Chapitre 3 : La première ouverture
Elle épousseta subservisement la poussière sur sa robe tout en marchant d'un pas particulièrement rapide dans les couloirs du château. Depuis la mort de Mishra, la guerre s'était calmé, mais Urza était partie et le royaume entier, la terre de Dominaria était restée en proie à la menace des phyrexians. Même si le portail avait été en partie scellé et la menace repoussé, ils n'en restaient pas moins là, tapis dans l'ombre, attendant leur prochaine arrivée sur leur plan.
Elle avait soigné bon nombre de gens pendant la guerre, des riches, des pauvres, des combattants et des lâches, peu importait, elle s'en occupait avec la même ferveur, c'était ce qui faisait sa force et tout le monde le lui avait reconnu. Tant et si bien que lorsqu'Urza disparut, elle fut élue au rang de doyenne en attendant un prochain roi pour Dominaria. Elle accepta cette charge tout en continuant à aller et venir entre les différentes infirmeries afin d'apporter son aide, une aide très précieuse pendant des temps incertains car la main blanche est seul repère dans une nuit noire.
Pourtant, elle avait quand même eu le temps de fonder une famille durant la guerre, même si fonder n'était pas exactement le nom approprié. Elle connut un beau soldat au commencement des hostilités, il devint son amant pendant les quelques jours de calme avant la tempête qui s'annonçait. Elle ne le revit jamais, jamais physiquement, son nom figurait dans la longue liste des morts pour la survie du royaume. Ce jour-là, elle n'avait pu soigner personne, reclus dans ses appartements de l'aube au crépuscule, elle n'avait cessé de pleurer la perte de son défunt amour, amour qui lui avait arrondi le ventre.
Effectivement, elle était enceinte, le seul souvenir qu'elle garderait de celui qu'elle avait aimé. Tout le long de sa grossesse, elle continua à apporter son aide aux malades et blessés en tout genre sans jamais faillir à sa tâche, elle continua même son incantation d'onguents de soins alors qu'elle perdait les eaux, il eut fallu l'emmener de force jusqu'à l'infirmerie pour qu'elle daigne laisser quelques minutes sans soigner les autres pour accoucher. Une fois le bébé sorti, elle lui donna un nom et repartit à sa charge.
Le bébé, une petite fille, portait le nom comme une marque encrée au plus profond d'elle qui en ferait la digne fille de la lignée, Orime.
Nul temps à consacrer à son enfant, les soeurs du château s'en chargeait, Gwendo, quand à elle, devait s'occuper des tâches médicales mais aussi de la maintenance de son royaume.
Ce jour-là, quelque chose allait changer, et même si elle n'était pas voyante elle le pressentait, ce qui ne tarda pas à arriver. Alors qu'elle se dirigeait vers la salle des grands brûlés, un portail de la taille du couloir dans lequel elle se trouvait s'ouvrit, au travers de ce portail apparaissait un étrange homme, de très grande taille, habillé d'une armure rouge virant au noir avec un grand casque et un sceptre à la main.
Croyant à une invasion phyrexiane, Gwendo s'apprêta à avertir les gardes de son château de sonner la grande alerte mais elle entendit :
Le Juge : Non ! Attends Gwendo !
Étonnée que la personne au-delà du portail connaisse son nom, elle s'arrêta et fit face à son interlocuteur :
Gwendo : Qui êtes-vous ?
Le Juge : Je me nomme, Le Juge, je suis le dirigeant du plan nommé Aréna, je viens en paix afin de t'offrir la possibilité d'obtenir un objet d'une puissance inégalée.
Gwendo : Quel objet ?
Le Juge : Je ne peux t'en dire plus à son sujet, mais sache que si tu désires l'obtenir, il te faudra participer à un tournoi opposant dix plans entre eux, et un seul d'entre eux sortira vivant, le plan vainqueur, remportera ce prix.
Gwendo : Comment vient-on pour participer ?
Le Juge : Patience... si ton plan compte participer au tournoi, il devra, en compensation, offrir son bien le plus précieux. Si tu as toujours l'intention de participer, montes-toi une armée de 100 000 êtres maximum et attends moi, dans trois jours précisément je reviendrais te voir.
Le portail se referma comme il s'était ouvert, de manière inexpliqué. Gwendo ne savait trop que penser de cette proposition, peut-être s'agissait-il là d'une duperie des phyrexians pour détruire l'armée de Dominaria, mais cela ne semblait pourtant ne pas être leur genre que de faire de belles histoires pour attirer quelqu'un dans leurs filets.
Elle tourna les talons, les grands brûlés allaient attendre, quelque chose de plus important se préparait et il lui fallait un avis immédiats. Toujours dans la rapidité du moment, elle convoqua le conseil et lui fit part de la discussion et avec la personne extra planaire.
Consul1 : N'êtes-vous pas folle Gwendo ? Discuter ainsi avec une personne d'un autre plan ! Et si ce plan était celui de Phyrexia ?
