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Posté le 03/09/2008 par antifils
Type : FunCard
Catégorie : Édition Perso
Classement : Or
version HD
– « Ah non! Par encore!
– Si, si grand père! Siteuplé! Raconte non encore l'histoire du Mapoulada! Siteuplé!
– Mais mes enfants, je suis fatigué, je dois me reposer! Et puis on ne dit pas siteuplé, mais s'il-te-plaît!
– Grand père!... »
Ah, comment résister face à ces charmantes petites bouilles... Ces adorables petits sajjis me regardaient avec leurs grands yeux jaunes et humides, me suppliant de leur raconter encore une fois cette histoire qu'ils aimaient tant. Dire que j'aurai pu me prélasser et reposer mes vieux os dans un bon bain chaux et si délicieusement poivré... Mais l'appel des histoires et l'instinct du conteur eurent raison de la paresse du grand père sajji : à dire vrai, c'était surtout moi qui, tous les soirs, attendait impatiemment la visite des gamins, pour pouvoir plonger dans l'univers de mon imagination... et de mes souvenirs. Résigné, je ramassais donc ma barbe mouillée, et enfilais mon vieux manteau de lin rouge.
– « D'accord, vous avez gagné.
– Youpi!
– Mais je ne raconterais pas l'histoire du Mapoulada!
– Oh, pourquoi?! Siteuplé!! on veut entendre le Grand Mapoulada!
– Non... vous êtes grands maintenant.
J'avais déjà gagné. Ils me regardaient d'un air intrigué, déjà immergés dans l'histoire avant qu'elle ne commence. Je poursuivit avec une vois douce et mystérieuse.
– « Ce soir, je vais vous raconter l'histoire... de la Chimère des Epices... »
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Ah, cette exquise douceur du crépuscule sur Forêt-Rouge! Ces reflets cuivrés du soleil s'endormant à l'horizon! Les feuilles mortes volant dans le vent, et ces senteurs d'épices – poivre, gingembre, cumin – mêlées aux odeurs sylvestres de mousses et de champignons... L'atmosphère des contes était là.
Les quatres bambins s'assirent par terre, croisant les bras et les jambes, et me regardant les yeux grands ouverts comme si j'étais un énorme gâteau à la muscade. Moi, je restais debout, comme à l'accoutumée. Peu à peu, le silence se fit. Au loin, les dernières orleïs rentraient dans leurs ruches. Un léger bruissement dans les feuilles du Saule-Piment... une brise fraîche et douce...
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« Il y a longtemps, très longtemps, à l'époque ou j'étais jeune – cela remonte donc vraiment à fort loin – je rêvais de partir, comme tous les Sajjis adultes, faire le Voyage, et participer enfin à la Quête des Epices. J'avais tellement entendu dans mon enfance les récits de vieux conteurs – comme moi, en somme – que je rêvais de parcourir le monde. Aller dans l'Automnière, voir les Loreleïs, aller jusqu'au Cascades de Riveld, être reçu par les Ellelaïms, visiter les Grandes Ruches des Orleïs, voir la magie animale de nos amis les Barels... et pourquoi pas, arriver jusqu'à la Lisière du Monde...
Aussi, le plus beau jour de ma vie fut celui où, alors que j'étais enfermé dans mon terrier, assis devant un grimoire plus gros que moi, le grand doyen Rayane – oui, oui, celui-la même qui dirige la grande Maison Rayane – vint me voir chez moi, et me m'invita à prendre part au voyage. Je bondis alors de joie sautant au plafond, échappant au contrôle de ma mère, qui dû me faire inhaler de l'extrait de girofle anesthésiant pour me calmer un peu. Le soir même, dans un crépuscule encore plus beau que celui de ce soir, la caravane partait, moi en tête, le coeur palpitant rien qu'à penser à tout ce que j'avais à découvrir sur la vaste Arwenn.
