Report PT et GP Londres : La passe à trois

Posté le Dimanche 12 Mai 2019 à 19:38 par Leland_Palmer (6325 lectures)

Le report de mon 3ème Pro Tour en formats Draft la guerre des Planeswalker puis en Modern. Et quelques autres bonus...
Jamais deux sans trois. Quelle drôle d’expression qui tient avant tout de la superstition. Et de la superstition il y en a dans Magic. Tenez, mon truc ces derniers mois consistait à jouer le même deck (mono-bleu) avec les mêmes sleeves (bleu) sur un même tapis, celui de mon premier Pro Tour. Et il faut dire que ça fonctionnait plutôt bien jusqu’ici, m’étant qualifié à Londres en respectant à la lettre ce mode opératoire.

1/7 Nouveau format, nouvelles règles

Mais les temps changent. Ce troisième pro Tour ne se jouera pas en standard mais en Modern et mon niveau dans le format se rapproche de celui de la mer. Il y a quelques années, je jouais régulièrement un deck birthing Pod qui fut ensuite banni. Je suis ensuite passé à Splinter Twin et vous devinez la suite. Bref, j’avais laché le modern, devenu progressivement l’un des formats les plus intéressants de magic avec un métagame très divers.

Autre twist, ce pro tour se jouera avec la nouvelle règle du Mulligan : Le « London Mulligan ». A chaque fois que vous mulliganez, vous repiochez 7 cartes. Quand vous décidez de garder votre main, vous remettez autant de cartes au-dessous de votre bibliothèque que de fois où vous avez mulligané (mulligan 5 = je pioche 7 et je remets 2 cartes en dessous). Je vais tuer tout suspens : cette nouvelle règle est fantastique pour le format limité puisqu’elle permet de minimiser les risques de non-parties sur des mulligans à 6 ou 7.

Les avis étaient plus mitigés en modern, certains s’inquiétant de l’avantage procuré aux decks « linéaires » qui allaient être encouragés à mulliganer plus agressivement pour trouver leurs cartes clés.  Le deck Tron et ses 12 terrains d’Urza en est un bon exemple.

Pour autant, l’impact de cette règle en modern a été contrebalancée par l’annonce que nos decklists seraient publiques et notamment consultables par les adversaires. Cette fois ci, les decks « intéractifs » à l’image de UW control étaient favorisés puisqu’ils pouvaient déterminer plus aisément qu’elles étaient les cartes clés du match ups qu’ils voulaient dans leurs mains de départ.

Ok, vous avez maintenant tous les détails de ce pro tour si particulier. Pour rappel, un pro Tour se déroule sur 3 jours. La première journée commence par un draft de 3 rounds suivi de 5 rounds de Modern. Tous les joueurs avec au moins 12 points (soit l’équivalent de 4 victoires sur 8 matchs) passent en jour 2. Rebelote en jour 2 mais celle fois ci, seul le top 8 pourra intégrer la dernière ligne droite de dimanche.

On passe à la préparation.

2/7 la préparation

Vous commencez à être habitués mais pour préparer un tournoi aussi important que le Pro Tour, rien de tel qu’un entrainement intensif avec 7 autres joueurs au sein d’une maison de campagne située à la frontière belge. Notre objectif : maitriser le format de draft « la guerre des planeswalker » qui vient d’être révélé en ligne.

Ah oui, je ne vous l’ai pas encore dit. Le tournoi se joue 5 jours après la révélation des cartes. C’est très peu et les fameuses cartes ne sont même pas encore sorties. Nous occupons donc notre première journée à confectionner un set à l’aide d’impressions maison. On appelle cela un cube. 11 drafts vont suivre et votre serviteur terminera à la 4ème position sur l’ensemble du séjour avec un ratio de 55-60% de victoires. Pas si mal au sein d’une équipe composée de joueurs aussi brillants que notre cher Jean-Emmanuel « Jirock » DEPRAZ (membre de la MPL), Louis DELTOUR (récent finaliste du GP Bilbao en Modern) ou encore julien BERTEAUX (Top 8 du dernier Pro Tour).

