Topic de vos récits

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f4k3

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Envoyé par f4k3 le Mardi 20 Juin 2006 à 10:07


y'a de l'idee, de la matiere "brute", ca va evoluer


Mimura, le Jean d'Ormesson du 21è siecle??

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Borislehachoire

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Envoyé par Borislehachoire le Mardi 20 Juin 2006 à 10:09


Je pense que c'est aussi pour donner un ton humoristique au texte, même si ça n'est pas très réussi.


Au début c'est plutôt drôle et utile, mais au-dela d'un certain seuil j'avais envie de dire " bon on a compris qu'il n'a pas de vie sociale tu ne vas pas nous décrire l'odeur de chaque mètre carré de sa piaule ? ".
L'autre texte de Mimura était plus " sérieux " et, je trouve, plus prenant. Je ne dis pas qu'un peu d'humour c'est mal ( après mon trip sur Lironea et milamber dans corp city ça ne le ferait pas ) mais que trop fait sortir du texte.

Boris.


corum

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Envoyé par corum le Mardi 20 Juin 2006 à 10:14


Le saint jus parcourut ses couloirs jusqu’au confins du temple de son estomac, alors que son œil, dans une béatitude extrême, frétillait sous ce vin de messe. Enfin, désaltéré par les larmes de ces anges, il énonça une prière sous la forme d’un relent âcre et acide, bruyant et malodorant. Après cette pieuse ingestion, l’hostie enfin proche du tiède fut reprise et put le contenter et le repaître.

Un exemple de métaphore lourde et inutile.

Il était évident que la valeur de minimum était entièrement relative, ainsi, l’équipement fournissant le strict minimum au personnage le plus faible de Clément crevait le plafond, lorsqu’un joueur normal s’imaginait ce qu’il pouvait y avoir de mieux, la constitution minimum de Clément était encore mieux.

Ce genre de truc c'est très lourd. En gras, c'est un mauvais emploi.
Juste pour donner des exmples plus précis de ce qui ne va pas.
Sinon d'accord ave toi Boris, même si je n'ai jamais vraiment accroché à l'humour.

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"car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust

Johannes

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Envoyé par Johannes le Mardi 20 Juin 2006 à 10:17


Le 20/06/2006, Borislehachoire avait écrit ...


Au début c'est plutôt drôle et utile, mais au-dela d'un certain seuil j'avais envie de dire " bon on a compris qu'il n'a pas de vie sociale tu ne vas pas nous décrire l'odeur de chaque mètre carré de sa piaule ? ".


Disons qu'il a fait du remplissage, et qu'a force, c'est saoûlant, je suis d'accord là-dessus. Maintenant, il ne sera pas le premier écrivain à faire ça


L'autre texte de Mimura était plus " sérieux " et, je trouve, plus prenant.


Owi ! Même si le début traînait aussi un peu en longueur avant que l'histoire ne commence vraiment.

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Mimura

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Envoyé par Mimura le Mardi 20 Juin 2006 à 10:23


Je prend note de vos commentaire pour le futur

STAG, cette histoire je l'avait commençait il y a quelques mois déjà, mais je devait la retapper pasque j'avait perdu le fichier et ça m'énerver c'est pour ça que ça a trainé.

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Envoyé par f4k3 le Mardi 20 Juin 2006 à 10:25


en tous cas j'attends la prochain avec impatience
je viens de lire la premiere, elle est mieux, on devine moins facilement la fin et tient plus en haleine

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Borislehachoire

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Envoyé par Borislehachoire le Mardi 20 Juin 2006 à 10:27


Disons qu'il a fait du remplissage, et qu'a force, c'est saoûlant, je suis d'accord là-dessus. Maintenant, il ne sera pas le premier écrivain à faire ça


Justement, je n'ai jamais réussi à lire Dumas, Balzac ou Stendhal, à cause de cette foutue manie de passer quinze pages à décrire un chapeau ( encore que pour Dumas ce soit largement moins pire ).
Je peux me faire traiter d'inculte, mais je trouve que mieux dosé comme chez Hugo par exemple, les descriptions sont plus utiles, je n'ai pas du sauter une page dans les Misérables alors que bon, la chartreuse de parme....
J'ai le problème opposé quand j'écris, j'arrive pas à caser la moindre ligne de description, du coup ben on ne sait jamais ou l'action se passe.

Boris.


corum

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Envoyé par corum le Mardi 20 Juin 2006 à 10:31


La description ça n'est pas forcément utile. Par exemple dans La princesse de Clèves il n'y a pas une ligne de description (je déteste ce bouquin, mais mon prof de français de seconde l'adorait). A l'ooposé, chez Perec il n'y a presque que ça dans la vie mode d'emploi par exemple et c'est génial. Je suis en train de lire le Parfum, c'est magnifique et là des pages et des pages de description.
En fait je ne pense pas qu'il y ait de règle en cette matière.

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Johannes

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Envoyé par Johannes le Mardi 20 Juin 2006 à 10:40


Le parfum... de Suskind ? Ca c'est bien.

J'ai le problème opposé quand j'écris, j'arrive pas à caser la moindre ligne de description, du coup ben on ne sait jamais ou l'action se passe.


Fais un effort

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corum

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Envoyé par corum le Mardi 20 Juin 2006 à 10:43


Le parfum... de Suskind ? Ca c'est bien.

Oui c'est génial, mais j'ai pas pu finir à cause de ma soeur et de ma mère qui se hurlaient dessus... parce que ma soeur n'était pas prête hier à 11h du soir pour prendre son avion ce matin...

