Topic de la convivialité

Sans rapport ; SuperA avait linké un blog l'an dernier pour nous dire que les hétéros pouvaient être sacrément chiants, je remets le blog en question ici :

http://arretezdemappelermadame.blogspot.com/?m=1

Je suis devenu accro en ayant du mal a déterminer pourquoi. La meuf est un peu une connasse, est clairement bourrée de pathologies mentales jusqu'à plus soif, couche avec tout ce qui bouge sans se chercher d'excuses et n'a aucune notion élémentaire de psychologie. J'aime bien le côté brutasse qui s'en dégage et puis faut dire on s'emmerde pas, entre l'ex qui se retrouve a errer au milieu de numme part en mode amnésique et son plan cul actuel qui a une meuf depuis genre dix ans et lit le blog de l'autre en planque elle sait gérer le suspens.

C'est parfois insupportable mais jamais chiant.

Boris.

Vite fait...

Je suis hyper en retard sur le topic cinéma et ca s'explique principalement par une grande fatigue liée à mon travail. J'ai été promu l'an dernier et les nouvelles charges font que le soir je suis un peu déglingué et je préfère jouer à des jeux pas du tout énervants comme Dark Souls que prendre une heure et demie pour causer films, mais je vais tenter de me faire violence.

Boris.

La vie de Boris, chapitre 582 : l'exécution de Boris

Je suis en train de me faire baiser.

Le plan a été bien monté. Grossier, certes, mais efficace. Ce qui me fait aboutir à la conclusion suivante : l'objectif n'était pas d'être discret. L'objectif était d'avoir ma peau.
Je suis coincé dans cette réunion avec tous les gradés du département. Face à moi, mes ennemies du Pole de spécificité (voir vie de Boris précédente), les sœurs Tapedur. Plus loin, monsieur Grognon, inflexible mais intelligent et méthodique. A côté de lui, Van Loc, un des meilleurs chefs de poste du département. Toutes les huiles, réunies pour assister à ma décapitation.

Le responsable du complot, c'est Dandy ; son âme damnée, c'est Créole. Je ne pensais pas qu'ils passeraient à l'action si vite ; non pas que j'attendais mieux d'eux, simplement je pensais être trop insignifiant pour qu'on cherche à prendre ma place. Les bons sentiments ne me sauveront pas.

Mais vous devez vous demander ce qui me vaut cette haine. Dandy et Créole gèrent le secteur contentieux, ce qui leur permet de ne pas foutre grand chose tout en donnant l'impression d'être des personnes vitales. Sauf qu'à la suite de plusieurs échecs de leur part, il s'est avéré que leur place était remise en jeu. Pour dissimuler leurs échecs, il fallait s'attribuer le travail de quelqu'un d'autre ; pour prendre la place de ce quelqu'un d'autre, il fallait convaincre le département entier que ce quelqu'un d'autre est un abruti complet. L'abruti en question, c'est bien évidemment moi.

Comment couler un collègue ? Il faut être organisé. D'abord, faites une réunion sur son domaine d'expertise ; ne lui en parlez surtout pas. Venez le chercher 5 minutes avant la réunion, après vous êtes assuré qu'il n'avait rien vu venir et débarquera habillé à l'arrache. Obligez-le à intervenir sur des sujets qui n'ont rien à voir avec son activité afin de le pousser à la faute. Demandez-lui de présenter des statistiques que vous savez fausses, et surtout, ne conviez personne qui pourra vous contredire. Mes sbirettes, qui bossent avec moi sur les prescriptions, grandes absentes de la réunion.

Au moins, me dis-je, c'est bon signe. Les filles ne sont pas dans le coup. Il ne les ont pas fait venir parce qu'ils savaient qu'elles me défendraient. Je peux leur faire confiance.

J'admire le sens de la planification de Dandy et Créole. L'absence de mon nom autour de la table (tout le monde a un papier le présentant, j'ai du m'incruster sur la chaise réservée à une huissière), le fait que la table soit trop petite et que je siège dans un coin et surtout le fait de me dire de venir a 14h15 quand la réunion commence a 14h. Je ne peux que renvoyer l'image du parfait blaireau.

