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Type : L'Univers Magic
Catégorie : Biographie des personnages
Posté le 27/01/2007 par Johannes
Kamigawa est riche en histoires parallèles, quasiment indépendantes de l'intrigue principale, mais qui plongent indéniablement dans l'ambiance du Plan en question. Si les marais de Takenuma et leurs horreurs vous intriguent, cette traduction d'une magistrale nouvelle de David A.Page devrait vous fournir quelques réponses.
D'autre part, si vous vous êtes demandé ce que signifiait l'étrange capacité de Kentaro, le chat grimaçant (payer les samouraï avec du mana incolore), la découverte de ses activités devrait là aussi vous donner son explication.
Quant à savoir qui est Toshusai, nous verrons qu'il s'agit très probablement de l'inconnu que l'on aperçoit sur la carte de Ronin maudit. Et que son histoire n'en est pas moins intéressante, elle aussi.
Même si Toshusai est clairement le personnage principal, toute l'histoire tourne en réalité autour de Kentaro, vu d'un point de vue extérieur.
"Quoi ?! Encore une biographie de personnages qui n'intéressent personne ? Qui plus est de Kamigawa ? Mais elle le fait exprès, ou quoi ?"
Un peu.
Rédemption
David A. Page
Toshusai plongea pour éviter le fléau d'arme qui tournait dans sa direction, avant de planter sans pitié son katana dans la poitrine du rat nezumi. Il fit volte-face en dégainant un wakizashi et para habilement le long poignard courbe que tenait une autre de ces vermines grouillantes. Virevoltant, il arracha son katana du corps du premier rat avant même qu'il ne tombe à terre, avant de se retourner en un cercle complet pour trancher l'armure rouillée du second nezumi, infligeant une plaie sévère dans ses chairs. L'homme rat siffla, ses yeux jaunes roulèrent dans ses orbites et il s'effondra sur le côté, tombant dans la saleté avec un gargouillis étouffé. Toshusai s'arrêta pour évaluer les dégâts du massacre. Il se tenait seul, au milieu d'une clairière boueuse où se trouvaient les cadavres de sept nezumi. Les morts jonchaient l'endroit comme des brindilles brisées, autour de plusieurs larges blocs de pierre qui s'étaient détachés d'un mur croulant, à sa gauche. La construction, qui était autrefois un avant poste de Numai, la cité humaine abandonnée depuis longtemps au coeur du marais de Takenuma, était presque effondrée. Des deux côtés des ruines, les sombres tiges de la forêt de bambous lançaient des ombres griffues sur Toshusai et sur la clairière, malgré la lumière de la pleine lune au dessus de lui. Ces nezumi n'accompliraient jamais leur tâche déshonorable. En les exécutant, Toshusai avait sauvé des vies cette nuit, mais cette noble action ne faisait pas battre son coeur mort. Il était un ochimusha, un samourai déshonoré par le choix qu'il avait fait une nuit, si longtemps auparavant, banni par son daimyo et condamné à errer dans les marais. Il n'y a pas si longtemps, la colère l'aurait submergé à cette simple pensée, mais plus rien n'ébranlait le renoncement qui s'était abattu dans son âme. Il regarda le plus proche cadavre et un détail étrange attira son attention. Une flèche empennée était plantée dans le cou du nezumi. A la vue de la flèche, le lointain souvenir d'une émotion se réveilla en lui. Il ne possédait pas de hankyu. Quelqu'un était intervenu dans son combat; quelqu'un qui possédait l'arc d'un samourai. Il s'adossa lentement contre le mur, tenant ses armes prêtes, et fixa attentivement l'épais sous-bois, sous la canopée de bambous. Il n'y avait aucune trace du guerrier qui était certainement en train de l'observer. Il tenta d'analyser l'air ambiant, mais l'odeur de la terre humide mêlée aux effluves de pourriture du marais rendait toute autre odeur imperceptible. Il ferma donc les yeux, et attendit.* * *
La botte droite de Toshusai glissa contre une racine et il manqua de tomber, et il se rattrapa adroitement au tronc fin et maladif d'un bambou. Il jeta un regard sur le sombre et étroit sentier vers la forme des armures de ses trois nouveaux frères samourai, Yoshinobu, Sakoda et Muro et vers celle de son sensei, Kentaro. Il fut soulagé de constater qu'aucun d'entre eux n'avait remarqué sa chute. La dernière chose qu'il voulait était bien de paraître maladroit par rapport à eux. Il s'arrêta un instant pour s'émerveiller de tout ce qui s'était passé au cours de la semaine, depuis l'instant où il avait remarqué la flèche de Kentaro dans le cou du Nezumi. A ce moment, il n'était encore que l'ombre de lui-même, errant à travers les marais comme dans un songe. Kentaro avait tout changé. Tandis que Toshusai l'observait, son maître disparut dans la brume du marais. Les autres le suivirent rapidement. Le fait de se trouver soudainement seul le tira de sa rêverie. Il risqua un coup d'oeil nerveux par dessus son épaule et se dépêcha de les rattraper. Le brouillard qui l'enveloppait était épais et inquiétant. Il caressait sa peau de ses doigts glacés, mais c'était insuffisant pour ébranler sa résolution. Le suaire funèbre du renoncement qui l'avait paralysé pendant si longtemps avait été retiré. Tandis qu'il courait, il s'autorisa à rappeler le souvenir de sa rédemption à sa mémoire...