Hors Ligne Membre Inactif depuis le 28/02/2019 Grade : [Divinité] Inscrit le 07/11/2008 | Envoyé par JiRock le Mardi 14 Mai 2013 à 02:00
C'est moi ou ça sonne vachement platonicien ? Ce que j'avais compris de Kant et qui s'est trouvé confirmé par ton commentaire, c'est que l'entendement appréhendait les objets fournis par l'expérience au moyen de catégories qu'il possédait a priori (des structures mentales préexistantes). C'est tout de même bien différent d'une idée "générale", innée, de l'objet lui-même. Sinon, comme Dr_Z, je n'avais jamais entendu cette interprétation de Machiavel. Thanks.
___________________ "My ancestor Toshiro used to say, 'Life is a series of choices between bad and worse'. I'm a master of making great bad choices."
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 01/11/2014 Grade : [Nomade] Inscrit le 30/04/2011 | Envoyé par cf357 le Mardi 14 Mai 2013 à 07:51 Je confirme, c'est aussi une des premières qui m'ait été inculquée !
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Mercredi 15 Mai 2013 à 15:46 @Jirock : hmm, je vois ce que tu veux dire, mais... non. C'est plus une limitation de l'esprit, intrinsèque à celui-ci si tu veux. Après je me méfie un peu de cette idée, même s'il y a un terme proche chez Kant, qui est sans doute le concept que j'ai le moins bien compris de toute la critique : "l'unité de l'aperception". Pour les catégories, c'est tout à fait vrai mais pas suffisant : elles ne suffisent pas en elle-même à interprêter le réel. Je crois me souvnir d'une phrase expliquant clairement que les catégories seules ne peuvent se coordoner à une intuition car ce sont des objets trop différents. Kant a donc tout un appareil conceptuel à côté : des schèmes et des principes, tout ceci étant lié mais légérement différent.
En toute honnêteté, je pense que je gagnerais énormément à me replonger dans cette partie technique maintenant que j'ai une bonne idée du projet d'ensemble, mais j'ai aussi envie de lire autre chose^^ D'ailleurs, j'ai (enfin !) lu l'Iliade in extenso. Et ben ça roxx du poney. On passe par tous les sentiments, l'admiration le dégoût, le rire, la tristesse surtout, voire le dégoût. Mention spéciale au chant VI et au chant XXIV, magnifiques. Et ça se lit tout seul., pas de quoi avoir peur
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Mercredi 12 Juin 2013 à 12:51 Allez comme promis, un pavé sur le thème de la SF.
Je vais surtout parler de certains auteurs phares du genre, pour commencer. dans le désordre : Philip K. Dick : Sûrement l'un des auteurs de SF les plus adaptés au cinéma, on lui doit notemment le très fameux Blade Runner (à la base une nouvelle appelé Do androïds dream of electric sheep, le très bon Total Recall de Paul Verhoeven et le mauvais Minority report de Steven Spielberg, entre autres. C'est un auteur très prolixe, wikipedia me donne 44 romans et 121 nouvelles. Nombre de romans font autorité dans le monde de la SF, comme par exemple Le dieu venu du centaure, Ubik, ou encore la trilogie divine. Pour la période, il commence à écrire dans les années 50, mais c'est surtout dans les années 60 que ses oeuvres maitresses voient le jour. Globalement c'est mal écrit, et les personnages sont à peine fouillés. L'intrigue est en général très embrouillée. (pas toujours néanmoins, par exemple Les clans de la lune alphane est très lisible). Avant tout, les romans de Philip K. Dick sont des romans d'idées, un peu comme de gigantesques nouvelles de SF. Ne lisez donc pas son oeuvre pour ses qualités littéraires, mais pour la réflexion sur nombre des thèmes