Posté le Jeudi 06 Juillet 2017 à 12:56 par JiRock (8664 lectures)
Le soleil écrasant de Copenhague projetait, à l'occasion d'un Grand Prix en Modern les 26 à 28 mai, des ombres plus longues que prévu... La nôtre, cependant, ne s'est pas étendue au-delà d'un début de Jour 2 décevant : la faute à un format terriblement vaste et à une préparation trop centrée sur certains match-ups.
Ce report tardif se veut complémentaire de celui de moudou, posté il y a deux semaines, qui a déjà élaboré entre autres sur les raisons de notre choix de deck. Pour apporter un peu de valeur ajoutée, je vais commencer par détailler mon approche globale d'un Grand Prix en Modern. Puis vous aurez les traditionnelles anecdotes de voyage, de tournoi, et pour finir, quelques mises à jour sur la liste et conseils avisés sur la façon de la jouer.
On y va ?
1 - Le nombre, c'est la mort
Le principal attrait du Modern a toujours résidé dans sa diversité. Or ces derniers temps, après les bans de Golgari Grave-Troll et Gitaxian Probe, celle-ci a absolument explosé. Il ne s'agit seulement plus d'une diversité de decks possibles, comptant sur une bonne lecture du metagame combinée à la radicalité des options de side pour combler une partie de leurs carences, mais de decks viables, réellement compétitifs - ce qui fait une vraie différence. Pour justifier un choix d'archétype, on passe ainsi d'arguments affectifs ou liés à une certaine expérience personnelle à d'autres plus objectifs, transposables d'un joueur sur l'autre : le processus de sélection s'en trouve fatalement complexifié. Le changement de règles sur les split-cards à la sortie d'Amonkhet, qui fixe leurs coûts de mana à la somme des deux moitiés, a certes fait disparaître du paysage quelques brews parmi les plus exotiques (Goryo's Vengeance avec Kari Zev's Expertise et Breaking // Entering, Brain in a Jar combo, Goblin Dark-Dwellers + Boom // Bust dans Blue Moon...), mais en contrepartie, plusieursnouvellescartes se sont frayées un chemin dans les top8s des Grand Prix Copenhague et Kobe, preuve s'il en est que le format continue aussi de s'élargir.
Pour le compétiteur, cette situation a quelque chose d'exaltant et, simultanément, de décourageant. D'un côté, le monde est ouvert, plein de promesses et d'opportunités nouvelles à saisir ; de l'autre, il est si vaste et déjà si peuplé que le voyage risque à tout moment de mal tourner. Avec le temps, j'ai dégagé certaines lignes à suivre dans ces environnements inhospitaliers.
A - Jouer proactif
Contrôle a toujours eu du mal à se faire une place en Modern, pour la bonne raison que la puissance de ce type de deck dépend 1) de la lenteur ambiante et 2) de la précision de l'information dont il dispose sur ses adversaires. Paradoxalement, c'est de nos jours, où l'on peut croiser tout et (surtout) n'importe quoi, que Contrôle a atteint sa plus grande viabilité. Le format a quelque peu ralenti certes, par rapport aux pics de vitesse que représentaient des périodes comme Treasure Cruise Delver, Summer Bloom ou l'Eldrazi Winter, mais il faut d'abord l'attribuer à la capacité unique de UW Contrôle à encaisser la disruption des jeux Death's Shadow. Le deck présente peu de cibles aux removals et peut aisément se refaire une main fonctionnelle après la défausse des premiers tours ; enfin, son abondance de réponses finit par surcharger leur nombre limité de menaces.
Aussi attractif que puisse être Contrôle dans ces match-ups particuliers, et aussi attendus soient-ils, il faut garder à l'esprit qu'ils ne représenteront tout au plus que 15% de la salle ; peut-être 20-25% en Jour 2 si vous tenez jusque là. La grande majorité des decks rencontrés vous présenteront des problèmes tout autres à résoudre, et si le vôtre est conçu pour répondre à des questions spécifiques, vous n'aurez vraisemblablement pas tout bon. Imaginez un examen pour lequel vous ne vous seriez préparé qu'avec les anciennes éditions à l'appui, pour constater le jour de l'épreuve qu'elle n'a rien à voir avec votre préparation... Bon courage pour atteindre la moyenne - équivalent métaphorique totalement arbitraire de 6-3 - dans ces conditions.
Dans le contexte du Modern, jouer proactif veut dire poser ses propres questions au lieu de collecter des réponses au hasard en espérant qu'elles colleront. De plus, le contexte - associé - d'un Grand Prix se caractérise déjà par une grande diversité quel que soit le format, contrairement à des tournois plus réduits et d'un niveau plus homogène où il devient possible de prévoir des patterns de réflexion. Un Grand Prix en Modern (c-c-c-combo) doit vous inciter à redoubler de proactivité, donc adopter des decks, sinon linéaires, qui disposent au moins d'un kill rapide et consistant. C'est toute la différence entre un Grixis "Contrôle" tuant au Tasigur et au Gurmag Angler, qui ne remplit donc pas vraiment la définition du Contrôle (plutôt un Agro-Contrôle dans ma typologie), et un UW comptant sur Snapcaster Mage et Celestial Colonnade pour le faire... mais seulement après avoir hypothétiquement coupé toutes les avenues possibles vers la victoire adverse. L'un est fondamentalement proactif, l'autre réactif, bien que l'assortiment de réponses, contresorts et removals, soit grosso modo le même.
