Il était une fois dans l'Ouest...

Posté le Mercredi 06 Août 2014 à 18:41 par JiRock (6890 lectures)

... un pied-tendre avide de duels qui s'était qualifié pour son premier Pro Tour, et qui - comme tous les pieds-tendres avides de duels qui se qualifient pour leur premier Pro Tour - entendait bien le remporter.
Voici son histoire. 




 





Un peu tristounet, non ? C'est l'Expo Center de Portland, où s'est déroulé le tournoi. Sur une semaine là-bas, nous n'avons pratiquement pas fait de tourisme : outre que nous étions très occupés à tester , il faut dire qu'il n'y avait pas grand-chose à voir.

En revanche, vous voyez le petit banc gris à droite de l'édifice ? C'est celui sur lequel s'est jouée la partie décisive d'un team draft entre Rémi Fortier / Alexandre Darras / moi et Akira Tanaka / Kenji Tsumura / Shoota Yasooka. Non, je ne me trompe pas sur les deux derniers noms (bien que je sois incapable de les prononcer). Une occasion assez irréelle de rencontrer les meilleurs joueurs nippons, dans une ambiance à la fois détendue et concentrée.
Si les matchs se sont achevés dehors, c'est que la salle devait fermer et que l'une des parties, que l'équipe adverse remportait instantanément sur un topdeck Cône de Flammes, s'est pas mal éternisée. En même temps, quand on fait du drama en désignant trois cibles et en criant "un, deux, trois" (les Japonais, pas nous !) à chaque carte piochée... 
Nous avons disputé deux drafts contre eux : l'un gagné, l'autre perdu. Et devinez qui participait au premier à la place de Shoota ? Yuuya Watanabe.


Allez, pour ceux à qui ça ne parle pas, revenons à nos bons vieux français.
J'atterris aux US le lundi 28 juillet, une petite semaine avant le début du Pro Tour, et je retrouve sur place une team majoritairement composée de vainqueurs de PTQ, à l'expérience disparate :
- Yann Teoh
- Julien Stihle
- Germain Caillaba
- Hakim Mezhoud
- Julien Berteaux
- Alexandre Darras
- Franck Dubus, qualifié au PT Atlanta
- Rémi Fortier
- Guillaume Wafo-Tapa (qui vient d'être élu au Hall of Fame et qu'on ne présente plus je crois ^^)

Sont également dans les parages Emmanuel Sutor, un bon joueur de construit allemand, et un italien, Lorenzo Calzolari, qui participent de temps à autre à nos séances de tests.


Plusieurs personnes, dont moi, ont déjà une idée précise du deck qu'ils veulent jouer : Burn pour Yann, MonoG Devotion pour Franck et (ô surprise) Esper Contrôle pour Guillaume. (Les liens sont indicatifs pour ceux qui ne connaîtraient pas ces différents archétypes, il ne s'agit pas des listes finales.) 
Pour ma part, je sens que j'ai acquis trop d'expérience avec MonoBlack pour qu'il soit productif d'adopter autre chose. Après tout, c'était de l'avis général le meilleur jeu du format avant Magic 2015, et rien de ce que jetons contre lui n'arrive vraiment à l'ébranler. Par de petits ajustements, nous essayons d'obtenir des match-ups favorables les uns contre les autres, et surtout de comprendre les dynamiques à l'œuvre. Je suis notamment satisfait de constater, dans une série contre Guillaume, que mon match-up vs contrôle est positif post-side même quand c'est lui qui le pilote.

Peu à peu, les autres membres de la team se rabattront sur ces quatre jeux, Rémi décidant de me faire confiance sur MonoBlack. En effet, les tests contre Jund Monsters ont été équilibrés, même avec le "handicap" que représente Nightveil Specter de base (plutôt que Lifebane Zombie dans une version plus focalisée). Le match-up Green Devotion est fluctuant, mais avec 4 Doom Blade et 2 Drown in Sorrow, on a toutes les armes pour l'ouvrir en deux post-side. En fait, c'est à peu près le cas de tout le format : le side de MonoB est tellement versatile que même si aucun de ses match-ups n'est reluisant à la game 1, il n'y en a aucun qu'un peu de bricolage sur les slots ne puisse redresser. Nous envisageons même un moment de passer à trois Drown après avoir appris que la Revolution allait jouer rouge agressif : à l'enregistrement le jeudi, Timothée (Simonot) est à la recherche de Legion Loyalists... L'habituelle pêche aux infos donne ses résultats, on sait par ailleurs qu'il y aura de l'Orzhov Midrange et du Selesnya, mais il est dangereux d'effectuer des changements de dernière minute sans avoir une vue d'ensemble du metagame de la salle.

