Je vous vois déjà venir :
"Quoi, encore une analyse d'une carte Homelands ? Et une commune en plus ! Mais laissez-la un peu en paix, cette malheureuse extension !"
Mais attention, attention. Ce n'est pas n'importe quelle carte de Homelands que j'analyse ici ! Il s'agit de la toute première carte qui m'est été donnée de voir, la première à rejoindre mon jeu !(comment ça, ça explique beaucoup de choses ?). C'est donc la larme à l'oeil que j'entame cette petite description de la Mère Abbesse.
TERRES NATALES : UN NOM DE SINISTRE MÉMOIRE
Terres natales... Un nom qui fait frissonner nombre de vétérans de Magic. Sortie en 1995, on considéra très vite cette extension comme "la pire boue de tout Magic", "celle qui a failli tuer Magic", j'en passe et des plus vilaines. A tel point que l'on vit de vieux joueurs raconter, le soir au coin du feu, la terreur qu'ils éprouvaient à ouvrir un booster de cette édition, devant un parterre de novice ou horrifiés ("Non, tu as encore eu une brume affamée ?") ou incrédules ("Allez, arrête ton char, ça n'existe pas des trucs comme ça")...
Rendons cette justice à Terre Natales : elle a essayé d'innover. De toutes les extensions de Magic, elle est la première a avoir essayer de renforcer vraiment le concepts de types particuliers de créatures : les nains pour le rouge, les peuples fées pour le vert, les clercs pour le blanc eeeeet... je passe pour le reste.
Assez peu de cartes Terres Natales sont restées dans les mémoires : on pourra évoquer
Saule l'Automne, qui reste une excellent légende, le
Baron Sengir, monstrueusement puissant bien qu'un peu cher ou les
flèches barbelées, toujours pratiques. Les autres, elles tombèrent dans l'oubli, à commencer par l'infortunée
Mère Abbesse.
PRÉSENTATION DE LA CARTE
Pour
, la mère abbesse est une 1/3. Jusque là rien de bien exceptionnel, ou de particulièrement infâmant. Penchons-nous maintenant sur SA capacité (une seule forcément, il fallait laisser de la place pour le texte d'ambiance) :
, : +0/+3 jusqu'à la fin du tour.
Non, non, vous n'avez pas mal lu, et je n'ai pas mal tapé. La mère abbesse peut devenir une 1/6 en s'engageant pour seulement
. Bon sang, LA carte défensive en blanc vient d'être inventée ! De plus, la capacité est plutôt logique par rapport à la créature, la mère abbesse pouvant faire appel à la foi pour se protéger des attaques.
Imaginez donc une partie entre potes. Apercevant votre terrifiante Mère Abbesse sur la table, votre adversaire décide de réagir en sortant une foudre. Et vous de ricaner, d'engager une plaine et la créature...
Vous avez donc pour pas trop cher la carte bloqueuse ultime. Qui plus est, c'est un clerc et, en tant que telle, elle peut bénéficier de tous les avantages que cette classe de créatures a reçu dans les éditions précédentes. Alors franchement, dites-moi, pourquoi s'en priver ?
Ah oui, une dernière chose : si vous arrivez à arracher ses derniers points de vies à votre adversaire avec une mère abbesse, dépêchez-vous de mentionner votre exploit auprès de WOTC ! Avec un peu de chance, vous aurez le droit au livre des records, aux côtés de la femme qui s'est baigné dans du ketchup et de l'homme qui ne s'est pas coupé les ongles depuis 10 ans. (vous partagerez ainsi l'humiliation de votre adversaire, preuve que vous êtes quand même bien gentil !)
COMBOS
Hmm... Si vous êtes d'humeur mutine, pourquoi pas un
thaumaturge nain ? Votre 1/6 engagée devient une 6/1... Ah oui, elle est engagée... hum hum... et bien avec 2 mères abbesses seulement et deux thaumaturges nains, vous pouvez invoquer un
cuirassé phyrexian ! Alors hein ? Pas mal non ?
Vous pouvez aussi tenter la vivacité, ce qui vous permet de vous retrouver avec une 1/6 DEGAGEE, vous apprécierez mieux que moi l'intérêt de la chose.