- Mon collègue Boris, annonce Dandy, se fera une joie de nous expliquer les dernières modifications législatives…. je passe la parole à Boris….
- Euh….. merci bien. En ce qui me concerne…. toutes ces précisions législatives ne changent pas vraiment notre cœur d'activité, vous en conviendrez. Je propose qu'on évacue le sujet rapidement….

Micro-espoir. Sur mon sujet, les prescriptions, j'ai une chance de survie. Accélérer la réunion, passer aux prescriptions. Ma dernière chance.

Créole envoie l'assaut :

- Etant donné les difficultés connues par notre collègue Boris, nous avons estimé qu'il était de notre devoir de…. l'aider à s'en sortir.

Je crois qu'elle voulait plutôt dire " lui montrer la sortie ".

- Sa charge de travail difficile à encaisser pour quelqu'un n'ayant pas l'habitude de notre rythme a pu le déstabiliser….

En cinq ans de carrière, jamais je n'ai entendu le moindre reproche sur mes charges de travail. Me faire passer pour un con est une chose, mais un branleur…..

Dandy décide de m'achever publiquement :

- Du coup il nous a semblé naturel de reprendre en charge les dossiers de prescription et de laisser Boris sur des taches moins…. contraignantes, qui nécessitent une expertise moins poussée.

J'ai passé un mois sur ces prescriptions et j'ai quasiment fini. Le coup de génie de Dandy, c'est de me faire virer d'un truc que j'ai déjà fait, pour débarquer en inspecteur des travaux finis et s'attribuer le mérite de mon travail. Objectivement, c'est très bien joué.

- Il faut savoir reconnaitre une collègue en difficulté et répondre présent quand le besoin se fait sentir…..

Achève-moi salopard, qu'on passe à autre chose.

- C'est pourquoi Créole et moi reprendrons en charge les prescriptions…..

Je me sens comme Cartman en ce moment. Il est temps que je rentre à ma maison.

- Du coup, maintenant que ça a été vu, nous allons pouvoir…..
- Excusez-moi ?

Quelqu'un a parlé. Je mets plusieurs secondes à identifier la personne.

- Mme Tapefor, Pole de spécificité.
- Oui, interroge Dandy, on vous écoute.
- Nous, on voulait continuer à travailler avec Boris si c'était possible.

Hein ?

- Vous….. avec…. Boris ?

Bordel, je me noyais tranquillement et débarque la bouée la plus improbable de l'histoire des bouées improbables. Mme Tapemou vient en renfort de sa supérieure : 

- Boris et nous avons eu des altercations mais on apprécie sa bonne volonté et son travail ; il nous a évité quelques dizaines de milliers d'euros de prescriptions. Alors forcément parfois lui et nous sommes un peu en conflit, comme quand il maintient que le dossier Duval est prescrit….

La balle arrive vers moi. C'est le moment ou jamais de choper le rebond.

- J'allais vous en parler, dis-je en retrouvant subitement une voix. J'ai fouillé la plainte pour fraude fiscale auprès de la Cour d'appel et il est apparu qu'ils avaient loupé la prise en charge suite à une compensation fiscale indue. Vous aviez raison, ce n'est pas prescrit. L'imposition supplémentaire doit faire l'objet d'une décharge des collègues côté assiette.

Dandy ne comprend rien. Mme Tapedur souffle de soulagement. Mme Tapemou rattrape la balle.

- Voilà. On peut discuter avec vous. C'est ce qu'on apprécie, vous fouillez, vous vous acharnez. Vous amenez des éléments. Du coup on y voit plus clair après.

Mme Tapedur prend le relai :

- Et dans la mesure ou Boris a instruit pas mal de nos dossiers, on voulait lui proposer de venir dans notre poste comptable pour directement chercher ce qui l'intéresse dedans.

C'est quoi ce putain de plan ? Mes ennemis jurées qui me sauvent la vie puis m'invitent à prendre le thé ? Depuis quand ma vie est une fan-fiction de Twilight ?
Néanmoins, l'occasion est trop belle. Je dois me venger.

