Lord_Darkmore Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/09/2023 Grade : [Sortisan] Inscrit le 01/06/2006 8539 Messages/ 0 Contributions/ 21 Pts | Envoyé par Lord_Darkmore le Mardi 20 Novembre 2007 à 14:26
Histoire, partie IV
13 - 15 Janvier 3010 AS : Dagorelda
Voici une carte du Dor Gauroth : ici
Le Premier Jour
Le jour se lève sur le Linlad. Un léger brouillard de cendres plane sur la plaine sèche du Lithlad. Au sud, les sommets des volcans jumeaux Anlith et Orod Nienor crachent comme à l’accoutumée de petits panaches de cendres qui se déposent plus au sud dans le Val de Gurthang. Les grandes Portes du Naur Annon, ferment l’étroit col entre les volcans, entrée principale du Dor Gauroth. Des Noréens (habitants du Talath Naur), des Orientaux (habitants de Rhûnador), des Sardoniens (habitants du Dor Gauroth) et des Orques vont et viennent sur le large chemin de ronde, plus de soixante mètres au-dessus de la vallée. Les quatre gigantesques portes de la muraille, chacune assez grande pour laisser passer une armée, sont closes. Des drapeaux marqués des armes de Sardon le Ténébreux, une grande flamme rouge sur fond noir, flottent sur les tours placées à espacement régulier sur le mur de quarante kilomètres de long.
En face, c’est une forêt de bannières qui se tient. Les armées coalisées des Elfes venus des Terres Immortelles, des Immortaliens (habitants d’Immortalitas), des Nains d’Esmirial et des Petereans (habitants du Pays de Pierre) se massent devant la muraille, hors de portée des armes de siège géantes placées sur les murailles. Ces forces ne sont par ailleurs pas démunies et trébuchets, catapultes, scorpions et canons pour la première fois employés dans une bataille sur Minyador émaillent les positions de l’Alliance. Des tranchées ont été creusées et remplies de pieux ou de poix qui sera allumée le moment venu, et une petite palissade se dresse, entourant le camp.
Le matin est calme. Les soldats prennent leurs repas, les sentinelles elfes vigilantes surveillant les Portes et les abords afin que ne soit pas prise par surprise l’armée se massant sous le Naur Annon. Un million d’Elfes, d’Esmir et d’Humains attendent le signal de leurs seigneurs Linwen, Tarostar et Loup Solitaire, qui discutent dans le pavillon central.
Ils viennent d’apprendre que Sardon avait rassemblé ses armées en Val de Gurthang, et que si les renforts qui se sont mis en route n’arrivent pas rapidement, ils sont condamnés. Ils savent que les renforts Salivriens (habitants de Salivrat) menés par Otharion devraient arriver en soirée, mais que les Princes de Métal n’arriveront que le lendemain. Quant aux Paladins de Kasherim Nedrakh, on n’en a aucune nouvelle.
Sardon sait aussi bien qu’eux que le temps lui est compté, et portera certainement son attaque le jour-même, avant que les Salivriens ne se soient remis de leur marche forcée à travers les Steppes Tertares. L’inquiétude sourde donc parmi les dirigeants et généraux de la Grande Alliance.
Puis vers midi, un grondement fait trembler le sol et les sentinelles elfes poussent un cri d’alerte : les quatre portes du Naur Annon viennent de s’ouvrir, et chacune crache une horde innombrable d’Orques, d’Humains et d’Elfes renégats. Aussitôt, les machines de guerre de l’armée de la Grande Alliance se mettent à riposter, et rochers, boulets et carreuax géants tracent de longues traînées de cadavres dans les rangs des Sardoniens. Mais les légions noires sont innombrables et poursuivent leur implacable avancée vers les défenses érigées à la hâte de l’Alliance. Un instant, une volée de flèches obscurcit le ciel, et chevaux et cavaliers s’écroulent. Ligne après ligne, la charge de la cavalerie ennemie fond sous les flèches des Elfes Sylvains, mais chaque ligne s’arrête un peu plus loin que la précédente.
La charge de cavalerie ennemie finit par atteindre les fosses camouflées garnies de pieux et nombre de cavaliers s’y empalent, tandis que les flèches, boulets et carreaux géants continuent à pleuvoir sur les lignes ténébreuses. Cependant les archers ennemis prennent à leur tour place et lâchent un déluge de projectiles sur les défenseurs. Malgré la protection offerte par les grands boucliers de siège, nombre des défenseurs sont atteints, et l’échange de projectiles se ralentit.