B - Ne pas metagamer, angle-shooter, bref, essayer de faire le malin
Il s'agit du même argument, celui de l'incertitude, mais poussé vers une autre conclusion. Si vous ne pouvez pas compter sur votre capacité à gérer les surprises, vous ne pouvez pas non plus compter sur l'idée de prendre par surprise la compétition. Vos adversaires pourraient avoir accès, de façon intentionnelle ou purement aléatoire, à des cartes qui enterrent votre brew de l'espace... Ou ils pourraient tout bêtement avoir déjà joué contre, et ainsi ne pas se laisser prendre au dépourvu par vos techniques de ninja. Souvent, les metagame calls osés et ce que dans les hautes sphères on appelle les "petits decks" ont en commun une faible puissance brute, qu'ils cherchent à compenser par un angle, une vision ; et souvent, la vision consiste à parier sur le fait que les gens feront n'importe quoi parce qu'ils ne connaissent pas votre plan machiavélique. Par pitié - et c'est à dessein que j'en ai dressé le tableau le plus ridicule possible, au prix d'une certaine mauvaise foi -, ne tombez pas dans ce travers-là. Ne faites pas l'erreur de croire que parce que personne, dans votre boutique locale, ne craque ses fetchs en réponse à l'activation d'Aether Vial, vous deviendrez le premier magicien à porter MonoWhite Hatebears en finale d'un Grand Prix.
Il y a une nuance importante à apporter ici. Je ne vous dis pas de ne pas jouer Hatebears, Merfolks, Goryo's Vengeance ou Restore Balance, si c'est là votre confiture, comme diraient les anglophones. Je vous dis de ne pas le faire pour la mauvaise raison. La petite voix qui vous susurre à l'oreille "mais ouiiii, tu vas tous leur rouler dessus, ces noobs qui ne connaissent pas l'imprégnation d'arcane" est séduisante, mais indéniablement maléfique, et elle risque de vous entraîner au désastre si vous n'avez pas le niveau de pratique avec le deck (et soyons honnête, le niveau global d'expérience à Magic) pour justifier de le jouer. Il est tout à fait possible, en Modern, d'aller au bout avec votre recette personnelle, et la performance de Théau en est une belle illustration. Mais lui aussi vous dirait, j'en suis sûr, de ne pas essayer à la maison tenter le coup sans un bon paquet de tests et la conviction que votre stratégie a des mérites objectifs, au-delà de ce bon vieil élément de surprise.
C - Privilégier la polyvalence des réponses
A moins d'opter pour l'un des decks linéaires du format, comme Burn ou Affinity, vous aurez tout de même à inclure un certain nombre de réponses, de la disruption des plans de jeu adverses sous une forme ou une autre. Il peut s'agir de contresorts, de removals, de défausse et, plus largement, du sideboard (dans la mesure où il ne se limite pas à un plan transformatif). Le choix de ces réponses doit être guidé par le même principe de précaution, et j'en arrive à l'énorme avantage dont jouit Death's Shadow dans ce domaine : un package de huit sorts de défausse qui, à de rares exceptions, couvrent tout le format, et dont la moitié ont même le bon goût de synergiser avec le plan en faisant perdre des points de vie ! Rien n'égale vraiment la défausse en termes de polyvalence, mais une carte comme Abrupt Decay me plaît beaucoup parce que, contrairement à une majorité de removals, elle trouve des cibles dans pratiquement tous les match-ups : cailloux à mana d'Ad Nauseam, Khalni Heart Expedition dans Titanshift, Ensnaring Bridges de Lantern, Detention Sphere (une autre réponse polyvalente)... Les contresorts génériques, type Mana Leak, peuvent également offrir une bonne couverture, mais toujours avec cette exigence de timing qui les rend moins fiables et plus toss-dépendants. Dans un format aussi rapide que le Modern, il faut être capable de gérer les early drops adverses avec une grande régularité pour pouvoir se permettre de garder du mana up. Cependant, dans ces conditions, on est alors en mesure de combattre les stratégies les plus résistantes à l'interaction.
Une fois le main deck verrouillé, c'est dans l'allocation des slots de side que le souci de polyvalence devient... un souci. On manque de place. En Modern, cette éternelle étroitesse de la réserve se fait sentir avec une acuité particulière, en raison du conflit majeur qui s'y livre entre polyvalence et radicalité. Les decks linéaires du format sont si focalisés, si impitoyables dans l'application de leurs plans de jeu que pour les contrer, il faut sortir l'artillerie lourde ; mais l'artillerie lourde, c'est encombrant, et le sac avec lequel vous vous trimbalerez sur la journée ne peut pas contenir à la fois l'EMP pour Affinity, l'onguent miracle pour Burn, le lance-flammes pour Dredge et les cinquante sacs à vomi pour Ad Nauseam. Enfin, dans la théorie, pourquoi pas... s'il n'y avait qu'eux. La multiplicité d'ennemis vous force, soit à en ignorer certains en priant pour éviter ces mauvais pairings, soit à diluer la puissance de vos solutions pour une couverture complète des match-ups. Comme je n'aime pas le hasard, je tends à préférer la deuxième option, mais il y a bien sûr un équilibre à trouver pour qu'une fois en situation, le side continue d'avoir un impact. Collective Brutality, Grafdigger's Cage, Stony Silence, Lingering Souls se distinguent comme solutions à la fois très efficaces et pas trop obsessionnelles (voir plans de side plus bas), mais en fonction des priorités de votre archétype, il y en aura d'autres. L'idée reste de trouver des recoupements entre les divers problèmes, même si la puissance brute des solutions doit en pâtir par rapport aux idéales.