- Comme mon collègue Dandy a également son mot à dire, je propose que nous venions tous les deux en mission auprès du Pole de spécificité. Comme ça nous apporterons chacun notre expertise, et nul doute qu'avec l'avance qu'il avait pris, Dandy nous sera d'un grand secours.

Dandy blémit. Il n'a jamais touché à un dossier du Pole. Il est condamné à passer pour un con en débarquant la fleur au fusil et à révéler à tout le Pole quel charlot il est.

- Je….. euh, peut-être que dans dix jours on pourrait monter….
- Dandy, dis-je en souriant, on est sur des délais très courts. On devra y aller dès lundi prochain.

Van Loc tente de cacher son rire, me prouvant par-là qu'il a probablement compris toute la situation. Mme Tapefor me lancer un regard interrogatif. Mme Tapemou achève Dandy.

- Dès lundi ce serait formidable.

Ce soir, je pose le reste de la semaine en congés, prend mes dossiers, les embarque chez moi et m'enferme tout le weekend. Dandy est un connard en sursis auquel le Pole ne fera aucun cadeau. Ce type a plus de chances de se faire exploser qu'un camion de la Brink's a Bobigny.

La réunion se termine. Sous le regard fulminant de Dandy et Créole, les soeurs Tapedur me font signe de venir les rejoindre. Mme Tapemou m'interpelle :

- Alors ?
- Je vous en dois une, je crois. Merci.
- Par contre, nous envoyer l'autre gogo avec vous, c'est une drôle de façon de nous remercier.
- Faut bien que quelqu'un fasse les photocopies….
- Quand même, me dit Mme Tapefor, vous auriez pu vous défendre un peu plus.
- Je les ai déjà vu faire. Ils avaient forcément anticipé mes réactions. Les votres non.
- A l'avenir, monsieur Lehachoir, évitez de juger les gens trop vite.
- Vous avez ma parole.



EPILOGUE

- Boris, me dit Licorne, on a appris pour les deux autres…. Je voulais juste te dire que ça a choqué un peu tout le monde et qu'on y est pour rien.
- T'inquiète, je sais. Et je m'en sors miraculeusement grâce à une aide inespérée du Pôle.
- J'arriverais jamais à comprendre comment tu t'y prends.
- Mon secret, c'est que je ne comprends rien non plus.
- Du coup Dandy part avec toi dans la gueule du loup ?
- Ouaip. On part en enfer tous les deux, mais je suis le seul à avoir une combinaison ignifugée.
- Vous allez former un drôle de duo. Il est ton parfait contraire.
- En quoi ?
- Il est débile et il s'habille super bien.
- Chacun fait valoir les qualités qu'il peut.

En quittant le travail, je me demande combien de fois ma bonne étoile m'a t-elle sauvé d'une placardisation programmée, et combien de fois je vais encore échapper à l'inévitable.

Boris.


 

Ta "bonne étoile" ce sont tes qualités ajoutées à la loi impitoyable du karma qui veut que la nature a horreur des situations déséquilibrées et que Dandy vient méchamment de se voir présenter la facture pour son coup de Trafalgar.

Fume cet enfoiré comme il se doit.

La chance favorise les esprits préparés comme disait l'autre, même si une petite rétribution karmique ne fait pas de mal de temps en temps.
Bonne chance pour la suite et baise-lui la gueule.

Comme quoi l'expérience des LG de MC finit par payer. Quel enfer par contre de vivre dans un jeu à rôle caché IRL.  BOURRE LE !

La vie de Boris, chapitre 583 : Boris au Pôle de Spécificité

Personnages :

Le Pole de spécificité :

Chef de division : Mme Tapefor
Adjointe : Mme Tapemou
Chef du service recouvrement : le Samourai
Chef des procédures collectives : Ari Caspian
Le service recouvrement : Barbu, Monco, Hercule
Le service des procédures collectives : Ramasse, Lori Grimes, le Mariole

La direction :

Responsable des pertes et profits et de l'examen des prescriptions : Borislehachoir (c'est mouaaaaaa !) 