L’infanterie ténébreuse avance alors à son tour, protégée par de grands boucliers, et entreprend de reboucher les tranchées défensives de la Grande Alliance. Malgré le tir nourri des défenseurs, celle-ci progresse peu à peu, suivie par la cavalerie et les archers. Le feu est bouté aux tranchées emplies de poix, emportant des centaines de soldats à chaque fois, mais les armées de Sardon reviennent à chaque fois plus nombreuses. Vers deux heures de l’après-midi, la dernière tranchée est bouchée. Les lignes ennemies s’écartent brutalement, et la cavalerie Orientale et Noréenne fond sur le mur de boucliers de siège. Cependant les longues hallebardes des Immortaliens et la pluie de projectiles les accueillent et la charge meurt sur les défenses de l’Alliance.
Alors un déluge de projectiles enflammés s’abat sur les lignes de l’Alliance. Des engins de siège sardoniens ont pris place et projettent leurs boulets et carreaux enduits de poix enflammée sur la palissade et les positions ennemies. Bientôt, le champ de bataille est recouvert d’une épaisse fumée noire qui empêche les archers des deux camps de viser correctement. L’après-midi s’écoule progressivement , mais les armées de l’Alliance sont à présent forcées de céder du terrain face à l’implacable marée de soldats de Sardon.
Lorsque le soleil se couche, une question se pose sur toutes les bouches des défenseurs : que font les Salivriens ? Depuis deux heures déjà ils sont attendus pour relayer les soldats immortaliens épuisés à force de manier la hallebarde et l’épée, les archers elfiques commençant à manquer de projectiles et les Nains, partout présents avec leurs haches et leurs marteaux pour stopper les fantassins orques et sardoniens.
Du haut de ses tours où il assiste à la bataille, Sardon ricane. Tout se déroule selon ses plans. Les Salivriens ont été retardés ou éliminés par l’armée qu’il a fait sortir de Minas Dorgil, les Paladins ne sont pas près d’arriver, cloués à cent kilomètres de là par la cavalerie légère mobile des Orientaux, et les Princes de Métal sont encore à deux jours de marche forcée. Il sait que du haut de Celeb Barad, Sriganion et Danaan maîtrisent la situation, que les Elfes et les Nains sur ses flancs est sont toujours au pied des forteresses d’Isradan, Eneval et Rhûn. Et il est loin d’avoir engagé toutes ses forces. Désormais la victoire ne peut lui échapper.
C’est à présent par centaines que les soldats de l’Alliance tombent comme les blés sous la faux de la Mort, et Sardon commence à s’interroger sur la manière dont il finira Loup Solitaire, Tarostar et Linwen. Peut-être les défiera t’il dans un combat qu’il est certain de gagner. Ou alors leur fera t’il endurer les tourments de Morbarad. Il ne sait pas encore quoi choisir, mais il sait cependant que ce jour connaîtra enfin sa revanche sur ses vieux ennemis.
C’est alors que retentit de l’ouest un cor de guerre, son qui se répercute sur les montagnes et les murs dans un grondement assourdissant. Malédiction ! Les Salivriens ont échappé à son piège !
Telle une marée d’acier, les troupes salivriennes déferlèrent sur celles de Sardon. Les cris de douleur emplirent le champ de bataille, et l’air se mêla de sang et de poussière alors que la cavalerie d’Otharion traversait telle une lame chauffée à blanc les noires légions du Seigneur des Ténèbres. Celui-ci voit la victoire lui échapper, et décide de faire donner ses premières troupes de réserve. Il est cependant trop tard, ses armées sont piégées, prises entre deux feux, et une troupe de soldats salivriens armée de haches est en train de réduire en cure-dents les engins de siège que Sardon a fait sortir des murs.
Mais celui-ci n’avait pas dit son dernier mot.
Sur son ordre, les gigantesques machines de guerre cachées derrière les Portes se mirent en action, libérant d’énormes projectiles enflammés sur ses ennemis. Sardon touchait aussi ses troupes encore à l’extérieur, mais peu lui importait. Il se moquait des pertes, l’armée de réserve qu’il gardait derrière ses murs était dix fois plus nombreuse. Au contraire, les rares poches de résistance que formaient ses troupes empêchaient ses adversaires de se replier, les forçant à ralentir pour se battre.
La cavalerie salivrienne parvint cependant à refluer en ordre, et à rejoindre les lignes immortaliennes durement éprouvées, hors de la portée des terribles engins de Sardon. La nuit tomba sur le champ de bataille couvert de cadavres des deux armées. De proche en proche, des feux finissaient de se consumer, éclairant le spectacle macabre. Dans les deux camps, on tint conseil.