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Envoyé par Mimura le Mercredi 30 Août 2006 à 12:32


Désolé de remonter ce topic mais je préfére faire ça plutôt que d'en poster un nouveau, après tout, ce topic se nomme "Topic de vos récits" non ?


Voici donc une nouvelle histoire écrite récemment une soirée où rien d'autre n'était à faire :



Folle journée


7:00. Quelque chose sonne, je l'entends pénétrer mes songes. Cela me poignarde le crâne comme si Morphée lui-même avait décidé de me soutirer de mes rêves à grands coups de marteau. Nous sommes Samedi... étrange... je ne travaille pas le samedi, pourquoi ai-je mis mon réveil ?
Avec le peu de vigueur qu'offre ses muscles au réveil, je lance mon bras dans la direction de mon horloge et j'appuie sur le bouton d'arrêt, j'ai certainement dû le mettre par habitude. C'est sûr qu'à force de travailler cinq jours par semaine dans un bureau sans la moindre évolution depuis six ans, on en vient à refaire chaque geste presque inconsciemment, je me soupçonne même d’avoir déjà les yeux fermés et l'esprit évadé avant même de brancher mon réveil et pourtant, mon corps, comme guidé par l'instinct, viens de lui-même à indiquer l'heure, activer le réveil et éteindre la lampe de chevet.
J'ai fait ce que j'avais à faire pour conserver un semblant de grasse matinée, je me rendors.


7:02. Je réouvre les yeux, la sonnerie ne s'est pas arrêtée, il m'a fallut deux bonnes minutes pour m'apercevoir que cet étrange lutin tournant autour de moi en secouant une cloche de toutes ses forces ne faisait pas partie de mon imaginaire mais était uniquement manifesté par ce bruit strident du monde réel.
J'ai certainement dû appuyer à coté par mégarde en voulant couper le sifflet de mon réveil, lorsque notre esprit ressemble à un amas de pâte mauve opaque et que la seule phrase que l'on peut articuler est « Mmmm... », il peut arriver qu'on pense mener à bien une action sans pour autant que ce soit le cas. Je réitère ma tentative de désamorçage, mon bras engourdi s'évacue une fois de plus des draps et appuie sur le foutue bouton. Cette fois-ci, j'en suis certain, j'ai mis mon doigt où il fallait et ai senti le petit bitogno s'enfoncer dans la masse noire qui n'est autre que la base de cette foutue chose qui ne cesse de faire du bruit même après qu'on ait pu appuyer sur le bouton sensé l'arrêter !


7:03. Je craque, enfin, si on peut appeler ça "craquer", disons qu'il faudra que je prenne quelques minutes dans ma journée pour trouver un réparateur ou un vendeur de réveille-matin, car le mien est désormais au sol, certainement ouvert en deux en train de vomir une série de diodes et autres composants électriques qui, il y a à peine une minute, s'étaient tous mis en tête de me pourrir ma matinée de week-end !
Heureusement, maintenant, c'est fini, je me retourne, je pousse un long soupire langoureux et je referme lentement les yeux en me disant que maintenant la sonnerie ne devrait pas tarder à s'arrêter... Comment ça « Pas tarder à s'arrêter» ? Je viens d'éventrer mon réveil. La sonnerie devrait déjà avoir cessé depuis un moment ! Pourquoi est-ce que je continue à l'entendre ? Je dois certainement avoir des hallucinations auditives, à force de me faire percer les tympans chaque matin par ce son trop aiguë il a du s'ancrer dans mon cerveau et voila que je viens à l'entendre chaque matin même si je n'en ai pas besoin...
Remarquez, si c'est le cas je n'aurais plus besoin d'acheter un nouveau réveil. Mais en attendant, ce matin, ça me casse une partie du corps encore sous les draps et je sens qu'elle ne va pas le rester longtemps si ce son perdure !
Mon esprit a gagné, je me lève. Je suis fort heureux de ne pas avoir de miroir en face de mon lit, sans quoi ma première vision du monde éveillé serait un zombi la gueule ouverte avec une marque de draps sur le visage aussi profonde qu'une cicatrice et un filet de bave rappelant vaguement le résultat après avoir croqué une limace.
Je me secoue le visage, je tape sur mes tempes. J'ai beau être enfin réveillé et conscient de l'être, le bruit continue, j'ai même l'impression qu'il devient de plus en plus rapide... sauf que je ne le sens pas venir de ma tête, mais plutôt du fond du couloir. La porte ?


7:05. En faisant craquer une bonne dizaine d'os au passage, je me mets debout sur le sol. J'enfile une robe de chambre et mes chaussons, le minimum requis pour recevoir un visiteur un peu trop matinal. Même si, de tout évidence, à une heure pareille un samedi matin, ce ne sera ni un contrôleur judiciaire, ni Marie-Lou, la petite stagiaire à qui je fais du charme depuis déjà... trois mois.
Je tends la main vers la poignée et c'est alors que la lucidité commence à revenir de l'antre enfouie de la tête dans une partie cachée par la robe de chambre. Je vais d'abord regarder par le Judas, imaginons qu'il s'agisse de malfaiteur ou de cambrioleur, si jamais je vois une tête cagoulée, un visage lardé de cicatrices en forme de croix gammées ou Ben Laden par ce petit trou, je saurais que je ne dois pas ouvrir.
Ah ! C'est ma mère... Cela ne m'étonne pas, j'ose, d'ailleurs, à peine imaginer depuis combien de temps elle s'évertue à appuyer son doigt sur ma sonnette, peut-être qu'elle en est à appuyer son moignon maintenant. Quoiqu'il en soit, j'ouvre, même si cela ne m'enchante guère.