LE MARIOLE : Alors le mec, il décide de joindre l'utile à l'agréable. Il baise sa notaire ; littéralement, et métaphoriquement. Donc il entraine sa notaire dans sa combine à la con et ils commencent à se lancer dans de la fraude à grande échelle. Sauf qu'un Pole de contrôle leur tombe dessus et arrive à faire tomber tout l'édifice. La notaire est radiée et poursuivie sur ses fonds propres. Le mec s'enfuit un moment à Dubai, revient on ne sait pas comment en Europe, fait de la taule en Roumanie et se fait extrader en France. Donc là je le retrouve, avec les dettes, et je lui envoie un huissier dans la gueule pour se rappeler à notre souvenir….
RAMASSE : J'ai pas compris, Dubai c'est en Roumanie ?
LORI GRIMES : Mais non, il est parti de Dubai et APRES il a fait de la prison en Roumanie.
LE MARIOLE : Et là le mec il sort à l'huissier, dans un calme absolu " écoutez, j'ai rien. Mais vous avez condamné ma notaire. Donc prenez lui tout son fric et foutez moi la paix, tout le monde sera content ". L'huissier était sidéré. Je sais pas quelle morale on peut en tirer…
LORI GRIMES : Ne faites pas confiance aux hommes.
RAMASSE : N'allez pas à Dubai.
LE MARIOLE : En tout cas, son récit sur la taule roumaine était énorme. On dirait le film Midnight Express là, fait par ce réalisateur qui avait fait le film Pink Floyd là, j'ai oublié son nom….
BORIS (le nez dans les dossiers) : Alan Parker.
LE MARIOLE : C'est ça ! Merci, monsieur Direction !

Monsieur Direction. C'est comme ça qu'ils m'appellent. Le mec de la direction envoyé au Pole pour inspecter leurs prescriptions.
J'ai rejeté des demandes de passage aux pertes et profits pour les trois quarts de ce service. Ils ont toutes les raisons de me haïr. Pourtant, ils font globalement bonne figure, certains se révélant même très sympathiques. Le Mariole par exemple prend ma venue à la légère ; Ramasse ne semble quand à lui même pas avoir conscience de ma présence. Une de mes plus grandes surprises est le Samourai ; j'ai souvent croisé ce type dans des réunions ou son absence totale de réactions physiques et son incomparable flegme lui ont valu ce surnom. Mais dans son élément, il est un type drôle et expressif. Un excellent technicien et un mauvais chef, le gars qui sait tout faire et rien organiser. Il me rappelle….. moi.

LE SAMOURAI : Avec 13 contaminés le Val d'Oise dépasse désormais la Seine et Marne et devient le numéro 3 français ! On applaudit bien fort !

Ah oui. Le Samourai fait régulièrement des points " Coronavirus " et annonce a tout le monde, avec un enthousiasme quelque peu excessif, que l'Italie talonne désormais le Japon ou que les Cotes d'Armor n'ont malheureusement toujours pas de contamination à déplorer. Son jeu est une des nombreuses excentricités que le Pole semble naturellement admettre.
Hercule me regarde fixement et j'avoue avoir un peu peur de ce colosse absolu, mon favori aux pronostics de " qui m'attaquera en premier ? ". C'est pourtant son contraire physique, une femme maigrichonne minuscule, qui décide de régler quelques comptes….

LORI GRIMES : Franchement Boris, tes histoires de comptes au Liechtenstein….. 
BORIS : C'est pas des comptes là-has.
LORI GRIMES : C'est quoi alors ?
BORIS : Le truc est une filiale d'un autre truc relié à Vaduz effectivement. Mais les comptes sont français. C'est un truc complètement foireux niveau légalité mais on peut taper dedans. J'ai posé la question à la division juridique on peut se servir là-dessus.
LORI GRIMES : T'as eu l'info comment ?
BORIS : Ils perçoivent leurs allocations caf sur ce compte.
LORI GRIMES : T'as accès à la caf toi ?
BORIS : Je….. me débrouille…. pour y avoir accès.