Et comme la réserve ne suffira pas à vous assurer des match-ups décents contre tout, on en revient à l'importance de la proactivité... car quoi de mieux que de répondre à une question par une autre question ?
2 - L'ombre d'une idée
Notre cheminement vers la "bonne" liste de Death's Shadow a déjà été décrit dans l'autre report, mais avant de se fixer sur cet archétype, il a fallu en éliminer un certain nombre. Pour ma part, l'ayant toujours considéré comme mon plan B ou par défaut, je n'ai pas émis beaucoup de réticences quand moudou m'a annoncé que c'était ce qu'il allait jouer ; cependant, j'avais auparavant envisagé Burn, Eldrazi Tron, Bant Knightfall, Abzan Company, Affinity et UW Contrôle comme alternatives crédibles.
Burn a été éliminé pour ses match-ups difficiles contre Abzan Company et Eldrazi Tron, deux decks du Tiers 1, ainsi que pour ses propres inconsistances. Sachant qu'il se caractérise par la régularité de ses sorties et par une grande redondance, on peut considérer le deuxième argument comme très subjectif, mais je n'ai jamais eu une grande confiance dans ce deck, qui mulligane mal, veut piocher des créatures sur le play, des sorts sur la draw (paramètres sur lesquels il n'exerce aucun contrôle) et de manière générale, pose tout le temps la même question (à savoir : "tu prends trois ?") - à laquelle, en six ans d'existence du format, les joueurs ont fini par trouver des réponses plutôt convaincantes ("je gagne huit", "Chalice à 1" ou encore "Kitchen Finks"). Poser des questions, c'est bien, mais plus déstabilisant quand elles diffèrent les unes des autres.
Eldrazi Tron a été éliminé sur l'impression, largement relayée par les pros (et peut-être fausse), que le deck était juste mauvais. Il faut dire qu'il se compose de huit excellents eldrazis, accélérés par Eldrazi Temple, plein de cartes à la puissance très conditionnelle au match-up et au moment où on les pioche (les Chalices, les Ballistes, Basilisk Collar, le reste des eldrazis), des sorts à 7 manas et plus issus des anciennes version de Tron (Karn, All is Dust, Ulamog) et... une base de mana qui va soutenir l'un ou l'autre aspect du deck au petit bonheur, Expedition Map étant son le seul facteur de stabilité.
Passons sur le fait qu'en mid-game, Chalice of the Void empêche de résoudre ses propres Expedition Maps.
L'archétype n'a pas de plan de jeu unifié, espère piocher ses cartes conditionnelles au bon moment et ne pas se retrouver coincé avec des sorts beaucoup trop chers en main parce que les terrains ne se seront pas magiquement alignés. Autant je pouvais reconnaître à RG Tron sa grande persévérance à assembler les trois pièces, autant cette version gagnerait, si vous voulez mon avis, à s'appeler "Eldrazis and stuff".
Comme sa popularité ne semble pas décroître et que j'ai déjà moi-même perdu à plusieurs reprises sur des enchaînements de pièces du Tron topdeckées dans All is Dust, il faut croire que certaines vérités ésotériques m'échappent ; en attendant, je ne confierai pas mon destin en tournoi à un deck que je suis aussi loin de comprendre.
Bant Knightfall a été éliminé pour la raison, quelque peu injuste car indépendante de sa qualité intrinsèque, que je n'aurais pas le temps de maîtriser le déroulement de la combo Knight of the Reliquary + Retreat to Coralhelm avant le GP. C'est dommage, parce qu'il avait vraiment une bonne tête, et je suis maintenant prêt à le reconsidérer.
Abzan Company a été éliminé parce que sa grande dépendance aux synergies entre des cartes individuellement médiocres le rendait trop vulnérable à la disruption des jeux Death's Shadow. Idée qui a été confirmée par les tests préliminaires, puis par les nombreux matchs que j'ai remportés contre l'archétype au cours du Grand Prix. Comme souvent avec les failles exploitées par Death's Shadow, qu'il s'agisse de faiblesses à la proactivité du deck ou à sa disruption abondante, je crains que le problème ne soit structurel, donc impossible à régler par des ajustements ciblés. A noter que la carte Collected Company, au demeurant l'une des plus pénibles du match-up, complique nettement l'inclusion de removals et que les créatures d'Abzan, en plus d'être interdépendantes, sont trop petites pour faire barrage aux menaces de Shadow, si bien que la faiblesse d'Abzan Company est en fait double : les réponses l'empêchent d'assembler ses combos et il ne tient pas les menaces de façon convaincante. Sa meilleure chance de victoire devient d'espérer que Shadow pioche les deux éléments en quantités trop inégales. Trop de menaces lui donnent une ouverture pour partir, tandis que trop de réponses lui donnent le temps de faire tourner Gavony Township et ses nombreux moteurs de CA pour les surmonter. Rien n'est donc désespéré ; mais à Magic, ce n'est pas l'espoir qui fait gagner.