* * *
Toshusai entendit les pierres du mur bouger au dessus de lui alors qu'il était presque trop tard. Etant donné l'état de la construction, il n'avait même pas envisagé que quiconque puisse être suffisamment léger pour s'y percher. Il allait payer pour cette erreur, peut-être même la payer de sa vie pathétique. Une ombre noire tournoya au dessus de lui tandis que quelqu'un s'élançait dans les airs en un arc gracieux. Toshusai s'accroupit par réflexe dans une pose défensive. L'homme atterrit à une bonne douzaine de pieds de lui en une pose similaire. Le hankyu qu'il portait en bandoulière indiquait qu'il s'agissait bien du propriétaire de la flèche. Les lames argentées de son katana et de son wakizashi luisaient dans la pénombre. Son do-maru pourpre et noir ne semblait endommagé ni par les combats ni par les ravages du marais. Il n'était pas un des bushi qui erraient en ces lieux. L'étranger l'observait attentivement, mais il ne semblait pas vouloir avancer vers lui. Toshusai interpréta son regard appuyé comme un défi, mais ne fit pas un geste. "Que voulez-vous ?" Sa voix sonnait mal assurée dans l'atmosphère froide des marais. Il n'y avait qu'une seule chose que l'on pouvait obtenir de lui : sa vie. Toshusai avait déjà tué tous ceux qui avaient tenté de la lui prendre au combat, d'abord pour se venger, et plus tard avec une froide indifférence. "Ne me reconnais-tu donc pas ?" dit l'homme en se redressant, grimaçant en un sourire félin. "Kentaro," murmura Toshusai. "Le tueur des déshonorés." L'habileté de Kentaro au combat était légendaire. Il arpentait le pays en tuant les ochimusha et tous ceux qu'ils jugeait indignes de vivre. Nul homme, nul animal n'avait pu le vaincre en combat singulier. Certains murmuraient qu'il avait même tué un puissant kami de feu - avec une seule main ! "C'est bien moi." Kentaro croisa ses armes et salua comme s'il se préparait à l'affronter. Un léger semblant de soulagement commença à éclore en Toshusai. Il examina cette émotion, puis elle disparut. Si Kentaro était venu lui offrir la rédemption, il arriva deux ans trop tard. Il lui rendit son salut. Mourir en combattant un adversaire honorable restaurerait son honneur, ainsi que le nom de sa famille. Son errance prendrait fin. Mais cette pensée qui autrefois lui aurait semblé douce laissait à présent comme un goût de cendre dans sa bouche. "Si seulement tu en as la force, viens donc m'affronter." Avec un léger sourire, Kentaro décroisa ses armes et attendit. Toshusai n'avait rien à perdre. Il avança. Kentaro ne fit aucun geste pour l'attaquer, se contentant de l'observer. Toshusai commença à contrecoeur à l'approcher par la gauche, puis le contourna, et fut assez surpris de constater que le samourai ne se retournait pas pour le garder à l'oeil. Il était vrai qu'aucun samourai ne l'aurait attaqué dans le dos en traître, mais Toshusai n'était plus un samourai - il était devenu ochimusha. Toshusai revint face à son adversaire et s'arrêta pour garder le contact visuel avec lui. Kentaro acquiesca comme s'il avait réussi un test et bondit brusquement en faisant tournoyer ses épées. Il se déplaçait si rapidement que Toshusai ne pouvait rien faire d'autre que rester en défense, attendant de parer le coup. L'acier grinça contre l'acier lorsque leurs lames s'entrechoquèrent. En l'espace d'un souffle, Kentaro désarma Toshusai de manière incompréhensible et pointa son katana vers sa gorge. Toshusai s'arrêta net et tout devint mortellement silencieux. Il regarda fixa les yeux sombres de Kentaro, avant de s'agenouiller à ses pieds. Un sentiment d'acceptation calme et définitive de sa mort s'installa en lui. Tout était enfin terminé. "Je suis prêt à mourir", dit-il. Enfin, par sa mort, son honneur et son nom allaient être restaurés. Un semblant de tristesse s'éveilla dans les profondeurs de son âme engourdie et le pinça au coeur. "Mais je ne suis pas prêt à te tuer," dit Kentaro en abaissant son épée, "car tu es un ochimusha." La tristesse de Toshusai se mua en sourde colère. "Pourquoi me déniez-vous le droit de mourir honorablement ?" "Une mort inutile n'est pas honorable. Et je ne suis pas ton ennemi." Il tourna les talons et s'en alla, passant à travers l'effondrement béant qui s'ouvrait dans le vieux mur.* * *
