôt va tous les emporter vers les chambres à gaz.
Le roman suit Giorgio (est-ce l'auteur lui-même ? oui sans doute), jeune homme homme de confession juive, fascinée puis amoureux fou de Micôl Finzi-contini, fille blonde aux yeux trop claires, trop intelligente, trop libre, et trop belle. L'histoire raconte donc l'amour transi de Girogio pour cette fille, son premier amour, jamais consommé, leurs promenades dans le jardin entre deux parties de tennis, avec en filigrane la montée des exactions envers les juifs, dont les Finzi-contini seuls ne semblent pas avoir pris conscience : Byzantins se divertissant dans leur tour d'ivoire, alors même que la barbarie gronde au pied des murs de leur jardin paradisiaque.

Ce roman est terrible. il évoque à juste titre, enfin propose des pistes de réflexion sur pourquoi personne ne s'est rendu compte de l'horreur de l'holocauste à venir : comment imaginer l'horreur absolue, alors qu'elle est indicible et nouvelle ? Comment imaginer l'horreur à l'heure d'un XXième siècle, firmament des idées philosophiques, scientifiques, et culturelles de la civilisation ? Comment imaginer l'horreur quand on a pas la folie de l'imaginer comme la pire chose que l'humanité est capable de produire sur elle-même ? Comment imaginer cette horreur quand on est jeune et remplit d''espoir ?

Le style du roman est étrange, peu mélodique, la traduction peut-être ? : A travers Giorgio, le narrateur, et à travers le mode du "je", c'est tout une étude sentimentale et fascinante à l'adresse de Micôl, conjuguée au passé, à la ponctuation heurtée, contraignant ainsi les phrases à courir à bout de souffle après des fantômes (à lire, l'effet est réussi, cela fatigue l'esprit, mais on s'y fait très vite), à réunir tout, absolument tout ce qui subsiste encore dans la mémoire de Giorgio ; recréation tragique et splendide d'un monde aujourd'hui brûlé, dont la jardin des Finzi-Contini était le noyau intîme. Un style étrange voué à l'amour fou et autour duquel gravite l'horreur qui rode dans un sifflement lointain que pas même le bruissement de la chevelure de Mîcol témoigne.

Je ne me suis pas aperçu tout de suite de la force de ce livre, de ce Proust convulsif en train de se noyer, mais c'est en écrivant ces quelques lignes, que je comprends enfin que ce livre n'est peut-être rien d'autre pour Giorgio Bassani que la sépulture enfin trouvée pour Mîcol, à laquelle l'Histoire lui refusera toujours. Bouleversant.




Attala, René, Le dernier des Abencerages (Chateaubriand)

Et oui, il fallait bien que j'y vienne un jour. Celui que l'on présente comme le père des Romantiques français. Un auteur connu comme le loup blanc mais finalement assez peu lu il me semble, et c'est bien dommage, pour qui aime la belle langue !

Ce recueil présente trois récits fictionnels, chose assez rare dans l'oeuvre de l'écrivain attendu qu'il est avant toute chose d'abord réputé pour ses essais. Si Attala est un écrit de toute première jeunesse (ce qui se voit dans le texte d'ailleurs), René quant à lui succède au travail notable de l'auteur : Le génie du christianisme ; tandis qu'il lui faudra attendre 24 ans pour publier Le dernier des Abencerages. Je précise l'aspect chronologique de ces trois oeuvres car les lire à la suite (bouquin de poche qui réunissait à la suite, et dans l'ordre chronologique ces 3 oeuvres) donne un aperçu significatif de l'évolution du style de Chateaubriand.


Dans Attala, Chactas, vieil indien aveugle d'Amérique du nord, narre à René (le même que la seconde oeuvre) jeune français, le récit de son tragique premier amour pour la belle Attala, jeune indienne d'une autre tribu, élevée dans une rigoureuse éducation catholique (ah les ravages de l'évangélisation). Ce récit est une apologie pataude du catholicisme, autant le dire clairement (surtout la fin). Toutefois j'ai été conquis par l'évocation métaphysique de l'exil de Chactas et Attala dans une Amérique totalement fantasmée, fuite en avant contemplative et mortelle dans une nature d'une sauvagerie totale ; on est quelque part entre Adam et Eve chassé du Paradis par la Nature elle-même, et Gerry de Van Sant, pour ses aspects de procession solitaire, soit deux insectes condamnés à la déchéance physique et morale, dans un milieu naturel qui abolit tout espoir. Malheureusement la morale chrétienne est sauve à la fin.