Affinity, comme Burn, a été éliminé parce que les questions qu'il pose sont éculées. Cela dit, je partage l'opinion répandue qu'Affinity est un deck qui gagne par cycles, en fonction du point où se trouve la hate anti-artefacts à un moment donné, et le top4 du Grand Prix Las Vegas a bien montré qu'on approchait alors d'une période gagnante. L'archétype incarne ce que la proactivité peut avoir de plus oppressant, les cartes qui font sa force ayant été éditées à une période où en bannissait en Standard (sic). Si les joueurs se mettent à négliger un tant soit peu leurs défenses contre les robots, ceux-ci ne tardent pas à faire leur inéluctable résurgence ; mais pour l'heure, avec Las Vegas dans le rétroviseur, je crois que la Singularité est passée.
Enfin, si vous n'avez pas compris ce qui a motivé l'élimination de UW Contrôle, je vous invite à relire (bon courage) toute la première partie de l'article.
Une fois fixés sur Death's Shadow, un tuning bref mais intensif nous a amenés à cette liste.
La veille encore du tournoi principal, je disputais un Trial pour la pratique avec une liste légèrement différente, qui s'est retrouvée par ici. Contre l'exemple de reddit, je vous enjoins à ignorer les 61è et 62è cartes, dont je ne sais toujours pas si elles résultent d'une erreur de listing ou de transcription : j'avais envisagé les Windswept Heaths pour chercher la forêt basique, notamment contre Burn, mais pour la stabilité du bleu et du noir elles ont fini par s'effacer devant les autres fetchlands. J'en profite pour faire remarquer que les fetchs en question, du moment qu'ils donnent du noir, sont totalement indifférents, le seul avantage ici de Bloodstained Mire étant qu'il peut induire en erreur sur nos couleurs.
Moudou avait déjà fait figurer dans son report la moitié des tables de side établies le vendredi soir contre le Tiers 1 au sens large ; telles que je me les rappelle, voici l'autre moitié.
Grixis Shadow
Spoiler :
-4 Fatal Push
-2 Inquisition of Kozilek
-2 Street Wraith
+2 Nihil Spellbomb
+1 Hangarback Walker
+3 Lingering Souls
+1 Liliana, the Last Hope
+1 Ranger of Eos
Death's Shadow est leur seule target à Fatal Push et ils sont susceptibles d'en cutter, tandis qu'Abrupt Decay post-side peut toucher Liliana, the Last Hope, l'une des rares vraies réponse de Grixis à Lingering Souls. Decay a également le gros avantage de passer à travers Stubborn Denial.
Compte tenu du degré de redondance et de récursivité de Grixis Shadow, la défausse n'est pas excellente, mais il est nécessaire d'en garder une bonne quantité pour éviter de se faire rouler dessus par les créatures Delve, soit en touchant les removals pour protéger nos bloqueurs, soit en forçant la résolution de Traverse the Ulvenwald pour gagner avec Ranger of Eos / Hangarback Walker. Post-side, le late game est prenable, voire avantageux grâce aux cartes blanches. Autant on cherchera en G1 à forcer le passage des menaces pour ne pas se laisser entraîner dans une guerre d'attrition, autant leur survie importe ensuite tout autant, mais pour bloquer, parce que nos removals ne sont pas calibrés pour gérer les menaces adverses.
Avec le recul, le fait de rentrer Nihil Spellbomb doit permettre de cut Architects of Will au-dessus d'une Street Wraith, car la 3/3 hardcastée semble ici particulièrement mauvaise.
Eldrazi Tron
Spoiler :
-1 Mishra's Bauble
-1 Inquisition of Kozilek
-2 Fatal Push
+1 Stubborn Denial
+2 Stony Silence
+1 Ranger of Eos
Le cut d'une partie des Baubles s'impose quand on rentre Stony Silence, et j'ai eu suffisamment de mauvaises expériences pour vouloir en sortir plus d'une.
1 Inquisition est une moyenne entre le play et la draw, on voudra garder le carré sur le play parce qu'elle touche Relic of Progenitus et Expedition Map, contre deux voire moins sur la draw quand le nombre de cibles diminue drastiquement.
On peut penser que Stony Silence a peu d'impact dans ce match-up, mais ses applications sont loin de se limiter à Walking Ballista car Relic, Ratchet Bomb et/ou Engineered Explosives comptent parmi leurs cartes de side les plus décisives.
UR Storm
Spoiler :
-3 Death's Shadow
-2 Street Wraith
-1 Fatal Push
+2 Nihil Spellbomb
+1 Stubborn Denial
+3 Collective Brutality
Death's Shadow est un kill moins fiable ici qu'ailleurs à cause de la menace que représente Grapeshot : notre clock dépend de la profondeur du plongeon, or on veut rester le plus haut possible. Cependant, il faut toujours garder une Shadow dans le deck pour Traverse the Ulvenwald, idem pour Street Wraith.