Sardon était inquiet. Il n’avait aucune nouvelle de l’armée de Minas Dorgil, qui aurait pourtant dû empêcher les Salivriens de joindre le champ de bataille à temps. Il avait le pouvoir de vaincre ses ennemis séparément, mais s’ils se réunissaient son travail serait beaucoup plus difficile. Ses espions lui annonçaient de plus l’arrivée prochaine des Princes de Métal qui avaient entamé une marche forcée à travers les plaines de Linlad. On les disait à moins d’une journée des Portes. Si l’armée de Minas Dorgil avait été anéantie, l’affaire se présentait mal pour le Seigneur des Ténèbres. Il savait que les Princes de Métal étaient des adversaires redoutables, autrement plus dangereux pour lui que ces stupides salivriens, bien qu’ils n’aient pas le dixième de leur puissance d’antan. Il devait vaincre les deux ennemis avant le midi du lendemain, sinon, à moins que l’armée de Minas Dorgil n’arrive, il serait condamné.
Ses adversaires s’inquiétaient également. Ils savaient que les Princes de Métal avaient du retard, et Otharion leur avait révélé que les troupes de Minas Dorgil étaient sur ses traces, qu’il les avait contournées à l’aide de la flotte d’Elwinglad que Lergwon avait mis à sa disposition, mais il savait qu’ils étaient suivis. Ils étaient surtout inquiets car ils pensaient que Sardon était au courant de cet état de fait, et n’avaient aucune nouvelle du Grand Lumineux et des Paladins. Ils supposaient donc que Sardon les prendrait en tenailles entre ses deux armées à l’aube, et donc firent donner l’ordre à leurs troupes de se reposer en prévision d’une attaque au petit matin, et de ne laisser qu’une garde réduite pour la nuit.
Ce qui expliqua pourquoi l’assaut nocturne de Sardon prit totalement par surprise les armées de l’Alliance.
La Premiere Nuit
Après mûre réflexion, Sardon avait en effet décidé d’attaquer de nuit. Ne sachant pas s’il pouvait ou non compter sur l’armée de Minas Dorgil, il avait préféré tout miser dans un grand assaut nocturne plutôt que d’attendre d’éventuels renforts qui pourraient ne jamais arriver. Il était pris par le temps, les Princes de Métal seraient là le soir, voire peut-être même avant s’ils forçaient l’allure. Il fallait donc attaquer avant qu’il ne soit trop tard.
A nouveau le Naur Annon s’ouvrit en grand, déversant des nuées d’Orques et d’Humains renégats, d’engins de guerre et de cavaliers. Des milliers de fantassins et d’archers protégés par de lourds boucliers s’avancèrent vers les tranchées à présent comblées par les cadavres de la veille, portant des torches qui illuminèrent tout le champ de bataille en poussant des cris de guerre.
Ce fut ce qui perdit Sardon. Pensant trouver des ennemis prêts à l’accueillir les armes à la main, il avait préféré miser sur la puissance que sur la discrétion. Il aurait envoyé ses Silencieux, le sort de la bataille et l’avenir de Minyador en eût été changé. Mais il ne pouvait savoir que ses ennemis ne s’attendaient pas à cet assaut nocturne.
Des cris d’alarme retentirent partout dans le camp des défenseurs, mais les cavaliers de l’Ennemi étaient presque sur les premières lignes des défenseurs lorsque les Alliés commencèrent à s’organiser. Les soldats des premières lignes se firent balayer, et la cavalerie de Sardon parvint presque à atteindre le centre du camp avant d’être stoppée par les hallebardiers de l’Alliance.
C’était une catastrophe. La charge de la cavalerie ténébreuse avait creusé un grand trou dans les défenses, par lequel à présent les fantassins lourds s’engouffraient, tuant tous ceux qui se tenaient encore sur leur passage, Elfes, Nains ou Humains.
Mais alors que les premiers engins de défense de l’Alliance se mettaient enfin en mouvement et que la cavalerie salivrienne, qui avait établi son camp un peu à l’écart, rétablissait sa formation, une ligne de défenseurs commença à ralentir l’implacable avancée. D’abord elle se fit balayer, puis elle ralentit l’infanterie ennemie jusqu’à la stopper. Les archers elfiques firent à nouveau pleuvoir un déluge de traits sur la cavalerie ennemie qui fondit, rang après rang, avant de se retirer pour laisser place à l’infanterie orque lourde derrière ses lourds pavois. Mais Loup Solitaire donna ordre à ses catapultes de faire feu et les blocs de rocher tracèrent de larges sillons dans les légions ténébreuses.