Le reste du temps était partagé entre les repas collectifs, les séances de balle aux prisonniers le matin et de la méditation l’après-midi. Ce rythme est toujours aussi intensif, je vous avoue être arrivé fatigué au Pro Tour, probablement un peu trop. J’y reviendrai


En pleine séance d'analyse de nos drafts


3/7 le format « la guerre des Planeswalker »

Oui, parlons-en ! Déjà, j’espère que vous avez tous lu la dernière analyse du limité concoctée par Gulfoss, Hemelt et Zygomatic. Pour toutes les raisons exposées précédemment, je n’ai pas pu y participer mais je vous conseille vivement de vous y référer. Ensuite mon ressenti perso :

Le format paquet scellé est gouverné par les bombes, très présentes parmi les planeswalkers, les Dieux ou encore le cycle des rituels mythiques. C’est cool d’en ouvrir dans son pack mais c’est encore mieux d’apprendre à les affronter. Ainsi, les contresorts et sorts de défausse sont particulièrement importants. C’est pourquoi le bleu et le noir me semblent être les meilleures couleurs, rejointes par le vert et ses impressionnantes qualités de Fixing. Les jeux aggros me semblent en revanche beaucoup plus en difficulté, d’autant plus que l’édition ne manque pas de « removal de masse » pour gérer les invasions barbares.

En draft, l’analyse est très différente. Aucun archétype ne se dégage réellement dans un sens comme dans l’autre. J’ai plutôt tendance à ranger les stratégies en différentes familles : Le Blanc aggro, le noir value, le bleu control et le vert fixing. Et encore, ce serait très réducteurs quand on voit la profondeur de stratégies axées autour de la prolifération par exemple.

Les Planeswalker, parlons en un peu. C’est une réussite. Il y en a 36, des très bons, des moins bons mais leur présence n’est pas aussi oppressante qu’on pouvait l’espérer. Certains jouent même des rôles très ciblées à l’image de Narset ou huatli.

Globalement, c’est l’un des formats limités que j’ai préféré. Les parties sont très interactives car le niveau global de certaines communes est vraiment élevé

4/7 le Pro Tour – DRAFT

On y est. Jamais deux sans trois. Sauf que là pas du tout. J’ai le sentiment d’être sur-préparé en draft est très en dessous de la moyenne en Modern. Au fait, je joue Tron. J’ai un bon feeling avec le deck et j’avais peu de temps pour l’apprendre. Par ailleurs, je vous avoue ma mécompréhension vis-à-vis de la haine de certains joueurs contre le deck. En quoi serait-il plus légitime de jouer des cartes aussi puissantes que Jace, pillage sans foi ou mox d’Opal? En quoi, est-ce plus légitime de tuer par le cimetière où juste en accumulant les artefacts à 0 mana ? bref, la tendance de certains joueurs modern à considérer qu’ils jouaient de « vrais decks » par rapport à Tron m’a un peu surpris, pour ne pas dire saoulé. Par ailleurs, j’en profite pour remercier les joueurs des boutiques qui m’ont appris à mieux maitriser les matchs up de tron au cours de ces dernières semaines. Beaucoup de belles rencontres malgré les quelques soupires quand je posais mon land de tron.

On en revient au draft. Je m’assoie à la table. Je ne reconnais aucun des joueurs. Cette fois ci, pas d’ Hydroid Krasis en Pick 1 ou de Bye en round 1 mais un booster bien compliqué où se battent en duel Une Tamiyo’s Epiphany et un brasier solaire en rare. Je pick le second. Pas forcément le meilleur moove d’une matinée qui va tourner au vinaigre.  Le reste du draft se passe pourtant très bien. Je pars sur un Izzet Spells qui peut tout à fait accoucher d’un bon score. Hélàs, encore fallait-il que je sois bien réveillé.


J'étais le seule joueur Izzet à la table. Le deck me semble globalement assez bon avec un ratio créatures / Sorts épéhémère/rituel tout à fait correct pour ce type de jeux. Ceux qui suivent nos vidéos avec Magic c'est chic savent que je raffole des anomalie englousorts

R1 0-2
R2 1-2
R3 0-2

Score du draft : 0-3

Wow, c’est passé vite. Que dire. Avec du recul, je pense être fautif sur 4 de mes 6 manches perdues. C’est juste beaucoup trop. Impensable à ce niveau de la compétition et au regard d’une préparation qui ne devait rien laisser au hasard. Aurai-je pu faire 3-0 ? Non pas forcément, j’ai aussi manqué de chance mais c’est surtout l’impression du gâchis qui me submerge. Tant de travail pour…ça. Et puis je me définis comme un joueur de limité. Un tel résultat c’est aussi vexant.