Abrupt Decay, bien que moins efficiente que Push pour gérer Goblin Electromancer et Baral sur le tour du départ en combo, s'impose malheureusement pour casser Blood Moon. On peut prendre du mana en réponse à l'enchantement ou bien s'en sortir après coup en trouvant le marais basique avec Traverse the Ulvenwald, lancé au moyen d'une forêt précédemment fetchée. Post-side, Storm compte moins sur Grapeshot / Past in Flames que sur Blood Moon et Empty the Warrens, et c'est essentiellement ce dernier qui justifie une telle Brutalité, faute d'une réponse adéquate aux gobelins sur le board.
Dredge
Spoiler :
-2 Fatal Push
-3 Abrupt Decay
-3 Liliana of the Veil
+2 Nihil Spellbomb
+1 Stubborn Denial
+3 Lingering Souls
+1 Liliana, the Last Hope
+1 Ranger of Eos
Ce match-up est tellement cauchemardesque qu'on rentre un peu tout et n'importe quoi a) en espérant que ça passe et b) à cause du nombre déprimant de crottes qu'il faut remplacer. Quelques removals bien placés peuvent toutefois faire basculer la course, et je serais donc partisan sur la draw de cut une ou deux Inquisitions en leur faveur. Un autre argument mineur est l'enabling du Delirium, qui en prend un coup quand on ne lance plus d'éphémères, sachant que Lingering Souls partage le type des sorts de défausse et que Liliana of the Veil n'est PAS dans la conversation.
Comme je n'ai fait là que quelques remarques génériques et que la liste a un peu évolué depuis, n'hésitez pas à me poser dans les commentaires des questions sur comment jouer tel ou tel match-up ; classique ou non, je serais heureux d'y répondre dans la mesure de mes connaissances.
3 - Un road trip mortel
Une fois n'est pas coutume (ahem), la planification (ahem²) de mon voyage s'est faite au dernier moment. Une semaine avant le GP, je reçois ainsi la confirmation d'une place libre dans une voiture avec des potes à moi, et d'une autre dans la maison pour sept qu'ils avaient louée. Ces places avaient été laissées vacantes le plus longtemps possible dans l'espoir de trouver un second conducteur... Conclusion : encore bravo à Vittorio Pavesi de ne pas nous avoir tués.
Et oui, la photo de ferry a un sens, car le voyage devant durer dans les quinze heures avec les pauses, on a résolu de couper par la mer entre l'Allemagne et le Danemark pour en gagner deux. Nos porte-monnaies s'en sont allégés de trente-six euros chacun, mais on pourrait arguer que le coucher de soleil les valait bien.
Outre notre solitaire et valeureux conducteur, l'équipage comportait six membres, avec la répartition d'archétypes suivante : deux Sultai Shadow, Grixis Shadow, Bant Eldrazi, Burn, Mardu Contrôle et un certain MonoWhite Hatebears.
Arrivés jeudi soir, nous avons eu toute la journée du vendredi pour faire des Trials et, dans une moindre mesure, nous balader dans Copenhague. Pour ma part, j'ai splitté en finale du mien avec un joueur de Jund Shadow qui n'avait pas encore ses byes, en battant notamment sur le chemin un Sultai Ironworks et un RG "Ponza". Que disais-je à propos de la diversité, déjà ?
Dehors comme dedans, il faisait, tout le long du séjour, une chaleur écrasante. Nonobstant l'incendie de Prague, je ne crois pas avoir déjà eu aussi chaud sur un lieu de tournoi. Heureusement, le canal qui coulait non loin permettait de profiter d'un peu de fraîcheur lors des allées et venues entre la maison et la salle, mais ce moment de répit était vite oublié dans la fournaise ambiante.
4 - Une ombre de doute
Le Grand Prix en lui-même avait bien commencé, sur une série de trois victoires après les deux byes, mais j'ai ensuite concédé trois rondes face à Eldrazi and Stuff, Affinity et... UB Meule (honte sur moi), pour finir le Jour 1 à 6-3. Je persiste à penser qu'Eldrazi and Stuff est un match-up positif, mais que les pioches de ses pilotes en situation critique défient les lois statistiques. Mon adversaire, locké sous Stony Silence et Liliana, a réussi à piocher successivement un Chalice of the Void (que, moyennant quelques tours, j'aurais fini par passer avec l'ultimate ou Abrupt Decay), les deux pièces de Tron manquantes (sachant qu'Expedition Map ne passait pas le Chalice) et, pour finir en beauté, All is Dust. Je veux bien concevoir que, comme le dit l'adage, "discard doesn't have protection from topdecks", mais je soupçonne une réalité quand même un poil plus complexe.
Ma réalité fracassée après la ronde 6
Mon grand moment de la journée, voire du week-end, fut sans conteste une victoire 2-0 contre Ivan Floch en ronde 7. Il jouait Abzan Company, et malgré deux games très disputées où Kitchen Finks + Gavony Township lui donnèrent une myriade de draw steps, la puissance brute de mes cartes finit par avoir raison de ce formidable adversaire. Notez que sur le week-end, j'aurai bien affronté cinq ou six decks Company, pour ne perdre qu'une seule de ces rondes sur un mauvais keep et deux fulls. Pour autant, la majorité des games furent très serrées, et si le match-up l'est peut-être moins, il demeure très intéressant à jouer.