Le visage de Toshusai rougit en se souvenant de la facilité avec laquelle Kentaro l'avait désarmé. Lorsqu'il devint évident que Kentaro n'avait nullement l'intention de le tuer, les graines de la colère qui allaient le ramener sur son chemin avaient été plantées. A ce moment, il n'avait pas compris les motivations de Kentaro - il n'avait même pas compris à quel point le Chat Grimaçant pouvait être intelligent. "Prends-en un peu." Assis à ses côtés sur une souche moussue, Yoshinobu lui tendait un morceau de pain en tournant vers lui son visage sévère. Toshusai le regarda. Yoshinobu avait été recruté par Kentaro juste avant qu'il ne le soit lui-même. Tout comme Sakoda et Muro, il avait trouvé la rédemption de la même manière que Toshusai. Ce point commun avait créé entre eux un sentiment de fraternité. Toshusai acquiesca un remerciement et regarda tour à tour chacun de ses compagnons. Cinq hommes ne seraient sans doute pas suffisant pour vaincre un oni, malgré les rumeurs qui entouraient les capacités de son maître. Chaque être vivant de Kamigawa connaissait les histoires qui se racontaient sur ces esprits mauvais, capables d'écraser des armées entières, mais Kentaro était paisiblement assis, les jambes croisées, les yeux fermés en une profonde méditation. Il n'avait pas l'air concerné. Toshusai enviait son équilibre intérieur. Un souffle étrange l'enveloppa. Toshusai toussa tandis que cet air vicié s'introduisait en lui et grattait ses poumons de l'intérieur. Tandis qu'ils avançaient dans les marais, l'air se corrompait de plus en plus, comme influencé par l'esprit maléfique de l'oni vers lequel ils se dirigeaient. Oui. Toshusai sursauta en entendant la voix sifflante. Les autres ne semblaient pas l'avoir remarquée. Ils ne peuvent pas m'entendre. Leurs âmes sont trop fortes. Mais toi... La main de Toshusai se porta à son katana et il examina la forêt de bambou qui l'entourait. Non, je ne suis pas ici... Mais tu me verra bientôt... Ils ne te sauveront pas, Toshusai. Il déglutit péniblement, la peur rendant son souffle court. Yoshinobu le fixa, les yeux rétrécis en deux fentes inquisitrices. "Je vais bien", dit Toshusai avec un mouvement de rejet. Il ne pouvait pas en parler aux autres. S'ils percevaient la moindre faiblesse en lui, ils ne lui feraient jamais confiance durant la bataille. Il devait supporter ce secret en silence. Il respira profondément, tentant de faire face au lourd pressentiment qui tentait de l'abattre. Il n'y en n'a plus pour longtemps... Tu ne me fais pas peur, oni, mentit Toshusai. Le démon ne répondit pas. Toshusai chassa la créature de ses pensées et se plongea à nouveau dans les évènements des derniers jours...* * *
Kentaro l'attendait au sommet d'un monticule fangeux, au milieu d'une petite clairière. Trois autres samourai, vêtus d'un do-maru zébré de coups d'épée par les batailles, avec un kabuto bosselé, se tenaient à sa gauche, à la lisière des bambous. Il avaient les bras croisés et le fixaient avec insistance. Toshusai s'arrêta, résistant à l'instinct qui lui disait de dégainer ses armes. Il ne savait pas quel but Kentaro s'était fixé, mais l'humilier au combat et lui dénier ironiquement sa seule chance de rédemption... tout cela n'était pas l'acte d'un homme honorable. Malgré son anxiété, Toshusai reconnut que tout cela éveillait en lui une petite lueur de curiosité. "Par ici." Kentaro lui fit un signe de la main. Toshusai fit un pas dans la clairière, surveillant du coin de l'oeil les autres samourai, et s'arrêta à quelques mètres de lui. "Les hommes que tu vois autour de toi sont des samourai," dit Kentaro en les montrant d'un large geste de la main. "Mais il n'en fut pas toujours ainsi. Ils étaient des ochimusha, tout comme toi. Je t'offre la même chance que je leur ai offerte; la chance de regagner ton honneur." Toshusai jeta un coup d'oeil aux autres, mais ils restèrent immobiles, sans même ciller. Tandis qu'il les observait plus attentivement, il remarqua que l'armure abîmée qu'ils portaient était couverte de boue et de saleté provenant du marais. Cela devait faire