Dommage ; et puis le style est à mon sens assez inégale, parfois se vautrant dans une emphase romantique indigeste car l'auteur voulant aller trop loin dans son trip romantique. Disant que dans ces cas là, Chateaubriand, par l'évocation too much de paysages états d'âmes ( sujet ô combien classique du courant Romantique), leur ajoute trop d'humanité, avec un sens du ressassement qui alourdit à défaut d'enrichir l'évocation des personnages seuls dans une nature que l'on sait très vite voire d'emblée, d'une beauté folle.
Attala a donc les défauts de sa jeunesse : le style est là, mais avec trop de souffle ; il gagne encore à être davantage épuré et moins pompeux, cependant le tout a du cœur, de la passion, bref ça exulte la jeunesse et c'est bon, mais ça manque de rigueur. N'empêche en lisant Attala, je me disais que ça pourrait faire un putain de film si on gommait les aspect outranciers des références cathos du récit.


Dans René, Chateaubriant s'est enfin sauvé de ses erreurs dans Attala.
René raconte l'histoire donc de Réné avouant à Chactas, les raisons qui l'ont amené quitter la France pour le Nouveau Monde. Pour résumer, Réné s'est laissé dominer, inconsciemment, par la passion amoureuse qu'il a éprouvé pour sa soeur ! Réné raconte donc l'histoire de cette passion. Attention, ça peut paraître sulfureux dit comme cela : un frère qui veut posséder sa soeur (et c'est réciproque en plus !); mais le récit est d'une grande beauté formelle, le style baignant dans une sorte de flottement lié peut-être à l'éloignement géographique du héros d'avec sa soeur, mais aussi à celui que respire parfois les nuits fraiches au clair de lune. Un récit assez crépusculaire que la foi catholique n'épargne pas (comme d'habitude chez Chateaubriand) mais à la différence d'Attala, celle-ci s'inscrit parfaitement dans le contexte des mœurs françaises de l'époque (alors que dans Attala c'est de l'ethnocentrisme primaire). J'ai trouvé ça magnifique ce style flottant qui domine mais n'occulte pas la violence des passions qui animent René et sa soeur : quand la douceur du style sublime les passions humaines. Incontestablement un chef-d'oeuvre du romantisme français.


Enfin le dernier des Abencerages. Plus classique dans son dispositif narratif (aucun des personnages n'est le narrateur, contrairement à Attala ou à René), c'est aussi à mon sens le moins digressif, le moins psychologique (toutes proportions gardées) et le plus "carré" dans l'évocation, tant des personnages et leurs états d'âmes, que des lieux et paysages, et dans ses aspects narratifs.
Cette longue nouvelle, ou court roman au choix, conte les aventures du dernier survivant de la lignée royale et musulmane des Abencerage, ancien maître de l'Andalousie avant que l'empire Arabe ne soit bouté hors des terres d'Espagne. Revenant incognito sur la terre de ses ancêtres,et qu'il n'a pas connu, l'héritier tombe fou amoureux d'une belle et "muy caliente" danseuse espagnole qui elle aussi n'est pas du tout indifferente aux charmes du noble et séduisant Maure. Mais tout deux ignore que leurs nobles ascendances respectives ont eu par le passé, un conflit qui a finit dans un bain de sang. Bref pour faire simple, Le dernier Abencerage c'est un peu un Roméo et Juliette interreligieux et internoblesse, se déroulant dans la chaleur étouffante et moite de l'Andalousie, dont la ville de Grenade est le théâtre enchanteur.
J'ai vraiment bien aimé ; ok ça reste classique, ça se laisse lire avec grand plaisir ; certains personnages ont vraiment la classe (l'Abencerage est un des perso les plus classe que j'ai pu lire, d'une noblesse d'âme assez miraculeuse ; et la scène de flamenco de sa bien-aimée restitue à mon sens assez bien la sensualité enivrante de LA fille espagnole dans toute sa splendeur). Bref cet écrit un magnifique cri d'amour (d'orgasme ?) à l'exotisme de l'Espagne et son irrésistible pouvoir d'attraction sur les étrangers de passage.



Walden, ou la vie dans les bois (Henry David Thoreau, philosophe, poète, conteur, essayiste)

Attention, grand livre, classique de la littérature américaine du XIXème siècle par un des plus grands écrivain américain, LE premier penseur "écologiste". Tout simplement un des intellectuels les plus influents, à l'heure du réchauffement climatique. Celui qui a écrit "la désobéissance civile", joyau libertaire.
Walden, un livre que je conseille à Soutzeverc (pour les aspects politique et économique).

Walden est le récit de Thoreau se retirant des affres de la civilisation, pendant environ deux ans, près de l'étang de Walden. Il y construisit lui-même sa maison (c'est beaucoup dire), jardina ses légumes, bref dans ce livre il va démontrer à l'individu lambda (nous lecteurs) que l'on peut vivre dignement et heureux et modestement, dans un état d'indépendance et à peu de frais.

