Topic de vos récits

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jokerface

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Envoyé par jokerface le Dimanche 25 Mars 2007 à 18:12


Ma toute première nouvelle. C'est la première fois que j'arrive à terminer un de mes récits. Soyez très critique svp !


Une histoire de chapeau.


New York, de nos jours…

Il était 20 heures lorsque Jerry arriva au poste police. C’était son tour de prendre la garde de nuit. Cela ne l’enchantait pas vraiment, entre ses problèmes rénaux et son ex femme qui le taraudait chez lui au téléphone. Jerry aurait préféré passer la soirée avec son fils. D’autant plus que c’était l’anniversaire du garçonnet et que son père aurait voulu en profiter pour lui consacrer un peu plus de temps.

Mais voilà, ce balourd de Scott avait trouvé le moyen de se faire tirer dessus pendant une fusillade et c’était Jerry que le commissaire avait choisi pour le remplacement du soir. Bien sûr, le fait que c’était précisément le soir de l’anniversaire du fils de Jerry n’émut en rien son vieux con de chef. Et si Jerry voulait avoir sa promotion, il avait d’autant plus intérêt à collaborer. Même si la promesse d’un transfert à Boston avec un plus gros salaire, n’était plus que aujourd’hui qu’un mirage lointain, ça lui donnait l’impression de se donner encore un but. Et ça, c’était déjà pas mal en somme, non ?

Jerry salua le dernier collègue d’un geste de la main et se plongea dans la contemplation d’un vieux dossier. Il avait eu l’imbécillité de croire qu’il aurait pu suivre la retransmission du match des Red Sox sur la petite TV portative de Riley, mais par le plus malheureux des hasards, un pute l’avait faite tombée avec son sac à main la veille, et la TV avait rejoint la benne à ordure du commissariat au milieu des reste d’hamburgers et de salades.

C’était donc une nuit passablement ennuyeuse qui s’annonçait. Jerry s’interdisait de penser à son fils, qui devait être en ce moment seul dans un petit appartement avec son gâteau d’anniversaire. Pauvre gosse quand même, il n’avait pas méritait ça. Surtout aujourd’hui. Lorsqu’il sortirait du commissariat, il irait acheter le plus gros ours en peluche du magasin de jouet le plus proche. Ce serait déjà un début.


Jerry en était là, seul dans ses pensées, avec pour seul compagnie un vieux dossier taché de café…
Lorsque la porte d’entrée s’ouvra.

Probablement encore un gars qui se serait cuité la gueule après le premier point marqué par les Red, et qu’un passant aurait eu la gentillesse de ramasser pour l’amener ici.

-Bonsoir, c’est à quel sujet ? demanda Jerry sans prendre la peine de lever la tête de son dossier.

Pas de réponse.

Jerry leva la tête et contempla le type qui était maintenant devant son bureau, seul et souriant.
C’était le gars le plus étrange qu’il avait pu voir jusque maintenant. Entre deux âges, ce dernier était vêtu d’une espèce de vieille veste, d’un vieux pantalon et d’un grand chapeau. Mais il y avait des détails qui clochaient. Jerry le sentit tout de suite. L’instinct de flic comme le disent certains. Ouais, l’instinct de flic…

D’abord les couleurs. Un instant le type semblait avait une veste marron et un chapeau vert, et l’instant d’après il semblait être vêtu entièrement de vert. A moins qu’il ne s’agisse de bleu ? Jerry mit ça sur le compte de la lumière et de la fatigue. Pourtant il n’était que 21 heures, il ne pouvait être déjà fatigué.
Le chapeau du type, était lui aussi étrange. En fait, c’était surtout qu’à l’époque actuelle, plus personne ne portait un tel chapeau. Un haut de forme.
Enfin, le mec était tout sourire depuis bien cinq minutes. Et ça c’était vraiment louche.

De nos jours, rares sont les personnes qui vont voir les flics avec un grand sourire en travers du visage. En règle générale ce serait plutôt le contraire. Qui a envie d’avoir affaire avec les mecs qui vous collent un ticket régulièrement, vous embarquent votre bagnole ou vous disent que taper sur sa salope de femme c’est mal ? Pas grand monde. Mais là, Jerry avait devant lui un type, qui non seulement souriait, mais en plus ne disait rien.
« Encore un dingue » se dit il.

-Que puis je pour vous Monsieur ? Répéta Jerry assez fort, au cas où le mec serait en train de planer.

-Eh bien, ma foi, il se trouve qu’une personne que je connais fort bien, a disparu depuis un moment et je suis à sa recherche. Je me suis dong ding que la meilleure chose à faire était de venir signaler sa disparition.

Jerry s’arrêta de noter. « Dong ding » ? Après une courte réflexion, Jerry pensa que le type avait voulu dire « donc dis » mais qu’il avait mal compris à cause de son accent. Parce que en plus de son apparence étrange, le type avait un accent. Un putain d’accent même. Peut être britannique, mais rien n’était moins sûr. C’était vraiment bizarre.

-Vous dites qu’une de vos connaissances à disparu, mais pouvez vous être un peu plus précis ? Et êtes vous sûr qu’elle n’est pas tout simplement partie faire un tour sans vous prévenir, ou un truc de ce genre ?
Jerry avait hâte de se débarrasser de ce type.

-Je suis sûr et certain qu’elle a disparu. Voyez vous, nous sommes arrivés dans votre ville depuis peu, et par ce fait, nous ne connaissons pas bien les environs. Elle était encore avec moi à 17 heures, puis elle m’a dit qu’elle avait vu quelque chose dans un magasin qui avait l’air vraiment appétissant. Elle est partie seule, je l’ai attendu, mais elle n’est toujours pas revenue, et je m’inquiète.