du genre. Les thèmes rencontrés sont aussi variés que : la réflexion sur la réalité et la manière dont elle peut se trouver altérée, le voyage dans le temps, la spiritualité, la drogue... En général, le mensonge est mis en avant comme étant la vérité, ce qui donne à l'ensemble de son oeuvre une ambiance vraiment morbide, glauque. C'est un auteur emblématique de la SF, certes pas du point de vue littéraire, mais pour le nombre d'idées qu'il a développé au cours de son oeuvre. Oeuvres notables : Ubik (Ne commencez pas par celui-là si vous n'en avez jamais lu) Le maitre du haut chateau Le dieu venu du centaure Substance mort (A scanner darkly au cinéma, pas vu pour ma part) La trilogie divine (réunie en un seul tome collection denoël Lunes d'encre) .... Je n'en cite que quelques unes, déjà parce que je ne les ai pas toutes lu, ensuite parce qu'il y en a tellement. Ray Bradbury Un auteur complètement différent du précédent : Contrairement à beaucoup d'auteurs de SF, il se démarque par son style littéraire. il ne se considère pas d'ailleurs comme un auteur de SF, allant jusqu'à dire que seul farenheit 451 est une oeuvre de SF. Contrairement encore à beaucoup d'auteurs de SF, ce qu'il décrit n'est en rien une réalité possible du futur, mais plus, comme il le considère lui-même, du fantastique. Aldous huxley lui-même le décrit comme un poète et non un auteur de SF. Pourtant son nom est connu des fans de SF pour ses romans et chroniques, Farenheit 451 et Chroniques martiennes, mais également pour ses nouvelles Les pommes d'or du soleil Mais limiter Bradbury à la SF serait une erreur, avec son passage par le théâtre (de ses pièces je n'ai lu que La colonne de feu, je suis donc assez mal placé pour en parler, ou par le polar [i)La solitude est un cercueil de verre[/i]. La période la plus prolifique pour lui se situe dans les années 50. A noter qu'il a repris une production littéraire dans les années 90, et qu'il est mort il y a à peine un an. Les chroniques martiennes est un texte de toute beauté, qui, même s'il n'est pas considéré par son auteur comme de la SF, est fortement imprégné du genre, on y trouve, notamment, un bel hommage à Herbert Georges Wells (à moins que je ne vois des références là où il n'y en a pas ^^). Ce qui frappe dans l'ensemble de son oeuvre, c'est la poésie qui l'imprègne. A l'inverse de K. Dick, c'est le style littéraire de Bradbury que nous retiendront, ces pages imprégnées de nostalgie et de tendresse. ce sera tout pour aujourd'hui, je vais le faire en plusieurs fois, quand j'en aurais le temps.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Mercredi 12 Juin 2013 à 20:02 Effectivement, Bradbury écrit très bien. K. Dick c'est pas si cata je trouve, enfin comparé au jeune Asimov par exemple son style est superbe
Proust et les signes (Gilles Deleuze) Mon deuxième essai sur la littérature, donc il m'est difficile de juger, mais j'ai trouvé ce livre absolument brillant. L'intéprétation que Deleuze fait de Proust est à mon avis tout à fait juste, même si un peu réductrice. Quelques très beaux passages, une superbe analyse du rapport entre l'homosexualité et Sodome et Gomorrhe qui déplairait fortement à la Manif pour tous, et ferait taire Gide, bref une super lecture. Bon évidemment, j'imagine qu'il vaut mieux avoir déjà lu la Recherche en entier pour pouvoir s'y plonger.
Critique de la faculté de juger (Emmanuel Kant) [ Dernière modification par corum le 13 jun 2013 à 15h04 ]
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Jeudi 13 Juin 2013 à 12:49 Critique de la Faculté de juger plutôt, non?