Parmi les modifications apportées à ma liste initiale, un Pack Rat est cutté pour un Sign in Blood, sur le constat que les kills aux Rats sont devenus plus difficiles et que quand l'invasion est vouée à l'échec, on en veut le moins d'exemplaires possibles. Nous troquons aussi Devour Flesh pour un quatrième Bile Blight et un second Ultimate Price : il y aura vraisemblablement peu de Burn et de jeux Hexproof.
Emmanuel Sutor nous propose des listes agressives à la pelle, dont aucune ne nous convainc vraiment. Elles ont le mérite de mettre en relief la solidité de nos choix, d'archétype comme de slots.


Quant au limité, six drafts IRL nous donnent le sentiment qu'agro rouge et blanc Convoke sont au-dessus du reste, contrôle à base bleue en troisième position. L'archétype Black/Green divise, on sent qu'il y a du potentiel car les couleurs sont les moins pickées, mais sans mythique broken, difficile de monter quelque chose qui ait une âme. (Haha.)
Finalement, le rouge s'est avéré plus facile à contrer que nous ne l'avions prévu, et White/Green Convoke encore plus fumé. Le niveau de draft global de la team était très acceptable, étant donné que nous avions tous (ou presque) remporté des PTQs en limité. Cependant, l'entraînement a manqué de volume. Je me serais senti plus à l'aise avec quatre ou cinq drafts supplémentaires.

Au risque de paraître déjà défaitiste avant même d'avoir commencé à raconter mes exploits , je dirais que la principale faille de ma préparation, en draft comme en construit, a été de trop me fier à mon intuition initiale des formats. Rester sur mes couleurs de prédilection ; ne pas aller assez loin dans l'exploration. En fait, si nous avions eu plus de temps, il aurait sûrement fallu tout reprendre à la racine : établir les ingrédients qui rendaient MonoBlack dominant, et les combiner pour lui trouver de nouvelles failles. Mais bon, il y a aussi le fait que nous nous connaissions à peine, or il a fallu quelques jours pour que l'esprit de corps émerge. Je suis confiant en notre capacité à faire bien mieux la prochaine fois - peut-être sur deux semaines ?





JOUR 1





À peine assis à ma table de draft, je reconnais Tomoharu Saito dans le coin opposé et Ari Lax à sa gauche... Je me dis que ça va être corsé. Puis je regarde autour de moi, et je constate que c'est pareil à toutes les tables -_-.

J'ouvre un booster où se dégagent Juggernaut, Triplicate Spirits et Nimbus of the Isles. Je fais l'erreur de prendre l'artefact, qui en fin de compte n'est pas si bon dans le format (Oreskos Swiftclaw est à l'affût) et surtout qui incite à jouer agro sur la base d'un 4-drop, ce qui n'est pas idéal. Par la suite, je m'efforce de cutter le rouge et j'y parviens relativement bien, sans pour autant être récompensé d'une card quality élevée. À la fin du deuxième booster, ma curve est désespérante, et bien qu'une Lightning Strike à l'ouverture du troisième m'arrache un soupir de soulagement, ça se présente mal pour garder des mains de départ qui patatent.

Mon draft.
Je joue Wall of Fire parce que c'est une créature rouge. J'aurais peut-être pu maindecker Negate.


Ronde 1 - Xiao Liu
Random

J'indique "random" sans mépris aucun, vu que j'en suis un moi-même, simplement pour distinguer parmi mes adversaires ceux que leurs performances magiciennes ont fait connaître.