A peine le type avait fini sa phrase, qu’il éclata de rire. Ce qui donna à Jerry la chair de poule. Pas un instant pendant qu’il parlait, le type n’avait cesser de sourire. En habitué, Jerry avait sorti préalablement son flingue pour être près à l’utiliser. Un truc qu’on apprend quand on est de garde la nuit. Jerry garda un œil dessus.

-Euh…Pourriez vous s’il vous plaît, me décrire la personne en question, ainsi que le dernier endroit où vous l’avez vu ?

-Ma foi, c’était dans le 12 ème district, peu après avoir tourné à gauche dans l’avenue de Nixon. J’ai attendu au coin de la rue pendant plus de trois heures, puis je me suis décidé à venir ici. Quand à son signalement, c’est de loin la plus agréable personne qu’il m’est était donné de côtoyer. Mais ne vous tracasser pas, vos collègues reconnaîtront mon ami dès qu’ils le verront. Il n’y en a pas deux comme lui.

-Pourquoi ? Vous êtes du genre Bonny et Clyde ? Plaisanta Jerry.

Le type continua de sourire mais ne rigola pas. Cela ne fit qu’ajouter un peu plus de pression sur Jerry.

-Hum….euh…bon. Mais c’est un peu juste comme signalement, vous ne pouvez pas me fournir d’autres détails ?

-Je crains que non, répondit cette fois l’homme en cessant de sourire. D’ailleurs, je suis pressé et vous l’êtes aussi. Et je crois que je viens de me souvenir où peut se trouver mon ami. Je vais vous laisser.

-Mais ! Non attendez ! Vous ne pouvez pas partir comme ça !

L’homme se rua vers la porte et l’ouvrit. Mais avant de sortir, il se tourna vers Jerry éberlué, et lui dit :

-Joyeux anniversaire à votre fils.

Le temps que Jerry se lève de son siège, le type s’était enfui dehors en courant. Jerry fonça vers la porte qu’il ouvrit à la volée, son arme à la main.

Personne.

Le type s’était évaporé. Jerry avait poursuivi bien des fuyards, mais aucun n’avait aussi rapide que ce bonhomme.

Jerry retourna lentement à son bureau. C’est alors qu’il vit quelque chose, par terre devant le meuble.

Une carte. Dessus avait était gribouillé quelque chose que la pluie avait rendue illisible. Peut être un chiffre.

Jerry mit la carte dans poche et se de dépêcha de consulter un plan de la ville. Il chercha dessus le 12 ème district et l’avenue de Nixon. Lorsqu’il trouva, il se rendit compte de deux choses :

-Pour quelqu’un qui ne connaissait pas les environs, il avait été incroyablement précis dans ses indications.

-L’avenue de Nixon était à l’autre bout de la ville. Si le type avait attendu trois heures après 17 heures, il n’aurait pas pu être ici à 21 heures. Parce que l’avenue de Nixon était en période de travaux, et que tout le quartier avait commencé à être démoli pour faire place à de futurs buildings. Et avec la plupart des rues bouchées et les embouteillages, le meilleur taxi mettait au moins une demi heure. Hors, le type était venu à pied. Jerry n’avait pas vu l’ombre d’un taxi depuis la fenêtre de son bureau.

Et puis bordel, que faisait ce gars au milieu d’un chantier quand tout le monde était parti, et le soir du match des Red en plus ??!

Mais ce n’était pas ce qui préoccupait plus Jerry.

Ce qui le dérangeait depuis tout à l’heure, c’est qu’il était un peu près sûr de l’avoir déjà vu quelque part, ce mec. Mais impossible de se rappeler où.

Jerry regarda sur le plan où se trouvait le magasin le plus proche de l’avenue Nixon. Puis, il alla allumer la CV.

-Patrouille 105, ici Central. Jerry à l’appareil les gars.

-Ici patrouille 105, on t’écoute vieux, répondit le collègue.

-Merci. Dites les gars, est ce que vous auriez eu une altercation dans un magasin de votre secteur ?

-Comment tu sais ça ?? On n’a pas encore fini de recueillir les témoignages. Tu fais dans la voyance Jerry ?

-Pas envie de plaisanter mec, dis moi juste ce qui s’est passé.

-Un braquage. Enfin, pas vraiment, c’est plutôt bizarre. Apparemment une des employées était en train de ranger des conserves quand elle a entendu une voix bizarre venant du rayon d’a côté. Une espèce de dingue qui parlait tout seul. Mais elle n’a pas eu le temps de le voir. En fait, personne n’a eu le temps de le voir. C’est ça qui est bizarre. Tout ce que les témoins s’accordent pour dire, c’est qu’ils ont vu une silhouette passée à toute vitesse devant eux, les bras chargés de gâteau et de boîte de tisane.

-Tu veux dire que le braqueur est passé devant le vigile à la sortie sans que ce dernier l’ait vu ?

-Même pas. Apparemment le voleur serait passé à travers la vitre du magasin, aurait tourné au coin de la rue et se serait envolé. Enfin, je n’y crois pas trop. A mon avis, c’est encore une entourloupe du commerçant pour faire cracher les assurances.

-Euh…Ouais. Probablement. Je te remercie vieux, à plus tard. Terminé.

-Hé attends ! Tu ne m’a pas dit comment t’eta…

Jerry coupa la CV. Il sentait mal. Il se leva, pris ses affaires et décida de rentrer chez lui. C’était trop pour lui.

***

Lorsque Jerry arriva dans son appartement, il était minuit et son fils devait dormir à poing fermé. Le gâteau d’anniversaire qu’il avait acheté pour son fils était à peine entamé.