Une nouvelle fois les troupes de Sardon refluèrent, laissant le temps aux terrassiers nains de creuser de nouvelles tranchées qui furent remplies de naphte et d’établir une nouvelle palissade de défense. Les engins de Sardon firent à leur tour pleuvoir une pluie de projectiles sur ces fragiles défenses, mais à chaque fois qu’une brèche apparaissait, par laquelle s’engouffrait aussitôt les soldats de l’Ennemi, la défense tint bon et la nuit s’avança.
Mais Loup Solitaire s’inquiétait de la présence sur son flanc ouest de l’armée de Minas Dorgil qui s’approchait peu à peu, et craignait que l’irruption de ces troupes ténébreuses fraîches fasse pencher la balance de la bataille en faveur de Sardon.
Alors qu’un nouvel assaut depuis le Naur Annon refluait, il prit la décision risquée de scinder ses troupes en deux, la moitié d’entre elles étant chargées de retenir au maximum l’armée de Minas Dorgil en attendant la venue des Princes de Métal, dont les puissantes machines de guerre permettraient probablement de prendre l’avantage. Cette manœuvre était cependant osée car elle laisserait le camp avec une garnison réduite, ce qui, si Sardon donnait l’ordre de lancer un assaut généralisé, causerait la défaite de l’Alliance. Il envoya d’abord trois messagers de confiance, montés sur des laentir, pour voir où en étaient les renforts menés par Arastor. Puis il envoya une troupe composée de différents éléments de son armée — afin de garder une proportion identique de soldats de chaque armée dans le camp pour ne pas éveiller les soupçons de Sardon — à la rencontre de l’Armée de Minas Dorgil. C’est à ce moment-là que les historiens pensent que le Seigneur de la Lumière dut le plus regretter que l’emploi de magie pour communiquer ou déplacer plus rapidement les troupes fût dangereux en raison de la nature chaotique des champs magiques due aux pouvoirs ténébreux des mages de Sardon. Certes, le maintien de ce bouclier chaotique empêchait les mages ténébreux de faire appel à d’autres pouvoirs, mais à quel prix pour les Alliés ! En effet, Loup Solitaire n’avait en conséquence aucun moyen fiable de communiquer avec le Grand Lumineux, qui était sans conteste le meilleur stratège de l’Alliance, mais qui était coincé avec le reste des Paladins par la cavalerie légère d’Ángris-Khân, chef Oriental redouté, quelque part plus à l’est. Ah, que la cavalerie et l’infanterie lourdes paladines auraient été plus utiles ici !
Cependant du haut des tours du Naur Annon, Sardon se réjouissait. Ses éclaireurs lui avaient enfin rapporté l’approche de son armée occidentale. Il n’avait qu’à attendre et écraser ses ennemis entre ses deux armées. Même si les Princes de Métal arrivaient et se joignaient à la bataille, il avait les moyens de gagner la guerre. Il lui suffisait simplement de saper le moral de ses ennemis déjà engagés, et pour cela il disposait d’une arme de choix : la peur.
Il ne se pressa pas, oh non. Au contraire, il multiplia les fausses alertes, les Portes s’ouvrant parfois pour une armée, parfois uniquement pour quelques soldats. Mais derrière le Naur Annon, il se préparait. La fin de la nuit approchait, et ses Silencieux étaient en pleine activité sur le champ couvert de cadavres séparant les défenses du Dor Gauroth des positions de l’Alliance, ombres noires à peine discernables dans la fumée et la poussière même pour les yeux elfiques …
Le Second Jour
Puis le soleil jaillit au-dessus des sommets de l’Ered Dûr, et tout devint silencieux. Le bruit du vent remplaça le fracas des lames et des engins de siège, et la poussière retomba peu à peu, révélant un champ de bataille désert. Çà et là, quelques feux finissaient de se consumer, des bannières déchirées flottaient au vent, des hampes de lances, des boucliers et des flèches brisés émergeaient de l’étendue de cendres séparant les deux armées.
Le Naur Annon était fermé, les noirs oriflammes de Sardon claquant au sommet de chaque tour faisant face aux bannières vertes, blanches, rouges et bleues des Elfes, Immortaliens, Esmir et Salivriens. Autour des positions de l’Alliance s’activait une armée de terrassiers nains chargée de renforcer les palissades, de vider les tranchées et de les remplir à nouveau de pieux, de naphte et de rochers coupants.
