Allez, un peu de douceur dans vos vies bande de brutes !
Chapitre IX : DE L'OR DANS LE DÉCOR
Bien que le palais de Kahaadul ne paraisse pas bien grand, c'était un vrai palace... Mais bon, c'est vrai qu'il n'était quand même pas bien grand, et l'ambiance laissait un peu à désirer malgré la déco selon les rumeurs, enfin, le service y était impec' paraissait-il, et leur spécialité, le strudel au poivre VÉGÉTARIEN n'en était pas moins bon... Bref, passons pour en revenir à des choses un peu plus intéressantes : Porcepied et ses amis lapin câlin et hyè-yène, qui admiraient un magnifique édifice de briques couleurs safran et or, décorées de motifs et frises d'un bleu royal, représentant apparemment d'épiques luttes de légumes gladiateurs. Comme à l'accoutumée, on pouvait retrouver les deux gardes armés à la porte d'entrée principale ; ils avaient d'ailleurs la même apparence que ceux qui gardaient les murs de l'oasis : deux gros navets en armure et tout en muscles, munis chacun d'un cimeterre, le crâne épais et le regard pas très fin.
Kerdaek, comme timide, s'approcha seul du couple de brutes en leur tendant une lettre qu'il avait sortit de son enveloppe. Le premier soldat la prit brusquement, avant de fixer la hyène longuement. Il entreprit ensuite la lecture du document qui avait l'air de s'avérer difficile ; après quelques secondes, il passa le relais à son compère se plaignant dans sa barbe qu'il ne savait pas lire. L'autre garde la lut ( non sans prendre son temps ) et ils purent enfin pénétrer dans l'antre de Kahaadul... En parlant de lui, qui était-ce ? Porcepied n'en avait jamais entendu parler auparavant, et il appréhendait un tant soi peu cette rencontre qui se ferait sous bien peu de temps. Il avait en tout cas l'air d'un riche et puissant homme, pour peu qu'il en fusse un.
L'intérieur était magnifique : murs de marbre nacrés, tapisseries colorées, palmiers géants bordant les parois de la pièce, encensoirs en or pendant du plafond, motifs raffinés sur chaque dalle dorée tapissant le sol, bref, un préjugé que c'était fait le cochon n'était à coup sûr non sans fondement... Le bonhomme était sacrément riche ! Il les attendait d'ailleurs de l'autre côté de la pièce, au pied l'une petite marche donnant sur ce qui serait sans doute une autre salle des merveilles. Une petite fontaine les séparait de leur hôte et Porcepied avait de la peine à définir les traits du personnage à travers le fin nuage et les gouttelettes d'eau que faisait magiquement voleter dans toute la pièce le jet ; mais à mesure qu'ils avançaient, notre exilé put reconnaître un légume, ce qui laissait présager que Kahaadul était un autochtone. C'était en fait un digne représentant d'une longue lignée de patates qui avait su s'imposer dans l'oasis grâce au commerce et à la formation militaire qu'il dispensait jadis dans cette caserne maintenant reconvertie en vrai palace. Il était vêtu d'une très sobre toge blanche et d'un large turban mais étrangement, ne portait aucun bijou, ce qui n'était ( Encore plus étrangement ! ) pas le cas du docile chien noir qu'il caressait paisiblement.
- Kerdaek, après une petite courbette : Monseigneur, me voilà enfin à vous. Je suis bien content de me retrouver à nouveau sain et sauf sous votre toit... J'ai avec moi ce qu'il avait été dit que je vous apporterai.
- Kahaadul : Ah, mon cher Kerdaek, tu sera toujours le bienvenu pour ce qui est de m'annoncer tes bonnes nouvelles. Mais je vois que tu as amené deux de tes compagnons, vous devez être fatigués, suivez moi donc dans le Grand Salon.
Et les trois voyageurs le suivirent. Après une multitude de pièces et couloirs garnis de tableaux, vases et autres bibelots de luxe, ils arrivèrent à ce qui s'appelait apparemment le Grand Salon... En tout cas quelque chambre qu'elle fut, elle portait bien son nom : c'était une immense salle rectangulaire dont je vous épargnerai tous les détails, haute, très haute avec, en longueur, un étroit canal creusé dans le parterre où circulait une eau limpide, et qui traversait les deux murs du fond, donnant sur des cuisines, comme le découvriraient bientôt nos amis. Ce canal traversait également, en aval du courant une sorte de tente de draps fuschias ouverte sur le reste du site où deux hommes ( humains ) allongés sur un sol de gros coussins fumaient une pipe à eau en regardant quelques danseuses se mouvoir au son des sitars et des vibraphonettes. ( Ct'ambiance de ouf ! ). La petite troupe s'assit auprès d'eux et après de courtes présentations, le repas fut annoncé...
Porcepied n'avait jamais vu ça : d'immenses plats colorés et parfumés, qui semblaient presque chanter, et des jarres pleines de vin, de lait, de miel et de jus de fruit vitaminé "ExtraFit Nectar ++" light ou non étaient acheminés non pas par de banales servants comme on aurait pu le voir dans n'importe quel château flatulien mais via le filet d'eau qui traversait la pièce. Les mets étaient ensuite réceptionnés par quelque danseuse qui les servait à l'invité le plus proche. Zermerrix ne manqua d'ailleurs pas l'occasion de se prendre une baffe après un comportement qui lui était si douloureusement fidèle. Quant à Porcepied, il devait presque se lever pour voir autour de lui tant il était entouré de la nourriture la plus douce que son groin ne toucherait jamais plus. Et là, TOUT D'UN COUP, alors que personne ne s'y serait jamais attendu Zermerrix, ce vieux fou arrogant dit :
- Zermerrix, se tournant vers Kaerdek : Hep ! Je t'échange ton soufflé royal aux piments doux contre deux de mes beignets de coco au miel. ( Vous avez eu peur hein ! ^^ )
L'un d'entre eux en profita pour lancer la discussion et ils restèrent là, jusqu'à tard, parlant de gastronomie, d'agriculture, d'économie, de philosophie, de religion, de politique, de respect de l'être, de géographie, d'astrologie, de gastronomie, de santé, de jeux télévisés, de leurs annulaires respectifs ( oui oui, leur doigt, croyez-moi ou pas ), de physique, de mathématiques, de biologie et de littérature, de gastronomie et euh... de gastronomie.
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[ Edité par sheriff_jackson Le 27 oct 2005 ]