longtemps qu'ils vivaient en ces lieux; probablement aussi longtemps que lui-même. Pourtant, ils se tenaient là, ensemble, et se comportaient comme des samourai. Toshusai reporta son attention sur Kentaro. "Comment ça ?" Il était sûr que l'homme avait dit vrai, mais il n'avait sans doute pas tout dit. "Ôte ton armure et tes armes et tiens-toi au centre de ce tertre." Kentaro se déplaça légèrement, révélant une étrange petite dalle carrée sur le sol. Il la pointa du doigt. "Pourquoi ?" dit Toshusai avec méfiance - cela faisait des mois qu'il portait son do-maru sans interruption. Kentaro resta coi. Une petite part de l'âme de Toshusai lui criait d'obéir, de faire tout ce qui était en son pouvoir pour mettre un terme à cette existence errante et sans but. Le reste de lui était simplement indifférent. Il haussa les épaules, détacha son daisho et son do-maru et les laissa tomber à terre. Puis il fit un pas sur la pierre. Une énergie inconnue pulsa à travers lui et ses pieds s'enracinèrent dans la pierre. Ses bras se raidirent contre son torse et il réalisa qu'il était totalement paralysé - et vulnérable. Kentaro dégaina son wakizashi. "Si vous aviez juste l'intention de me tuer, pourquoi ne pas l'avoir fait avant ?" demanda Toshusai. Comment avait-il pu lui laisser un mince fil d'espoir uniquement pour l'assassiner ici ? "Je ne t'ai pas amené ici pour te tuer." "Alors pourquoi ?" dit Toshusai, renonçant à se débattre. "Je t'ai amené ici pour t'aider." Kentaro marqua une pause. "Il te suffit de répondre à une simple question." "Quelle question ?" "Pourquoi n'as-tu pas d'honneur ?" Toshusai se hérissa, mais il n'était pas en position de répliquer. La question ramena à la surface de son esprit des souvenirs qu'il avait tenté d'oublier. Une boule de colère enfla dans sa gorge. "Parce que j'ai fait passer ma famille avant mon daimyo." Les yeux de Kentaro s'assombrirent. "C'est faux." Il porta un coup à Toshusai, en travers de la poitrine. L'épée coupa le tissu et érafla sa peau. Du sang commença à sourdre de la blessure et à imprégner sa tunique. Il se crispa. "Au nom du ciel, mais qu'est-ce que vous faites !" Sa colère grondait derrière le mur que le renoncement avait construit en lui. Kentaro ignora la question et répéta : "Pourquoi n'as-tu pas d'honneur ?" "Parce que j'ai désobéi aux ordres de mon daimyo !" Un ouragan de colère ouvrit une fissure dans le mur qui l'avait pendant si longtemps protégé de ses propres sentiments. "Faux." Kentaro le frappa à nouveau, en travers de la première blessure. Toshusai serra les dents tandis que la douleur et l'envie d'attaquer et de tuer le samourai commençaient à avoir raison de son renoncement et de son indifférence. "Pourquoi n'as-tu pas d'honneur ?" "Parce que j'ai trahi mes engagements de samourai !" Le mur d'indifférence commença à s'écrouler et la rage déferla en lui. "Faux." Kentaro lui infligea une blessure sur les côtes. Toshusai hurla et le mur disparut complètement. Son renoncement s'envola tandis que sa colère envers les actes révoltants de Kentaro le faisait bouillir de rage, roussissant ses veines en une traînée de flammes. Il ouvrit grand les yeux à l'instant où les années de haine et de dégoût envers lui-même déferlaient dans sa mémoire. Son âme réclamait vengeance. Les premières gouttes de son sang tombèrent au sol... et la terre trembla. Il fut violemment secoué et serait certainement tombé s'il n'était pas paralysé par la dalle magique. Le tertre sembla s'effondrer sur lui-même, tirant Toshusai vers le bas et recouvrant ses jambes. Sa colère se mua en panique tandis qu'il tentait de bouger pour éviter d'être entièrement enseveli. Sa descente s'arrêta lorsque la terre humide eût atteint ses genoux. Kentaro acquiesca d'un air sinistre. "Qu'avez-vous fait ?!" La poitrine serrée de Toshusai commençait à rendre sa respiration difficile. "Vous allez payer pour cet acte de trahison !" "Ton sang a éveillé l'appétit du marais." Les yeux de Kentaro le défiaient. "Vous m'avez amené ici en sacrifice !" Toshusai s'imagina, étranglant le Chat Grimaçant de ses mains nues. "Pourquoi n'as-tu pas d'honneur ?" "Vous m'avez demandé pourquoi je n'avais pas d'honneur, et maintenant vous me livrez au coeur obscur de ce marais maudit !" rugit-il. Le sourire de Kentaro fut rejoint par un froncement de sourcil. "Je t'ai simplement posé une question dont tu ne trouves pas la bonne réponse. C'est toi seul qui est en train de te livrer au marais." De la sueur goutta depuis le front de Toshusai jusque