Et effectivement, j'ai découvert de multiples choses, j'ai vu les merveilles d'Arwenn, j'ai même vu le Jardin des Peuples, et parlé au grand Saint-Euklemh... J'ai vu les Brumelines, les Orleïs, les Barels, je me suis baigné dans les cascades de Riveld, et visité les tours des Riveldiens. J'ai même failli être charmé par les Loreleïs!
Mais la plus belle de toutes les merveilles que j'ai vu d'Arwenn, c'est ici, à Forêt-Rouge, que je l'ai vue. C'était en rentrant de la Quête. Nous étions presque revenus à destination – c'est-à-dire ici. Rayane, qui, à l'époque, était meneur de la quête, nous arrêta dans une clairière pour une des dernières haltes du voyage. Nos poivriers de voyage – oui, à l'époque on voyageait déjà sur des Poivriers marcheurs – s'était enracinés pour la nuit, et tous les sajjis étaient déjà montés dans leurs branches pour s'endormir. Mais moi, curieusement, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Alors, je descendis des branches et me mis à marcher. Dans l'air frais et confortable de la nuit, je déambulais, grignotant de temps à autre les baies roses que je trouvais ça et là, contemplant les étoiles et la Lune d'Arwenn. Je poursuivais les lucioles cuivrées, essayant de les attraper au vol, oou alors je courais derrière les feuilles mortes. Je m'amusais ainsi, sans voir le temps passer, et sans penser à retourner au camp.
Puis, je commençais à voir une lueur rose à l'horizon. Je me demandais ce que c'était : un village sajji? Mon village sajji? Ou alors un spectacle de magie Barel? Pour en avoir le coeur net, je grimpais en haut d'un grand Saule-Piment - un peu comme celui-ci, tiens – et regardais à l'horizon. Mon coeur failli exploser quand je me rendis compte que c'était en fait le lever du soleil. Je sautais alors de l'arbre, et me mit à courir. Mais dans quelle direction? Je ne savais plus. C'était ici! Non, par là! Si, je reconnaissais cet arbre! Mais ce rocher là aussi! Je courus ainsi toute la journée, sans parvenir à retrouver les autres. Et le soir, j'étais revenu exactement au même point, devant le grand Saule-Piment. Je devais me rendre à l'évidence : j'étais perdu.
Désespéré, je me blottis contre l'arbre, et me fit à pleurer. De grosses et chaudes larmes, aussi grosses et chaudes que pouvais le faire le petit sajji d'à peine cinq ans que j'étais. »
Je marquais une pause. Les quatre bambins qui me faisaient face étaient plongés dans mon histoire. Baulin me regardais fixement, tout comme son cousin Adien. Balienne, quant à elle, se cachait les yeux, et Nimirias, toujours plus courageux que tous les autres, se cachait sous sa cape, derrière Baulin. Je me mis à souffler pour appeler les lucioles. J'allais bientôt avoir besoin d'elles. Puis je repris.
« La nuit venait de tomber, et j'allais devoir passer le nuit ici. Alors que je finissais de vider mes dernières larmes et que j'étouffais mes derniers sanglots, je vis une lueur rose apparaître au loin. Déjà l'aurore? Je grimpais au saule-piment, comme le soir précédent. Mais, à l'horizon, il n'a y avait que les Etoiles et la Lune d'Arwenn. Je redescendis alors. Mais la clarté était toujours là. Elle semblait être plus forte, et était devenue dorée. Je regardais autour de moi, mais elle ne venait d'aucun endroit précis. Des lucioles apparurent, d'abord une, puis deux, puis dix, puis cent! Ellfes formaient un véritable tapis à mes pieds! Une étrange odeur se fi sentir. Une odeur de poivre, de gingembre, de cumin, de safran, de curry, de muscade? Toutes les épices que je connaissais, je les sentais en ce moment. Et j'entendis un chant, un chant harmonieux, mélodieux, grave; rempli de joie et de lumière, un chant sans voix... qui venait du sol. Celui-ci se mit alors à trembler, les arbres autour de moi se mirent à bouger, et les lucioles de collèrent à leurs troncs. Une lumière aveuglante inonda l'atmosphère, et je fermais les yeux. Lorsque je les rouvrit, je crus rêver : devant moi se tenait une immense créature, que je n'avais jamais vue. Elle mesurait dix fois la hauteur du Seule-piment sous lequel nous sommes assis, elle avait une fourrure dorée, zébrée de rouge, un museau, mais d'yeux, ni de nez, ni de bouche, et sa tête, et sa queue se terminaient par des branches, comme des arbres sans feuilles, et ses pattes étaient des racines. Et cette odeur d'épices. Je n'avais pas besoin de lui demander son nom. Sans parler, elle me l'avait dit. »
C'était la Chimère aux Epices.