Mais Sardon ne faisait plus mine d’attaquer. Les Alliés en profitèrent pour étendre les tranchées vers l’ouest, et l’écho des pioches emplit la vallée. Puis une compagnie de cavaliers dirigée par Loup Solitaire en personne s’avança.
« Que le Seigneur des Ténèbres s’avance ! Justice lui sera rendue ! »
Mais seul le vent lui répondit.
« Qu’il sache qu’il n’a aucun espoir de victoire en ce jour, que ceux qui se rendront de leur plein gré se verront pardonnés si leur repentir est sincère. Mais pour ceux qui continueront à perpétrer de telles atrocités, la Mort sera la seule sentence ! »
Aucune réponse ne fut donnée à la provocation, et Loup Solitaire, après de longs instants, reprit la parole.
« Si tel est votre choix, alors votre fin sera rapide. Sachez, Sardon, que votre défaite est acquise. Partout sur Minyador les Peuples Libres s’assemblent pour votre perte. Voyez, au Nord, les légions d’Arastor, qui sont maintenant en vue. Voyez, à l’Ouest, voguer la flotte d’Haar de la Montagne aux Ecritures. Voyez, à l’Est, venir les forces de Godorno, Krysmaldra et du Xewign. Voyez, au Sud, vos forteresses de Mobgor et de Talath Naur tomber l’une après l’autre entre les mains des Holonars et des Helvins. Salut, Seigneur des Ténèbres, et adieu. »
Les émissaires se retirèrent alors, alors que la clameur de milliers de chevaux, de pieds ferrés et le grondement des engins de guerre apparaissait au loin. Les troupes de l’Empire de Métal arrivaient.
Mais les portes du Naur Annon restaient closes. Le seul mouvement discernable sur les murs était le va-et-vient des sentinelles, plus de cent cinquante pieds au-dessus de la plaine couverte de cendres. Les engins et les troupes d’Arastor se mirent en place. Lourds mangonneaux, trébuchets, hautes tours de siège et solides béliers, défendus par des légions de chevaliers bardés de métal et manipulés par de nombreux soldats et ingénieurs aux couleurs de l’Empire. Derrière se rassemblait un nombre conséquent de mages, qui seraient capables de faire obstacle aux vents chaotiques des sorciers sardoniens. La vallée était à présent couverte de bannières flottant au vent.
Puis vers midi, un nouveau groupe d’émissaires s’avança vers les Portes. Aux bannières de l’Immortalitas, de l’Esmirial, des Terres Immortelles et du Salivrat s’étaient à présent jointes celles de l’Empereur de Métal. Celui-ci, une fois arrivé à un jet de flèche des Portes, saisit son cor et en sonna une note qui résonna dans l’air de la froide journée d’hiver. Mais ce fut Loup Solitaire qui prit à nouveau la parole.
« Pour la dernière fois, nous vous sommons de vous rendre. Cette effusion de sang doit cesser. Ne croyez pas vaincre ainsi, toutes les forces de l’Alliance sont en train de réduire vos dernières places-fortes à néant. Tôt ou tard Morbarad elle-même sera assiégée et prise. Vous le savez, Sardon. Que vous vous rendiez ou non, vous avez perdu. Vous rendre limitera la quantité de sang versé dans ces batailles ineptes. De plus vous pourrez atteindre à la rédemption ce faisant, alors que continuer à vous battre ne pourra qu’entériner la haine des Peuples Libres de Minyador contre vous. Nombre de vos anciens lieutenants l’ont compris, tels les Grands Amiraux de Xewign ou le Roi-Sorcier. Ensemble nous pouvons reconstruire un monde où la charrue remplacera l’épée, où la vie remplacera la mort. Mais pour cela, vous devez cesser cette guerre. »
L’on dit que Sardon éprouva réellement du remords en entendant ces paroles. Mais il était déjà allé trop loin, et quelques jours plus tôt dans la sombre tour de Morbarad, il avait vu en rêve l’avenir de Minyador, et savait que tout n’était pas perdu pour lui. En cet instant furent posées les premières pierres des Guerres Chaotiques… Mais nul, pas même lui, ne se doutait quelle serait la portée de ces décisions. C’est pourquoi il donna enfin sa réponse. Un claquement retentit, et un boulet unique jaillit de derrière la muraille pour frapper le groupe de plénipotentiaires, tuant net Keryan Moro, le frère de Cedwal, et plusieurs autres personnages importants dont les noms ne seront pas donnés ici, par souci de simplification.
Sardon venait de sceller son destin… Du moins le semblait-il.