Jerry se rendit dans la chambre de son fils. Le garçon dormait paisiblement. Au moment de s’en retourner, Jerry vit une pile de livre posée sur un siège. C’était probablement des livres empruntés à la bibliothèque municipale. Jerry y allait aussi quand il était môme. Il voulut en prendre un, mais il fit tomber la pile.
Lorsqu’il se pencha pour les ramasser, il resta en arrêt devant l’un d’entre eux. Le livre s’intitulait « Alice in Wonderland ». Ouais, ce livre il l’avait lu aussi quand il était petit.

Mais il l’avait oublié. Jusqu'à ce soir.

Il l’ouvrit à une page, et après deux secondes de contemplation, le laissa tomber par terre.

Bien sûr. La mémoire lui revint. Il y avait ces hommes cartes, cette reine, ce… lapin, et oh mon dieu !

Il sortit la carte de sa poche.

Le chapel…

Jerry s’essaya par terre et se mit à pleurer.


FIN

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Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...

Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"

0position

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Envoyé par 0position le Dimanche 25 Mars 2007 à 18:21


J'avais dit à Joker que je trouvais ça trop court ... et je le pense toujours.

Mais en regardant l'ensemble, en fait, c'est plus long que ce que j'aurais dit.

posi, la preuve que c'est très bon

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Envoyé par Valicorne le Mercredi 28 Mars 2007 à 00:47


Jokerface ton histoire est très intéressante mais pour bien la mettre en valeur il aurait fallu accentuer le pathos sur la vie de Jerry et dire qu'il répétait avec son fils une situation d'abandon similaire à ce qu'il a sans doute vécu enfant d'où la présence du chapelier.
Après les gros défauts de ton histoire résident dans l'orthographe, les conjugaisons, les phrases stéréotypées et trop conventionnelles et une certaine vulgarité qu'il aurait fallu limiter. Contente toi d'être cynique!! Ca marche mieux. Aussi évacue tout ce qui est reflexion personnelle sur la police... Ca surcharge l'histoire sans lui apporter réellement d'intérêt et développe au contraire le coté magique et énigmatique de la rencontre avec le Chapelier qui est à mon avis éludé trop vite et puis personnellement j'aurais bien vu une fin plus glauque du type: le fils de Jerry abandonné de son père est kidnappé par le Chapelier et se retrouve au centre du livre sur l'image, laissant ainsi Jerry se morfondre sur sa vie.

Enfin voilà sinon histoire très intéressante et originale.


Johannes

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Envoyé par Johannes le Mercredi 28 Mars 2007 à 07:54


@Valicorne : Mais pourquoi rajouter du pathos inutile dans une histoire plutôt drôle par ailleurs ? (même si ce n'était peut-être pas le but au départ)

Oui, j'ai beaucoup aimé cette histoire, un rien délirante, ce qui désamorce bien le côté inquiétant qu'elle aurait pu avoir si traitée "sérieusement". Comme dit précédemment, il y a quelques maladresses, mais ça ne gêne pas vraiment la lecture... A quand la prochaine ?

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Envoyé par 789alex le Vendredi 06 Avril 2007 à 22:54


J'ai aussi aimé l'istoire, c'est pas trop mal écrit surtout pour une première nouvelle.
Le style est un peu moyen, mais c'est bien mené et c'est interessant.
Pas de longueurs, c'est déjà un avantage.
Bref, 8/10

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Envoyé par R-buS le Vendredi 06 Avril 2007 à 23:07




pauvre no-life...trés belle (!!?!!) histoire, moi j'aprécit baucoup.

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Mon meilleur Match up c'est le bye

Lironea

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Envoyé par Lironea le Samedi 07 Avril 2007 à 14:56


- 10 000

Lironea, comprendra qui pourra, mais c'est naze... (désolé aussi)

EDIT : sinon, je trouve l'histoire pas trop mal non plus, avec cette sorte de chute très sympathique à la fin.

[ Dernière modification par Lironea le 07 avr 2007 à 15h04 ]


xJeliel

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Envoyé par xJeliel le Dimanche 14 Décembre 2008 à 15:32


Alors le voilà ce topic d'écriture ^^ ! Apparemment c'est plus pour les récits que les vers, mais je dois bien avoir le début de la seule histoire que j'avais commencée...

Je lirais les récits présents dès que j'ai le temps, là je vais aller réviser des exams :/ ...

Synopsis de l'histoire :

Rael est une jeune voleuse du monde d'Elewendyl à l'avenir peu prometteur. Sa rencontre avec Shin, un assassin de haut vol de la garde Xelrin transformera-t-elle sa vie ? Découvrez une histoire qui vous embarquera pour un nouveau monde, dans lequel évoluent une guilde de tueurs qui deviendront par la suite une faction exilée : les Yukurane.


Trois premiers chapitres : (très courts)

Chapitre 1 - Neredine
Chapitre 2 - Choix
Chapitre 3 - Nouveau Départ

Il faut savoir que le monde d'Elewendyl a été créé par un ou deux amis et moi-même dans le cadre d'un MMORPG, qui malheureusement est très développé au point de vue gameplay et background mais s'embourbe dans la technique...

Cette histoire est censé expliquer la naissance d'une des factions dont j'ai la charge, et j'ai déjà le script quasi complet, seulement il me manque du temps et de la motivation ! le temps je peux m'arranger mais pour la motivation je doute de mon style d'écriture pour les histoires...

J'attend donc vos réactions avec intérêt


Araniel

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Envoyé par Araniel le Dimanche 14 Décembre 2008 à 16:01


Arf, je ne savais même pas que ce topic existait...