Le Mariole rigole.

LE MARIOLE : Allez Lori, t'énerve pas. Tu te rattraperas sur le Luxembourg.
LORI GRIMES : Boris, pour être honnête, j'ai un peu l'impression que tu débarques depuis ton château pour nous expliquer qu'on fait un boulot de merde…..
BORIS : Si c'est le cas je suis désolé. Mais je t'ai rejeté genre un dossier sur trente. J'ai validé tout le reste, parce que tu fais du super boulot, Lori. Sincèrement.

Lori rougit. Le Mariole hurle de rire et lache un " Hé Lori, si tu divorces, Monsieur Direction semble intéressé ". Je ne réagis pas car son sarcasme a accidentellement touché juste : Lori Grimes est une femme superbe, et exactement mon type.

Barbu ne rit pas, lui. Il vient me voir le plus discrètement possible et me chuchote quasiment à l'oreille :

BARBU : Boris…. je peux te parler ?
BORIS : Bien sur.
BARBU : Je te parle pas en tant que mec en charge des prescriptions là mais il parait que c'est toi le chef des Pertes et profits aussi….
BORIS : Ouais.
BARBU : Tu peux regarder ce dossier là s'il te plait ?
BORIS : …..
BARBU : ……
BORIS : La vache. Vous avez grave merdé là.
BARBU : Je savais pas que ça se voyait autant….
BORIS : Je viens d'un service comptable et là ça se voit comme le pif sur la figure. Sérieusement, qui a massacré le truc comme ça ?
BARBU : Ce dossier est mort, y a plus rien à faire. Mais comme tu as vu on a complètement foiré la comptabilité. Sauf qu'on a reçu exactement le fric qu'on nous devait, ça a juste été foutu n'importe ou. Mais l'état a pas perdu un euro. Tu crois que ça peut passer aux pertes et profits ?
BORIS : Hum…. c'est le portefeuille d'une de mes sbirettes. La plus intelligente.
BARBU : Du coup…..
BORIS : Du coup fais nous un rapport. Camoufle pas le truc, joue cash. Tu lui dis ce que tu m'as dit là mais à l'écrit et je pense qu'elle comprendra. Je lui en parle en rentrant.
BARBU : Merci beaucoup. Tu fais ça parce que je t'ai demandé ou….
BORIS : Je fais ça parce que ce dossier mérite de passer.
BARBU : Cool.

J'en parlerai quelques jours après à ma sbirette qui fera le même diagnostic que moi. Quand j'avertirai Barbu de la " disparition " de son dossier, il lachera un soupir de soulagement de près de dix secondes et se confondra en remerciements.

LE SAMOURAI : Toujours aucun contaminé dans les Ardennes ; on notera que Charleville-Mezieres devient d'un coup une ville attractive pour le prochain mouvement de mutation. On recommandera aussi Guéret, chef lieu de la Creuze, et Nevers, dans la Nièvre..
BORIS : Je viens de Nevers.
LE SAMOURAI : Et donc ?
BORIS : Je préfère le virus.
LE MARIOLE : Hé, un retardataire. Comme ça va Ari ? Je te présente.....
ARI CASPIAN : Borislehachoir.
BORIS : Ari Caspian.

Pour comprendre mes relations avec Ari Caspian, il faut revenir deux vies de Boris en arrère à la page précédente. Si vous voulez la version simple : ce type est un truand absolu, et on se voue une détestation réciproque. Le service est visiblement au courant puisque la plupart des agents arrêtent discrètement de travailler pour admirer la confrontation.

ARI CASPIAN : Alors comme ça, mon dossier de la société Gomez.....
BORIS : Est prescrit.
ARI CASPIAN : Depuis quand un jugement non publié peut-il annuler un autre jugement ?
BORIS : La publication n'est pas une condition de validité. Elle fait simplement courir le délai d'opposition. Vous pouviez vous opposer au jugement même un an après sa date d'effet. Mais les dettes sont prescrites.
ARI CASPIAN : Vous avez de la jurisprudence ?
BORIS : Cour d'appel, 9 novembre 2015. Sujet similaire sur un appel suspensif non publié.