dans ses yeux tandis qu'il luttait contre les liens invisibles qui l'emprisonnaient. C'était inutile. Il était incapable de briser le sort. Son salut, s'il existait, résidait dans la réponse qu'il fallait donner à cet homme mauvais. Et il n'avait pas beaucoup de temps. La terre avait presque atteint ses cuisses. Il se concentra sur les flammes rouges de son passé qui le brûlait, et médita sur son déshonneur. "Pourquoi n'as-tu pas d'honneur ?" "Parce que mon daimyo me l'a volé injustement, tout comme vous tentez maintenant de me voler ma rédemption !" Son âme réclamait un moyen de faire payer Kentaro pour son crime. Le visage de Kentaro s'assombrit. "Faux." Il le frappa à nouveau, plus fort, ouvrant une large plaie dans son flanc gauche. Du sang jaillit de cette blessure plus profonde, éclaboussant la terre humide tout autour de lui. Le tertre bougea à nouveau. Toshusai pouvait sentir la faim de la terre maudite pulser sous ses pieds tandis qu'une langue de terre s'enroulait autour de ses hanches. Il s'enlisa jusqu'aux épaules. La pression de la terre autour de lui rendait sa respiration quasiment impossible. Kentaro s'agenouilla pour lui parler. "Il ne te reste plus beaucoup de temps." "Je vous ai dit la vérité !" La voix de Toshusai s'était changée en un croassement pathétique. "Mais tu ne t'es pas dit la vérité à toi-même." Le désespoir emplit Toshusai. C'était sa dernière chance de trouver la réponse. Il ferma les yeux et tenta de démêler le chaos de son esprit. La terre recouvrit ses épaules. Chaque respiration devenait une tâche insurmontable. "Pourquoi n'as-tu pas d'honneur ?" Le chagrin était gravé dans chacun des traits de Kentaro. Son daimyo lui avait arraché son honneur, il avait fait de lui un ochimusha juste parce qu'il avait sauvé sa famille. Il avait désobéi. Ils n'avaient commis aucun tort, ils étaient innocents, mais son daimyo avait demandé leurs vies. C'était lui qui n'avait pas d'honneur. La terre toucha son menton. "Pourquoi n'as-tu pas d'honneur ?!" Toshusai grinça des dents, en proie à la frustration la plus totale. Il allait mourir et ne pouvait rien faire. Il n'avait jamais commis un seul acte déshonorable dans sa vie. Il n'était pas juste que les petits caprices mesquins d'un daimyo pathétique aient pu détruire sa vie à ce point. Il rouvrit les yeux et affronta une dernière fois le regard de Kentaro. "Je n'ai jamais perdu mon honneur !" Cette évidence rayonna à travers lui, éclairant le moindre des recoins où sa culpabilité avait pu se cacher pendant tant de temps, et la chassant à jamais de son esprit. Des larmes coulèrent librement sur ses joues tandis qu'il luttait pour se déterrer, et tenter de vivre à nouveau. Kentaro sourit et se releva. La terre commençait à recouvrir le visage de Toshusai. Il retint sa respiration tandis qu'il s'enfonçait dans le sol. Quoi qu'il puisse arriver à présent, il était libre. Son honneur n'avait pas été restauré - mais il ne l'avait jamais perdu. D'une certaine manière, Kentaro avait dû le deviner dès le début. Kentaro saisit son katana à deux mains et l'enfonça dans la terre. Le tertre gronda et le bruit de pierres raclant les unes contre les autres envahit l'atmosphère. Kentaro s'arc-bouta sur son épée jusqu'à ce que seule la garde en soit visible, comme s'il voulait blesser la terre. La vision de Toshusai s'obscurcit et les ténèbres l'enveloppèrent. "Relâche-le !" dit Kentaro en retournant son épée dans le sol. La terre fut parcourue d'un frisson, et elle projeta soudainement Toshusai à l'air libre avec une force étonnante. Il s'envola au dessus du tertre et retomba à terre avec un bruit sourd. Il cligna des yeux et réalisa que Kentaro le regardait, son sourire félin trahissant une certaine surprise, ainsi que de l'admiration. "Tu as gagné ta rédemption... samourai", dit-il en lui tendant la main. Toshusai aspira plusieurs bouffées d'air, et ce ne fut qu'au moment où les ténêbres s'éloignèrent de lui qu'il se rendit compte que toutes ses blessures étaient guéries. Il saisit la main que l'homme lui tendait et le laissa l'aider à se remettre debout. Le sourire de Kentaro s'élargit. Le visage de Toshusai rougit de honte tandis qu'il songeait à son comportement, qui avait failli le perdre. "Je vous dois la vie", dit-il en exécutant un profond salut. "Alors je vais t'offrir un moyen de réparer cette dette." Kentaro se rapprocha des autres samourai. "Si tu le souhaites, tu peux te joindre à nous." "Que dois-je faire, sensei ?" s'empressa de répondre Toshusai. Le sourire de Kentaro s'évanouit, mais il accepta le titre honorifique à contrecoeur. "A la frontière des marais se tient un ancien temple dédié à Terashi, le grand kami du soleil. Il y a plusieurs dizaines de jours, un puissant oni a assassiné le hoto qui le gardait et a perverti le lieu où il se trouvait. Son pouvoir corrupteur était si puissant qu'il a attiré le marais à lui. Takenuma s'étend et avale les terres sur son passage. Nous allons anéantir cet oni et restaurer le temple. Et surtout, nous allons purger Takenuma de cette influence maléfique qui détruit la terre.* * *