En parlant de matchs intéressants... Ma ronde 8 contre Affinity fut d'un moindre niveau, mais pleine de suspense, et elle mérite une description un peu plus détaillée.
En G1, je mulligane dans une main très réactive, mais dépourvue de menace. Mishra's Bauble me révèle un Cranial Plating et la Thoughtseize du tour 1 une main plutôt fragile, avec Cranial Plating pour seul pay-off. A ce stade, vous pensez "s'il nous raconte ça, il n'a pas dû prendre Plating" (ne serait-ce que parce que je viens de vous le suggérer). Et vous avez raison (!). Je fais l'erreur de lui défausser un Ornithopter, au prétexte que mes removals paraissent assez nombreux pour épuiser toutes ses menaces... Sauf qu'il joue Affinity, un deck quasi-exclusivement composé de crottes métalliques capables de porter Plating. J'aurais dû miser sur le topdeck d'une deuxième défausse ou, ultérieurement, d'une Decay, pour me battre sur le front des pay-offs et non celui des enablers.
La G3 fut rapide et pas vraiment compétitive, mais la G2... oh, cette G2... Je garde à 7 sur le play avec Stony Silence, deux Traverse et pour seul terrain... une Overgrown Tomb. Fatal Push et Inquisition of Kozilek m'offrent en effet pas mal de temps pour trouver une source de blanc, et l'upside d'avoir Silence en main de départ est de toute façon trop élevé pour y renoncer. Je passe ensuite plusieurs tours à piocher des blanks, dont un Kataki et une troisième Traverse, et à tutoriser avec les deux premières des basiques aussi jolis qu'inutiles. Mon adversaire se relève de la première défausse à une vitesse effrayante, avec un tour 2 Etched Champion qu'il équipe aussitôt de Cranial Plating, et commence à m'attaquer par tranches de huit avec trois Darksteel Citadels sur le board. Quand je pioche enfin un fetchland, il est beaucoup trop tard, que ce soit pour locker sa mana avec Silence ou pour placer Kataki sans mourir dans la foulée.
C'est alors qu'Hangarback Walker entre en scène.
Je fetche, ce qui me donne le quatrième type au cimetière, et joue Traverse dans un Hangarback pour X=1. Alors qu'il continue de développer son board avec Chalice à 1 et Steel Overseer, le Marcheur chumpblocke et génère son petit Ornithoptère.
Je topdecke Abrupt Decay et joue Kataki avec le removal en back-up. Il faut qu'il décide de sacrifier Chalice sur ses triggers, sans quoi je pourrai certes ruiner son board, mais pas jouer mes Shadows pour inverser la vapeur avant que le Champion tout seul ne me termine. Il est possible d'utiliser Decay pour gérer Chalice, mais je risque d'en avoir besoin pour le Plating, qui autrement me tuerait sur le tour de latence précédant ma contre-attaque avec le moindre topdeck artefact à 0 ou 1 mana.
Il compte, recompte, re-recompte et fait le choix, probablement optimal de son point de vue, de se débarrasser du Chalice. Le Champion devient 3/3 sur Steel Overseer, Plating se décompose abruptement et je chumpblocke une dernière fois avec l'Ornithoptère...
Stony Silence arrive enfin, et forme avec Kataki la combinaison parfaite pour le forcer à sacrifier ses trois Darksteel Citadels. Sa base de mana décimée, le Metalcraft désactivé faute d'avoir pioché un cheap artefact, il concède.
Voilà, j'espère que ça répond d'avance aux questions sur la présence d'Hangarback Walker en side. Et oui, bloquer Etched Champion contre Affinity en était la raison première, au-delà de toute considération pour les match-ups les plus grindy. Quel qu'ait été l'issue finale de ce match, une décision récompensée avec tant d'évidence, c'est assez rare à Magic pour faire énormément plaisir .
Ce qui m'a moins fait plaisir, bien sûr, c'est de perdre la ronde 9 contre Meule. Il faut dire que la séquence de double Archive Trap into double Surgical Extraction sur Death's Shadow et Tarmogoyf en réponse au craquage du premier fetchland ne rend pas les choses faciles - et je ne suis pas prêt à mulliganer jusqu'à avoir un land non-fetch en main de départ. Ne pas voir une seule Lingering Souls meulée sur les 40 premières cartes du deck n'a pas aidé non plus. Cela dit, et c'est une omission de ma part, j'aurais dû considérer de passer au-dessus de 60 cartes pour les games sidées, d'autant plus que la G1 s'est terminée par un Glimpse the Unthinkable topdecké au dernier tour sur une bibliothèque à 9 cartes.
Si j'avais fait moins d'erreurs et surtout si le Modern, avec sa haute densité en décisions minuscules fondées sur une appréhension subjective des probabilités, n'était pas un format aussi propice à ce que ces erreurs passent inaperçues, j'aurais peut-être été amené à douter de mon choix de deck suite à ce décevant 6-3. En l'état, j'aurais pu faire 7-2 sans trop d'efforts en gagnant la G1 contre Affinity, et peut-être 8-1 en fetchant moins / en lançant moins de sorts sous Mesmeric Orb contre Meule. En tout cas, mon score effectif ne reflète pas le potentiel de la liste, pas plus que mon abandon rapide en jour 2 après un retour de variance contre Jund Midrange (un match-up que je sais être positif). Pour évaluer un deck, un seul tournoi, quels que soit sa taille ou ses enjeux, a finalement peu d'importance, d'abord parce que l'échantillon est faible au regard de la variance - que je pense en l'occurrence avoir pas mal subie -, ensuite parce que le niveau du deck lui-même n'est pas toujours autant valorisé par le joueur. Certains decks sont plus ardus à prendre en main que d'autres, demandent une plus grande maîtrise pour donner des résultats, et d'après mon expérience, Death's Shadow rentre clairement dans la catégorie "Difficile".
