Ne pas sombrer dans le racisme, how to ?

Nan mais ça c'est pas le plus grave. Ce que je trouve révoltant dans Le Roi Lion c'est son apologie du système de l'apartheid.

Le royaume de la savane tel qu'il est structuré sous le règne de Mufasa est un régime profondément ségrégationniste: en effet on voit les lions et les lionnes régner en maîtres sur une savane verdoyante et fertile en gibier tandis que les hyènes sont cantonnées dans des terres hostiles et arides comme des cimetières d'éléphants et des grottes sordides. Elles sont donc traitées comme des citoyens de seconde zone. Les relations entre les deux races (car oui, c'est bien de cela qu'il s'agit) sont même prohibées: les rares fois où une hyène s'approche d'un lion, elle se fait sévèrement réprimander, comme dans la scène où Mufasa lui-même s'interpose pour les empêcher de converser avec Simba.

Chose plus grave encore: les hyènes dans le Roi Lion ont la peau foncée! Preuve s'il en fallait encore une que le dessin animé voit dans ces animaux l'équivalent des noirs. L'apartheid est présenté comme système défendu par le bien, et la première chose que fait Scar à son accession au pouvoir est de supprimer cet état de ségrégation: il annonce dans un discours qu'une nouvelle ère s'élève, qui verra la cohabitation des lions et des hyènes. Disney montre ainsi clairement qu'il voit l'égalité et la coexistence entre les races comme l'apanage des forces du mal. Pour enfoncer encore le clou, comme si la multinationale américaine n'avait pas déjà assez martelé son message raciste et néo-colonialiste, dès que les hyènes sont installés sur un pied d'égalité avec les autres espèces, la savane se transforme en paysage post-apocalyptique: manière de dire que sans apartheid, le malheur s'abat sur la civilisation.

Je ne reviendrais par sur l'atroce traitement qui est fait du caractère des hyènes, notamment de leur niveau mental, ni du fait que ce sont elles qui à la fin dévorent Scar, suggérant qu'en plus d'êtres bêtes les populations de couleur n'ont aucun sens moral; l'idéologie nauséabonde du dessin animé est suffisamment apparente dans ce que j'ai déjà écrit au-dessus.

En plus, on est en 1994: l'année de l'accession au pouvoir de Nelson Mandela. Coïncidence? Je ne pense pas.

Comme quoi, on peut voir/lire ce qu'on veut comme on veut dans n'importe quel contexte.
La mauvaise foi intellectuelle ne justifie pas tout, il y a forcément de la bétise quelque part.

Weeds, évidemment c'est une caricature, cela dit...

Y a pas que la partie féministe qui est énorme dans cet article :

Disney, très loin des valeurs démocratiques censées être au fondement de nos sociétés, glorifie dans Le Roi Lion (et ailleurs) la monarchie absolue.

Il faut avouer que "le Député-maire Lion" ça sonnait beaucoup moins bien...

Là où Mufasa est puissant, viril, costaud, dominant, Scar est intellectuel, efféminé, physiquement faible et aspire à la domination sans la comprendre

Il est gay quoi !

 C'est affligeant..

et lol pour l'image de Weeds.

Le 01/02/2013 à 22:32, gedat avait écrit ...


Chose plus grave encore: les hyènes dans le Roi Lion ont la peau foncée! Preuve s'il en fallait encore une que le dessin animé voit dans ces animaux l'équivalent des noirs

Pas seulement les noirs ; les deux hyènes qui s'expriment sont doublées par Whoopy Goldberg - les noirs donc - et par Cheech Marin, un acteur latino qu'on a souvent vu chez Robert Rodriguez et qui était connu pour le duo Cheech et Chong ou il était en binome avec un chinois. Donc les deux hyènes sont doublées par des représentants TRES typés de minorités visibles.

Je sais que tu déconnais mais moi je trouve ça assez malsain quand même.

Boris.

Et rafiki, il est d'origine suedoise ?

Le 14/02/2013 à 23:43, Borislehachoir à gedat

Je sais que tu déconnais mais moi je trouve ça assez malsain quand même.

Boris.

J'ai l'impression que gedat était tout à fait sérieux.

Purée, deux personnes que je vois expliquer que le film est raciste, et je n'ai pourtant jamais tilté avant.

Il faudrait que je le revois pour jauger mais de mémoire quand même... Ca ne me laisse pas une impression de racisme et même si c'est le cas, je suis convaincu que c'est trop léger pour que ça se transmette aux enfants.

Le 15/02/2013 à 08:22, Superarcanis avait écrit ...

Et rafiki, il est d'origine suedoise ?

Ah génial, y a un sidekick comique noir ! Ah tout de suite c'est bon alors, si y a un wanna-be Eddie Murphy de dessin animé ça passe.

Moi je t'avoue que le noir qui fait des blagues rigolotes, c'est un des personnages qui m'insupporte le plus, et quasiment systématiquement. Quand le noir est soit un sidekick comique - pas drôle - soit un méchant qui veut régner sur la terre avec son copain latinos, ben je pense qu'il y a une vision du monde qui pose légèrement problème quand même. Et qu'on ne me dise pas que c'est spécifique à Disney, je n'irai jamais dire que Bernard et Bianca ou Basile détective privé me posent des problèmes similaires.