Bon ben je vais en profiter pour poster une petite nouvelle que j'ai écrite ce matin dans le train. Comme vous pouvez vous en douter je ne suis pas resté pendant des heures à m'interroger sur l'emploi de tel mot ou d'un de ses synonymes, c'est plus écrit "à l'instinct"...

La fureur tranquille

Marius brisa la lourde porte de bois d’un unique coup de pied. Ses hommes et lui se précipitèrent à l’intérieur des appartements de l’ambassadeur elfe. Celui-ci se trouvait debout au centre du salon et leur tournait le dos. Marius était envoyé par l’Eglise Sigmarite pour l’arrêter car il était soupçonné d’espionnage et de pratiquer la magie. Le capitaine sigmarite s’arrêta un instant et observa l’elfe : il était grand et svelte, et ne semblait pas se soucier de la présence de tant de soldats autour de lui.

Voyant que ses hommes avaient entièrement entouré l’ambassadeur. Marius s’approcha de ce dernier et lui prit violemment le bras gauche. « Vous êtes en état d’arrestation pour pratique illicite de la magie et… » Marius s’arrêta de parler. La main qui serrait le bras de l’elfe le brûlait, il voulait l’enlever mais n’y arrivait pas, comme si ses doigts s’étaient soudées à la peau de son prisonnier.

L’ambassadeur tourna la tête vers Marius qui gémissait et pleurait de douleur. La douleur s’arrêta brusquement et Marius relâcha immédiatement son étreinte. L’elfe ouvrit la bouche et parla d’une voix ferme : « Je ne suis pas les lois des hommes ; les seules auxquelles je dois obéir sont celles de la nature ». Marius fit une grimace renfrognée et lui répondit : « Dans ce cas… ». Il leva son pistolet et voulut presser la détente mais l’elfe fut plus rapide. Il jeta ses bras en avant, paumes ouvertes et le capitaine fut propulsé en arrière, heurta brutalement une colonne et s’écroula à terre.

Les soldats répliquèrent en ouvrant le feu mais le sorcier elfe commença à faire des signes de plus en plus lents avec ses mains. Les mouvements des soldats se ralentirent puis se figèrent, à l’instar des balles qui étaient suspendues en l’air. L’elfe s’arrêta et les balles tombèrent sur le sol, tandis que les soldats reprenaient leurs esprits. Le sorcier pointa un canapé du doigt puis désigna les humains. Le divan lévita un instant et fut projeté sur les soldats. Ceux qui n’étaient pas évanouis ou blessés s’enfuirent à toutes jambes.

L’ambassadeur sentit tout d’un coup le contact froid d’un pistolet dans son dos. C’était Marius qui avait repris conscience : « Tu vas payer… » Le sorcier se figea et ses yeux devinrent vitreux. A nouveau Marius voulut tirer mais quelque chose l’en empêchait. Son corps était pris de spasmes et ne voulait plus lui obéir. Lentement son bras droit se leva et son pistolet pointa finalement sa tempe.
« Non pas ça… » Son doigt pressa la détente et Marius s’écroula. Le sorcier elfe regarda autour de lui puis s’éloigna tranquillement.


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Le 18/06/2010, EveilDuFou a écrit
Ton attitude et tes paroles gavent du monde (plusieurs plaintes reçues). Bref, tu peux te taire quelques temps, ça nous fera du bien.

Elfun

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Envoyé par Elfun le Dimanche 14 Décembre 2008 à 16:07


Sigmar vaincra l'hérétique elfe!

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NicolBolasPlane



"En tant qu'excellent joueur je peux te garantir que non."

xJeliel

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Envoyé par xJeliel le Dimanche 14 Décembre 2008 à 16:22


J'aime bien ta nouvelle Araniel, le style instinctif c'est tout a fait mon truc.

Bon, le seul défaut c'est que l'elfe gagne, ça c'est pas crédible (je rigole ^^)


Lord_Darkmore

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Envoyé par Lord_Darkmore le Dimanche 14 Décembre 2008 à 19:40


Tiens, je ne connaissais pas ce topic ! Je vais vous proposer ici le début d'un récit que j'écris. Je n'assure pas pouvoir vous en mettre souvent des bouts mais bon...