Caspian a plusieurs portes de sortie. Contester la force juridique d'une Cour d'appel, ou l'équivalence des cas notamment. Mais à ma grande surprise, il abandonne le combat.

ARI CASPIAN : Bien. J'aurais appris quelque chose. Merci.
BORIS : De rien.
ARI CASPIAN : J'ai une question en revanche. Monsieur Lehachoir, si vous aviez été à ma place, pensez-vous que vous auriez su empêcher la prescription du dossier ?
BORIS : A votre place, j'aurais certainement commis la même erreur.

Le Mariole rigole de nouveau.

LE MARIOLE : Hé ben voilà, on est tous fair play. Faites la paix tous les deux, ça ira mieux.
ARI CASPIAN : Je suis en paix moi. J'ai même demandé aux chefs de sauver les fesses de Monsieur Lehachoir, c'est dire si je suis bonne patte.

J'attends que les agents aient repris le travail pour revenir discrètement vers Caspian.

BORIS : C'est quoi cette histoire encore ?
ARI CASPIAN : On m'a dit que Dandy vous préparait un mauvais coup alors j'ai prévenu les chefs que vous auriez besoin d'aide….
BORIS : Vous pensez vraiment que je vais gober ça ?
ARI CASPIAN : Je m'en fiche. Mais que vous n'ayez pas su que Dandy vous ferait un coup comme ça…. Je sais pas trop d'où vient votre réputation de gars malin mais j'ai été déçu.
BORIS : On se bat l'un contre l'autre depuis le début. Pourquoi vous m'aideriez ? Tout le monde sait que vous voulez ma place.
ARI CASPIAN : J'ai changé d'avis.
BORIS : Et qu'est ce qui a justifié ce changement d'avis ?
ARI CASPIAN : Je me suis renseigné. Sur vous notamment.
BORIS : Du bluff….
ARI CASPIAN : Votre passage dans l'Isère. Votre convocation. Vos histoires avec les RH. Vous êtes un putain d'increvable. Je vous sortirai par la porte, vous rentrerez par le fenètre.

Je blêmis. Comment ce salopard a t-il pu savoir tout ça ?

ARI CASPIAN : Puis votre poste, il est pas si bien que ça. Je vous le laisse. Je mérite mieux. Du coup, je pense plutôt prendre la place de quelqu'un d'autre.
BORIS : Qui ?
ARI CASPIAN : Dandy. Dégager un nulos pareil ne devrait pas être trop difficile. Je gagnerais du temps et de l'énergie.
BORIS : Dandy, il est à moi. Je veux pousser cette ordure vers la sortie, ne vous en mélez pas. Dandy, vous foutez pas sur mon chemin, je me le payerais.
ARI CASPIAN : Hé bien formidable. Je vous sauve le coup, et vous faites le sale boulot pour moi. C'est une forme de coopération productive, vous en dites quoi ?
BORIS : …..
ARI CASPIAN : Moi, je suis un vrai gars malin. Vous devriez prendre des notes.
BORIS : Etouffez-vous dans vos magouilles.

Monco se fait discret depuis le début. Je profite de la pause café pour faire vaguement connaissance. Je lui sers une main dont la froideur et l'absence de réaction ne fait aucun doute.

MONCO : On t'avait pas prévenu…..
BORIS : Le bras manquant ? Si. Mais je pensais que c'était l'autre.
MONCO : Ouais c'est une prothèse nouveau modèle, elle est super mobile, plein de gens se font avoir.
BORIS : C'est clair que c'est de qualité. C'est de naissance ?
MONCO : Ouais. Tu veux quoi ?
BORIS : Je voulais savoir, c'est pas toi qui a été le sbire d'une de mes sbirettes à l'époque ?

Il recule instinctivement. Visiblement, c'est pas un très bon souvenir pour lui.