Alors que les émissaires se retiraient vers leurs lignes, certains d’entre eux retenant ceux qui n’avaient été que blessés par le boulet, un concert de grincements et de claquements retentit, et une pluie de projectiles tomba sur ceux-ci ainsi que sur les premières lignes de l’Alliance. Ceux qui regardèrent ces projectiles poussèrent des cris d’horreur, car il s’agissait des têtes de tous ceux qui avaient été tués depuis le début du Dagorelda. Puis la pluie horrible s’arrêta un instant, hormis pour deux seules têtes qui firent une longue parabole avant de finir entre les pattes du cheval de Loup Solitaire. Le sang de celui-ci ne fit qu’un tour lorsqu’il reconnut les visages de Cedwal Moro et d’Ivan Korvanov. Alors la voix de Sardon s’éleva par-dessus ses murailles.
« Je suis vaincu, dites-vous ? Mais dites-moi, pauvres mortels, pourquoi ces hommes et toute leur armée ont été écrasés sous les murs de Celeb Barad ? »
Puis une seconde tête alla à nouveau rouler dans les lignes de l’Alliance. C’était celle du général salivrien qui avait reçu la charge de retenir l’armée de Minas Dorgil.
« Et vous devriez éviter d’envoyer d’aussi bons généraux à une mort certaine. Enfin si la mort est votre choix… »
Sur ce, un gigantesque glas retentit, et les sombres Portes du Naur Annon s’ouvrirent en grand, vomissant des légions entières de formes ténébreuses entourées par des milliers d’orques et d’humains. Au même instant, le son d’un cor retentit à l’ouest, et les premières lignes de l’armée de Minas Dorgil apparurent de derrière la dernière rangée de collines. Mais ce ne fut pas le seul cor à répondre. Du nord-est retentit soudain le fracas de milliers de sabots, et une armée d’Orientaux fondit sur les arrières des armées de l’Alliance.
Le moral des soldats, déjà durement éprouvé par la nouvelle de la mort de Cedwal et d’Ivan, flancha encore plus, et plusieurs compagnies, notamment celles venues du Beorinhagan, abandonnèrent leurs positions, cherchant le salut dans la fuite. Les troupes d’Immortalitas, de Salivrat, de l’Empire de Métal, d’Esmirial et des Terres Immortelles gardèrent cependant leurs positions, se rassemblant autour de leurs seigneurs.
Les machines de guerre de l’Empire furent les premières à entrer en action. Les énormes trébuchets, mangonneaux et scorpions lourds envoyèrent leurs lourds boulets et carreaux géants sur les formes ténébreuses, mais cela ne sembla rien leur faire, les Ombres cauchemardesques poursuivirent leur implacable avancée. Les Princes de Métal redirigèrent donc leurs tirs sur les murs du Naur Annon et sur les soldats humains et orques. Cependant ceux-ci ne semblèrent pas plus souffrir que les infâmes Ombres.
Loup Solitaire et ses Mages décidèrent alors de tenter le tout pour le tout et de braver les vents de magie chaotique que Sardon leur envoyait. Aidés par la puissante magie des Princes de Métal, ils rassemblèrent leur énergie pour former un puissant contre-charme. Malheureusement, leur sort échoua t’il, ou bien cette protection était-elle inhérente à ces cauchemars de l’au-delà, toujours est-il que lorsque le sort se déclencha, seules les créatures sardoniennes qui étaient à une relativement grande distance de ces Choses devinrent vulnérables. Les machines de l’Empire durent alors se résoudre à bombarder les légions de Minas Dorgil et les murailles du Naur Annon, les Orientaux étant trop mobiles.
Le premier contact se fit avec les cavaliers Orientaux. Bien entraînés, les hallebardiers immortaliens surent stopper les premières lignes, mais les cavaliers chargeaient toujours plus nombreux, et finirent par percer le premier front de défenseurs, avant de s’empaler sur la seconde ligne de lances.
Au même instant, les troupes de Minas Dorgil, bien que décimées par les balistes et mangonneaux, atteignaient les premières tranchées piégées, où furent envoyées des flèches enflammées. Le naphte s’embrasa instantanément, et la charge de l’infanterie de Minas Dorgil se brisa sous un déluge de flèches.
A ce moment-là, les armées du Naur Annon atteignirent elles aussi les fosses emplies de naphte, mais l’horreur se lut sur les visages des soldats de l’Alliance lorsque contrairement à celles de Minas Dorgil, les flammes et les flèches ne semblèrent causer aucun dommage aux soldats voisins des horribles Ombres, et l’avancée implacable se poursuivit. Les Orques et les humains renégats poussèrent des cris de triomphe, et la peur commença à sourdre dans les rangs de leurs ennemis. Les premières lignes finirent par atteindre les palissades où les attendaient lanciers et guerriers, des échelles innombrables furent dressées, et le corps à corps commença.