Thoreau, au même titre qu'Emerson est un chantre de la nature nourricière, seule à même de nous rendre heureux, si l'on décide de la retrouver, et ce contrairement au monde moderne (ça c 'est la fange). Emerson et Thoreau ont fondé le mouvement littéraire et philosophique que l'on appelle le "transcendantalisme". Disons que cette doctrine promeut l'idée de l'existence d'une réalité supérieure (et qui nous dépasse) et à laquelle nos sens ne peuvent avoir accès, ou du moins dont on ne peut faire l'expérience, sinon l'intuition de. Bref l'existence de quelque chose qui dépasse notre raison humaine. Ainsi la nature, et la contemplation de celle-ci est le terreau de cette doctrine philosophique. On pourrait parler ici d'un pré-existentialisme, d'une intuition de l'absurde encore indéterminée, pas encore révélée, où la nature porte encore en elle un sens.

Walden se présente comme un livre assez étrange, débutant par un chapitre assez long dont il est parfois difficile (traduction pénible mais j'y reviendrais) de saisir tous les aspects, sur des considérations philosophiques et économiques sur la façon dont l'homme entreprend de conduire sa vie dans un modèle de société favorisant, à ses dépends, son aliénation mentale, physique et métaphysique. Premier chapitre assez hardcore, qui ne doit décourager le lecteur potentiel, puisque la suite du livre, est le récit minutieux d'un Thoreau construisant sa maison, jardinant, pêchant, pour subsister sans aide de quiconque dans un environnement encore relativement épargné par l'avidité des hommes. Aussi quand l'auteur ne travaille pas pour assurer sa subsistance, il se livre à l'observation des êtres qu'ils rencontrent, des oiseaux, aux poissons, en passant quantité d'essences végétale, sans oublier le minéral, et le temps. On a dans ce livre une étude unique (à ma connaissance, je ne connais pas une étude sur l'observation de la nature aussi développée que dans Walden) sur tout ce qui se passe sous les yeux de Thoreau pendant sa retraite à l'étang de Walden. Il parle de la vie dans la nature et dresse à partir de ses observations de la faune et la flore, une métaphysique de l'existence qui ferait corps avec la nature.
Certains passages sont d'une poésie naturaliste qui frôlent l'abstraction tant le temps qu'il a fallu pour en saisir toutes les nuances fut long. Je pense notamment au chapitre consacré aux étangs (pas seulement Walden mais aussi ses frères et sœurs aqueux), celui à un oiseau qui symbolise toute la grâce d'une nature indifférente au sort des hommes, celui à l'hiver, et au printemps (chapitre d'une beauté démente et d'une puissance évocatrice quasi hallucinogène).

La vraie vie n'est sans doute pas ici, ni dans la course géographique à travers le monde. Thoreau invite chaque lecteur à non plus se convaincre du "connais-toi toi-même" prématuré et sans doute illusoire, mais d'appliquer le "explore-toi toi-même". Les seuls voyages dignes d'être menés ne sont que ceux-là ; la terre est la même partout, le monde aussi, qu'importe les langues, les coutumes et les cités, qu'importe d'apprendre chaque culture que l'on croit avoir rencontré, qui peut dire qu'il a voyagé aux confins de lui-même ?
C'est la seule question qui vaille d'être répondu.

Merci Thoreau.


Un mot sur la traduction française, celle de Fabulet, datant de 1922, de mon édition de chez gallimard. Je la trouve très inégale, truffées de scories orthographique (un comble !) ou alors c'est moi qui suis tombé sur un mauvais pressage (je précise que j'ai à ma disposition une édition très récente de Walden, éditée donc chez Gallimard dans la collection L'imaginaire), m'enfin bon ça manque de sérieux pour un tel classique de la littérature étrangère ! D'autant que le style de la traduction est fatigant à lire, avec beaucoup de variations d'un chapitre à un autre (on sent que le type ça la fait kiffer de traduire certains passages, mais d'autres...), et très indigeste. C'est regrettable car je doute l'anglaise soit une langue difficile à traduire, surtout en français. M'enfin pour m'être un peu renseigné sur le cas Thoreau et l'adaptation de son œuvre en France, apparemment aucun effort ne serait fournit de ce coté-ci de l'atlantique, d'autant qu'il reste encore de nombreux écrits de Thoreau non encore traduits dans la langue de Molière. Une honte.


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"Ouais même que Valérie Damidot est tellement grasse que si elle se trempe un pinceau dans le fion, elle réinvente la peinture à l'huile."


super

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Envoyé par super le Samedi 02 Mai 2009 à 14:45


très bonne idée de topic, c'est dommage qu'il y ait si peu d'intervenants.

En ce moment, je lis L'Age des extrèmes, histoire du Court XXème siècle de Eric J. Hobsbawm. OK c'est pas de la littérature, mais de l'Histoire, n'empêche que c'est très intéressant et que ça se lit bien. Il est question de la période allant de 1914 à 1991. Je ne suis pas encore assez avancé dans ma lecture pour donner un avis plus développé.



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