C'est un chinois qui joue un genre de Patriot défensif, avec un peu de Convoke et pas mal de removals. Son build est mauvais car tricolore en premier lieu, mais ses créatures matchent bien contre celles de RDW, encore mieux quand le RDW en question n'a pas la curve nécessaire pour les sortir à temps. Je prends Soulmender, puis Wall of Essence qui meurt après les blocs sur ma Lightning Strike. Malgré un mulligan à six, j'arrive en fait à lui mettre pas mal de pression car il ne lance qu'un sort par tour et pioche pas mal de lands. La game se joue sur une attaque où il lance Devouring Light, m'empêchant de lui mettre les points nécessaires pour le finir à la Lava Axe.
La deux est encore plus serrée. Je survis à un Cone of Flames, Triplicate Spirits, puis Heat Ray sur mon Parangon en pleine phase de combat contre les esprits. Encore une fois, j'ai une chance de le hacher menu au tour près mais il a son removal en back-up. À noter la destruction de Wall of Essence par un superbe Clear a Path de side.

0-2
0-1


Ronde 2 - Ari Lax
Vainqueur du GP Toronto (2013), deux top16 de PT

Un joueur extrêmement sympathique. Il me souhaite la bienvenue sur le Pro Tour dès que je m'assois et nous ne cessons d'échanger des commentaires pendant les games.
Il joue UG Midrange / Convoke

À la une, je mulligane à cinq dans ceci : 
2 Foundry Street Denizen
1 Frenzied Goblin
2 Mountain

Autrement dit la meilleure main que mon deck puisse générer dans ces conditions.
Je topdecke même Krenko's Enforcer au tour 3 derrière une troisième montagne.
Et évidemment, je me fais dérouler xD.

Tour deux Bronze Sable, tour trois Living Totem. Oh, ça tombe bien, j'ai un artefact pour bloquer l'Intimidate. Negate sur ta Lightning Strike. Bête. Bête. Bête. Chord of Calling à six sur Kalonian Twingrove, GG.
Je ne me souviens même plus de la deux. Je pense qu'il ne vaut mieux pas.

0-2
0-2


Ronde 3 - Nikolaï Herzog
"Légende vivante", label Rémi Fortier. Je n'ai pas été chercher davantage. Rémi ne connaît aucun pro qui ne soit pas une légende vivante.

Il joue un BG Dredge plutôt pêchu, avec de l'accélération, du lifegain (pourquoiiiiii tout le monde a du lifegain ?), Indulgent Tormentor et Soul of Innistrad.

Je ne me sens pas défavorisé, bien au contraire, et il me dira après le draft que j'avais un bon deck. Piètre consolation après un départ à 0-3, mais je dois avouer que je ne m'explique pas complètement cette contre-performance. Nous avons surévalué le rouge, certes, car la couleur, bien que puissante, est aisément stoppable, en empilant des X/1 low-cost et des Barrières de corail. Pour autant, tout le monde n'est pas censé avoir un main deck aussi blindé et je crois que les decks de Xiao Liu et d'Ari Lax l'étaient plus que la moyenne. Bien sûr, il faut aussi prendre en compte la fragilité de ma curve et et le power level individuel décevant de beaucoup de cartes, qui se seraient mieux intégrées à l'archétype si elle avait été meilleure. Je pense à Lava Axe.

La game 3 contre Herzog fut particulièrement frustrante. Je claque agressivement un blast sur son Elvish Mystic pour retarder l'arrivée des spoilers. Bien m'en prend, parce qu'il a la main vide d'early drops. À trois lands avec Rummaging Goblin sur le board et double Parangon / double Lava Axe en main, je me demande comment je peux encore perdre la game. Je loupe un land drop pour Parangon malgré le loot, et je défausse son compère. Au tour suivant, je le pose et il passe à 7 sur ma sauce. Je me prépare à l'achever... Rotfeaster Maggot à 5 sur le Glacial Crusher que j'avais défaussé. Lava Axe ? Radiant Fountain, Covenant of Blood. Argh. Il vient de regagner 11 PV en deux tours... Tant bien que mal, je le descends à six avec l'Intimidate, tandis qu'une Soul of Innistrad commence à remonter son armée de créatures. Au tour décisif, il me reste un out : Inferno Fist, et je le vois se crisper, mais je ne m'attends même plus à le piocher.

N'empêche, MonoRed sur le point de tuer en limité derrière un gain de 11 PV... Il y a de quoi se dire qu'on n'a pas complètement merdé .

1-2
0-3


Ronde 4 - Will Levin
Random

Le premier Jund Monsters d'une série gagnante.