Toshusai avait mis en jeu sa vie et son aide à cet instant, et même en ce jour, où ils marchaient pour la huitième journée consécutive, il ne regrettait pas sa décision. Le Chat Grimaçant lui avait donné une seconde chance, lui permettant de faire dans l'honneur au lieu de mourir avec. Ces pensées l'aidaient à rester ferme dans sa résolution et à garder à distance sa peur de l'oni. Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis que les pensées du démon étaient venues le perturber, mais l'effroi qui envahissait l'atmosphère de manière quasiment palpable indiquait que la créature n'était plus très loin. Tandis qu'ils progressaient, les arbres devenaient de plus en plus torturés, leurs feuilles se teintant de rouge, comme s'ils saignaient. La boue devenait plus épaisse, et bientôt le chemin les conduisit à travers de l'eau profonde. Kentaro leva la main pour inciter le groupe à s'arrêter. Il resta à l'affût, en silence, pendant un moment. Sakoda et Yoshinobu prirent position à droite de leur guide, Muro se plaça à sa gauche, et Toshusai le rejoignit rapidement. "Soyez prêts", dit doucement Kentaro. Je suis prêt, murmura l'oni depuis les recoins sombres de son esprit. Un rire dur s'éleva et se répéta en écho à travers les marais. Les autres samourai tirèrent aussitôt leurs armes et observèrent le couvert épais et sombre des bambous. Toshusai dégaina son propre daisho, soulagé que les autres aient eux aussi entendu la voix. Une mort spéciale t'attend, ironisa la voix. Notre honneur nous mènera à la victoire ! lui répondit Toshusai, mais les doutes que l'oni avait placé en lui grandissaient comme des vers pour mieux le ronger. "Ici." Kentaro écarta une branche et montra quelque chose. Toshusai suivi le regard du maître samourai. Un petit temple de pierre s'élevait du marécage. Des bambous à moitié pourris avaient poussé dans l'eau noire d'encre, leurs racines rampant à travers les fenêtres et s'introduisant dans les moindres fissures des murs. Un entrelacs de branches bloquait l'entrée principale. "Le mal infeste cet endroit", murmura Yoshinobu. Il cligna des yeux derrière son kabuto vert. Muro grogna, ce que Toshusai interpréta comme une approbation. Sakoda acquiesca simplement de la tête. Kentaro les regarda et grimaça un sourire. Il examina chacun d'entre eux, son regard s'attardant finalement sur Toshusai. "Malgré ce que nous nous apprêtons à affronter, je veux que chacun de vous sache que je suis fier de combattre à vos côtés." Un sentiment de profonde détermination rayonna à travers Toshusai, détournant l'effroi oppressant qui imprégnait ce lieu. Il était prêt. "Parfait." Le sourire de Kentaro se fana sur son visage. "Nous avons attendu suffisamment longtemps." Il leur fit un signe de la tête. Sakoda et Muro saisirent leur arc hankyu et disparurent dans le sous-bois. Toshusai tint ses épées à disposition en cas d'attaque. Kentaro fit de même et quitta le sous-bois pour s'aventurer dans l'eau couverte de fougères qui lui arrivait jusqu'à mi-genou. Ses bottes créaient de petites rides à la surface de l'eau, qui s'étendirent jusqu'à venir lécher les murs du temple. Toshusai lui emboîta le pas, restant prudemment à sa gauche tandis que Yoshinobu surveillait le flanc droit. La boue se collait à ses bottes, l'aspirant vers le fond, et rendait tout mouvement bien plus difficile. Kentaro s'arrêta à proximité de l'entrée. Toshusai respira profondément et attendit à ses côtés. Un cri strident, comme si douze enfants hurlaient de concert, se répéta en écho à travers les eaux noires. Il semblait vouloir détruire Toshusai en le déchirant de l'intérieur, l'ébranlant depuis les tréfonds de son coeur et le glaçant si profondément qu'il crut qu'il allait bientôt joindre son propre cri à celui du démon. Cependant, il demeura silencieux. Il ne laisserait pas l'oni le détruire. Vous êtes tous déjà morts, caqueta-t-il. Et ta mort sera la plus douloureuse, Toshusai ! Toshusai