Maintenant, s'il subsiste une ombre de doute, elle porte moins sur la décision de jouer Death's Shadow que sur la variante optimale : la bonne nuance d'ombre, si j'ose dire. Depuis Copenhague, Grixis Shadow s'est imposé aux yeux des pros, et la victoire de Mattia Rizzi n'y est sûrement pas étrangère. La version Grixis est indéniablement plus consistante et mulligane mieux, grâce à l'inclusion de Serum Visions au détriment de la mécanique Delirium, qui requiert l'assemblage d'une certaine masse critique. Elle est aussi légèrement avantagée en G1 dans le miroir, ses menaces jouissant d'une immunité aux removals les plus courants des listes Traverse : Fatal Push et Abrupt Decay. Cependant, post-side, Lingering Souls et Ranger of Eos surpassent tout ce que Grixis peut produire ; et même en admettant son avantage dans le match-up (ce que je ne suis pas prêt à faire), le degré de similarité entre les listes et l'effet d'amortissement de leurs différences induit par la défausse* fait que cet avantage ne doit pas excéder quelques %. Vaut-il ce que Grixis concède dans d'autres match-ups, comme Burn ? Les sorties défausse into Tarmogoyf comptent pour une bonne partie des victoires pré-side, or elles sont moins fréquentes avec Tasigur et un compte d'Inquisitions revu à la baisse. Contre Affinity ? Kolaghan's Command MD fait du bien, mais s'il faut se passer d'Ancient Grudge ET de Stony Silence post-side, je ne suis pas sûr que l'échange soit favorable.
Enfin, et il s'agit là d'un problème plus structurel, Grixis se retrouve à devoir choisir au tour 1 entre la sélection qui lui permet d'avancer dans son deck, de trouver ses menaces et ses land drops, et la disruption de la main ou de l'early drop adverse, là où l'addition de Mishra's Bauble comme cantrip gratuit permet à Jund ou Sultai de faire les deux simultanément. La sélection est certes amoindrie par rapport à celle d'une Vision, mais devoir perdre son tour 1 pour justifier un keep est un coût extrêmement significatif en Modern, où tous les tours comptent.
Tous ces arguments pointent, de façon peu surprenante, vers la version avec laquelle j'ai le plus d'expérience ; c'est pourquoi, en vue du Grand Prix Birmingham, je suis intéressé par ce que vous auriez à en dire.
Représentation exacte de l'intérieur de mon cerveau en cours de tuning d'un deck.
(Le bonhomme à cheval, c'est la partie consciente qui se demande ce qu'elle peut bien fabriquer dans ce bourbier.)
5 - Lumière sur l'au-delà
J'ai en fait assez peu retouché au Modern depuis Copenhague, la faute :
- au Grand Prix Amsterdam en Standard, le week-end qui a suivi ;
- au RPTQ Kyoto celui encore après, en limité Amonkhet.
Si Amsterdam n'aura été qu'un énième Jour 2 sans cash, le RPTQ à Paris s'est soldé par un 5-0 dans les rondes, suivi de deux draws intentionnels et d'une victoire en quarts, soit... oui ! Tout juste ! Une invitation au Pro Tour !
Et au Japon !
... Alors non, pas au Japon en fait, parce qu'il a fallu renouveler mon passeport et que les formalités prennent plus d'un mois en cette période, mais j'ai pu reporter la qualification sur le Pro Tour Albuquerque en novembre. Quoi qu'il en soit, pour moi qui ai passé trois ans à tenter de me requalifier après Portland, c'est source de beaucoup de joie et d'un enthousiasme renouvelé pour le jeu.
Il n'y aura a priori pas de report du RPTQ, mais je vais de ce pas rentrer mes decks de Sealed et de Draft sur mon profil, si ça peut en intéresser. Biais cognitif ou pas, mon pool scandait "UB Cycling", un archétype pourtant délaissé par les pros, et j'ai réitéré dans le draft du top8. Il est par ailleurs amusant de constater que l'autre joueur à 5-0, lui aussi qualifié in fine, jouait lui aussi UB Cycling, avec Drake Haven et Ruthless Sniper comme pay-offs.
Pour en revenir au Modern, Sultai White Death's Shadow a tout de même connu quelques changements, pour l'essentiel des adaptations à la popularité grandissante de son rival. Vous pouvez consulter ici la liste à jour.