Bon, je m'en serais voulu de ne pas la gagner, cette ronde, parce que mon adversaire n'a visiblement pas l'expérience requise pour perfer sur le Pro Tour... Il perd une game 2 imperdable après que j'ai été en death à deux lands pendant cinq tours et que j'ai offert un Pack Rat en chair à canon à son Domri pour gagner du temps. Je finis par réussir à racer au Pack Rat à travers double Démon, d'une façon totalement improbable, pour tuer au point près en étant moi-même à 1. Du grand spectacle. Dommage que dans des tables aussi basses, personne ne nous regarde .

Un point intéressant cependant, j'ai sidé Lifebane Zombie à la vue de ses couleurs, mais il jouait Démon au-dessus de Polukranos et probablement, donc, aucune cible post-side à 4 ou plus. La tactique est astucieuse, étant donné que c'est l'option de side la plus monumentale de MonoBlack contre ces decks.

2-0
1-3


Ronde 5 - Pierre Dagen
Vainqueur du GP Bochum (2011), finaliste au PT Theros

Je ne suis pas très fier de cette ronde-là ; d'une part parce que je la gagne en jouant assez mal, d'autre part parce que je refuse de la concéder à Pierre, qui a besoin de faire J2 pour atteindre le Platinum.
Je ne regrette pas cette décision, c'était mon premier Pro Tour et j'étais encore en compétition pour les places payées (voire, d'un point de vue purement mathématique, pour le top8). Du reste, ce sont vraiment les pires situations à vivre dans un tournoi de Magic.

Il joue le Rabble Red de la Team Revolution. J'enchaîne à la une un Pack Rat qui bloquera Firefist Striker, Nightveil Specter et Desecration Demon. Je lutte pour trouver le cinquième land drop, ayant mis un land en-dessous sur mon scryland du tour 1 car j'en avais déjà le compte pour les premiers tours. Je finis par caser un Gray Merchant à sept et revenir du seuil létal.
À la deux, j'enchaîne quantité de Bile Blights et de Doom Blades pour contenir ses créatures, puis je pars en plan Pack Rat sans totalement l'assumer, ce qui est mon erreur majeure : je joue un Démon plutôt que de le défausser. Ça n'aura pas d'incidence, sinon que j'aurais été mort à un tour sur topdeck blast, parce que les Pack Rat 2/2 ne peuvent pas bloquer en même temps sans s'exposer à un blow-out et laissent donc passer des points.

2-0
2-3


Ronde 6 - Boris Brajgo
Random

Alors que j'amorce une jolie remontée en construit, il faut inévitablement que je passe l'épreuve du miroir.

Ces games font partie des moins interactives que j'aie jouées dans le match-up, il n'y a pas grand-chose à en dire. J'ai essayé de tirer de petits edges partout où je le pouvais, bluffant des Blights et des Downfalls pour retarder l'échéance, mais c'était peine perdue.
La une est un vol éhonté. Après un échange de saisies, je dévore mon Pack Rat de plein gré et enchaîne sur un Nightveil Specter topdecké... qu'il ne gèrera pas. À moi le Rat ; à moi le land pour Gray Merchant ; bye bye.
Il gagne la deux sur Connections et la trois sur Pack Rat into Desecration Demon, alors que je peine successivement à trouver la moindre menace et le moindre removal.

1-2
2-4


Ronde 7 - Samuele Estratti
Vainqueur du PT Philadephia

Fun fact, pour ceux qui n'ont jamais joué contre Samuele Estratti : il a régulièrement l'air de sourire, mais en fait, c'est juste une contraction de son visage alors qu'il réfléchit.
Non pas qu'il soit incapable de réellement sourire, mais c'est un peu troublant les premières fois, on a l'impression qu'il vient de trouver une ligne de play audacieuse alors que... non. Mais ça vient. ^^

Le deuxième Jund Monsters s'est montré plus coriace que le premier. Il remporte la game où il est sur le play sur une assez grosse full de ma part. Les deux autres sont serrées mais Pack Rat va jusqu'au bout, avec quelques détours sur la route pour décapiter des hydres trop virulentes. Il bluffe un magnifique Ghor-Clan Rampager alors que je suis à 13 et qu'il a neuf de patate sur le board. Bloquer ne me coûte pas trop à ce moment-là, donc je décide de lui accorder crédit, il n'empêche que c'était un beau play car il mourait sinon sur la contre-attaque.