Et qu'on ne me dise pas non plus que c'est uniquement pour les enfants, quand Scar fait des références bidons à Hamlet il est clair que ce n'est pas un public agé de huit ans qui est ciblé. Et il faut être un imbécile fini pour limiter Hamlet au fils d'un bon roi qui se venge contre le mauvais roi parce que le père d'Hamlet est un fumier aussi intégral que Claudius. Références shakespeariennes de Blade II >>>>>>>> références shakespeariennes du roi Lion.

Boris. 

elles sont où les références à shakespeare dans blade 2, histoire que je le re-regarde pour voir ce que j'ai loupé ?

C'est assez rarement direct, à part le nom de l'immeuble - Caliban - qui renvoie à " La Tempête " de Shakespeare. Plus indirectement, l'histoire entre Nomak et Damaskinos est très proche des conflits parents/enfants que tu trouves dans certaines de ses pièces ( le meilleur exemple me semble Le Roi Lear, mais aussi Hamlet et certaines pièces historiques ), ou l'enfant désherité se venge de tout le monde. Ou la réplique - que je trouve bouleversante - de Nomak avant de mourir, " it doesn't hurt anymore " de mémoire, qui scelle son acceptation un peu comme Hamlet et Laerte qui se réconcilient après s'être entretués ; Nomak est d'ailleurs plus ou moins suicidaire comme Hamlet.

Evidemment c'est plus indirect et plus diffus, mais je préfère largement ça a quelqu'un qui ne retient de Shakespeare qu'un connard qui dit " être ou ne pas être ? " à un crane ( et ce d'autant plus que si vous lisez la pièce, Hamlet ne dit JAMAIS " être ou ne pas être " à un crane ).

Boris.

Le 15/02/2013 à 10:51, Borislehachoir avait écrit ...

Ah génial, y a un sidekick comique noir ! Ah tout de suite c'est bon alors, si y a un wanna-be Eddie Murphy de dessin animé ça passe.

Moi je t'avoue que le noir qui fait des blagues rigolotes, c'est un des personnages qui m'insupporte le plus, et quasiment systématiquement. Quand le noir est soit un sidekick comique - pas drôle - soit un méchant qui veut régner sur la terre avec son copain latinos, ben je pense qu'il y a une vision du monde qui pose légèrement problème quand même. Et qu'on ne me dise pas que c'est spécifique à Disney, je n'irai jamais dire que Bernard et Bianca ou Basile détective privé me posent des problèmes similaires.

Et qu'on ne me dise pas non plus que c'est uniquement pour les enfants, quand Scar fait des références bidons à Hamlet il est clair que ce n'est pas un public agé de huit ans qui est ciblé. Et il faut être un imbécile fini pour limiter Hamlet au fils d'un bon roi qui se venge contre le mauvais roi parce que le père d'Hamlet est un fumier aussi intégral que Claudius. Références shakespeariennes de Blade II >>>>>>>> références shakespeariennes du roi Lion.

Boris.

Cet archétype de personnage m'insupporte aussi. Sauf que Rafiki n'en est pas un. De souvenir, même s'il est farfelu, ca reste un personnage sage. Les trublions, c'est Timon et Pumba, qui pour le coup sont probablement bien blancs.

Autrement, oui Le Roi Lion reprend plein d'archétypes pas du tout originaux (perso principal mâle, femelles à aider, méchants moches, héro beau, trublions pas beau mais d'aspect sympathique), mais de là à dire que Disney véhicule des idées. Ils ne font qu'appliquer les formules hollywoodiennes des succès au box office, comme les publicitaires le font à leur niveau, pour autant toutes les familles n'ont pas une maman blonde sexy, un papa brun munsclé et deux beaux enfants chevelus. Très clairement, c'est pas un dessin animé intellectuel ou qui fout un coup de pied dans la fourmillière. Mais on s'en fout du moment qu'on ne se forge pas son système de valeur en prennant pour référentiel ce genre de film qui ne vise qu'à faire du fric. Et ceux qui le font sont des abrutis. Et bien qu'ils le restent. Et si vous me dites "Ouaih mais les enfants n'ont pas le recul ..." je leur répondrais qu'ils n'ont surtout pas la lecture qu'en fait cet article. Je ne crois pas que des enfants diront que les noirs sont mauvais parce que les hyènes du Roi Lion ..., ou que les gays sont machiavéliques parce que Scar du Roi Lion ...

Bref, le Roi Lion, c'est comme les publicités. Il apporte peu de réflexion et s'appuye sur des codes référentiels basiques. Pour autant cela ne signifie pas que le film est nuisible. Il perd juste en intérêt. Les codes restent la meilleure manière de faire ingurgiter des films aux gens, et plus particulièrement aux enfants qui restent le public principal. C'est le système hollywoodien qui veut ça, même si ça reste malheureux.

 Je commence à avoir des doutes sur le rapport sérieux/pur-troll de Boris depuis trois ou quatre messages.

Weeds, alors sérieux, il l'est ? ou il l'est pas ?