En tout cas j'adore la phrase "Il n'y aura jamais de Newton pour un brin d'herbe", le fait que Kant considère l'avènement de Darwin comme totalement inconcevable souligne d'autant plus le génie de ce dernier.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Jeudi 13 Juin 2013 à 15:21 Of course. I'm dumb
Oui, c'est assez génial de lire ça avec le recul qu'on a... D'ailleurs d'une certaine façon, l'idée darwinienne réunit ce que Kant pensait être séparé, ie la faculté de juger réfléchissante, et la raison, en pensant la téléologie (pour les êtres vivants) comme mécanisme causal. Ca éclaire cette révolution incroyable sur le plan conceptuel je trouve.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Vendredi 14 Juin 2013 à 21:59 Tiens un petit passage :
La SF en France. Parce que bon de manère générale tout le monde peut citer des auteurs de SF américains. Mais en France, c'est également un genre qui a connu de beaux jours. Je tiens à signaler que je ne connais pas très bien la SF française, je ne vais donc parler que de ce que j'en connais, le reste, je vous laisse vous débrouiller ^^. Sans remonter jusqu'aux auteurs antédiluviens qui ont publié des romans rappellant la SF (mais si, rappelez-vous Micromegas), encore qu'il y aurait fort à dire sur le cas de Cyrano de Bergerac, la SF en France peut remonter à quelques auteurs d'avant Wells. Bien sûr tout le monde connaît le cas de Jules Verne, De la terre à la Lune et Autour de la Lune en tête, mais aussi Hector Servadac, et une oeuvre de visionnaire mais mal connue, Paris au XXème siècle, refusée par Hetzel comme étant trop fantaisiste, et qui pourtant à nos jours est troublante de réalisme, entre autres. Mais il y a surtout le cas de J.H Rosny aîné, l'auteur du désormais très connu La guerre du feu, avec des ouvrages comme Les Xipehuz (1887 après vérification sur wiki, c'est dire), ou Les Voyageurs de l'infini (plus connu grâce à Jacques Sadoul, dont au passage vous pouvez lire sans souci l'anthologie de SF, simple et agréable). Auteur donc en avance sur Wells, et donc l'un des fondateurs de la SF, à une époque où le genre était inexistant. Bref si vous êtes un fan de SF, foncez sur les livres de Rosny aîné. Mais le genre sombre dans l'oubli pendant l'entre deux guerres. Je ne sais pas trop quel auteur relance le genre en France, mais je dirais sûrement Barjavel, avec Ravages, qui décrit avec brio un univers post-apocalyptique. Du même auteur on peut citer La nuit des temps, ou encore Une rose au paradis. Si Barjavel n'est pas uniquement un auteur de science-fiction, il reste l'un des auteurs importants du genre. Je peux me tromper, mais il me semble qu'en post apocalyptique, Ravages fait figure de précurseur, sorti avant même le traumatisme du nucléaire. A noter qu'en France, ce genre a été repris avec Malevil de Robert Merle d'une manière extrêmement brillante. Même si la SF française est restée un genre plus marginal qu'aux USA (les pulp ont beaucoup aidé là-bas au développement du genre, et ce très tôt, avec des auteurs comme Meritt ou Lovecraft), à partir des années 50, elle se développe énormément, avec des auteurs comme Philippe Curval ou Pierre Boulle. Pierre Boulle est un auteur particulièrement intéressant, car sûrement l'un des seuls écrivains français dont la formation (école d'ingénieur + doctorat en physique si ma mémoire est bonne) lui donne une vocation pour la hard science. Pour autant c'est un genre auquel à ma connaissance il n'a jamais touché. Surtout célèbre pour La planète des singes et Le pont de la rivière Kwaï (oui celui-là, ce n'est pas de la SF), il a pourtant écrit pas mal de romans et nouvelles de SF. L'avantage de Boulle, c'est une grande simplicité dans la manière de traiter ses thèmes, une simplicités qui pourrait passer pour de la naïveté si on ne percevait une cruelle ironie sous-jacente, qui donne presque toujours lieu à un renversement, qui pour en être attendu, n'en est pas moins magistralement assené. Ce peut être la dégénérescence de la race humaine à cause de sa trop grande perfection technique,(La planète des singes), ou les écologistes polluant la Terre par leurs bonnes intentions (Miroitements, Le bon léviathan, mais ce qui ressort toujours d'un roman ou nouvelle de Pierre Boulle, c'est un renversement de la situation initiale. Ainsi ses personnages ont toujours de bonnes intentions (soigner le cancer, sauver la planète, même Hiroshima découle d'une bonne