2-1
3-4


Ronde 8 - Anssi Alkio
Top8 au PT BNG

Je le connais en tant que joueur de Splinter Twin en modern, mais en standard, il a opté pour Bant Control - un UW classique splashant Kiora, the Crashing Wave.

C'est (de peu, sans doute, car j'étais globalement très concentré) la ronde où j'ai le mieux joué du tournoi. Il le fallait, car contre un joueur averti, le match-up contrôle se résume souvent à devoir gagner deux games sidées à la suite, dont une sur la draw. J'ai le read sur la plupart de ses pioches, à l'exception d'un Deicide autour duquel je ne pouvais pas tourner de toute façon. Au tour final de la game, je peux le tuer au Gray Merchant, mais je décide d'ouvrir sur Connections en prévision des deux scénarii où il survit : Dissolve et Sphinx's Revelation. Il n'a ni l'un ni l'autre, et concède.

2-1
4-4


J'atteins le jour 2 de justesse, mais plutôt fier de mon 4-1 en construit, en dépit d'un miroir qu'on pourrait qualifier de "broken". À l'exception de Yann, qui termine à 3-5, de Franck et de Rémi, tout le monde a passé le cap. Je m'interroge sur ma façon de drafter et conclus provisoirement qu'il me faudra rester plus ouvert aux signaux le lendemain, sous peine de me retrouver à nouveau avec un monocolore bancal.




JOUR 2





De nouveau motivé pour un top25 qui ne me laisse plus le droit à l'erreur, je suis rassuré de ne voir aucun pro-player à ma table de draft. Malheureusement, Julien Berteaux est assis juste à ma gauche... Le premier pack m'impose un choix cornélien entre Stoke the Flames et Burning Anger, les cartes suivantes sur l'échelle de puissance étant Elvish Mystic et Netcaster Spider.
Toutes ces cartes sont des first picks potentiels, les rouges étant légèrement au-dessus des vertes, et quel que soit mon choix, je risque d'envoyer Julien sur la même couleur.
Je prends néanmoins Burning Anger, dont le potentiel est plus important. Si j'arrive à récupérer Heliod's Pilgrim ou Boonweaver Giant dans la suite du draft, l'enchantement fera des merveilles plus souvent qu'à son tour.

Je reste ensuite incroyablement open. Bleu, rouge et noir affluent en alternance, avec des périodes creuses, si bien que je ne sais jamais vers quoi me diriger. Dans les temps alloués à la consultation des picks, je compte avec frénésie mon nombre de playables dans chaque couleur et je fais tout mon possible pour atteindre la douzaine.
Voilà le résultat.

Le pool contient trois decks. Le rouge/noir est celui que j'ai joué, car il contient le plus grand nombre de removals et constitue donc un choix plus solide. Mais j'avais aussi accès à un bleu/rouge résolument défensif, bourré de walls en plus d'une grosse curve à 2, et à un bleu/noir contrôle invincible dans les miroirs.
Peu d'occasions se sont présentées au cours des matchs de sider ma troisième couleur mais je pense que cette façon de drafter, si elle est risquée et n'aboutit pas à des decks optimaux, a aussi de gros avantages dans un format où l'on trouve des optiques de jeu très diversifiées, allant de la Convoke au contrôle lourd.
Aurais-je pické une Evolving Wilds ou une Meteorite, je me serais sûrement permis le bleu/rouge splashé noir avec Covenant of Blood, Liliana et In Garruk's Wake...

Le Miner's Bane dans le sideboard rentrait régulièrement sur la draw à la place du dix-huitième land. Je n'aime pas cette carte, mais il ne faut pas hésiter à ajuster les proportions de lands et de playables quand vos chances de faire mana full augmentent.


Ronde 9 - Tye Soens
Random

Tye joue un blanc/noir évasion très stacké (de ce que j'ai vu, son deck ne contenait quasiment que des créatures volantes ou intimidantes) avec les redoutables Spirit Bonds.
Je les subis en mulligan à cinq à la game 1, et alors que j'élimine une par une les créatures qui les accompagnent, les esprits grignotent mes points de vie à petit feu. À la game 2, Brood Keeper dans Burning Anger a rapidement raison de son board.
La trois est un massacre, dans mon souvenir : je stalle quelque temps, rase trois créatures sur In Garruk's Wake et remporte la partie avec encore deux removals inutilisés en main.