Gwendo : Il n'en avait pas l'air, la personne qui s'est adressé à moi connaissait mon nom et parlait comme un gentilhomme...
Consul1 : Duperie phyrexianne ! Il ne cherche qu'à vous voiler les yeux pour mieux vous attirer dans leurs griffes !
Consul2 : Non je ne pense pas... Les phyrexians sont vils mais ils ne sont pas félons, je les ai déjà vu, aussi bien que je vous vois, un phyrexian ne cachera jamais sa vrai nature, il vous tuera immédiatement ou jamais, c'est ainsi.
Consul1 : Que fait-on alors ? Si nous envoyons autant d'homme avec Gwendo dans ce "tournoi" nous nous retrouverons sans la moindre défense.
Consul2 : N'oubliez pas le plan d'Urza, l'héritage a été achevé, il ne manque plus que son étincelle et cette dernière est en train de naître quelque part dans le multivers, je pense que nous pouvons laisser Gwendo aller à ce tournoi avec ses hommes, si jamais elle réussit à remporter ce lot, il se pourrait que l'héritage ne nous serve alors plus à rien.
Consul1 : Vous omettez le bien le plus précieux de notre plan réclamé par ce "Juge", que va-t-on lui donner?
Gwendo : Donnons-leur une partie de l'héritage...
Consul1 : Êtes-vous sérieuse ? Urza a sué sang et eau pour créer l'arme qui nous permettra de mettre fin à l'oppression de Yaugzebul et vous voudriez que nous le sacrifions pour un tournois dont l'ide est totalement incertaine?
Consul2 : Inutile de s'énerver, elle ne propose de prendre qu'une petite partie de l'héritage, prenons donc la pierre de lumière, c'est un des artefacts les plus puissants mais il nous restera les autres, je doute que cela fasse une si grande différence.
Le premier consul soupira voyant que tous étaient contre lui.
Consul1 : Fort bien, qu'il en soit ainsi, mais revenez vainqueur, Gwendo, pensez à votre fille...
La décision prise, les citoyens de Dominaria furent tous mis au courant, et des appels à la solidarité furent lancés. Bon nombre de Dominarians vinrent pour apporter leur pierre à l'édifice, des elfes, des clercs, des soldats, des dompteurs de bêtes en tout genre, etc. Bien vite, l'armée de 100 000 êtres, animaux, humains et machines confondus furent emmené dans une grande plaine ou l'heure s'écoulait jusqu'à la réouverture du portail.
Les heures qui l'en séparaient furent transformées en minutes puis en secondes jusqu'à ce que, devant Gwendo qui se tenait droite, dans toute sa beauté habillée de sa robe verte, devant sa légion qui lui donnait, désormais, toute sa confiance, la pierre de lumière à la main.
Affichant le Juge, le portail s'ouvrit jusqu'à atteindre la largeur de la plaine. La voix du Juge raisonna jusqu’au confins des montagne :
Le Juge : Tu as donc accepté de participer Gwendo, voilà qui me ravi, quel présent donnes-tu pour ton passage ?
Elle tendit devant elle la pierre de lumière et tenta de monter sa voix pour qu'il l'entende :
Gwendo : C'est la pierre de lumière, un artefact...
Le Juge : Appartenant à l'héritage ! Très bien ! Je n'en attendait pas moins de toi, lances-le donc au travers du portail, je te ferais passer ensuite.
Hésitant un instant, Gwendo finit par se décider et projeta la pierre au travers du trou béant qui se présentait devant elle, elle vit alors par le portail, le Juge attraper ce qu'elle venait de lancer, mais la pierre avait grossit telle qu'elle la voyait par le portail. Les troupes rassemblés craignaient qu'à ce moment précis, la personne par delà le portail ne le fasse s'estomper, résiliant le contrat et emportant la pierre avec elle, mais ils s'inquiétaient pour rien :
Le Juge : Parfait ! Maintenant, Gwendo, pénètres donc ici avec tes hommes.
À ces mots, la représentation du portail changea, ce n'était plus le Juge qui apparaissait mais une plaine d'apparence paisible, entourée de murets, sa taille semblait imposante.
N'hésitant pas davantage, le temps ayant déjà été suffisamment perdue, la commandante des dix mille êtres appela à rentrer dans la porte ce qu'ils firent tous immédiatement.
De l'autre coté, ils se retrouvèrent dans une plaine tranquille entourée de remparts, aucune autre âme ne vivait ici, une porte se trouvait dans l'un des murs entourant l'enclos, la voix du Juge les fit sursauter alors que le portail par où ils étaient entrés se refermait.
Le Juge : Bienvenue à Aréna mes amis ! Désormais, il n'y a plus de chemin retour, vous resterait ici jusqu'à la mort ou la victoire selon votre destin. Les combats débuteront d'ici quelques jours, en attendant, nous vous apporteront régulièrement à manger et à boire.
Elle était rassurée, ce n'était pas une duperie, elle allait bel et bien se battre, et elle comptait bien gagner.
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[ Edité par Mimura Le 29 nov 2005 ]