intention chez Boulle, d'ailleurs la nouvelle traitant allégoriquement du sujet est juste fabuleuse), mais ça tourne mal, et la situation finale est toujours l'inverse de celle recherchée. Science fiction pessimiste, sarcastique donc, et pourtant il y a un souffle dans toute son oeuvre, qui nous accroche d'un bout à l'autre. Arrêtons nous sur Philippe Curval : je n'ai pas lu son premier roman, mais son deuxième, Le ressac de l'espace, oui. Dès cette période, il se présente déjà comme un auteur talentueux (Prix Jules Verne pour ce roman). De plus, il a une carrière très étalée sur le temps, commençant à écrire dans les années 60, et jusqu'en 2008, avec Lothar blues, excellent livre imprégné de l'oeuvre d'Asimov, ce qui lui permet d'explorer différents genres et différents thèmes, de la rencontre avec une intelligence extra-terrestre à la robotique, s'essayant à l'anticipation comme au space opera. Ses recueils de nouvelles font autorité également. Passons à Stefan Wul, qui est avec Pierre Boulle un autre de mes favoris : auteur étrange, qui publie 12 romans en 3 ans, (1956-1959), puis silence radio jusqu'en 1977 avec le fantastique Noo. On lui doit également des recueuils de poésie que je n'ai pas lu et dont je ne parlerais donc pas, et pas mal de nouvelles qui sont dans ma bibliothèque à l'attendre ^^. Je ne parlerais donc ici que de ses romans. D'une extrême simplicité, ils sont vraiment lisibles à tout âge, d'ailleurs mon premier stefan Wul, et l'un de mes premiers livres de SF, Niourk, je l'ai lu en primaire, avant de le relire plus tard et de le retrouver absolument génial. Ce qu'il y a bien avec Stefan Wul, c'est que la SF sert de trame, mais n'influe pas sur l'histoire, qui se révèle un conte philosophique d'une grande fraicheur. Ainsi l'arrière plan de Niourk, c'est un monde d'anticipation tout à fait élaboré, mais qui ne prend toute son importance qu'à la fin, à l'arrivée à Niourk (New York). Un monde souvent tout aussi complexe que la trame est simpliste, c'est ce qui fait de Wul un auteur extraordinaire, autant pour les enfants que pour les adultes. Ses livres se lisent en plus en une soirée (pour ma part j'aurais de toute façon du mal à les lacher ^^). Par contre, c'est là que le bât blesse, je devrais, au vu de leur réputation, parler d'Andrevon, de Sternberg, de Kurt Steiner (je crois qu'il est français ^^), de Gérard Klein, et de plein d'autres auteurs, dont je me bornerais pour l'instant à préciser qu'ils sont sur ma liste de lecture. Je vais donc faire un méga saut aux auteurs beaucoup plus récents et parler de : Pierre Bordage : je pense que celui-là à peu près tout le monde en a entendu parler. Auteur d'une trilogie fantastique fabuleuse se situant pendant la révolution française, l'Enjomineur, c'est aussi un de nos auteurs de SF contemporains (Les Griots célestes, Les fables de l'humpur, La fraternité du Panca et autres. Le principal problème avec Bordage, c'est que c'est bien mignon, mais répétitif, les ficelles finissent par devenir bien visibles. Mais les idées en elles-même sont vraiment séduisantes, l'idée du désastre de la génétique dans (Les fables de l'humpur), ou le voyage dans le corps d'une autre personne, (Porteurs d'âmes), ou encore l'idée d'une confrérie qui lie les mondes de l'univers entre eux pour y établir la cohésion ( Les griots célestes), autant d'idées porteuses et très bien développées. Autant dire que lire tout Bordage d'un coup, c'est pas trop la peine, mais en lire un de temps en temps est non seulement très agréable, mais en plus intéressant. Un dernier auteur pour la route? : Le Space Opera est un genre marginal en France, quelques auteurs lui ont accordé un minimum de livres. Il est pourtant un auteur qui y a cnsacré sa carrière, il s'agit de Laurent Genefort., particulièrement connu pour Omale. Dans le genre, c'est un auteur tout à fait honorable, certes pas le meilleur, mais ses textes reprennent les codes du genre avce une petite touche personnelle non déplaisante. Peut-être rien de très nouveau depuis Edmond Hamilton, mais le Space Opera est peut-être le genre de SF décrié par les hipster, il n'est pourtant pas aussi simpliste que certains veulent le faire croire. En effet, c'est dans l'imagination des mondes évoqués que le genre trouve son principal intérêt, et dans cet exercice, Genefort excelle. Voilà voilà, je me suis pas relu, j'espère que j'ai pas dit trop de conneries, je corrigerais plus tard sinon ^^.