C'est à peine si elle me dit bonjour, elle entre en me hurlant que j'avais mis un temps fou à me réveiller. J'hésite à lui expliquer le principe des week-end et du fait qu'une personne un peu sensée et travaillant la semaine évite de se lever aux aurores durant ces deux jours puis, finalement, je me dis qu'elle trouvera forcément autre chose à y redire aussi je reste silencieux.
« Et bien quoi ? Tu viens ? » Me crie t'elle de ma chambre. Je viens, autant éviter de l'énerver d'avantage qu'elle ne l'est déjà, elle me montre mon placard avec un air que ferait un sergent instructeur à une bleusaille en montrant un tas de patates à éplucher.
« Habille-toi et que ça saute ! On a rendez-vous ! »
J'ouvre mon placard et commence à sortir mes affaires, j'ose poser « Rendez-vous avec qui ? », mais elle ne me répond pas, elle me regarde juste m'habiller tordant le nez et en regardant sa montre un fois toutes les deux secondes. Dans ces moments-là, la possibilité de se préparer un café n'est même pas envisageable, je me demande même si, un de ces quatre, elle ne serait pas capable de carrément m'agripper quand je lui ouvre et m'emmener avec elle encore en robe de chambre et en chaussons.


7:10. On sort de l'appartement. Évidemment, elle n'a pas de voiture, elle habite loin mais elle n'a pas le permis, alors elle prend un taxi, mais sur le coup je sais très bien que c'est moi qui vais jouer les chauffeurs. On entre dans la voiture, et c'est parti !
Elle m'indique le chemin à prendre, cette fois-ci le sergent instructeur est en train d'indiquer à la bleusaille le maniement d'un tank bourré de nitroglycérine tout en traitant de fous les autres tanks qui osent dépasser le 40. J'imagine ce fameux sergent en train d'essayer d’expliquer à un régiment de soldats armés de lance-flamme que cela risque de détruire la couche d'ozone et je me marre un petit coup, évidemment, elle le prend très mal s'imaginant que je me moque d'elle.


7:15. On est arrivé au fameux "rendez-vous", celui dont j'ignore jusqu'à l'utilité, je ne sais même pas comment se nomme le quartier dans lequel nous sommes, je n'y ai jamais mis les pieds.
« Je peux savoir ce que l'on fout ici ? » Osai-je alors demander, elle me lance un regard assassin. « Fait ! J'aimerais savoir ce que l'on FAIT ici ! »
Elle ne dit rien, elle se contente de me montrer la plaque à coté d'une porte à proximité de notre voiture : « Dr Drufe ; Psychiatre »
« Un Psy ? Mais je n'ai pas besoin d'un psy ! »
« Que tu crois mon p’tit bonhomme ! Maintenant avance on est déjà en retard ! »

On entre, la salle est vide et assez petite, il n'y a guère pour attraper le regard que le bureau de la secrétaire dans le fond. Ma mère s'avance en me tirant par la main ; je déteste quand elle fait ça, j'ai l'impression qu'elle me prend encore pour un gosse, un gosse de 37 ans qui travaille, paie des impôts bois et fume comme un pompier.
« Bonjour ! Dit-elle à la secrétaire, nous avons rendez-vous avec Monsieur Drufe, au nom de monsieur Guiden. »
La secrétaire leve les yeux de son ordinateur comme si elle était dans la même position que moi tout à l'heure en train de lutter contre cette foutue sonnerie qui m'empêchait de dormir, visiblement ma mère ennuie tout le monde aujourd'hui, moi pendant mon repos, elle pendant son solitaire.
« Le docteur vous attend, il va vous recevoir... »
C'est tellement agréable quand les secrétaires sont sympathiques et chaleureuses, je me demande si un jour j'en rencontrerai une de ce genre...
« Tu l'as entendu ? Allez ! Allez ! Entre là-dedans ! » Après m'avoir tiré comme un boulet, elle se met à me pousser comme un mulet, je n'ai même pas le temps de demander des explications.


7:18. Je suis précipité dans la pièce du psy et la porte se referme violemment derrière moi, je le vois en train de me regarder l'air de se dire qu'il va encore s'amuser à dépioter une belle cervelle en tranche de cent euros.
« Asseyez-vous, me dit-il en montrant le divan de son stylo. Je vous écoute. »
Je m'exécute, après tout, même si je n'ai rien à faire ici, autant me mettre à l'aise. En parlant de ça d'ailleurs...
« Est-ce que je peux en griller une ? Ma mère m'a tiré du lit pour m'emmener chez vous et je n'ai même pas eu le temps de fumer, et, vous savez ce que c'est... la dépendance tout ça... »
Je remarque quelques slogans sur les posters accrochés aux murs : "Je fume, tu fumes, nous fûmes.", "De clopes en clopes un jour ton cœur te plaque." j'en viens à me demander comment les publicistes auraient fait si on avait nommé ce petit bâton plein de nicotine "Gloubiboulga".
« Si cela vous permet de vous détendre, allez-y. »
Ces mots sont si doux, s'il m'en avait empêché, j'aurais finalement pu être suffisamment stressé pour avoir besoin d'un psy. J'en sors une, la colle entre mes lèvres et l'allume doucement... Ah... comme c'est agréable de sentir la fumée te parcourir la gorge, explorer tes poumons, pour finalement ressortir par le nez avec des souvenirs pris à la boutique du cœur.