...

5/7 le Pro Tour – MODERN

Faire 4-1 ne relève pas de l’impossible mais ce n’est pas ainsi que la journée va se dérouler. Je perds tous les toss et affronte des matchs ups qui vont de compliqués à très compliqués, soit :

UR phenix 2-1
Tron 2-1
Scales 1-2
RG Eldrazi 0-2
Humains 1-2

C’est le point positif de la journée. J’ai l’impression de m’être ici beaucoup mieux battu et d’avoir bien anticipé des match ups parfois complexes. Les parties de Scales puis d’Humains se sont perdues sur des top deck. C’est dur mais c’est la vie. Et puis je joue le deck spécialisé dans ces situations. Se plaindre à Magic n’est pas le meilleur moyen de progresser.

Je ressors de cette journée avec les yeux embués. Tous mes amis sont passés en Jour 2 en réalisant parfois d’excellentes performances. C’est dur de ne pas en être. Le gâchis donc mais il faut aussi être rationnel. C’est idiot de penser qu’on va toujours faire 12-4 ou 10-6 à chaque pro tour comme il est étrange de dire « jamais deux sans trois ». Je n’atteindrai pas le statut « or » cette année. Un Fish&ships et quelques heures de sommeil m’ont permis de passer à autre chose.


6/7 le grand Prix Londres

La structure du GP Londres part d’une idée saugrenue : Et si on faisait un GP le jour de l’avant-première ? Perso j’adore les deux, donc j’étais assez impatient de pouvoir y participer même si cela signifiait un échec au Pro Tour.

Sauf que l’organisateur du tournoi, Channelfireball, a fait cela de la pire des manières. Nonobstant le prix prohibitif de ce tournoi (80 euros), il fallait en plus réaliser le score minimum de 6-1 pour espérer passer en jour 2, au lieu du 6-2 habituel. Autre mauvaise surprise, aucun joueur ne disposait de « byes » pour ce tournoi. Passer en jour 2 allait donc relever du parcours du combattant.

J’ouvre un pool vraiment bien où se détachent 2 bombes : Nissa et la déesse Oketra. Comme je me sens d’humeur un peu rigolarde, je décide de tenter des choses un peu…wtf… à savoir jouer un Parhelion et intégrer le tout dans un deck 5 couleurs. En vrai, rien de tout cela n’est absurde avec mon pool mais il faut bien se faire plaisir de temps en temps.


Quand tu aimes un peu trop les jeux bien bien gourmands !

R1 : 0-2 vs Orzhov PW.

Ça commence bien, je perds la 1ère direct en 2 minutes. L’adversaire réalise des sorties impeccables avec des cartes moyennes mais qui font le taff. Un jeu avec des bombes ne gagnent pas toujours, il va désormais falloir gagner les…. 6 suivantes lol.

R2 : 2-1 vs BG Midrange

J’affronte cette fois ci un bon joueur français, Kevin Chiche. Les matchs sont globalement serrés mais la qualité individuelle des cartes de mon plan 5 couleurs finit par avoir raison d’une bataille de decks interactifs

R3 ; 2-0 vs RB Midrange

J’affronte la personne avec qui j’ai buildé. Il a ouvert pas mal de bombes : Ugin, Massacre Girl et Chandra mais l’ensemble de son deck est bancal, notamment avec des drops parfois trop aggros et qui n’ont pas grand-chose à faire ici.

R4 : 2-1 vs Bant volantes

Duel de Nissa en perspective. Les 1 et 2 se jouent à un poil de cheveu. A la 3, je résous une Nissa sur le play au tour 4. Beaucoup trop violent. Nissa MVP de ce tournoi de toute manière.