Le MD a empiré contre Affinity, avec deux Fatal Pushes en moins pour un troisième Denial et un Dismember, mais s'est amélioré à la fois contre Grixis et Eldrazi Tron. J'ai légèrement renforcé le sideboard contre Dredge avec un troisième effet de grave hate, dont on peut considérer qu'il a pris la place de Liliana, the Last Hope contre Abzan Company. Enfin, le quatrième Stubborn Denial a fait son chemin dans le side, et la troisième Collective Brutality est (re)devenue Phyrexian Unlife, un effet beaucoup plus radical contre Burn, mais qui dans une moindre mesure couvre aussi Dredge et les autres match-ups où l'on fait la course. Le dimanche du GP, j'ai ainsi racé le Daybreak Coronet d'un joueur de Bogles avec une Shadow 17/17...
La carte a ceci de très "meta" qu'elle illustre la tête que fait l'adversaire quand on la lui sort
Pour finir, il y aurait de quoi en écrire plusieurs articles, mais si vous aussi, vous voulez basculer dans l'ombre, quelques points pas forcément intuitifs sur le maniement du deck :
A)Le tour 1 est absolument crucial et, selon les match-ups et les situations, peut s'aborder tout à fait différemment avec les mêmes cartes. Prenez bien le temps de considérer toutes les options de séquençage, qu'il s'agisse de Bauble d'abord pour savoir si vous pouvez vous permettre de vous saigner à blanc, Street Wraith pour prendre un maximum d'information sur la texture de votre sortie, un fetch pour épurer avant de faire quoi que ce soit... Si vous ne savez vraiment pas par quoi commencer, le recyclage de Street Wraith fait office de play par défaut, mais en aucun cas il ne faut le voir comme un automatisme.
B) Elles n'en ont pas l'air, mais Street Wraith et Architects of Will sont des créatures, qu'il est envisageable.de lancer comme telles plus tard dans la game. En général, vous les recyclerez tôt dans la partie, mais dans des situations de full, il devient envisageable de les slowroller dans ce but. Architects of Will, en particulier, vous donne l'option de quelle bibliothèque consulter, mais à moins d'une position fortement dominante, je vous encourage à choisir la vôtre à cause des fetchlands. Ils peuvent ruiner votre tentative de "locker" l'adversaire comme, inversement, vous offrir un shuffle ensuite.
C) En G1, faites-vous mal, même si vous n'avez pas de Death's Shadow sous la main. Elles finiront par arriver, naturellement ou sous Traverse, et la clock peut s'en trouver radicalement changée. Bon, le match-up Burn est un cas particulier et contre Dredge ou Affinity, vous pouvez aussi vouloir mettre la pédale douce s'ils font le job à votre place. Post-side et dans le miroir, la gestion du life total devient bien plus fluctuante, car la difficulté à sticker Shadow vous incite à ne pas trop prendre de risques. C'est la raison pour laquelle certains joueurs désident Street Wraith en miroir, mais la possibilité d'une 3/4 imblocable et quasi-intuable en fait à mon avis une erreur.
D) Les versions Traverse de Death's Shadow sont Agro-Contrôle, donc proactives. La qualité de vos cartes peut vous donner l'impression, comme avec Midrange, que vous pouvez tenir dans une game longue, mais il n'y a aucun match-up du format où le late game vous favorise. Aucun. Le mid-game peut, contre Affinity ou les sorties créatures de Burn, ce qui justifie d'adopter une posture défensive dans les premiers tours, mais elle doit vite laisser la place à un kill rapide à coups de [insert big number] / [insert same or bigger number].
E)L'obtention du Delirium est une étape-clé et qui impose parfois de lourds sacrifices pour activer une Traverse coincée en main. De tels sacrifices incluent, mais ne se limitent pas à :
- lancer une Shadow dans le vide (à 13 PV ou plus) pour mettre une créature au cimetière ;
- vous faire défausser vous-mêmes sous Leyline of Sanctity, ou, accessoirement, pour faire grossir un Tarmogoyf. Attention, ce play vous force à révéler votre main !
- jouer une première Traverse dans un basique afin d'avoir le type rituel ;
- post-side, n'oubliez pas que Collective Brutality aide à garnir le cimetière.
Oui, bien jouer Death's Shadow peut faire mal, dans tous les sens du terme.
F) Enfin, ce point concerne exclusivement le miroir et les autres match-ups impliquant de la défausse : outre l'ordre dans lequel jouer vos cantrips, vous devez considérer de ne pas les jouer du tout. Un cantrip inutilisé représente de l'information cachée sur la vraie nature de vos cartes. Sachez lire la présence ou l'absence de défausse dans la main adverse, identifier la probabilité que ce que vous souhaitez piocher ait un impact immédiat sur la game, et agissez en conséquence.
Soyez vifs comme la lueur de la bougie dont l'ombre s'allonge... Ou quelque chose dans le genre.
Bien, je crois que l'heure est venue des remerciements !
Merci à Sylvain, dont c'était le premier Grand Prix, pour ses talents de photographe. J'espère que ça t'a plu et que tu renouvelleras prochainement l'expérience. Merci dans la foulée à mes autres roommates, et notamment pour la place d'urgence, qui m'a peut-être évité les jérémiades d'un autre employé d'Eurolines.
Merci à Théau d'avoir montré au monde que ça ne sert à rien de réfléchir à son choix de deck.
Merci à Léo / moudou pour ta confiance pas trop aveugle et ton acharnement à monter des tables de side.
Et puis merci à vous, bien sûr, de m'avoir lu, et à MC comme d'habitude pour leur support...