Heureusement pour les soldats de l’Alliance, la protection donnée par les Ombres sembla ne pas résister aux lames sanctifiées des Hauts Humains et aux haches runiques des Esmir, mais l’espoir retomba lorsque la première des Ombres monta sur la palissade. Un jeune soldat voulut la frapper de son épée, mais au moment où sa lame traversa de part en part la chose, il eut un hoquet et s’effondra en se tordant de douleur dans son armure qui se mit instantanément à fondre, alors que l’Ombre, nullement incommodée, s’avançait vers un groupe de soldats elfiques qui recula instinctivement au vu de ce spectacle. Alors Sardon envoya alors une nouvelle salve de têtes tranchées pour parachever la chute de moral ennemie.
Soudain le sol trembla, les volcans Anlith et Orod Nienor, entourant le Naur Annon, crachèrent de grands nuages de cendres qui obscurcirent la lueur du soleil, et Sardon parut.
Grande forme sombre bardée de métal inspirant une terreur terrible juchée sur un cavale crachant flammes et fumée, il vint pour affronter les champions de la Lumière. A cette vue tous tremblèrent et reculèrent, tandis que ses légions, galvanisées, se jetaient avec une fureur décuplée sur celles de l’Alliance.
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A suivre : la fin de Dagorelda...
[ Dernière modification par Lord_Darkmore le 17 déc 2007 à 11h43 ]
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Lord_Darkmore Hors Ligne Membre Inactif depuis le 15/09/2023 Grade : [Sortisan] Inscrit le 01/06/2006 8539 Messages/ 0 Contributions/ 21 Pts | Envoyé par Lord_Darkmore le Lundi 17 Décembre 2007 à 11:42
... et un petit bout de storyline...
La Fin d’Erenov
Sardon s’avança vers les lignes de l’Alliance, et tous fuirent devant la terreur qu’il inspirait. Il s’avança, insoucieux des flèches et des carreaux qui pleuvaient à présent autour de lui. Par dizaines les soldats d’Immortalitas, de Salivrat et des Terres Immortelles tombaient sous sa lame noire, la terrible Moranket. Rien ne semblait entraver sa progression. Et derrière lui, ses noires légions se pressaient, avides de fouler une terre purifiée des derniers seigneurs de la Lumière. Ailleurs, les Ombres progressaient, semant mort et destruction dans les rangs des défenseurs.
Mais Loup Solitaire et ses généraux ne restaient point inactifs, loin de là. Les fronts des Orientaux et de Minas Dorgil étaient contenus par la défense solide des humains et des Nains, et les mages de l’Alliance étaient prêts à présent. Ils n’attendaient plus que le signal de leurs seigneurs.
Cependant une inquiétude subsistait dans chacun des camps. Qu’étaient devenus les Paladins ? Les armées de l’Alliance craignaient en effet que l’arrivée des Orientaux soit le signe de leur défaite, mais Sardon savait ce qu’il en était réellement. Il avait fait rompre le harcèlement des Orientaux afin d’encercler totalement les Alliés, mais cette manœuvre comportait un certain nombre de risques. Il avait compté sur la vitesse de la cavalerie pour achever rapidement les Immortaliens et les Princes de Métal avant l’arrivée des Paladins, mais il savait que ses chances de victoire seraient fortement réduites si les Paladins parvenaient à atteindre le théâtre des combats avant sa victoire. C’était son dernier coup de bluff, et il espérait que celui-ci réussirait.
Alors une sonnerie de trompe claire retentit depuis le pavillon des généraux de l’Alliance, et de minces jets de lumière jaillirent des paumes des mages de l’Alliance, allant frapper les Ombres et Sardon. Sardon ne sembla en éprouver aucun inconfort, mais ce ne fut pas le cas pour ses créatures qui se dématérialisèrent en grand nombre.
Sardon ne riait plus. Il leva son arme, et des flammes coururent sur la lame. Le sol trembla à nouveau, et s’ouvrit entre les rangs de l’armée de l’Alliance, engloutissant nombre de soldats et mages hurlants. Puis le Seigneur Noir reprit son avancée implacable, traçant une large traînée de cadavres dans les lignes adverses. Tendant son poing, il pulvérisa la palissade et entra dans le camp de l’Alliance.