2-1
5-4


Ronde 10 - Thoralf Severin
Random

Encore un jeu bourré de volantes, cette fois-ci bleues et blanches. À première vue, mon deck n'était pas apte à les combattre en nombre, mais avec autant de removals et la menace d'une wrath unilatérale si la partie pionce trop, ça passe plutôt bien.
Je side en bleu/rouge car après la 1, où il enchaîne les 2-drops au sol, je crois encore qu'il joue un deck agressif. Ses Aéronautes de la 2 restent bloqués au sol face à une Coral Barrier et un Wall of Frost. Tout ce qui prend son envol est impitoyablement descendu. À terme, Research Assistant et une paire de Divinations me permettent de prendre l'avantage et de submerger son board terrestre en quelques attaques soigneusement calculées.

2-0
6-4


Ronde 11 - Nikola Vavra
Random

C'est l'heure du GW Convoke !
Ce qui s'est passé pendant ces games illustre parfaitement le dégoût que Magic The Gathering peut vous faire ressentir. Sur le moment, je l'ai plutôt bien pris, mais avec le recul, il faut avouer que chacune de mes deux défaites  de cette ronde a été complètement insane au vu de la manière dont la partie s'était déroulée.

À la 1, après quelques early trades, je me retrouve à racer un Elvish Mystic équipé d'Haunted Plate Mail avec un Leeching Sliver et Paragon of Open Graves. Poser et attacher l'artefact lui a pris du temps, et il est légèrement derrière. Réduire en poussière son elfe n'a pas l'air d'une bonne idée, aussi je stabilise au Rotfeaster Maggot, sachant que s'il attaque et pose un bloqueur, je pourrai le détruire et attaquer pour le compte exact.
Il bourre à la 5/5 dans ma 4/6 (la limace est boostée par le Parangon). Je suis à 13 PV... Je réfléchis un instant, et j'en viens à la conclusion qu'il essaye de me faire bloquer pour la tuer avec un trick. Ça ne fait pas tout à fait sens, et je serai probablement resté en bloc si tel avait été mon plan, mais vu que je peux donner le deathtouch à mes créatures au tour suivant, le play peut se justifier.
Je laisse passer.
Je prends double Titanic Growth et décède misérablement -_-.

Il stumble un peu sur son vert à la 2, mais un Oreskos Swiftclaw et un autre 2-drop lui permettent quand même de ramper dans deux Will-Forged Golems aux tours 4 et 5. Je les gère successivement et pose un slivoïde 1/1 pour dissuader le Swiftclaw d'attaquer. À un moment, j'ai le choix entre Mind Rot + une créature et Liliana, qui serait protégée pour le tour. Je décide d'attaquer agressivement sa main, qui ne doit contenir que des actifs, avant qu'il ne pioche une Forêt. Manque de bol, il se trouve qu'une Plaine lui suffit pour enchanter le chat d'une Spectra Ward et m'imposer une clock terrifiante. Je peux tutoriser In Garruk's Wake sur Liliana mais sans pouvoir le lancer faute d'un neuvième land, et mon deck ne contient aucune créature-artefact. Je suis forcé de concéder, après avoir bluffé mon petit topdeck pour la forme.

0-2
6-5


Ronde 12 - Tamas Glied
"Random" : Je l'ai déjà vu en feature de plusieurs events, mais je ne trouve rien sur ses résultats éventuels.

MonoBlue Devotion est un match-up positif, mais tendu, où le moindre retard dans la disruption est synonyme de phases d'attaque dangereuses à la Thassa ou au Bident. Le deck a tendance à snowball quand vous le laissez se développer, c'est à dire que le contrôle du board continuera de vous échapper en exponentielle, sans retour en arrière possible.
Alors quand vous faites n'importe quoi, ça ne peut que mal se passer. 