Prologue
Deuil



Les premières lueurs de l’aube naissante apparurent, éclipsant progressivement de leur éclat les myriades d’étoiles qui scintillaient telles des joyaux dans le ciel absolument limpide des dernières heures de la nuit. Un infime souffle d’air fit chanter les feuilles des archondiens*. Une chauve-souris solitaire, dérangée par le mouvement des branches, voleta en tous sens afin de regagner la réconfortante sérénité des grottes du karst, gouffres béants menant à de sombres profondeurs inexplorées, labyrinthes de galeries creusées par les forces de la nature à travers la roche. La venlarke* finit par découvrir l’une de ces bouches infernales qui sembla l’engloutir telle une créature de l’outre-monde. Le silence retomba sur les vallées. Nul mouvement ne troubla alors les lieux durant de longs instants. Même le vent semblait s’être tu. A peine entendait-on le chant discret de l’onde noire d’une rivière sur les galets parsemant son lit. Seul résonnait au loin un air de musique, une mélopée dont les tristes accents ne se distinguaient qu’à grand-peine des sons étouffés de la nuit. Lentement les minutes s’égrenèrent et le ciel d’un noir d’encre se teinta progressivement de lueurs violettes puis pourpres.
Soudain une chouette effraie s’envola, déchirant de son lugubre hululement la douce quiétude de la froide aube d’automne. Comme si elle n’avait attendu que ce signal pour revivre, la nature s’anima. Un buffle affolé bondit, écrasant sur son passage les fragiles digues entourant les rizières en terrasses et les plantations de thé, suivi de près par son prédateur, un félin énorme à la crinière noire que l’on appelait fréquemment lion à dents de sabre en raison de ses longues canines recourbées destinées à déchirer la chair de ses infortunées proies. Plus rapide encore, une ombre énorme passa, cachant brièvement la pâle lumière de l’aube. Sans un bruit, le drake* plongea, soustrayant au félin sa proie, et la remontant encore pantelante dans les airs. Les hurlements de détresse firent place à des cris de douleur, puis seuls résonnèrent dans la vallée les rugissements du lion, frustré de se voir subtiliser son repas juste devant sa truffe. Le prédateur se calma cependant rapidement, enfin conscient que si le dragon n’avait pas vu le buffle, ce serait lui qui servirait en ce moment-même de festin au reptile volant.
Un trémolo de notes fraîches jaillit dans la vallée, auquel répondit bientôt un second chant, et la femelle trixaki* rejoignit sa progéniture gazouillante. Le chant des oiseaux remplit rapidement de ses harmoniques le vallon. Venues de nulle part, des écharpes de brume se faufilèrent autour des arbres, masquant progressivement tout derrière leur manteau cotonneux. Bientôt seuls dépassèrent du brouillard les sommets enneigés. Le ciel prit lentement une teinte orangée.
Brusquement, toute la vallée s’illumina lorsque l’astre du jour fit étinceler la couche de neige sur le plus haut sommet. La réfraction des rayons de lumière fit naître un gigantesque arc-en-ciel dont les pieds se perdaient dans la couche moutonneuse.
A ce même instant, la mélopée enfla, emplissant d’un chœur de voix toute la vallée, qui répercuta les tristes sons jusqu’aux cieux immaculés. Les indistinctes formes d’une procession émergèrent alors de la brume, entamant l’abrupte ascension du sommet. Trois femmes et quatre hommes, vêtus de robes à capuchons noires et rouges brodées de figures géométriques précédaient un catafalque blanc et or porté par quatre géants, de vrais colosses en tout et pour tout vêtus d’une ceinture dorée et d’un pagne rouge, portant sur leurs crânes rasés une tiare d’or. Fermant la marche, venaient les chanteurs. Quinze hommes et femmes habillés de noir, dont la voix faisait vibrer l’air jusqu’aux nues. L’une des femmes, la plus proche du cercueil, était d’une beauté à couper le souffle. Ses longs cheveux noirs encadraient un visage fin baigné de larmes. Elle portait sur son sein un bébé âgé de quelques mois à peine, l’enveloppant délicatement dans sa houppelande noire comme si sa vie dépendait de ce petit être.
Arrivée au niveau d’une gigantesque arche de pierre, la procession s’arrêta et les chanteurs se turent. Le silence se fit, comme si la nature avait voulu respecter cet instant. Le soleil baigna alors progressivement l’arche de sa clarté. La première prêtresse s’avança et reprit le thème de la mélopée d’une douce voix de contralto, rejointe à la première reprise par le premier prêtre qui y ajouta une ligne de basse. Un à un, les cinq ecclésiastiques restants s’approchèrent et mêlèrent leurs voix au chant. Les quinze autres entamèrent alors un contre-chant tandis que les quatre colosses reprenaient le catafalque et lui faisaient traverser l’arche. De nouvelles larmes coulèrent sur les joues de la jeune femme.
Une vive lueur bleue entoura alors l’arche de pierre et le cercueil, tandis qu’un son semblable à celui d’une gigantesque cloche retentissait, sonnant le glas dans toute la vallée. Les quatre porteurs déposèrent le catafalque et s’agenouillèrent. La lumière s’accentua progressivement, baignant progressivement les colosses, jusqu’à en devenir insoutenable. Tous baissèrent les yeux. Lorsqu’ils les relevèrent, plus aucune trace ne se voyait du cercueil et de ses quatre énormes porteurs.
La procession prit alors le chemin du retour. Seuls restèrent encore la jeune femme, la première prêtresse et un grand homme dont les yeux bleus brillaient au fond de son capuchon relevé. Celui-ci s’approcha de la femme et de son enfant, mais ce fut la prêtresse qui prit la parole :
« Il a à présent rejoint le lieu où l’on ne souffre plus, où tous nos besoins sont comblés, l’éternel royaume de ses aïeux. Nul doute qu’Il y trouvera sa place. Homme parfait, époux et père aimant, chevalier valeureux, stratège éclairé, brave entre tous, musicien et écrivain talentueux, ainsi finit le Seigneurin* Anstelor. »
L’homme releva le capuchon de sa houppelande, et voilà qu’il portait un circlet d’or sur ses cheveux bruns impeccablement coiffés. Son visage très pâle contrastait avec le hâle de la prêtresse. Il posa sa main sur l’épaule de la femme éplorée.
« Venez, Seigneurinna*. Grande est Notre affliction devant Sa disparition. A jamais Son souvenir restera gravé dans les mémoires. »
La Seigneurinna regarda alors son interlocuteur de ses beaux yeux verts remplis de larmes.
« Je vous remercie du fond du cœur, Lumière de la Terre. Vous avez beaucoup fait pour nous. Je ne l’oublierai jamais.
– Rentrons à présent. L’Ennemi ne nous attendra pas. »
Alors que l’écho des chants s’éteignait progressivement dans la vallée, le soleil donna sur la rosée matinale qui perlait sur les larges feuilles vertes des arbres. Celle-ci étincela comme les larmes sur les joues lisses de la jeune Seigneurinna, et ce fut comme si l’astre du jour pleurait lui aussi la mort du Seigneurin Anstelor.