7:25. Après s'être finalement regardé en chien de faÏence pendant plus de cinq bonnes minutes avec le docteur, je lui avoue que je n'ai pas la moindre idée de pourquoi je suis ici. Que tout va bien dans ma vie — même si, étrangement, le "bien" que j'annonce est légèrement amoindri dans ma phrase — et que si je suis ici ce n'est dû qu'à un délire de ma mère.
C'est alors qu'il me sort le mot préféré de tous bon psy qui se respecte : « Continuez. »
« Bon, dis-je, alors... ce matin je me suis réveillé à cause de la sonnerie de la porte qui venait de ma mère. Au départ j'ai cru que c'était le réveil, à l'heure actuelle son cadavre croupi au pied de mon lit... euh... sinon, je travaille dans une boite informatique comme comptable... je suis célibataire depuis cinq ans... je m'emmerde chaque week-end car je n'ai pas vraiment d'amis... et puis... je me suis dépucelé à vingt-trois ans ! Voila ! Je n'ai rien de plus à dire... »
Il fixe sa feuille de note comme si quelque chose d'extraordinaire ou d'érotique se trouvait dessus. Il écrit, encore, et encore, même après que je me sois arrêté de parler, si bien que j'ai l'impression, l'espace de quelques secondes, qu'il profite de ses consultations pour rédiger sa liste de courses ou sortir un roman de six cents pages.
Puis, finalement, il lève les yeux, sans bouger la tête — ce qui me donne l'impression de l'avoir importuné par mon silence pendant son envolé lyrique sur papier — et me sort le sempiternel : « Continuez. »
Continuer ? Mais continuer quoi ? J'ai déjà fini avant même d'avoir commencé ! Je vais parfaitement bien ! Mon esprit est sain ! Certes ma vie n'est pas un champ de rose sur lequel gambadent allégrement des jeunes femmes entièrement nues et Monica Bellucci mais bon, je fais avec ! Même sentimentalement je progresse, la petite stagiaire a enfin accepté que je lui offre un café.


7:30. La porte s'ouvre avec violence, étrangement, le psy reste impassible, c'est ma mère. Elle me chope par le bras et me tire vers la sortie.
« Où allez-vous ? » Demande le psy.
Allez donc savoir... en attendant nous voila dehors, et je n'ai toujours pas la moindre explication sur cette expédition forcée.
« Et maintenant ? Tu peux m'expliquer à quoi cela rimait de m'emmener chez ce psy ? »
« Ferme-la et monte ! »
Pourquoi est-ce que je l'écoute ? Si je voulais je pourrais la tirer de la place du mort et la laisser sur le pavé. Merde à la fin ! Je fais vingt kilos de plus qu'elle je ne vais quand même pas avoir peur de cette...
« Alors ? Hurle t'elle tout à coup me faisant sursauter, tu va t'amener ouais ? »
Je me mets au volant et on repart, mais pas là où je le souhaitais, c'est à dire chez moi. Vraisemblablement elle a encore une idée en tête, ça va être quoi cette fois-ci ? Un dentiste ? Moi qui n'ai plus eu de carie depuis l'âge de quinze ans. Au moins lui il me croira quand je lui dirait que je n'ai rien à faire chez lui, il ne me sortira pas un « Continuez. » juste bon à justifier ses honoraires.


7:45. On y est, le nouveau rendez-vous, pas de dentiste, pas de podologue, de neurologue mais un autre psy ! Monsieur Tiepan... Je n'ai même pas envie de sortir de la voiture, je ne me suis pas dépétré du regard accusateur de ma sainteté d'esprit de l'autre barjo de "Drefu" pour m'en retaper un par "Tiepan" !
Mais ma mère insiste, et quand elle insiste, elle fait mal.
On sort de la voiture, on entre, mais le décor a changé. Cette fois-ci il y a des plantes vertes, des siéges le longs des murs avec des revues, pour la plupart féminins — allez donc savoir s'il a plus de clientes que de clients ou si c'est parce qu’elles sont moins chères, les revues — et surtout une secrétaire qui semble moins intéressée par nous que par le démineur qu'elle pourrait faire sur son PC.
« Bonjour ! Dis t'elle, Monsieur Jean-Marc Guiden je suppose ? Le docteur va vous recevoir. »
Son sourire est charmant, l'espace d'un instant j'hésite à aller voir l'austère disséqueur de cervelle en costume cravate ou parler de mes problèmes sur les genoux de la mignonnette, mais c'est ma mère qui fait ce choix pour moi, et visiblement elle préfère que la secrétaire garde l'intégrité de ses jambes...


7:50. La salle "d'examen" semble moins rigide que la précédente, des efforts ont été faits pour la déco. Pareil qu'à l'entrée, des plantes vertes — Je ne serais sûrement pas habilité à fumer cette fois-ci — des meubles designs et quelques affiches de films connus comme "Matrix" ou "Le Seigneur des anneaux". Je n'ai pas cherché à aller plus loin que "Psychiatre" sur ce que disait sa plaque prés de sa porte mais je suppose qu'il est également pédopsychiatre.
« Entrez, me lança t'il avec un sourire entre le "Ai confiance !" du serpent dans Mowgly et celui qu'afficherait un politicien sur une affiche de campagne, faites comme chez vous ! »
Je suppose que ce genre de personne n’a jamais eut aucun mal à raisonner son épouse... "Certes, chérie, je t'ai trompé, mais si tu réfléchis, tu penses que ce que j'ai fait est une trahison car toi-même dans ton enfance tu as vu un jour ta mère faire l'amour avec le plombier. Et depuis tu ne supportes pas l'idée que l'on puisse se montrer infidèle." et après quelques autres détournements la femme est en pleurs dans les bras de son mari en train de s'excuser d'avoir été si intolérante.