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Hors Ligne Membre Passif depuis le 04/04/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 14 Juin 2013 à 22:06 J'ai arrêté de lire à " le genre sombre dans l'oubli entre les deux guerres ".
Dude. Sadoul - il me semble - chiffre à 3000 le nombre de romans de SF publiés à cette époque. 3000 et on est certainement en-dessous de la réalité. Tu peux juste pas dire que le genre tombe dans l'oubli et espérer être pris au sérieux là. Boris.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Vendredi 14 Juin 2013 à 22:10 Je parle de la sf française : la production entre les deux guerres, c'est pas vraiment ça...
ceci dit je m'avance sur la période de début en fait, j'aurai plutôt dire les années 30 ^^.
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Hors Ligne Membre Passif depuis le 04/04/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 14 Juin 2013 à 22:55 C'est bien ce que je dis : tu racontes absolument n'importe quoi. La période 1918-1945 est peut-être la période la plus productive de toute l'histoire de la SF française, notamment les années 30. Mon chiffres de 3000 était, après vérif, sur une période plus large ( de fin XIX ème à 1950 ) reste que ta vision de la SF française avec un grand trou noir entre les frères Rosny et Barjavel, c'est : 1 - Complètement délirant historiquement. 2 - Le signe de la réussite qu'est la colonisation culturelle américaine ( on oublie notre propre patrimoine ou on s'en moque, phénomène similaire à celui qui a lieu dans le polar d'ailleurs, ou personne ne sait que Hammett vénérait Simenon ). 3 - Un cliché qu'il serait peut-être temps d'anéantir aujourd'hui. Je signale au passage que l'une des premières collections spécifiquement SF ( les Hypermondes ) nait en 1935 ; que sortir Ravages comme " renaissance " du genre quand un post-apo largement aussi bon- Quinzinzinzili - est sorti en... 1935, ben c'est douteux ; et que bien avant Pierre Boulle, un autre auteur de SF polytechnicien reprenait à son compte l'influence du surréalisme ( Jacques Spitz dont les romans les plus connus et réputés sont publiés dans les années 30, tiens tiens ). Boris, le pire, c'est que je voulais faire un article facebook sur ce sujet, et que le tien pourrait être l'exemple le plus parfait de comment un amateur de SF contemporain perçoit notre passé.