MONCO : Elle….. me parlait mal. M'agressait tout le temps.
BORIS : Ouais elle a pas changé.
MONCO : Quand elle est partie j'étais tellement soulagé…. Des fois elle me traitait de gros con.
BORIS : Hahahaha. Elle le fait encore avec moi.
MONCO : Mais t'es pas son chef toi ?
BORIS : Sur l'organigramme.
MONCO : Et tu te laisses parler comme ça ?
BORIS : J'ai pas encore déterminé si j'étais un gros con ou non. Y a des arguments des deux côtés.
MONCO : En tout cas, je préfère qu'elle soit chez toi que chez moi. Des fois, je fais des cauchemars ou elle m'aboie dessus. Plus jamais.
LE SAMOURAI: Guéret aurait un cas. Posez vos stylos et rayez la Creuse de vos demandes de mutations, mais sachez que la tristesse n'est qu'un état passager dans le grand rayonnement de la vie.

Le Mariole s'installe en face de moi et prend un air inhabituellement sérieux.

LE MARIOLE : Boris ?
BORIS : Ouais.
LE MARIOLE : Tu m'as demandé une pièce pour le dossier Duval. On l'a pas. C'est prescrit. Je pourrais faire genre " on a ça quelque part " mais je sais qu'on a rien.
BORIS : OK. Désolé.
LE MARIOLE : Je sais que tu dois faire ton boulot et l'admettre aux prescriptions mais…. est-ce que tu peux minimiser un peu le truc ? Je suis pas là depuis hyper longtemps et j'ai un peu galéré pour être au niveau demandé, du coup y a des dossiers comme celui-là ou…. j'ai merdé.
BORIS : J'essayerai de faire diversion avec un truc plus grave.
LE MARIOLE : Merci.

Le soir tombe. Je suis convoqué par les chefs du Pôle, Mme Tapefor et Mme Tapemou.

L'entretien est une sorte de jeu de " prescrit/pas prescrit ". Je dégote tous leurs dossiers foireux, donne mes arguments, Mme Tapemou défend le dossier quand elle peu et à la fin on tombe d'accord : prescrit, ou pas prescrit.

MME TAPEMOU : Dugommiez…… 
BORIS : Lori Grimes a retrouvé une mise en demeure. Pas prescrit.
MME TAPEMOU : Super. El Rakhni….
BORIS : Erreur dans la déclaration de créance. Prescrit.
MME TAPEMOU : Oui j'ai vu ça aussi…. Prescrit. Duval ?
BORIS : Pas d'acte interruptif. Prescrit. 2000 euros.
MME TAPEFOR : C'est pas un dossier du Mariole ça ? Il a fait quoi cet animal ? A chaque fois on lui dit : " attention avec les créances postérieures…. ".
BORIS : Je voudrais attirer votre attention sur le dossier Durand, 500 000 euros de prescrits……
MME TAPEFOR : 500 000 ? C'est une blague ?
BORIS : Mais l'erreur revient à votre prédecesseur. La faute a été commise en 2015. Vous êtes hors de cause. Lui en revanche sera inquiété à hauteur des 500 000 euros perdus.
MME TAPEFOR : Pfiou. Vous m'avez fait peur.

Mariole, tu me dois un service.

BORIS : Dossier Henri, prescrit, j'ai rien qui me semble interrompre….
MME TAPEMOU : Retrouvé un avis à tiers détenteur sans provision dans le dossier, regardez.

Je scrute scrupuleusement l'acte. Authentique, pas de doute. Je peux soulager mes deux interlocutrices.

BORIS : Bien vu. Pas prescrit. Le reste pour moi tout est bon.
MME TAPEFOR : D'ailleurs, vous deviez pas venir accompagné ? Il est ou votre collègue Dandy ?
BORIS : Il est en arrêt maladie….. Prolongé jusqu'à jeudi matin.
MME TAPEMOU : Et vous pensez avoir fini quand ?
BORIS : Ce soir. Mercredi.
MME TAPEFOR : Hé ben, il vous ont trouvé un sacré binome. Heureusement que vous allez vite.
MME TAPEMOU : On est plutôt impressionnées. En tout cas, Boris, si vous cherchez du boulot…. nous, on en a parlé avec l'équipe, on serait heureuses de vous avoir parmi nous.
BORIS : Merci. J'apprécie.
MME TAPEMOU : Vous y réfléchirez ? 
BORIS : Oui.
MME TAPEFOR : Dans ce cas on ne vous retient pas plus. Merci pour votre travail et à la prochaine Boris.