R5 : 2-1 vs RB Bombes

La game 1 donne le ton. Ma déesse blanche affronte le Dieu Rouge accompagné de Sarkhan. On se croirait dans Yu Gi Oh. Je perds ensuite la 2ème sur le retour de Sarkhan. La dernière manche est clairement la plus exceptionnelle qu’il me soit arrivé de jouer ces derniers mois. Je passe toute la partie derrière, enchainant les mauvaises surprises. Avec une seule carte en main et rien sur le board, je me retrouve avec Sarkhan, Angrath et un dragon à tuer. Je pioche Nissa, la joue et active un land qui part affronter Sarkhan. Logiquement il bloque mais j’ai la réponse : Giant Growth. Sauf qu’il a aussi la réponse parfaite et détourne la Giant Growth pour grossir sa bête. Le terrain s’empale et je suis au fond du trou. +1 de Sarkhan à son tour, il me colle 12 choisissant d’épargner Nissa pour être sûr de me tuer au tour suivant. Il joue ensuite un Dieu…. Comment je m’en sors ? Et bien je topdeck Solar Flare. Je rase son board, j’active un terrain et je tue enfin Sarkhan. Le temps que son Dieu revienne sur le terrain, j’ai eu le temps de bâtir une armée de 3/3 puis de lancer l’ultimate de Nissa. MVP je vous dis.

R6 : 2-1 vs RB Aggro

Autre partie épique mais cette fois ci vs un deck ultra agressif avec ses drops à 1 et 2. Je gagne la une et change 12 cartes post-side ! Ce n’est pas suffisant pour finalement jouer une ultime game qui elle aussi se jouera à pile ou face. Epique je vous dit.

R7 :

Nous y sommes, on a presque réalisé l’exploit mais cette fois ci je me retrouve face à une bonne connaissance : Olivier Lejeune. On avait fait le trajet ensemble à Turin, depuis on a sympathisé. Du coup l’ambiance était étrange car aucun de nous deux voulait être responsable de l’élimination de l’autre. Je perds la une sur death et je suis logiquement puni pour avoir mal joué la 2. C’est triste d’être passé si près et je me réconforte avec l’idée que ce tournoi était exceptionnel.

Fun fact. La structure du tournoi était tellement pourrie que seulement 150 joueurs ont passé le jour 2 alors que les lots descendaient jusqu’à la 225ème place. Ça tombe bien je termine 225ème tout pile et empoche 200 dollars !

Le même jour, jean-Emmanuel « Jirock » DEPRAZ passe tout près du top 8. Même si ce n’est pas son meilleur résultat, il a probablement réalisé son meilleur tournoi en termes de niveau de jeu, dominant notamment le format Draft avec un deck « Chat » surpuissant qui figurera même dans le coverage officiel de Wizard.

Les autres français ont réalisé de belles performances avec une pensée particulière pour Yves Chabot et Axel Signarout, qui, pour leurs premiers PT, réalisent les excellents scores de 10-6 et 10-5-1.

Sur une note moins joyeuse, difficile de ne pas évoquer le DQ de la légende Yuuya WATANABE pour « pochettes marquées ». En effet, il était possible de deviner quels étaient les terrains de Tron juste en regardant le dos des pochettes. Yuuya a beau se défendre depuis, je vous avoue que ces arguments et la situation sur place nous ont tous laissés un peu perplexes…

7/7 Dernier jour

C’est l’heure de l’épilogue. Nous avons passés une bonne soirée la veille au bar. Jean-Emmanuel a offert sa bouteille, Axel nous a montré son Bolas Foil récupéré en 4ème pick de son 3ème booster et les autres français ont discuté du nouveau format standard à l’approche du premier MCQ.

Le lendemain, on se lance dans un chaos Draft. Je construis une merveille mais tombe en quart sur le décidemment imprenable Jean-Emmanuel qui m’atomise avec un deck selesnya Aggro très bien pensé.

Je me rattraperai ensuite en Ultimate Master Draft où je draw en final avec un vert-noir automeule sans charme. J’enchaine avec une deuxième Draw en final mais cette fois ci en Chaos Draft où mon temur Control a notamment eu la peau de notre bien-aimé modérateur Kov en quart.

On parle déjà de la suite. De ce qui sera peut-être mon dernier Pro Tour, du moins le dernier auquel je suis qualifié : Barcelone. Un invité surprise vient de débarquer : Alexandre HABERT, joueur régulier et performant de la sphère toulousaine, qui gagne rien de moins que le Grand Prix Londres. Félicitations à lui.

Merci aussi à ceux qui me suivent encore une fois. N’hésitez pas à venir me parler pendant les tournois, ça fait toujours plaisir. Merci évidemment à la Team Magiccorporation qui me permet de vous raconter ici ces aventures

Ce n’est pas encore l’heure du Bilan. Pour cela, je vous donne rendez-vous lors des prochains reports : Le GP Copenhague en juin (format Modern Horizons) et le PT Barcelone en juillet.


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