se glaça à nouveau tandis que la sentence de la créature vrillait son esprit. Il frissonna, en dépit de sa volonté de rester ferme, et il sentit ses paumes devenir moites. Ses doigts se refermèrent plus étroitement autour de ses armes. "Nous offririons volontiers nos vies à notre Kami !" dit effrontément Kentaro. "Mais c'est à toi de mourir !" Je peindrai les murs de mon temple avec votre sang ! cracha-t-il haineusement en réponse. La treille de bambou se tordit, comme des serpents qui s'éveillent, et s'écarta pour révéler un espace sombre. Puis, lentement, un cauchemar émergea des ténèbres. Des ombres s'accrochèrent dans son sillage tandis qu'il s'élevait au dessus des samourai, de toute l'immensité de sa taille effrayante. Son visage écorché n'était qu'os noircis et dents aiguës et tranchantes. Ses larges épaules étaient liées par des muscles filandreux qui balayaient les murs, tandis que ses longues cornes raclaient contre le plafond pendant qu'il avançait. Il tourna l'épouvantable masque qui lui servait de crâne d'avant en arrière, et ses orbites creuses fixèrent Toshusai. Depuis les profondeurs de ces yeux évidés, la lueur d'une intelligence effrayante et d'une haine indescriptible brûla dans sa direction. Aide-moi, Toshusai. C'est ta seule chance d'échapper aux tourments que j'ai prévus pour toi. Les jambes de Toshusai menacèrent de se dérober sous lui. Pourquoi le choisissait-il lui ? « Quitte immédiatement ces lieux ! » dit Kentaro en adoptant une posture agressive. Tirant des forces de la résolution de Kentaro, Toshusai adopta la même pose. Le grincement d'une armure lui indiqua que Yoshinobu avait fait de même. Je vais me gorger de votre chair ! L'oni battit l'air de ses griffes luisantes, impatient de lacérer ses adversaires. Yoshinobu hurla, brisa la formation et s'enfuit vers le bois. "Yoshinobu !" rugit Kentaro. Le fuyard s'arrêta brusquement. Il ne fit aucun geste pour faire demi-tour, mais il ne courait plus non plus vers le salut. Il mourra en premier, entendit Toshusai dans son esprit. Le monstre hurla, sa voix détruisant le silence des alentours à l'instant où il sortait du temple. Il bondit au dessus d'eux en un arc parfait. "Non !" Toshusai réagit instantanément, envoyant un coup de katana vers l'oni, mais celui-ci était largement hors de portée. Sakoda et Muro jaillirent de leur cachette, et la corde de leurs arcs claqua. Les flèches sifflèrent vers leur cible. Plusieurs d'entre elles ricochèrent sur la peau épaisse de l'oni, mais l'une d'elles disparut entièrement dans sa jambe droite. Un sang épais et noir comme du goudron bouillonna depuis l'intérieur de la blessure, mais la course du démon n'était pas freinée pour autant. Il atterrit en face de Yoshinobu. Yoshinobu leva ses lames dans une tentative désespérée pour parer le coup, tandis que l'oni s'apprêtait à l'écraser entre ses mains levées. Dans un horrible craquement, son armure se plia et ses côtes se brisèrent. L'infortuné samourai toussa, éclaboussant de sang la poitrine du démon, avant de s'effondrer dans l'eau du marais. La colère de Toshusai tordit ses entrailles. Il pataugea à travers l'eau sale en direction de l'oni, avec la ferme intention de vider le démon de l'intérieur. Votre mort est un doux nectar ! L'oni se retourna vers lui. Aide-moi à tuer ceux qui restent, Toshusai. Sa voix serpentait fielleusement à travers lui. "Ne l'écoute pas !" cria Kentaro en ouvrant une profonde entaille dans le bras droit de l'oni, faisant jaillir à nouveau son sang épais et noir. "Si tu me tues, je mourrai avec honneur !" La foi de Toshusai fut renforcée par la blessure de l'oni. Il le contourna par la droite et le poignarda, perforant son bras gauche. Toshusai, immonde traître ! Il plia son bras pour arracher le katana des mains de Toshusai, en envoyant un orteil griffu dans sa direction. Toshusai se jeta de côté et le pied gigantesque de la créature passa au dessus de lui. Il tomba dans l'eau, le liquide huileux envahissant sa bouche tandis qu'il coulait sous la surface. Il parvint à se propulser vers le haut, crachant le fluide empoisonné. Il essuya la boue de son visage et cligna des yeux pour rétablir sa vue. Au moment où ses yeux virent à nouveau, il s'aperçut que Sakoda et Muro jetaient leurs hankyu pour se joindre à la bataille. Ils encerclèrent l'oni avec l'aide de Kentaro, dansant littéralement autour de lui en le frappant à une vitesse stupéfiante. C'était sa chance. L'oni ne lui prêtait plus attention. Il fouilla l'eau et aperçut