Cette fois-ci ce n'est pas un divan qui a la joie de recevoir mon postérieur mais une sorte de fauteuil un peu branchouille, assez confortable. Malgré tout je ne sais toujours pas la raison de ma présence en ces lieux et je l'en avertis tout net :
« Écoutez... je sais que si vous vous mettiez à déblatérer une série de questions vous en conclurez rapidement le contraire, mais moi, je me sens parfaitement sain d'esprit. C'est ma mère qui devrait plutôt être sur ce fauteuil, c'est elle qui m'a amené ici et chez un autre psy juste avant vous, mais elle ne m'a même pas expliqué pourquoi... »
« Parlez-moi de votre mère. » Dit-il en me regardant comme un spécimen de laboratoire.
« Si vous voulez... Elle est impulsive, autoritaire, violente même parfois. Elle n'a jamais voulu couper le cordon, elle me considère encore comme un gamin et n'hésite pas à m'humilier en public lorsque nous faisons des choses ensemble. Pas plus tard que la semaine dernière, nous sommes allez au cinéma ensemble. Je voulais voir "Silent Hill" mais elle s'est mise à hurler qu'on irait voir le film d'animation "Cars", qu'elle ne m'avait pas emmener au cinéma pour que je fasse des cauchemars cette nuit... Tout le monde nous regardait, j'étais vraiment gêné... »
« Bien... voila qui est intéressant... continuez à me parler d'elle. »
« Non ! Attendez ! Je n'ai rien à vous dire et rien à faire ici ! Je ne suis ni fou, ni désaxé, ni quoi que ce soit qui ait un rapport avec une déficience psychique ! Je suis très bien dans ma tête et je n'ai pas envie que vous vous amusiez à trouver en moi une quelconque faille pour m'obliger, ensuite, à prendre rendez-vous chaque semaine jusqu'en l'an 2040 ! »
« Mais... attendez... »
Je sursaute, de nouveau la porte s'ouvre avec fracas. Ma mère, toujours. Je ne cherche même pas à bouger, j'attends qu'elle m'attrape par le bras et je me laisse emporter par la rage de cette petite vieille qui, malgré son âge avancé et sa carrure de naine, semble avoir la force d'un catcheur.
« Ne partez pas ! Lance le psy dans un dernier recours, nous n'avons pas fini la séance ! Ce que vous avez dit est intéressant, figurez-vous qu... »
Trop tard, je suis dehors, et de toute façon je m'en carre de ce que peut bien penser cet individu de mon état d'esprit, je vais très bien bon sang ! Et maintenant je rentre chez m...
« Tourne à droite au prochain carrefour ! Me hurle ma mère — Je me demande d'ailleurs si elle sait qu'il y a d'autre moyen de communiquer vocalement qu'en utiliser au max les décibels de ses cordes vocales — Nous allons chez un autre ! »
« Quoi ? Éructai-je à mon tour, pas question d'en voir encore un autre ! Moi je rentre chez moi maintenant, tu m'as assez emmerdé comme ça aujourd'hui ! »
« Pardon ? Elle vocifère maintenant à un degré de volume tel que je me dis qu'en parlant à peine un peu plus fort et elle n'aurait pas besoin de téléphone, tu peux répéter ce que tu as osé dire à ta pauvre mère, jeune homme ? »
« Maman ! Je ne suis plus un jeune homme ! J'ai 37 ans et je suis émancipé ! Je travaille, je suis indépendant financièrement, je paye des impôts et des factures et j'ai... hum... des relations sexuelles... parfois... » Là je dois avouer que je ne crois plus qu'à moitié à ce que je dis, j'aurais mieux fait de m'arrêter à "Payer impôts et factures" sans faire l'amour, ce qui me définit déjà beaucoup mieux...
Elle posa la main sur le haut de sa poitrine et se mit à verser une larme.
« Quand je pense à tout ce que j'ai fait pour toi pendant toutes ces années... — Oh non... voila qu'elle remet son chantage affectif, c'est son dernier recours quand la violence ne marche plus — À tous les sacrifices que j'ai dû endurer pour te permettre de vivre décemment, et voila que tu oublies tout ça comme si j'étais la pire des mères. »
« Rôôô... mais non maman ! Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire ! » Et merde, je rentre dans son jeu là...
« Tu peux me laisser descendre là vas... Tu n'as plus besoin de moi... Je t'ai assez ennuyé comme ça... — Maintenant elle va me menacer de se suicider certainement — Je vais me jeter sous les roues d'une voiture, c'est ce que j'ai de mieux à faire... »
« Mais non maman! D'accord ! On va le voir ton troisième psy ! »
« Tans mieux parce qu'on est arrivé ! Son ton a brusquement changé, il est de nouveau aigre, gare-toi là ! »

Décidément... je suis vraiment stupide.