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Hors Ligne Membre Passif depuis le 04/04/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 14 Juin 2013 à 22:59 Puis franchement, les Xipéhuz, ça a quel rapport avec Wells ? Dans le style - le passage avec les écritures cunéiformes, les pages faussement bibliographiques et tout - ça anticipe beaucoup plus Borges et les post-modernes que les autres auteurs de SF. Je pense par exemple qu'il y a des similitudes formelles avec le dictionnaire khazar de Pavic, en tout cas beaucoup plus qu'avec Wells.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Samedi 15 Juin 2013 à 17:59 Je rejoins Kakkhara pour chanter les louanges de Niourk. Il y avait un truc qui m'avait marqué, c'était des souris de labos tueuses, ou quelque chose comme ça, en tout cas le côté labyrinthe-piège constitué par New York était très stylé. Sinon A Scanner Darkly vaut le coup, ne serait-ce que pour Radiohead et Robert Downey Jr. Quelques petites chroniques pour la route: The Silver Key - HP Lovecraft Lovecraft, des fois c'est mauvais (ne lisez pas At the Mountains of Madness), des fois c'est bien. Et des fois c'est très très bien. The Silver Key appartient à cette dernière catégorie: c'est un des trucs les plus incroyables que j'ai pu lire cette année, le genre d'oeuvre qui vous fait dire "waw" après avoir lu la dernière ligne. Récit court (une quinzaine de pages), il a l'avantage de ne pas chercher à respecter le formatage "récit destiné à une revue d'horreur un peu cheap" qui pèse sur pas mal de nouvelles de l'écrivain. Du coup il ne reste que le génie de Lovecraft qui peut s'exprimer à loisir, pour faire une sorte de manifeste existentialiste qui, à la froideur indifférente du monde objectif décrit par la science, propose le rêve comme ultime recours. Et avec ça, il se permet une exploration des souvenirs de l'enfance amenée de façon subtile, et qui fait de The Silver Key une sorte d'oeuvre totale: déclaration philosophique, variation introspective sur les souvenirs passés, évocation de mondes fantastiques; cela assemblé avec cohérence, d'une manière dont on ne peut qu'admirer la construction. Et la prose touche à la perfection; je ne peux résister à l'envie de conclure avec une citation du texte: "Then he began once more the writing of books, which he had left off when dreams first failed him. But here, too, was there no satisfaction nor fulfillment. For the touch of Earth was upon his mind, and he could not think of lovely things as he had done of yore. Ironic humor dragged down all the twilight minarets he reared, and the earthly fear of improbability blasted all the delicate and amazing flowers in his faery gardens." The Good Life - Jay McInerney Divers membres de la classe aisée New-Yorkaise voient leur vie transformée par les attentats du 11 septembre. McInerney est un écrivain New-Yorkais, et c'est là à la fois une grande qualité et un grand défaut: comme si son côté brillant devait fatalement venir au prix du superficiel (je trouve la même chose à Woody Allen, il doit y avoir quelque chose avec le fait de vivre à New York qui provoque ça). J'avais adoré Journal d'un Oiseau de Nuit et Story of my Life, qui menaçaient pourtant aussi de se faire déborder par le côté très superficiel de certains éléments de l'intrigue. The Good Life, hélas, ne parvient pas à éviter cet écueil. L'idée de donner un traitement littéraire aux conséquences sociales et psychologiques du 9/11 est sans doute louable, mais le récit se transforme assez rapidement en histoire d'amour extra-conjugal somme toute assez banale, à laquelle les fumées de Ground Zero donnent certes un décor post-apocalyptique plaisant, mais sans jamais la transcender. Les personnages sont assez creux, les éléments censés leur apporter de la profondeur étant assez inefficaces/artificiels (par exemple une femme qui se sent coupable d'avoir conçu ses enfants à partir des ovules de sa soeur). Alors certes, McInerney reste un auteur qui sait écrire, et dans l'ensemble le livre se lit plutôt agréablement, mais il manque l'humour et les excès en tout genre des personnages de ses autres romans, excès qui paradoxalement les faisait paraître bien plus réels. La Presqu'Île - Julien Gracq Comme pas mal de récits de Gracq, La Presqu'Ïle a comme personnage principal l'attente. Ici on attend pas, comme dans Un Balcon en Forêt ou Le Rivage des Syrtes, un envahisseur étranger, mais une femme. Le héros, Simon, a