DECK
J'ai essayé de créer un deck à thème, en me basant uniquement sur des cartes Terres Natales reprenant le quotidien des mères abbesses. La stratégie pour ce jeu ? Hmmm, faites comme les mères abbesses : priez très fort pour gagner, on ne sait jamais.
"Les bénis oui-oui sont de sortie"
Créatures :
4
mère abbesse
4
alchimiste sanctif
4
paladin de Serra
4
inquisiteurs serraïtes
4
psychopompe
4
faucon de Mesa
4
bureaucrates ayséniens
2
gargouille de l'abbaye
1
Soraya des faucons
1
Rashka la tueuse
1
Abbé Hazdur
1
Fille de l'Automne
Sorts :
4
bestiaire serraïte
4
trêve
2
prophétie
Terrains :
18 plaine
4
abbaye d'Aysen
AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE LA CARTE
. Avantages :
- A mon avis, malgré son grand âge, vous la trouverez encore assez facilement, elle doit traîner dans de vieux classeurs poussiéreux de joueurs, dans quelques greniers sombres... ou alors regardez chez les instituteurs, j'en ai donné à mes parents qui en ont fait faire de jolis sous-verres à leurs élèves pour la fête des mères.
- Il faut vraiment avoir envie de la tuer.
- Une créature, ça sert toujours... D'accord, il est rare que l'on sacrifie en blanc, mais vous pourrez toujours bloquer avec.
- Les dessins de la carte me font toujours rire.
- Et à nouveau : c'est un clerc
. Inconvénients :
- Malgré leur air vindicatif, un rush de Mères Abbesse a assez peu de chances de faire mal.
- Il faut certainement avoir une case en moins pour se pencher réellement sur les potentialités de cette carte (pourquoi vous me regardez comme ça ?)
- Il ne faut pas avoir peur de perdre ses amis (vous savez, celui que vous avez pilé avec le deck cité ci-dessus...)
CARTES SEMBLABLES
Vous voulez dire aussi bien ? Attendez voir. Les
sangsues, toujours dans Terres Natales, sont pas mal aussi. Et sinon, dans le club du troisième âge, vous avez aussi
Grand-Mère Sengir. Et au niveau du sex-appeal,
Tsabo Tavoc !
POUR CONCLURE...
Malgré tout ce que j'ai pu raconter, je me suis quand même bien amusé à analyser cette carte, disons-le très très moyenne, même pour une Homeland. Maintenant, si vous êtes un fanatique, que vous la cherchez désespérément depuis des jours pou compléter votre collection complète de Terres Natales, contactez-moi, il doit m'en rester une ou deux (mais pas beaucoup plus, sinon ma table bouge trop fort).ILLUSTRATION DE LA CARTE
Il existe en fait deux illustrations pour cette carte, toutes deux de Mike Kimble, qui était assez productif à l'époque. Sur la première, on voit une Mère abbesse enveloppée dans son capuchon, l'air assez vindicatif, ce qui semble étonnant pour une personne de son obédience. j'adore le petit geste de la main "Eh toi ! Tu me cherches ?" Ou alors on lui a proposé de chanter pour la finale de Star'ac et elle s'entraîne...
La deuxième illustration nous représente une mère abbesse sans capuchon... Ne soyez pas traumatisés par la coiffure (remet-le ton capuchon, remet-le... allez, saaaage). Le petit effet de contre-plongée la rend assez impressionnante, on voit que ce sont elles qui commandent à l'abbaye.
Les textes d'ambiances confirment cela. "Les Abbesses sont généreuses, mais ne comptez pas sur elle pour une bonne bière." remarque Halina la marchande naine, un personnage relativement présent dans l'histoire de Homelands.
Le deuxième texte d'ambiance donne la parole à un psychopompe, Murrat, et nous en révèle un peu plus sur l'histoire des Homelands : "Les mères abbesses continuent à affirmer que Serra reviendra. Je doute qu'elle ait jamais existée."
On a ici à faire à un texte beaucoup plus sombre, qui nous plonge au coeur de la crise que connaissent les Terres Natales dans l'histoire de Magic.