Termes inventés :
Archondien : Sorte de fougère arborescente des régions tropicales.
Drake : Dragon.
Seigneurin : Titre de noblesse alnyrien équivalent à celui de margrave (féminin : Seigneurinna)
Trixaki : Oiseau chanteur commun dans les marais et rizières.
Venlarke : Petite chauve-souris.

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Superarcanis

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Envoyé par Superarcanis le Dimanche 14 Décembre 2008 à 19:51


Dsl LD, mais j'ai été gavé dès la première phrase

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Sovelis

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Envoyé par Sovelis le Dimanche 14 Décembre 2008 à 19:55


Hop, en passant par là, car je vois que le topic est remonté, je poste un truc :

http://www.aidedd.org/partie-f28/chapitre-premier-l-halfelin-claudiquant-t1895.html

Vous avez de la lecture. C'est une partie sur forum de d&d, qui permet donc le role play. Je m'efforce d'écrire le mieux possible, afin de proposer un "roman". Vous pouvez aussi divaguer sur les quelques autres topics si le cœur vous en dit... De toute façon, je ne pense pas que beaucoup de monde lise ce que les gens postent ici. Je finis ma fiche de lecture et je m'y met Oopah...

Sinon, plus intéressant, une nouvelle écrite pour le cours de français. Un moment du pur bonheur à l'écriture. Vous aimerez, ou pas. C'est triste, contemporain, et avec un sujet imposé. Bon courage à ceux que ça tente...

Conférence funèbre

Le vieil agriculteur se préparait à faire son discours. Attendant de capter l'attention de tout le monde, il lissait ses cheveux grisonnants de la main, d'un mouvement répétitif, jamais satisfait. Faisant face à la plupart de ses connaissances, il se sentait rarement aussi important. Son fils, lui, n'aurait pas hésité. N'ayant jamais le trac, il aurait proféré un discours que personne n'aurait jamais oublié. Mais il n'était plus là, et c'était à son père de parler de sa vie. Le vieil homme était vêtu de noir et observait une assemblée aussi sombrement habillée que lui. Il aurait aimé que les rôles soient inversés. C'était injuste, mais le sort en avait décidé autrement. L'homme testa le micro, et voyant que celui-ci marchait, prit la parole d'une voix grave, celle d'un homme triste :
— Tout d'abord, je tenais à tous vous remercier d'être ici aujourd'hui. Je ne sais pas ce que j'aurais fait, sans vous. Pour certains, Gautier était un ami. Pour d'autres, un collègue. Certains le voyaient comme quelqu'un d'intelligent, quelqu'un de bon au service du plus grand nombre! D'autres encore le voyaient comme un gêneur qui aurait sûrement mieux fait de rester dans l'ombre.
Il baissa les yeux. Sachant qu'il s'étendrait sur le sujet plus tard, il releva la tête puis reprit :
— Pour moi et mon épouse, c'était un fils, pour le reste de la famille, c'était un frère, un cousin ou encore un neveu. En tant que proches, nous sommes directement concernés.
Il observa une courte pause, en profitant pour se tourner vers une jeune femme assise au premier rang, sa fille d'à peine deux ans sur les genoux. Comme tout le monde, elle était vêtue presque entièrement de noir. Elle portait une longue robe simple, des gants de soie sombre, et un chapeau, noir lui aussi, démesurément grand et décoré d'une plume rouge. Ses chaussures restaient invisibles. Une rose écarlate était accrochée à sa robe, au niveau du cœur. Sa fille aussi en portait une, coincée dans le chignon qui tirait ses longs cheveux blonds vers l'arrière. Vêtue d'une robe aussi sombre que celle de sa mère, d'un collant blanc et de petits sabots noirs, elle avait l'air naïf de l'enfance.
La douce lumière du soleil, traversant les vitraux de l'église, venait frapper le dos de l'homme qui s'apprêtait à discourir, l'éclairant d'une aura dorée. Derrière lui, un cercueil surélevé décoré de fleurs colorées captait l'attention, faisant de ce bois couleur de tristesse le point de convergence de tous les regards. Une photo, encadrée, reposait devant l'objet. Elle représentait un homme, n'ayant sûrement pas plus de la trentaine. Il était blond, comme sa mère, vêtu élégamment, et son sourire laissait apparaître des dents aussi blanches qu'une touche de piano. Ses yeux étaient d'un bleu profond, comme ceux de son père. Il avait sûrement tiré les plus beaux traits de chacun de ses parents. Mais tout était affaire de perspective, bien entendu.
Le tableau avait quelque chose de solennel. Un vieil homme vêtu de noir, entouré de prêtres, de lumière et de fleurs colorées, une veuve et son enfant assis au premier rang, une assemblée vêtue de noir, tous réunis dans une église. Un cercueil. N'importe quel peintre réaliste aurait été ravi de pouvoir en faire un tableau. Mais ici, personne n'était ravi.
Il poursuivit :
— Mais surtout, Gautier était un mari et un père aimé.
La femme, déjà au bord des larmes, laissa finalement toute sa tristesse s'écouler sur son visage. Elle serra fort son enfant dans ses bras, ce dernier ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait. Les larmes, bien que causées par des sentiments désagréables, permettent d'apaiser le coeur. La jeune veuve les retenait depuis trop longtemps, elles s'écoulaient maintenant à flot. Les personnes assises à côté d'elle la réconfortaient, tristes eux aussi. D'autres sanglots éclatèrent dans la salle. Le père lui aussi était sur le point de pleurer, mais il ne le fit pas. Il garderait ses larmes pour plus tard.