reçu une télégramme de son amoureuse, Irmgard, qui lui annonce son arrivée imminente. Le train n'arrivant qu'à 19h53 dans la petite gare bretonne où elle doit arriver, Simon a toute une après-midi d'attente devant lui, et décide de partir réserver une chambre d'hôtel près de la mer pour s'occuper. La Presqu'Île est le récit de cette demi-journée. Comme il ne survient aucun incident notable pendant ce voyage et que le récit s'étale sur plus d'une centaine de pages, l'oeuvre est un véritable exercice de style, qui fait passer les autres romans de l'écrivain pour des blockbusters de Michael Bay en comparaison niveau teneur en action. Mais le pari est réussi: on a guère le temps de s'ennuyer tellement la prose est envoûtante; Gracq enchante les côtes et la campagne bretonne, en fait des descriptions magiques et qui résonnent avec l'état interne du héros. Le récit a beau être en troisième personne, c'est dans la Presqu'Île que l'auteur se rapproche le plus de Proust, par le côté dépouillé de l'intrigue, la part occupée par l'introspection, et l'hypersensibilité du personnage. Celui-ci est d'ailleurs sujet à des changements d'humeur permanents, passant de l'euphorie à la quasi-dépression selon les lignes, montagnes russes émotionnelles qui contrastent d'autant plus avec la linéarité des évènements objectifs. Clairement pas l'introduction idéale pour les novices, mais un incontournable pour les autres (BM, si tu m'entends..) A noter que dans le même recueil sont édités deux autres nouvelles: La Route, qui est en fait le début d'un roman inachevé, se déroulant dans un monde fictionnel et qui, au vu de ces premières pages, avait l'air potentiellement sensationnel; et Le Roi Cophetua, qui est assez mineur. Sur Les Falaises De Marbre - Ernst Jünger Roman très étrange que ces Falaises De Marbre, écrit par un allemand farouchement conservateur mais ayant pris ses distances avec le nazisme bien qu'en ayant été un potentiel inspirateur. Paru en 1939, on ne peut pas ne pas sentir l'atmosphère sombre de la période qui transpire dans toutes les pages, et il est ailleurs étonnant que le livre ait passé la censure alors que sa critique allégorique des milices nazies est à peine cachée. Je crois que la meilleure façon de décrire Sur Les Falaises De Marbre est que c'est ce qu'on aurait obtenu si Gracq et Tolkien avaient écrit un livre ensemble. Il ne se passe pas grand-chose, les évènements sont évoqués de façon très détournée/implicite/imagée, et on décrit un monde semi-imaginaire en proie aux désirs de conquête d'un seigneur maléfique, le grand Forestier, qui rassemble des populations de marginaux dans ses forêts en vue de semer la destruction. La montée progressive du désordre, le mode d'action des "vers à feu" - sorte de milices du grand Forestier chargée de répandre la terreur-, la conversion des intellectuels aux mythes barbares et la dégénérescence des rituels, tout cela rend assez clair le parallèle que Jünger est en train de faire avec son époque. Le récit proprement dit a ses forces et ses faiblesses. Par exemple il est assez difficile de s'identifier aux personnages principaux: pendant que le monde autour d'eux court à sa perte, qu'est-ce qu'ils font? Et bien ils consituent un herbier, évidemment! Bref il faut une passion pour la botanique assez prononcée pour comprendre leurs motivations. A côté de cela, il crée une atmosphère, à la fois sombre et féérique, proprement fascinante, qui n'est pas sans me rappeller par exemple celle de Shadowmoor par certains aspects. Et les trente dernières pages sont éblouissantes. Je ne sais pas si vous connaissez le mème qui fait "Waw, it escalated quickly", et bien ça résume tout à fait ce qui se passe; jusqu'ici il ne se passait pas grand chose, et tout à coup le livre s'embrase (sans qu'on sache vraiment bien pourquoi), on a le droit à des moments véritablements épiques et apocalyptiques. Un roman qui a ses défauts, mais dont la puissance évocatrice, le contexte dans lequel il a été écrit, et l'originalité font qu'il me laissera sans doute longtemps l'impression d'un livre marquant.