8:10. Ce coup-ci il s'appelle Dr. Geju. Il y a des fois où je me demande si l'un d'entre eux sera capable, un jour, de s'appeler "Durant" ou "Dupont". Je regarde bien sa plaque, monsieur est Psychiatre mais pas seulement de particuliers mais aussi d'entreprises. Pas mal de culs friqués ont dû s'allonger sur son sofa pour expliquer que depuis la dernière chute de trois points du CAC 40 ils ne dormaient plus la nuit.
Effectivement, même le plus grand fou que la terre puisse porter ne pourrait douter que le Docteur Geju est à la recherche d'un peu d'oseille — "Peu" est d'ailleurs une façon de parler — au vue de l'intérieur de sa salle d'attente et de la taille de son cabinet. Même sa secrétaire a plus l'air de sortir d'un examen de mannequinat pour Kevin Claïn que d'une école de gestion. Certainement que, lors des jours de diète d'entretiens dans le cabinet, elle joue à l'infirmière avec le docteur... mais quelle importance puisqu'il saura raisonner sa femme si celle-ci s'en rend compte.
La porte du bureau du psy est déjà ouverte et ce dernier attend à l'intérieur afin de bien indiquer que je suis attendu. Peut-être n'a t-il pas envie que l'on se rende compte que sa "secrétaire" cherche moins bien l'ordre des rendez-vous du docteur qu'elle ne lui fait des...
« Entrez ! Je vous attendais ! » le Dr. Geju ne cherche même pas à savoir qui m'accompagne, et la secrétaire non plus...


8:15. L'intérieur de son cabinet hume le fric comme jamais. On dit que ce sont les riches les mieux lotis, mais je pense que ce sont surtout les psy des riches. Ils sont sûr de gagner leur argent eux au moins, ils n'ont pas à parier sur une action en bourse, le seul risque ce serait qu'un patient perde trois points dans sa névrose mais une petite phrase et voila que ça recommence. L'argent ne fait pas le bonheur ? Si, des psys.
Son divan, il aurait mis un siége paré de pierres précieuses que cela n'aurait pas été plus tape à l'œil. C'est sûrement du Louis XVI ou quelques chose qui s'en rapproche. Derrière lui, une gigantesque armoire de livres, s'il reçoit un coup de fil, il se pourrait bien que ce soit la bibliothèque d'Alexandrie pour signaler qu'elle aimerait récupérer les deux tiers de ce qu'il lui a emprunté.
Je n'attends même plus qu'il me demande de m'asseoir, je le fais instinctivement et je commence à lui parler, cette fois-ci j'aimerais essayer de comprendre :
« Dites moi, de vous à moi, pas vous en tant que docteur et moi de patient mais en tant qu'individu, est-ce que ma mère vous a dit les raisons de mon rendez-vous chez vous ? Parce que moi je ne sais pas ! Vous êtes le troisième que je vois aujourd'hui et je ne sais toujours pas pourquoi je suis là ! »
« c'est ma secrétaire qui a reçu l'appel pour votre rendez-vous, elle ne m'a pas annoncé de raisons particulière. » Forcément... peut-être a t'elle juste eu le temps de répéter le jour et l'heure de l'entrevue avant que sa mémoire de poisson rouge ne l'oublie.
« Voyez-vous, c'est ma mère qui, depuis ce matin, n'arrête pas de me promener de psy en psy. Et je ne sais toujours pas pourquoi ! À votre avis, que peut-elle bien me reprocher ? »
« Mais peut-être le savez-vous vous même sans vous en rendre compte, que pensez-vous qu'elle puis vous rep... »
« Non, non ! Arrêtez votre baratin de psy deux minutes, je ne vous demande pas de me faire dire ce que je pense qu'elle me reproche, j'aimerais savoir ce que vous, vous pensez qu'elle puisse me reprocher. »
« Mais... justement, pour l'instant je ne sais pas mais nous pouvons faire ce travail ensemble afin de savoir quel est ce fameux problème. »
Je ne le sens pas sincère dans ses paroles, j'ai l'impression qu'il ne cherche qu'à achever rapidement sa consultation pour passer à une autre, la seule chose importante c'est qu'en sortant de là, je sois encore assez lucide pour signer son chèque.
« Bon... très bien, faisons ainsi docteur... Je m'allonge sur son canapé et me mets à observer son plafond comme s'il y avait eu une fresque de Michel-Ange — je suppose d'ailleurs qu'avec un tel compte en banque, c'est déjà en projet. — Par où commençons-nous ? »
« Comment sont vos relations avec votre mère ? » Il doit y avoir une seule école de psychiatres sur toutes la terre, car ils posent tous les même questions. Si je lui avais dit que j'étais venu avec mon chien, soyez sûr qu'il m'aurait demandé comment sont mes relations avec lui...
« Comme je l'ai expliqué à votre prédécesseur, mes relations avec ma mère sont bancales. Elle est violente et agressive, elle m'humilie et me traite comme un gamin sans arrêt, pourtant je ne fais rien de mal... »
« Cela fait longtemps qu'elle est ainsi avec vous ? »
« Non... je ne sais pas pour quelle raison, mais avant elle était beaucoup plus douce et prévenante, mais depuis cinq ans maintenant, elle a radicalement changé. »
« Et, est t'elle pareille avec les autres ? »
« Je n'en sais rien... Elle n'est pas très sociable, elle n'a aucun ami, pas à ma connaissance en tout cas. J'ai essayé de l'emmener une fois ou deux dans des soirées, mais elle restait tout le temps dans un coin sans parler à qui que ce soit. Alors forcément, les gens l'ignoraient. »
« Je vois. À quoi serait dû ce soudain changement d'humeur selon vous ? »
« Je n'en ai pas la moindre idée. Je n'ai jamais connu mon père, ma mère est donc, pour ainsi dire, ma seule famille. Je suppose que c'est de ne plus vivre à ses côtés qui a fini par la ronger. »
« En fin de compte on avance, maintenant vous commencez à avoir des idées sur ce qu'elle pourrait vous reprocher, de l'avoir abandonnée. Même si ce n'est qu'une image puisque vous communiquez toujours avec elle. »
« Mais dans ce cas pourquoi m'avoir traîné dans tous ces cabinets de psy ? Ce serait plutôt à elle d'y aller ! »
« Peut-être fait-elle une transposition. Elle sait qu'elle a un problème mais elle refuse de l'accepter alors elle vous y envoie à sa place, cela arrive souvent. Le mieux ce serait que vous la raisonniez afin qu'elle vienne elle-même. »
« Et bien, dans ce cas ce n'est pas difficile, je vais la chercher elle doit être dans la salle d'attente et... »
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, ma mère ouvre la porte et me choppe comme à l'accoutumé, j'essaye quand même de résister cette fois, de lui faire comprendre qu'il faut qu'elle, à son tour, parle avec le psy. La situation semble échapper d'ailleurs au docteur, il n'a pas l'air de comprendre que la petite teigne en train de me tirer de toutes ses forces vers la rue n'est autre que celle dont on parlait il y a encore deux minutes.
« Attendez ! Ne partez pas ! » Dit-il. Peine perdu, ma mère ouvre déjà la porte donnant sur l'extérieur et s'apprête à la refermer.
« Au moins, reprend le psy dans un dernier souffle, essayez de demander à votre mère de passer me voir ! »
J'acquiesce de la tête avant que son visage ne disparaisse derrière la masse de bois d'acajou gardant l'entrée.