Il attendit le temps qu'il fallut, que les pleurs cessent, que les cœurs soient soulagés, calmés, pour poursuivre :
— Comme vous le savez tous, Gautier était plus que doué pour discourir. Les gens l'écoutaient attentivement, captivés par ses paroles toujours censées, jamais inintéressantes. Durant sa jeunesse, j'ai bien sûr tenté de lui faire suivre la même voie que moi, agriculteur, mais il a rapidement choisi de se tourner vers la politique. Je n'allais pas compromettre une carrière aussi prometteuse, je savais qu'il réussirait, il en avait les capacités.
Sa voix se brisa légèrement, à la fin de sa phrase. Une larme roula sur sa joue. Il l'essuya et se ressaisit. Il reprit, nostalgique et déterminé :
— Je l'ai encouragé! Tant pis pour la succession des terres, il fallait qu'il vive sa vie pleinement. L'agriculture, ce n'était pas pour lui. Pourtant, un fils d'agriculteur devenant politicien, la situation paraissait plutôt étonnante. Mais je croyais en lui, j'ai tout fais pour qu'il vive une enfance magnifique, et je ne suis pas déçu. Son départ de la maison a été pour moi un dur moment à passer. Mais sans études, sa carrière n'aurait pas aboutie, n'est-ce pas? Il est donc parti vivre sa vie, et je ne le retrouvais que durant les grandes fêtes. Que de bons moments passés... J'en garderais de magnifiques souvenirs. En particulier de son mariage. Et oui, entre temps, il a rencontré Adèle, ici présente. Et ils ont eu, comme on peut le constater, une charmante petite fille.
Un sourire triste illumina son visage. Il observa une pause d'un peu moins d'une minute, observant le bâtiment dans lequel il se tenait. L’Eglise Sainte Catherine, de Villeneuve sur Lot, était décidément magnifique. Surprenante par son style roman-byzantin et par la couleur de ses briques rosées et de ses pierres blanches, l’intérieur était lumineux et chaleureux. Les colonnes en granit poli contrastaient avec la couleur des briques. Un magnifique orgue surplombait la salle. L’église était vraiment un lieu étrange. On y célèbre aussi bien mariage qu’enterrement. Joie et tristesse, foi et silence s’entremêlaient pour créer une atmosphère unique.
Surpris par cet instant où il en oublia jusqu’à son existence, il se dit qu’il était temps de reprendre :
— Désireux de m'aider pour me remercier de tout ce que j'ai pu faire pour lui, il s'est engagé à défendre la cause pour laquelle je me bats depuis quelques années. Vous savez sans doute ce que je pense des organismes génétiquement modifiés, ces plantations qui finissent dans vos assiettes si l'on ne fait pas attention. Personne ne connaît leurs répercussions sur notre corps, et les produits utilisés lors de leur culture polluent énormément la terre. Autant de raison de tenter de les interdire ou au moins de créer des normes, dans le doute. Il a donc pris mon parti, enquêté, choisi ses arguments avec soin, dans le but d'en parler dans un premier temps lors d'une rencontre avec quelques agriculteurs, pour récolter des avis, et ensuite à des gens plus haut placés afin d'obtenir un résultat.
Le visage du vieil agriculteur s'assombrit. Il se mit à réfléchir. Il avait lui-même décidé de résumer la vie de son fils, il pensait qu'il fallait le faire. En particulier, pour mettre de l'ordre dans la myriade de sentiments qui l'assaillaient. Il prit alors la tâche très à coeur, et rédigea son discours méticuleusement. Il était plutôt content du résultat.
N'étant qu'un simple agriculteur, il pensait avoir fait du bon travail. Certes, il ne ferait jamais aussi bien que son fils. Mais ce qu'il avait fait relevait, pour lui, d'un exploit. Seulement, maintenant, il doutait de l'utilité de son discours, plutôt inhabituel pour un enterrement. Pourtant il s'était lancé. Il fallait qu'il finisse. Il continua donc :
— Ce fut sa plus grosse erreur, il n'aurait jamais dût penser à moi. Tout aurait été tellement plus simple. Malheureusement, la vie est injuste. Il avait beaucoup d'amis, de bonnes relations, une vie familiale extraordinaire! Sa vie professionnelle était une réussite... Il a donc réussit à obtenir cette première réunion qu'il attendait tant. Tout les agriculteurs qu'il avait invité, intrigués, étaient là. Ses arguments étaient prêts et étonnamment infaillibles. La plupart des agriculteurs présents, par soucis de productivité, cultivaient bien sûr des produits génétiquement modifiés. Mon fils entreprit de les convaincre de changer leurs habitudes, et de passer aux produits biologiques, comme son père.
Le vieil homme montra une fierté non dissimulée. Il était en effet très fier de ce qu'il faisait. Il produisait en harmonie avec son environnement. Avec ce qu'il produisait, il avait de quoi facilement de quoi vivre et nourrir toute sa famille. Tout ce qu'il vendait était bon pour la santé, naturel. Il ne s'embarrassait pas des produits toxiques utilisés par les autres agriculteurs, et faisait d'énormes économies. Pour savoir quelle heure il était, pas besoin de montre. Le soleil rythmait ses journées.
—Il a débuté son discours par un sondage, tout simple, basé sur les profits que faisaient chaque agriculteur, observant l'argent gagné par rapport aux coûts de production. Il a alors réussit à leur démontrer qu'avec tout l'argent qu'ils mettaient dans leurs techniques nocives pour l'environnement, ils gagnaient au final presque autant d'argent qu'un agriculteur faisant du bio. Mais les coûts de conversion d'une agriculture à une autre sont trop élevés. Les meilleurs actes méritent sacrifice, bien que la nature d'un acte diffère selon point de vue. C'est aussi vrai pour l'attitude de Gautier. Lui qui ne voulait qu'aider son prochain, et son environnement. Le jeu en valait-il la chandelle?