Je dis au revoir à l'équipe. Le Mariole m'envoie un clin d'œil, Lori Grimes me salue poliment. Ari Caspian m'ignore, Ramasse demande si on me revoie demain. Barbu me serre chaleureusement la main, Monco me tend son bras valide, le Samourai me conseille de revenir avant que le coronavirus ait exterminé l'équipe et me recommande une mutation dans les Deux-Sèvres. Des gens, certains formidables, d'autres détestables, des bosseurs et des feignants, des gros malins et des crétins. Un service normal finalement, un enfer bien plus agréable qu'il ne avait l'air. Je vais sortir quand Hercule me barre la route. Je fais face à ce colosse de près de deux mètres qui se dirige vers moi.

HERCULE : J'osais pas te demander…. vu que tu viens de la direction, tu peux y ramener ce dossier là ?
BORIS : Euh oui… pas de problème.
HERCULE : Je suis content de t'avoir rencontré. Salut.

Je rentre à la direction. Il est tard, Licorne et mes sbirettes sont rentrées chez elles. Je dépose la pile de dossiers dans un coin, celui d'Hercule dans un autre, avant de me rendre compte que je sens une présence dans la pièce. 
Lorsque je me retrouve, ils sont tous là.
La chef. L'adjoint. Dandy. Créole.
Toutes les personnes que je ne veux pas voir.
Qui me regardent fixement.
Dandy semble bien remis de sa maladie.
Mes mains temblent malgré moi.

CHEF : Boris, faut qu'on parle de vos méthodes de travail. On a un vrai souci.

Comment ais-je pu un seule seconde que Dandy et Créole s'arrêteraient en si bon chemin ? Foutu connard naif.

CHEF : Dans mon bureau.

Cette fois, aucun Pole de spécificité au monde n'interviendra pour couvrir mes arrières.

(à suivre)


Boris.

On dirait du Pratchett (c'est un compliment)

Est-ce que ces histoires de confinement ce serait pas le moment de refaire un LG ? Je pense qu'on est un paquet à avoir rien d'autre à foutre.

Bonne idee NN, je suis chaud.

Boris.

Le 07/03/2020 à 18:29, Talen avait écrit ...
On dirait du Pratchett (c'est un compliment)

Oui, c'est fluide, marrant et assez prenant.

+1 pour le LG.

Content que ca vous plaise parce que je les trouve a moitié ratées ces vies de Boris " professionnelles ". C'est certainement parce que ma vie hors travail s'est normalisée (une meuf adorable et un semblant de vie sociale), du coup les trucs les plus bizarres sont concentrés sur mon boulot et c'est très dur a décrire sans vous abreuver de détails techniques ou a l'inverse en n'expliquant rien du tout.

Du coup j'essaye de rendre le truc vivant avec des personnages de monsieur/madame tout le monde ni heroiques ni demoniaques, je pense que la par exemple le Mariole, le Samourai et Lori Grimes sont des gens normaux et plutôt attachants. Faute de comprendre tous les enjeux on doit pouvoir se dire en lisant le truc " hahaha moi aussi je travaillais avec un type comme ça. "

Boris.

Je confirme que tes vies de Boris récentes ne sont pas du tout ratées, on y trouve toujours l'humour et l'absurdité des relations humaines qui les caractérisent depuis le début.

Le 17/03/2020 à 08:11, NorthNikko avait écrit ...
Est-ce que ces histoires de confinement ce serait pas le moment de refaire un LG ? Je pense qu'on est un paquet à avoir rien d'autre à foutre.

LG Corona Virus

Si vous avez des numéros de mecs qui passent plus par ici mais qui seraient chaud ca peut valoir le coup de les appeler