Prix décernés en 2008 :
La 18e cérémonie des igNobel s’est tenue le 3 octobre 2008.
Nutrition : revient à Massimiliano Zampini, de l’Université de Trente et Charles Spence de l’Université d’Oxford pour leurs recherches sur la sonorité de la nourriture.
Paix : le prix est décerné au comité d’éthique sur la biotechnologie non-humaine de la confédération helvétique pour avoir établi légalement que les plantes avaient une dignité.
Archéologie : Astolfo G. Mello Araujo et José Carlos Marcelino de l'Université de São Paulo, pour avoir mesuré les effets nocifs du tatou sur le contenu des sites de fouilles archéologiques.
Biologie : Marie-Christine Cadiergues, Christel Joubert et Michel Franc de l’École nationale vétérinaire de Toulouse pour avoir découvert que les puces qui vivent sur un chien peuvent sauter plus haut que les puces qui vivent sur un chat.
Médecine : Dan Ariely (Duke University) qui a démontré qu’un placebo au tarif très élevé était plus efficace qu’un placebo au prix peu élevé.
Sciences cognitives : Toshiyuki Nakagaki (université d’Hokkaido), Hiroyasu Yamada (Nagoya), Ryo Kobayashi (Hiroshima), Atsushi Tero de la Japan science and technology (JST/Presto), Akio Ishiguro de l’université Tohoku et Ágotá Tóth de l’université de Szeged en Hongrie, qui ont découvert que les mycétozoaires pouvaient trouver la sortie d'un labyrinthe.
Économie : Geoffrey Miller, Joshua Tybur et Brent Jordan de l’université de New Mexico pour avoir découvert que le cycle d’ovulation d’une danseuse de danse-contact pouvait avoir un effet sur le montant de ses pourboires.
Sciences physiques : Dorian Raymer, des observatoires océaniques de l’institution Scripps et Douglas Smith de l’Université de Californie à San Diego, pour avoir prouvé mathématiquement que les tas de cheveux, de cordes ou de presque n’importe quoi d’autre finissaient inévitablement par s’emmêler en nœuds.
Chimie : à Sharee A. Umpierre de l’université de Puerto Rico, Joseph A. Hill, des centres de fertilité de Nouvelle-Angleterre et à Deborah J. Anderson de l’université de médecine de Boston et de la Harvard medical school pour avoir démontré que le Coca-Cola était un spermicide efficace. Le prix est aussi remis aux chercheurs taïwanais Chuang-Ye Hong, C.C. Shieh, P. Wu, et B.N. Chiang qui ont de leur côté établi que le Coca-Cola n’était pas un spermicide efficace.
Littérature : David Sims, de la Cass Business School (Londres) pour son étude joliment écrite et intitulée You Bastard: A Narrative Exploration of the Experience of Indignation within Organizations. (traduction approximative : Espèce de salaud ! Une exploration narrative de l’expérience de l’indignation au sein des organisations).
Extrait du blog
http://aietech.com/leblog :
Un prix Ig Nobel pour l’effet placebo
Tous les ans à cette époque, depuis 1991, sont remis les prix Ig Nobel à des chercheurs méritants, pour couronner leurs travaux hilarants, désopilants, sidérants, décoiffants, ébouriffants… Le critère officiel n’est pas l’absence de sérieux, bien au contraire : le jury de la revue Annals of Improbable Research traque les résultats scientifiques « qui font rire, puis réfléchir ». Les dix prix Ig Nobel 2008 ont été décernés ce 2 octobre en grande pompe à l’Université de Harvard (Massachusetts). Le blog Autour des sciences donne un résumé en français du palmarès 2008.
J’ai un faible pour l’Ig Nobel de médecine, décerné à Dan Ariely pour ses travaux relatifs à l’influence du prix d’un médicament sur son efficacité. Le chercheur a montré que des sujets invités à tester l’efficacité de deux antalgiques déclaraient que celui qui était présenté comme coûteux était plus efficace qu’un autre soi-disant acheté à vil prix. Cela alors que les deux cachets n’étaient en fait qu’un seul et même placebo. Docteur, c’est pour ça qu’on a du mal à généraliser les génériques ?
La pilule plus chère semble plus efficace
Cette expérience, publiée dans le JAMA (Journal of the American Medical Association), pas vraiment un fanzine, a été menée au MIT, selon un protocole rigoureux. 82 volontaires devaient noter la douleur infligée par des chocs électriques de 10 à 80 volts, avant et après la prise du soi-disant antalgique. Chercheur en psychologie cognitive, Dan Ariely se définit comme un spécialiste de l’irrationalité humaine, qui est d’ailleurs le sujet de son livre Predictably Irrational, traduit en dix langues mais pas encore en français.
Les travaux de Dan Ariely nous éclairent donc un peu plus sur le pouvoir de cet étrange mécanisme que l’on appelle l’effet placebo (en latin : « je plairai »), qui nous fait aller déjà mieux deux minutes après avoir avalé un comprimé qui n’a pas atteint l’intestin. Grâce à lui, l’homéopathie, toutes sortes de sorcelleries, de grigris « marchent » plus ou moins.
On parle moins de cet effet similaire, mais inverse, l’effet « nocebo » (« je nuirai », en latin). Celui qui peut faire croire qu’une antenne relais GSM nous ruine la santé avant même sa mise sous tension. Il est responsable de multiples « effets secondaires » déclarés, dans les essais cliniques de nouveaux médicaments, par des volontaires qui reçoivent à leur insu un placebo : somnolence, fatigue, troubles digestifs, maux de tête…
L’alcool que l’on croit avoir bu rend violent
Une publication récente, d’une équipe française, en montre un aspect assez spectaculaire. Laurent Bègue, qui est professeur de psychologie à l’université de Grenoble, a imaginé une expérience assez sophistiquée, « randomisée en double aveugle », au cours de laquelle des volontaires absorbaient une boisson présentée comme plus ou moins alcoolisée. Le breuvage étant parfois conforme à la description, mais aussi parfois plus alcoolisé, parfois moins que prétendu. Tout cela est fort bien expliqué dans cet article de notre confrère Gilbert Charles de l’Express.
Conclusion de cette enquête : après avoir bu, les hommes ont un comportement agressif proportionnel à la quantité d’alcool qu’ils croient avoir bue, et non à la quantité qu’ils ont réellement absorbée. Voilà qui fait réfléchir… Est-ce que l’alcool serait un alibi plutôt qu’une cause de la violence ?
Tous les IgNobels :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Ig_Nobel#Prix_d.C3.A9cern.C3.A9s_en_2008