Toujours est-il que la réunion a continué. Gautier exposait argument sur argument. L'assemblée ne faisait aucun bruit, posant une question de temps à autre. On aurait cru voir de véritables statues de marbre, témoins de paroles dont la véracité était l'équivalent du théorème de maths le plus basique! J'étais réellement époustouflé. Une fois son discours terminé, le premier mouvement provenant de l'assemblée a été esquissé au bout de deux bonnes minutes. La conférence était finie. Certains se sont levé et ont quitté la salle calmement sans demander leur reste. D'autres allèrent féliciter Gautier. Les autres sont restés assis, pensifs. Je n'en croyais pas mes yeux, comment avait-il réussit à les hypnotiser aussi facilement? L'événement m'a permis de savoir que j'avais bien fait de le laisser continuer sa carrière.
Il fit de nouveau sa pose de "compréhension" habituelle, comme il aimait l'appeler. C'était bien la seule chose intéressante qu'il savait faire instinctivement quand il parlait. Enfin... La seule chose qu'il "pensait" intéressante. Il trouvait intelligent de laisser les autres se forger un avis sur ce qu'il venait de dire, peut-être même prendre le temps d'échanger quelques mots avec le voisin, tandis que lui, de son côté, pouvait se préparer mentalement à ce qu'il s'apprêtait à dire. La pause était terminée, il se reprit :
— Suite au résultat de la conférence, il était convaincu qu'il ne fallait pas qu'il lâche l'affaire. Le bruit a couru qu'il allait faire une conférence de plus grande importance, à laquelle beaucoup de gens haut placés seraient présents. C'était l'occasion qu'il attendait pour que le gouvernement établisse des restrictions, sa manière à lui de contribuer à la sauvegarde de la planète et de l'espèce humaine. Bien sûr, certains de mes concurrents cultivateurs d'organismes génétiquement modifiés commençaient à se faire du souci...
Le vieil homme commença à s'emballer, inquisiteur. Sans se mettre à crier, il parla tout de même assez gravement pour que ses paroles résonnent dans toute la salle, les mots ricochaient sur les murs de l'église.
— Gautier a alors reçut des lettres anonymes, les menaçant lui et sa famille. Vous n'imaginez pas quelles horreurs elles lui promettaient si il n'abandonnait pas la cause pour laquelle il se battait. Des gens lui en voulaient et ne le laisseraient pas arriver à ses fins. Conscient du danger, il a tout de même persisté, ne sachant que faire d'autre. S'en est suivi une chose terrible : un soir, alors qu'il était de sortie avec sa femme et sa fille, sa maison a été incendiée! Les hommes avaient pris la fuite avant que les pompiers n'arrivent, alertés pas la fumée. Gautier l'avait-il mérité? J'en doute fortement. Déconcerté, et attendant que l'assurance rembourse les dégâts, il a continué à préparer sa grande conférence, d'hôtels en hôtels, sa famille derrière lui. Il voulait se venger ceux qui l'avaient menacés, et étaient passés à l'acte! Les lettres de menaces se faisaient plus présentes et plus menaçantes à mesure que la date de la conférence approchait.
Il ne réfléchissait même plus, laissant les événements les plus graves de ces derniers temps se déverser un à un de sa bouche, en un flot ininterrompu. L'assemblée était hypnotisée, et, bizarrement, il l'était aussi. Il comprenait maintenant ce que ressentait sont fils, quand il parlait en public.
— La police a enquêté, bien sûr. Mais le peu d'indices dont elle disposait ne permettaient pas encore de trouver le ou les coupables, même si il ne faisait aucun doute qu'ils avaient un rapport avec l'agriculture productiviste. La liste des suspects restait beaucoup trop grande.
Il se calma un peu, se préparant à ce qu'il allait dire. La tristesse refit surface. Quelque chose lui remontait le long de la gorge, prêt à se montrer. Mais il devait finir son discours, c'était la seule chose qui lui importait, pour le moment. Il ne fallait pas qu'il se laisse aller. Il se ressaisit et poursuivit, péniblement :
— Finalement, la police a réussit à trouver l'indice qui les mènerait au coupable. Une simple empreinte digitale retrouvée sur l'objet qui avait mit feu à la maison. Comment n'y avaient-ils pas pensés plus tôt? Peut-être parce qu'une empreinte aussi bien conservée, après un incendie, était un cas extrêmement rare. Malheureusement, ces découvertes... Et... Et l'arrestation du coupable... Non, meurtrier... Sont arrivées bien trop tard...
Ses paroles furent alors noyées dans des sanglots aussi soudains que profonds. Il s'en voulait, il fallait qu'il finisse son discours! En mémoire à son fils, en mémoire à Gautier! Il ne manquait que quelques mots. Mais ses sanglots les rendaient imprononçables. Ils résonnaient dans sa tête, inlassablement, sans qu'il puisse les offrir à l'assemblée. A la place, des larmes qui ne se tarissaient pas roulaient sur ses joues.
Sovelis


EDIT : Les alinéas de Word ont disparus... Tant pis, vous ferez avec.

[ Dernière modification par Sovelis le 14 déc 2008 à 19h59 ]

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jb90

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Envoyé par jb90 le Dimanche 14 Décembre 2008 à 20:43


Je vois ce topic, quand je soudain je me dis : "hé ! Mais moi aussi j'ai un sacré talent d'auteur".

C'est pourquoi j'ai décidé de vous conter les péripéties mirifiques de paf le chien, commençons :

"C'est paf le chien qui décide de traverser la rue, quand soudain une voiture arrive, et là PAF le chien".

Voila, si la demande est forte, peut être que je ferais un tome 2.


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Tout simplement parce que l'écologisme porte en lui les germes inavoués du totalitarisme liberticide.

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