Il garde pourtant des mains plutôt faibles, qu'une Saisie me permet à chaque fois de consulter, mais il topdecke invariablement Thassa au tour 3, la garantie de pioches actives pour le restant de la game. Je fais des erreurs impardonnables, comme d'animer un Mutavault qui vient d'arriver alors que j'ai deux autres terrains disponibles, bloquer une Frostburn Weird pour forcer le pump, et me faire ensuite contrer Bile Blight par Judge's Familiar parce que le manland, désormais une créature, souffre du mal d'invocation.

Sider contre MonoU est une vraie galère, parce que vos plans peuvent fonctionner à merveille ou au contraire se casser la gueule selon les configurations ; le plan Pack Rat en tête. Sur le play, un Pack Rat tour 2 peut suffire à plier la game, mais s'il arrive au tour 5, ce n'est plus la même histoire. On peut alors remplacer les Rats par des Zombies qui font très bien la course si vous touchez vos spot removals, beaucoup moins avec Drown in Sorrow.

Toujours est-il qu'il pioche Thassa juste après l'avoir défaussée, et que de mon côté, je n'ai ni pioche, ni sélection pour compenser la mana full.
Assez déplaisant, le type. Une sorte de morgue à moitié dissimulée. Je comprends qu'il puisse se demander d'où je sors sur la base de mes plays boiteux, mais ça n'empêche pas d'être aimable.

0-2
6-6


Ronde 13 - Emmanuel Sutor
Random

Notre partenaire de tests épisodique s'est finalement rabattu sur GW Agro : une liste orientée pour battre contrôle et MonoBlack à la game 1, très similaire à celle de Jackson Cunningham.

Cependant, il n'est pas très en forme, et insatisfait de son gameplay jusque là. On comprendra pourquoi : il garde une main dont la seule source de couleur est un temple, pose une Experiment One au tour deux et une Experiment Two au tour trois... pré-combat. Bile Blight, bye bye. Il n'a pas la Banishing Light pour gérer le Pack Rat qui s'installe sur ce board vide, et concède.
À la 2, il sort sur les chapeaux de roue et me prend de vitesse. À la 3, ma main gavée de removals tient en respect ses premières créatures, puis je pars en plan Pack Rat en faisant bien attention de tourner autour de Selesnya Charm. Sur les derniers tours, il a un Fleecemane Lion qui s'apprête à devenir monstrueux, mais qui ce faisant l'amène à 5 PV à cause de Mana Confluence. Mes Rats peuvent devenir 4/4 au maximum : au moindre bloqueur, je ne suis plus létal. J'ai alors le choix de laisser passer le Lion, qui me met à 1 et me tue sur Selesnya Charm, ou de le bloquer ; l'ennui si je bloque, c'est qu'alors je ne pourrai faire autrement pour le restant de la game, et que toutes mes draw steps y seront consacrées. 

Après l'avoir regardé dans les yeux pendant dix secondes, essayant de déceler la pointe d'appréhension indiquant qu'il n'a pas le charme, je décide de laisser passer. Il révèle Experiment One et concède.

2-1
7-6


Ronde 14 - Aleksa Telarov
Random

Il joue l'UW Contrôle le plus passif que j'aie jamais vu, avec le carré de Divinations et deux Dissolve pour tous contresorts. C'est une version Detention Sphere : exit les free wins au Pack Rat.

Malgré la pauvreté en scrylands de l'archétype (en comparaison d'Esper), il topdecke un flux continu de piocheurs et de réponses à travers mes quelques tentatives de défausse. Nightveil Specter lui met vaguement la pression, mais je ne trouve jamais de terrain pour lancer les sorts qu'il me donne. Sur ma première Saisie, j'hésite à lui faire défausser une Sphère, un Last Breath ou un Jace, car j'ai double Spectre et double Connection en main et qu'il a aussi un Verdict. J'opte pour Last Breath, qui le forcera à se mettre full-tap pour gérer le premier Spectre, mais j'aurais certainement dû pitcher le planeswalker, plus gênant qu'il n'y paraît lorsqu'on n'a pas la pression requise. Mes Connections tournent à vide, aucune menace ne se pointe après la mort du second Spectre, et je concède sur la première Révélation qui passe pour gagner du temps sur les games suivantes.

En fait de games, il n'y en aura qu'une seule, où j'échoue une fois encore à épuiser ses ressources. Liliana Vess a finalement peu d'impact face aux Divinations et aux -2 de Jace qui remplissent la main adverse de terrains excédentaires. J'aurais peut-être dû considérer Stain the Mind ou Pithing Needle à la place de la deuxième.