Yoshinobu, qui flottait juste sous la surface. Il s'élança vers son compagnon, tentant désespérément de le maintenir hors de l'eau. Ses yeux s'étaient révulsés dans leurs orbites. Ses côtes maculées de sang avaient traversé sa peau, ses habits et son armure. Aucun doute n'était possible. Il était déjà mort. Toshusai ôta le katana des mains de son ami, avant de le laisser couler lentement dans l'eau noire. Une haine justifiée explosa en lui, écorchant son coeur. Il se releva juste à temps pour voir Muro voler à travers les airs. Le samourai s'écrasa contre un arbre avec un craquement inquiétant et tomba hors de sa vue dans les fougères. "Plus de peur, plus de doutes." Toshusai serra si fort le katana de Yoshinobu que ses mains lui firent mal. L'oni esquiva habilement le katana de Kentaro et jeta au loin le wakizashi de Sakoda. La féroce colère de Toshusai le propulsa en avant. Le démon atteint Sakoda à l'épaule dans un craquement d'os brisés, et le samourai tomba à genoux. L'oni leva un de ses pieds puissants au dessus de sa tête... Kentaro bondit et écarta Sakoda de la trajectoire du monstre, avant de planter son katana entre les côtes de ce dernier. Toshusai se préparait, tandis que Sakoda parvenait à s'éloigner de la bataille qui faisait rage. L'oni chancela. Toshusai, tu dois m'aider ! Est-ce que ceci peut t'aider ? lui répondit-il mentalement, dégainant son wakizashi, et le plongeant jusqu'à la garde dans la poitrine du démon. Il fit tourner la lame. L'oni vomit un liquide noir, les couvrant de sang empoisonné, et tomba sur ses genoux. "Pour les morts honorés !" Toshusai frappa à nouveau, son katana glissant entre les côtes. Soudain, un éclair d'énergie obscure explosa dans la créature, faisant chauffer l'épée et brûlant la main de Toshusai. Il lâcha l'arme et chancela. L'oni baissa les creux qui lui servaient d'yeux dans sa direction. Il frissonna et ses muscles, subitement, se tordirent sous sa peau. Des fissures apparurent dans son corps comme s'il était constitué de pierre, et elles se répandirent jusqu'à le couvrir de crevasses. Finalement, il se désintégra en une multitude de morceaux, chacun d'entre eux tombant dans l'eau avant de disparaître dans les profondeurs. Il ne restait plus rien. Toshusai déglutit, puis se rendit compte que le lourd poids de sa haine pour la créature disparaissait, et sa douleur se calma. La terre frémit et un rayon de lumière pure traversa le voile de ténèbres qui était tendu au dessus du temple. Il devenait plus brillant encore de seconde en seconde. Les bambous pourris se retirèrent vers le coeur du marais, emportant avec eux l'eau souillée, la boue et les fougères. Une douce chaleur irradia à travers Toshusai, l'emplissant de paix comme si elle avait le pouvoir de guérir ses blessures. Lentement, la lumière disparut, laissant place à la clarté habituelle du jour. Quand tout fut terminé, le temple n'avait plus aucun point commun avec celui qu'ils avaient trouvé. Il se trouvait au centre d'une petite cour pavée de pierres polies. Toshusai se rendit alors compte que Kentaro et Sakoda se tenaient à côté de lui. Kentaro leur grimaça un sourire, puis devint plus solennel. Sans avoir échangé le moindre mot, les trois samourai surent qu'il était temps de donner une dernière demeure à Muro et Yoshinobu, et d'honorer leur sacrifice. Kentaro se dirigea vers leurs formes sans vie, et, sans hésitation, Toshusai le suivit. Source : Nouvelle de David A. Page publiée sur Wizard of the coast. Contrairement à la précédente nouvelle, celle-ci contenait des tournures de phrases, des répétitions et d'autres choses qui passent facilement en anglais mais moins en français. J'ai cependant essayé de rester aussi fidèle que possible au texte d'origine (www.wizards.com/default.asp?x=magic/bok/kentaro). Pour ceux que l'histoire de Kamigawa passionne, voici d'autres articles à consulter : - Champions of Kamigawa, la storyline : Le début de l'histoire de Kamigawa. A noter qu'il y a eu quelques débats sur cet article. Il semble que ce ne soit pas la storyline des livres (enfin c'est ce que disent ceux qui ont lu les livres; je n'ai donc pas d'avis sur la question). Très bien en tout cas pour se plonger dans l'ambiance. - Biographie de Higure, le vent immobile : La traduction d'une nouvelle du même genre, mais d'un auteur différent. L'ambiance est également plus poétique. Mais bon, je n'ai pas l'intention de faire ma propre pub, non plusVous n'êtes pas connecté ! connectez-vous ou inscrivez-vous pour poster un commentaire