LA LUTTE D'AYSEN
Pendant très longtemps, les Terres Natales sont restées coupées du monde grâce à la magie de Feroz, un mage très puissant, qui se maria d'ailleurs à la célébrissime Serra (NB : la magie employée est le
Bannissement selon Feroz, artefact Homeland). C'est à la suite de la mort accidentelle de son époux que celle-ci s'enfuit pour créer un monde artificielle pour ses anges (voir l'extension L'épopée d'Urza). Serra était considérée, de part ses pouvoirs et sa compassion, comme une déesse pour les habitants des Terres Natales. Les gens d'Aysen (une région ? un ville ? Je n'en sais rien à vrai dire) lui vouèrent un culte jusqu'à son départ et même au-delà.
Toutefois, au fil du temps la situation se dégrade. En effet, les mages commencent à arriver sur le monde d'Ulgrotha (ou se passe Homelands) suite à l'affaiblissement du Bannissement de Feroz. Un climat de trouble et de malaise règne sur les populations jusque là paisible. Profitant de ce climat, un vampire, le Baron Sengir, tente d'accroître sa domination sur Ulgrotha, aidé par sa "Grand-mère", une naine qu'il a vampirisé, Irini, et son homme de main, Veldrane.
Face à cette menace, tous tentent de s'organiser, chaque couleur de mana élit un champion.
Reveka Sajmaj représente le bleu. Elle est la fondatrice d'une école de magie où elle cherche à mettre au point des sorts capables de contenir les pouvoirs des Sengir. Elle protège son école à l'aide du
Décret mystique (Le texte est d'ailleurs intéressant :
"Maudits soient Reveka et ses conjureurs chéris. Leur école de magie devrait nous appartenir depuis longtemps." -Irini Sengir -)
La couleur rouge connaît beaucoup de conflit internes. ehron, un guerrier immortel, cherche à mettre la main sur Joven et Chandler, deux talentueux voleurs d'artefacts. Ils semblent assez peu concernés par tout ce qui se passe autour d'eux.
Le vert est la couleur qui s'oppose le plus violemment au Baron, en la personne de Saule l'Automne, une incarnation des pouvoirs de la forêt. Aidée du peuple des fées, elle mène plusieurs batailles contre les Sengir, ce qui déclenche la colère des vampires (texte d'ambiance de Saule l'Automne :
"Nous devons la frapper, la battre, la gauler, la débiter" - Grand-Mère Sengir.) Saule l'Automne protège la forêt et également le bourg d'An-Havva, un village forestier empli de gens tournés vers la paix.
Le blanc (on y arrive enfin) a pour leader l'abbé Hazdur. Celui-ci est cependant vieillissant et n'a pas de successeur. L'église connaît cependant quelques protecteurs : Soraya, une fauconnière de talent, Rashka, une mystérieuse guerrière, un ordre d'inquisiteur et les Paladins de Serra. L'un d'eux, Ihssân, cherche à piéger le Baron. Il lui jure fidélité et lui demande de le vampiriser, espérant ainsi gagner les mêmes pouvoir que Sengir. Sachant très bien qu'Ihssân cherche avant tout à le détruire, le Baron, amusé par l'impudence de l'humain le tue et le ressucite, non pas en tant que vampire, mais en tant qu'ombre, condamné pour toujours à servir les Sengir.
Le rôle des mères abbesse est donc très sombre dans l'histoire des Terres Natales. Elles se chargent d'organiser et de coordonner la résistance maintenant qu'Hazdur est trop avancé en âge. Elles concluent une alliance avec les forces de la forêt, et Saule l'Automne leur envoie ses "filles" à la rescousse.
La plus célèbres des Mères abbesses est Gulsen, qui est l'auteur de nombreux textes d'ambiances de Terres Natales. On peut supposer qu'elle est l'une des plus importantes de son ordre et qu'elle a beaucoup voyagée, sans doute est-elle celle qui a conclu une alliance entre Aysen et la forêt. Celle-ci espère pouvoir repousser à jamais le Baron Sengir et pouvoir rendre à Ulgrotha la paix qu'elle a connue jusqu'ici.