Aussitôt, une légion entière de Princes de Métal se porta à sa rencontre, armes au clair. Cent soldats bardés d’acier, tenant de lourdes flamberges et masses d’armes. Sardon eut un ricanement, et frappa. Dix Princes de Métal périssaient à chaque coup, et leurs coups ne semblaient rien faire au Seigneur Noir de Dor Gauroth. Les cent guerriers ne faisaient pas le poids. Sardon continua à avancer, suivi par ses soldats assoiffés de sang.
Puis ce fut au tour de quinze mages Oïfënians, menés par le puissant mage Erenov, d’affronter le puissant personnage. Seize sorts d’une inconcevable puissance frappèrent le Seigneur des Ténèbres. Toute vie fut balayée dans un rayon de quinze mètres autour du sombre personnage, et Sardon chuta à terre. Des vivats s’élevèrent des lignes de l’Alliance, mais les cris de joie moururent sur les lèvres lorsque Sardon se releva, apparemment indemne. Il tendit sa main gantée de métal, et un mage périt, sa vie absorbée hors de son corps. Les quinze survivants ripostèrent aussitôt, et des flammes blanches entourèrent le Seigneur Noir. Le sol fondit instantanément sous celui-ci, et il retomba à genoux. Son armure vira au blanc et se mit à fumer, mais Sardon eut un geste de la main, et les flammes furent soufflées en un instant, ainsi que la vie de huit autres mages, et il reprit son avancée vers les Oïfënians. La peur se vit dans les yeux de ceux-ci, et même Erenov parut ébranlé. Le sortilège était l’un des plus puissants qui soient, et Sardon ne semblait avoir subi aucun dommage. Seule son armure avait légèrement souffert, montrant ça et là des bosselures. Et Sardon draina à nouveau la vie de plusieurs mages.
C’en fut trop pour deux des survivants qui prirent la fuite. Seuls, Erenov et son fils Erenovil firent encore face au Seigneur des Ténèbres. Alors Erenov dit à son fils :
« Erenovil, mon fils, ce sera mon dernier combat, je le sens. Pars avec les Armes des Enchanteurs, et tente de les préserver de la haine de Sardon. Sauve ce qui peut l’être de l’esprit de la Lumière. Va. »
Et Erenovil partit, laissant son père seul face au tyran de Dor Gauroth.
« Erenov », fit Sardon. « Depuis le temps que j’attendais ce moment…
— Moi de même, Ennemi de la Lumière. Salut, Seigneur des Ténèbres, et adieu. »
On assista alors au plus grand combat de magie qui eut lieu depuis l’Age du Chaos. Des sortilèges d’une puissance inconcevable traversèrent l’espace entre les deux protagonistes. L’air se chargea d’une énergie mortelle, et l’Æther même se tordit, utilisé comme arme par l’un comme l’autre. Une bulle de magie se forma peu à peu autour des deux combattants, rendant difficile à distinguer ceux-ci.
Autour d’eux, tout mouvement s’était immobilisé. De ci de là résonnaient les cris des mourants, mais sinon tous les affrontements avaient laissé place à un silence de mort. Tous attendaient le résultat de ce combat titanesque entre deux des plus puissants mages minyadoriens.
Les minutes s’égrenèrent, et peu à peu il apparut que chacun des deux avait une technique de combat différente. Erenov multipliait les sorts de défense avec effet de riposte élémentale, tandis que son ennemi employait des sorts agissant sur l’esprit, comme purent ensuite en témoigner certains des survivants des zones voisines, qui étaient parfois frappés en retour par des sorts déviés sur les barrières du mage. Mais peu à peu il devenait évident qu’Erenov faiblissait. Son front se couvrait de sueur – chose très rare chez les Oïfënians – et les spectateurs voyaient à présent ses défenses repoussées peu à peu par les sorts que le Prince des Ténèbres semblait lancer nonchalamment, comme si pour lui ce n’était qu’un jeu que de combattre le mage.
Puis soudain, Sardon prononça ces quelques mots :
« Bon, tu m’as assez amusé comme ça. »
Un éclair d’un noir tellement intense qu’il resta en image rémanente sur la rétine de tous pendant plusieurs minutes jaillit de la paume gantée de métal du Seigneur des Ténèbres, traversant tel une arme chauffée à blanc les défenses magiques d’Erenov pour en frapper le mage et creuser un large cratère derrière celui-ci. Erenov regarda son ennemi et dit quelque chose que nul autre que Sardon n’entendit. Puis il ferma les yeux et disparut en fumée.
Ainsi périt l’un des plus grands mages qui ait jamais foulé la surface de Minyador.
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[ Dernière modification par Lord_Darkmore le 23 aoû 2008 à 21h16 ]
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