0-2
7-7


Ronde 15 - Dylan Donegan
Random

L'occasion pour moi de prendre ma revanche sur MonoU Devotion, et je le fais en beauté.
Tour 2 Pack Rat sur le play, on pourrait croire ma vie facile, mais il pioche successivement deux Master of Waves en plus de celui qu'il avait en main. Le détail amusant, c'est qu'au moment de résoudre ma Saisie, je ne savais pas que mon tour 2 serait Pack Rat et que je choisis tout de même Hybridization pour protéger Desecration Demon... qui finira à la poubelle pour nourrir les rongeurs.
Chaque Master of Waves ne représente, somme toute, qu'un tour de retard, car la pression que je mets l'empêche de bloquer profitablement pour tuer plusieurs Rats à la fois.

Mon adversaire joue très vite, avec une aisance apparente, et je dois me forcer à prendre des phases de réflexion prolongées pour ne pas me laisser entraîner dans son jeu.

À la game 2, je suis très content de prendre Judge's Familiar / Tidebinder Mage / Nightveil Specter / Frostburn Weird + Tidebinder Mage... Puisque j'ai Drown in Sorrow en main. J'attaque avec deux Spectres dans le sien, il bloque - comme on s'y serait attendu - et je rase la totalité du board à l'exception de la Weird et de mon deuxième Spectre. Contre toute attente, par contre, il réussit à revenir, sur le dos d'une Thassa qui le fournit en créatures. Dès le premier Familier qui se pointe, je balance un Drown in Sorrow, pressentant l'Hybridation : je préfère qu'il la lâche pour protéger sa créature que pour gérer l'une des miennes. Il transforme effectivement son piaf en grenouille, le Drown se résout, et j'attaque au Mutavault sans lui laisser le temps de factoriser le board state. Il insta-bloque avec son token, que le -2/-2 affecte toujours, et se retrouve à poil.

Jouer vite, ça joue des tours.

2-0
8-7


Ronde 16 - Hoyeon Choi
Random

C'est un coréen qui pilote une liste Devotion to Green, avec les planeswalkers rouges.

Sur la draw, avec Desecration Demon pour toute menace, je ne peux pas lutter à la 1 contre son Xenagos. J'en remporte une au Pack Rat, puis il garde une main dangereuse ne contenant qu'un seul accélérateur, pour tous les planeswalkers du monde. Voyaging Satyr est saisi, son congénère chute peu après. Au moment où il touche sa quatrième source de mana, un Desecration Demon fait régner la terreur depuis déjà deux tours, et il n'est plus temps pour Domri, Nissa ou même Xenagos de lui opposer la moindre résistance.

Je reste impressionné, sur ce PT, par le fair-play de tous ces joueurs asiatiques, indépendamment de leur pays d'origine. Pour avoir affronté un chinois, un coréen puis toute une team japonaise dans les money drafts du dimanche, ils ont tous été extrêmement polis et aimables en toutes circonstances. L'autre truc que j'apprécie, c'est qu'ils ne sont jamais en rush et te laissent tout le temps nécessaire pour réfléchir, là où parfois certains joueurs (dont je fais partie) génèrent de la pression par leur attitude, en tapotant des doigts, mélangeant leur main voire devinant les plays adverses à l'avance. 

2-1
9-7



Je termine donc à 7-3 en construit, un score honorable pour un deck tout sauf révolutionnaire, mais en-deçà de ce que j'espérais compte tenu de mon expérience. Je pense que j'aurais pu remporter facilement la ronde contre Tamas Glied, où j'ai disjoncté tout du long. Mais il ne sert à rien de revenir sur le passé : l'important est de rester positif et, en cette fin de saison, de se requalifier !

Au programme : le QT Lille, et les WMCQ de Paris et de Lyon. Je ne sais pas encore ce que je jouerai à chacun de ces events, mais je gage UW Contrôle ou Orzhov Midrange pour les deux tournois en Standard : la liste d'Ivan Floch et celle de la team Pantheon ont toutes deux leurs attraits, et méritent d'être retravaillées.


Au plaisir à MC !

JiRock

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