8:35. « Bon sang ! Me mets-je à gueuler, tu pouvais pas attendre bordel ? On commençait à entrevoir une solution avec lui ! Et la solution elle n'est pas à mon problème, mais à TON problème ! C'est toi qui a un souci ! C'est toi qui t'imagines que je t'ai abandonnée quand je suis devenu indépendant ! C'est à toi d'aller voir un psy ! »
Elle ne me répond même pas, elle se contente de me regarder avec ses yeux accusateurs qui me signifient que quoi que je dise, quoi que je fasse, je serais toujours en tort face à elle, car elle est ma mère et que la morale des braves gens indique : quels que soient tes parents, tu leur dois respect et obéissance.
On repart en voiture, je suis, encore, son itinéraire, et je sais parfaitement que je vais encore avoir droit à un entretien avec un psy, mais, cette fois, je ne laisse pas passer le trajet sans lui expliquer ma façon de la voir. Je crie tellement fort mes idée que certains piétons se tournent vers ma voiture pensant qu'il s'agissait d'un auto-radio mis un peu trop fort. Mais, malgré tous mes arguments, malgré toutes mes explications, malgré tous les sentiments que je lui vomis au visage après m'être retenu si longtemps, elle reste de marbre en se contentant de m’indiquer la route à prendre pour que j'ailles encore voir un gars qui me dira que ce n'est pas moi mais elle qui doit se faire soigner.


8:50. Voiture garée et alarme mise, je ne regarde même pas la plaque du gars, il pourrait s'appeler Le Pen ou Sarkozy j'en aurais rien à foutre ! J'entre en explosant la porte sur le mur à coté faisant bondir la secrétaire. Je ne vais même pas lui donner mon nom. J'entre dans le bureau du gars. La déco, tout ça, je m'en balance, je lui hurle au visage que je commence à en avoir marre ! Que je ne suis pas fou, que c'est ma mère qui cherche à me le faire devenir, et que maintenant il est plus que temps qu'elle prenne ses responsabilité et qu'elle aille, une fois pour toute, consulter ou qu'elle crève même mais qu'elle me foute la paix !
Le psy est complètement abasourdi, je n'ai même pas encore entendu sa voix. Où est ma mère ? C'est à mon tour de la chopper par le bras et de la traîner sur le divan elle va se mettre à table cette chieuse, elle va finir internée s'il le faut mais pas question que j'écope du rôle du dingue à sa place !
Je retourne dans la salle d'attente, elle n'est pas là. Bon sang mais où est t'elle allée ? Je suis sûr qu'elle a compris que j'allais l'obliger à venir et elle a décamper en vitesse !
« Où est t'elle ? Voilà que je me mets à hurler sur la secrétaire qui parait, soudain, complètement perdue, Il y avait une femme avec moi ! Où est t'elle allée ? »
« Mais... mais je... » Elle balbutie une série de "Mais" et de "Je" mais aucune réponse plausible et moi, je suis toujours en train de faire les cent pas en cherchant dans tous les coins la tronche recouverte d'un manteau de fourrure noir de ma tarée de matrice. Quand, du coin de l'œil, j'aperçois le psy en train de passer un coup de fil la mine complètement apeuré.
« Qu'est-ce que vous faites ? Vous me prenez pour un fou c'est ça ? Je ne suis pas fou vous entendez ? C'est ma mère qui est folle ! Et elle va m'entraîner avec elle ! Mais pas si vous lui expliquez. Vous ! Elle vous écoutera ! Vous êtes un psy, hein ? »
Il ne me répond pas, il se contente de se plaquer contre le mur derrière lui, le plus loin de moi, comme si j'étais un dangereux criminel. Dehors j'entend des sirènes de police, ce salopard a alerté les flics ! Je serre les dents et lui saute au cou, il ne va pas s'en tirer comme ça ! Mais trop tard ! Je me fais encercler et menotter, mais ce n'est pas fini ! J'ai un compte à régler avec ce foutu psy et surtout avec ma mère !