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Vendredi 21 Juin 2013 à 15:51 C'est bien ce que je dis : tu racontes absolument n'importe quoi. La période 1918-1945 est peut-être la période la plus productive de toute l'histoire de la SF française, notamment les années 30. Mon chiffres de 3000 était, après vérif, sur une période plus large ( de fin XIX ème à 1950 ) reste que ta vision de la SF française avec un grand trou noir entre les frères Rosny et Barjavel, c'est : C'est fort possible, mais c'est un cliché tenace dans ce cas, qu'on trouve répandu vraiment partout. Je signale au passage que l'une des premières collections spécifiquement SF ( les Hypermondes ) nait en 1935 ; que sortir Ravages comme " renaissance " du genre quand un post-apo largement aussi bon- Quinzinzinzili - est sorti en... 1935, ben c'est douteux ; Peut-être que c'est pas le premier. Mais y a pas que la date à prendre en compte. C'est comme en fantasy dire que Tolkien a relancé le genre : c'est vrai d'une certaine manière, Le seigneur des anneaux faisant date dans le genre, même si chronologiquement ça colle pas, en fait. Peut-être que je me suis trompé, et que tous les gens qui le pensent se trompent également, mais balancer un titre comme ça ne suffit pas à invalider. et que bien avant Pierre Boulle, un autre auteur de SF polytechnicien reprenait à son compte l'influence du surréalisme ( Jacques Spitz dont les romans les plus connus et réputés sont publiés dans les années 30, tiens tiens ). C'est fort possible, d'où ma précision l'un des seuls, m'étonne pas de trouver un contre-exemple, j'ose même espérer qu'il y en a plus d'un. Puis franchement, les Xipéhuz, ça a quel rapport avec Wells ? Pas grand chose : c'est juste qu'on assigne Wells comme père de la SF contemporaine, alors que les romans de Rosny aîné sont antérieurs. Je crois pas avoir écrit que Wells s'est inspiré des Xipéhuz. Juste que Rosny aîné a eu une influence moins mise en avant que celle de Wells, mais néanmoins présente, et que pourtant on ne connaît généralement de lui que La guerre du feu. Certes ses récits préhistoriques forment une bonne partie de son oeuvre, mais la SF également, ce qu'on a tendance à oublier. Franchement, si t'as une bonne connaissance de la SF française des années 25/35, je serais très intéressé que tu la partages. J'ai jamais trouvé grand chose d'intéressant de cette période qui ne soit pas américain, mais comme je l'ai précisé, ma culture en SF française n'est pas mon terrain de prédilection. Une piste des auteurs à lire, des genres auxquels ils se rattachent et des influences qu'ils ont eu sur le genre, ça m'intéresserait énormément.
___________________ "_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec. |
Hors Ligne Membre Passif depuis le 04/04/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 21 Juin 2013 à 18:55
Non. Versins et Van Herp, deux des auteurs francophones les plus importants concernant la critique de SF, ne le pensent pas du tout par exemple.
La seule chose qu'a eu Barjavel de plus que d'autres auteurs antérieurs c'est un fort succès critique. Mais c'est comme dire que Dantec avec les Racines du mal relance un genre ou ce que tu veux parce qu'il connait un gros succès critique et public ; en gros, dans les deux cas c'est juste une vitrine devant laquelle s'arrêtent les profanes.
Sauf qu'autant l'influence de Welles me semble assez forte sur le courant ( Maurice Renard lui doit pas mal, Priest également ), autant je vois pas de successeur directe à Rosny dans son genre, parce que Rosny est dans un registre vraiment spécial ; je pense qu'à la limite, Rosny plairait plus à un amateur de Borges ou de Calvino par exemple qu'à celui de Moorcock. En gros, Welles a eu une très forte postérité dans le genre - tout comme Verne - que je vois mal chez Rosny.
En fait, ton article m'a convaincu de mettre en place un projet que j'ai depuis un certain temps : rédiger des choses sur la SF de cette période, en gros 1900-1945. Donc ça se met en place lentement - mes articles seront assez longs et si on y ajoute le temps de lecture et mon côté psychorigide et perfectionniste, je vais mettre beaucoup de temps - mais je ne pense pas que MC soit une excellente plateforme pour ce genre de textes donc je préfère les publier sur mon facebook. Mais si vraiment ça t'intéresse, je peux t'envoyer des copies de ce que j'écrirai là-dessus dans problème. Là par exemple je suis sur deux thèmes : les romans-feuilletons délirants du couple Féval fils/Magog et les histoires d'insectes ( on m'a conseillé de faire par thématiques ). Donc voilà, je vais certainement pas parler que de chefs d'oeuvre - ça a jamais été mon genre - mais dans le tas il y a clairement des oeuvres que j'apprécie beaucoup. Boris.
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