La dessus, je tendis la main, et quelque luciole de rassemblèrent autour d'elles, alors qu'apparaissais devant les yeux médusés des gamins une réplique de la créature que je venais de décrire, suscitant chez eux un « Ooooooh » d'admiration.
« La chimère me prit sur son dos, déploya ses ailes et s'envola. Au matin, j'étais arrivé devant la porte de mon terrier, et quand je me retournais pour dire adieu à la chimère, elle avait déjà disparu. Mes parents ne comprirent pas comment j'avais pu arriver si vite, avant la caravane, qui, elle, n'arriva que trois jours plus tard. Je ne leur ai jamais raconté ce que j'avais vu, car je savais que la Chimère devait rester secrète. Et ainsi, jusqu'à aujourd'hui, certains pensent que je connais un raccourci dans Forêt-Rouge, et que je me sers pour aller me goinfrer d'épices en cachette! »
Les petits étaient encore plongés dans l'histoire, et semblaient surpris en se rendant compte qu'il faisait déjà nuit, et que nous étions chez nous.
« Allez bande de petiots, dis-je, l'histoire est finie! Rentrez manger et dormir! »
La dessus, les quatres sajjis se levèrent, et sur un « Merci grand-père! » enthousiaste, coururent vers leurs terriers. Je fus surpris de voir Nimirias revenir, l'air soupçonneux.
– « Grand-Père, la Chimère des Epices, c'est vrai qu'elle existe pas? »
– « Oh, petit... Seule Croyance sépare Conte et Vérité. »
Il sourit.
Je ne pus retenir une larme. Le petit avait compris. Il avait compris que contrairement aux autres histoires, celle-ci n'était pas un conte... mais un souvenir. Un magnifique souvenir...
– Forias de Forêt Rouge, Doyen des Conteurs, in « Mémoires d'un Sajji »
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Analyse concise
Voilà, je pense n'avoir plus grand chose à commenter :
Just pour la capacité : il a Sagesse car c'est un vieux sage, et il utilise sa sagesse (marqueurs sapience) pour raconter des histoires (pioche).
TA : Seule croyance sépare conte et vérité : en effet, une histoire est considérée comme un conte ou une vérité en fonction de ce que croient les gens, et pas en fonction de ce qui est réellement. Bref, une réflexion philosophique profonde que je n'approfondirais pas aujourd'hui. Et sur Arwenn, la nature même d'un des créateurs du plan fait que les rêves ne sont pas si « rêveux » que ça, et que la réalité n'est pas toujours si réelle que ça. ...
Oui, je sais que les gobelins intelligents civilisés qui font piocher des cartes ça ne va pas plaire à tout le monde, mais je sais aussi que, il y a quelques années, des cartes comme Roi faucheur, luminide transparente, ou même les cartes Arpenteurs étaient considérées comme inconcevables à Magic. On trouve bien des elfes assassins et des faeries noirs alors qu'avant Lorwyn ça n'existait pas. A Magic, rien n'est impossible, c'est pour ça que ça dure.
Voilà, a vous de juger!
Au revoir ( à dans longtemps, je reprends les études... )
Ah oui, illustration perso, crayons de couleur sur papier machine!
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