9:00. En sortant dehors, traîné par les gendarmes — ça change — je vois ma mère dans ma voiture en train de me regarder avec un air sadique. Ah ! Elle avait bien prévue son coup ! Elle a fait exprès depuis tout ce temps ! Elle voulait me pousser à la folie pour que je me fasse arrêter, je le savais !
« Regardez ! Criai-je, là ! Dans cette bagnole ! Cette femme ! Arrêtez-la ! C'est à cause d'elle tout ça ! »
« La ferme ! » Les flics n'y vont pas par quatre chemins, je refuse de me calmer, mais un coup de piqûre et, en quelques secondes, je commence à partir, tout en continuant à leur dire que... dans la voiture... c'est ma mère qu'il faut... qu'il faut... arrêter...


15:00. J'ouvre un œil... j'aurais aimé entendre la sonnerie de mon réveil, sentir la chaleur de mes draps, reposer sur la douceur de mon matelas, entendre tout ça me dire que ce n'était qu'un affreux cauchemar, même si je devais aller bosser, je m'en fiche... mais non.
La salle est très design, un lit blanc une place avec des draps blanc et un matelas blanc dans une pièce dont les murs sont couverts de coussins... blancs.
Je suis dans un pyjama, je vous laisse deviner la couleur, je n'ai pas besoin de réfléchir trop longtemps pour comprendre que je suis dans un asile, mais pourquoi ? Pourquoi moi ? Je ne suis pas fou ! C'est à cause de ma mère que je me suis emporté. Mais maintenant ça va ! Je vais bien ! Je vais TRÉS bien !

Je me lève et commence à tambouriner le hublot de la porte — recouverte, elle aussi, de petit coussin — je veut parler au directeur, il comprendra ma détresse si je lui explique ce qui a déclenché ma crise, il saura que je n'y suis pour rien et que je ne suis, alors, plus un danger pour les autres et moi-même.
Une infirmière passe le visage par le hublot et vocifère de me calmer si je ne veux pas une piqûre. Mon dieu ce qu'elle peuvent être laides, à croire que les maisons de retraite de sont pas les plus mal loties.
« Je veux parler au directeur ! Je m'appelle Jean-Marc Guiden ! Je suis ici à cause d'une erreur ! Ils pensent tous que je suis fou, mais c'est faux ! J'ai un peu stressé tout à l'heure, c'est vrai, mais comprenez, c'est à cause de ma mère ! C'est elle qui a tout manigancé pour que je me fasse interner, c'est elle qui a cherché à me nuire, je vous en prie ! Demandez-lui seulement de venir me voir pour parler, je vous promets de rester sage ! »
Elle me regarde comme si elle essayait de juger si mes paroles venaient d'un cerveau normal ou déficient, puis elle repart. Je me rassois sur mon lit et me recroqueville en attendant l'arrivée du directeur. J'ai toujours eu un côté un peu claustrophobe, me sentir enfermer dans cette pièce me file une peur terrible.


17:15. Ce fut long, était-il en déplacement ou bien a t'il fallut, à l'infirmière, passer par diverses personnes de la hiérarchie pour contacter le grand manitou ? Toujours est-il qu'il est enfin là, devant le hublot. Je ne cherche même pas à jouer la distance, je cours vers lui en beuglant :
« Ah ! Enfin ! Je suis Jean-Marc Guiden ! Je suis... »
« Oui... dit-il, Monsieur Guiden, j'ai fait quelques recherches sur vous avant de venir vous voir — cela expliquant sans doute la raison de l'attente — vous pensez être ici par erreur n'est-ce pas ? »
« Oui ! Enfin quelqu'un qui m'écoute ! Écoutez, je n'y suis pour rien ! C'est vrai, j'ai un peu pété les plombs tout à l'heure mais ce n'est pas de ma faute, c'est ma mère ! Depuis ce matin elle m'a traîné devant plusieurs psy différents sans même m'expliquer pourquoi ! Le troisième m'a même dis que c'était elle qui avait un problème et non moi ! Vous pouvez m'aider n'est-ce pas ? Trouvez ma mère, c'est elle qui devrait être ici, pas moi ! »

La mine du directeur devint sévère, il leva les yeux sur moi :
« Monsieur Guiden, cela fait cinq ans que votre mère est morte. »

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Envoyé par Manouel le Mercredi 30 Août 2006 à 13:16


Désolé de remonter ce topic mais je préfére faire ça plutôt que d'en poster un nouveau, après tout, ce topic se nomme "Topic de vos récits" non ?


Non, non, du moment que c'est pas un up totalement inutile, je vois pas le problème de remonter un ancien topic....

Sinon, pour l'histoire, dommage qu'on voit la fin arriver si vite...

[ Dernière modification par Manouel le 30 aoû 2006 à 14h18 ]

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Envoyé par f4k3 le Mercredi 30 Août 2006 à 13:53


histoire pas mal du tout, tordue a souhaits =)

pesro la fin je l'a pas tant vue venir que ca, même si on s'en doute un peu

ca fait vachement Hitchcockien a la Psychose, je sais pas si c'etait fait exprès ou pas ^^



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Envoyé par bob_le_cow-boy le Mercredi 30 Août 2006 à 13:55



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Envoyé par YogZbul le Mercredi 30 Août 2006 à 14:16


bonne histoire, je m'attendais pas à cette fin, meme si en y réfléchissant un peu, on pourrait la trouver

continues comme ca =)

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